12 septembre 2015

La Guerre des cerveaux (1968) de Byron Haskin

Titre original : « The Power »

La Guerre des cerveauxDans un futur proche, un petit groupe de chercheurs étudient la résistance à la douleur et son influence éventuelle sur le cerveau. Lorsque l’un d’eux pointe du doigt que l’un des chercheurs a des capacités mentales très développées, il est mystérieusement assassiné… A la base, le film de science-fiction La Guerre des cerveaux soulève une question intéressante : si les capacités du cerveau humain évoluent, peut-on envisager qu’il parviendra un jour à influencer celui de ses congénères pour le soumettre à ses volontés ? Quelles seraient les implications de ce type de pouvoir ? Comment se comporterait dans notre monde d’aujourd’hui un humain qui aurait sauté des centaines de générations ? Hélas, Byron Haskin délaisse la pure prospective pour développer essentiellement un film à suspense où le héro ne fait que rechercher le coupable au péril de sa vie, un film dans un esprit assez hitchcockien. Le réalisateur semble d’ailleurs assumer cette filiation puisqu’il fait un hommage assez voyant au réalisateur anglais avec une scène dans un manège de chevaux de bois devenu incontrôlable. Certains critiques ont vu en cette histoire une manifestation de la paranoïa anticommuniste américaine ; pourquoi pas, tous les films sur le contrôle des esprits peuvent être vus ainsi mais cela ne me semble pas être le but premier ici. La Guerre des cerveaux se regarde sans ennui car la réalisation est soignée et le déroulement de l’histoire bien rythmé. On notera la musique de Miklós Rózsa avec une présence originale de son cymbalum.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: George Hamilton, Suzanne Pleshette, Richard Carlson, Yvonne De Carlo, Michael Rennie

Voir la fiche du film et la filmographie de Byron Haskin sur le site IMDB.

The Power
George Hamilton et Suzanne Pleshette dans La Guerre des cerveaux de Byron Haskin

Remarques :
* The Power est l’adaptation d’un roman de Frank M. Robinson qui est également connu pour avoir écrit La Tour infernale (à ma connaissance, aucun lien de parenté avec l’écrivain de science-fiction Kim Stanley Robinson).
* Byron Haskin est un réalisateur connu pour L’île au trésor (1950) et La Guerre des mondes (1953).
* La Guerre des cerveaux est produit par George Pal.

2 septembre 2015

Oblivion (2013) de Joseph Kosinski

Oblivion2077 : La terre a été évacuée vers Titan après avoir subi une attaque d’extra-terrestres. Les terriens ont gagné mais les radiations résiduelles des armes atomiques ont rendu la terre inhabitable. Jack Harper et une assistante sont restés en charge de la réparation des drones qui assurent la sécurité d’une gigantesque opération d’extraction des dernières ressources. Quelques aliens survivants continuent en effet d’attaquer sporadiquement les installations…
Joseph Kosinski est un réalisateur d’à peine quarante ans qui vient du monde de l’infographie et des jeux vidéo. Il a écrit un scénario assez solide dans la veine post-apocalyptique et a su le mettre en scène en dosant parfaitement ses éléments : action et effets spéciaux sont bien entendu présents mais une bonne place a été laissée à la création, aussi bien d’objets que d’environnement, ce qui donne une atmosphère assez magique au récit. Joseph Kosinski n’hésite pas à montrer ses influences (2001, Star Wars, etc.) L’image est superbe (le tournage s’est effectué en grande partie en Islande). Côté acteurs, le problème des films avec Tom Cruise est qu’il prend toute la place et c’est une nouvelle fois le cas, ses deux partenaires féminines sont charmantes mais un peu fades. Cette omniprésence convient toutefois assez bien au scénario qui n’a que très peu de personnages. Oblivion se révèle être finalement un beau, et plutôt créatif, film de science-fiction.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Tom Cruise, Morgan Freeman, Olga Kurylenko, Andrea Riseborough
Voir la fiche du film et la filmographie de Joseph Kosinski sur le site IMDB.

Oblivion
La maison de Jack Harper dans Oblivion de Joseph Kosinski (la piscine transparente est, comment dire, assez unique!)

Oblivion
La même vue de l’autre côté avec, au premier plan, le Techopter (qui a été dessiné par Joseph Kosinski lui-même).

Oblivion
Tom Cruise est Jack Harper dans Oblivion de Joseph Kosinski

Homonyme :
Oblivion de Sam Irvin (1994), film qui n’a aucun lien avec celui-ci : c’est apparemment un mélange bizarre de film de cow-boys et de film d’aliens.

23 juillet 2015

Contact (1997) de Robert Zemeckis

ContactAprès des années de recherches, l’astrophysicienne Eleanor Arroway capte un signal venant de l’étoile Vega. Aucun doute n’est permis : il s’agit bien d’un message qui nous est adressé… Pour tout amateur de hard science-fiction (1) qui se respecte, l’adaptation de Contact de Carl Sagan était très attendue car le roman de ce scientifique est l’un des meilleurs du genre. L’histoire se situe tout naturellement dans le cadre du vaste et enthousiasmant programme SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence, recherche d’une intelligence extraterrestre) dont Carl Sagan était l’un des promoteurs. L’adaptation par Robert Zemeckis s’est révélée être excellente, avec le même degré d’assise scientifique. Carl Sagan en a, il est vrai, suivi de près la préparation mais n’a pu hélas le voir terminé du fait de son décès en cours de tournage. Le niveau de réalisme est excellent, les problèmes soulevés sont effectivement ceux qui ne manqueraient pas de se poser dans une telle situation et les images créées (scène d’ouverture et voyage) sont superbes. Le film sera toutefois diversement apprécié selon sa sensibilité au sujet. A mes yeux, Contact est l’un des meilleurs films de science-fiction jamais réalisés.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jodie Foster, Matthew McConaughey, Tom Skerritt, William Fichtner, John Hurt
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Voir les autres films de Robert Zemeckis chroniqués sur ce blog…

Contact
Jodie Foster est à l’écoute du ciel profond dans Contact de Robert Zemeckis

Remarques :
* Au départ, Contact a été un projet de film que Carl Sagan a écrit en 1980 avec sa femme Ann Druyan. Le projet n’a pas abouti et Carl Sagan en a fait un roman (paru en 1985).

* Peu après la sortie de Contact, Warner Bros a reçu un avertissement de la Maison Blanche pour avoir utilisé des images du président Bill Clinton sans autorisation. Il faut dire que ces insertions sont fort bien faites, on pourrait croire qu’il a joué dans le film. En la matière, Zemeckis a l’expérience de Forrest Gump.

* Le radiotélescope du début du film est celui d’Arecibo sur l’île de Porto-Rico. Il a été et est toujours utilisé dans le cadre de SETI. C’est le plus grand au monde en taille physique (mais pas en taille effective où il est largement dépassé par de plus petits mis en batterie). Les radiotélescopes vus ensuite sont ceux du Very Large Array (VLA) situé aux Etats-Unis dans l’état du Nouveau Mexique.

* La scène d’ouverture, un travelling arrière depuis la Terre jusqu’aux amas de galaxies, est absolument superbe. On peut la voir sur Youtube (mais, même en HD, les algorithmes de compression montrent nettement leurs limites : ils en font de la bouillie).

(1) La « hard science-fiction » (= science-fiction dure) est un genre de science-fiction qui s’appuie sur des bases scientifiques solides. Pour donner les auteurs les plus représentatifs, on peut citer Arthur C. Clark (2001, odyssée de l’espace), Poul Anderson, Stanislaw Lem (Solaris), Carl Sagan, Kim Stanley Robinson, … Et Jules Vernes est un peu le père spirituel de la « hard SF ».

22 juillet 2015

Tron (1982) de Steven Lisberger

TronLe programmeur Kevin Flynn s’est vu dépossédé des jeux informatiques qu’il avait programmés par l’un de ses collègues, Dillinger. Ce dernier a même réussi à le faire licencier de la société de haute technologie qui les emploie et a laissé un programme d’intelligence artificielle prendre le contrôle du système informatique. Kevin est décidé à pénétrer le système pour y chercher des preuves mais le MCP (Master Control Program) réussit à le dématérialiser pour l’injecter au coeur du monde digital…
En 1982, Tron fut un film révolutionnaire : c’est le premier film à avoir utilisé largement des images créées sur ordinateur, non pas seulement pour quelques effets spéciaux mais pour créer tout un univers. En fait, la production a combiné plusieurs techniques, ordinateur, animation classique, superposition par calques et même la peinture image par image. L’ambition était de « dessiner avec la lumière ». L’idée de base a germé dans l’esprit de Steven Lisberger plusieurs années auparavant, impressionné par les tous premiers jeux vidéo et par le film Star Wars. Aujourd’hui, quelque trente ans plus tard, il est bien entendu logique que la vision de Tron n’impressionne plus guère mais, à l’époque où la notion-même de programme informatique était mal connue, le film eut l’effet d’une bombe sur certains (je peux en témoigner). L’histoire n’a que peu d’importance car l’attrait de Tron est avant tout son univers. Deux designers de très grand talent ont créé cet univers : le français Moebius (Jean Giraud) et l’américain Syd Mead (à qui l’on doit également l’univers de Blade Runner). Le résultat est (était) à la fois novateur et magique, un monde tout à fait autre. Tron a été refait en 2010 avec des graphismes actualisés, mais tentant d’en garder l’esprit : Tron, l’héritage.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jeff Bridges, Bruce Boxleitner, David Warner, Cindy Morgan
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Tron
Les motos de Tron ont été dessinées par Syd Mead.

Tron
Cindy Morgan et Bruce Boxleitner dans Tron de Steven Lisberger. Les costumes de lumière sont de Moebius.

Tron
Le superbe vaisseau solaire de Tron a été dessiné par Moebius.

Remarques :
* Les images informatiques de Tron ont été calculées par quatre sociétés informatiques, notamment sur des ordinateurs Cray 1, l’ordinateur le plus puissant au monde avec ses 8 Mo de mémoire vive et dont la puissance de calcul était 1000 fois inférieure à un banal ordinateur de bureau d’aujourd’hui. A noter que la forme globale du MCP ressemble à celle d’un Cray (qui avait la particularité d’être en rond afin de diminuer la longueur des fils).
* La peinture image par image (les lumières sur les costumes par exemple) a été faite à la main… à Taiwan.

21 juillet 2015

Mars Attacks! (1996) de Tim Burton

Mars Attacks!Les martiens arrivent en grand nombre dans leurs soucoupes volantes à proximité de la Terre. Le président des Etats-Unis pense qu’ils viennent en paix. Contact est pris pour accueillir une délégation dans le désert du Nevada… Mars Attacks! est une comédie satirique de Tim Burton. Il reprend les codes des films de science-fiction des années cinquante pour les détourner et nous surprendre : ses martiens sont aussi sanguinaires que facétieux. Il reprend en partie l’esthétisme de ces années-là, notamment pour les soucoupes et les armes, et le mélange à un style de dessin animé pour les martiens et les animations. Rien n’est sérieux ici et Jack Nicholson semble beaucoup s’amuser dans un double rôle, le second paraissant bien inutile. Il y a d’ailleurs une inflation de personnages qui ne semblent pas tous très nécessaires. Globalement, le film parait assez impersonnel, il faut vraiment chercher la patte de Tim Burton et l’ensemble tourne un peu en rond malgré de bons moments. Ceci dit, le thème du péril extra-terrestre a rarement été traité avec tant d’humour et de loufoquerie.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson, Glenn Close, Annette Bening, Pierce Brosnan, Danny DeVito, Lukas Haas, Martin Short, Sarah Jessica Parker, Michael J. Fox, Rod Steiger, Natalie Portman
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Voir les livres sur Tim Burton

Mars Attacks!
Les martiens facétieux de Mars Attacks! de Tim Burton

 

7 juillet 2015

Paycheck (2003) de John Woo

PaycheckUn brillant ingénieur, mercenaire du reverse-engineering, accepte de travailler sur un projet pendant trois années en sachant que sa mémoire correspondant à cette période sera ensuite effacée pour préserver le secret. Au terme de son contrat, à son « réveil », une surprise de taille l’attend… Paycheck est adapté d’une excellente petite nouvelle de Philip K. Dick qui, comme beaucoup des écrits de cet auteur de science-fiction, est passionnante non par son éventuel caractère plausible mais par les questions qu’elle soulève. John Woo n’est visiblement pas passionné par les paradoxes temporels engendrés ni par les interrogations philosophiques suscitées puisqu’il en a fait essentiellement un film d’action, une sorte de fuite en avant perpétuelle, une course poursuite de presque deux heures ponctuée d’un jeu de piste. Vu comme un film d’action, l’ensemble est certes assez divertissant avec une mise en scène plutôt efficace même si l’on peut se demander si le charmant Ben Affleck était l’interprète idéal pour ce type de rôle. Mais au final, on reste avec la conviction que cette nouvelle de Philip K. Dick méritait mieux que cela…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Ben Affleck, Aaron Eckhart, Uma Thurman, Paul Giamatti, Colm Feore
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Voir les livres sur John Woo

Paycheck
Ben Affleck et Paul Giamatti dans Paycheck de John Woo.

Paycheck
Pas de films de John Woo sans « Mexican standoff » (« impasse mexicaine » en français : position dans laquelle deux adversaires se menacent mutuellement de leurs armes)…
A priori, John Woo n’avait pas l’intention de placer d’impasse mexicaine dans Paycheck. Ce serait Ben Affleck qui, en grand fan du réalisateur qu’il est, aurait insisté. Il a eu gain de cause puisqu’il y en a deux…
Ben Affleck et Colm Feore dans Paycheck
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9 avril 2015

Mondwest (1973) de Michael Crichton

Titre original : « Westworld »

MondwestDans le futur, deux américains se rendent dans un parc d’attractions qui recrée des mondes du passé : une bourgade du Far-West, un château médiéval ou une demeure de la Rome Antique. Ces mondes sont peuplés de robots humanoïdes ce qui permet aux visiteurs de laisser libre cours à tous leurs penchants… Mondwest est le premier long métrage de Michael Crichton qui en a, bien entendu, écrit le scénario. Depuis Asimov (et même avant), le thème du robot qui se retourne contre son créateur est l’un des thèmes majeurs de la science-fiction et Crichton en propose ici une variation intéressante car il la double d’une réflexion sur la violence. Il met en opposition (ou est-ce un parallèle ?) l’obéissance à des pulsions instinctives de violence du robot au désir civilisé de divertissement des humains où pointe une certaine fascination pour cette même violence. Yul Brynner est assez étonnant dans ce rôle d’androïde. Il utilise le costume qu’il a utilisé pour Les 7 Mercenaires, ce qui donne une dimension particulière à son personnage. Tourné avec un petit budget, Mondwest connut un beau succès alors que le projet avait été refusé par plusieurs studios.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Yul Brynner, Richard Benjamin, James Brolin
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Crichton sur le site IMDB.

Mondwest
Yul Brynner, l’étonnant androïde de Mondwest par Michael Crichton.

Remarques :
* Michael Crichton aurait eu l’idée du scénario après une visite à Disneyland où il avait vu une reconstitution du monde des pirates des Caraïbes avec des automates animés.

* Mondwest est le premier film à inclure des images retouchées par ordinateur : pour simuler la vision de l’androïde, l’image est pixélisée. Sans scanner couleur (qui n’existait pas encore), il fallut scanner trois films, les couleurs de base étant séparées optiquement au tirage. Lire un article sur le sujet… (en anglais)
L'image pixelisée de Mondwest

* Mondwest est l’une des toutes premières évocations de la possibilité d’apparition de virus informatiques (il s’agit toutefois de virus en génération spontanée alors que les virus, tels que nous les connaissons aujourd’hui, ont toujours une origine humaine et délictuelle).

* Mondwest a eu une suite (moins intéressante et à laquelle Crichton n’a pas participé) :
Les rescapés du futur (Futureworld) de Richard T. Heffron (1976) avec Peter Fonda.
Il faut aussi mentionner Beyond Westworld (1980), cinq épisodes d’une série télévisée utilisant les mêmes robots à la solde d’un créateur qui rêve d’une société entièrement robotisée.

21 mars 2015

Looper (2012) de Rian Johnson

LooperKansas 2044. Un homme se tient au bord d’un champ de maïs. Il regarde sa montre et pointe son arme devant lui dans le vide… Quand on n’est pas prévenu, la première scène de Looper est une très grosse surprise. Ecrit et réalisé par le presque quarantenaire Rian Johnson, ce film de science-fiction est une variation originale et inattendue sur le thème du voyage dans le temps. Il en exploite assez élégamment les paradoxes, prend des libertés avec la logique (mais la logique est bien entendu assez malléable en matière de paradoxes temporels) et laisse la fin ouverte à interprétation(s). L’ensemble n’est pas sans humour, notamment grâce à certains personnages secondaires.  La réalisation est plutôt élégante, elle aussi, utilisant les effets spéciaux à bon escient et sans excès. L’acteur Joseph Gordon-Levitt a accepté de modifier son apparence et son jeu pour ressembler à un jeune Bruce Willis.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Joseph Gordon-Levitt, Bruce Willis, Emily Blunt, Paul Dano, Noah Segan, Jeff Daniels
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Voir les autres films de Rian Johnson chroniqués sur ce blog…

Looper
Joseph Gordon-Levitt méconnaisable en Bruce Willis jeune dans Looper de Rian Johnson

Looper
Face à face… Bruce Willis et Joseph Gordon-Levitt dans Looper de Rian Johnson

4 mars 2015

Le Choc des mondes (1951) de Rudolph Maté

Titre original : « When Worlds Collide »

Le choc des mondesDes astronomes viennent de découvrir qu’un astre accompagné de ses planètes se dirige à grande vitesse vers la Terre qui sera détruite par collision. Ils ne sont d’abord pas pris au sérieux mais parviennent à entreprendre la construction d’une fusée qui pourra transporter une quarantaine de passagers vers une planète qui semble habitable… Dès 1934, Cecil B. DeMille avait manifesté l’intention d’adapter ce roman de Philip Wylie et Edwin Balmer. Paramount ressort le projet après le succès de Destination Moon (1950) déjà produit par George Pal. Bien évidemment, le film pourra sembler vieillot aux yeux actuels mais les effets spéciaux n’en étaient pas moins assez remarquables pour l’époque : maquettes, utilisation d’images réelles pour simuler les catastrophes, décors créés et toiles peintes. Le Choc des mondes fut récompensé par un Oscar pour les effets spéciaux de Gordon Jennings. Le scénario, sans être puissant, est bien équilibré avec une (inévitable) histoire d’amour qui ne prend pas trop de place. On peut être amusé par les références bibliques un peu appuyées qui entourent cette nouvelle Arche de Noé. Le Choc des mondes est à ranger parmi les films fondateurs de la science-fiction des années cinquante au cinéma. Il devait être suivi d’une suite qui ne vit jamais le jour.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Richard Derr, Barbara Rush, Peter Hansen
Voir la fiche du film et la filmographie de Rudolph Maté sur le site IMDB.

 

Le Choc des mondes (1951) de Rudolph Maté
La fusée en construction sur sa rampe de lancement (When Worlds collide)

Remarques :
* Rudolph Maté fut le chef-opérateur de Dreyer (sur La passion de Jeanne d’Arc et Vampyr notamment) et aussi de Hitchcock.
* Les décors de la planète sont de Chesley Bonestell qui créera certains décors de La Guerre des mondes (1953) et de La Conquête de l’espace (1955).
* Le livre de Philip Wylie et Edwin Balmer fut édité en 1933. Ils lui donnèrent une suite : After Worlds collide (1934).
* Un remake est en cours de production.

Le Choc des mondes (1951) de Rudolph Maté

30 janvier 2015

Soleil vert (1973) de Richard Fleischer

Titre original : « Soylent Green »

Soleil vertNew York en 2022 compte quarante millions d’habitants, la plupart sans domicile, se nourrissant des nourritures synthétiques en plaque fabriquées par la compagnie Soylent. Le policier Thorn a la chance d’avoir un minuscule appartement qu’il partage avec Sol, un vieillard qui l’aide dans ses enquêtes. La mort suspecte d’un « homme riche » va les amener à découvrir un terrible secret… Soleil vert, l’un des films majeurs de la science-fiction au cinéma, est l’adaptation d’un roman d’Harry Harrison. Si le film est remarquable, ce n’est pas tant par le déroulement de l’enquête, ni même par la découverte du terrible secret (que le spectateur devinera certainement très tôt dans le film, s’il ne l’a pas appris à l’avance à la lecture d’un résumé), mais plutôt par la vision qu’il nous permet d’avoir d’un futur proche, celle d’un monde asphyxié par une surpopulation extrême, une pollution omniprésente, une pénurie généralisée, une perte totale des liens avec la nature. Certaines scènes sont vraiment marquantes (comme celle des camions-bennes anti-émeute) mais la puissance du film vient certainement de la proximité du monde décrit avec notre monde actuel, autant celui de 1973 que celui du troisième millénaire. Bien entendu, notre monde n’a (heureusement) pas atteint ce niveau de surpopulation mais le point important dans cette vision est de nous montrer un monde en pleine « dé-socialisation », en proie à un délitement total des rapports entre les hommes, à la perte progressive de la valeur humaine. Cette préoccupation reste très actuelle : l’accroissement de la valeur humaine, que l’on pourrait sans doute nommer progrès de l’humanité, pourrait-elle à un moment donné culminer pour nous faire basculer dans une régression ? La question se situe bien au-delà de la simple préoccupation de savoir si cette vision est pessimiste ou pas (elle l’est, mais c’est secondaire). Soleil vert se situe donc bien dans la lignée des grands romans ou films de science-fiction qui, 1984 en tête, jouent le rôle de lanceurs d’alerte en extrapolant. Ils nous questionnent sur notre monde, celui d’aujourd’hui, le monde dans lequel nous vivons. Ils ont ainsi une indéniable dimension philosophique.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Charlton Heston, Edward G. Robinson, Chuck Connors, Joseph Cotten
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Voir les autres films de Richard Fleischer chroniqués sur ce blog…

Soleil Vert
Charlton Heston découvre le secret du Soleil vert dans le film homonyme de Richard Fleisher.

Remarques :
* Le mot « Soylent » est formé avec la première syllabe des deux mots « soybeans & lentils » (soja et lentilles).
* Le roman de Harry Harrison s’intitule Make room ! Make room ! (1966). En dehors de ce roman, ses histoires étaient souvent marquées par un certain humour. Il a notamment créé les personnages Ratinox (The Stainless Steel Rat) et Bill, le héros galactique (Bill, the Galactic Hero) (récemment porté à l’écran) qu’il a fait vivre dans plusieurs romans. Harry Harrison a eu sans doute plus d’influence en étant éditeur de plusieurs magazines publiant des nouvelles.
* La composition si particulière du Soleil vert n’était pas dans le roman. Cette facette a été introduite par le scénariste Stanley R. Greenberg.
* Soleil vert est le dernier film d’Edward G. Robinson. L’acteur était très malade pendant le tournage et en outre était devenu presque totalement sourd. Il est décédé en janvier 1973, avant même la sortie du film.
* Le jeu vidéo auquel joue la jeune femme dans l’appartement de Joseph Cotten est Computer Space. Ce jeu créé en 1971 par Nolan Bushnell (futur créateur d’Atari) est le premier jeu vidéo en machine d’arcades (à pièces). A l’époque du tournage, c’était le seul. Pong apparaitra quelques mois plus tard.

 

Soleil vert (1973) de Richard Fleischer
Charlton Heston et Edward G. Robinson dans Soleil vert de Richard Fleischer

Soleil vert (1973) de Richard Fleischer
Les camions-bennes anti-émeute à l’oeuvre dans un monde en proie à la surpopulation dans Soleil vert de Richard Fleischer.