9 avril 2015

Mondwest (1973) de Michael Crichton

Titre original : « Westworld »

MondwestDans le futur, deux américains se rendent dans un parc d’attractions qui recrée des mondes du passé : une bourgade du Far-West, un château médiéval ou une demeure de la Rome Antique. Ces mondes sont peuplés de robots humanoïdes ce qui permet aux visiteurs de laisser libre cours à tous leurs penchants… Mondwest est le premier long métrage de Michael Crichton qui en a, bien entendu, écrit le scénario. Depuis Asimov (et même avant), le thème du robot qui se retourne contre son créateur est l’un des thèmes majeurs de la science-fiction et Crichton en propose ici une variation intéressante car il la double d’une réflexion sur la violence. Il met en opposition (ou est-ce un parallèle ?) l’obéissance à des pulsions instinctives de violence du robot au désir civilisé de divertissement des humains où pointe une certaine fascination pour cette même violence. Yul Brynner est assez étonnant dans ce rôle d’androïde. Il utilise le costume qu’il a utilisé pour Les 7 Mercenaires, ce qui donne une dimension particulière à son personnage. Tourné avec un petit budget, Mondwest connut un beau succès alors que le projet avait été refusé par plusieurs studios.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Yul Brynner, Richard Benjamin, James Brolin
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Crichton sur le site IMDB.

Mondwest
Yul Brynner, l’étonnant androïde de Mondwest par Michael Crichton.

Remarques :
* Michael Crichton aurait eu l’idée du scénario après une visite à Disneyland où il avait vu une reconstitution du monde des pirates des Caraïbes avec des automates animés.

* Mondwest est le premier film à inclure des images retouchées par ordinateur : pour simuler la vision de l’androïde, l’image est pixélisée. Sans scanner couleur (qui n’existait pas encore), il fallut scanner trois films, les couleurs de base étant séparées optiquement au tirage. Lire un article sur le sujet… (en anglais)
L'image pixelisée de Mondwest

* Mondwest est l’une des toutes premières évocations de la possibilité d’apparition de virus informatiques (il s’agit toutefois de virus en génération spontanée alors que les virus, tels que nous les connaissons aujourd’hui, ont toujours une origine humaine et délictuelle).

* Mondwest a eu une suite (moins intéressante et à laquelle Crichton n’a pas participé) :
Les rescapés du futur (Futureworld) de Richard T. Heffron (1976) avec Peter Fonda.
Il faut aussi mentionner Beyond Westworld (1980), cinq épisodes d’une série télévisée utilisant les mêmes robots à la solde d’un créateur qui rêve d’une société entièrement robotisée.

21 mars 2015

Looper (2012) de Rian Johnson

LooperKansas 2044. Un homme se tient au bord d’un champ de maïs. Il regarde sa montre et pointe son arme devant lui dans le vide… Quand on n’est pas prévenu, la première scène de Looper est une très grosse surprise. Ecrit et réalisé par le presque quarantenaire Rian Johnson, ce film de science-fiction est une variation originale et inattendue sur le thème du voyage dans le temps. Il en exploite assez élégamment les paradoxes, prend des libertés avec la logique (mais la logique est bien entendu assez malléable en matière de paradoxes temporels) et laisse la fin ouverte à interprétation(s). L’ensemble n’est pas sans humour, notamment grâce à certains personnages secondaires.  La réalisation est plutôt élégante, elle aussi, utilisant les effets spéciaux à bon escient et sans excès. L’acteur Joseph Gordon-Levitt a accepté de modifier son apparence et son jeu pour ressembler à un jeune Bruce Willis.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Joseph Gordon-Levitt, Bruce Willis, Emily Blunt, Paul Dano, Noah Segan, Jeff Daniels
Voir la fiche du film et la filmographie de Rian Johnson sur le site IMDB.

Voir les autres films de Rian Johnson chroniqués sur ce blog…

Looper
Joseph Gordon-Levitt méconnaisable en Bruce Willis jeune dans Looper de Rian Johnson

Looper
Face à face… Bruce Willis et Joseph Gordon-Levitt dans Looper de Rian Johnson

4 mars 2015

Le Choc des mondes (1951) de Rudolph Maté

Titre original : « When Worlds Collide »

Le choc des mondesDes astronomes viennent de découvrir qu’un astre accompagné de ses planètes se dirige à grande vitesse vers la Terre qui sera détruite par collision. Ils ne sont d’abord pas pris au sérieux mais parviennent à entreprendre la construction d’une fusée qui pourra transporter une quarantaine de passagers vers une planète qui semble habitable… Dès 1934, Cecil B. DeMille avait manifesté l’intention d’adapter ce roman de Philip Wylie et Edwin Balmer. Paramount ressort le projet après le succès de Destination Moon (1950) déjà produit par George Pal. Bien évidemment, le film pourra sembler vieillot aux yeux actuels mais les effets spéciaux n’en étaient pas moins assez remarquables pour l’époque : maquettes, utilisation d’images réelles pour simuler les catastrophes, décors créés et toiles peintes. Le Choc des mondes fut récompensé par un Oscar pour les effets spéciaux de Gordon Jennings. Le scénario, sans être puissant, est bien équilibré avec une (inévitable) histoire d’amour qui ne prend pas trop de place. On peut être amusé par les références bibliques un peu appuyées qui entourent cette nouvelle Arche de Noé. Le Choc des mondes est à ranger parmi les films fondateurs de la science-fiction des années cinquante au cinéma. Il devait être suivi d’une suite qui ne vit jamais le jour.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Richard Derr, Barbara Rush, Peter Hansen
Voir la fiche du film et la filmographie de Rudolph Maté sur le site IMDB.

 

Le Choc des mondes (1951) de Rudolph Maté
La fusée en construction sur sa rampe de lancement (When Worlds collide)

Remarques :
* Rudolph Maté fut le chef-opérateur de Dreyer (sur La passion de Jeanne d’Arc et Vampyr notamment) et aussi de Hitchcock.
* Les décors de la planète sont de Chesley Bonestell qui créera certains décors de La Guerre des mondes (1953) et de La Conquête de l’espace (1955).
* Le livre de Philip Wylie et Edwin Balmer fut édité en 1933. Ils lui donnèrent une suite : After Worlds collide (1934).
* Un remake est en cours de production.

Le Choc des mondes (1951) de Rudolph Maté

30 janvier 2015

Soleil vert (1973) de Richard Fleischer

Titre original : « Soylent Green »

Soleil vertNew York en 2022 compte quarante millions d’habitants, la plupart sans domicile, se nourrissant des nourritures synthétiques en plaque fabriquées par la compagnie Soylent. Le policier Thorn a la chance d’avoir un minuscule appartement qu’il partage avec Sol, un vieillard qui l’aide dans ses enquêtes. La mort suspecte d’un « homme riche » va les amener à découvrir un terrible secret… Soleil vert, l’un des films majeurs de la science-fiction au cinéma, est l’adaptation d’un roman d’Harry Harrison. Si le film est remarquable, ce n’est pas tant par le déroulement de l’enquête, ni même par la découverte du terrible secret (que le spectateur devinera certainement très tôt dans le film, s’il ne l’a pas appris à l’avance à la lecture d’un résumé), mais plutôt par la vision qu’il nous permet d’avoir d’un futur proche, celle d’un monde asphyxié par une surpopulation extrême, une pollution omniprésente, une pénurie généralisée, une perte totale des liens avec la nature. Certaines scènes sont vraiment marquantes (comme celle des camions-bennes anti-émeute) mais la puissance du film vient certainement de la proximité du monde décrit avec notre monde actuel, autant celui de 1973 que celui du troisième millénaire. Bien entendu, notre monde n’a (heureusement) pas atteint ce niveau de surpopulation mais le point important dans cette vision est de nous montrer un monde en pleine « dé-socialisation », en proie à un délitement total des rapports entre les hommes, à la perte progressive de la valeur humaine. Cette préoccupation reste très actuelle : l’accroissement de la valeur humaine, que l’on pourrait sans doute nommer progrès de l’humanité, pourrait-elle à un moment donné culminer pour nous faire basculer dans une régression ? La question se situe bien au-delà de la simple préoccupation de savoir si cette vision est pessimiste ou pas (elle l’est, mais c’est secondaire). Soleil vert se situe donc bien dans la lignée des grands romans ou films de science-fiction qui, 1984 en tête, jouent le rôle de lanceurs d’alerte en extrapolant. Ils nous questionnent sur notre monde, celui d’aujourd’hui, le monde dans lequel nous vivons. Ils ont ainsi une indéniable dimension philosophique.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Charlton Heston, Edward G. Robinson, Chuck Connors, Joseph Cotten
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Voir les autres films de Richard Fleischer chroniqués sur ce blog…

Soleil Vert
Charlton Heston découvre le secret du Soleil vert dans le film homonyme de Richard Fleisher.

Remarques :
* Le mot « Soylent » est formé avec la première syllabe des deux mots « soybeans & lentils » (soja et lentilles).
* Le roman de Harry Harrison s’intitule Make room ! Make room ! (1966). En dehors de ce roman, ses histoires étaient souvent marquées par un certain humour. Il a notamment créé les personnages Ratinox (The Stainless Steel Rat) et Bill, le héros galactique (Bill, the Galactic Hero) (récemment porté à l’écran) qu’il a fait vivre dans plusieurs romans. Harry Harrison a eu sans doute plus d’influence en étant éditeur de plusieurs magazines publiant des nouvelles.
* La composition si particulière du Soleil vert n’était pas dans le roman. Cette facette a été introduite par le scénariste Stanley R. Greenberg.
* Soleil vert est le dernier film d’Edward G. Robinson. L’acteur était très malade pendant le tournage et en outre était devenu presque totalement sourd. Il est décédé en janvier 1973, avant même la sortie du film.
* Le jeu vidéo auquel joue la jeune femme dans l’appartement de Joseph Cotten est Computer Space. Ce jeu créé en 1971 par Nolan Bushnell (futur créateur d’Atari) est le premier jeu vidéo en machine d’arcades (à pièces). A l’époque du tournage, c’était le seul. Pong apparaitra quelques mois plus tard.

 

Soleil vert (1973) de Richard Fleischer
Charlton Heston et Edward G. Robinson dans Soleil vert de Richard Fleischer

Soleil vert (1973) de Richard Fleischer
Les camions-bennes anti-émeute à l’oeuvre dans un monde en proie à la surpopulation dans Soleil vert de Richard Fleischer.

24 décembre 2014

Barbarella (1968) de Roger Vadim

BarbarellaEn l’an 4000, l’astronaute Barbarella reçoit pour mission d’aller retrouver un savant disparu sur une planète proche de Tau Ceti. Inventeur d’une arme absolue, il pourrait être tenté de l’utiliser ou de la vendre et ainsi de faire renaître les guerres qui ont depuis longtemps disparu… Prendre Barbarella trop au sérieux ne peut que nous entraîner à porter un jugement sévère et à décréter doctement que l’histoire est indigente et que tout ceci n’est qu’un prétexte pour Roger Vadim de dévoiler au monde entier les courbes gracieuses de sa femme Jane Fonda. Oui, c’est certainement le cas… Mais l’intérêt de Barbarella est avant tout dans l’adaptation fidèle d’un univers créé par le dessinateur Jean-Claude Forest avec des lieux, des costumes, des objets, des appareils aussi inventifs qu’inattendus. Barbarella Vadim pimente tout cela d’un érotisme qui anticipe la libération sexuelle mais aussi d’une bonne dose d’humour qui nous montre qu’il ne se prend guère au sérieux. Les effets psychédéliques (assez réussis), les costumes de Paco Rabanne (1) et la photographie de Claude Renoir donnent une certaine élégance au film. Le film fut un échec et reste peu apprécié encore aujourd’hui. Il peut certes apparaître kitsch mais Barbarella est néanmoins l’une des meilleures transpositions de bande dessinée à l’écran car Vadim n’a pas cherché le réalisme mais a su préserver tout l’onirisme, l’inventivité, l’humour… et l’érotisme bien entendu.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jane Fonda, John Phillip Law, Anita Pallenberg, Milo O’Shea, Marcel Marceau, David Hemmings, Ugo Tognazzi
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Voir les livres sur Roger Vadim

Remarques :
Barbarella Jean-Claude Forest* Créé par Jean-Claude Forest, le personnage de Barbarella (physiquement inspiré de Brigitte Bardot) apparaît en 1962 et étonne tout de suite car il s’agit d’une femme qui revendique le droit au plaisir et à la sensualité. Il fait scandale et, en 1964, le ministre de l’intérieur proclame l’interdiction de la bande dessinée Les Aventures de Barbarella. L’affaire fait grand bruit et il faudra attendre 1968 (après la sortie du film) pour la voir réapparaitre (un peu plus habillée).

* Le striptease de Jane Fonda en apesanteur qui ouvre le film a été filmé d’en haut, l’actrice étant placée sur une grande plaque de plexiglas au dessus d’un décor de vaisseau (c’est assez évident lorsque l’on passe la scène en accéléré).

* Le nom du savant Durand Durand a été source d’inspiration pour le groupe Duran Duran.

* Anita Pallenberg (la Reine Noire) est surtout connue pour avoir été l’égérie des Rolling Stones (elle a eu une relation avec successivement Brian Jones, Keith Richards et Mick Jagger).

* Le mot de passe farfelu, Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch (le correcteur d’orthographe va faire une surchauffe), est en réalité le nom d’un petit village du Pays de Galles (en gallois « l’église de sainte Marie dans le creux du noisetier blanc près d’un tourbillon rapide et l’église de saint Tysilio près de la grotte rouge »).

* Dans la vie de Jane Fonda, Barbarella est antérieur à sa prise de conscience politique qui l’amènera notamment à militer pour la cause féminine.

* Le choix de Marcel Marceau (alias le Mime Marceau) pour le rôle du Docteur Ping est assez étonnant car c’est tout de même un personnage avec beaucoup de texte…!

* A propos de la musique (très moyenne hélas) de Bob Crewe : David Gilmour (futur Pink Floyd) est à la guitare.

(1) Il serait plus exact de dire « le » costume de Paco Rabanne car il semble qu’il n’y ait que la dernière tenue de Jane Fonda qui soit du créateur.

Barbarella de Roger Vadim
L’ange aveugle Pygar (John Phillip Law) et Barbarella (Jane Fonda).

20 décembre 2014

Le Survivant (1971) de Boris Sagal

Titre original : « The Omega Man »

Le survivantAu volant de sa décapotable, Robert Neville sillonne les rues désertes de Los Angeles. Une guerre bactériologique a décimé la population mais il n’est pas le seul survivant : un groupe de mutants le chasse inlassablement, la nuit seulement car leurs yeux se sont modifiés et ne supportent pas la pleine lumière…
The Omega Man est la seconde tentative d’adapter le célèbre roman post-apocalyptique de Richard Matheson Je suis une légende (I am Legend) . « Le premier film était très mal fait mais était fidèle au livre, le second ne ressemble en rien à mon livre » a déclaré Matheson. Le propos est effectivement simplifié à l’extrême pour privilégier l’action et Charlton Heston est armé jusqu’aux dents pour tenir tête à une bande de va-nu-pieds hostiles et passablement teigneux. Tout autre propos a été évacué.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Charlton Heston, Anthony Zerbe, Rosalind Cash
Voir la fiche du film et la filmographie de Boris Sagal sur le site IMDB.

Remarques :
* Le baiser entre Charlton Heston et Rosalind Cash serait l’un des premiers baisers interraciaux sur grand écran.
* Les scènes de rues désertes ont été tournées principalement dans le quartier des affaires de Los Angeles le dimanche matin.

* Précédente adaptation :
Je suis une légende (The Last Man on Earth) de Sidney Salkow et Ubaldo Ragona (1964) avec Vincent Price. Richard Matheson avait contribué au scénario (sous le pseudonyme Logan Swanson).
* Adaptation ultérieure :
Je suis une légende (I am Legend) de Francis Lawrence (2007) avec Will Smith

Le Survivant
Evitez de vous promener dans la rue lorsque Charlton Heston pense être le dernier survivant…

22 octobre 2014

Livre : Dictionnaire du cinéma fantastique et de science-fiction (2014)

de Frank Lafond – Editions Vendémiaire – 416 pages – 26 €

Dictionnaire du cinéma fantastique et de science-fiction Historien du cinéma, Frank Lafond nous propose ce Dictionnaire du cinéma fantastique et de science-fiction. Les entrées de ce dictionnaire sont constitués par des films (les plus remarquables), des réalisateurs, les thèmes majeurs (par exemple « voyage dans le temps », « fin du monde », « invasion », etc.), des motifs récurrents (personnages ou créatures, mais aussi objets) et enfin des procédés cinématographiques (« cadrage », « effets spéciaux », etc.)

De bonne longueur, chacun des articles va en profondeur de son sujet. En ce sens, c’est bien plus qu’un dictionnaire. Les films sont décrits et analysés, la filmographie d’un réalisateur est largement commentée. C’est dans les articles sur les thèmes que l’on peut mesurer la qualité du travail de l’auteur qui ne se contente pas de lister ou de répertorier,  il nous livre une vraie analyse du sujet. Le champ d’étude couvre toute l’histoire du cinéma, avec un bon équilibre entre les incontournables et des titres ou créateurs moins connus, tout en sachant que ce type d’ouvrage ne pourra jamais être exhaustif. Quelques photos sont regroupées sur une dizaine de pages en couleurs au centre de l’ouvrage. Au chapitre des regrets, citons l’absence d’index ou de liste des films cités.

Ce Dictionnaire du cinéma fantastique et de science-fiction est un ouvrage d’une belle profondeur dont la lecture est vraiment enrichissante. Un must pour les amateurs de cinéma de science-fiction et de fantastique.
Note: 5 étoiles

Voir la fiche du livre sur Livres-cinema.info
Le livre sur le site de l’éditeur
Le livre sur Amazon
ou en Librairies sur Price minister…

Remarque :
Par rapport à l’encyclopédie de Jean-Pierre Andrevon parue en 2013 chez Rouge Profond, ce dictionnaire de Frank Lafond comporte certes moins d’entrées mais est plus analytique, chaque article étant bien plus étoffé.

13 octobre 2014

La machine à explorer le temps (1960) de George Pal

Titre original : « The Time Machine »

La machine à explorer le tempsLe 31 décembre 1899, un inventeur anglais fait la démonstration d’une machine qui permet de voyager dans le temps à trois de ses amis. Devant l’incrédulité de ces derniers, il décide d’expérimenter lui-même cette même machine et de partir vers le futur…
La machine à explorer le temps est l’un des plus beaux romans de H.G. Wells. C’est à la fois une belle fable de science-fiction et une réflexion sur la nature profonde de l’homme et sur l’ère industrielle. Le film de George Pal simplifie l’ensemble pour mettre en avant une histoire d’amour et gommer tous les aspects pessimistes du roman. Mais il y a tout de même de beaux restes : la mise en scène est soignée, les effets spéciaux utilisés lors des voyages dans le temps frappent l’imagination, le design de la machine est ravissant, des notes d’humour sont distillées ça et là. En revanche, on ne trouvera pas le pessimiste saut final dans l’ultra-futur et encore moins les parallèles que fait Wells avec la société de son temps. En fait, c’est tout le contenu ayant une certaine portée qui a été écarté, le pessimisme a laissé place à l’optimisme, une indéfectible foi en la nature humaine. Le film de George Pal est avant tout un divertissement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Rod Taylor, Alan Young, Yvette Mimieux
Voir la fiche du film et la filmographie de George Pal sur le site IMDB.

Remake :
La machine à explorer le temps (The Time Machine) de Simon Wells (2002), nouvelle adaptation qui a simplifié encore davantage le propos pour en faire un film d’action.

La machine à explorer le temps (The Time Machine)Rod Taylor dans La machine à explorer le temps (The Time Machine) de George Pal.

30 juillet 2014

La Femme nue et Satan (1959) de Victor Trivas

Titre original : « Die Nackte und der Satan »

La femme nue et SatanLe Docteur Abel (Michel Simon) a inventé un sérum qui lui a permis de maintenir en vie la tête d’un chien après la mort de son corps. Se sachant sur le point d’avoir un arrêt du coeur, il demande à son assistant fraichement recruté, le Docteur Ood, de lui faire une transplantation cardiaque. Il ignore que ce dernier a d’autres desseins… La Femme nue et Satan : derrière ce titre qui peut paraître un peu racoleur, se cache l’un des films les plus étranges qui soient. On peut le classer parmi les films de science fiction, rayon « savant fou », mais il ne ressemble vraiment à aucun autre. La présence de Michel Simon (doublé en allemand) dans un rôle si particulier (une tête seule) rend en effet le film assez unique. D’origine russe, le réalisateur Victor Trivas a débuté comme décorateur en Allemagne dans les années vingt, travaillant alors avec Pabst notamment, et en a gardé des amitiés : ainsi le chef décorateur de ce film n’est autre qu’Hermann Warm, l’un des chefs décorateurs du Cabinet du Dr Caligari, qui a joué ici sur le contraste entre de grandes pièces avec des passages étroits. Bien entendu, héritage de l’expressionisme, les éclairages sont assez travaillés. L’histoire n’est à aucun moment crédible mais cela importe peu, La Femme nue et Satan est assez unique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Horst Frank, Karin Kernke, Michel Simon
Voir la fiche du film et la filmographie de Victor Trivas sur le site IMDB.

Remarque :
Victor Trivas a peu réalisé. Son film le plus marquant est Niemandsland (La Zone de la mort), un pamphlet pacifique réalisé dans l’Allemagne de 1931, dont les nazis ont détruit toutes les copies présentes en Allemagne. Réfugié en France puis aux Etats Unis, il a ensuite surtout travaillé comme scénariste (notamment pour Orson Welles et Otto Preminger). Revenu en Allemagne, il tourne La femme nue et Satan qui sera son ultime réalisation.

27 juin 2014

Livre : The Making Of Stanley Kubrick’s « 2001 – A Space Odyssey » (2014)

par Piers Bizony (Editions Taschen)

The Making Of Stanley Kubrick's 2001(19 x 44 cm, 1386 pages) L’éditeur Taschen vient d’éditer un remarquable ouvrage sur le film de Stanley Kubrick 2001, l’odyssée de l’espace dans un coffret métallique en forme de monolithe. L’éditeur précise que « cet ensemble de quatre volumes abondamment illustrés présente des centaines de photos et de documents inédits, ainsi qu’un témoignage personnel du coscénariste de Kubrick, Arthur C. Clarke. (…)
The Making Of Stanley Kubrick's 2001Volume 1 : Photographies de plateau
Volume 2 : Dans les coulisses (inclus des entretiens avec les acteurs principaux, les chefs décorateurs et les experts en effets spéciaux)
Volume 3 : Fac-similé du scénario original
Volume 4 : Fac-similé des notes de production originales de 1965
Bonus surprise: une petite BD comique.  »

Cette édition-monument en anglais est limitée à 1500 exemplaires. Elle est vendue 500 € …

Il s’agit en fait d’une version très enrichie d’un livre de Piers Bizony 2001: Filming the Future (Aurum Press, 1994) qui a été traduit en français sous le titre 2001, le futur selon Kubrick (Ed. Cahiers du cinéma, 2000), livres hélas très difficiles à trouver aujourd’hui.

Voir la fiche du livre sur Livres-cinema.info
Voir la présentation sur le site de Taschen