7 août 2014

Le Secret du Chevalier d’Éon (1959) de Jacqueline Audry

Le secret du Chevalier d'ÉonPour sauver un héritage, le comte d’Eon fait passer sa septième fille pour un garçon. C’est ainsi que Geneviève se fait appeler Charles et reçoit l’éducation d’un garçon. A vingt ans, elle devient le Chevalier d’Eon et s’engage dans les dragons. Remarquée pour son audace, elle est chargée par le roi Louis XV d’une mission auprès de la tsarine de Russie, Elisabeth. Pour cette mission, elle doit se faire passer pour… une femme… Le Secret du Chevalier d’Éon est une production franco-italienne prévue pour être un film de cape et d’épée réalisé par Alessandro Blasetti. Au final, c’est Jacqueline Audry qui le mit en scène et le transforma en un divertissement élégant, un marivaudage plaisant mais assez oubliable. Henri Alekan est derrière la caméra donc la photographie est assez belle, d’autant plus que les décors sont l’oeuvre du grand chef-décorateur français Alexandre Trauner. Les scénaristes ont pris leurs aises avec la vérité historique puisque la majorité des historiens considèrent que le Chevalier d’Eon était en réalité un homme.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Andrée Debar, Isa Miranda, Gabriele Ferzetti, Bernard Blier, Jean Desailly, Simone Valère
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13 mai 2014

L’aveu (1944) de Douglas Sirk

Titre original : « Summer Storm »

L'aveuDans la Russie de 1912, peu avant la Révolution, le jeune juge de province Fedor Petroff est fiancé à Nadena Kalenine. Il est également ami avec le riche comte Volsky et c’est chez ce dernier qu’il fait la connaissance de la fille du bucheron du domaine, Olga, et tombe sous le charme… Summer Storm est inspiré d’une nouvelle de Tchekhov, La Partie de chasse. Deuxième film américain de Douglas Sirk, il fait partie de ce que l’on a coutume d’appeler « la première période américaine » du réalisateur, celle où il n’était pas encore totalement entré dans le moule d’Hollywood. Effectivement, Summer Storm est bien plus un film européen dans l’âme qu’un film américain. Douglas Sirk dit avoir bénéficié d’une totale liberté artistique pour tourner ce projet qui lui tenait à coeur, avec peu de moyens certes mais sans contrainte. Il brosse avec talent le portrait d’un lâche et d’une arriviste dans un monde sur le point de basculer. Le style est sobre, le déroulement du scénario est remarquable. Si Linda Darnell n’est pas toujours parfaitement crédible en paysanne, George Sanders est parfait dans ce type de rôle de personnage assez veule mais le plus surprenant est le choix d’Edward Everett Horton pour interpréter le comte, l’acteur apportant une pointe comique dans un registre tragique. Cela donne à cette adaptation une note assez personnelle et ajoute à cette impression d’être en équilibre entre deux mondes.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Linda Darnell, George Sanders, Edward Everett Horton, Anna Lee, Hugo Haas
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Homonyme :
L’aveu de Costa-Gavras (1970) avec Yves Montand et Simone Signoret.

14 août 2012

La danse rouge (1928) de Raoul Walsh

Titre original : « The Red Dance »

La danse rouge(Film muet) A la veille de la Révolution russe de 1917, le jeune Grand Duc Eugene est envoyé par le tsar dans la campagne russe pour tenter de comprendre pourquoi la population écoute les agitateurs. Il y fait la rencontre d’une jeune femme, fille d’une institutrice assassinée par les Cosaques et dont le père est injustement emprisonné… The Red Dance est un film très rare de Raoul Walsh, c’est l’un de ses tout derniers films muets. Le scénario est plutôt faible, l’histoire est totalement improbable et s’inspire vraiment très librement de faits historiques La danse rouge (comme ce moine noir intriguant qui évoque Raspoutine). Toutefois, le propos politique est plutôt absent ce qui permet au moins d’éviter tout manichéisme, dans un sens ou dans l’autre. L’ensemble manque nettement de force. On appréciera toutefois quelques beaux plans de Dolores del Rio et un très beau second rôle d’Ivan Linow en géant rustre qui révèle une certaine humanité. On peine à discerner la patte de Raoul Walsh dans The Red Dance qui paraît tout de même assez commun.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Dolores del Rio, Charles Farrell, Ivan Linow
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Remarques :
* The Red Dance a été diffusé à la télévision française au Cinéma De Minuit de Patrick Brion en juin 2012.
* Raoul Walsh réutilisera certains plans dans son film parlant Yellow Ticket de 1931.

30 juin 2012

La Mère (1926) de Vsevolod Poudovkine

Titre original : « Mat »

La mèreEn 1905, dans la Russie tsariste, une mère qui vient de perdre son mari est emplie de crainte de voir son fils prendre une part active dans le soulèvement qui se prépare. Le fils est arrêté…
Tout comme Le Cuirassé Potemkine, La mère est une commande du gouvernement soviétique pour célébrer le vingtième anniversaire de la révolution avortée de 1905. Si l’on peut trouver une certaine similitude dans le déroulement global du récit (soulèvement qui se termine par une répression sanglante), le cinéma de Poudovkine est très différent de celui d’Eisenstein. Elève de Koulechov, Poudovkine accorde une grande importance au montage qu’il considère comme un langage à part entière. Par un découpage rigoureux, il obtient un montage très riche où les rythmes varient, souvent rapides, frénétiques parfois, et aboutit à un final lyrique. Poudovkine détermine la durée de chaque plan dès l’écriture du scénario, allant jusqu’à utiliser des formules mathématiques. Autre différence majeure avec Eisenstein, il bâtit son récit autour de quelques personnages principaux (le spectateur peut ainsi s’identifier à un personnage) et utilise des acteurs professionnels pour atteindre une plus grande intensité. Sur le plan de l’histoire en elle-même, on retrouve bien entendu le thème récurrent de la prise de conscience politique face à la sauvagerie et à l’injustice ; mais le récit est épuré, réduit à l’essentiel et cette simplicité, couplée à la force des images générée par le montage, a donné à son film toute sa puissance et son impact auprès du public. La mère fut un très grand succès populaire.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Vera Baranovskaya, Nikolai Batalov, Aleksandr Chistyakov, Ivan Koval-Samborsky
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La mère

Remarques :
* Le scénario est librement adapté du roman de Maxime Gorki.

* « Alors qu’un film d’Eisenstein est un cri, les films de Poudovkine sont des chants modulés et prenants. » Cette citation célèbre de Léon Moussinac décrit parfaitement la différence entre les deux cinéastes. Léon Moussinac est un historien et critique du cinéma dont le premier livre sur le cinéma soviétique a paru en 1928.
Léon Moussinac a également écrit à propos de La mère :
« Les « types » de Poudovkine sont simples et complets parce qu’ils figurent non pas un « moment » de l’humanité mais la nature même de l’humanité, dans ce qu’elle a d’éternel et de fatal. Ces types sont aussi inoubliables parce qu’ils sont intimement et puissamment liés au thème général abordant les grands faits sociaux auxquels les hommes, avec ou contre leur gré, participent sans cesse. »

* La scène de la fonte des glaces sur le fleuve de La mère a été, sans aucun doute, inspirée de celle de Way down East de D.W. Griffith (1921). Poudovkine en fait une puissante métaphore du peuple en colère qui va se heurter aux troupes à cheval.

Autres adaptations du roman de Gorki :
La Mère (Mat) du soviétique Mark Donskoy (1956), adaptation plus fidèle au roman.
La Mère (Mat) du soviétique Gleb Panfilov (1993).

31 mai 2012

Anna Karénine (1948) de Julien Duvivier

Titre original : « Anna Karenina »

Anna KarénineMariée à un membre du gouvernement, Anna Karénine fait la connaissance du comte Vronsky lors d’un voyage à Moscou. Le jeune officier tombe instantanément amoureux… Anna Karénine, le célèbre roman de Tolstoï, avait déjà été porté deux fois à l’écran et interprété par Greta Garbo. Julien Duvivier en donne sa version durant sa période anglaise. L’adaptation est signée Jean Anouilh. Assez curieusement, Duvivier ne parvient à restituer ni la richesse ni la force du roman. On peut probablement chercher la cause de cet échec du côté de l’interprétation : Vivien Leigh est une actrice d’une grande beauté et au jeu mesuré mais, à aucun moment, elle n’est Anna Karénine et semble bien lointaine (1). Ralph Richardson surjoue son personnage de mari trompé et Kieron Moore n’a aucune présence. Le résultat est plutôt ennuyeux et, surtout, sans passion.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Vivien Leigh, Ralph Richardson, Kieron Moore
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(1) Julien Duvivier a, plus tard, déclaré : « Anna Karénine est une femme qui donne, Vivien Leigh ne savait que prendre. »

Adaptations du roman de Tolstoï :
Love de Edmund Goulding (1927) avec Greta Garbo et John Gilbert
Anna Karénine de Clarence Brown (1927) avec Greta Garbo et Fredric March
Anna Karénine de Julien Duvivier  (1948) avec Vivien Leigh
Anna Karénine de Aleksandr Zarkhi (1967) avec Tatyana Samojlova
Anna Karénine de Bernard Rose (1997) avec Sophie Marceau
Anna Karénine de Joe Wright (2012) avec Keira Knightley

Sur le tournage de Anna Karénine de Julien DuvivierBelle brochette de talents sur le tournage d’Anna Karénine : (de g. à dr.) le directeur de la photographie Henri Alekan, le producteur Alexander Korda, Orson Welles venu en visiteur, Vivien Leigh et Julien Duvivier.

7 mars 2012

Katia (1938) de Maurice Tourneur

KatiaAu milieu du XIXe siècle, le tsar Alexandre II fait la connaissance d’une jeune fille aristocrate de province, indisciplinée de caractère. Il s’en éprend et cherche à la revoir… Un insert au début de Katia nous avertit qu’il s’agit là, non pas de faits historiques mais de personnages de roman. La précision semble bien inutile quand on voit le film tant cette histoire paraît enfantine et idéalisée, le genre d’histoire qui fait (ou plutôt : faisait) rêver les jeunes filles. Il y avait aussi, en cette seconde moitié des années trente, une certaine mode des films ou romans sur la Russie tsariste. Cette histoire à l’eau de rose permet à Maurice Tourneur de recréer l’univers des tsars et surtout de mettre en valeur la toute jeune (20 ans) Danielle Darrieux avec force toilettes et bijoux.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Danielle Darrieux, John Loder, Aimé Clariond, Marie-Hélène Dasté
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Remarques :
Katia est adapté d’un roman de Lucile Decaux par Jacques Companéez (le père de Nina Companéez).

Remake :
Katia de Robert Siodmak (1959) avec Romy Schneider et Curd Jürgens.

20 février 2012

Les grades et les hommes (1929) de Yakov Protazanov

Titre original : « Chiny i lyudi »

Les grades et les hommes (Film muet) Adaptation de trois nouvelles de Tchekhov, Les grades et les hommes traite avec humour de l’influence de la hiérarchie sociale sur les comportements. La première histoire est la plus longue : La croix de Sainte Anne met en scène une jeune femme qui se marie sans amour à un riche bourgeois dans l’espoir de pouvoir aider sa famille dans la misère. Hélas son mari se révèle être un homme strict et avare. Mais un évènement va bouleverser leur vie… La seconde histoire La mort d’un fonctionnaire est celle d’un homme qui, après avoir éternué malencontreusement sur un général, n’aura de cesse que de vouloir s’excuser… La troisième, Le caméléon, montre un policier cherchant à verbaliser le propriétaire d’un chien qui a mordu un habitant. Lorsqu’il découvre que le chien appartient à un général, il change d’attitude… Le point commun de ces trois histoires est l’influence des grades sociaux sur nos comportements, comment ils peuvent modifier notre degré d’acceptation de certaines situations ou nos jugements. Après un début assez sombre, le ton devient soudainement léger, puis l’humour est de plus en plus présent ; la dernière histoire est une véritable pantalonnade. C’est tout à fait le genre de sujet qui convient à Protazanov qui a toujours été un cinéaste un peu à part.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mikhail Tarkhanov, Mariya Strelkova, Ivan Moskvin, Vladimir Popov
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19 février 2012

Anna Karenine (1935) de Clarence Brown

Titre original : « Anna Karenina »

Anna KarenineLors d’un voyage à Moscou, Anna Karénine rencontre un jeune officier, le comte Vronsky qui tombe éperdument amoureux d’elle. Il la suit à Saint Petersbourg. Mariée à un membre du gouvernement, Anna a un jeune fils dont elle ne veut se séparer… Pour la seconde fois, Greta Garbo interprète Anna Karenine, l’héroïne du roman de Tolstoï. David O. Selznick, tout comme Cukor qui devait initialement diriger, aurait préféré faire jouer la star dans une histoire moderne, si possible une comédie, plutôt que dans un « film à costumes ». Mais Garbo, suivant les conseils de sa scénariste et amie Salka Viertel, en décida autrement. A cette époque, la puissante Legion of Decency et le Code Hays interdisaient formellement de montrer positivement l’adultère. Le roman de Tolstoï se retrouve donc réduit comme une peau de chagrin, perdant une bonne partie de son âme. Pourtant, le résultat ne manque de charme, en grande partie de par la présence de Greta Garbo qui avait alors atteint un haut niveau de perfection dans son jeu. Anna Karenine Il faut aussi mentionner le talent de Clarence Brown, et de son directeur de la photographie William Daniels, pour créer de très belles scènes : la première apparition après un prologue de 9 minutes) de Greta Garbo à travers un nuage de vapeur est absolument superbe, de même que les scènes du bal ou encore le traveling arrière lorsqu’elle est chassée de chez elle. Face à Garbo, Fredric March ne semble hélas guère à son aise dans le rôle de Vronsky. Anna Karenine ne fut qu’un demi-succès, le public aspirant à cette époque à des films plus actuels et plus gais. Selznick avait vu juste !
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Greta Garbo, Fredric March, Basil Rathbone, Freddie Bartholomew, Maureen O’Sullivan, Reginald Owen
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Remarque :
Freddie BartholomewL’anglais Freddie Bartholomew, ici à l’âge de 11 ans, est probablement l’acteur-enfant le plus célèbre des années trente après Shirley Temple. Il avait été révélé quelques mois auparavant par le film David Copperfield (1935) de George Cukor. Il a surtout tourné jusqu’en 1940, jusqu’à l’âge de 16 ans donc, sans parvenir ensuite à vraiment relancer sa carrière une fois devenu adulte. Il est devenu par la suite producteur de télévision. Ses parents, qui l’avaient abandonné à sa naissance en le confiant à sa tante, refirent surface peu après ses premiers succès pour tenter de s’approprier sa petite fortune.

Adaptations du roman de Tolstoï :
Love de Edmund Goulding (1927) avec Greta Garbo et John Gilbert
Anna Karénine de Clarence Brown (1927) avec Greta Garbo et Fredric March
Anna Karénine de Julien Duvivier  (1948) avec Vivien Leigh
Anna Karénine de Aleksandr Zarkhi (1967) avec Tatyana Samojlova
Anna Karénine de Bernard Rose (1997) avec Sophie Marceau
Anna Karénine de Joe Wright (2012) avec Keira Knightley

2 février 2012

Ivan le terrible (1945) de Sergueï Eisenstein

Titre original : « Ivan Groznyy »

Ivan le terribleUltime œuvre d’Eisenstein, Ivan le terrible est un film en deux parties qui était prévu pour en comporter trois. Le décès du réalisateur a laissé l’œuvre à jamais inachevée. Bénéficiant à nouveau des faveurs du pouvoir après Alexandre Nevski (1938), Sergueï Eisenstein met en chantier une grande fresque destinée à exalter la nation alors face à la menace allemande. Objet de tous les soins d’Eisenstein que ce soit sur le plan de l’écriture, de la préparation ou encore du tournage, la première partie d’Ivan le terrible ne sortira qu’en janvier 1945. Bien reçue par le pouvoir, elle obtient le Prix Staline. La deuxième partie sera terminée un an plus tard mais sera vivement critiquée par les autorités culturelles. Eisenstein devra faire son autocritique et commencera à travailler sur les corrections, travail interrompu par sa mort. La seconde partie ne sortira en URSS qu’en 1958, soit bien après la mort de Staline.

Ivan le terribleLe thème du film est de faire revivre les années de pouvoir du tsar Ivan IV dit Le Terrible (XVIe siècle), le tsar qui rassembla et unifia toutes les terres de Russie. Mais Eisenstein s’écarte ouvertement des faits historiques, il crée une grande tragédie aux accents shakespeariens, un opéra visuel au service de son propos. Il exalte la grandeur : tout est vertical, démesuré à commencer par le tsar lui-même (Nicolai Tcherkassov, acteur déjà de grande taille, avait certainement plus que des talonnettes), les plafonds restent souvent hors de notre vue tellement ils sont élevés.

Ivan le terribleIvan le terrible est aussi une tragédie sur le pouvoir, sur la nécessaire intransigeance et l’isolement qui en découle, sur le doute qui s’insinue. Ivan a d’ailleurs plus à se défendre de ses proches que des ennemis de la nation. Ces éléments entraineront la condamnation officielle de la seconde partie. Il est plus que probable qu’Eisenstein ait voulu dépeindre Staline au travers d’Ivan, ou au moins a-t-il voulu mettre en garde contre les dérives du pouvoir d’un seul homme.

Ivan le terribleIvan le terrible est un film extrêmement abouti sur le plan visuel. Chaque plan était préparé, dessiné et Eisenstein ne filmait que lorsqu’il allait avoir exactement ce qu’il voulait. La beauté et la force des images est sans égal. Eisenstein n’a sans doute jamais été aussi loin dans ses plans de visages. Plus que les visages, ce sont les yeux… Dans aucun autre film, les yeux des personnages n’ont tant d’importance, il y a une incroyable force qui se dégage des yeux des personnages.

La première partie peut être jugée plus conventionnelle, il est d’ailleurs intéressant de noter qu’elle raconte plus. La seconde partie est plus forte, plus shakespearienne. Ivan le terribleLa couleur apparaît trente minutes avant la fin (grâce à une prise de guerre des russes : le stock de pellicules couleur d’une usine allemande Agfa). Nous avons alors un (hélas trop court) échantillon de l’utilisation de la couleur par Eisenstein. Il ne l’utilise pas pour montrer la réalité, non, il utilise la couleur comme un peintre : il peint ses scènes, les anime par la couleur, il utilise la couleur pour exprimer des sentiments.

Plus que tout film, Ivan le terrible est la fusion de toutes les composantes de l’art au service d’une idée, d’un propos. En ce sens, sa beauté n’a rien de formelle. C’est un film puissant, fascinant.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Nikolai Cherkasov, Lyudmila Tselikovskaya, Serafima Birman, Mikhail Nazvanov, Mikhail Zharov
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6 décembre 2011

Le secret des chandeliers (1937) de George Fitzmaurice

Titre original : « The emperor’s candlesticks »

Le secret des chandeliersAprès avoir kidnappé le fils du Tsar, un groupe de partisans polonais envoie un émissaire secret porter leurs exigences à Saint-Pétersbourg. Ayant caché la lettre dans un chandelier, il va trouver sur son chemin la comtesse Mironovo, dangereuse espionne russe. Mais les chandeliers sont volés en chemin… Le secret des chandeliers n’est probablement pas un film très notable mais il ne manque pas de charme et reste distrayant. La MGM remet ensemble deux de ses stars, Luise Rainer et William Powell, cette fois dans un cadre très différent, celui de la Russie tsariste. Cela nous vaut quelques beaux et fastueux décors et de belles robes. L’histoire en elle-même est plus amusante que probable : c’est un divertissement sur fond d’espionnage. Nos deux héros jouent au jeu du chat et de la souris et c’est parfois très réussi comme dans la scène de l’auberge. La fin est un peu ridicule. Luise Rainer, malgré sa voix adorable, n’a pas le magnétisme de Marlene Dietrich ou de Greta Garbo dans ce genre de rôle d’espionne et le film n’a pas l’étincelle qui l’aurait propulsé. Le secret des chandeliers n’eut aucun succès et reste très mal connu. Si ce n’est certes pas un grand film, il ne mérite pas ce mauvais traitement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: William Powell, Luise Rainer, Robert Young, Maureen O’Sullivan, Frank Morgan
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Remarques :
L’histoire est tirée d’un livre de la Baronne Emmuska Orczy, auteur à succès de romans anglais d’aventures.