6 juillet 2018

Fièvre sur Anatahan (1953) de Josef von Sternberg

Titre original : « Anatahan »
Titre international : « The Saga of Anatahan »

Fièvre sur AnatahanEn juin 1944, un groupe de soldats japonais se retrouvent sur une île isolée du Pacifique après la destruction de leur navire par un avion ennemi. L’île n’est habitée que par un japonais et une jeune femme qui, eux aussi, y ont trouvé refuge. Coupés du reste du monde, ils vont y rester sept ans, ignorant que la guerre est terminée…
Fièvre sur Anatahan est le dernier film (1) du grand réalisateur Josef von Sternberg basé sur un épisode authentique et resté célèbre de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il l’a réalisé au Japon avec une liberté totale dans un immense hangar où il a reconstitué la jungle de l’île. La forme qu’il a choisie est minimaliste, épurée de tous artifices : une voix off (Josef von Sternberg lui-même) qui raconte les évènements et explique le contenu des dialogues japonais qui restent non traduits. Les interprètes sont tous étrangers au cinéma, certains viennent du kabuki et ce jeu particulier contribue à donner un petit caractère d’étrangeté au film. Comme on peut s’y attendre avec Josef von Sternberg, les lumières sont assez belles mais, là aussi, sans esbroufe. Sur le fond, le réalisateur profite de cette situation si particulière pour sonder la nature profonde de l’homme et explore essentiellement la notion de pouvoir sous ses différentes formes. Le film n’eut hélas que peu de succès, au Japon comme dans le reste du monde.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Akemi Negishi, Tadashi Suganuma, Kisaburo Sawamura, Shôji Nakayama
Voir la fiche du film et la filmographie de Josef von Sternberg sur le site IMDB.

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Remarques :
* Une version avec une voix-off dite par un acteur japonais sans se superposer aux dialogues a été distribuée dans certains pays, notamment au Japon.
* Une version existe avec une fin alternative où Heiko est devenue cireuse de chaussures à l’aéroport où revient le groupe de soldats.

* L’île d’Anatahan est une île volcanique de 32 km2 qui fait partie de l’archipel des Îles Marianne du Nord, env. 1500 kms à l’ouest des Philippines. Elle a fait partie de l’Empire du Japon jusqu’en 1945 où elle devint américaine. L’île est inhabitée depuis 1990 du fait de risques élevés d’éruption qui survinrent effectivement en 2003 et 2007, cette dernière durant une année.

* Les polémiques autour de ces évènements ont été relancés en 1998 par l’écrivain et universitaire japonais Kaoru Ohno avec son roman Cage on the Sea, et en 2008 par Natsuo Kirino avec une nouvelle « Tôkyô-jima », qui est devenue un film du même nom réalisé par Makoto Shinozaki en 2010 (non distribué en dehors du Japon).

* Lire aussi une remarquable étude sur le film par Sachiko Mizuno et Emmanuel Burdeau :
https://cafedesimages.fr/auteur/sachiko-mizuno/ (il y a 4 volets, le troisième est particulièrement riche en informations sur la production et le tournage du film)

Anathan
Tadashi Suganuma (au centre) dans Fièvre sur Anatahan de Josef von Sternberg.

Anatahan
Akemi Negishi dans Fièvre sur Anatahan de Josef von Sternberg.

(1) A noter que le film Jet Pilot (Les espions s’amusent) avec John Wayne tourné en 1951 par Josef von Sternberg  sous la surveillance étroite d’Howard Hughes ne sortira qu’en 1957, film qui ne ressemble en rien au réalisateur qui a déclaré le détester.

24 octobre 2017

Le soleil brille pour tout le monde (1953) de John Ford

Titre original : « The Sun Shines Bright »

Le Soleil brille pour tout le mondeDébut du XXe siècle. Dans une petite bourgade du Kentucky, le juge Priest prépare sa candidature à sa réélection qui s’annonce délicate : il est accusé d’être alcoolique et s’oppose à la justice expéditive envers les noirs… Plutôt qu’un remake de Judge Priest (1934), Le soleil brille pour tout le monde est plutôt une suite car il en reprend le personnage central (et quelques personnages secondaires) pour les placer dans des situations différentes. John Ford a déclaré dans une interview que c’était son film préféré, ce que l’on peut comprendre car, plus que tout autre, il exprime l’idéologie et les aspirations du réalisateur. Il y a beaucoup d’humanisme dans cette histoire, le juge Priest/John Ford prend la défense de ceux qui vivent dans l’opprobre (les noirs, les prostituées). Cet humanisme peut paraître idéaliste et même naïf : il suffit d’entonner Dixie pour réconcilier tout le monde (!) On peut en tous cas regretter qu’il repose sur une nostalgie des temps anciens, d’un ordre social quasi militaire (cf. le final), et si le juge prend la défense des noirs, ceux-ci restent « à leur place » : des serviteurs, à l’intelligence nettement limitée. Certes, mais cet humanisme doublé d’un espoir de réconciliation est toutefois bienvenu dans une époque où les accusations tombent (nous sommes alors en plein maccarthysme). Le film est remarquable dans sa construction car il n’y a pas moins de quatre histoires enchevêtrées. L’utilisation du son est tout autant remarquable. Contrairement à Judge Priest, Le soleil brille pour tout le monde sera un échec commercial.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charles Winninger, Arleen Whelan, John Russell, Stepin Fetchit, Russell Simpson, Francis Ford, Slim Pickens
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Remarques :
* Le titre reprend les premières paroles de la chanson anti-esclavagiste My Old Kentucky Home composée par Stephen Forster en 1852.
* Herbert J. Yates, patron de Republic Pictures, a coupé environ dix minutes de la version commerciale américaine sans l’assentiment de John Ford, qui avait pourtant par contrat la décision finale sur le montage. Ces dix minutes sont réapparues depuis.
* John Ford enfreint la fameuse règle des 180° à deux reprises : lorsque Lucy Lee remarque le portrait et lors de la procession funèbre.

Le soleil brille pour tout le monde
Stepin Fetchit et Charles Winninger dans Le Soleil brille pour tout le monde de John Ford.

le soleil brille pour tout le monde
Charles Winninger et Russell Simpson dans Le Soleil brille pour tout le monde de John Ford.

Le soleil brille pour tout le monde
Slim Pickens et Francis Ford dans Le Soleil brille pour tout le monde de John Ford. C’est le dernier film du frère ainé de John Ford, il décèdera quelques mois plus tard.

5 août 2017

La Grande Pagaille (1960) de Luigi Comencini

Titre original : « Tutti a casa »

La Grande pagaille8 septembre 1943. Un armistice est signé assez précipitamment entre l’armée italienne et les forces alliées. Du jour au lendemain, italiens et allemands se retrouvent ennemis. A la tête d’un petit détachement, le lieutenant Innocenzi (Alberto Sordi) ne peut rejoindre sa caserne prise par les allemands. Livrés à eux-mêmes, sans ordres supérieurs, les soldats n’ont qu’une idée en tête : rentrer à la maison… Tutti a casa était au départ un projet de film documentaire. Le film final, même s’il garde un caractère de témoignage historique, est une œuvre de fiction écrite par Age et Scarpelli, Marcello Fondato et Luigi Comencini. Couvrant la période entre l’Armistice et le soulèvement de Naples fin septembre 1943, il témoigne d’une période trouble qui laissa les officiers désemparés car ils ne savaient que faire (beaucoup n’étaient pas des fascistes convaincus, quiconque avait fait des études pouvait se retrouver officier). Le lieutenant se retrouve ainsi écartelé entre son sens du devoir qui lui dicte de préserver la vie des quelques hommes qu’il lui reste et son instinct de fuite face à une guerre qu’il n’a pas voulu. Comencini fait des ruptures de ton entre le drame et la comédie : certaines des situations douloureuses engendrées par cette confusion étaient également cocasses. Néoréalisme et comédie italienne se rejoignent. Tout l’art de Comencini a été de savoir introduire ces parcelles de comédie sans entamer le caractère dramatique de l’ensemble. Le réalisateur a déclaré qu’il jugeait que Tutti a casa était son meilleur film.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Serge Reggiani, Carla Gravina, Martin Balsam
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Tutti a casa
Serge Reggiani et Alberto Sordi dans La Grande pagaille de Luigi Comencini.

12 avril 2017

Feux dans la plaine (1959) de Kon Ichikawa

Titre original : « Nobi »

Feux dans la plaineFin 1944, sur une île des Philippines, l’armée impériale japonaise défaite est coupée de ses bases. Désormais incapables de combattre, ses soldats éparpillés tentent de survivre. Atteint d’une maladie grave, le soldat Tamura est condamné à errer seul : son chef d’escouade ne veut plus de lui… Feux dans la plaine est basé sur un roman de Shōhei Ōoka, l’un des romans majeurs de la littérature japonaise sur la guerre. Natto Wada (qui n’est autre que la femme de Kon Ichikawa) en a écrit l’adaptation. C’est un film très noir qui explore les limites de la nature humaine. Il est très différent de La Harpe de Birmanie et de sa dimension spirituelle : ici, les hommes sont cloués au sol, implacablement prisonniers de leur sort qui les force à perdre leur humanité. Dès le début du film, l’acteur Eiji Funakoshi exprime parfaitement le caractère extrême des situations ; avec son air hagard, halluciné même, avec sa démarche mécanique, il transmet au spectateur beaucoup de sentiments : l’épuisement, la résignation, l’impression d’être au bord de la folie, d’être vidé de sa substance. Feux dans la plaine va beaucoup plus loin que tous les autres films dénonçant les horreurs de la guerre, son approche n’est comparable qu’avec celle de certains films des années 80 (Apocalypse Now, Platoon, …) Comme tous les films d’Ichikawa, il a été diversement apprécié. C’est pourtant un film d’une grande puissance.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Eiji Funakoshi, Osamu Takizawa, Mickey Curtis
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Feux dans la plaine
Eiji Funakoshi dans Feux dans la plaine de Kon Ichikawa.

Remake :
Nobi de Shin’ya Tsukamoto (2014)

11 février 2017

American Sniper (2014) de Clint Eastwood

American SniperTexan pur souche, ex-champion de rodéo, Chris Kyle décide de s’engager dans l’armée américaine et suit l’entrainement des snipers. Envoyé en Irak, il se distingue rapidement par la précision de ses tirs, sauvant ainsi de nombreux de ses compatriotes soldats qui le surnomment « La Légende »… American Sniper est l’adaptation de l’autobiographie de Chris Kyle, véritable héros national aux Etats-Unis. Clint Eastwood garde le point de vue de l’auteur, ne prenant donc aucun recul. Il déshumanise totalement l’ennemi, faisant ainsi ressembler le film à un de ces jeux vidéo où les ennemis surgissent avec une insistance mécanique. Le procédé est effroyablement efficace car on se surprend presque à avoir envie, nous aussi, de presser sur la détente. Clint Eastwood a répondu aux critiques en disant qu’il montrait aussi les dégâts physiques et psychiques causés aux soldats engagés, dressant ainsi le constat le plus anti-guerre qui soit. Cela paraît tout de même un peu difficile de le suivre jusque là… American Sniper fut un énorme succès, ramenant dans les salles un public qui les avait désertées. On peut le classer dans les grands films patriotiques.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Bradley Cooper, Sienna Miller
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American Sniper
Bradley Cooper (à droite) dans American Sniper de Clint Eastwood.

14 octobre 2016

Les plus belles années de notre vie (1946) de William Wyler

Titre original : « The Best Years of Our Lives »

Les plus belles années de notre vieA la fin de Seconde Guerre mondiale, trois soldats se rencontrent dans l’avion qui les ramène chez eux. Tous trois appréhendent ce retour, pour des raisons diverses, sentant confusément qu’ils ne retrouveront pas leur vie antérieure… Adapté d’un roman de MacKinlay Kantor, The Best Years of Our Lives (Les plus belles années de notre vie) est un film en prise directe avec la réalité ; il a été tourné en 1945 alors que le retour des soldats américains était toujours en cours. Ses trois personnages vont se retrouver dans une situation de crise, qu’elle soit psychologique, sentimentale ou professionnelle quand ce n’est pas physique. Lui-même blessé de guerre, William Wyler s’est efforcé de donner beaucoup d’authenticité à son film que ce soit dans les lieux, les vêtements et les personnages ; le soldat Homer est interprété par un non-professionnel, un véritable soldat, grand blessé de guerre. La réalisation est sobre, sans effet de sur-dramatisation. En fait, le film de 2h45 forme un ensemble riche et complet, très équilibré, et se révèle particulièrement touchant, et chargé en émotions. The Best Years of Our Lives marqua fortement le public de l’époque et connut un très grand succès. Il fut récompensé par 7 Oscars.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Myrna Loy, Fredric March, Dana Andrews, Teresa Wright, Virginia Mayo, Hoagy Carmichael, Harold Russell
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The Best Years of our Lives
(De g. à d.) Harold Russell (de dos), Theresa Wright, Dana Andrews, Myrna Loy, Hoagy Carmichael (debout) et Fredric March dans Les plus belles années de notre vie de William Wyler.

18 juillet 2016

Les Sans-espoir (1966) de Miklós Jancsó

Titre original : « Szegénylegények »

Les sans-espoirDans la Hongrie de 1869, le pouvoir en place cherche à démasquer les « sans-espoir », sorte de bandits d’honneur qui ont pris une part active dans la révolution de 1948 et continué de se rebeller ensuite contre la misère. Le gouverneur Raday a arrêté plus d’une centaine de paysans pauvres et les a enfermés dans un fortin isolé. Les militaires utilisent plusieurs stratagèmes cruels pour que les prisonniers dénoncent les sans-espoir parmi eux… Les Sans-espoir n’est pas le premier film du hongrois Miklós Jancsó mais c’est celui qui l’a fait connaitre sur le plan international : en compétition à Cannes en 1966, il stupéfia le public et la critique. Son contenu est indéniablement politique sans être centré sur un pays ou époque donnés, il s’agit d’une réflexion sur la répression et sur le pouvoir, sur la place de l’homme dans une société en mutation politique. Les sans-espoir Miklós Jancsó n’accorde pas de place à l’émotion, son récit est froid, très descriptif. Mais ce sont l’esthétique et la mise en scène qui étonnent le plus. L’image en noir et blanc très contrasté, légèrement surexposée, donne une dimension particulière aux décors dénudés de ce fortin placé au milieu de nulle part. Le montage est réduit à la juxtaposition de longs plans-séquences où personnages et caméra tournent en permanence, formant une harmonieuse chorégraphie. Les dialogues sont réduits à l’essentiel. Miklós Jancsó crée ainsi un univers esthétique fascinant et envoutant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: János Görbe, Zoltán Latinovits, Tibor Molnár
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Remarques :
* Bien entendu, il est difficile de ne pas voir dans le film une allégorie de la répression qui a suivi l’insurrection de Budapest de 1956 contre l’Union soviétique. Miklós Jancsó a déclaré à Cannes que son film n’avait rien à voir avec les évènements récents de Budapest mais, comme le cinéaste l’a reconnu plus tard, tout le monde savait que cette déclaration n’était pas vraie…

Les Sans-espoir
Miklós Jancsó (au centre) sur le tournage de Les Sans-espoir.

25 juin 2016

C’étaient des hommes (1950) de Fred Zinnemann

Titre original : « The Men »

C'étaient des hommesBlessé de guerre et paralysé des jambes, Wilcheck est soigné dans un hôpital pour soldats paraplégiques. Il refuse de voir sa fiancée de peur de lire la pitié dans ses yeux mais celle-ci s’obstine et sollicite l’aide du docteur… Produit par Stanley Kramer et réalisé par Fred Zinneman (futur réalisateur de Le Train sifflera trois fois et Tant qu’il y aura des hommes), The Men est un film peu connu qui cherche à mettre en valeur un autre type de bravoure que celui du combat, celui qui est nécessaire pour rebâtir sa vie en fauteuil roulant. Assez inévitablement, le film est alourdi par un excès de sentimentalisme sans que cela oblitère toutefois le propos. The Men est le premier film de Marlon Brando. Adepte de la fameuse Méthode de l’Actors Studio, l’acteur est allé vivre plusieurs semaines dans un véritable hôpital pour soldats paraplégiques pour mieux s’imprégner de son personnage. Son interprétation est effectivement assez puissante, elle transfigure le film qui aurait été certainement anodin sans lui. Marlon Brando, qui avait déjà triomphé avec son interprétation à Broadway d’Un tramway nommé désir (qui sera son deuxième film), fit ainsi une entrée remarquée dans le monde du cinéma.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marlon Brando, Teresa Wright, Everett Sloane, Jack Webb
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Remarques :
* En plus de son long séjour en hôpital, Brando resta sur un fauteuil roulant tout le temps que dura le tournage.
* De nombreux (49) soldats paraplégiques apparaissant dans le film sont ceux avec qui il séjourna durant plusieurs semaines. L’équipe de basket et de water-polo est une authentique équipe.

The Men
Marlon Brando et Teresa Wright dans C’étaient des hommes de Fred Zinnemann.

7 novembre 2015

Good Morning, Vietnam (1987) de Barry Levinson

Good Morning, VietnamUn nouveau disc jockey, connu pour son humour, arrive au Vietnam pour animer la radio des forces armées. Son ton irrévérencieux va le rendre instantanément populaire chez les soldats au grand dam de ses supérieurs directs… Les films abordant la guerre du Vietnam sous un angle humoristique ne sont pas légion et Barry Levinson parvient à trouver le juste équilibre grâce à une belle utilisation des talents comiques de Robin Williams. Tout le film repose sur la performance assez spectaculaire de l’acteur où l’improvisation, a-t-on affirmé, tient une place importante : certains trouveront qu’il en fait beaucoup mais c’est justement quand il en fait trop qu’il excelle… Hormis cela, le film a des ressorts assez classiques, le gentil trublion en prise à des chefs bornés et imbéciles, et se charge d’une intrigue sentimentale assez inutile qui relève d’un certain idéalisme. Sur la guerre en elle-même, le propos est finalement assez édulcoré, teinté d’une ironie bienveillante, jamais mordante. Si le film met en évidence la censure des informations diffusées (ce qui est difficilement qualifiable de révélation), il n’atteint vraiment une dimension que lors de la scène emblématique où l’on voit des bombardements de villages alors que Louis Armstrong chante « It’s a wonderful world » : ce spectaculaire télescopage crée une image forte. Pour le reste, Good Morning, Vietnam est un surtout un excellent divertissement, assez unique en son genre toutefois.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robin Williams, Forest Whitaker, Bruno Kirby
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Good morning Vietnam
Robin Williams et Forest Whitaker dans Good Morning, Vietnam de Barry Levinson.

16 août 2015

Les évadés de la nuit (1960) de Roberto Rossellini

Titre original : « Era notte a Roma »

Les évadés de la nuit
Italie, 1943. Trois officiers alliés, un britannique, un américain et un russe, sont recueillis par une jeune femme qui les cache dans son grenier à Rome, alors occupée par les allemands… Quinze ans après Rome ville ouverte, Rossellini revient sur cette époque des derniers mois de la guerre, transition entre le fascisme et la libération de l’Italie. En dehors du sujet, tout semble séparer les deux films et on ne croit guère, du moins pas assez, à cette histoire quelque peu alourdie par des éléments mélodramatiques. Il reste toutefois de nombreuses belles scènes, parfois même assez marquantes, avec un rapprochement intéressant entre les convictions humanistes des ecclésiastiques et celles du mécanicien communiste engagé dans la Résistance.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Leo Genn, Giovanna Ralli, Sergey Bondarchuk, Peter Baldwin, Renato Salvatori
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Les évadés de la nuit
George Petrarca et Giovanna Ralli dans Les évadés de la nuit de Roberto Rossellini

Les évadés de la nuit
Leo Genn, Sergey Bondarchuk et Peter Baldwin dans Les évadés de la nuit de Roberto Rossellini