22 octobre 2014

Livre : Dictionnaire du cinéma fantastique et de science-fiction (2014)

de Frank Lafond – Editions Vendémiaire – 416 pages – 26 €

Dictionnaire du cinéma fantastique et de science-fiction Historien du cinéma, Frank Lafond nous propose ce Dictionnaire du cinéma fantastique et de science-fiction. Les entrées de ce dictionnaire sont constitués par des films (les plus remarquables), des réalisateurs, les thèmes majeurs (par exemple « voyage dans le temps », « fin du monde », « invasion », etc.), des motifs récurrents (personnages ou créatures, mais aussi objets) et enfin des procédés cinématographiques (« cadrage », « effets spéciaux », etc.)

De bonne longueur, chacun des articles va en profondeur de son sujet. En ce sens, c’est bien plus qu’un dictionnaire. Les films sont décrits et analysés, la filmographie d’un réalisateur est largement commentée. C’est dans les articles sur les thèmes que l’on peut mesurer la qualité du travail de l’auteur qui ne se contente pas de lister ou de répertorier,  il nous livre une vraie analyse du sujet. Le champ d’étude couvre toute l’histoire du cinéma, avec un bon équilibre entre les incontournables et des titres ou créateurs moins connus, tout en sachant que ce type d’ouvrage ne pourra jamais être exhaustif. Quelques photos sont regroupées sur une dizaine de pages en couleurs au centre de l’ouvrage. Au chapitre des regrets, citons l’absence d’index ou de liste des films cités.

Ce Dictionnaire du cinéma fantastique et de science-fiction est un ouvrage d’une belle profondeur dont la lecture est vraiment enrichissante. Un must pour les amateurs de cinéma de science-fiction et de fantastique.
Note: 5 étoiles

Voir la fiche du livre sur Livres-cinema.info
Le livre sur le site de l’éditeur
Le livre sur Amazon
ou en Librairies sur Price minister…

Remarque :
Par rapport à l’encyclopédie de Jean-Pierre Andrevon parue en 2013 chez Rouge Profond, ce dictionnaire de Frank Lafond comporte certes moins d’entrées mais est plus analytique, chaque article étant bien plus étoffé.

13 octobre 2014

La machine à explorer le temps (1960) de George Pal

Titre original : « The Time Machine »

La machine à explorer le tempsLe 31 décembre 1899, un inventeur anglais fait la démonstration d’une machine qui permet de voyager dans le temps à trois de ses amis. Devant l’incrédulité de ces derniers, il décide d’expérimenter lui-même cette même machine et de partir vers le futur…
La machine à explorer le temps est l’un des plus beaux romans de H.G. Wells. C’est à la fois une belle fable de science-fiction et une réflexion sur la nature profonde de l’homme et sur l’ère industrielle. Le film de George Pal simplifie l’ensemble pour mettre en avant une histoire d’amour et gommer tous les aspects pessimistes du roman. Mais il y a tout de même de beaux restes : la mise en scène est soignée, les effets spéciaux utilisés lors des voyages dans le temps frappent l’imagination, le design de la machine est ravissant, des notes d’humour sont distillées ça et là. En revanche, on ne trouvera pas le pessimiste saut final dans l’ultra-futur et encore moins les parallèles que fait Wells avec la société de son temps. En fait, c’est tout le contenu ayant une certaine portée qui a été écarté, le pessimisme a laissé place à l’optimisme, une indéfectible foi en la nature humaine. Le film de George Pal est avant tout un divertissement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Rod Taylor, Alan Young, Yvette Mimieux
Voir la fiche du film et la filmographie de George Pal sur le site IMDB.

Remake :
La machine à explorer le temps (The Time Machine) de Simon Wells (2002), nouvelle adaptation qui a simplifié encore davantage le propos pour en faire un film d’action.

La machine à explorer le temps (The Time Machine)Rod Taylor dans La machine à explorer le temps (The Time Machine) de George Pal.

30 juillet 2014

La Femme nue et Satan (1959) de Victor Trivas

Titre original : « Die Nackte und der Satan »

La femme nue et SatanLe Docteur Abel (Michel Simon) a inventé un sérum qui lui a permis de maintenir en vie la tête d’un chien après la mort de son corps. Se sachant sur le point d’avoir un arrêt du coeur, il demande à son assistant fraichement recruté, le Docteur Ood, de lui faire une transplantation cardiaque. Il ignore que ce dernier a d’autres desseins… La Femme nue et Satan : derrière ce titre qui peut paraître un peu racoleur, se cache l’un des films les plus étranges qui soient. On peut le classer parmi les films de science fiction, rayon « savant fou », mais il ne ressemble vraiment à aucun autre. La présence de Michel Simon (doublé en allemand) dans un rôle si particulier (une tête seule) rend en effet le film assez unique. D’origine russe, le réalisateur Victor Trivas a débuté comme décorateur en Allemagne dans les années vingt, travaillant alors avec Pabst notamment, et en a gardé des amitiés : ainsi le chef décorateur de ce film n’est autre qu’Hermann Warm, l’un des chefs décorateurs du Cabinet du Dr Caligari, qui a joué ici sur le contraste entre de grandes pièces avec des passages étroits. Bien entendu, héritage de l’expressionisme, les éclairages sont assez travaillés. L’histoire n’est à aucun moment crédible mais cela importe peu, La Femme nue et Satan est assez unique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Horst Frank, Karin Kernke, Michel Simon
Voir la fiche du film et la filmographie de Victor Trivas sur le site IMDB.

Remarque :
Victor Trivas a peu réalisé. Son film le plus marquant est Niemandsland (La Zone de la mort), un pamphlet pacifique réalisé dans l’Allemagne de 1931, dont les nazis ont détruit toutes les copies présentes en Allemagne. Réfugié en France puis aux Etats Unis, il a ensuite surtout travaillé comme scénariste (notamment pour Orson Welles et Otto Preminger). Revenu en Allemagne, il tourne La femme nue et Satan qui sera son ultime réalisation.

27 juin 2014

Livre : The Making Of Stanley Kubrick’s « 2001 – A Space Odyssey » (2014)

par Piers Bizony (Editions Taschen)

The Making Of Stanley Kubrick's 2001(19 x 44 cm, 1386 pages) L’éditeur Taschen vient d’éditer un remarquable ouvrage sur le film de Stanley Kubrick 2001, l’odyssée de l’espace dans un coffret métallique en forme de monolithe. L’éditeur précise que « cet ensemble de quatre volumes abondamment illustrés présente des centaines de photos et de documents inédits, ainsi qu’un témoignage personnel du coscénariste de Kubrick, Arthur C. Clarke. (…)
The Making Of Stanley Kubrick's 2001Volume 1 : Photographies de plateau
Volume 2 : Dans les coulisses (inclus des entretiens avec les acteurs principaux, les chefs décorateurs et les experts en effets spéciaux)
Volume 3 : Fac-similé du scénario original
Volume 4 : Fac-similé des notes de production originales de 1965
Bonus surprise: une petite BD comique.  »

Cette édition-monument en anglais est limitée à 1500 exemplaires. Elle est vendue 500 € …

Il s’agit en fait d’une version très enrichie d’un livre de Piers Bizony 2001: Filming the Future (Aurum Press, 1994) qui a été traduit en français sous le titre 2001, le futur selon Kubrick (Ed. Cahiers du cinéma, 2000), livres hélas très difficiles à trouver aujourd’hui.

Voir la fiche du livre sur Livres-cinema.info
Voir la présentation sur le site de Taschen

 

 

16 novembre 2013

Bienvenue à Gattaca (1997) de Andrew Niccol

Titre original : « Gattaca »

Bienvenue à GattacaDans un futur « pas si lointain », la génétique permet de sélectionner les meilleurs gènes pour son futur enfant afin de réduire les risques de maladies graves, créant ainsi une élite au patrimoine génétique parfait. Vincent, lui, n’a pas été conçu ainsi, c’est un enfant naturel et pourtant il rêve de partir dans l’espace. Il va utiliser un important stratagème pour parvenir à ses fins… Ecrit et réalisé par Andrew Niccol, Bienvenue à Gattaca est un film de science-fiction dont la force repose sur un scénario original et une interprétation impeccable. Loin des films spectaculaires à effets spéciaux, il s’agit d’un film de prospective dans la veine du Meilleur des Mondes de Huxley. La réflexion sur les dangers de la génétique se double d’une enquête policière parfaitement intégrée qui vient rehausser l’ensemble. Ethan Hawke est assez étonnant dans interprétation, parvenant bien à combiner puissance de volonté et fragilité ce qui rend son personnage assez émouvant. Bienvenue à Gattaca est un film complet et réussi.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ethan Hawke, Uma Thurman, Jude Law, Tony Shalhoud, Loren Dean, Ernest Borgnine
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28 juillet 2013

Prometheus (2012) de Ridley Scott

Prometheus2085. Une étrange peinture murale très ancienne est découverte dans une grotte, une invitation à se rendre sur une certaine planète lointaine. Dans l’espoir d’obtenir des éléments sur l’origine de l’humanité, une expédition parvient à destination et s’y pose… Prometheus marque le retour de Ridley Scott vers la science-fiction. Partant de l’idée de faire un prologue à son Alien (dont la qualité des suites a sombré de film en film), il a ensuite évolué vers un thème beaucoup plus large et noble : la quête du créateur. Hélas, on ne retrouve pas la grandeur du sujet dans ce premier Prometheus : après un beau premier tiers qui laisse augurer le meilleur, le film s’enlise et ne s’envole guère. Tous les efforts ont été concentrés sur la création de tension et d’angoisse sans que les personnages soient développés ; le meilleur exemple est ce robot androïde qui aurait vraiment mérité d’être mieux exploité car c’est un personnage très intéressant. Les décors créés sont assez gigantesques, utilisant largement les images de synthèse qui sont très bien intégrées, et le film a été conçu pour très bien fonctionner en 3D. Prometheus comporte de belles scènes, des moments assez brillants même mais l’ensemble apparaît plombé par un scénario trop simple.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Noomi Rapace, Michael Fassbender, Charlize Theron, Idris Elba, Guy Pearce
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Remarques :
* Les plans d’extérieurs, désertiques et lunaires, ont été tournés en Islande, dans la région de l’Hekla. Les impressionnantes chutes d’eau au tout début du film sont celles de Dettifoss au nord est de l’Islande.
* Dans la mythologie grecque, Prométhée est un Titan. Après avoir créé les hommes à partir de restes de boue transformés en roches, il a volé le savoir divin symbolisé par le feu sacré de l’Olympe,  pour le donner aux hommes. Pour cet acte, il fut enchainé à un rocher pour l’éternité, condamné à se faire dévorer le foie par un aigle. Il sera finalement libéré par Héraclès au cours de ses douze travaux.

6 juillet 2013

La Dixième Victime (1965) de Elio Petri

Titre original : « La Decima Vittima »
Autre Titre (Belgique) : « La Grande Chasse »

La dixième victimeAu 21e siècle, un jeu a été créé pour canaliser la violence et éradiquer les guerres : des « chasseurs » doivent traquer des « victimes » désignées par un ordinateur et les tuer. Les joueurs sont tour à tour chasseur et victime et doivent tenir dix rounds pour être sacré champion. C’est ainsi que le romain Marcello se retrouve chassé par une jeune new yorkaise Caroline. Tous deux sont de redoutables joueurs… Adapté d’une courte nouvelle de Robert Sheckley, La Dixième Victime d’Elio Petri joue plus sur le registre de la satire et de la comédie que sur celui de la prospective sérieuse. C’est donc avec ces yeux-là qu’il faut le regarder et goûter le style pop art des décors futuristes, des réflexions sur le divorce (l’italien explique à l’américaine qu’en Italie on ne se marie plus car il est devenu trop difficile de divorcer), sur le culte de la jeunesse (il garde ses parents chez lui dans une sorte de grand placard) ou sur la religion (amusante scène des adorateurs du soleil, cérémonie interrompue par des manifestants que Mastroianni traite de « néoréalistes »), La dixième victime des costumes (certains auraient été dessinés par Courrèges) et, bien entendu, la critique des media, la télévision américaine en l’occurrence. Elio Petri exploite la plastique d’Ursula Andress (qui bien entendu a une scène où elle sort de l’eau…), l’actrice apportant une note un peu facile de charme. De son côté, Marcello Mastroianni (teint en blond) traverse tout cela avec grand flegme, il semble même quelque peu absent. La Dixième Victime est loin d’être un grand film mais il reste intéressant pour ses multiples petites notes satiriques et son atmosphère pop art.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Ursula Andress, Elsa Martinelli
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Remarques :
* La Dixième Victime est basé sur une nouvelle d’une vingtaine de pages que Robert Sheckley a écrite en 1953 : La Septième Victime. Peu après, il développera à nouveau le thème pour écrire une autre nouvelle, Le Prix du danger, qui sera adaptée au cinéma par Yves Boisset en 1983. A noter enfin que Robert Sheckley a novelisé le film d’Elio Petri sous le titre La Dixième Victime en 1965.
* La façon dont Ursula Andress se débarrasse de son chasseur au début du film a inspiré Mike Myers pour ses fembots d’Austin Powers.

19 juin 2013

Source Code (2011) de Duncan Jones

Source CodeColter Stevens se réveille en sursaut dans un train. Il ne sait pas comment il est arrivé là, il est pilote d’hélicoptère et son dernier souvenir est d’avoir été pris sous le feu ennemi en Afghanistan. En face de lui, une jeune femme lui parle comme si elle le connaissait en l’appelant par un prénom qui n’est pas le sien. Quelques minutes plus tard, une bombe explose dans le train et il se retrouve dans un étrange caisson… Ecrit par Ben Ripley, Source Code est une variation originale sur le thème du voyage dans le temps. Bien construit et précis dans son déroulement, le film est prenant et même haletant. Si Duncan Jones adopte un style très hollywoodien, il n’abuse pas des effets spéciaux et son film ne montre aucune lourdeur si ce n’est dans le derniers tiers où il redevient très classique avec une intrigue sentimentale au premier plan. Malgré tout, Source Code est un film original et inventif.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jake Gyllenhaal, Michelle Monaghan, Vera Farmiga, Jeffrey Wright
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Remarque :
L’homme qui doit faire rire tout le wagon à la fin du film est interprété par Russell Peters, humoriste canadien connu, spécialiste du stand-up.

3 juin 2013

Time Out (2011) de Andrew Niccol

Titre original : « In Time »

Time OutDans un monde futur, il faut payer pour vivre au-delà de l’âge de 25 ans, âge à partir duquel on ne vieillit plus. Le temps a remplacé l’argent, chacun ayant un compteur du temps restant à vivre dans le bras qui est utilisé pour acheter quoi que ce soit. Alors que les riches ont de longues années en réserve, les plus pauvres n’ont souvent que quelques heures devant eux… Ecrit par Andrew Niccol (dont on connait bien Bienvenue à Gattaca et The Truman Show), le scénario de Time Out repose sur une idée assez originale. Cette allégorie de notre société reposant sur l’argent est toutefois assez limitée dans son développement car elle sert principalement de prétexte à un film d’action avec la course de deux fugitifs poursuivi par un « gardien du temps ». Bien mis en scène, sans effets inutiles, et assez bien équilibré, Time Out se regarde sans déplaisir mais paraît plutôt mineur.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Cillian Murphy, Justin Timberlake, Amanda Seyfried
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1 mai 2013

Another Earth (2011) de Mike Cahill

Another EarthTrès attirée par l’astrophysique, Rhoda est une jeune et brillante diplômée qui s’apprête à intégrer le prestigieux M.I.T. (Massachusetts Institute of Technology). Alors que l’on vient de découvrir une planète jumelle à la Terre, Rhoda tue accidentellement, en sortant d’une fête trop arrosée, la femme et le fils d’un compositeur de musique. Au moment où elle sort de prison, quatre années plus tard, la planète jumelle s’est considérablement rapprochée de la Terre… Another Earth est un film remarquable. Ecrit par Mike Cahill et Brit Marling (qui également en interprète le rôle principal), le scénario mêle habilement drame et science-fiction, ces deux éléments se renforçant l’un l’autre pour donner une histoire forte et pleine de sensibilité. Il s’agit d’une variation sur le thème des mondes parallèles qui vient donner ici une tout autre dimension (c’est le cas de le dire) Another Earth à un drame remarquablement bien développé qui aurait pu donner un film à lui tout seul. Brit Marling apporte beaucoup de sincérité et de sensibilité à son personnage, émouvant et très attachant. Il s’agit de son premier grand rôle au cinéma. Another Earth est d’autant plus remarquable qu’il a été tourné avec très peu de moyens, moins de 200 000 dollars. Bêtement boudé par une bonne partie de la critique, le film a reçu un bon accueil du public. Il vient nous prouver que la bonne science-fiction, celle qui se situe dans la grande lignée, peut encore exister au cinéma… mais sans doute pas à Hollywood.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Brit Marling, William Mapother
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