2 juillet 2012

L’homme qui voulut être roi (1975) de John Huston

Titre original : « The man who would be king »

L'homme qui voulut être roiAux alentours de 1880, en Inde, deux ex-soldats de l’armée britannique décident de se rendre au Kafiristan, petit pays voisin mais isolé par de hautes montagnes où aucun européen n’a mis les pieds depuis Alexandre le Grand. Leur but est de prendre possession du pays et de s’y faire sacrer roi… Grand lecteur de Kipling depuis l’enfance, John Huston avait déjà en projet dans les années cinquante d’adapter la courte nouvelle L’homme qui voulut être roi ; les deux rôles principaux allaient être tenus par Clark Gable et Humphrey Bogart. Le décès de ce dernier mis fin au projet et ce n’est que vingt ans plus tard qu’il pourra le concrétiser. John Huston enrichit la nouvelle qui, tout en étant un grand film d’aventures, garde toute sa dimension philosophique sur l’attrait du pouvoir et de la richesse opposé à des sentiments plus nobles d’honneur, d’idéalisme et de loyauté dans l’amitié. Les images sont superbes (le film a été tourné entièrement au Maroc) et Michael Caine et Sean Connery forment un duo parfait, très britannique, les deux acteurs s’étant parfaitement entendus sur le tournage. L’homme qui voulut être roi est un film d’une belle ampleur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sean Connery, Michael Caine, Christopher Plummer
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Remarques :
* Le Kafiristan est aujourd’hui le Nouristan, une province au nord-ouest de l’Afghanistan.
* L’actrice qui interprète Roxanne est la propre femme de Michael Caine, d’origine indienne.

25 juin 2012

Stalker (1979) de Andreï Tarkovski

StalkerA la suite d’un mini-cataclysme créé, pense-t-on, par la chute d’un météorite, une région est déclarée zone interdite, gardée par les autorités. Seuls quelques passeurs, les stalkers, parviennent à entrer. L’un deux accepte d’emmener un écrivain et un physicien à la recherche d’un lieu mythique, la Chambre, où chacun peut voir ses désirs exaucés… Adaptation assez libre d’un roman des frères Strougatski, écrivains russes de science-fiction assez kafkaïenne, Stalker est un film à nul autre pareil. Dans cette longue et austère quête, Tarkovski oppose constamment la Foi et la Raison. Le stalker représente la Foi, le physicien la Raison, l’écrivain se situant un peu entre les deux dans une démarche de recherche artistique. Tarkovski oppose aussi la Russie (et non l’U.R.S.S.) et l’Occident. La Zone est un endroit de recherche spirituelle, où la nature et les humbles reprennent leurs droits. Bien qu’assez dépouillée, l’image est très travaillée. Avec peu de moyens, Tarkovski parvient à créer des lieux assez uniques, comme cette vaste salle aux petits monticules de sable. Stalker est un film assez marquant, il possède une dimension métaphysique qui le rend atemporel.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alisa Freyndlikh, Aleksandr Kaydanovskiy, Anatoliy Solonitsyn, Nikolay Grinko
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Stalker

11 juin 2012

Taking Off (1971) de Milos Forman

Taking OffUne adolescente participe à une audition et ne rentre pas chez elle. Ses parents la recherchent et tentent de comprendre… Taking Off est le premier film américain de Milos Forman. Il en a écrit le scénario avec Jean-Claude Carrière, c’est donc une vision assez européenne qu’il nous donne ici de la civilisation américaine en proie à un fort conflit de générations. Il a choisi le registre de l’humour, le film étant presque une série de saynètes, hélas assez inégales. Le regard est surtout porté sur les parents, coincés et maladroits, totalement déstabilisés par les fugues de leurs enfants mais qui ne demandent qu’à se laisser aussi happer par cette vague d’émancipation et d’apparente liberté. Taking Off a le défaut de rester en surface de tout cela pour simplement jouer sur le burlesque. La meilleure scène est celle du cours très formel donné (par Vincent Schiavelli) à un groupe de parents guindés pour leur apprendre à fumer un joint (dans le but de mieux comprendre leurs enfants). C’est un grand moment! En revanche, les scènes d’audition sont particulièrement longues et pénibles. A noter, une apparition de Ike & Tina Turner sur scène.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Lynn Carlin, Buck Henry, Georgia Engel, Audra Lindley, Paul Benedict, Vincent Schiavelli
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4 juin 2012

Fat City (1972) de John Huston

Titre français parfois utilisé : « La dernière chance »

La dernière chanceUn boxeur déchu aimerait reprendre l’entrainement et les combats. De son côté, un jeune boxeur tente de percer et de démarrer une carrière… John Huston, qui a pratiqué la boxe quand il était jeune, a toujours désiré tourner un film sur la boxe, un film qui montre le vrai visage de ce sport et de ceux qui le pratiquent. Les films sur la boxe montraient les succès mais ceux qui réussissent sont très peu nombreux. L’immense majorité est composée de ceux qui nourrissent l’espoir de percer mais qui sont condamnés à des petits combats de troisième zone et ont souvent une vie sordide. C’est cette face que John Huston nous montre dans Fat City, avec un réalisme et une authenticité qui donne un côté presque documentaire à son film. Il a puisé largement dans ses souvenirs personnels pour ses personnages et, en dehors des rôles de premier plan, il a utilisé des acteurs non professionnels. Fat City a une certaine force émotionnelle qui lui donne toute sa puissance. Le film fut bien accueilli par la critique mais le public le bouda, le jugeant certainement un peu trop déprimant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stacy Keach, Jeff Bridges, Susan Tyrrell, Candy Clark
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Remarque :
En argot américain, « he is in Fat City » signifie « ça marche terrible pour lui ».

14 mai 2012

La grande bouffe (1973) de Marco Ferreri

La grande bouffeUn cuisinier, un producteur de radio, un pilote de ligne et un juge se réunissent dans une villa bourgeoise pour, ce qu’ils appellent, un « week-end gastronomique »… La grande bouffe fait partie de ces films qui firent grand scandale à sa sortie. Cette fuite en avant vers la jouissance est une parabole sur notre société de consommation, société de l’abondance. Marco Ferreri a choisi la forme la plus provocante qui soit, montrant des scènes de sexe de façon très crue et directe (les quatre amis invitent trois prostituées et une institutrice) et surtout une perte totale des valeurs bourgeoises. Les personnages gardent le prénom des acteurs (par exemple le personnage joué par Michel Piccoli s’appelle Michel) ce qui accentue le réalisme et la force du propos. Bien entendu, le propos est toujours actuel puisque cette société de consommation, ici dénoncée, est la nôtre aujourd’hui. La recherche de la simple jouissance et de l’abondance mène-t-elle inéluctablement vers la mort ?
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Michel Piccoli, Philippe Noiret, Ugo Tognazzi, Andréa Ferréol
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Remarques :
* Le vieux gardien de la maison est interprété par Henri Piccoli, le père de Michel Piccoli. Sa fille dans le film est Cordelia Piccoli, sa fille dans la vraie vie.
* Les dialogues sont signés par Francis Blanche.
* A noter, une belle parodie de Marlon Brando par Ugo Tognazzi (le film Le Parrain était sorti peu avant) et Mastroianni parodie un certain leader d’extrême-droite français (qui venait de fonder le FN) lorsqu’il se met un slip sur l’oeil en guise de bandeau.

10 mai 2012

Les proies (1971) de Don Siegel

Titre original : « The beguiled »

Les proiesPendant la guerre de Sécession, un soldat nordiste gravement blessé est recueilli et soigné dans une petite institution de jeunes filles du Sud. Il y a là une directrice, une jeune enseignante, une esclave noire et six élèves de 11 à 17 ans… Adapté d’un roman de Thomas Cullinan, Les proies est un film assez étonnant qui bouscule plutôt l’ordre établi. L’histoire va assez loin sur le thème de l’homme pris dans au piège dans une petite société régie uniquement par des femmes. Ce microcosme est une véritable petite société avec une structure hiérarchique marquée et peu de contacts avec l’extérieur (qui est le plus souvent synonyme de dangers et nécessite la défense). Par son irruption, l’homme déclenche, en partie à son insu, une foule de sentiments variés au sein de ce microcosme, des réactions dont il pense pouvoir tirer profit mais qui vont devenir incontrôlables. Le film est intelligemment construit. Une scène est un peu dure, bien inutilement d’ailleurs. Les proies mit en relief les talents d’acteurs de Clint Eastwood, montrant qu’il pouvait interpréter des rôles plus complexes.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Clint Eastwood, Geraldine Page, Elizabeth Hartman
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Remake :
Les Proies (The Beguiled) par Sofia Coppola (2017) avec Nicole Kidman et Colin Farrell

27 avril 2012

L’acrobate (1976) de Jean-Daniel Pollet

L'acrobateLéon est garçon de bains-douches. Il est timide, maladroit avec les femmes, on se moque de lui, il s’ennuie. Il va développer une véritable passion pour le tango… L’acrobate est le troisième film de Jean-Daniel Pollet avec Claude Melki. Tous deux travaillent, une fois de plus, en parfaite alliance. Claude Melki a même commencé à prendre des leçons de tango un an avant le tournage alors que Jean-Daniel Pollet et Jacques Lourcelles n’en avaient pas encore écrit une ligne. Nous retrouvons donc Léon, le personnage rencontré dans l’Amour c’est gai, l’amour c’est triste (1971) mais, cette fois, il trouvera une certaine rédemption, par la pratique et la maitrise d’une discipline, le tango. Le film a un petit côté documentaire mais c’est grâce à Claude Melki qu’il trouve toutes ses nuances et sa richesse. Son côté clown triste le rend une fois encore très attachant et il montre une souplesse et une grâce étonnante dans ses mouvements. L’acrobate est à la fois gai et triste : humour et mélancolie sont ici harmonieusement mêlés. C’est un film subtil et original.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Claude Melki, Laurence Bru, Micheline Dax, Edith Scob, Guy Marchand
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Homonyme :
L’acrobate de Jean Boyer (1941) avec Fernandel

24 avril 2012

La lettre du Kremlin (1970) de John Huston

Titre original : « The Kremlin letter »

La lettre du KremlinUn ex-officier de l’armée est recruté pour diriger une action d’espionnage : il s’agit d’aller à Moscou récupérer une lettre compromettante à la fois pour les américains et les russes… La décennie des années soixante a vu fleurir au cinéma le genre des films d’espionnage faciles et divertissants, James Bond en tête. Avec La lettre du Kremlin, John Huston prend le contrepied de cette image et cela explique en grande partie l’échec commercial du film : loin d’être affriolant, l’univers de l’espionnage qu’il nous dépeint est celui des coups bas, des traitrises, de l’exploitation sans scrupule des faiblesses de l’autre, et pire encore. Un portrait, froid et dur certes, mais certainement plus proche de la réalité. Tous ses personnages n’ont aucun sens moral, ce sont des mercenaires qui peuvent même changer facilement de camp. C’est un film sans héros. L’histoire, adaptée d’un roman de Noel Behn, est complexe, tortueuse même. John Huston filme de façon simple et directe, sans tape à l’œil ni morceau de bravoure. Les personnages ont des particularités très marquées, souvent surprenantes… Le casting, assez international, est de haute volée et, assez logiquement, l’interprétation est remarquable. La lettre du Kremlin est un beau film, une vision sur le monde de l’espionnage (et peut-être sur le monde tout court…)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Patrick O’Neal, Bibi Andersson, George Sanders, Max von Sydow, Orson Welles, Richard Boone, Nigel Green, Barbara Parkins
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Remarques :
John Huston fait une apparition dans un petit rôle, celui de l’amiral au début du film.

14 avril 2012

Un cadavre au dessert (1976) de Robert Moore

Titre original : « Murder by death »

Un cadavre au dessertUn millionnaire invite les cinq plus grands détectives à un diner dans son manoir avec pour but de les ridiculiser : il les met à l’épreuve de résoudre un meurtre qu’il leur annonce à l’avance… Un cadavre au dessert est un film parodique et comique écrit par Neil Simon. Les cinq invités parodient chacun un grand détective de romans policiers (1) et le film bénéficie d’une très belle distribution. Les effets comiques sont nombreux, que ce soit dans les dialogues ou dans les situations. L’humour fonctionne parfaitement. Un cadavre au dessert nous fait passer un bon moment.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alec Guinness, Elsa Lanchester, David Niven, Peter Sellers, Peter Falk, Maggie Smith, Eileen Brennan, Truman Capote, James Coco
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(1) Personnages parodiés :
* Le personnage de Dick Charleston (David Niven) est inspiré de Nick Charles de la série des Thin Man (Myrna Loy a même été contactée pour jouer sa femme mais elle a refusé).
* Le personnage de Sam Diamond (Peter Falk) est inspiré de Sam Spade, le détective des romans de Dashiell Hammett (et non pas Colombo !!)
* Le personnage de Milo Perrier (James Coco) est inspiré d’Hercule Poirot
* Le personnage de Jessica Marbles (Elsa Lanchester) est inspiré de Miss Marple des romans d’Agatha Christie
* Le personnage de Sidney Wang (Peter Sellers) est inspiré de Charlie Chan des romans d’Earl Derr Biggers.

11 avril 2012

Zardoz (1974) de John Boorman

Titre original : « Zardoz »

ZardozDans un futur lointain, après un holocauste nucléaire, la terre est partagée en deux zones : les Terres extérieures (Outlands) et le Vortex, séparés par un champ de force. Dans le Vortex vivent un petit nombre d’immortels qui maintiennent la population des Terres extérieures à un bas niveau en armant un petit groupe de tueurs, les Exterminateurs. Ceux-ci sont persuadés d’œuvrer pour la divinité Zardoz, un gigantesque masque humain flottant dans l’air. L’un d’entre eux, Zed, réussit à pénétrer dans ce masque et à s’introduire dans le Vortex, chez les Immortels… Après l’abandon de son projet d’adaptation du Seigneur des Anneaux, John Boorman met sur pied Zardoz dont il a écrit le scénario. A mi-chemin entre le film de science-fiction et le conte philosophique, Zardoz est un film assez unique en son genre. L’histoire est assez élaborée, même si les points fondamentaux soulevés ne sont pas nouveaux, mais, hélas, elle comporte aussi de grandes zones un peu brumeuses. Boorman ajoute une dose de mysticisme qui, si elle colle bien à son époque, parait un peu désuète aujourd’hui. Il reste un certain onirisme plaisant et l’ensemble sait éveiller notre intérêt. L’image est assez belle, le film fut tourné en Irlande, et de nombreuses scènes font l’objet d’effets visuels psychédéliques, eux aussi tout à fait dans l’époque des années soixante dix. Le film n’est pas dénué d’humour, ne serait-ce que ce clin d’œil au livre de Frank Baum The Wizard of Oz (Le magicien d’Oz) pour expliquer le titre. Original et unique, Zardoz a un certain charme qui lui permet de résister au temps.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sean Connery, Charlotte Rampling, Sara Kestelman, John Alderton
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