30 décembre 2018

Le Retour de l’inspecteur Harry (1983) de Clint Eastwood

Titre original : « Sudden Impact »

Sudden Impact - Le retour de l'inspecteur HarryTandis que les juges relâchent les voyous dangereux et les criminels, l’inspecteur Callahan est mis sur la touche : ses supérieurs l’envoient dans une petite ville au nord de San Francisco enquêter sur une affaire jugée de moindre importance…
Sept ans après le dernier opus et à la demande de la Warner, l’inspecteur Harry revient pour nous donner une nouvelle leçon sur la meilleure façon de lutter comme la criminalité. Cette fois, Clint Eastwood signe de son nom la réalisation. Le discours reste le même (le début du film ressemble d’ailleurs vraiment de très près aux débuts des précédents films). Il est même plus radical encore, au point de tomber dans la caricature (supérieurs, juges, politiciens) et la fin ne laisse aucune ambiguïté : nous sommes dans un monde où il faut se faire justice soi-même… Le scénario ne présente pas de grande originalité si ce n’est le fait que le personnage interprété par Sondra Locke est une femme, ce qui conduit certains critiques à déclarer aujourd’hui qu’il s’agit de l’un des films les plus féministes de Clint Eastwood ! Une fois encore, le succès populaire fut énorme.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Clint Eastwood, Sondra Locke, Pat Hingle, Bradford Dillman
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Remarques :
* C’est le film où Eastwood prononce sa célébrissime phrase : « Go ahead, make my day ».
* Quand Clint Eastwood a fait campagne en 1986 pour se faire élire maire de la petite ville de Carmel-by-the-Sea (4000 habitants, 150 km au sud de San Francisco), il a utilisé comme slogan « Go ahead, make me mayor ». Il a été élu.

Sudden impact
Clint Eastwood (« Go ahead, make my day ») dans Sudden Impact – Le retour de l’inspecteur Harry de Clint Eastwood.

29 décembre 2018

L’inspecteur ne renonce jamais (1976) de James Fargo

Titre original : « The Enforcer »

L'inspecteur ne renonce jamaisL’inspecteur Callahan est muté au service du personnel à la suite d’une intervention jugée trop musclée lors d’une prise d’otages. Pendant ce temps, un groupe de terroristes fait une irruption sanglante dans un dépôt d’armes et de munitions en vue d’un gros coup…
Produit par Clint Eastwood et dirigé par l’un de ses anciens assistants, The Enforcer est le troisième film de la série de L’inspecteur Harry. Le scénario ne brille pas par son originalité, c’est à nouveau une histoire d’enlèvement. Le plus amusant est de voir comment Clint Eastwood cherche, une fois encore, à prendre ses détracteurs à contre-pied. Pour ne pas être accusé de racisme, les méchants sont des blancs aux yeux bleus et les noirs collaborent volontiers avec la police. Pour ne pas être accusé de machisme, sa nouvelle équipière est une femme qui se révèlera être une grande coéquipière et lui apprendra beaucoup. En revanche, il ne fait rien pour contrer son image de réactionnaire  : le fond du propos reste le même, une charge sévère et primaire contre les libéraux de tous poils qui veulent moderniser la police mais sont bien incapables de tenir tête aux criminels. La seule méthode efficace selon Clint Eastwood est de sortir son colt et plus il est gros,  « plus on a de chances de toucher sa cible ». Une fois encore, le succès populaire fut énorme.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Clint Eastwood, Tyne Daly, Harry Guardino, Bradford Dillman
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Remarques :
* Lorsqu’il lui fut reproché d’avoir plagié le titre The Enforcer du film de Raoul Walsh (1951) avec Humphrey Bogart, Clint Eastwood a répondu que c’était un hommage… A noter le mot « enforcer » est un mot inventé (à partir du verbe « to enforce » qui signifie « faire respecter quelque chose », en l’occurrence la loi). A noter aussi que les deux films sont chez la Warner ce qui a facilité cette appropriation.

* Le film fait mention par deux fois d’un plasticage en France de la centrale nucléaire de Fessenheim qui aurait eu lieu l’année précédente. A noter que le premier réacteur de la centrale ne sera mis en service qu’en 1977, soit bien après la sortie du film.

L'inspecteur ne renonce jamais
Clint Eastwood et Tyne Daly (lors d’une scène d’autopsie) dans L’inspecteur ne renonce jamais de James Fargo.

28 décembre 2018

Magnum Force (1973) de Ted Post

Magnum ForceSan Francisco est secoué par une série d’exécutions punitives de truands notoires. Le supérieur de l’inspecteur Callahan l’écarte de l’enquête car il lui reproche ses méthodes trop violentes lors des arrestations…
Après la polémique engendrée par le précédent film, l’inspecteur Harry revient sur les écrans pour prendre à contre-pied ses opposants : puisque ceux-ci lui reprochaient sa pratique d’une justice expéditive, le scénario de Magnum Force le fait combattre des policiers pratiquant une justice expéditive ! Et, lorsque ces derniers cherchent à l’enrôler, il leur répond « je crois que vous vous êtes trompés sur mon compte », une réponse qui s’adresse également à tous ses détracteurs. De plus, pour écarter toute accusation de racisme, le nouvel équipier de l’inspecteur est noir (le précédent était déjà mexicain mais cela n’avait pas suffi…) Bien qu’il soit signé par John Milius et Michael Cimino, le scénario en lui-même n’est pas passionnant, on comprend rapidement ce qui se trame et il n’y a que peu de tension. En revanche, le nombre de morts augmente nettement et le film distille une certaine fascination pour la violence que l’on est en droit de trouver malsaine. Le succès populaire fut, une fois encore, énorme.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Clint Eastwood, Hal Holbrook, Mitchell Ryan, David Soul, Tim Matheson, Felton Perry
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Magnum Force
Clint Eastwood dans Magnum Force de Ted Post.

27 décembre 2018

L’inspecteur Harry (1971) de Don Siegel

Titre original : « Dirty Harry »

L'inspecteur HarryA San Francisco, un tueur fou menace de tuer une personne par jour si une grosse somme d’argent ne lui est pas immédiatement versée. La municipalité s’apprête à céder au chantage mais l’inspecteur Harry Callahan décide de traquer le maniaque…
Plus que tout autre, L’inspecteur Harry est le film qui a collé de façon durable la réputation de « réactionnaire » à Clint Eastwood. Il faut avouer que le message porté par le film est clair : puisque la justice relâche les criminels, rien ne vaut un 44 Magnum  pour faire régner la Loi. Il y a là une façon de simplifier le propos par un manichéisme extrême qui le rapproche des films de propagande et, si l’on veut poursuivre en ce sens, il faut noter que le film a été tourné sous Nixon et constitue une charge contre les libéraux (le maire de San Francisco, à cette époque, était démocrate). Aujourd’hui, le vent a tourné, Clint Eastwood est revenu en odeur de sainteté grâce à ses talents de réalisateur, et la grande majorité des critiques s’accordent à présenter l’inspecteur Harry, non plus comme le porteur d’une justice primitive et impulsive, mais comme un rebelle, un « anti-système » en quelque sorte! Hum… Sur la forme, la construction est assez classique et n’a rien de remarquable mais la tension est bien gérée dans toute la scène du sac jaune. L’image est souvent très sombre, masquant ainsi des portions entières ce qui contribue à créer une atmosphère forte et anxiogène. La réalisation est très efficace pour nous faire accepter la violence. Le succès populaire fut énorme.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Clint Eastwood, Reni Santoni, Andrew Robinson, John Larch
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Remarque :
* La charge contre Clint Eastwood est partie de la critique de Pauline Kael, critique influente du New Yorker aux positions souvent tranchées. Son texte ne vise pas Eastwood lui-même mais le film qu’elle qualifie de « profondément immoral ». La phrase qui a fait couler beaucoup d’encre est celle-ci : L’inspecteur Harry « est un film de genre, mais ce genre du film action a toujours recélé un potentiel fasciste qui a fini par faire surface ». Cette remarque générale sur la justification de la violence au cinéma est assez juste.
Pour lire la chronique de Pauline Kael in extenso…

Dirty Harry
Célébrissime image de Clint Eastwood avec son 44 Magnum (« l’arme de poing la plus puissante du monde ») dans L’inspecteur Harry de Don Siegel.

Dirty Harry
Photo de tournage de L’inspecteur Harry de Don Siegel.

26 décembre 2018

Le Quatrième Homme (1952) de Phil Karlson

Titre original : « Kansas City Confidential »
Autre titre (UK) : « The Secret Four »

Le Quatrième hommeA Kansas City, un homme planifie de braquer un fourgon blindé transportant un million de dollars. Pour ce faire, il recrute d’une façon plutôt inhabituelle trois acolytes. Le braquage réussit et un chauffeur-livreur qui a déjà eu des ennuis avec la justice se retrouve accusé à tort…
Mal connu et surtout mal-aimé en Europe, Phil Karlson a signé de nombreux films noirs de série B. Kansas City Confidential fait partie de ses tout meilleurs. Le scénario est particulièrement ingénieux et suffisamment original pour inspirer d’autres cinéastes (évitez de lire trop de commentaires sur ce film avant de le voir, moins vous en saurez et mieux ce sera). Il a une façon très inhabituelle de renverser les rôles. La mise en place est très dynamique et toute la première moitié du film est vraiment remarquable. Le déroulement ralentit quelque peu ensuite mais réserve tout de même quelques surprises. Kansas City Confidential est jugé souvent trop sévèrement du fait de cet essoufflement. Ses atouts d’originalité sont pourtant indéniables et ils le rendent assez remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Payne, Coleen Gray, Preston Foster, Neville Brand, Lee Van Cleef
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Remarques :
* Le scénario a fortement inspiré celui de L’Affaire Thomas Crown (The Thomas Crown Affair) de Norman Jewison (1968) avec Faye Dunaway et Steve McQueen. Il a aussi inspiré Tarantino pour son Reservoir Dogs.

* Le succès de Kansas City Confidential a engendré une série de films avec « confidential » dans le titre : New York Confidential (1955), Chicago Confidential (1957), and Hong Kong Confidential (1958).

* Le film est aujourd’hui tombé dans le domaine public.

Kansas City Confidential
John Payne et Lee Van Cleef dans Le Quatrième homme de Phil Karlson.

Homonyme en français (mais sans autres liens que le titre):
Le Quatrième homme (De vierde man), film néerlandais de Paul Verhoeven (1983)

25 décembre 2018

Les Saisons (2015) de Jacques Perrin

Les saisonsLe titre est un peu trompeur, il n’est pas vraiment question de saisons. En réalité, Jacques Perrin et Jacques Cluzaud nous convient à un voyage à travers le temps pour découvrir comment la place des animaux dans nos contrées européennes a évolué depuis le dernier âge glaciaire jusqu’à nos jours. Une fois encore, leurs images sont superbes et étonnantes grâce à la technique de l’imprégnation qui permet d’habituer l’animal à la proximité de l’homme. Nous sommes ainsi placés au plus près des animaux, des plus gros aux plus petits. On est charmé par la beauté des images, émerveillés par ces visions. Bien entendu, Jacques Perrin clôt ce nouvel opus en soulignant que l’homme doit savoir laisser une place suffisante à cette faune qui fait la richesse de notre planète.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
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Les Saisons
Les saisons de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud.

24 décembre 2018

Les Animaux fantastiques (2016) de David Yates

Titre original : « Fantastic Beasts and Where to Find Them »

Les animaux fantastiques1926. Le magizoologiste britannique Norbert Dragonneau (Newt Scamander en v.o.) arrive à New York avec plusieurs de ses créatures magiques dans sa valise. L’une d’entre elles s’échappe dès son arrivée et, en voulant la récupérer, Norbert échange malencontreusement sa valise avec celle de Jacob Kowalski, un simple boulanger venu s’établir à New York…
Le scénario de Les Animaux fantastiques est le premier écrit par la romancière J. K. Rowling, auteur des aventures de Harry Potter. Il s’agit du premier volet d’une nouvelle série qui devrait en compter cinq et dont les évènements se déroulent quelque 65 ans avant ceux du premier Harry Potter. L’atmosphère est très prenante et on entre avec délices dans ce monde de magiciens qui ne cesse de nous surprendre. Les créatures sont originales, les effets spéciaux assez époustouflants. Le personnage principal, le jeune Norbert, est vraiment étonnant car il est plutôt mal à l’aise dans ses rapports avec les humains, regarde rarement en face de lui, ne drague pas ses acolytes féminins et semble n’être en phase qu’avec ses créatures animales au contact desquelles il s’humanise. Malgré cela, il a une grande présence à l’écran et sa gaucherie apparente a probablement dû faciliter l’identification de nombreux adolescents au personnage. David Yates nous a concocté un grand spectacle, de ceux qui nous émerveillent.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Eddie Redmayne, Katherine Waterston, Dan Fogler, Colin Farrell, Alison Sudol, Jon Voight
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Les animaux fantastiques
Eddie Redmayne dans Les animaux fantastiques de David Yates.

Les animaux fantastiques
Katherine Waterston et Eddie Redmayne dans Les animaux fantastiques de David Yates.

22 décembre 2018

Ave, César! (2016) de Joel Coen et Ethan Coen

Titre original : « Hail, Caesar! »

Ave, César!Hollywood 1951. Eddie Mannix est à la tête de la production du grand studio Capitol Pictures et remplit également le rôle de « fixeur » : régler les problèmes pour éviter tout comportement scandaleux de ses vedettes, qui seraient immanquablement relayés par la presse à potins…
Pour les frères Coen, Ave, César! est un projet qui remonte à 2004 et qui devait se dérouler initialement dans les années vingt. C’est un hommage à la période classique d’Hollywood accompagné d’une réflexion sur la création de l’image et du  rêve. Leur angle d’attaque part de l’envers du décor, la nécessité de fournir une image publique lisse et ne laisser aucune prise à la presse à scandales. Ils jouent également avec beaucoup d’humour sur le décalage entre l’image fabriquée et le réel, notamment en ce qui concerne les acteurs qui sont parfois de parfaits idiots. L’humour est constant, élégant et subtil. Le film est un vrai régal pour le cinéphile. L’image est superbe et la mise en scène parfaite. Ave, César! n’a reçu qu’un accueil mitigé, n’étant pas une « satire assez mordante » aux yeux de certains. En fait, ce n’est pas une satire, ou bien, ce n’est pas qu’une satire…
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Josh Brolin, George Clooney, Alden Ehrenreich, Ralph Fiennes, Scarlett Johansson, Tilda Swinton, Channing Tatum, Frances McDormand, Jonah Hill
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Ave César
Scarlett Johansson et Josh Brolin dans Ave, César! de Ethan et Joel Coen.

Ave César
George Clooney dans Ave, César! de Ethan et Joel Coen.

Remarques :
Slate a recherché les sources d’inspiration pour les différents personnages : lire…
En voici les principaux éléments :

1) Eddie Mannix (1891-1963) a vraiment existé, il fut fixeur de la MGM et s’aida d’Howard Strickling, directeur de la publicité du studio.

2) Baird Whitlock (George Clooney) est fictif mais le film Ave César: une histoire du Christ rappelle fortement Ben-Hur (1925 et 1959). Les rumeurs sur son rôle dans L’Envol des grands aigles font penser à Robert Taylor, star de Quo Vadis (1951).

3) Hobie Doyle (Alden Ehrenreich ) peut évoquer plusieurs acteurs : Ken Maynard, Lash LaRue mais l’erreur de casting qui le fait jouer dans un drame de la haute société évoque Tim Holt qui joua dans La Splendeur des Amberson de Welles.

4) Sa compagne d’un soir, Carlotta Valdez, fait penser à Carmen Miranda (à cause des bananes).

5) Les jumelles journalistes évoquent Hedda Hopper et Louella Parsons qui n’était pas sœurs jumelles mais ont été longtemps rivales pour diffuser les potins et ragots d’Hollywood.

6) DeeAnna Moran (Scarlett Johansson) fait immanquablement penser à Esther Williams, le ballet aquatique est presque l’exacte réplique de celui de La Première Sirène (Million Dollar Marmaid) de Mervyn LeRoy (1952). L’intrigue de la grossesse hors-mariage remonte à plus loin : Barbara La Marr en 1923 et Loretta Young en 1937.

7) Burt Gurney s’inspire de Gene Kelly dont la chorégraphie de danse en tenue de marin fut utilisée dans Un jour à New York et Escale à Hollywood.

+ quelques autres mentions plus mineures… dont des rapprochements hasardeux à propos du groupe de communistes. Les personnages sont très caricaturaux (sans parler du chien qui s’appelle Engels) et, vraisemblablement, il s’agit plutôt d’un trait d’humour : les frères Coen mettent en scène un groupe de communistes tels que les voyait ou les imaginait la Commission chargée des activités anti-américaines (HUAC). La scène du sous-marin vient renforcer cette impression.

20 décembre 2018

Bully (2001) de Larry Clark

BullyDans une petite ville de Floride, un petit groupe d’adolescents s’occupe pendant l’été entre plage, drogue et sexe. Bobby et Marty sont amis depuis toujours mais leur relation est marqué par la domination, les humiliations et violences de Bobby sur Marty …
Bully (« to bully » en anglais = brutaliser) est basé sur un fait divers, le meurtre de Bobby Kent survenu en juillet 1993. Comment sept adolescents, plutôt oisifs et aisés, peuvent-ils décider de tuer un huitième et passer à l’acte sans l’ombre d’un remords ? Le film de Larry Clark ne répond pas vraiment à la question si ce n’est qu’il met en relief l’omniprésence de la drogue. Le cinéaste porte un regard plutôt bienveillant sur ces adolescents, on le sent en empathie avec eux et dresse un portrait très noir de la victime comme s’il voulait nous prouvait qu’il méritait son sort. Ils filment les corps de très près mais reste en surface, sans chercher à ce qui passe réellement dans leurs têtes. Son film est néanmoins troublant, un peu terrifiant, le jeu particulièrement naturel des acteurs participant à créer ce trouble.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Brad Renfro, Bijou Phillips, Rachel Miner, Nick Stahl, Michael Pitt, Leo Fitzpatrick, Kelli Garner, Daniel Franzese
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Bully
Rachel Miner, Bijou Phillips, Kelli Garner et Daniel Franzese dans Bully de Larry Clark.

19 décembre 2018

Une vie difficile (1961) de Dino Risi

Titre original : « Una vita difficile »

Une vie difficilePendant la Seconde Guerre mondiale, Silvio rédige un journal clandestin. Traqué par les allemands, il est sauvé par une jeune femme qui le cache dans un vieux moulin. Il lui fait des promesses mais finit par rejoindre le maquis. Bien après la Libération, il retourne dans le village où il l’avait rencontré…
Une vie difficile fait partie des films les plus remarquables de Dino Risi, ceux qui montrent le plus son extraordinaire capacité à mêler un propos très sérieux avec la comédie de divertissement (1). Le cinéaste nous raconte l’évolution de la société italienne en suivant un journaliste communiste un peu dilettante. Il englobe tous les problèmes de l’Italie des années cinquante et utilise même quelques images d’archives pour les grands moments historiques. Son héros est un idéaliste qui voit sombrer ses illusions et forcé de faire des « compromis ». La forme est classique, avec beaucoup de plans larges pour mieux nous concentrer sur les dialogues et le contenu en général. Alberto Sordi est époustouflant dans ce rôle, inspirant toute une foule de sentiments parfois opposés. Lea Massari sait donner de l’épaisseur à son personnage. Tout l’art de la comédie italienne, ce qui la rend absolument unique est dans Une vie difficile, drôle et grave à la fois.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Lea Massari, Franco Fabrizi
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(1) S’il n’y avait qu’un exemple à donner de ce subtil mélange, ce serait bien entendu la scène du dîner chez les royalistes le soir du référendum.

Une vie difficile
Lea Massari et Alberto Sordi dans Une vie difficile de Dino Risi.

Remarques :
* L’idée de départ a germé chez Risi en voyant Cavalvade de Frank Lloyd (1933), film dramatique américain oscarisé qui retraçait le parcours de deux familles anglaises de 1899 à 1933.
* Le happy-end de fin (la gifle) fut probablement imposé à Risi car le scénario se terminait de façon plus pessimiste : Silvio ne réagissait pas.
* Alessandro Blasetti fait une courte apparition dans son propre rôle mais il n’a pas tourné de peplum en 1961. Il s’agit très probablement du tournage de Barrabas de Richard Fleisher avec effectivement Silvana Mangano et Vittorio Gassman.