1 mai 2024

La guerre est déclarée (2011) de Valérie Donzelli

La Guerre est déclaréeDès le premier regard, Juliette attire Roméo dans ses bras. Le coup de foudre est réciproque, l’amour ainsi partagé donne vite naissance à leur enfant, Adam. Mais alors qu’il va sur ses deux ans, le bébé inquiète ses parents, car il ne marche pas encore et vomit parfois de manière violente et subite. Après constat des symptômes et de plus amples examens, une tumeur est diagnostiquée…
La Guerre est déclarée est un film français réalisé par Valérie Donzelli, son deuxième long métrage. Elle en a écrit le scénario avec Jérémie Elkaïm d’après leur propre histoire et ils en interprètent eux-mêmes les rôles principaux, leur propre rôle donc. Le récit est celui du combat qu’ils ont mené jusqu’à la guérison de leur fils. Il ne faut pas avoir peur du sujet car Valérie Donzelli a un talent certain pour éviter toute lourdeur et pour apporter une généreuse touche de légèreté. Son récit devient ainsi une ode à la vie et se retrouve à cheval sur plusieurs genres : ce n’est pas un drame, ce n’est pas une comédie mais il tient un peu des deux. Une belle réussite.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm, Michèle Moretti, Philippe Laudenbach, Bastien Bouillon, Béatrice de Staël, Anne Le Ny, Frédéric Pierrot
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Jérémie Elkaïm et Valérie Donzelli dans La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli.

6 novembre 2023

Les Bonnes Étoiles (2022) de Hirokazu Kore-eda

Titre original : « Beurokeo »

Les bonnes étoiles (Beurokeo)Deux hommes volent occasionnellement des bébés abandonnés par leurs parents dans la boîte à bébé de l’église pour les revendre sur le marché noir de l’adoption. Mais, cette fois, la jeune mère revient. Elle les découvre et décide de se joindre à eux pour interviewer les nouveaux parents et toucher sa part…
Les Bonnes Étoiles (le sens du titre original est « courtier ») est un film sud-coréen écrit, réalisé et monté par Hirokazu Kore-eda. Le cinéaste japonais a tourné pour la première fois en Corée du Sud, dans une langue qui lui est inconnue. Une fois passée l’étonnement face à l’existence de ces « boites à bébés » (1), nous pensons avoir affaire à une dénonciation des trafics d’enfants. Il n’en est rien. Le sujet traité par Kore-eda est (une fois de plus) la famille, plus exactement la façon dont une famille peut se former dans des circonstances à priori antagonistes. Il traite ainsi de la parentalité, des diverses formes qu’elle peut prendre, souhaitée, réelle ou fantasmée. La démarche du cinéaste est audacieuse car nous avons du mal au départ à trouver ces trafiquants d’enfants sympathiques mais il sait aller en profondeur. Et son film est finalement assez touchant (peut-être juste un peu trop long).
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Song Kang-ho, Dong-won Gang, Doona Bae, Ji-eun Lee
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(1) On trouve ces « boites à bébés » au Japon et, plus encore, en Corée, dixit le dossier de presse. A noter qu’il en existe aussi en Europe (Allemagne, Belgique mais pas en France) et même aux Etats-Unis. Dans tous les cas, leur présence est liée à des institutions catholiques.

Dong-won Gang, Lee Ji-eun, Im Seung-soo et Song Kang-ho dans Les bonnes étoiles (Beurokeo) de Hirokazu Koreeda.

11 janvier 2023

Madres paralelas (2021) de Pedro Almodóvar

Madres paralelasDeux femmes, Janis et Ana, se rencontrent dans une chambre d’hôpital sur le point d’accoucher. Elles sont toutes les deux célibataires et sont tombées enceintes par accident. Janis, proche de la quarantaine, n’a aucun regret et durant les heures qui précèdent l’accouchement, elle est folle de joie. Ana en revanche, est une adolescente effrayée, pleine de remords et traumatisée…
Madres paralelas est un film espagnol écrit et réalisé par Pedro Almodóvar. Il s’agit d’une histoire riche et complexe, centrée sur un portrait de femme que Penélope Cruz incarne admirablement. L’actrice montre une fois de plus une très grande sensibilité et sa capacité à exprimer des sentiments multiples, parfois dans la même scène. La qualité de l’écriture est manifeste, avec quelques hardiesses de construction. En outre, Pedro Almodóvar parvient à entremêler à ce portrait la question du lourd héritage franquiste de son pays. La forme est séduisante avec une belle utilisation de couleurs vives et une grande douceur. Madres paralelas fait partie des plus beaux films du cinéaste espagnol.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Penélope Cruz, Milena Smit, Israel Elejalde, Aitana Sánchez-Gijón, Rossy de Palma, Julieta Serrano
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Remarques :
* Il s’agit du septième long métrage dans lequel Pedro Almodóvar dirige Penélope Cruz.
* Dans un de ses films précédents, Étreintes brisées (2009), une affiche du film Madres paralelas apparaît, dès les premières minutes, dans le bureau du personnage principal, réalisateur et scénariste. On le voit achever sur une machine à écrire l’écriture du scénario d’un film titré Madres paralelas. Pedro Almodóvar avait alors déjà travaillé au scénario de ces « mères parallèles » et en avait dessiné une affiche. (Lu sur Wikipédia)

Madres paralelasMilena Smit et Penélope Cruz dans Madres paralelas de Pedro Almodóvar.

7 octobre 2019

Pupille (2018) de Jeanne Herry

PupilleUn nouveau-né est confié à l’adoption le jour de sa naissance par sa mère biologique qui refuse de donner son identité. Il est déclaré « né sous X ». De son côté, Alice attend depuis dix ans de devenir mère adoptante. Pupille raconte le processus qui va permettre leur rencontre. Le film de Jeanne Henry a d’indéniables qualités de documentaire : il nous fait découvrir tout un monde que nous, du moins la plupart d’entre nous, ne connaissons pas ; nous participons  à toutes étapes de l’adoption et percevons bien tous les questionnements et problématiques qui se posent. Tout l’art de Jeanne Henry est de rendre tout cela passionnant. Elle a su s’entourer d’excellents interprètes qui jouent tous très juste et donnent au récit une certaine intensité. Pupille n’a rien d’un film rébarbatif, larmoyant, ou tout autre défaut que l’on peut craindre sur un tel sujet. Il est surtout humain…  Le film connu un succès en salles.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche, Élodie Bouchez, Miou-Miou
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PupilleSandrine Kiberlain et Élodie Bouchez dans Pupille de Jeanne Herry.

* Jeanne Herry est la fille de Miou-Miou et de Julien Clerc. Pupille est sa deuxième réalisation après Elle l’adore en 2014 avec Sandrine Kiberlain et Laurent Lafitte.

PupilleSandrine Kiberlain et Gilles Lellouche dans Pupille de Jeanne Herry.

11 septembre 2017

Mademoiselle et son bébé (1939) de Garson Kanin

Titre original : « Bachelor Mother »

Mademoiselle et son bébéPolly Parish, vendeuse en fin de contrat dans un grand magasin de jouets, est prise par erreur pour la mère d’un bébé que l’on vient d’abandonner à la porte d’un orphelinat. Le fils de son patron accepte de la garder pour qu’elle puisse élever son enfant… Garson Kanin est plus réputé pour ses talents de scénaristes que de réalisateur mais ce n’est pas lui qui a écrit le scénario de Bachelor Mother. Il s’agit du remake d’un film austro-hongrois de 1935 et le scénario se révèle être une petite merveille car il nous emmène jamais là où on croit aller. Démarrant presque comme un drame social, il devient rapidement une comédie savoureuse qui nous surprend constamment. Il y a des trouvailles vraiment remarquables. Ginger Rogers, qui bizarrement n’aimait guère le scénario et a tout fait pour se retirer, est parfaite dans ce rôle de femme intelligente et moderne, « attirante sans être traitée comme un objet sexuel, romantique sans jamais symboliser la pureté fragile » (1). L’humour est bien dosé, l’ensemble est parfaitement équilibré même si la réalisation n’est pas franchement remarquable. L’important succès du film à sa sortie eut un impact non négligeable sur la carrière Garson Kanin et de Ginger Rogers. Bachelor Mother est à classer parmi les meilleures comédies screwball.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ginger Rogers, David Niven, Charles Coburn, Frank Albertson
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(1) Cette très juste description du personnage est de Richard Corliss (rapportée par Tavernier et Corsodon dans 50 ans de cinéma américain)

Remake de :
Kleine Mutti (Petite Maman) de Henry Koster (1935) avec Franciska Gaal sur un scénario écrit par l’allemand Felix Jackson.
Remake :
Bundle of Joy (Le Bébé de Mademoiselle) de Norman Taurog (1956) avec Debbie Reynolds et Eddie Fisher.

Bachelor Mother
David Niven et Ginger Rogers dans Mademoiselle et son bébé de Garson Kanin.

Bachelor Mother
David Niven et Ginger Rogers dans Mademoiselle et son bébé de Garson Kanin.

Mademoiselle et son bébé
Charles Coburn, Ginger Rogers et David Niven dans Mademoiselle et son bébé de Garson Kanin.

2 mai 2014

Un heureux mari (1921) de Hal Roach

Titre original : « I Do »

Un heureux mari(Muet, 25 minutes) Un jeune couple se voit confier par un beau-frère deux bambins « très sages » à garder pour une soirée. Très rapidement, cela tourne au cauchemar… I do est l’occasion de multiples gags avec un bébé en bas âge et un turbulent très jeune garçon, particulièrement espiègle. Ensuite, le film exploite la peur du noir et du cambrioleur. Un heureux mari L’ensemble n’est pas vraiment représentatif du meilleur d’Harold Lloyd, paraît tout de même un peu prévisible et a été bien mieux traité et exploité dans d’autres films, y compris par Harold Lloyd. Il y a tout de même de bonnes scènes : celle qui ouvre le film, la traversée d’une rue très passante par un Harold Lloyd marchant comme un zombie est impressionnante, le genre de scène particulièrement dangereuse qui demandait une très grande précision.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis, Noah Young
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Remarques :
Un heureux mari* I do était prévu pour être un 3 bobines mais après avoir montré le film à un public-test, il fut décidé d’enlever la première bobine. Cette partie qui traitait du mariage et de l’installation du jeune couple fut jugée trop lente. C’est pour cette raison qu’il y a un petit dessin animé au tout début du film pour montrer qu’ils sont mariés.
* Détail amusant : Mildred Davis qui interprète ici la jeune épouse d’Harold Lloyd allait l’être dans la vraie vie peu après.

27 mai 2013

La Parade du rire (1934) de William Beaudine

Titre original : « The Old-Fashioned Way »

La Parade du rireA la tête d’une troupe de théâtre itinérante, The Great McGonigle (W.C. Fields) laisse des notes d’hôtel impayées et doit ruser pour échapper aux hommes de loi qui le poursuivent. Il arrive dans la ville de Bellefontaine qui abrite l’une de ses grandes admiratrices, une riche veuve qui rêve de jouer sur les planches… The Old-Fashioned Way a un petit côté autobiographique puisque W.C. Fields a débuté sa carrière dans le show business en étant jongleur dans une troupe itinérante et le film nous fait revivre les conditions de vie d’une telle petite compagnie au tout début du XXe siècle. W.C. Fields nous gratifie même d’une reprise de son numéro de jonglage avec son numéro avec les boites de cigares où il nous prouve qu’il n’a pas tant perdu la main. Mais les scènes les plus célèbres du film sont certainement celle où il voit son repas perturbé par un jeune bambin espiègle qu’il ne peut réprimander comme il le souhaiterait (il parvient tout de même à lui administrer un gigantesque coup de pied au derrière, ce qui a beaucoup choqué) et celle où il doit auditionner la riche veuve (il n’y a que W.C. Fields pour donner à un personnage le nom de Cleopatra Pepperday !). Même s’il n’est sans doute pas à ranger parmi les meilleurs films de W.C. Fields, The Old-Fashioned Way reste amusant, l’acteur comique montrant beaucoup de subtilité dans son jeu.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: W.C. Fields, Joe Morrison, Judith Allen, Jan Duggan
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Remarques :
* Le bambin est joué par Baby Leroy qui, à l’âge de deux ans, en était déjà à son 6e film.
* On raconte que W.C. Fields aurait versé du gin dans le biberon de Baby Leroy avant de déclarer, quand le bébé s’est affalé : « Je vous l’avais bien dit qu’il ne tiendrait pas le coup ! »  Difficile, toutefois, de savoir si l’anecdote est vraie…
* La pièce jouée par la troupe du Grand McGonigle est The Drunkard, une pièce dramatique ultra-célèbre du milieu du XIXe siècle. Elle fait partie des temperance play, c’est-à-dire des spectacles écrits pour lutter contre l’alcoolisme. Cette pièce sera ultérieurement portée à l’écran sous forme de comédie ou de parodie :
The Drunkard (1935) de Albert Herman avec James Murray
The villain still pursued her (1940) de Edward F. Cline avec Buster Keaton

21 avril 2012

The Massacre (1914) de David W. Griffith

The Massacre(Muet, 30 minutes) The Massacre marque une transition dans le parcours de David W. Griffith : c’est le moment où, après avoir tourné près de 500 films d’une ou deux bobines en six ans, le cinéaste aspirait à réaliser des œuvres plus longues et plus ambitieuses. Si ce film ne fait que trois bobines, les suivants en feront le double. The Massacre démarre assez faiblement par une proposition en mariage mais ensuite le film nous montre longuement deux batailles, l’une répondant à l’autre : le massacre d’un village indien par la Cavalerie et, plus tard, l’attaque d’un convoi de colons par les mêmes Indiens. Griffith ne porte pas de jugement, puisque le second massacre est clairement montré comme un acte de représailles. On peut même se demander si le terme de « massacre » du titre ne s’applique pas plutôt à la première attaque qui paraît totalement injustifiée (du moins aucune raison ne nous est donnée). En réalité, Griffith s’applique plutôt à montrer l’horreur de ces batailles et le terrible coût en vies humaines. Il signe des plans étonnants comme ce gros plan sur la mère et son enfant derrière un pistolet en pleine action (voir photo ci-contre) mais le plus étonnant est certainement cette vue de la file de chariots du haut de la montagne avec au premier plan deux loups chassés par un ours.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Wilfred Lucas, Blanche Sweet, Charles West, Alfred Paget, Lionel Barrymore
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