18 mai 2015

Brooklyn Boogie (1995) de Wayne Wang

Titre original : « Blue in the Face »

Brooklyn BoogieTourné dans la foulée de Smoke, Brooklyn Boogie est une comédie qui en reprend le lieu, un petit commerce de tabac et de magazines en plein Brooklyn. Hormis le buraliste (Harvey Keitel), son employé un peu autiste et le propriétaire (Victor Argo que l’on voyait peu dans Smoke), tous les personnages sont différents. Brooklyn Boogie est d’ailleurs très différent de Smoke : c’est une comédie sans réel scénario, tournée en six jours. Seules certaines situations de départ ont été formalisées par Paul Auster et Wayne Wang qui ont laissé les acteurs en grande partie improviser. Ils ont aussi invité des guest stars : on y voit Lou Reed parler du quartier avant de nous vanter le principe de ses lunettes à verres relevables (les ingénieurs à la NASA veulent les mêmes…), Jim Jarmusch se lancer dans une discussion avec Harvey Keitel sur la cigarette et divers sujets, Michael J. Fox en enquêteur assez hilarant, Lily Tomlin (difficile à reconnaitre) en baba-cool azimuté (oui, sans e à la fin), Mira Sorvino et même Madonna (assez épouvantable) en « télégramme chantant ». John Lurie est également là, au saxophone avec son groupe, The John Lurie National Orchestra. Comme souvent dans le genre happening, l’ensemble est un peu inégal. Les personnages féminins ne sont pas les plus gâtés : Harvey Keitel est affublé d’une petite amie idiote et insupportable (Mel Gorham qui apparaissait brièvement dans Smoke) et doit subir les avances de la femme du propriétaire (Roseanne Barr, une grande figure comique aux Etats-Unis) qui est non moins insupportable. Les plus tatillons pourront parler de misogynie… Mais il y a aussi de bons moments dans cet amusant patchwork qui nous fait l’éloge de Brooklyn.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harvey Keitel, Giancarlo Esposito, Victor Argo, Michael J. Fox, Lily Tomlin
Voir la fiche du film et la filmographie de Wayne Wang sur le site IMDB.

Voir les autres films de Wayne Wang chroniqués sur ce blog…

Lou Reed dans Brooklyn Boogie de Wayne Wang
Lou Reed dans Brooklyn Boogie de Wayne Wang
« Quand je fume un cigare, je ne pense pas à descendre acheter une bouteille de whisky. Donc finalement le tabac est bon pour la santé… »

Jim Jarmush dans Brooklyn Boogie de Wayne Wang
Harvey Keitel et Jim Jarmusch qui s’apprête à fumer sa dernière cigarette dans Brooklyn Boogie de Wayne Wang.

17 mai 2015

Smoke (1995) de Wayne Wang

SmokeAuggie (Harvey Keitel) tient un petit bureau de tabac à Brooklyn. Là, se croisent Paul (William Hurt), un écrivain en mal d’inspiration, Rashid (Harold Perrineau) un jeune adolescent noir, la borgne Ruby (Stockard Channing) une ancienne maitresse d’Auggie et Cyrus (Forest Whitaker) garagiste manchot… Smoke est le fruit de la collaboration entre Wayne Wang et Paul Auster. L’écrivain a écrit un scénario original où l’on retrouve son univers et le quartier qui lui est cher. Le film est structuré en cinq grands tableaux, chacun se focalisant sur l’un des cinq personnages principaux. Ces personnages ont en commun d’avoir perdu quelqu’un ou d’être à la recherche d’une personne. Ils ont également en commun le fait de mentir ou de travestir la réalité, de petits ou gros mensonges qui sont parfois salutaires. Le scénario est très bien écrit, Wayne Wang a su toutefois contenir le côté littéraire de ces récits qui ne transparaît finalement pas. Belles prestations, intenses, d’Harvey Keitel et de William Hurt. Smoke est un beau film sur l’âme humaine. La fin qui aborde la notion de « l’histoire parfaite » est très belle.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harvey Keitel, William Hurt, Harold Perrineau, Forest Whitaker, Stockard Channing
Voir la fiche du film et la filmographie de Wayne Wang sur le site IMDB.

Voir les autres films de Wayne Wang chroniqués sur ce blog…

Smoke de Wayne Wang
Tous les matins, le buraliste Auggie prend en photo son magasin à Brooklyn…
Harvey Keitel dans Smoke de Wayne Wang

Remarques :
* Le fils de Paul Auster apparaît brièvement vers le début du film : c’est l’adolescent qui vole un magazine dans la boutique.
* Le personnage de l’écrivain joué par William Hurt s’appelle Paul Benjamin dans le film. Or le nom complet de Paul Auster est Paul Benjamin Auster. Cela confirme, s’il en était besoin, que l’écrivain s’est identifié à ce personnage…

* Le magasin est aujourd’hui une « Pie Shop ». On peut en voir la façade et même l’intérieur dans Google Maps.

16 mai 2015

Merci la vie (1991) de Bertrand Blier

'Merci la vie'Dans une station vide en bord de mer, l’adolescente Camille pousse son caddie plein de poissons où s’accrochent des mouettes. Elle trouve au milieu de la rue Joëlle, jeune femme inanimée en robe de mariée qui vient de se faire abandonner brutalement par un homme en voiture de sport. Elle la ramène chez elle… Ecrit et réalisé par Bertrand Blier, Merci la vie a souvent été décrit comme une sorte de pendant féminin à Les Valseuses. Il est bien plus abouti toutefois. Le film nous surprend constamment, se jouant des codes et des interdits du cinéma, assemblant les scènes en un patchwork imprévisible, brouillant les époques, passant sans crier gare de la couleur au noir et blanc (sépia en réalité). Le burlesque et le dramatique se télescopent, la réalité et le fantasme n’ont plus de séparation nette. Merci la vie est un grand film surréaliste… Sur le fond, Bertrand Blier pointe du doigt certains désordres de notre civilisation : le désert affectif en premier lieu, la difficulté d’aimer et d’être aimé (Camille doit même pousser son père à faire l’amour à sa mère pour pouvoir être conçue), les multiples obstacles à l’amour que sont la guerre, les maladies (le film a été écrit en pleine « explosion » du sida), la vieillesse, etc. Merci la vie est un film brillant et insolent dans lequel il faut se laisser aller car, comme l’a dit Bertrand Blier lui-même, c’est « un film d’émotions ».
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Charlotte Gainsbourg, Anouk Grinberg, Michel Blanc, Jean Carmet, Annie Girardot, Jean-Louis Trintignant, Catherine Jacob, Gérard Depardieu
Voir la fiche du film et la filmographie de Bertrand Blier sur le site IMDB.

Voir les autres films de Bertrand Blier chroniqués sur ce blog…

Merci la vie
Charlotte Gainsbourg et Anouk Grinberg dans ‘Merci la vie’ de Bertrand Blier.

15 mai 2015

Livres : nouvelles parutions au 15 mai 2015

Livres sur le cinéma – Les sorties de la semaine :


Alice Guy, la première femme cinéaste de l'histoireTITRE : Alice Guy, la première femme cinéaste de l’histoire
AUTEUR : Emmanuelle Gaume
EDITEUR : Plon
SORTIE : 15 mai 2015
SUJET : Réalisateur > Alice Guy
A Paris, Alice Guy devient l’assistante de Léon Gaumont et est nommée, à 22 ans, directrice des studios Gaumont, un statut unique dans l’histoire naissante de l’industrie du cinéma….


Les StarsTITRE : Les Stars
AUTEUR : Edgar Morin
EDITEUR : Seuil
SORTIE : 07 mai 2015
SUJET : Sociologie
Comment, dans quelles conditions, pourquoi sont apparus ces êtres fabuleux que nous nommons  » stars  » ? Ce sont des marchandises et ce sont des idoles. Elles sont divines et elles sont mortelles… (réédition du fameux livre d’Edgar Morin, initialement paru en 1957)


Mes monstres sacrésTITRE : Mes monstres sacrés
AUTEUR : Mylène Demongeot
EDITEUR : Flammarion
SORTIE : 13 mai 2015
SUJET : Acteur > Mylène Demongeot
La comédienne revient sur son parcours, présentant des portraits, des anecdotes et des souvenirs où se croisent Michel Audiard, Georges Lautner, Jean Yanne, Pierre Desproges, Romy Schneider, Coluche, etc.


Le 8ème ciel:A la recherche du Grand Amour...TITRE : Le 8ème ciel
… A la recherche du Grand Amour…
AUTEUR : Charlotte Valandrey
EDITEUR : J’ai lu
SORTIE : 13 mai 2015
SUJET : Acteur > Charlotte Valandrey
Séropositive à 17 ans alors que le succès lui sourit, Charlotte Valandrey subit une greffe cardiaque à 35 ans puis un double infarctus. Dans cette autofiction, elle entreprend, avec Lili, son amie de toujours, un vaste plan d’action pour retrouver l’amour…


Le Cinéma et la mise en scèneTITRE : Le Cinéma et la mise en scène

AUTEUR : Jacques Aumont
EDITEUR : Armand Colin
SORTIE : 07 mai 2015
SUJET : Technique > Réalisation
« Metteur en scène » , « cinéaste » , « réalisateur » : trois désignations à peu près interchangeables dans la langue courante, mais qui s’enracinent dans trois conceptions très différentes de la création cinématographique…


Introduction à l'analyse de l'imageTITRE : Introduction à l’analyse de l’image

AUTEUR : Martine Joly
EDITEUR : Armand Colin
SORTIE : 06 mai 2015
SUJET : Théorie
Afin de permettre une lecture plus consciente de ce que l’image véhicule, cet ouvrage propose une analyse de l’image fixe (tableau, photographie, affiche, etc.) qui permet, au-delà, d’aborder celle des images animées, notamment au cinéma…


14 mai 2015

L’Étranger (1943) de Anthony Asquith

Titre original : « The Demi-Paradise »

L'étrangerA la veille de la Seconde Guerre mondiale, un ingénieur russe arrive en Angleterre pour commander à un constructeur un bateau brise-glace muni d’une hélice révolutionnaire de sa conception… Réalisé en 1943, The Demi-Paradise fait partie de l’effort de guerre de l’industrie cinématographique anglaise. Le but recherché est d’aplanir les différences entre les deux nouveaux alliés contre l’Allemagne nazie que sont l’Angleterre et l’Union Soviétique (1). Le scénario de cette comédie est très simple : un russe est plongé dans la civilisation anglaise pour mieux montrer les différences de mentalité et de coutumes entre les deux peuples mais, n’en doutons pas, ces différences seront finalement aplanies et ce sera pour le bien de tous. C’est Laurence Olivier, expert en accents de tous genres, qui est chargé d’interpréter l’étranger. Il le fait brillamment et les seconds rôles sont également très bien tenus. Le film est parsemé d’un humour très british avec une bonne dose d’autodérision, mentalité et coutumes anglaises étant quelque peu caricaturées, une façon élégante de dire au spectateur : « L’étranger vous paraît bizarre mais nous aussi pouvons apparaître bizarres à ses yeux ». La réalisation est d’excellente facture, on n’en attendait pas moins d’un réalisateur comme Anthony  Asquith, mais nos yeux modernes peuvent trouver que l’ensemble manque de subtilités.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Laurence Olivier, Penelope Dudley-Ward, Margaret Rutherford, Felix Aylmer
Voir la fiche du film et la filmographie de Anthony Asquith sur le site IMDB.

Voir les autres films de Anthony Asquith chroniqués sur ce blog…

The Demi-Paradise par Anthony Asquith
Laurence Olivier et Penelope Dudley-Ward dans L’étranger de Anthony Asquith

(1) Staline ayant signé un pacte de non-agression (le Pacte germano-soviétique) avec Hitler en 1939, l’Union Soviétique n’était pas vue comme un allié au début de la guerre. Lorsqu’Hitler rompt ce pacte en envahissant la Russie à la mi-41, cette vision se doit de changer : les russes deviennent en effet des amis et des alliés dans la guerre contre le 3e Reich.

13 mai 2015

L’Inhumaine (1924) de Marcel L’Herbier

L'inhumaineLa célèbre cantatrice Claire Lescot a de nombreux admirateurs. Pour une soirée, elle a invité une dizaine de ses courtisans parmi lesquels on peut compter un maharadjah, politiciens, hommes d’affaires et un jeune ingénieur qui se meurt d’amour pour elle. Mais la cantatrice reste de marbre face à toutes ces avances… Jeune cinéaste d’avant-garde en ce début des années vingt, Marcel L’Herbier a l’idée de concevoir un film qui soit « une sorte de résumé de toute la recherche plastique en France, deux ans avant l’Exposition des Arts décoratifs ». Il réunit donc un groupe d’artistes de premier plan, Robert Mallet-Stevens et Fernand Leger en tête. Le film est donc plastiquement superbe ce qui lui a valu d’être qualifié de « manifeste des Arts déco ». Même les intertitres sont magnifiques ! Aucune toile peinte ici mais des décors tout en volumes. Il est d’autant plus dommage que Marcel L’Herbier ait négligé le scénario : l’histoire est étirée et, il faut bien l’avouer, parfaitement ennuyeuse. La direction d’acteurs semble approximative. On remarquera que le réalisateur expérimente certains effets sur les scènes de vitesse (ces scènes d’ivresse automobile étaient alors très prisées par les réalisateurs les plus inventifs). L’Inhumaine a été magnifiquement restauré, avec restitution des teintes d’origine, pour ressortir en ce début 2015 accompagné d’une nouvelle musique très réussie, composée par Aidje Tafial.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Georgette Leblanc, Jaque Catelain
Voir la fiche du film et la filmographie de Marcel L’Herbier sur le site IMDB.

Voir le site créé pour la première de l’Inhumaine le 30 mars 2015.

Voir les autres films de Marcel L’Herbier chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Marcel L’Herbier

Crédits :
– Décors extérieurs, architecture : Robert Mallet-Stevens (1886-1945)
– Le laboratoire de l’ingénieur : Fernand Leger (1881-1955)
– Décors intérieurs : Alberto Cavalcanti (1897-1982)
– Le jardin d’hiver : Claude Autant-Lara (1901-2000)
– Le mobilier : Pierre Chareau (1883-1950) et Michel Dufet (1888-1985)
– Sculptures : Joseph Csaky (1888-1971)
– Costumes : robes signées Paul Poiret (1879-1944).

L'Inhumaine de Marcel L'Herbier
La salle à manger créée par Alberto Cavalcanti pour L’Inhumaine de Marcel L’Herbier (la table est entourée d’eau avec des cygnes qui barbotent…) (photo de plateau)

L'Inhumaine de Marcel L'Herbier
Fernand Leger pose dans le décor qu’il a créé pour L’Inhumaine de Marcel L’Herbier : l’atelier de l’ingénieur (photo de plateau).

L'Inhumaine de Marcel L'Herbier
La maison de l’ingénieur a été dessinée par Robert Mallet-Stevens pour L’Inhumaine de Marcel L’Herbier (photo de plateau : sauf erreur de ma part, l’homme à droite est Marcel L’Herbier).

11 mai 2015

Zero Dark Thirty (2012) de Kathryn Bigelow

Zero Dark ThirtyAu lendemain du 11 septembre 2001, une jeune recrue de la CIA est envoyée au Pakistan et participe à la traque de Ben Laden… Kathryn Bigelow fait le récit de cette traque qui a duré dix ans et de son aboutissement en plaçant une jeune femme sur le devant de la scène dont la ténacité et même l’obstination serait le principal artisan de la réussite de toute l’opération. Kathryn Bigelow a su éviter tout sensationnalisme et s’est bien gardée de créer un spectacle à partir de ces faits. Elle n’a pas éludé le problème de la torture. On pourrait dire qu’elle n’en fait ni l’apologie ni la condamne, qu’elle la montre avant tout comme ayant été pratiquée. Il est toutefois difficile de ne pas reconnaître qu’elle la justifie puisque, dans son récit, des informations importantes ont été ainsi obtenues. Cette révélation dérangeante (et sa discutable justification) a causé une certaine polémique aux Etats-Unis autour du film. Pour le reste, Zero Dark Thirty passe pour être bien documenté mais l’authenticité en pareil cas est bien entendu difficile à vérifier. La mise en scène de Kathryn Bigelow est nerveuse, très bien maitrisée.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jessica Chastain, Jason Clarke
Voir la fiche du film et la filmographie de Kathryn Bigelow sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Kathryn Bigelow chroniqués sur ce blog…

Zero Dark Thirty
Jessica Chastain dans Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow.

Remarque :
* Le terme Zero Dark Thirty dans le langage militaire désigne les trente minutes qui suivent minuit, ce sont les plus sombres de la nuit. Le titre fait ainsi référence à l’assaut final, mené une nuit sans lune, mais aussi au grand secret qui a entouré toute la traque de dix ans.

 

10 mai 2015

Livres : nouvelles parutions du 7 mai 2015

Livres sur le cinéma – Les sorties de la semaine :

Suivez mon regardTITRE : Suivez mon regard
AUTEUR : Anjelica Huston
EDITEUR : Editions de l’Olivier
SORTIE : 07 mai 2015
SUJET : Acteur > Anjelica Huston
Nous sommes à St Clerans, dans le comté de Galway, en Irlande. Une petite fille attend son père pour fêter Noël. Lui, c’est John Huston : un aventurier, un grand cinéaste, un géant. Elle, c’est Anjelica…


Guide social de l'audiovisuelTITRE : Guide social de l’audiovisuel
AUTEUR : Fabienne le Brun
EDITEUR : Dixit
SORTIE : 07 mai 2015
SUJET : Métiers et Formation
Ce guide fournit toutes les informations nécessaires à la bonne gestion sociale d’une société de l’audiovisuel pour le tournage d’œuvres pour le cinéma, la télévision et internet.


Spike Lee : American Urban StoryTITRE : Spike Lee
… American Urban Story
AUTEUR : Karim Madani
EDITEUR : Don Quichotte
SORTIE : 07 mai 2015
SUJET : Réalisateur > Spike Lee
Trente ans avant les événements de Ferguson, Spike Lee créait la polémique avec Do The Right Thing, brûlot sur les tensions raciales et de frustration urbaine à Brooklyn…


Je ne sais rien, mais je dirai toutTITRE : Je ne sais rien, mais je dirai tout
AUTEUR : Pierre Richard et Jérémie Imbert
EDITEUR : Flammarion
SORTIE : 06 mai 2015
SUJET : Réalisateur > Pierre Richard
Né en 1934, Pierre Richard s’installe à Paris après son bac pour y suivre des cours d’art dramatique et donner ses premiers sketches. Remarqué par Yves Robert, il joue dans  Alexandre le bienheureux, puis commence à écrire pour le cinéma…


Le Vocabulaire du cinémaTITRE : Le Vocabulaire du cinéma
AUTEUR : Marie-Thérèse Journot
EDITEUR : Armand Colin
SORTIE : 06 mai 2015
SUJET : Technique > Toutes les techniques
Organisées par ordre alphabétique, plus de 500 entrées (genres, matériel, etc.) aident à la description technique des films et à la compréhension esthétique de certains courants…


Précis d'analyse filmiqueTITRE : Précis d’analyse filmique
AUTEUR : Anne Goliot-Lété et Francis Vanoye
EDITEUR : Armand Colin
SORTIE : 06 mai 2015
SUJET : L’analyse de films
L’analyse de films se pratique de l’école à l’université, dans des contextes et selon des objectifs très différents…


Cinémas d'Asie, d'hier et d'aujourd'hui : Chine, Hong Kong, Taïwan, Japon, Corée du SudTITRE : Cinémas d’Asie, d’hier et d’aujourd’hui
… Chine, Hong Kong, Taïwan, Japon, Corée du Sud
AUTEUR : Frédéric Monvoisin
EDITEUR : Armand Colin
SORTIE : 06 mai 2015
SUJET : Pays > Asiatique
Présentation synthétique du cinéma asiatique, depuis son émergence en Chine à la fin du XIXe siècle à la diversification des cinémas nationaux après la Seconde Guerre mondiale, avec une analyse spécifique de chaque pays dans son contexte historique et géopolitique…


Ethique du mikado:Essai sur le cinéma de Micheal HanekeTITRE : Ethique du mikado
… Essai sur le cinéma de Micheal Haneke
AUTEUR : Sarah Chiche
EDITEUR : Presses Universitaires de France (PUF)
SORTIE : 06 mai 2015
SUJET : Réalisateur > Michael Haneke
Après le succès de ses deux romans (L’’Inachevée, Grasset, 2008 ; L’Emprise, Grasset, 2010), ainsi que de son essai sur Fernando Pessoa (Personne(s), Cécile Defaut, 2013), l’écrivaine et psychanalyste Sarah Chiche revient avec une glaçante méditation sur le Mal, à partir de l’’oeuvre noire et fascinante de Michael Haneke…


La Figure de Charlot et ses avatarsTITRE : La Figure de Charlot et ses avatars
AUTEUR : Collectif
EDITEUR : Presses Universitaires de Rennes
SORTIE : 04 mai 2015
SUJET : Réalisateur > Charlie Chaplin
A l’occasion du centenaire de la création du personnage de Charlot, ces articles analysent divers aspects de la vie et de l’oeuvre de Charlie Chaplin…


Cadavres exquis dans le 7e Art : Quatre créateurs du cinéma mondialTITRE : Cadavres exquis dans le 7e Art
… Quatre créateurs du cinéma mondial
AUTEUR : Marie-Christine de Montbrial
EDITEUR : Jacques-Marie Laffont
SORTIE : 04 mai 2015
SUJET : Personnalité
Une enquête sur la vie et le travail de quatre producteurs de cinéma : David O. Selznick, Lew Wasserman, Gérard Lebovici et Daniel Toscan du Plantier…


Gad Elmaleh, la vie pas normaleTITRE : Gad Elmaleh, la vie pas normale
AUTEUR : Stephane Koechlin
EDITEUR : Editions du Moment
SORTIE : 30 avril 2015
SUJET : Acteur > Gad Elmaleh
C’est l’histoire d’un enfant de Casablanca parti très tôt de chez lui pour espérer faire carrière dans le théâtre. Son voyage le mène au Canada puis en France, au sein du prestigieux cours Florent…


 

9 mai 2015

Vol au-dessus d’un nid de coucou (1975) de Milos Forman

Titre original : « One Flew Over the Cuckoo’s Nest »

Vol au-dessus d'un nid de coucouDu fait de ses comportements erratiques, le prisonnier récidiviste Randle McMurphy est transféré de la prison à l’hôpital psychiatrique pour examen. Il participe aux thérapies de groupe dirigées par l’infirmière Ratched… Basé sur un roman de Ken Kesey (1)(2), Vol au-dessus d’un nid de coucou fait partie de ces films-évènements qui marquent leur époque (ou en sont la traduction directe, au choix…) Le visionner de nouveau, quarante ans après sa sortie, est intéressant. Il montre une belle longévité et reste aujourd’hui généralement tenu en très haute estime. Si la performance d’acteur paraît toujours aussi exceptionnelle, une spectaculaire opposition entre deux personnes, l’impact du film est nécessairement différent : dans les années soixante-dix, il mettait brutalement les spectateurs face à une réalité qu’ils ignoraient, celle des méthodes coercitives des hôpitaux psychiatriques qui entretiennent les troubles plus qu’ils ne les soignent. Aujourd’hui, où le pilonnage de tout ce qui est institutionnel est le quotidien de millions d’internautes, l’effet coup de poing ne peut être le même ; le film est même dans l’air du temps. Mais cela lui enlève-t-il de ses qualités pour autant ? Au-delà de la dénonciation de méthodes répressives, Vol au-dessus d’un nid de coucou pose d’autres questions : la définition de la « folie » (et quelle attitude adopter face à elle) bien entendu, mais aussi il nous met dans la position du patient, pose des questions sur ses attentes : la scène la plus forte (à mes yeux) est celle où Nicholson découvre que la moitié des membres de son groupe sont des internés volontaires. Toutes ces questions restent toutefois sans réponse, le propos restant sur une simple apologie de l’insoumission et une négation de toute forme d’autorité, ce qui est, il faut bien le reconnaître, assez facile. Cette faiblesse est plus évidente avec le recul (mais faut-il nécessairement apporter une réponse pour dénoncer quelque chose ?) La forme du film de Milos Forman est remarquable : il adopte un style très réaliste, donnant presque au film une atmosphère de documentaire ce qui le rend encore plus percutant ; il a d’ailleurs été tourner dans l’enceinte de l’Oregon State Mental Hospital, plusieurs figurants sont de réels patients, le docteur est un vrai docteur. La mise en scène est sobre, la construction est solide ce qui est admirable puisque tout le déroulement, ou presque, se situe à l’intérieur d’un même lieu (3). Fait avec un budget très modéré, Vol au-dessus d’un nid de coucou fut un immense succès dès sa sortie. Il a conservé aujourd’hui toute sa force.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson, Louise Fletcher, Danny DeVito, Brad Dourif, Will Sampson
Voir la fiche du film et la filmographie de Milos Forman sur le site IMDB.

Voir les autres films de Milos Forman chroniqués sur ce blog…

Vol au-dessus d'un nid de coucou
Brad Dourif, Danny DeVito et Jack Nicholson dans Vol au-dessus d’un nid de coucou de Milos Forman.

Remarques :
* Le titre « Vol au-dessus d’un nid de coucou » vient d’une comptine pour enfants et du fait, qu’en anglais, le mot « cuckoo » désigne une personne dérangée, cinglée.

* L’infirmière Ratched est le rôle principal de la carrière de Louise Fletcher, les films tournés ensuite par l’actrice paraissent bien mineurs. L’expression « Nurse Ratched » est, quant à elle, passée en partie dans le langage courant pour désigner quelqu’un de froid et tyrannique.

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L’un des rares sourires de l’infirmière Ratched : Louise Fletcher dans Vol au-dessus d’un nid de coucou de Milos Forman.

(1) L’auteur Ken Kesey a lui-même travaillé dans un hôpital. Dans le roman, c’est Chief Bromden (le colosse d’origine indienne) qui raconte les faits. Ken Kesey était très mécontent du film. Il a même attaqué les producteurs en justice. Dans son roman, l’hôpital psychiatrique est une allégorie de la société dans son ensemble et le fait de prendre un personnage principal symbole des minorités opprimées s’inscrivait dans cette optique. Cet aspect contestataire, contre toute forme d’establishment, a été gommé par Forman.

(2) C’est Kirk Douglas qui a découvert le roman en 1961 et en a acheté les droits pour le tourner lui-même. Il l’a porté brièvement sur les planches en 1963. Mais le projet cinématographique ne s’est jamais fait, Kirk Douglas ne réussissant pas à convaincre studios et producteurs. Devenant trop âgé pour le rôle, il a finalement confié le projet à Milos Forman (Kirk Douglas a envoyé le livre à Milos Forman dès 1965 mais celui-ci ne l’a jamais reçu. Il suppose que les douaniers tchécoslovaques ont confisqué le livre en tant que littérature occidentale subversive. Ce n’est que dix ans plus tard que Michael, le fils de Kirk, le proposera de nouveau à Forman qui a entre-temps émigré aux Etats-Unis.)

(3) Hormis la scène de pêche… une scène que Milos Forman était très réticent à inclure dans son film. Il est vrai qu’elle est assez inutile. C’est plus une récréation pour le spectateur qu’autre chose… elle permet de soulager la tension.

8 mai 2015

Journal de France (2012) de Claudine Nougaret et Raymond Depardon

Journal de FranceA l’occasion de l’achèvement du vaste projet photographique de Raymond Depardon, Journal de France, ce film nous propose une vision sur la carrière de ce cinéaste-photographe qui a couvert de nombreux grands sujets d’actualité de l’histoire du monde de ces cinquante dernières années. Quelques scènes de son récent périple en camping-car dans la France profonde sont entrecoupées par des extraits de ses grands reportages et de ses longs métrages. C’est son épouse, Claudine Nougaret, qui semble avoir été le principal architecte de Journal de France, le film, et elle en assure le commentaire en voix off. L’ensemble peut paraître un peu décousu mais il est intéressant de voir Raymond Depardon travailler avec ses chambres grand format (1). Le film a eu l’avantage de faire connaître son parcours et ses films à certaines personnes qui ne le connaissaient pas mais on peut trouver qu’il aurait mérité une « rétrospective » plus travaillée et aboutie. On ne voit notamment aucun de ses clichés.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Raymond Depardon sur le site imdb.com.

Voir les livres sur Raymond Depardon

(1) Raymond Depardon a commencé sa vaste série sur la France en 2004 (donc, à une époque où la plupart des professionnels considéraient que le numérique resterait longtemps inférieur à l’argentique) et a opté pour deux chambres 20×25 (pouces). Pour garder une unité dans la série, il devait donc terminer son projet avec ce matériel. A noter que l’utilisation de l’argentique s’est arrêté à la prise de vue : les photographies réalisées à la chambre ont ensuite été scannées…

Journal de France
Journal de France de Raymond Depardon et Claudine Nougaret