30 juillet 2020

Les Éternels (2018) de Jia Zhangke

Titre original : « Jiang hu er nü »

Les Éternels (Jiang hu er nü)En Chine, dans la ville de Datong, Bin, accompagné de sa maîtresse Qiao, règne sur un réseau local de pègre. C’est le tout début du XXIe siècle et les jeunes gens dansent en boîte de nuit sur la musique de Village People tandis que l’économie locale est menacée par le déclin de l’exploitation du charbon…
Les Éternels est un film franco-japano-chinois écrit et réalisé par Jia Zhangke. C’est le récit des amours tourmentés entre une femme et un chef de pègre locale racontée sur plusieurs années, en trois volets  situés en 2000, 2006 et 2017. En arrière-plan, c’est aussi un portrait de la Chine en pleine mutation, des changements très rapides et très inégaux, avec transplantations de populations, fermetures brutales d’usines et un paysage urbain qui paraît déshumanisé. Le récit est centré sur un personnage fort, celui de la jeune femme interprétée par Zhao Tao, la muse et compagne du cinéaste. Le rythme est par moments très lent et le film paraît alors bien long. La critique a réservé un accueil chaleureux au film, mettant surtout en avant le regard porté sur la Chine.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Zhao Tao, Liao Fan, Diao Yi’nan, Xu Zheng Xu
Voir la fiche du film et la filmographie de Jia Zhangke sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Jia Zhangke chroniqués sur ce blog…

Remarque :
* Le sens du titre original est « Fils et filles de Jianghu ». Si « Jianghu » signifie littéralement « rivières et lacs », l’expression « Fils et filles de Jianghu » désigne dans la littérature les gens en marge de la société traditionnelle de la Chine impériale, tels que les bandits, les combattants, les chevaliers errants mais aussi les prostituées, vagabonds, …  (Lire le premier commentaire ci-dessous pour plus de précisions.)

Les Éternels (Jiang hu er nü)Zhao Tao et Liao Fan dans Les Éternels (Jiang hu er nü) de Jia Zhangke.

2 août 2019

La Ragazza (1964) de Luigi Comencini

Titre original : « La ragazza di Bube »

La RagazzaEn Toscane, juste à la fin de guerre, Mara, une jeune fille insouciante, fait la connaissance de Bube, un ancien résistant communiste. Ils tombent amoureux mais Bube  est accusé d’avoir tué un ancien fasciste. Il est obligé de fuir…
La Ragazza est adapté d’un roman de l’italien Carlo Cassola paru et primé en 1960. Il évoque la situation de l’immédiat Après-guerre, période trouble où les idéaux et les espoirs se sont heurtés à une réalité décevante. Le plus admirable dans ce film de Comencini est la façon dont il montre la confrontation entre l’émancipation individuelle et le devenir collectif : il parvient à les entremêler avec une histoire d’amour assez troublante et inhabituelle, variation sur le thème du sacrifice et du renoncement. Tout le récit est à la première personne, tout est vécu à travers les yeux de la jeune Mara. Le couple assez inattendu formé par Claudia Cardinale et George Chakiris (acteur américain fraîchement auréolé du succès de West Side Story) fonctionne parfaitement. La photographie, signée par Gianni Di Venanzo (l’un des plus grands directeurs de la photographie italiens), est admirable, avec notamment des gros plans de toute beauté ; les trois acteurs principaux sont, il est vrai, particulièrement photogéniques. La Ragazza est un film assez méconnu. Il a longtemps été assez rare mais ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Claudia Cardinale, George Chakiris, Marc Michel
Voir la fiche du film et la filmographie de Luigi Comencini sur le site IMDB.

Voir les autres films de Luigi Comencini chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Luigi Comencini

La RagazzaGeorge Chakiris et Claudia Cardinale dans La Ragazza de Luigi Comencini.

10 juin 2014

Veille d’armes (1935) de Marcel L’Herbier

Veille d'armesA Toulon, les officiers du navire de guerre « Alma » ont organisé une petite fête. Pendant la soirée, l’ordre d’appareiller pour une mission dangereuse tombe et les invités doivent quitter le navire. Mais tout le monde ignore que la jeune épouse du commandant est enfermée dans une cabine à la suite d’un enchaînement de circonstances… Veille d’armes est adapté d’une pièce de Claude Farrère et Lucien Nepoty qui avait déjà été portée par deux fois à l’écran. Pour Marcel L’Herbier, il s’agit plus d’une commande que d’un projet personnel et il en arrange le scénario avec Charles Spaak. Une bonne place est donnée à l’univers de la Marine de guerre et le film a ainsi quelques vertus documentaires, la production ayant même obtenu le concours actif de la Marine Nationale. Il exalte une certaine droiture d’esprit qui était bienvenue en cette période où le risque de guerre se faisait de plus en plus menaçant. Mais le coeur de l’histoire est un mélodrame de la fidélité et de la confiance dont le centre est la belle Annabella. Marcel L’Herbier a soigné la réalisation, l’éclairage est travaillé, certains plans d’intérieur sont vraiment superbes. Le film connut un très grand succès à sa sortie. Il mérite vraiment d’être redécouvert aujourd’hui.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Annabella, Victor Francen, Gabriel Signoret, Pierre Renoir, Roland Toutain
Voir la fiche du film et la filmographie de Marcel L’Herbier sur le site IMDB.

Voir les autres films de Marcel L’Herbier chroniqués sur ce blog…
Veille d'armes
Voir les livres sur Marcel L’Herbier

Remarque :
Veille d’armes vient de ressortir restauré en DVD dans une belle édition avec notamment une présentation très complète du film et de son contexte par Mireille Beaulieu (et une superbe pochette! Bel exemple soit dit en passant du travail sur les éclairages).

Précédentes adaptations :
Veille d’armes de Jacques de Baroncelli (1925) avec Maurice Schutz et Annette Benson (film apparemment perdu)
La Femme de Monte Carlo (The Woman from Monte Carlo) de Michael Curtiz avec Lil Dagover et Walter Huston (film plutôt rare).