11 novembre 2011

Bromo and Juliet (1926) de Leo McCarey

Bromo and JulietPour faire plaisir à sa fiancée, Charley doit interpréter Roméo lors d’un gala de bienfaisance. Il doit aussi veiller à ce que le père de la jeune fille, assez porté sur la boisson, se présente bien sur scène à l’heure…
Charley Chase est un grand comique du cinéma muet, aujourd’hui hélas oublié. Bromo and Juliet fait partie de ses excellents films : plein d’inventivité dans les gags, avec des situations les plus absurdes et les plus inattendues qui soient. L’acteur joue ici l’homme saoul pendant une bonne partie du film  et, bien que ce ne soit pas vraiment sa spécialité, il s’en sort fort bien. Oliver Hardy a ici un second rôle, sans grande scène comique (1). (muet, 24 minutes)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charley Chase, Corliss Palmer, William Orlamond, Oliver Hardy
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(1) A noter que le duo Laurel et Hardy sera vraiment formé en cette même année 1926.

10 novembre 2011

Répulsion (1965) de Roman Polanski

Titre original : « Repulsion »

RépulsionUne jeune manucure d’origine belge vit avec sa sœur à Londres. Se retrouvant seule pour quelques jours, elle se renferme sur elle-même dans un monde de cauchemars et d’hallucinations… Répulsion est le premier fruit de la collaboration entre le réalisateur Roman Polanski et le scénariste Gérard Brach, rencontré à Paris. Pour se lancer et avoir les moyens de faire les films dont ils ont envie, ils acceptent de tourner un film d’horreur. Le résultat est bien entendu assez hors normes et le film fut un choc à sa sortie. Habilement, Polanski nous enferme peu à peu dans cet appartement exigu puis dans le monde intérieur de cette jeune femme introvertie. Le choix de Catherine Deneuve n’est pas anodin : très belle, véritable Belle au Bois Dormant, l’actrice permet d’offrir un contraste saisissant entre son apparence extérieure et son monde intérieur tourmenté. Polanski utilise habilement des effets pour exprimer ses tourments, craquelures, mains qui sortent du mur, effets amplifiés par une musique simple au piano. L’appartement est un acteur à part entière! Les frustrations sexuelles sont évoquées sans lourdeur, les fenêtres donnant sur un couvent nous mettent sur la piste d’une éducation religieuse inhibitrice. Sans être un grand film, Répulsion est certainement l’un des films d’horreur les plus intelligents et les plus habiles qui soient et aussi l’un des plus dérangeants.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Ian Hendry, John Fraser, Yvonne Furneaux, Patrick Wymark
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9 novembre 2011

La proie (1948) de Robert Siodmak

Titre original : « Cry of the City »

La proieGravement blessé lors d’un échange de coups de feu avec le policier qu’il a abattu, le gangster Martin Rome est étroitement surveillé par la police. Un avocat tente de lui faire endosser un meurtre commis lors d’un cambriolage… Tel est le point de départ de La proie (Cry of the City) adapté d’un roman policier d’Henry Edward Helseth. L’atmosphère est très réaliste ; certaines scènes ont été tournées en plein New York, dans le Bronx. Aux côtés de Richard Conte et Victor Mature, tous deux remarquables, les seconds rôles sont particulièrement travaillés, fort bien définis. Les plus frappants sont le vieux détenu balayeur et la masseuse à l’imposante stature mais tous les autres sont tout aussi réussis : la mama, l’avocat, le docteur, le policier acolyte… On remarquera aussi le fond du propos : le policier Candella et le gangster Rome sont deux italiens immigrés, ils viennent du même milieu. Ils ont choisi des voies opposées mais ils sont presque interchangeables : le policier aurait très bien pu être gangster et le gangster, policier. Ils se retrouvent d’ailleurs tous deux blessés, s’échappant chacun de son hôpital. Robert Siodmak a réalisé là un très beau film noir.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Victor Mature, Richard Conte, Fred Clark, Shelley Winters, Debra Paget, Hope Emerson, Walter Baldwin
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Homonymes :
La proie (The Hunted) de J.F.Lawton (1995) avec Christophe Lambert
La proie d’Eric Valette (2011) avec Albert Dupontel

8 novembre 2011

La merditude des choses (2009) de Felix Van Groeningen

Titre original : « De helaasheid der dingen »

La merditude des chosesDans les années quatre vingt, le jeune Gunther vit chez sa grand-mère avec son père et ses trois oncles, braillards, hirsutes, parfois violents et passant le plus clair de leur temps au café à boire des bières… La merditude des choses fait penser à une version flamande du film Affreux, sales et méchants dans le sens où il décrit un milieu certes plutôt glauque mais le regard porté est exempt de condamnation ou de misérabilisme. Il est même porteur d’une certaine tendresse car le récit est celui de l’enfant de 13 ans qui a grandi dans ce milieu. Le film est adapté d’un best-seller de Dimitri Verhulst, livre autobiographique paru en 2006 qui a eu beaucoup de succès. Malgré la répétition des scènes de beuveries, il y a un très bon équilibre d’ensemble entre drame et humour, entre fatalité et optimisme, avec même une certaine réflexion au travers de l’enfant devenu adulte. La merditude des choses est un film assez étonnant, assez à part de la production actuelle, plein d’énergie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kenneth Vanbaeden, Valentijn Dhaenens, Koen De Graeve, Wouter Hendrickx
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7 novembre 2011

L’argent des autres (1978) de Christian de Chalonge

L'argent des autresLe fondé de pouvoir d’une grande banque est licencié à la suite d’un scandale financier. Ce cadre assez naïf n’était en rien responsable mais on lui fait porter le chapeau… Christian de Chalonge et Pierre Dumayet ont écrit le scénario de L’argent des autres, adaptant un livre de Nancy Markham. L’histoire est plus ou moins inspirée du scandale de la Garantie Foncière (en 1971 sous Pompidou, scandale qui a eu de fortes répercutions politiques). C’est Jean-Louis Trintignant qui joue le candide égaré dans l’affairisme des dirigeants de sa banque. L’ensemble est hélas trop manichéen pour convaincre vraiment ou même seulement intriguer ; les personnages sont de vraies caricatures vivantes. L’univers qui se voudrait kafkaïen manque de force et, dès lors, certains effets faciles sautent aux yeux. Catherine Deneuve a un rôle étonnamment insignifiant. L’argent des autres déçoit donc. On remarquera une scène dans un cabinet de recrutement futuriste, du moins à l’époque car, dans ce domaine, la réalité a maintenant dépassé la fiction.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean-Louis Trintignant, Michel Serrault, Catherine Deneuve, Claude Brasseur, Juliet Berto
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Remarques :
Le titre vient probablement de la célèbre citation d’Alexandre Dumas fils : « Les affaires, c’est bien simple: c’est l’argent des autres. »

6 novembre 2011

Le baiser (1929) de Jacques Feyder

Titre original : « The Kiss »

The KissLe cœur brisé, Irene doit se résigner à ne plus voir l’homme qu’elle aime en secret car elle ne peut divorcer de son mari âgé, terriblement jaloux, avec qui elle est liée par un mariage sans amour. De plus, un très jeune fils des amis du couple est follement épris d’elle et brûle de se déclarer… The Kiss (Le baiser) est le dernier film muet de Greta Garbo. A l’âge de 24 ans, l’actrice était déjà une très grande star. Le réalisateur d’origine belge Jacques Feyder tourne ici son premier film à Hollywood. Greta Garbo montre une grande richesse dans son jeu ; elle est, comme toujours, très expressive mais c’est surtout l’étendue de la palette de sentiments qu’elle provoque chez le spectateur qui étonne le plus. Il suffit de voir comment elle est capable de passer en quelques secondes du bonheur à la tristesse la plus intense ou encore de modeler son jeu selon la personnalité de son partenaire :The Kiss face au jeune Lew Ayres, elle est beaucoup plus légère et frivole que face à Conrad Nagel, son amant plus âgé. Elle joue avec un naturel confondant, on est sous le charme. A noter que c’est le premier film où elle accomplit un acte violent. The Kiss est pour Lew Ayres, 20 ans, son premier rôle : il montre une belle présence à l’écran (1). Gros succès à l’époque, ce film nous montre à quel point Greta Garbo, « La divine », était bien l’une des plus grandes actrices du muet avant d’être une grande star du parlant. (film muet)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Greta Garbo, Conrad Nagel, Lew Ayres, Anders Randolf
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Le baiser Remarques :
Jacques Feyder dirigera à nouveau Greta Garbo l’année suivante pour la version allemande du premier film parlant de Greta Garbo : Anna Christie. Il rentrera en France peu après, désillusionné d’Hollywood.

(1) Le deuxième grand rôle de Lew Ayres lui apportera une consécration encore plus grande : A l’ouest rien de nouveau (All Quiet on the Western Front) de Lewis Milestone (1930)

5 novembre 2011

En cas de malheur (1958) de Claude Autant-Lara

En cas de malheurUn grand avocat parisien accepte de défendre gratuitement une jeune femme âgée de vingt ans. Il réussit à la faire acquitter du hold-up qu’elle a commis et elle devient sa maitresse… En cas de malheur est adapté d’un roman de Georges Simenon qui fait se rencontrer deux êtres que tout oppose : l’un est un grand bourgeois, réfléchi, avec l’assurance que procure la réussite sociale, mais aussi empêtré dans les conventions de son milieu, l’autre est une jeune écervelée, libérée, frivole et délinquante. Le sujet était audacieux dans les années cinquante, il le paraît beaucoup moins aujourd’hui. Le film peut même sembler un peu ennuyeux, d’autant plus que si Gabin est parfait dans ce rôle qui lui va comme un gant, Brigitte Bardot montre ses limites en tant qu’actrice, tout comme Franco Interlenghi d’ailleurs. Claude Autant-Lara n’était peut-être pas très à l’aise pour diriger l’actrice, véritable petite bombe qui bousculait le cinéma français mais qui avait besoin d’être étroitement dirigée. En cas de malheur fut un grand succès populaire, sans doute un peu porté par le propos légèrement sulfureux (il y a même une scène très suggestive de ménage à trois).
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Brigitte Bardot, Edwige Feuillère, Franco Interlenghi, Nicole Berger
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Remarques :
On raconte que Brigitte Bardot déambulait ostensiblement au bras d’un technicien différent chaque jour pour faire enrager Autant-Lara qu’elle savait assez prude. Cette anecdote témoigne du fossé qui séparait l’actrice de son metteur en scène.

Remake :
En plein coeur de Pierre Jolivet (1998) avec Virginie Ledoyen reprenant le rôle de Brigitte Bardot, Gérard Lanvin celui de Gabin et Carole Bouquet celui d’Edwige Feuillère.

4 novembre 2011

The killer inside me (2010) de Michael Winterbottom

The Killer Inside MeDans le Texas des années cinquante, le jeune adjoint au sheriff Lou Ford est chargé d’expulser une prostituée qui vend ses charmes un peu en dehors de la ville. Il va l’utiliser pour assouvir une vieille vengeance… The Killer Inside Me est un film noir adapté d’un roman de Jim Thompson. Le climat créé par Michael Winterbottom est assez remarquable. Il repose beaucoup sur son acteur principal, Casey Affleck, qui porte tout le film sur ses épaules : son apparence extérieure, juvénile et avenante (et quelle voix !), contraste très fortement avec la noirceur de son intérieur, un être destructeur à l’extrême. La placidité du récit est interrompue par des soudaines montées de violence dans deux scènes rendues passablement dures par leur intensité et leur caractère cru. Malgré les justifications données par le réalisateur (1), on peut y voir une volonté de choquer ou une certaine complaisance. L’ensemble n’est pas moins très prenant. La fin est assez étonnante. A noter également un superbe générique de début, très graphique. The Killer Inside Me séduit par son personnage central fort et une atmosphère tout en contrastes.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Casey Affleck, Kate Hudson, Jessica Alba, Ned Beatty, Elias Koteas, Tom Bower, Simon Baker
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(1) Le réalisateur justifie sa démarche en disant qu’il est préférable de d’exacerber la violence pour provoquer un rejet plutôt que de la banaliser en l’édulcorant.

Précédente adaptation (que Michael Winterbottom dit ne pas avoir vue) :
The Killer Inside Me (Ordure de flic) de Burt Kennedy (1976) avec Stacy Keach.

3 novembre 2011

L’école des contribuables (1934) de René Guissart

L'école des contribuablesPour plaire à sa femme et jouer un mauvais tour à son beau-père, directeur des Contributions, un jeune homme oisif décide de travailler en créant une agence de conseils financiers : il propose à ses clients de réduire leur imposition… L’école des contribuables est au départ une pièce de théâtre de Georges Berr et Louis Verneuil. La trame exploite avec beaucoup d’humour le thème des impôts et des estimations arbitraires de richesse. C’est la qualité des dialogues qui donne à cette histoire tout son sel, très bien servis par le trio d’acteurs Armand Bernard, Pierre Larquey et Paul Pauley, acteurs que l’on a plutôt l’habitude de voir dans les seconds rôles. Armand Bernard est particulièrement remarquable car doté d’un physique assez particulier, grand efflanqué plein de désinvolture et de fausse naïveté. Le rythme est assez enlevé, on ne s’ennuie pas une seconde. L’école des contribuables reste très amusant encore aujourd’hui.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Armand Bernard, Pierre Larquey, Paul Pauley, Mireille Perrey
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Remarques :
* Georges Berr est également l’auteur de la pièce Le Million adaptée par René Clair en 1931.
* René Guissart a été chef-opérateur sur une soixantaine de films  (dont Ben-Hur de Fred Niblo) avant de passer à la réalisation.
* L’école des contribuables a été diffusée en pièce de théâtre à la télévision dans le cadre de l’émission Au théâtre ce soir dans les années soixante dix.

2 novembre 2011

La dame de tout le monde (1934) de Max Ophüls

Titre original : « La signora di tutti »

La dame de tout le mondeActrice célèbre, Gaby Doriot tente de se suicider. Pendant que les médecins tentent de la sauver, sa vie défile devant ses yeux : sans qu’elle l’ait cherché, les hommes tombent amoureux d’elle avec des conséquences néfastes pour eux… La dame de tout le monde est le seul film italien de Max Ophüls qui, fuyant le nazisme, est d’abord allé en Italie avant de s’établir en France. Cette histoire d’amour fou et de vie privée étalée au grand jour est bien en avance sur son temps, tout d’abord sur le plan de l’histoire en elle-même qui préfigure des films comme Vie Privée et aussi sur le plan de la forme, puisque Max Ophüls se montre très inventif dans la construction et dans ses plans, étonnants de modernité et d’audace. Isa Miranda est, elle aussi, assez étonnante, proche par son physique et son jeu de Marlène Dietrich tout en ayant quelques points communs avec Garbo. Elle donne une réelle dimension à son personnage tout en préservant son ingénuité. La dame de tout le monde est, assez injustement, l’un des films les moins connus de Max Ophüls.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Isa Miranda, Memo Benassi, Tatyana Pavlova, Friedrich Benfer
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