7 août 2019

Mutafukaz (2017) de Shôjirô Nishimi et Guillaume Renard

MutafukazLa mégapole Dark Meat City, née sur les décombres de Los Angeles après un tremblement de terre, est la proie du crime, de la pollution et des gangs. Angelino est un jeune loser qui fait profil bas pour survivre. Son dernier petit boulot en date est de livrer des pizzas. A la suite d’un accident de scooter, il commence à avoir des hallucinations…
Le français Guillaume « Run » Renard s’est associé au japonais Shoujirou Nishimi pour porter à l’écran sa propre bande dessinée Mutafukaz. Ils ont fait le choix de l’animation traditionnelle et fait appel au studio d’animation japonais Studio 4°C. Les décors ont été colorés à la gouache avant d’être numérisés. Le dessin est très fidèle à la bande dessinée, dans le style comics/manga, avec des personnages principaux au graphisme très original. L’animation est fluide. L’histoire n’est pas renversante, le point fort se situant plutôt du côté de l’atmosphère post-apocalyptique, avec de fortes influences de la culture américaine des années quatre-vingt et quatre-vingt dix. Le dessinateur cite Invasion Los Angeles (They Live, 1988) de John Carpenter comme une influence principale mais il y en a bien d’autres. La musique est excellente. L’ensemble est original, survitaminé et déjanté, une création étonnante qui mérite le détour.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Shôjirô Nishimi et Guillaume Renard sur le site IMDB.

Remarques :
* Mutafukaz est la sonorité de « motherf…ers » prononcé très vite. Le titre anglais/américain est d’ailleurs explicite : M*F*K*Z.
* Ce sont deux rappeurs, Orelsan et Gringe, qui ont prêté leur voix aux deux personnages principaux.
* Guillaume  Renard avait déjà réalisé un court métrage de 8 minutes titré Mutafukaz en 2002.
* La bande dessinée a été publiée à partir de 2006. Six albums sont actuellement disponibles.

MutafukazWilly, Vinz et Angelino sont les personnages principaux de Mutafukaz de Shôjirô Nishimi et Guillaume Renard .

Mutafukaz Bruce Macchabée et ses sbires dans Mutafukaz de Shôjirô Nishimi et Guillaume Renard.

6 juillet 2019

Bécassine! (2018) de Bruno Podalydès

Bécassine!Bécassine est née dans une ferme bretonne très pauvre, un jour où des bécasses survolaient le village. Devenue adulte, sa naïveté d’enfant reste intacte. Elle rêve de rejoindre Paris mais sa rencontre avec Loulotte, un petit bébé adopté par la marquise de Grand-Air, va bouleverser ses plans…
Bécassine est un personnage de bande dessinée, créé en 1905 par Jacqueline Rivière et le dessinateur J.P. Pinchon ; le scénariste Caumery continuera à faire vivre le personnage à partir de 1913 jusqu’à sa mort en 1941 et donnera au personnage toute sa coloration bretonnante. Avant cette adaptation, Bécassine avait été porté par deux fois au grand écran, sans grande réussite. Bruno Podalydès, qui connaissait assez peu les albums auparavant, a choisi d’extraire parmi la trentaine d’albums existants des personnages et des scènes, pour se concentrer sur l’esprit général. Sa Bécassine n’est pas stupide, loin de là, elle est inventive et très enthousiaste. Les personnages secondaires sont assez réussis et tous les acteurs sont parfaitement dans le ton. Hélas, l’ensemble ressemble trop à un patchwork, il manque le liant qu’un scénario plus étoffé aurait pu apporter. L’humour est bien là mais seulement par petites touches soudaines et le film n’a pas non plus la dimension poétique que pourrait engendrer son personnage.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Emeline Bayart, Karin Viard, Denis Podalydès, Bruno Podalydès, Michel Vuillermoz, Josiane Balasko, Isabelle Candelier, Jean-Noël Brouté, Philippe Uchan
Voir la fiche du film et la filmographie de Bruno Podalydès sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

 

Bécassine!Emeline Bayart dans Bécassine! de Bruno Podalydès.
Photo de plateau © Anne-Françoise Brillot

Bécassine!Emeline Bayart, Karin Viard et Denis Podalydès dans Bécassine! de Bruno Podalydès.
Photo de plateau © Anne-Françoise Brillot

Précédente adaptations :
Bécassine de Pierre Caron (1940) avec Paulette Dubost
Bécassine, le trésor viking dessin animé de Philippe Vidal (2001) avec la voix de Muriel Robin.

1 mai 2019

L’Enquête corse (2004) de Alain Berbérian

L'enquête corseEngagé par un notaire de province, le détective Jack Palmer a pour mission de retrouver un certain Ange Léoni en Corse afin de lui remettre un titre de propriété issu d’un héritage…
L’enquête corse est l’adaptation de la bande dessinée homonyme de René Pétillon, créateur de la série « Jack Palmer ». Le personnage principal du limier est assez différent de celui de la bande dessinée mais, pour le reste, le film respecte bien l’esprit général du dessinateur : l’humour ne se construit jamais au détriment des personnages et respecte leur dignité. Ainsi, on retrouve bien l’emblématique omerta corse, les multiples factions indépendantistes, les dysfonctionnements des différents services de police mais l’humour n’est jamais franchement méchant ou agressif. L’ensemble est bon enfant. Certes, le film d’Alain Berberian n’invente rien mais il a le mérite de nous faire passer un bon moment. Il est étonnant de voir à quel point le film a fait l’unanimité (ou presque) contre lui. Serait-ce parce que le propos manque de mordant ?
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Christian Clavier, Jean Reno, Caterina Murino
Voir la fiche du film et la filmographie de Alain Berbérian sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

L'enquête corse
Caterina Murino et Christian Clavier dans L’enquête corse de Alain Berbérian.

L'enquête corse
Christian Clavier et Jean Reno (hum… les autres acteurs ne sont pas identifiables…) dans L’enquête corse de Alain Berbérian.

8 avril 2019

Sur la piste du Marsupilami (2012) de Alain Chabat

Sur la piste du MarsupilamiPour éviter d’être mis sur la touche, un journaliste sur le déclin doit partir en Palombie faire un reportage sur le peuple Paya et trouver le secret de son étonnante longévité. Un guide local est censé l’accueillir mais dès son arrivée, rien ne va se dérouler comme prévu…
Le scénario de Sur la piste du Marsupilami est basé sur la créature-personnage de bande dessinée créée par André Franquin en 1952, le Marsupilami. Doté d’une queue-ressort de 8 mètres, cet animal a non seulement des capacités hors du commun mais aussi un caractère bien trempé, farouche et assez bagarreur. Alain Chabat adore ce personnage depuis sa plus tendre enfance et il a développé pour lui une histoire totalement loufoque tout en veillant à respecter l’esprit général voulu par Franquin, par exemple dans sa dimension écologique. Le résultat est très réussi, doté bien entendu de beaucoup d’humour, avec beaucoup de belles répliques et, ce qui est toujours appréciable, aucune lourdeur. Nous passons vraiment un bon moment. Bizarrement (à mes yeux du moins), le succès du film n’a été que modéré.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jamel Debbouze, Alain Chabat, Fred Testot, Lambert Wilson, Géraldine Nakache, Patrick Timsit, Jacques Weber
Voir la fiche du film et la filmographie de Alain Chabat sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alain Chabat chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur ce film d’Alain Chabat

Sur la piste du Marsupilami

Sur la piste du Marsupilami
Jamel Debbouze dans Sur la piste du Marsupilami de Alain Chabat.

Sur la piste du marsupilami
Fred Testot et Patrick Timsit dans Sur la piste du Marsupilami de Alain Chabat.

Sur la piste du marsupilami
Alain Chabat et Liya Kebede dans Sur la piste du Marsupilami de Alain Chabat.

24 janvier 2019

Scott Pilgrim (2010) de Edgar Wright

Titre original : « Scott Pilgrim vs. the World »

Scott PilgrimScott Pilgrim a 22 ans, vit à Toronto, et joue dans le groupe de rock amateur Sex Bob-omb. Un jour, il rencontre la fille de ses rêves, Ramona Flowers. Mais Scott ne pourra conquérir le cœur de Ramona qu’après avoir vaincu ses sept ex maléfiques…
Ce film de l’anglais Edgar Wright est l’adaptation d’une bande dessinée canadienne créée par Bryan Lee O’Malley, plus précisément du deuxième des six volumes, intitulé Scott Pilgrim vs. the World. Son originalité est de faire appel à l’imagerie de la BD et du jeu vidéo pour exprimer les sentiments des personnages. Le film reprend très bien cette particularité, que ce soit visuellement ou dans l’univers sonore : par exemple,  les onomatopées s’affichent à l’écran et on assiste ainsi à des combats délirants et particulièrement inventifs. Tout cela ne serait qu’un exercice de style sans des personnages réellement attachants : l’histoire est simplette mais le jeune Scott est désarmant de candeur et Ramona est adorable. Ajoutez une bonne dose d’humour et vous avez un résultat très complet. On s’amuse beaucoup et on ne s’ennuie pas une seconde.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Michael Cera, Mary Elizabeth Winstead, Kieran Culkin, Anna Kendrick, Jason Schwartzman, Ellen Wong, Chris Evans
Voir la fiche du film et la filmographie de Edgar Wright sur le site IMDB.

Scott Pilgrim
Michael Cera et Mary Elizabeth Winstead dans Scott Pilgrim de Edgar Wright.

Scott Pilgrim
Michael Cera dans Scott Pilgrim de Edgar Wright.

21 avril 2018

Valérian et la Cité des Mille Planètes (2017) de Luc Besson

Titre original : « Valerian and the City of a Thousand Planets »

Valérian et la Cité des Mille PlanètesEn 2740, l’immense station spatiale Alpha, lointaine descendante de la station spatiale internationale terrestre, dérive lentement dans l’espace intersidéral et abrite 17 millions d’êtres vivants de toutes les races. Valérian et Laureline sont des agents du Service Spatio-temporel de Galaxity, mégapole terrienne et capitale d’un empire galactique. Cette fois, ils sont chargés de récupérer un réplicateur qui se trouve dans de mauvaises mains au marché noir…
Superproduction européenne, Valérian et la Cité des Mille Planètes est une adaptation de l’univers de la série de bande dessinée française Valérian et Laureline, dessinée par Jean-Claude Mézières et scénarisée par Pierre Christin. C’est une bande dessinée qui a marqué toute une génération de jeunes amateurs de science-fiction par la féerie de ses nombreux univers et la magie qui s’en dégageait. Luc Besson en fait partie et il a écrit, produit et réalisé ce projet qui lui tenait à cœur depuis longtemps. Une première vision du film peut laisser sur une légère déconvenue, du fait de la profusion des effets visuels à la limite de la surenchère, l’ensemble paraissant même un peu disparate. Une seconde vision permet de mieux se laisser submerger par la magie de ces mondes et des créatures qui les habitent. Comme dans tous ses films, Besson a soigné son héroïne : Laureline est charmante, intelligente, vive et maline et très bien interprétée par Cara Delevingne. Face à elle, Valérian paraît doté d’un QI d’huître et passe son temps à demander sa compagne en mariage avec une agaçante insistance. En outre, l’acteur Dane DeHaan n’a pas une grande présence à l’écran. Mais hormis cela, Valérian et la Cité des Mille Planètes est finalement une adaptation assez fidèle de la bande dessinée dont l’esprit est bien respecté. Tout au plus aurait-on aimé une plus grande part de rêve…
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dane DeHaan, Cara Delevingne, Clive Owen, Rihanna, Ethan Hawke, Alain Chabat
Voir la fiche du film et la filmographie de Luc Besson sur le site IMDB.
Voir les autres films de Luc Besson chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Luc Besson

Valérian et la Cité des Mille Planètes
Dane DeHaan et Cara Delevingne dans Valérian et la Cité des Mille Planètes de Luc Besson.

Valerian et Laureline
… et leurs modèles.

Remarques :
* Le titre du film fait référence au deuxième album, L’Empire des mille planètes, paru en 1971, mais le scénario reprend principalement la trame du sixième album, L’Ambassadeur des Ombres, paru en 1975.
* Le ministre de la Défense qui apparaît dans l’intercom est interprété par Herbie Hancock !

Valérian et la Cité des Mille Planètes
Dane DeHaan et Cara Delevingne (déguisés en touristes) dans Valérian et la Cité des Mille Planètes de Luc Besson.

Valérian et la Cité des Mille Planètes
Les habitants de la planète Mül dans Valérian et la Cité des Mille Planètes de Luc Besson.

Valérian et la Cité des Mille Planètes
La station Alpha dans Valérian et la Cité des Mille Planètes de Luc Besson.

2 novembre 2016

Astérix: Le domaine des dieux (2014) de Louis Clichy et Alexandre Astier

Astérix: Le domaine des dieuxPour venir à bout du village des irréductibles gaulois, César a l’idée de construire à proximité une résidence de luxe : la civilisation romaine pourrait triompher là où les armes ont échoué… Astérix: Le domaine des dieux est le dix-septième album de la série du petit gaulois ; il est sorti en 1971. Le scénario du film homonyme de Louis Clichy et Alexandre Astier est fidèle à celui créé par René Goscinny et Albert Uderzo. Hélas, il  n’est pas aussi enthousiasmant qu’espéré : s’il y a de très bons passages, d’autres semblent bien longs et l’humour paraît parfois trop appuyé… Pourtant, cette production mérite d’être louée. Tout d’abord, le choix d’utiliser l’animation en 3D plutôt que des acteurs en chair et en os est le meilleur qui soit, cette technique permettant de bien coller à l’esprit de la bande dessinée. Ensuite, l’option d’enregistrer les voix avant de créer l’animation visuelle est excellente : la façon dont voix et images s’harmonisent est assez stupéfiante et chaque personnage a une personnalité plus marquée. Toutes les voix sont très bien faites (hormis celle d’Obélix toutefois, un peu ratée). Enfin, la réalisation est parfaite, sans défaut, prouesse technique française dans un domaine dominé par quelques grands studios américains. Alors pourquoi est-on un peu déçu ? Sans doute, est-ce la difficulté du passage du support écrit à l’écran, le fait de devoir tout expliciter alors que le nombre limité de bulles de la bande dessinée laissait notre imagination parachever l’humour, l’adapter à chacun en quelque sorte.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: (voix) Roger Carel, Lorànt Deutsch, Laurent Lafitte, Alain Chabat, Elie Semoun
Voir la fiche du film et la filmographie de Louis Clichy et Alexandre Astier sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Astérix: le domaine des dieux
 Astérix: Le domaine des dieux de Louis Clichy et Alexandre Astier.

Astérix: le domaine des dieux

10 décembre 2015

Quai d’Orsay (2013) de Bertrand Tavernier

Quai d'OrsayJeune diplômé de l’ENA, Arthur Vlaminck est embauché en tant que chargé du « langage » au ministère des Affaires Étrangères, c’est-à-dire écrire des discours. Il est intégré dans une équipe de conseillers où chacun a une spécialité précise au service du ministre, un personnage exubérant et fantasque… Quai d’Orsay est l’adaptation d’une bande dessinée d’Abel Lanzac (pseudonyme du diplomate Antonin Baudry) et Christophe Blain sortie en 2010. Antonin Baudry s’est inspiré de sa propre expérience, le ministre en question étant Dominique de Villepin. Si le film nous montre de l’intérieur les coulisses d’un ministère, c’est avant tout une comédie, on pourrait même parler de farce tant le personnage du ministre paraît caricatural. On s’amuse beaucoup dans la première demi-heure des bons mots et des coups d’éclats mais, hélas, le film tourne ensuite en boucle, utilisant les mêmes ressorts dans des situations différentes. Toutefois, le rythme est très enlevé, maintenant le spectateur de cette ritournelle en état d’alerte permanente. Sur le fond, on peut trouver que le propos surfe sur le populisme ambiant en montrant un ministre guignolesque. Mais on peut aussi trouver qu’il montre que, derrière une façade qui joue sur les discours simplificateurs, il y a dans un ministère des personnes constamment sur le qui-vive qui résolvent des problèmes passablement complexes (le personnage joué par Niels Arestrup est librement inspiré de l’ancien directeur du cabinet du ministre des Affaires étrangères, Pierre Vimont). Heureusement, Thierry Lhermitte est excellent, retrouvant ici le type de grand rôle comique dans lequel on ne le voit plus beaucoup aujourd’hui. Quand il n’est pas à l’écran, on attend impatiemment qu’il revienne…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestrup, Julie Gayet, Anaïs Demoustier, Thomas Chabrol
Voir la fiche du film et la filmographie de Bertrand Tavernier sur le site IMDB.

Voir les autres films de Bertrand Tavernier chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Bertrand Tavernier

Quai d'Orsay
Niels Arestrup, Raphaël Personnaz et Thierry Lhermitte dans Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier.

1 octobre 2015

Snowpiercer – le Transperceneige (2013) de Bong Joon-ho

Titre original : « Snowpiercer »

Snowpiercer - le transperceneigeEn répandant un gaz pour stopper le réchauffement climatique, l’homme a provoqué un nouvel âge glaciaire qui a éradiqué toute vie sur Terre. Seuls subsistent un petit millier de personnes dans un train gigantesque condamné à tourner autour de la Terre sans s’arrêter, et dans lequel une hiérarchie de classes s’est formée : alors qu’à l’avant, une minorité vit dans l’aisance, des centaines de gens sont entassés à l’arrière dans une misère extrême… Snowpiercer est l’adaptation de la bande dessinée française Le Transperceneige de Jean-Marc Rochette, Benjamin Legrand et Jacques Lob, parue en 1984. Il ne faut surtout pas chercher de vraisemblance dans cette histoire post-apocalyptique, les incohérences sont légion. Il faut plutôt la prendre comme une fable : le lieu restreint permet de créer un microcosme où les différences entre classes sociales sont poussées à l’extrême et où une révolte offre de nombreuses possibilités de scènes d’action (car le film regorge d’action et le sang coule abondamment). La métaphore reste assez grossière, le meilleur se situe certainement dans les décors : les extérieurs avec les villes saisis par le froid sont hélas trop rares mais à l’intérieur, chaque wagon traversé révèle un décor totalement différent et certains (l’aquarium par exemple) sont féériques. Le réalisateur coréen Joon-ho Bong n’a pas cherché à rendre les décors vraisemblables, il a gardé un esprit « bande dessinée ». Ce parti-pris lui permet également d’avoir une entière liberté dans les scènes : si la plupart des wagons sont simplement traversés et que d’autres ne sont que le théâtre d’interminables scènes d’action, quelques-uns offrent une scène inattendue : celle de l’école est une petite merveille. Malgré une diffusion plutôt limitée, Snowpiercer a été généralement très bien accueilli par la critique et le public. Il a le mérite d’être particulièrement original.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Chris Evans, Song Kang-ho, Ed Harris, John Hurt, Tilda Swinton, Jamie Bell
Voir la fiche du film et la filmographie de Bong Joon-ho sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Bong Joon-ho chroniqués sur ce blog…

Snowpiercer
Chris Evans et Song Kang-ho dans Snowpiercer – le Transperceneige de Bong Joon Ho.

24 décembre 2014

Barbarella (1968) de Roger Vadim

BarbarellaEn l’an 4000, l’astronaute Barbarella reçoit pour mission d’aller retrouver un savant disparu sur une planète proche de Tau Ceti. Inventeur d’une arme absolue, il pourrait être tenté de l’utiliser ou de la vendre et ainsi de faire renaître les guerres qui ont depuis longtemps disparu… Prendre Barbarella trop au sérieux ne peut que nous entraîner à porter un jugement sévère et à décréter doctement que l’histoire est indigente et que tout ceci n’est qu’un prétexte pour Roger Vadim de dévoiler au monde entier les courbes gracieuses de sa femme Jane Fonda. Oui, c’est certainement le cas… Mais l’intérêt de Barbarella est avant tout dans l’adaptation fidèle d’un univers créé par le dessinateur Jean-Claude Forest avec des lieux, des costumes, des objets, des appareils aussi inventifs qu’inattendus. Barbarella Vadim pimente tout cela d’un érotisme qui anticipe la libération sexuelle mais aussi d’une bonne dose d’humour qui nous montre qu’il ne se prend guère au sérieux. Les effets psychédéliques (assez réussis), les costumes de Paco Rabanne (1) et la photographie de Claude Renoir donnent une certaine élégance au film. Le film fut un échec et reste peu apprécié encore aujourd’hui. Il peut certes apparaître kitsch mais Barbarella est néanmoins l’une des meilleures transpositions de bande dessinée à l’écran car Vadim n’a pas cherché le réalisme mais a su préserver tout l’onirisme, l’inventivité, l’humour… et l’érotisme bien entendu.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jane Fonda, John Phillip Law, Anita Pallenberg, Milo O’Shea, Marcel Marceau, David Hemmings, Ugo Tognazzi
Voir la fiche du film et la filmographie de Roger Vadim sur le site IMDB.
Voir les autres films de Roger Vadim chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Roger Vadim

Remarques :
Barbarella Jean-Claude Forest* Créé par Jean-Claude Forest, le personnage de Barbarella (physiquement inspiré de Brigitte Bardot) apparaît en 1962 et étonne tout de suite car il s’agit d’une femme qui revendique le droit au plaisir et à la sensualité. Il fait scandale et, en 1964, le ministre de l’intérieur proclame l’interdiction de la bande dessinée Les Aventures de Barbarella. L’affaire fait grand bruit et il faudra attendre 1968 (après la sortie du film) pour la voir réapparaitre (un peu plus habillée).

* Le striptease de Jane Fonda en apesanteur qui ouvre le film a été filmé d’en haut, l’actrice étant placée sur une grande plaque de plexiglas au dessus d’un décor de vaisseau (c’est assez évident lorsque l’on passe la scène en accéléré).

* Le nom du savant Durand Durand a été source d’inspiration pour le groupe Duran Duran.

* Anita Pallenberg (la Reine Noire) est surtout connue pour avoir été l’égérie des Rolling Stones (elle a eu une relation avec successivement Brian Jones, Keith Richards et Mick Jagger).

* Le mot de passe farfelu, Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch (le correcteur d’orthographe va faire une surchauffe), est en réalité le nom d’un petit village du Pays de Galles (en gallois « l’église de sainte Marie dans le creux du noisetier blanc près d’un tourbillon rapide et l’église de saint Tysilio près de la grotte rouge »).

* Dans la vie de Jane Fonda, Barbarella est antérieur à sa prise de conscience politique qui l’amènera notamment à militer pour la cause féminine.

* Le choix de Marcel Marceau (alias le Mime Marceau) pour le rôle du Docteur Ping est assez étonnant car c’est tout de même un personnage avec beaucoup de texte…!

* A propos de la musique (très moyenne hélas) de Bob Crewe : David Gilmour (futur Pink Floyd) est à la guitare.

(1) Il serait plus exact de dire « le » costume de Paco Rabanne car il semble qu’il n’y ait que la dernière tenue de Jane Fonda qui soit du créateur.

Barbarella de Roger Vadim
L’ange aveugle Pygar (John Phillip Law) et Barbarella (Jane Fonda).