Murielle et Victoria sont deux sœurs que tout oppose et les deux beaux-frères se détestent mais ont en commun d’être de grands fumeurs. Alors que la famille est réunie à l’occasion d’un anniversaire, Didier et Bernard font, par bravade, le pari d’arrêter de fumer pendant quinze jours… Le Pari est un film français écrit et réalisé par Didier Bourdon et Bernard Campan, deux membres du trio bien connu Les Inconnus. C’est une bonne comédie française qui démarre même très bien mais s’essouffle un peu par la suite. L’humour dans le dernier tiers du film (tout le passage en thalassothérapie notamment) est plus poussif mais l’ensemble se (re-)regarde avec plaisir. Elle: – Lui :
Accusés de vagabondage, Stan et Oliver comparaissent devant un juge qui leur ordonne de quitter la ville dans les 24 heures. Peu après, ils aident un fêtard mondain en état d’ébriété à retrouver sa clef de voiture. Pour les remercier, il les invite à venir dormir chez lui… Les Deux Vagabonds (Scram! = « foutez-moi le camp! ») est un film américain réalisé par Ray McCarey, aidé de Lloyd French et Jack Lloyd (tous deux non crédités). L’histoire est de toute évidence bâtie sur l’une des scènes des Lumières de la ville de Charlie Chaplin sorti l’année précédente. Elle évolue toutefois différemment et l’enchaînement des évènements est précis et bien écrit. Les gags sont très classiques. La scène d’hilarité avec Vivien Oakland est très contagieuse. Il faut égaler signaler le jeu d’Arthur Housman, dans un rôle d’ébriété avancée qu’il maitrisait parfaitement. Richard Cramer dans le rôle du juge est effrayant. (Court métrage parlant, 2 bobines, 20 minutes env.) Elle: – Lui :
Titre original : « Their Purple Moment » Autre titre français : « La Minute de vérité »
Stan et Ollie ont bien du mal à garder quelques dollars de leur salaire que leur femme exige intégralement. Croyant avoir réussi à en cacher quelques-uns, ils partent faire la bombe dans un cabaret en galante compagnie… Their Purple Moment (Leur instant d’humiliation est une meilleure traduction du titre que La Minute de vérité) est un court métrage muet américain de deux bobines (soit 20 minutes env.) réalisé par James Parrott et Fred Guiol. Pour la première fois, le duo comique traite un sujet matrimonial : Stan et Ollie sont mariés, et ils sont mariés à de véritables tyrans (et elles ont pour amie la commère du quartier). Tout cela est bien entendu très misogyne mais le problème principal n’est pas là. L’ensemble est bien médiocre, basé sur un seul ressort d’humour (ils dépensent à tout-va sans savoir qu’ils n’ont pas un sou en poche mais, nous, nous le savons). Seuls les moments purement slapstick sont réussis : l’histoire se termine avec une bataille style « tarte à la crème » hilarante (à défaut d’être originale) mais hélas très courte. Le gag de la cachette où Laurel cache ses dollars est également excellent mais c’est trop peu. Elle: – Lui :
Emily Brontë est une jeune femme marginale et rebelle. Entourée de son père, de ses deux sœurs, de son frère et de son précepteur, le vicaire coadjuteur de son père, le film retrace le parcours initiatique qui l’amènera à écrire son chef-d’œuvre Les Hauts de Hurlevent… Emily est un film biographique américano-britannique écrit et réalisé par Frances O’Connor. Il s’agit du premier long métrage de cette actrice australo-anglaise. C’est une biographie romancée puisque l’on ne sait que peu de chose sur la vie d’Emily Brontë. Par exemple, si le vicaire a bien existé, la relation avec Emily est pure fiction. La complexité et la richesse de la personnalité d’Emily est bien rendue et l’interprétation de l’actrice franco-britannique Emma Mackey est forte. Le film manque toutefois un peu de puissance mais reste un beau portrait de femme, avec ce besoin de liberté, de penser et de vivre. En outre, les paysages du West-Yorkshire sont magnifiquement utilisés. Elle: Lui :
Joe Gardner, pianiste et professeur de musique au collège vivant à New York, n’a qu’un rêve : devenir musicien de jazz professionnel. Euphorique en rentrant chez lui après avoir été engagé, il fait une chute mortelle dans une bouche d’égout et se retrouve à l’état d’âme en route pour le « Grand Après ». Il essaie de s’échapper mais finit dans le « Grand Avant », là où les âmes sont préparées à la vie… Soul (le titre est à prendre, non pas dans son sens musical, mais dans le sens « âme ») est un film d’animation américain réalisé par Pete Docter et Kemp Powers, produit par Pixar. Tous deux en ont écrit le scénario avec en outre Mike Jones. C’est une histoire originale et charmante qui prône de profiter de chaque instant de la vie. Original, il l’est par ses images, essentiellement dans le monde des âmes qui sont de mignonnes petites boules avec des personnages instructeurs en fil de fer. Original, il l’est aussi par son thème philosophique : le propos est assez intelligent, adulte tout en restant accessible aux enfants. Les quelques morceaux de jazz sont excellents. Le film forme un bel ensemble harmonieux. Une vraie réussite. Elle: – Lui :
Deux femmes journalistes au New York Times enquêtent sur les rumeurs de harcèlement et d’agressions sexuelles dans le milieu du cinéma… She Said est un film américain réalisé par l’allemande Maria Schrader (1). Adapté du livre homonyme des journalistes Jodi Kantor et Megan Twohey, il retrace leur parcours journalistique de 2017 qui a révélé l’affaire Harvey Weinstein. Qu’Hollywood consacre un film à cette enquête, qui a bouleversé notre société à l’échelle mondiale en engendrant le mouvement #MeToo, paraît être la moindre des choses. Le récit est un peu plat mais il a le mérite d’être conforme à la réalité et de montrer la difficulté à libérer la parole des femmes et à trouver des preuves. Aurait-il fallu créer artificiellement des moments de suspense pour rendre ce récit plus prenant ? La réponse est loin d’être évidente. En fait, il faut prendre ce film comme un témoignage, un semi-documentaire (2). Vu ainsi, il est intéressant à voir et il est loin d’être inutile. Elle: – Lui :
(1) L’allemande Maria Schrader n’a aucun lien de parenté avec l’américain Paul Schrader. (2) A noter : sur le sujet, L’Intouchable est un film documentaire britannique très complet, réalisé par Ursula Macfarlane en 2019.
Zoe Kazan, Carey Mulligan, Andre Braugher et Patricia Clarkson dans She Said de Maria Schrader.
Hanté par un lourd passé, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Cependant, il est capturé par une bande du terrible Immortan Joe. Lorsque l’Imperator Furiosa s’enfuit avec un convoi, Max entravé se retrouve embarqué dans la horde des poursuivants… Quatrième opus de la série, Mad Max: Fury Road est un film post-apocalyptique australien réalisé par George Miller. Il marque le retour du héros australien au cinéma après trente ans d’absence. L’acteur britannique Tom Hardy succède à Mel Gibson dans le rôle-titre. A défaut d’étoffer le scénario, George Miller a voulu créer un spectacle plus hallucinant que jamais. Les véhicules sont délirants et les combats à pleine vitesse ébouriffants. Bien entendu, on peut trouver tout cela assez limité mais il faut reconnaitre à George Miller une grande originalité : on ne retrouve ici aucun des codes des films hollywoodiens. Gros succès public et critique. Elle: – Lui :
Série des Mad Max, tous réalisé par George Miller : 1) Mad Max (1979) 2) Mad Max 2 : Le Défi (1981) 3) Mad Max 3 : Au-delà du dôme du tonnerre (1985) 4) Mad Max : Fury Road (2015)
En 1952 dans le New Jersey, le jeune Samuel « Sammy » Fabelman se rend avec ses parents au cinéma pour la première fois. Il en ressort subjugué mais aussi très marqué par la scène spectaculaire de l’accident de train. Peu après, Sammy recrée cette scène avec son train électrique, qu’il filme avec la caméra de son père… The Fabelmans est un film américain coécrit et réalisé par Steven Spielberg. C’est un film semi-autobiographique où il met en scène ses propres souvenirs d’enfance. Bien entendu, il y est question de cinéma mais le sujet central est plutôt le couple formé par ses parents, qui va montrer de plus en plus de difficultés, avant de se rompre. Le récit est très long (2h30), Spielberg prend tout son temps pour nous parler de sa mère dont la personnalité très complexe est bien restituée par le jeu de Michelle Williams. Mais l’ensemble finit par être un peu ennuyeux. La volonté de créer des scènes ou images magiques (danse dans les phares, projection dans les mains, … ) est un peu trop visible. Il termine son récit avec la célèbre anecdote (tenue pour véritable) de la courte leçon de cinéma de John Ford, personnifié ici par David Lynch (1). Le film n’eut pas le succès escompté aux Etats-Unis. En France, ce ne furent que louanges, du public et des critiques. Elle: Lui :
(1) En revanche, Steven Spielberg n’a pas repris l’histoire de son année clandestine chez Universal, la légende serait-elle fausse…? (Le cinéaste a raconté avoir passé toute une année dans les studios sans y être employé. Il y aurait même squatté un bureau vide et mis son nom sur la porte…)
Gabriel LaBelle dans The Fabelmans de Steven Spielberg.
Voulant offrir une belle robe à sa femme Beth pour ranimer leur idylle, Robert Gordon rencontre Sally, mannequin de la maison de couture. Le lendemain, lorsque sa femme refuse d’aller voir un spectacle avec lui, Robert propose à Sally de l’accompagner… Why Change Your Wife? (L’Échange) est une comédie réalisée par Cecil B. DeMille. Entre 1919 et 1921, Cecil B. DeMille a tourné six films d’affilée avec Gloria Swanson qui l’ont propulsée en star. Why Change Your Wife?(1) est le quatrième, ce n’est pas le plus remarquable. C’est également le premier grand rôle pour Bebe Daniels qui était auparavant aux côtés d’Harold Lloyd. L’histoire, sur une idée du frère du réalisateur, William DeMille, est une fois de plus une comédie sur le mariage qui donne de véritables leçons de vie aux spectateurs. Le propos est effroyablement misogyne : séductrice avant le mariage, la femme se transforme en cerbère triste une fois épousée, n’offrant que reproches au pauvre mari qui, malgré sa bonne volonté, finit par aller chercher ailleurs ce qu’il a perdu. L’histoire est assez simplette et n’est pas vraiment remarquable. Elle offre toutefois un prétexte pour faire rêver les spectateurs avec des robes extravagantes (qui paraissent assez compliquées à nos yeux actuels, les tenues de bain valent le détour !) (Film muet) Elle: – Lui :
(1) Ne pas confondre avec Don’t change your husband (Après la pluie, le beau temps) de 1919 qui est le premier film de DeMille avec Gloria Swanson.
Remarque : Le film est tombé dans le domaine public. Il est visible sur Archive.org.
Gloria Swanson et Thomas Meighan dans L’Échange (Why Change Your Wife?) de Cecil B. DeMille.Thomas Meighan et Bebe Daniels dans L’Échange (Why Change Your Wife?) de Cecil B. DeMille.
Tout va mal pour Bettie, une restauratrice bretonne, veuve portant élégamment la soixantaine : elle vient d’apprendre que l’homme qu’elle aime épouse une autre femme plus jeune et son restaurant est en difficulté. Au lendemain de ces mauvaises nouvelles, elle quitte soudainement le restaurant sous le prétexte d’aller acheter des cigarettes, puis décide de faire une balade afin de retrouver ses esprits… Elle s’en va est un film français réalisé par Emmanuelle Bercot. Elle en a écrit le scénario avec Jérôme Tonnerre (ancien voisin de François Truffaut). Écrit pour Catherine Deneuve, il dresse un portrait de femme sous des facettes multiples. L’angle le plus approfondi est toutefois celui de la famille, avec des relations compliquées, distendues, chargées de rancœurs et de mal-être. Mais il y aussi des rencontres, qui sont assez inattendues à défaut d’être plaisantes, et aussi chargées de clichés sur la « France profonde ». Catherine Deneuve est parfaite dans ce rôle assez difficile, capable de passer rapidement du rire aux larmes, imposant son personnage à l’écran. Emmanuelle Bercot fait jouer son propre fils qui montre un talent certain. En revanche, la chanteuse Camille ne semble pas bien à sa place en tant qu’actrice. Elle: Lui :