8 janvier 2022

La mort en ce jardin (1956) de Luis Buñuel

La Mort en ce jardinFuyant une révolte dans une cité minière de l’Amazonie, un groupe de six personnes, mené par Shark, un aventurier européen, s’enfonce dans la jungle. Face à une nature hostile, le groupe va vivre une expérience éprouvante et imprévisible…
Entre 1955 et 1956, dans sa période mexicaine, Luis Buñuel a réalisé deux films avec des acteurs français jouant dans leur langue. Le premier, Cela s’appelle l’aurore, fut tourné en Corse alors que le second, La mort en ce jardin, fut tourné au Mexique. Il s’agit de l’adaptation d’un roman homonyme de José-André Lacour qui fut proposé à Buñuel par un producteur français qui désirait un film similaire au Salaire de la peur de H.-G. Clouzot (1953). Bien entendu, il en fit tout autre chose. Le réalisateur raconte avoir eu toutes les peines du monde à écrire le scénario et invité Raymond Queneau à venir à sa rescousse au Mexique. L’ensemble n’est pas très remarquable mais comporte des scènes brillantes. Le thème global est la nature profonde de l’homme et surtout la frontière floue entre le bien et le mal, les personnages allant de l’un à l’autre, avec une petite touche anticléricale. Côté interprétation, le jeune Michel Piccoli est certainement le plus notable en missionnaire.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Simone Signoret, Charles Vanel, Georges Marchal, Michel Piccoli, Tito Junco, Michèle Girardon
Voir la fiche du film et la filmographie de Luis Buñuel sur le site IMDB.

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La Mort en ce jardinSimone Signoret et Georges Marchal dans La Mort en ce jardin de Luis Buñuel.

16 novembre 2021

La Loi de la jungle (2016) de Antonin Peretjatko

La Loi de la jungleMarc Châtaigne, stagiaire au Ministère de la Norme, est envoyé en Guyane pour la mise aux normes européennes du chantier Guyaneige, première piste de ski indoor d’Amazonie destinée à relancer le tourisme en Guyane. Mais tout ne se passe pas comme prévu et il finit par se retrouver perdu dans la jungle en compagnie d’une autre stagiaire…
La Loi de la jungle est le second long-métrage d’Antonin Peretjatko après La Fille du 14 juillet, sorti en 2013. Après une scène fellinienne de générique (statue portée par hélicoptère), la mise en place est plutôt prometteuse, montrant un humour absurde assez débridé. Hélas, rapidement, le film prend de la lourdeur, les gags vraiment amusants s’espacent et l’humour s’étiole. La plus grande partie du film se déroule dans la forêt guyanaise. Le scénario est répétitif, il manque de matière comique et de liant (le fondu au noir est souvent utilisé pour terminer une scène). Pascal Legitimus nous offre les meilleurs moments mais ses scènes sont peu nombreuses. En revanche, Mathieu Amalric ne semble vraiment pas à sa place. Le film a été assez bien reçu par la critique.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Vincent Macaigne, Vimala Pons, Pascal Légitimus, Mathieu Amalric, Jean-Luc Bideau
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 La Loi de la junglePascal Légitimus, Vincent Macaigne et Vimala Pons dans La Loi de la jungle de Antonin Peretjatko.

23 avril 2019

Fitzcarraldo (1982) de Werner Herzog

FitzcarraldoDans une ville d’Amazonie, Brian Fitzgerald dit Fitzcarraldo s’est ruiné dans un projet fou de construction d’une voie de chemin de fer en pleine forêt. Passionné d’opéra, il rêve maintenant de bâtir une salle de spectacle pour accueillir son idole, Caruso. Pour la financer, il achète une concession de caoutchouc réputée inaccessible et entreprend de s’y rendre en bateau…
Comme dans Aguirre que Werner Herzog a tourné dix ans plus tôt dans la même région, le héros de Fitzcarraldo est de nouveau un homme qui nourrit un projet fou et emploiera des moyens démesurés pour tenter d’atteindre son but. La même description pourrait s’appliquer tout aussi bien au cinéaste allemand car le tournage fut difficile, dangereux, déraisonnable. Faire gravir les parois abruptes d’une haute colline à un bateau de 350 tonnes est déraisonnable mais les difficultés de tous ordres n’entamèrent en rien sa détermination. L’image est devenue l’une des plus iconiques du cinéma. Le film n’est pas aussi réussi qu’Aguirre, en partie parce qu’il est un peu dilué ce qui nuit à la tension, à la perception de la folie mégalomane de son héros éponyme. Le personnage de Claudia Cardinale peu paraitre superflu mais son décalage ajoute à l’incongruité de la situation. Fitzcarraldo n’en reste pas moins un film assez unique et, de ce fait, vraiment mémorable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Klaus Kinski, Claudia Cardinale, José Lewgoy, Paul Hittscher
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Pour en savoir plus, vous pouvez lire la chronique de DVDClassiks qui comporte de nombreuses photos du tournage…

Werner Herzog raconte lui-même le tournage dans son livre La Conquête de l’inutile réédité aux Editions Capricci en 2009. Voir tous les livres sur Werner Herzog

fitzcarraldo
Klaus Kinski dans Fitzcarraldo de Werner Herzog.

Fitzcarraldo

Remarques :
* Le tournage de Fitzcarraldo a commencé avec Jason Robards dans le rôle principal et Mick Jagger dans celui d’un assistant. Alors que 40% du film était tourné, Robards a contracté la dysenterie et dut rentrer chez lui. De son côté, Mick Jagger devait aller enregistrer un nouvel album. Herzog est alors parti chercher son vieux complice Klaus Kinski pour tout recommencer. Le personnage de l’assistant fut supprimé.

* Le film fut tourné en anglais. Le doublage en anglais de Klaus Kinski n’est pas très réussi.

* Le film est basé sur une histoire vraie, celle du péruvien Carlos Fermin Fitzcarrald. Dans la réalité, il démonta le bateau pour le transporter de l’autre côté de la montagne.

Fitzcarraldo
Non, la photo n’est pas penchée… le bateau gravit une montagne dans Fitzcarraldo de Werner Herzog.

8 avril 2019

Sur la piste du Marsupilami (2012) de Alain Chabat

Sur la piste du MarsupilamiPour éviter d’être mis sur la touche, un journaliste sur le déclin doit partir en Palombie faire un reportage sur le peuple Paya et trouver le secret de son étonnante longévité. Un guide local est censé l’accueillir mais dès son arrivée, rien ne va se dérouler comme prévu…
Le scénario de Sur la piste du Marsupilami est basé sur la créature-personnage de bande dessinée créée par André Franquin en 1952, le Marsupilami. Doté d’une queue-ressort de 8 mètres, cet animal a non seulement des capacités hors du commun mais aussi un caractère bien trempé, farouche et assez bagarreur. Alain Chabat adore ce personnage depuis sa plus tendre enfance et il a développé pour lui une histoire totalement loufoque tout en veillant à respecter l’esprit général voulu par Franquin, par exemple dans sa dimension écologique. Le résultat est très réussi, doté bien entendu de beaucoup d’humour, avec beaucoup de belles répliques et, ce qui est toujours appréciable, aucune lourdeur. Nous passons vraiment un bon moment. Bizarrement (à mes yeux du moins), le succès du film n’a été que modéré.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jamel Debbouze, Alain Chabat, Fred Testot, Lambert Wilson, Géraldine Nakache, Patrick Timsit, Jacques Weber
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Sur la piste du Marsupilami

Sur la piste du Marsupilami
Jamel Debbouze dans Sur la piste du Marsupilami de Alain Chabat.

Sur la piste du marsupilami
Fred Testot et Patrick Timsit dans Sur la piste du Marsupilami de Alain Chabat.

Sur la piste du marsupilami
Alain Chabat et Liya Kebede dans Sur la piste du Marsupilami de Alain Chabat.

29 juin 2018

Le Monde perdu (1925) de Harry O. Hoyt

Titre original : « The Lost World »

Le Monde perduSur la foi d’un carnet tenu par un explorateur disparu, le professeur Challenger décide de monter une expédition en Amérique du Sud. Il s’agit d’explorer un mystérieux plateau de la jungle amazonienne où vivraient toujours des dinosaures. Il est accompagné du chasseur Sir John Roxton, d’un jeune reporter et de la fille de l’explorateur disparu…
Huit ans avant King Kong mais beaucoup moins célèbre que ce dernier, cette adaptation du roman de Conan Doyle Le Monde perdu mettait déjà en scène de façon spectaculaire des créatures animales géantes. Les maquettes de dinosaures mises au point par Marcel Delgado étaient constituées d’une armature d’acier recouverte d’éponge et de caoutchouc. Chaque minute de tournage nécessita neuf cent soixante images (soit 16 images par secondes) et le film demanda quatorze mois de travail. Les trucages réglés par Willis O’Brien contribuent à créer l’illusion. Le résultat est étonnamment efficace pour l’époque, surtout compte tenu des limitations techniques (objectifs notamment). Seules quelques créatures sont moins convaincantes : le ptérodactyle (pour des raisons évidentes) et l’homme-singe qui a pourtant demandé plusieurs dizaines d’heures de maquillage. La trame du scénario suit fidèlement le roman, sans trop insister sur l’intrigue amoureuse rajoutée qui reste secondaire. Le film connut un très grand succès qui ne résistât pas toutefois à la déferlante du parlant deux années plus tard. Une version sonorisée fut un instant envisagée mais elle ne vit jamais le jour. (Film muet)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Bessie Love, Lewis Stone, Wallace Beery, Lloyd Hughes
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Remarques :
* Le film n’a été visible pendant des décennies qu’en version abrégée de 60 minutes. Ce n’est que depuis 2016, grâce à la restauration réalisée par Lobster Films, que nous pouvons voir ce film dans sa quasi intégralité de 106 minutes.
* Le film fut projeté en avril 1925 aux passagers d’un avion de la Imperial Airways, devenant ainsi le premier film projeté dans un avion. Les pellicules de l’époque étant hautement inflammables, cela présentait un très grand risque.
* Le Monde perdu serait le premier long métrage à utiliser la technique du stop-motion pour animer des créatures.
* On retrouvera le grand Marcel Delgado et le non moins grand Willis O’Brien au générique de King Kong (1933).
* Remake :
Le Monde perdu (The Lost World) de Irwin Allen (1960).

Le Monde perdu
Lloyd Hughes, Wallace Beery et Bessie Love dans Le Monde perdu de Harry O. Hoyt.

Le Monde perdu

Le Monde perdu

6 avril 2017

Le Monde perdu (1960) de Irwin Allen

Titre original : « The Lost World »

Le Monde perduDe retour d’une expédition en Amazonie, le professeur Challenger annonce à l’Académie des sciences de Londres qu’il a découvert un haut-plateau où vivent des dinosaures. Face au scepticisme général, il propose de lancer une nouvelle expédition accompagné de son principal détracteur… The Lost World, le roman d’Arthur Conan Doyle, avait déjà été porté à l’écran avec réussite en 1925. Cette nouvelle version transposée dans notre monde actuel (l’expédition utilise un hélicoptère) devait être  une production spectaculaire avec des dinosaures en stop-motion mais la 20th Century Fox, alors en prise avec le gouffre financier abyssal qu’était Cléopâtre, réduisit le budget. Irwin Allen dût se contenter d’utiliser des lézards de grande taille déguisés et filmés en gros plan. Mais si le film est si peu attrayant, ce n’est pas tant du fait de son manque de budget mais plutôt de son scénario et de son interprétation. On peut excuser les acteurs : les personnages sont vraiment stéréotypés et les dialogues d’une rare banalité (en outre, le film est vivement déconseillé aux féministes). Les décors ne sont guère plus crédibles que l’histoire. Le film connut néanmoins un certain succès.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Michael Rennie, Jill St. John, David Hedison, Claude Rains
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Le Monde perduUn varan (taille réelle 1m80 de long) affublé de deux cornes dans Le Monde perdu de Irwin Allen.

Le Monde perduRichard Haydn, Claude Rains et Jay Novello dans Le Monde perdu de Irwin Allen.

Lost WorldOn ne part pas en expédition au fin fond de l’Amazonie sans emporter un minimum de garde-robe…
Michael Rennie et Jill St. John dans Le Monde perdu de Irwin Allen.

Remarques :
* Les lézards utilisés sont des varans importés de Singapour. Lors de la scène du combat, un varan était en fait en lutte avec un caïman. La violence apparente est réelle puisque la production a dû faire face à une plainte de l’American Society for the Prevention of Cruelty to Animals.

* Sir Arthur Conan Doyle a écrit cinq romans mettant en scène les aventures du Professeur George Edward Challenger, zoologiste. The Lost World écrit en 1912 est le premier d’entre eux. A noter que c’est un excellent livre qui n’a pas tout les stéréotypes véhiculés par ce film.

* Précédente adaptation :
The Lost World d’Harry O. Hoyt (1925) avec Wallace Beery (film muet).