Les rôles sont inversés. Les hommes font les tâches ménagères tandis que les femmes se comportent comme des mufles… jusqu’à ce que les hommes se révoltent… Les Résultats du féminisme est un film muet français de 7 minutes, réalisé par Alice Guy. S’il n’y a rien de remarquable dans la forme, une série de saynètes filmées en caméra fixe (ce qui est tout à fait habituel pour l’époque), le film est remarquable et étonnant par le fond. Le propos est de dire : « Si les femmes se comportaient envers les hommes comme les hommes se comportent envers les femmes, les hommes se rebelleraient. » Vu ainsi, le propos est clairement féministe. Mais alors quel est le sens du titre ? Est-ce pour se moquer des antiféministes qui prédisaient l’apocalypse (1) ? Ou bien, le titre fut-il choisi par Gaumont ?… Une autre interprétation, plus basique, serait de voir le film une charge contre le féminisme ; ce serait toutefois étonnant de la part d’Alice Guy qui a, elle-même, subi les préjugés envers les femmes. Quoi qu’il en soit, le film est à nos yeux d’aujourd’hui une belle curiosité. Alice Guy a refait le film aux États-Unis en 1912 sous la forme d’une suspense policier, qu’elle a intitulé In the Year 2000 (film perdu). Elle: – Lui :
(1) Présentation en 1912 du remake américain par le journal Moving Picture World : « Un grand nombre de pronostiqueurs nous terrifient souvent avec des visions de ce qui se passera lorsque les femmes dirigeront une Terre où les hommes seront subordonnés et accessoires. C’est une question plutôt délicate à trancher. Aujourd’hui, (…) il est difficile de prédire jusqu’où les femmes s’élèveront. (…) » (lire…)
Dans un futur éloigné, les femmes dominent la société. Un homme au foyer, récemment marié, voit sa femme le tromper tandis qu’il doit subir les avances insistantes d’une autre femme… What’s the World Coming To? est un court métrage muet burlesque réalisé par Richard Wallace et produit par Hal Roach. Parmi les trois auteurs du scénario, on remarque la présence de Stan Laurel (qui n’avait pas encore formé son duo avec Oliver Hardy). Le sujet est assez original pour l’époque puisqu’il s’agit d’inverser les sexes tout en gardant les mêmes stéréotypes : les hommes se comportent selon les clichés et préjugés sur les femmes, ce qui provoquait sans doute l’hilarité à l’époque. En fait, cette inversion n’est que peu exploitée, les gags restent très classiques et paraissent aujourd’hui bien pauvres (j’ai souri deux fois tout de même). On pourra à la rigueur s’amuser de la vision du futur avec ses aéronefs, scènes qui ont un petit parfum Georges Méliès. Clyde Cook est un acteur comique d’origine australienne qui connut un court moment de gloire chez Hal Roach au milieu des années vingt en jouant beaucoup avec ses mimiques faciales et sa moustache. Elle: – Lui :
Le temps d’un voyage en avion, une célèbre actrice de radio se remémore un amour douloureux pendant l’Occupation. Tout en travaillant comme serveuse pour survivre, elle avait caché un de ses collègues-acteurs dont elle était amoureuse et qui était accusé d’avoir tué un collaborateur. Elle est allé jusqu’à accepter de jouer dans un théâtre allemand pour le protéger… L’art d’être aimée est un film polonais écrit par Kazimierz Brandys et réalisé par Wojciech Jerzy Has. Si le film se montre d’abord un peu hermétique, il se révèle de plus en puissant par la suite. C’est une histoire vraiment tragique, sur deux plans, celui d’un grand amour non partagé et celui d’une victime de la guerre, une de ces victimes invisibles non seulement pendant l’Occupation mais aussi à la Libération puisque cette femme se laissera accuser de collaboration pour préserver l’homme qu’elle aime. C’est assez terrible car, de toutes ces souffrances, elle ne retirera rien, sinon des désillusions et des espoirs déçus. L’histoire est très forte. Dans sa forme, si le film ne montre pas la perfection esthétique des films suivants du réalisateur, on ne peut que remarquer certains très beaux plans, dûs à sa façon de placer la caméra. Barbara Krafftówna fait une remarquable prestation. Elle: – Lui :
François est un écrivain réputé sur le point d’intégrer l’Académie française. Il est marié à Rose, une chirurgienne. Mais l’écrivain est rongé par un mal de dos terrible qui le fait souffrir au quotidien et le rend acariâtre. A la suite d’un concours de circonstances, il va croiser le chemin de Martha, une « guérisseuse », qui va parvenir à atténuer miraculeusement la douleur… Des mains en or est une comédie française écrite et réalisée par Isabelle Mergault. L’humour repose sur la rencontre de deux milieux sociaux aux antipodes l’un de l’autre. Sur cette base rebattue, bien peu originale il faut bien l’avouer, la réalisatrice parvient à mettre en place une comédie amusante. Les personnages sont tous (très) caricaturaux mais l’ensemble fonctionne bien grâce à de bons dialogues et un humour bon enfant, sans méchanceté. Rien de très profond, mais Des mains en or est un film plaisant qui met de bonne humeur… Elle: Lui :
La jeune orpheline Dorothy Gale et son chien Toto sont emportés par une tornade jusqu’au pays merveilleux d’Oz. Accueillie par des lutins et une gentille fée, mais menacée par une vilaine sorcière, elle doit partir pour aller demander à un magicien le moyen de rentrer chez elle. En route, elle fait d’étranges rencontres… Le Magicien d’Oz est un film musical américain réalisé par Victor Fleming. Il s’agit de l’adaptation d’un roman de Lyman Frank Baum, paru en 1900, devenu un grand classique de la littérature enfantine dans le monde anglophone (1). Envieuse du succès colossal de Blanche Neige et les sept nains de Walt Disney, la MGM a confié ce grand projet d’adaptation à Melvin LeRoy, qui ne sera que producteur, à son grand dam. Quatorze scénaristes se sont succédé. Pour la réalisation, après les passages éclairs de Richard Thorpe et de George Cukor, c’est Victor Fleming qui le réalisera avant d’aller secourir le tournage d’Autant en emporte le vent, laissant quelques scènes qui seront tournées par King Vidor (2). La séquence d’ouverture dans le monde réel du Kansas est en noir et blanc sépia mais toutes les scènes du pays d’Oz sont en Technicolor flamboyant (la transition est d’ailleurs superbe). Le film comporte des effets spéciaux audacieux pour l’époque (notamment la tornade) et des costumes très élaborés qui furent pénibles et même dangereux pour les acteurs. Méconnu en France (en dehors des cinéphiles), Le Magicien d’Oz est un monument de la civilisation américaine, toutes générations confondues. Du fait de son succès et de ses innombrables passages à la télévision américaine, le film est considéré comme celui qui a été vu par le plus grand nombre de personnes de toute l’histoire du cinéma. Plusieurs de ses répliques sont passées dans le langage courant. La chanson Over the Rainbow (écrite « en une nuit » par Harold Arlen) est sans doute possible la plus connue des chansons de film. Très belle, elle est devenue un hymne pour exprimer aspirations et espoirs (sans parler de l’arc en ciel des homosexuels, à partir des années 70). Les chansons Follow the Yellow Brick Road et We’re off to see the wizard sont, elles aussi, particulièrement célèbres. Le Magicien d’Oz n’est pas à proprement parler un grand film : c’est plutôt un film civilisationnel (américain du moins, car il n’a eu aucun impact en France). En tant que tel, il n’a pas d’équivalent (le plus proche serait peut-être Casablanca, mais ce dernier n’a pas eu la même longévité). Accessoirement, il apporta à Judy Garland le statut de star à 16 ans, mais aussi, hélas, l’addiction aux amphétamines (fournies par le studio pour tenir pendant les longues journées de tournage). Charmant conte pour enfants, le film se regarde toujours avec grand plaisir. Elle: Lui :
(1) Le roman n’est paru en France qu’en 1981. (2) King Vidor a notamment réalisé la scène de la chanson « Over the Rainbow ». Il a refusé que son nom apparaisse au générique, estimant que tout le mérite revenait à Victor Fleming.
Remarques : • Le film est classé au Registre international Mémoire du monde de l’UNESCO (le seul film avec Metropolis). • Le site IMDB liste plus de 5 000 références à Wizard of Oz dans d’autres films ! (sans aucun doute, le record absolu) lire…
Quelques répliques ou expressions passées dans le langage courant : * « Toto, I’ve a feeling we’re not in Kansas anymore ». L’expression « not in Kansas anymore » est passée dans le langage courant pour signifier que l’on n’est plus dans un environnement normal et/ou confortable. * « There’s no place like home ». * « Over the rainbow ». * « Yellow brick road ».
Autres répliques ultra célèbres : * « Ding Dong, the witch is dead » (« Ding dong, la sorcière est morte ! ») * « I’ll get you, my pretty, and your little dog too! » (« Je t’aurai, ma jolie, et ton petit chien aussi ! » ) (dit par la sorcière) * « Lions? And tigers? And bears? Oh, my ! » (« Des lions, des tigres et des ours ?! Oh, mon Dieu ! ») – … etc. Le site IMDB liste 123 répliques ou dialogues célèbres. Lire…
Enfant trouvé, élevé dans le milieu du cirque, Sam Lion a dû faire une reconversion forcée après un accident de trapèze. Il se marie, deux fois, et a un enfant de chacune de ses deux femmes. Il devient aussi chef d’une entreprise prospère mais, la cinquantaine passée, il se lasse de ses responsabilités. Il décide alors de faire croire qu’il est mort en mer à l’occasion d’un tour du monde en voilier… Itinéraire d’un enfant gâté est un film français écrit et réalisé par Claude Lelouch. Il y a presque deux parties dans ce film de plus de deux heures : la première partie est une interminable mise en place où le cinéaste donne l’impression de se faire plaisir, montrant une indéniable virtuosité dans ses plans pour, trois fois hélas, un résultat bien ennuyeux. Mais alors que personnellement je m’apprêtais à abandonner, le film bascule, ou plutôt démarre enfin. L’histoire se révèle alors étoffée, amusante avec même quelques moments de grâce. Pour ce qui sera son dernier grand succès, Jean-Paul Belmondo montre une facette différente de son jeu. Musique de Francis Lai, avec hélas des chansons de Nicole Croisille au-delà des limites du supportable. Elle: – Lui :
L’agent Ethan Hunt est chargé de retrouver l’antidote « Bellerophon » à un virus nommé « la Chimère », tombée aux mains d’un certain Sean Ambrose, un ancien agent MI et collègue d’Ethan. Pour ce faire, il a réussi à rallier à sa cause Nyah, l’ancienne petite amie de Sean… Mission impossible 2 est un film américain réalisé par John Woo. C’est le deuxième opus de la série de films inspirée par la série télévisée Mission impossible créée par Bruce Geller et diffusée dans les années 1960-1970. Le scénario de ce volet est assez banal. Les scènes d’action ont été privilégiées au détriment de son épaisseur. Ces scènes d’action sont bien réalisées, mis à part que John Woo abuse des ralentis pour nous faire admirer la chorégraphie de ses scènes, mais celles-ci manquent franchement de saveur. Elles manquent même de tension car, à aucun moment, on ne tremble pour les personnages. Bizarrement, le film a été bien accueilli par une partie de la critique qui ne louange pas habituellement les blockbusters d’action. Gros succès en termes de recettes sans être vraiment apprécié par le public. Elle: – Lui :
Le britannique Dascom Dinsmore est opérateur radio dans une base isolée du Labrador au nord du Canada et s’ennuie à mourir. Il commence à devenir fou à force de ne pas voir une femme, lorsqu’un aviateur fait un atterrissage d’urgence près de sa base. Dascom découvre qu’il est accompagné d’une jeune femme ravissante, Irene, dont il tombe amoureux instantanément. Il va tout faire pour que cette dernière reste avec lui… Une femme qui tombe du ciel (Petticoat Fever) est un film américain réalisé par George Fitzmaurice. Il s’agit de l’adaptation d’une pièce de l’américain Mark Reed, ce qui est assez perceptible car (presque) tout se déroule dans un seul décor. Cette cabane isolée apporte une touche de nouveauté dans un schéma classique de comédie et l’humour exploite bien son originalité. Les dialogues prennent une coloration d’incongruité et l’ensemble se révèle amusant. Le casting est de bon niveau. Très plaisant. Elle: – Lui :
Michael et Scott sont deux amis toxicomanes contraints de se prostituer pour survivre. Mike est homosexuel et souffre de crises de narcolepsie ; il a l’obsession de retrouver sa mère qui l’a mystérieusement abandonné. Scott est hétérosexuel ; il est le fils du maire de Portland qu’il déteste et qui cherche à lui imposer un avenir tout tracé… My Own Private Idaho (traduction littérale : « Mon Idaho à moi ») est un film américain écrit et réalisé par Gus Van Sant, son troisième long métrage. Il avait cherché en vain à intéresser un producteur plusieurs années auparavant à ce projet de scénario. Il s’est librement inspiré des pièces Henry IV et Henry V de Shakespeare (1) pour écrire cette histoire qui met en scène de jeunes marginaux. Le film n’est pas sans défaut, notamment par l’étirement de certaines scènes et par l’insistance trop évidente du réalisateur à soigner l’esthétique de certains plans, mais il met en scène des personnages forts qui deviennent très émouvants. Les origines Shakespeariennes sont assez perceptibles et le film se regarde comme un grand drame théâtral. Van Sant est servi par l’excellente interprétation de ses deux acteurs principaux, Keanu Reeves et l’enthousiasmant River Phoenix qui aurait certainement fait une très grande carrière s’il n’avait trouvé la mort deux ans plus tard. Elle: – Lui :
Caméo : Gus Van Sant est l’homme au comptoir de l’hôtel.
(1) Scotty (Keanu Reeves) est inspiré du fils du roi Henry IV, futur Henry V, de la pièce Henry IV (Part 1 et Part 2) de Shakespeare et le gros Bob de Falstaff.
Taeko vit avec son époux Jiro et son fils Keita, issu d’un précédent mariage, dans un immeuble près de ses beaux-parents. Keita est champion local du jeu Othello. Tandis qu’elle découvre l’existence d’une ancienne fiancée de son mari, un drame provoque la réapparition du père biologique de Keita… Love Life est un film franco-japonais écrit et réalisé par Kōji Fukada. Son histoire nous montre le dérèglement de l’harmonie d’un couple qui se trouve confronté à un drame et les errements pour le trouver un nouveau chemin, tout en évitant le carcan des rapports familiaux. Comme souvent dans la littérature ou le cinéma japonais, les émotions sont intériorisées et s’expriment avec douceur sans perdre de leur force. L’approche du cinéaste est délicate et subtile. Il n’use d’aucun effet facile pour créer l’émotion. Kōji Fukada insère toujours dans ses histoires un personnage qui réapparaît de façon incongrue et c’est à nouveau le cas ici avec le premier mari de Taeko. En revanche, il n’y a cette fois aucune note fantastique. Love Life est un très beau film, l’un des plus beaux du cinéaste. Elle: Lui :