8 juillet 2022

Garde à vue (1981) de Claude Miller

Garde à vueA Cherbourg, le soir de la Saint-Sylvestre, l’inspecteur Antoine Gallien (Lino Ventura) reçoit au commissariat le notaire Martinaud (Michel Serrault), notable local. Il le soupçonne d’avoir violé et étranglé deux fillettes quelques semaines plus tôt. Face à l’attitude ambigüe de Martinaud, l’inspecteur le place en garde à vue pour continuer de l’interroger…
Garde à vue est un film français de Claude Miller. C’est un film de commande pour le réalisateur qui ne tournait plus que des publicités à la suite du cuisant échec de son précédent film Dites-lui que je l’aime, sorti quatre ans plus tôt. Garde à vue est basé sur un livre de John Wainwright publié dans la collection Série noire, À table ! (Brainwash), livre découvert par Michel Audiard qui a écrit les dialogues de cette adaptation. Hormis quelques plans de coupe, tout le film se déroule au sein d’un commissariat de province sur quelques heures. Plus que l’intrigue policière, ce sont les caractères qui sont exposés dans ce récit, les incertitudes de l’inspecteur et les brusques changements d’humeur de son accusé. Ce dernier se révèle insaisissable avec ses réactions imprévisibles et son anticonformisme. C’est l’occasion de beaux numéros d’acteurs, le plus spectaculaire dans la richesse de son jeu étant Michel Serrault. L’ensemble est assez captivant. Le film a connu un beau succès, avec quatre César à la clef.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Lino Ventura, Michel Serrault, Romy Schneider, Guy Marchand
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Remarques :
* Le succès de Garde à vue a permis à Claude Miller de rebondir. C’était alors son meilleur score au box-office, seul L’Effrontée en 1985 fera mieux.
* Un remake américain a été réalisé en 2000 par Stephen Hopkins : Suspicion (Under Suspicion), avec Gene Hackman, Morgan Freeman et Monica Bellucci, reprenant les rôles respectifs de Michel Serrault, Lino Ventura et Romy Schneider, film généralement considéré comme raté.

Garde à vueMichel Serrault et Lino Ventura dans Garde à vue de Claude Miller.

9 mars 2022

Le Train (1973) de Pierre Granier-Deferre

Le TrainMai 1940. Dans une ville des Ardennes, l’invasion allemande précipite Julien Maroyeur et sa famille dans un train qui doit les évacuer hors de la zone des combats. Sa femme et sa fille ont le droit de monter dans une voiture de première classe, mais Julien doit monter dans le dernier wagon du train : un simple fourgon à bestiaux où se trouvent déjà d’autres voyageurs dont une belle et mystérieuse jeune femme sans bagage…
Le Train est un film franco-italien de Pierre Granier-Deferre. Après Le Chat (1971) et La Veuve Couderc (1971), le réalisateur a choisi une nouvelle fois d’adapter un « roman de mœurs » de Georges Simenon. Il a également puisé dans ses propres souvenirs de l’exode de 1940 qu’il a vécu adolescent. De ce fait, il parvient à ajouter de petits éléments de légèreté malgré le dramatique de la situation. Il s’agit de l’histoire d’une liaison extraconjugale dont la délicatesse et la douceur tranchent avec la brutalité et la dangerosité de l’environnement. L’interprétation des deux acteurs principaux est tout en retenue. Romy Schneider et Jean-Louis Trintignant, certes tous deux dans le style de rôles où ils excellent, montrent une grande justesse et apportent beaucoup d’humanité à cette histoire. En revanche, les autres personnages paraissent un peu trop typés. Pierre Granier-Deferre a en outre utilisé quelques images d’archives pour bien établir le cadre de l’histoire avec un passage du noir et blanc à la couleur assez réussi. L’épilogue est tout à fait différent de celui du roman.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Louis Trintignant, Romy Schneider, Maurice Biraud, Anne Wiazemsky, Régine
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Le TrainJean-Louis Trintignant et Romy Schneider dans Le Train de Pierre Granier-Deferre.

Ne pas confondre avec :
Le Train (The Train) de John Frankenheimer (1964) avec Burt Lancaster et Jeanne Moreau

24 mai 2019

Ludwig – Le Crépuscule des Dieux (1973) de Luchino Visconti

Titre original : « Ludwig »

Ludwig - Le crépuscule des DieuxCe film franco-germano-italien de Luchino Visconti évoque la vie de Louis II de Bavière, depuis son couronnement à l’âge de dix-huit ans, jusqu’à sa mort dramatique à quarante. L’homme fut, on le sait, une personnalité totalement atypique mais Visconti, loin d’insister sur ses extravagances et sa « folie », le présente comme un homme franc et sensible aux arts et à la beauté, perturbé certes mais sincère. Son Louis II veut aller jusqu’au bout de ses rêves artistiques sans prêter attention aux conséquences ; il dédaigne la politique, refuse autant que possible de régner. Il est empêché de vivre la vie qu’il souhaite, y compris et surtout en matière de sexualité : son homosexualité refoulée n’a d’égal que l’impossible amour envers sa cousine Sissi, son seul amour féminin, le rayon de soleil de sa vie. C’était le sujet parfait pour Visconti qui filme ce récit de façon grandiose et calme, avec de longs plans majestueux, prenant tout son temps pour nous faire ressentir l’atmosphère de cette quête d’absolu et aussi ce profond sentiment de désillusion, à force d’être déçu ou trompé, puis de désespoir. Helmut Berger fait une grande interprétation, habité par son personnage. Romy Schneider, qui s’était pourtant juré de ne jamais réincarner Sissi, est lumineuse. Visconti nous offre une vision différente de ce roi dont la « folie » était de rêver de beauté dans un monde de tensions et de guerres.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Helmut Berger, Romy Schneider, Trevor Howard, Silvana Mangano, Gert Fröbe
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Ludwig - Le Crépuscule des Dieux
Helmut Berger dans Ludwig – Le crépuscule des Dieux de Luchino Visconti.

Ludwig Le Crépuscule des dieux
Helmut Berger et Romy Schneider dans Ludwig – Le crépuscule des Dieux de Luchino Visconti.

Ludwig - Le Crépuscule des Dieux
Helmut Berger, Romy Schneider et Nora Ricci dans Ludwig – Le crépuscule des Dieux de Luchino Visconti.

Remarques :
* Le film est d’abord sorti dans une version réduite à 180 minutes mais nous pouvons voir aujourd’hui la version complète de 238 minutes.
* Intitulé Le Crépuscule des dieux à sa sortie en France en référence à l’opéra de Wagner, le film fut renommé par la suite Ludwig : Le Crépuscule des dieux pour éviter la confusion avec son film précédent Les Damnés, dont le titre original La caduta degli dei et le titre anglais The Damned (Götterdämmerung) sont respectivement les titres italien et allemand de l’opéra.
* Luchino Visconti fut victime d’un accident vasculaire cérébral pendant le tournage de Ludwig qui le laissa à moitié paralysé.
* Le film a été tourné en anglais. Les versions en italien sont doublées.
* Les Damnés (1969), Mort à Venise (1971), Ludwig (1973) devaient être complétés avec l’adaptation de La Montagne Magique de Thomas Mann pour former une tétralogie inspirés par Wagner et Mann. Pour des raisons de santé, Luchino Visconti ne put hélas mener ce dernier projet avant sa mort en 1976.

Ludwig - Le Crépuscule des Dieux
Trevor Howard est Wagner dans Ludwig – Le crépuscule des Dieux de Luchino Visconti.


Romy Schneider dans la Grotte de Vénus du Château de Linderhof, une grotte entièrement artificielle aménagée par Louis II de Bavière pour recréer l’ambiance de l’épisode du Venusberg de l’opéra wagnérien Tannhäuser. Un orchestre peut y jouer dissimulé par des rochers.

Ludwig - Le Crépuscule des Dieux
Romy Schneider et Nora Ricci montent le superbe escalier des Ambassadeurs du Château de Herrenchiemsee dans Ludwig – Le crépuscule des Dieux de Luchino Visconti.

Ludwig - Le Crépuscule des Dieux
Gert Fröbe et Helmut Berger dans Ludwig – Le crépuscule des Dieux de Luchino Visconti.

Louis II de Bavière au cinéma :
Das Schweigen am Starnbergersee, film muet de Rolf Raffé, 1920.
Ludwig II, film muet du cinéaste autrichien Otto Kreisler, 1922.
Ludwig II, König von Bayern de Wilhelm Dieterle, 1930.
Louis II de Bavière (Ludwig II: Glanz und Ende eines Königs), film allemand réalisé par Helmut Käutner en 1955.
Ludwig ou le Crépuscule des dieux (Ludwig), film franco-germano-italien réalisé par Luchino Visconti en 1972.
Ludwig, requiem pour un roi vierge (Ludwig, Requiem für einen jungfraulichen König) d’Hans-Jürgen Syberberg, 1972.
Ludwig 1881 de Fosco et Donatello Dubini, avec Helmut Berger, 1993.
Ludwig II, film allemand de Peter Sehr et Marie Noelle, avec Sabin Tambrea, 2012.

16 janvier 2019

Le Procès (1962) de Orson Welles

Le ProcèsUn matin, Joseph K., jeune cadre travaillant dans une banque, est arrêté de façon inattendue par deux mystérieux agents pour un crime non précisé. Les agents refusent de nommer l’autorité qui les envoie. Joseph K. n’est pas emprisonné, il est libre de se rendre à son travail avec l’obligation d’attendre les instructions de la commission d’enquête…
Orson Welles adapte Le Procès de Kafka, reprenant le thème de l’angoisse et des phobies pour en faire un cauchemar surréaliste. Le film met le spectateur mal à l’aise ; c’est une réaction normale et traduit la force du film puisque cette fable est volontairement angoissante. En dehors de l’évidente charge contre la bureaucratie et le questionnement de la condition humaine, le thème n’est pas tant celui de la culpabilité réelle ou supposée de Joseph K. mais plutôt l’attitude de celui-ci envers la culpabilité, la façon dont il la ressent. Bien entendu, il est tentant de chercher à détecter ici et là des symboles mais Welles souligne que Kafka n’est pas versé dans le symbolisme. Il semble toutefois impossible de ne pas penser aux ghettos juifs ou aux camps de la mort dans certains plans, symbolisme rajouté par Welles puisque le roman de Kafka est antérieur à la Seconde Guerre mondiale. A noter que, dans le roman, Joseph K. (comme Kafka d’ailleurs) est juif et se définit comme tel. La distribution des seconds rôles est prestigieuse et Anthony Perkins fait une superbe prestation, ambigu, équivoque, mal à l’aise. Cette nouvelle vision m’a permis de beaucoup plus apprécier Le Procès qui est une œuvre certes angoissante mais extrêmement forte.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anthony Perkins, Madeleine Robinson, Jeanne Moreau, Suzanne Flon, Romy Schneider, Billy Kearns, Fernand Ledoux, Akim Tamiroff, Elsa Martinelli, Orson Welles
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Remarques :
* Dans le roman, La parabole de la Loi, que Welles à placée en prologue, est racontée par le prêtre, bien plus tard donc. Hormis ce changement, Welles suit l’ordre des évènements du livre.
* L’explosion finale a souvent été interprétée comme une explosion atomique. Welles se défend d’avoir voulu cela : il s’agit d’une simple explosion.
* Orson Welles dit avoir interprété l’avocat car il ne trouvait aucun acteur pour le faire. Initialement, il avait prévu d’interpréter le prêtre et commencé à tourner en ce sens.
* Le film a été tourné en grande partie à Paris, notamment dans la gare d’Orsay qui était alors désaffectée.

Le procès
Anthony Perkins et Billy Kearns dans Le Procès de Orson Welles.

Lire nos précédents commentaires sur le même film…

24 août 2018

La Mort en direct (1980) de Bertrand Tavernier

Titre anglais : Death Watch

La Mort en directDans un futur proche où la science a vaincu les plus grandes maladies, une chaine de télévision lance une émission à grande audience qui montre les derniers jours d’une personne atteinte d’un mal incurable. Pour la suivre, elle a fait greffer des micro-caméras dans les yeux d’un « cameraman »…
A partir d’un roman de l’anglais David Compton, Bertrand Tavernier a conçu et réalisé cette œuvre de science-fiction, son unique incursion (à ce jour) dans le genre.  La Mort en direct est une coproduction franco-allemande, tournée en anglais. Le plus visible dans cette histoire est la préfiguration de la télé-réalité et une mise en évidence du voyeurisme, mais le propos va beaucoup plus loin que cela : il explore des possibles variations de notre société. Dans ce futur, il s’est produit un glissement de la morale et de certaines valeurs fondamentales. L’entretien du docteur avec sa patiente est édifiant sur ce point. Cette perte de repères et de finalité contribue à créer un climat assez angoissant. Bertrand Tavernier a utilisé très intelligemment les décors de la ville de Glasgow de façon à donner un caractère atemporel à son film et accentuer cette atmosphère déroutante. Mais La Mort en direct est aussi une histoire d’amour, un amour impossible qui nous émeut. Assez enjoué, Harvey Keitel fait une belle prestation face à Romy Schneider prise presque à contre-emploi : on imagine plus l’actrice dans des personnages pleins de vie que dans un rôle d’une femme condamnée par une maladie incurable. Le charismatique Max von Sydow éclaire le dénouement. Très belle musique d’Antoine Duhamel.  La Mort en direct est un film inhabituel, intelligemment mis en scène. Le film a bénéficié d’une ressortie en 2013.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Romy Schneider, Harvey Keitel, Harry Dean Stanton, Thérèse Liotard, Max von Sydow
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Death Watch
Harvey Keitel et Romy Schneider dans La Mort en direct de Bertrand Tavernier.

15 décembre 2017

Une femme à sa fenêtre (1976) de Pierre Granier-Deferre

Une femme à sa fenêtreGrèce 1936. Margot, une jeune femme richissime et belle, visite des arènes isolées dans la campagne avec Raoul, un industriel français visiblement très attachée à elle, et Michel, un jeune activiste communiste recherché par la police, dont elle est visiblement amoureuse…
Une femme à sa fenêtre est adapté d’un roman de Pierre Drieu la Rochelle. L’histoire en elle-même n’est pas des plus passionnantes : la rencontre improbable entre une riche oisive en manque d’amour et un idéaliste politique. Cette passion qui couve est mise en parallèle avec la situation d’un pays tombant dans la dictature. Le plus remarquable dans ce film est sa construction : les relations entre les personnages ne paraissent tout d’abord pas très évidentes et ce n’est qu’après une suite de flashbacks et de sauts en avant que le spectateur acquiert la compréhension de leurs liens et de leurs sentiments (tout cela à condition de ne pas avoir lu de résumé avant de voir le film, bien entendu). Hélas, l’ensemble paraît très académique et laisse sur une impression de lourdeur et d’ennui. Romy Schneider est dans son habituel style d’interprétation (belle, lumineuse, etc.) ; Victor Lanoux est assez brillant pour exprimer le caractère plutôt gauche de son personnage ; Philippe Noiret est moins convaincant, ce qui est plus inhabituel.
Elle: 1 étoile
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Romy Schneider, Philippe Noiret, Victor Lanoux, Umberto Orsini
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Remarques :
* En 1936, le général Ioánnis Metaxás a pris le pouvoir en Grèce pour installer une dictature s’inspirant des formes autoritaires du régime fasciste italien de Mussolini. Près de 15 000 Grecs furent arrêtés et torturés durant les cinq ans de la dictature de Metaxás. Son idéologie, nommée metaxisme par la suite, restait assez floue mais insistait sur le concept de Troisième Civilisation Hellénique, combinant les splendeurs de la Grèce antique païenne et de la Grèce byzantine chrétienne. Malgré sa fascination pour les régimes fascistes, Metaxás choisit la neutralité en 1939. Sa dictature ne prit fin qu’à sa mort début 1941. (Source principale : Wikipédia)

* Drieu la Rochelle a écrit son livre en 1929, l’histoire prenant donc place sous la Deuxième République hellénique. A cette époque, l’écrivain était encore plutôt socialisant que fascisant. Il publiera son essai Socialisme fasciste en 1934. Après s’être engagé en faveur de la Collaboration, l’écrivain s’est donné la mort à la Libération.

* Lorsque ce film est sorti en 1976, la dictature des colonels (1967-1974) venait juste de prendre fin en Grèce.

Une femme à sa fenêtre
Victor Lanoux et Romy Schneider dans Une femme à sa fenêtre de Pierre Granier-Deferre.

Une femme à sa fenêtre
Superbe automobile : une Cord 810 de 1936 dans Une femme à sa fenêtre de Pierre Granier-Deferre.

11 juin 2017

César et Rosalie (1972) de Claude Sautet

César et RosalieAprès un séjour à l’étranger, David (Sami Frey) rentre à Paris. Il cherche à revoir Rosalie (Romy Schneider), la femme qu’il a aimée et qu’il aime encore. Rosalie, après avoir divorcé d’un ami de David, vit maintenant avec César (Yves Montand), un entrepreneur expansif et vaniteux, tout l’opposé de David… Le « triangle amoureux » est un thème souvent traité au cinéma. Dans César et Rosalie, le contraste entre les deux personnages masculins est vraiment très marqué, presque jusqu’à la caricature. Cette lourdeur scénaristique est toutefois largement compensée par l’habileté de Sautet à donner du corps à ses personnages et à les rapprocher de nous. Comme toujours, Sautet touche juste et les dialogues de Jean-Loup Dabadie sont remarquablement écrits. Le film a acquis le statut de classique du cinéma français ; il est devenu un film emblématique pour Yves Montand et Romy Schneider car leurs rôles correspondaient exactement à l’image que le public se faisait d’eux. Avec le recul, l’image de femme moderne et indépendante de Romy Schneider est moins nette toutefois, car on ressent plus les restes de machisme dans certains détails. Mais, l’acuité du regard porté par Sautet sur ses personnages reste toujours aussi forte et le film est toujours aussi plaisant à revoir.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Yves Montand, Romy Schneider, Sami Frey
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Remarques :
* « Jean-Loup Dabadie et Claude Néron, les scénaristes, percevaient très bien César, mais il butait sur Rosalie. A leurs yeux, c’était une emmerdeuse. Telle était leur théorie sur le personnage et il m’a fallu les convaincre que c’était plutôt elle qui était emmerdée. Pour Dabadie ce renversement a été un déclic. » Claude Sautet.

* Claude Sautet dira de César et Rosalie que c’est le tournage où il fut le plus de mauvaise humeur… Vu la réputation de metteur en scène colérique qu’il a, on mesure ce que cela devait être !

* Le tournage, entre Paris, Sète et l’île de Noirmoutier, fut difficile, Yves Montand s’identifiant un peu trop à son personnage : lorsque César était humilié, Montand en faisait baver à Romy Schneider et Sami Frey qui se mirent rapidement à le détester. Et Montand ne comprenait pas que Rosalie puisse hésiter entre lui et David-Sami Frey.

César et Rosalie
Romy Scneider et Yves Montand dans César et Rosalie de Claude Sautet.

César et Rosalie
Isabelle Huppert (18 ans, l’un de ses tous premiers rôles), Sami Frey et Yves Montand dans César et Rosalie de Claude Sautet.

6 décembre 2015

Le Mouton enragé (1974) de Michel Deville

Le Mouton enragéAprès avoir osé aborder une inconnue dans la rue, un modeste employé de banque prend de l’assurance et, suivant à la lettre les conseils d’un ami d’enfance, un écrivain sans éditeur, il quitte sa vie terne pour chercher à « gagner plein d’argent et coucher avec beaucoup de femmes »… Adaptation d’un roman de Roger Blondel, Le mouton enragé est une fable sur l’attrait de la réussite. Si le « mouton docile » va sortir du troupeau, ce n’est que pour tomber sous la coupe d’un arrivisme sans scrupules personnifié ici par cet ami écrivain raté qui vit par procuration. La démonstration est habile mais un peu trop chargée en personnages et en cibles. Tout y passe : machisme, malversations financières, magouilles politiques, presse poubelle, manipulations… Cela finit par faire beaucoup. Trintignant et Cassel sont assez remarquables et, comme toujours, Romy Schneider illumine chacune des scènes où elle figure. De petites notes d’humour viennent ça et là alléger le mordant du propos. Réalisé sous les années Pompidou, Le mouton enragé est une fable assez amère sur l’ambition personnelle et la vanité.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Louis Trintignant, Jean-Pierre Cassel, Romy Schneider, Jane Birkin, Henri Garcin, Georges Wilson, Florinda Bolkan
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Le mouton enragé
Jean-Louis Trintignant et Jean-Pierre Cassel dans Le Mouton enragé de Michel Deville.

Le Mouton enragé
Romy Schneider dans Le Mouton enragé de Michel Deville.

25 septembre 2013

La Piscine (1969) de Jacques Deray

La piscineMarianne et Jean-Paul passent l’été dans une belle villa sur les hauteurs de Saint-Tropez. Ils ne sont pas enclins à sortir, préférant lézarder au bord de la piscine. Lorsqu’ils reçoivent la visite inopinée de leur ami Harry accompagné de sa fille Pénélope, Marianne les invite à rester plusieurs jours… Sur une histoire de Jean-Emmanuel Conil (Alain Page) adaptée par Jean-Claude Carrière, La Piscine est un huis clos en plein air qui réunit un couple mythique qui avait fait le bonheur de la presse populaire : Alain Delon et Romy Schneider (1). Ils sont beaux, jeunes et bronzés et Jacques Deray ne se prive pas d’exploiter au maximum la plastique des deux acteurs, les montrant longuement tels deux félins dans leurs jeux amoureux. Il faut reconnaître que ces deux « monstres sacrés » ont une formidable présence à l’écran et tiennent leur rôle avec magnificence. Outre l’attrait dû aux acteurs, le film est remarquable par la progression parfaitement maitrisée de son scénario qui glisse peu à peu vers la prévisible tragédie. On ne peut toutefois parler vraiment de suspense.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alain Delon, Romy Schneider, Maurice Ronet, Jane Birkin
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Deray sur le site IMDB.

Remarque :
Il faut également saluer la présence de Maurice Ronet, le film permettant de le voir à nouveau opposé à Alain Delon, neuf ans après le superbe Plein Soleil de René Clément.

(1) Romy Schneider et Alain Delon se sont fiancés en 1959 après s’être rencontrés sur le tournage de Christine. Le couple a été ensuite très largement suivi par la presse populaire jusqu’à leur séparation en 1964… Inutile de dire que cette même presse populaire s’en est donné à coeur joie pour laisser croire que le couple allait se reformer après le tournage de La Piscine.

15 décembre 2011

L’enfer d’Henri-Georges Clouzot (2009) de Serge Bromberg et Ruxandra Medrea

L'enfer d'Henri-Georges ClouzotCe documentaire produit par Serge Bromberg raconte le tournage difficile de L’enfer, film inachevé d’Henri-Georges Clouzot. En 1964, le réalisateur de Quai des Orfèvres obtient des moyens quasi-illimités pour réaliser un film très personnel dont il a écrit lui-même le scénario : l’histoire d’un homme marié à une femme resplendissante et qui développe une jalousie pathologique jusqu’à la névrose. Henri-Georges Clouzot désire y introduire des images nouvelles, expérimentales (1) : ce seront les visions hallucinatoires du mari, scènes imaginaires en couleurs (alors que la réalité est en noir et blanc) modifiées par des effets visuels audacieux. L'enfer d'Henri-Georges Clouzot Le lieu est unique : un hôtel au bord d’un lac encaissé et surplombé par un viaduc pour voie ferrée (2). Intelligemment, le documentaire de Serge Bromberg évite tout les aspects superficiels et se concentre sur la démarche du réalisateur, il nous plonge dans les tourments de la création : acculé par un envahissant désir de perfection, Clouzot ne pourra achever le film, le tournage étant interrompu par un accident cardiaque. Il est bien entendu impossible d’imaginer ce qu’ait pu être le film au final, on a notamment l’impression que les hallucinations du mari auraient tenu une très grande place, mais une chose est sûre, Romy Schneider y aurait été merveilleuse : L'enfer d'Henri-Georges Clouzot éblouissante, pleine de vie, elle illumine toutes les scènes où elle apparaît. Même avec les lèvres bleues (3), son sourire nous fait fondre… Le film de Serge Bromberg a le mérite de laisser une trace de ce film inachevé dont il ne restait jusqu’à présent que 185 boîtes de films soit 13 heures de rushes (la bande son est perdue).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Romy Schneider, Serge Reggiani, Dany Carrel, Bérénice Bejo, Jacques Gamblin
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(1) Le documentaire n’en parle que très peu mais Henri-Georges Clouzot était à cette époque fortement critiqué par la Nouvelle Vague. Ce désir d’explorer des voies expérimentales était certainement aussi une réaction à ces critiques. Et ce besoin de faire taire ses détracteurs a probablement aiguillonné son désir de recherche de la perfection, désir qui a toujours été très fort chez Clouzot.

L'enfer d'Henri-Georges Clouzot(2) C’est le Viaduc de Garabit dans le Massif Central, environ 10 kms au sud de Saint-Flour. On peut d’ailleurs apercevoir l’hôtel depuis l’Aire de Garabit sur l’A75.
Autre vue : Vue depuis le pont (D909) où court Serge Reggiani (Google street)

(3) Les lèvres des actrices étaient bleues dans les scènes hallucinatoires pour permettre l’application d’un effet couleur sur l’image (le bleu devenant rouge, permettant ainsi de teinter le lac en rouge). Cela évoque les techniques du cinéma muet où le rouge passant très mal en noir en blanc avec les pellicules de l’époque, toutes les actrices jouaient avec un rouge à lèvres noir.

Remake :
L’Enfer de Claude Chabrol (1994)