31 mars 2014

Sommaire de mars 2014

Les Joueurs d'échecsCitizen KaneGrand méchant loup appelleOcean's ElevenPauline détectiveGun CrazySept ans de réflexionLes neiges du Kilimandjaro

Les Joueurs d’échecs

(1977) de Satyajit Ray

Citizen Kane

(1941) de Orson Welles

Grand méchant loup appelle

(1964) de Ralph Nelson

Ocean’s Eleven

(2001) de Steven Soderbergh

Pauline détective

(2012) de Marc Fitoussi

Gun Crazy

(1950) de Joseph H. Lewis

Sept ans de réflexion

(1955) de Billy Wilder

Les neiges du Kilimandjaro

(2011) de Robert Guédiguian

Hollywood ParadeLe PèlerinGéantMa soeur est capricieuseJour de payePéché mortelCheval de guerreLa blonde explosive

Hollywood Parade

(1944) de A. Edward Sutherland

Le Pèlerin

(1923) de Charles Chaplin

Géant

(1956) de George Stevens

Ma soeur est capricieuse

(1942) de Alexander Hall

Jour de paye

(1922) de Charles Chaplin

Péché mortel

(1945) de John M. Stahl

Cheval de guerre

(2011) de Steven Spielberg

La blonde explosive

(1957) de Frank Tashlin

L'ivresse de l'argentEasy LivingÀ l'est d'EdenTrop de marisRosemary's BabyJack ReacherMaigret et l'affaire Saint-FiacreArtistes et modèles

L’ivresse de l’argent

(2012) de Im Sang-soo

Easy Living

(1949) de Jacques Tourneur

À l’est d’Eden

(1955) de Elia Kazan

Trop de maris

(1940) de Wesley Ruggles

Rosemary’s Baby

(1968) de Roman Polanski

Jack Reacher

(2012) de Christopher McQuarrie

Maigret et l’affaire Saint-Fiacre

(1959) de Jean Delannoy

Artistes et modèles

(1955) de Frank Tashlin

Le Corsaire rouge

Le Corsaire rouge

(1952) de Robert Siodmak

Nombre de billets : 25

30 mars 2014

Les Joueurs d’échecs (1977) de Satyajit Ray

Titre original : « Shatranj Ke Khilari »

Les joueurs d'échecsNous sommes en 1856, dans la province d’Awadh au nord de l’Inde. Alors qu’ils avaient signé un traité d’amitié très avantageux pour eux, les anglais désirent reprendre le contrôle total de la région et prennent le prétexte d’une prétendue mauvaise gestion pour forcer le souverain à se démettre. Pendant ce temps, deux aristocrates oisifs passent leurs journées à jouer aux échecs… Les Joueurs d’échecs est basé sur des faits historiques. C’est le seul film de Satyajit Ray en langue hindi (et non bengali) et qui soit situé dans une ville musulmane alors que le cinéaste est hindouiste. Le film met en parallèle deux histoires : l’une est plutôt grave et historique, elle montre comment l’Angleterre a fini de faire main basse sur l’Inde par la traitrise ; l’autre est plus légère, montrant comment deux bourgeois ne se soucient que de leur jeu préféré, insensibles à leur environnement, délaissant même leur femme. Ce parallèle surprenant a pu dérouter les spectateurs (le film fut un échec commercial). L’attitude de ces deux joueurs, sorte de combattants d’opérette (descendants pourtant de vrais combattants), symbolisent l’indifférence générale dans laquelle l’annexion de l’Inde par l’Angleterre s’est déroulée. Satyajit Ray soigne ses décors, les couleurs sont superbes, et ses personnages. De façon inhabituelle pour lui, il a réuni un plateau d’acteurs indiens très connus. Face à eux, Richard Attenborough interprète un général décidé à accomplir sa mission coûte que coûte, tout en contraste avec Tom Alter, son aide de camp, le seul anglais qui comprenne la civilisation indienne comme en témoigne les savoureux dialogues avec le général. Film assez subtil, aux changements de tons surprenants, Les Joueurs d’échecs est un beau film dans lequel il faut se laisser envelopper, l’un des meilleurs de ce grand cinéaste indien.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sanjeev Kumar, Saeed Jaffrey, Shabana Azmi, Victor Banerjee, Richard Attenborough
Voir la fiche du film et la filmographie de Satyajit Ray sur le site IMDB.

Voir les autres films de Satyajit Ray chroniqués sur ce blog…

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28 mars 2014

Citizen Kane (1941) de Orson Welles

Citizen KaneLe magnat de la presse Charles Foster Kane vient de mourir. Un journaliste enquête sur sa vie pour découvrir le sens de ses dernières paroles : « Rosebud »… Toujours cité parmi les plus grands films de toute l’histoire du cinéma, Citizen Kane est probablement, avec Naissance d’une Nation de Griffith, celui qui a eu le plus d’influence sur les autres réalisateurs. Véritable condensé de créativité, Citizen Kane fait suite à une décennie, celle des années trente, où le cinéma hollywoodien s’est fortement normalisé. Grâce au succès de son émission radiophonique La Guerre des Mondes, une adaptation du roman H.G. Wells tellement bien mise en scène qu’elle jeta la panique dans une partie de l’Amérique, le jeune Orson Welles va bénéficier, à 25 ans et pour son premier film, de ce dont tout réalisateur rêve sans jamais l’obtenir : une carte blanche totale. Entièrement libre, il va bousculer toutes les règles. Il sait toutefois s’entourer de quelques professionnels aguerris, notamment Herman J. Mankiewicz (le frère aîné de Joseph L. Mankiewicz) à l’écriture du scénario et Gregg Toland, talentueux directeur de la photographie.

La construction est totalement inhabituelle : non seulement tout le film est un flashback (1) mais en plus les dix premières minutes nous donnent en quelque sorte le sommaire du film qui se construit ensuite autour de cinq récits précis de la part de cinq personnes différentes (2). L’autre grande innovation de Citizen Kane est dans l’utilisation d’une grande profondeur de champ : Orson Welles désire que tout soit net pour être proche de la vision humaine et, pour ce faire, non seulement il utilise des objectifs grands-angles mais en plus il réalise certains trucages de superposition qui lui permettent par exemple de placer des objets nets au tout premier plan. Le placement de la caméra est aussi très original avec des plongées spectaculaires mais surtout des contre-plongées (la caméra étant parfois placée dans un trou dans le sol). Combinées aux grands- angles, ces contre-plongées nous permettent de voir largement les plafonds alors que l’usage était jusqu’alors de tourner sans plafond (ne serait-ce qu’à cause du système des éclairages). L’utilisation de l’ombre et la lumière est aussi remarquable, un personnage pouvant être totalement en ombre chinoise avant de faire quelques pas pour apparaître en pleine lumière.

C’est sans doute sur le fond que le film paraît le plus faible : si le personnage de Kane est inspiré du magnat de la presse Randolf Hearst et si le propos est de montrer la puissance de l’argent et la faiblesse des hommes ainsi que le caractère multiforme d’une vérité qui serait dès lors inatteignable, la démonstration manque parfois de fil directeur en semblant s’égarer dans ses ramifications multiples. Le propos reste toutefois fort et marquant, suffisamment en tous cas pour que Randolph Hearst fasse tout pour saborder la carrière du film et qu’il y parvienne. Citizen Kane a en effet été un échec commercial malgré un accueil enthousiaste du public et de la critique, les exploitants de salle préférant éviter de se mettre à dos les journaux de Hearst. Avec le recul, Citizen Kane apparaît comme un tournant dans l’histoire du cinéma, Orson Welles apportant un souffle nouveau de créativité et remettant au premier plan la notion d’auteur-réalisateur.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Orson Welles, Joseph Cotten, Dorothy Comingore, Agnes Moorehead, Everett Sloane
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(1) Comme pour toutes les autres innovations de Citizen Kane, Orson Welles n’a pas inventé le flashback. The Power and the Glory de Preston Sturgess (1933) entre autres avait déjà l’ensemble du récit encapsulé dans un flashback. Il en est de même pour les fameux plafonds… Orson Welles n’a d’ailleurs jamais prétendu avoir tout inventé. Ce qui est remarquable, c’est d’avoir tant d’innovations dans un seul et même film.

(2) Au départ du projet, les récits devaient porter sur les mêmes évènements, chacun nous donnant une version différente, ce qui aurait été encore plus novateur. Ce procédé narratif sera celui de Rashômon de Kurosawa quelque dix ans plus tard. L’idée a toutefois été gardée en partie car certains évènements sont racontés plusieurs fois.

27 mars 2014

Grand méchant loup appelle (1964) de Ralph Nelson

Titre original : « Father Goose »

Grand méchant loup appelleEn 1942, alors que les japonais attaquent en Indonésie, un aventurier américain (Cary Grant) est placé de force sur une petite île isolée comme guetteur pour signaler les passages d’avions ennemis. Quelques jours plus tard, il recueille une institutrice et sept fillettes… Father Goose est une excellente comédie écrite par S.H. Barnett et adaptée par Peter Stone et Frank Tarloff, tous trois oscarisés pour ce film. C’est l’avant-dernier film tourné par Cary Grant qui, à 60 ans, joue toujours les bourreaux des coeurs. Mais surtout, il excelle toujours autant dans le registre de la comédie avec ses multiples expressions et sa forte présence. Contrairement à son habitude, son personnage est ici plutôt miteux, un peu alcoolique et mal rasé (1). C’est Leslie Caron qui doit ici lui tenir tête et elle y parvient parfaitement en composant un personnage délicieusement intransigeant. Le scénario se déroule joliment, avec de multiples situations (malgré la promiscuité des lieux) et des dialogues enlevés. Father Goose est une comédie réussie qui remporta un certain succès à son époque.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Leslie Caron, Trevor Howard
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Remarques :
* Aucune des fillettes n’a vraiment fait de carrière d’actrice par la suite. Le plus souvent, ce fut leur seul film.
* Cary Grant a tellement apprécié travailler sur ce film qu’il est resté en contact avec les sept fillettes après qu’elles aient grandi et même après qu’elles se soient mariées.

(1) Après avoir dit au moment de la sortie du film que son personnage était tout le contraire de lui-même, Cary Grant dira plus tard qu’en réalité ce personnage était plus proche de son vrai moi…

26 mars 2014

Ocean’s Eleven (2001) de Steven Soderbergh

Ocean's ElevenA peine libéré sur parole, Danny Ocean prépare un coup très audacieux : cambrioler trois casinos de Las Vegas. Pour ce faire, il recrute avec son ami Rusty des spécialistes pour former une équipe de onze personnes… Ocean’s Eleven est le remake du film homonyme de Lewis Milestone (1960) qui réunissait plusieurs membres du fameux Rat Pack (1). Steven Soderbergh garde le même esprit en réunissant un plateau assez prestigieux d’acteurs « glamour ». Il signe un film très stylé, élégant, au rythme enlevé, avec une intrigue alambiquée juste ce qu’il faut pour en faire un divertissement plaisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: George Clooney, Brad Pitt, Julia Roberts, Andy Garcia, Matt Damon
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Remarques :
* Dans une scène au début du match de boxe, on peut voir brièvement Angie Dickinson et Henry Silva qui était tous deux dans la version originale de 1960.
* Remake de :  L’inconnu de Las Vegas (Ocean’s Eleven) de Lewis Milestone (1960) avec Frank Sinatra, Dean Martin, Sammy Davis Jr, Joey Bishop, Peter Lawford, Angie Dickinson (tous membres du Rat Pack).

(1) Le Rat Pack était un groupe d’amis qui s’était formé au début des années cinquante autour de Humphrey Bogart, Frank Sinatra, Judy Garland, Lauren Bacall, Spencer Tracy, Katharine Hepburn etc. Ils se réunissaient souvent pour passer des soirées ensemble. Au moment du film de Lewis Milestone, en 1960, les figures les plus marquantes du Rat Pack étaient Sinatra et Dean Martin.

25 mars 2014

Pauline détective (2012) de Marc Fitoussi

Pauline détectivePlaquée par son petit ami, Pauline se laisse entraîner par sa soeur dans un palace de la Riviera italienne pour deux semaines de vacances. Rédactrice en chef d’un journal spécialisé dans le fait divers, elle décide de mener sa propre enquête lorsqu’une femme disparaît un peu soudainement… Ecrit et réalisé par Marc Fitoussi, Pauline détective est un divertissement tout à fait dans l’esprit Club des 5. C’est une comédie policière certes légère, mais plutôt bien faite, avec de bons personnages, à commencer par celui de Pauline fort bien interprété par une Sandrine Kiberlain très volubile qui montre beaucoup de maitrise dans l’exubérance. Les seconds rôles sont également très bien définis et interprétés. Dans ce genre de comédie farfelue, tout l’art est bien doser tous ses éléments et Marc Fitoussi y est parvenu. Pauline détective est ainsi très amusant et nous fait passer un bon moment.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sandrine Kiberlain, Audrey Lamy, Claudio Santamaria, Antoine Chappey
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24 mars 2014

Gun Crazy (1950) de Joseph H. Lewis

Autre Titre  : « Deadly Is the Female »
Titre français : « Le Démon des armes »

Gun Crazy: Le démon des armesDès son plus jeune âge, Barton a été attiré par les armes. Lorsqu’il va rencontrer la jeune Annie, elle aussi tireuse hors pair, sa vie va basculer et ils vont enchainer les holdups… Produit et mis sur pied par les King Brothers, Gun Crazy est basé sur une histoire de MacKinlay Kantor parue dans un quotidien et réécrite par Dalton Trumbo (1). Cette histoire préfigure des films comme Bonnie & Clyde (1967) d’Arthur Penn ou Badlands (1973) de Malick, fuite en avant d’un jeune couple qui se livre aux braquages pour assouvir ses rêves. Sur le plan de la forme, le film préfigure par certains aspects la Nouvelle Vague avec  ses décors naturels et notamment avec sa scène la plus célèbre, un hold-up filmé en un seul plan-séquence de presque 4 minutes depuis l’intérieur de la voiture du couple. C’est un plan très surprenant. On comprend que Truffaut et Godard se soient pris de passion pour ce film (2). Gun Crazy est un film très différent, assez à part dans le genre du film noir (3). C’est finalement surtout une histoire d’amour, celle d’un jeune couple qui aspire à s’établir et à mener une vie normale, un amour fou qui les aveugle et les précipite dans un trou sans fin. Le personnage de la jeune femme est assez fascinant par son mélange d’ingénuité et de dureté qui le rend assez inoubliable. Le film est très fortement connoté sexuellement même si la censure a été particulièrement vigilante. Sa carrière commerciale a été courte à l’époque mais il a acquis un tout autre statut par la suite : aujourd’hui, c’est souvent le premier titre qui vient à l’esprit pour citer un exemple de film de série B exceptionnel et remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Peggy Cummins, John Dall
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Remarques :
* Le film vient d’être réédité en DVD (1 Blue-ray + 1 normal) incorporé dans un superbe livre de 220 pages signé Eddie Muller qui relate toute la genèse du projet et la réalisation, une gestation assez mouvementée. Le livre est passionnant, fort bien documenté et on ne peut que saluer ce si bel ensemble (même si on peut regretter que le prix soit un peu élevé)… (Voir…) C’est une édition limitée, semble t-il.

Gun Crazy: Le démon des armes* A sa sortie, United Artists a affublé le film du titre ridicule Deadly Is the Female et habillé l’héroïne sur l’affiche d’une robe du soir noire (costume réglementaire de la femme fatale mais qui ne correspond absolument pas à son genre dans le film). Le film a retrouvé son titre original, Gun Crazy, par la suite.

(1) L’excellent scénariste Dalton Trumbo figure au générique sous un pseudonyme car, victime du maccarthysme, il était alors sur liste noire.

(2) En regardant Gun Crazy, Il est difficile de ne pas penser à A bout de Souffle ou à Pierrot le Fou que Godard tournera une décennie plus tard.

(3) Pour s’en convaincre, il suffit de le comparer à They Live by Night, que Nicholas Ray a tourné peu avant, qui met également en scène un couple de braqueurs : un très beau film mais beaucoup plus classique dans son traitement.

22 mars 2014

Sept ans de réflexion (1955) de Billy Wilder

Titre original : « The Seven Year Itch »

Sept ans de réflexionDans un New York en pleine canicule, Robert Sherman se retrouve seul après le départ de femme et enfant pour les vacances d’été. Il fait connaissance d’une jeune femme blonde qui occupe temporairement l’appartement au dessus du sien… Sept ans de réflexion est l’adaptation d’une pièce de George Axelrod qui avait connu un grand succès à Broadway. Cette plaisante comédie est un peu méprisée par les cinéphiles sous prétexte que tout son succès viendrait de cette image de Marilyn Monroe dont la robe blanche se soulève. Certes, l’exploitation commerciale de cette image par Hollywood relève plutôt du racolage (1) mais le film ne peut se réduire à cela. C’est une succession de saynètes amusantes qui exploitent le dilemme de cet homme « ordinaire » entre son conservatisme profond et un désir ponctuel. Sept ans de réflexion On le sait, Billy Wilder n’a pu mettre tout ce qu’il voulait y mettre : la censure a été implacable et a fait enlever toute connotation sexuelle et bien entendu tout passage à l’acte. L’humour est resté toutefois, peut-être en a-t-il d’ailleurs été décuplé car, finalement, peu importe où l’on met la limite, l’humour de ce genre de situation réside dans les atermoiements autour cette limite. Face à la sensualité débordante de Marilyn Monroe, cet homme au conservatisme rassurant perd pied totalement. Son imagination débordante permet en outre de multiplier habilement les scènes. Même si le film n’est pas du pur Billy Wilder, il reste très amusant et ne vieillit pas vraiment.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marilyn Monroe, Tom Ewell, Evelyn Keyes, Sonny Tufts, Oskar Homolka
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Remarque :
* Tom Ewell connaissait bien le rôle puisqu’il le tenait sur les planches.

(1) Il faut noter que le racolage a commencé dès le tournage. La Fox avait en effet fait en sorte que la scène soit tournée dans les rues de New York avec un grand battage médiatique. Parmi la foule des badauds, Joe DiMaggio n’a guère apprécié voir ainsi sa femme ainsi exposée comme objet sexuel et être un sujet de moqueries du fait de son incapacité à se souvenir de son texte. Ils divorceront peu après. A noter que la scène étant finalement inexploitable à cause des bruits de la foule indisciplinée, elle fut tournée de nouveau, au calme en studio. On pourra aussi remarquer que la scène est plus sage dans le film (on ne voit pas Marilyn en entier) que sur les affiches commerciales. A la sortie du film, la Fox a fait une Marilyn de 15 mètres de haut (!) pour habiller la façade d’un cinéma new yorkais…

21 mars 2014

Les neiges du Kilimandjaro (2011) de Robert Guédiguian

Les neiges du KilimandjaroDélégué syndical depuis toujours, Michel est licencié avec 19 autres personnes par un tirage au sort qu’il a lui-même institué. Grâce à sa femme, à sa famille et ses amis, il surmonte plutôt bien cette épreuve. Mais un soir, deux hommes masqués pénètrent chez eux, les frappent et les attachent pour s’enfuit avec leurs cartes de crédit… Robert Guédiguian met en relief le dilemme d’un homme qui a consacré toute sa vie aux autres et qui se retrouve confronté à une violence qu’il ne comprend pas. Pire, par son origine-même, elle remet en cause son engagement passé, ses choix de vie, sa satisfaction et sa bonne conscience. Cela se double d’un conflit de génération, ces syndicalistes de longue date ne comprennent pas une génération totalement désenchantée et sans repères. Guédiguian filme tout cela avec beaucoup d’humanisme et sans le dogmatisme qu’il a parfois montré, comme s’il partageait les interrogations et le désarroi de ses personnages. Malgré le sujet, son film est chaleureux, simple et sincère, foncièrement humaniste.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Marilyne Canto, Grégoire Leprince-Ringuet, Anaïs Demoustier
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Remarques :
* Les Neiges du Kilimandjaro, surtout sa fin, est librement inspiré du poème humaniste de Victor Hugo Les Pauvres Gens (un pêcheur et sa femme recueillent les enfants de leur voisine qui vient de mourir dans le plus grand dénuement). Lire le poème
* Le film Les Neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian n’a aucun lien avec le livre homonyme d’Ernest Hemingway.

20 mars 2014

Hollywood Parade (1944) de A. Edward Sutherland

Titre original : « Follow the Boys »

Hollywood ParadeUn ex-comédien de vaudeville qui a percé à Hollywood (George Raft) organise des tournées avec des stars de cinéma pour soutenir les soldats américains en Europe et dans le Pacifique… Follow the Boys se présente comme un film d’effort de guerre, réunissant toutes les têtes d’affiche des studios Universal. Il y a bien une petite intrigue mais elle est simplette et sans grande importance. Le film se charge surtout de nous montrer un bon nombre de numéros de stars. Follow the Boys est ainsi une des toutes dernières apparitions de W.C. Fields à l’écran, il nous fait son célèbre numéro du billard, toujours aussi amusant mais on le sent fatigué. La séquence la plus marquante est certainement celle d’Orson Welles qui nous refait une partie de son show de magie, The Wonder Show, où il coupe à la scie Marlene Dietrich en deux, après divers petits tours rapides mais spectaculaires. Sur le plan musical, il y a un peu de tout. Le meilleur à mes yeux (et à mes oreilles) réside dans les deux passages avec les Andrews Sisters (c’est une occasion de voir leur étonnant jeu de scène) qui font un long medley puis plus tard Shoo-Shoo Baby et aussi dans les deux morceaux joués par Louis Jordan (Is You Is or Is You Ain’t Ma’ Baby suivi de Sweet Georgia Brown). Toujours en jazz, Charlie Spivak et son big band joue également quelques morceaux. Enfin, le numéro de danse endiablée de Donald O’Connor et Peggy Ryan est assez étonnant et on notera la présence, assez inattendue, d’Arthur Rubinstein. La mise en scène mêle des images réelles (surtout des plans de foule) à des plans reconstitués en studio. Le film n’a rien de remarquable sur le plan cinématographique, il a plutôt un intérêt historique.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: George Raft, Jeanette MacDonald, Orson Welles, Marlene Dietrich, Donald O’Connor, W.C. Fields
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Remarques :
* En l’absence d’Eddie Sutherland, John Rawlins a dirigé certains plans.
* Dans son livre d’entretiens avec Peter Bogdanovich (This is Orson Welles, ou Moi Orson Welles en français), Welles a des mots très durs sur ce film : « En fait d’effort de guerre, il s’agissait surtout d’un effort de Charlie Feldman pour faire de l’argent – et il en a gagné un bon paquet (…) C’est moralement répugnant. » (Note : Charlie Feldman est le producteur du film).
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