14 février 2017

Le Chien des Baskerville (1959) de Terence Fisher

Titre original : « The Hound of the Baskervilles »

Le Chien des BaskervilleEn l’an 1790, Sir Hugo Baskerville, un aristocrate cruel, est attaqué par un énorme chien alors qu’il vient de poignarder une paysanne sur la lande. De là naît la légende du chien des Baskerville. Plusieurs décennies plus tard, Charles Baskerville meurt sur la lande dans des circonstances mystérieuses. Son neveu, Sir Henry hérite du domaine familial. Le détective Sherlock Holmes est contacté pour veiller sur lui… Le Chien des Baskerville de Terence Fisher est la deuxième grande adaptation du célèbre roman de Conan Doyle. Cette version prend quelques libertés par rapport au roman, sans le dénaturer toutefois. Le film étant issu des studios Hammer, on peut s’attendre à ce que le côté terrifiant soit développé mais il n’en est rien. Même l’apparition de la bête ne fait pas frémir. Le film est plutôt remarquable par son atmosphère, vraiment inquiétante, due à la précision du scénario, au jeu des acteurs et à leur forte présence. Le film joue beaucoup plus sur les nuances que sur le démonstratif. C’est sans doute pour cette raison que le film a plutôt déçu les amateurs des films de la Hammer et les suites prévues ne furent pas mises en chantier. Aujourd’hui, il est mieux considéré. A juste titre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Peter Cushing, André Morell, Christopher Lee, John Le Mesurier
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Le Chien des Baskerville
André Morell (Watson) et Peter Cushing (Sherlock Holmes) dans Le Chien des Baskerville de Terence Fisher.

Le Chien des Baskerville
Peter Cushing (Sherlock Holmes) et Christopher Lee (Sir Henry Baskerville) dans Le Chien des Baskerville de Terence Fisher.

Les plus grandes adaptations du roman à l’écran :
1. Le Chien des Baskerville (The Hound of the Baskervilles) de Sidney Lanfield (USA 1939) avec Basil Rathbone, Nigel Bruce et Richard Greene
2. Le Chien des Baskerville (The Hound of the Baskervilles) de Terence Fisher (UK 1959) avec Peter Cushing et Christopher Lee
3. Priklyucheniya Sherloka Kholmsa i doktora Vatsona: Sobaka Baskerviley d’Igor Maslennikov (TV russe, 1981) avec Vasiliy Livanov et Nikita Mikhalkov
4. The Hound of the Baskervilles de Douglas Hickox (TV UK, 1983) avec Ian Richardson et Denholm Elliott
5. The Hound of the Baskervilles de Brian Mills (TV UK, 1988) avec Jeremy Brett et Edward Hardwicke
6. The Hound of the Baskervilles de Dave Attwood (TV UK, 2002) avec Richard Roxburgh et Ian Hart

1 février 2017

La Rose tatouée (1955) de Daniel Mann

Titre original : « The Rose Tattoo »

La Rose tatouéeSicilienne ayant émigrée en Louisiane, Serafina Delle Rose (Anna Magnani) vit dans la plus pure adoration de son mari. Contrebandier poursuivi par la police, il périt dans un accident au volant de son camion. Serafina entre en deuil tout en surveillant sa fille qui est en âge de fréquenter les garçons… Tennessee Williams avait écrit cette pièce pour Anna Magnani en 1951 mais l’actrice italienne était alors trop peu sûre de son anglais pour la jouer et c’est Maureen Stapleton qui a tenu le rôle principal sur les planches, sous la direction (déjà) de Daniel Mann. Trois ans plus tard, Mann reprend le projet pour l’adapter à l’écran et, cette fois, Anna Magnani accepte. Comme toujours avec Tennessee Williams, le thème est celui du manque, de la solitude, de la frustration : Serafina s’enferme dans son chagrin et transpose ses frustrations sur sa fille. Son tempérament sicilien exacerbe l’extériorisation des sentiments, il y a beaucoup de gestes et beaucoup de cris, et il faut tout le talent d’une grande actrice comme Anna Magnani pour ne pas faire tomber ce type de personnage dans l’hystérie. L’actrice occupe tout le terrain et, face à elle, même Burt Lancaster peine à rester en surface. Il faut dire qu’il n’est pas aidé par son personnage de semi-bouffon qui tire maladroitement l’ensemble vers la comédie. Plus que l’interprétation, c’est (à mes yeux) la pièce en elle-même qui est le point faible de La Rose tatouée, avec ses personnages trop excessifs. Le visionnage du film est d’ailleurs plutôt épuisant!
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Anna Magnani, Burt Lancaster, Marisa Pavan, Ben Cooper
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Remarques :
* Le film ne récolta pas moins de 3 Oscars : un (assez logiquement) pour Anna Magnani, un autre pour la photographie noir et blanc de James Wong Howe (pourquoi pas, il fait partie des grands mais c’est loin d’être son film le plus remarquable) et un troisième pour les décors et la direction artistique (hum… un peu plus étonnant).
* Daniel Mann aime les interprétations assez spectaculaires, style qui plaît aux Oscars : son premier film Come Back, Little Sheba (Reviens petit Sheba, 1952) avait déjà permis à son actrice Shirley Booth d’en récolter un et Butterfield 8 (La Vénus au vison, 1960) permettra à Elizabeth Taylor d’avoir le sien (son premier), films qui sont quelque peu tombés dans l’oubli aujourd’hui.
* Anna Magnani tournera à nouveau une pièce de Tennessee Williams en 1959 : The Fugitive Kind (L’Homme à la peau de serpent) réalisé par Sidney Lumet.
* Caméo : Dans la scène au Bar The Mardi Gras, lors du traveling latéral, Tennessee Williams est visible assis au bar (chemise à rayures). L’homme à côté de lui est le producteur Hal B. Wallis.

La Rose tatouée
Marisa Pavan, Anna Magnani et Ben Cooper dans La Rose tatouée de Daniel Mann.

La Rose tatouée
Burt Lancaster dans La Rose tatouée de Daniel Mann.

21 décembre 2016

Capitaine sans peur (1951) de Raoul Walsh

Titre original : « Captain Horatio Hornblower »

Capitaine sans peurEn 1807, alors que l’Angleterre est en guerre contre Napoléon, le Capitaine Horatio Hornblower appareille pour une destination secrète connue de lui seul. Après sept mois de navigation, son navire de guerre arrive près des côtes mexicaines, côté Pacifique. Le capitaine est proche de son but mais les évènements vont se précipiter… L’écrivain britannique C.S. Forester (également auteur de L’Odyssée de l’African Queen) a imaginé les aventures du Capitaine Hornblower pour en faire une dizaine de romans publiés entre 1937 et 1966. Capitaine sans peur est l’adaptation des trois premiers volumes de cette saga. Sous la direction de Raoul Walsh, c’est un film d’aventures maritimes de fort belle facture qui se déroule presque entièrement en mer. Le spectateur a l’impression d’être à bord tant la vie sur ces navires est bien recréée (en studio). Gregory Peck compose un héros assez inhabituel, raide et imperturbable, ne montrant aucune émotion, mais doté d’une belle présence. Les scènes de batailles navales sont assez réalistes et prenantes. L’ensemble forme un très bon divertissement. Le film fut un succès, le plus gros succès de l’année 1951 pour la Warner.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Virginia Mayo, Robert Beatty, James Robertson Justice
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Remarques :
* La ville de Nantes a étrangement comme un petit air méditerranéen… En fait, les scènes d’extérieurs ont été tournées à Villefranche-sur-Mer et à l’entour.
* C.S. Forester ne cite aucun personnage réel comme source d’inspiration pour son Capitaine Hornblower. Certains pensent à Thomas Cochrane (1775-1860), surnommé « le loup des mers ».

Captain Horatio Hornblower
Robert Beatty et Gregory Peck dans Capitaine sans peur de Raoul Walsh.

Captain Horatio Hornblower
Scène de bataille navale dans Capitaine sans peur de Raoul Walsh.

Captain Horatio Hornblower
Gregory Peck et Virginia Mayo dans Capitaine sans peur de Raoul Walsh.

6 décembre 2016

La Chaîne (1958) de Stanley Kramer

Titre original : « The Defiant Ones »

La ChaîneDeux prisonniers parviennent à s’évader lors de l’accident du fourgon cellulaire qui les transportait. Ils sont enchainés l’un à l’autre mais ne s’estiment guère : le premier, un blanc du Sud venait de traiter l’autre de « nègre » juste avant l’accident et ils s’apprêtaient à en venir aux mains… Dix ans avant Devine qui vient dîner ?, Stanley Kramer s’attaque déjà au fléau du racisme. Qu’un acteur noir se retrouve en tête d’affiche n’a rien d’extraordinaire aujourd’hui mais, en 1958, c’était plus difficile à faire accepter. C’est ainsi une première pour Sidney Poitier : l’acteur était certes très connu alors, mais c’était toujours pour des seconds rôles. The Defiant Ones est un film puissamment antiraciste et humaniste : les deux hommes vont apprendre à s’estimer. Le film sait éviter tout manichéisme et cela le rend remarquable : par exemple, le shérif qui mène la poursuite est un humaniste qui a bien du mal à contrôler les pulsions sanguinaires de ses troupes, ou encore, l’un des personnages qui semble tout d’abord si compréhensif se révélera être le pire de tous. La présence de Tony Curtis peut surprendre. L’acteur cherchait à briser le carcan qui le cantonnait aux rôles de gentils et beaux garçons. S’il est vrai qu’il a du mal à passer pour un bagnard endurci, il a certainement donné au film une portée plus grande en permettant à beaucoup de s’identifier à lui. Les deux acteurs contribuent ainsi à rendre le film assez unique.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Tony Curtis, Sidney Poitier, Theodore Bikel, Charles McGraw, Lon Chaney Jr., Cara Williams
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Remarques :
* La chanson Long Gone (From Bowling Green), un blues de Chris Smith et William C. Handy, est chantée trois fois a cappella par Sidney Poitier lui-même.
* Sydney Poitier et Tony Curtis furent tous deux nominés pour les Oscars. Ni l’un ni l’autre ne l’emportèrent toutefois. Sidney Poitier ne recevra un Oscar qu’en 1964 pour Le Lys des Champs de Ralph Nelson et Tony Curtis n’en recevra jamais.
* The Defiant Ones reçut deux Oscars : l’un pour la photographie de Sam Levitt, l’autre pour l’écriture du scénario, ce dernier revenant à Harold Jacob Smith et à un certain Nathan E. Douglas qui n’était autre que Nedrick Young, alors sur la liste noire d’Hollywood issue du maccarthysme. Son nom ne sera rétabli qu’en… 1993 (soit 25 ans après sa mort).
* Le bruit selon lequel Robert Mitchum aurait refusé le rôle car il ne voulait pas être enchaîné avec un noir est une déformation de la réalité. Robert Mitchum, qui a une expérience personnelle de la vie de bagnard, a refusé le rôle disant qu’il n’était pas crédible qu’un blanc soit enchaîné à un noir dans le Sud ségrégationniste. C’est certainement vrai. D’ailleurs, le scénario utilise une pirouette pour le justifier : lorsque le journaliste demande « Comment un blanc peut-il se retrouver enchaîné avec un noir ? », le shérif répond : « Le directeur de la prison a un sens de l’humour très particulier ».

The Defiant Ones
Tony Curtis et Sidney Poitier dans La Chaîne de Stanley Kramer.

The Defiant Ones
Tony Curtis, Cara Williams et Sidney Poitier dans La Chaîne de Stanley Kramer.

3 octobre 2016

C’est pas une vie, Jerry! (1954) de Norman Taurog

Titre original : « Living It Up »

C'est pas une vie, Jerry!Dans une petite ville du Nouveau Mexique, un garçon un peu simplet (Jerry Lewis) a, semble-t-il, été exposé brièvement à un champ radioactif. L’incompétent médecin local (Dean Martin) le déclare condamné et ne lui donne que quelques mois à vivre. Un journal à sensation newyorkais flaire la bonne affaire et décide de satisfaire son ultime désir : visiter New-York… Living It Up est un remake de Nothing Sacred (La Joyeuse Suicidée) de William Wellman (1937), une satire du monde de la publicité qui a perdu ici un peu de vigueur de propos. Living It Up est surtout une comédie burlesque. Le tandem Jerry Lewis / Dean Martin est alors une machine bien huilée, à défaut de surprendre. Les gags s’enchainent un peu mollement mais constamment ; l’ensemble ne déçoit pas vraiment mais est loin d’être remarquable. Une scène sort nettement du lot, celle où Jerry Lewis prend la place de trois docteurs de nationalités différentes tout en s’arrangeant pour ne faire face qu’à un seul à la fois. Là, c’est du grand art. Janet Leigh apporte la petite touche de charme réglementaire, sa présence dans cette comédie surprend quelque peu.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Dean Martin, Jerry Lewis, Janet Leigh, Edward Arnold, Fred Clark, Sheree North
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Remarque :
* Lorsque Dean Martin chante la sérénade à la photo d’une jeune femme dans un cadre, on reconnait bien Audrey Hepburn. La photo semble être tirée de Sabrina dont le tournage était simultané et qui sortira deux mois après le film de Taurog (tous deux pour Paramount). L’actrice était déjà connue puisqu’elle venait tout juste d’être oscarisée pour Vacances romaines de William Wyler.

Living it up
Fred Clark, Janet Leigh, Jerry Lewis et Dean Martin dans C’est pas une vie, Jerry! de Norman Taurog.

4 septembre 2016

Théodora, impératrice de Byzance (1954) de Riccardo Freda

Titre original : « Teodora, imperatrice di Bisanzio »

Théodora, impératrice de ByzanceAu VIe siècle, Justinien, l’empereur de Byzance tombe sous le charme d’une jeune femme audacieuse rencontrée dans la rue. Il la suit dans une taverne où il la voit danser et lui offre un pendentif avant qu’elle ne disparaisse. Accusée de vol, la jeune femme comparaît devant un tribunal présidé par Justinien… C’est principalement Riccardo Freda qui a relancé la vague du péplum italien dans les années cinquante avec son Spartacus (1952) et des films comme ce Théodora, impératrice de Byzance. Le scénario s’appuie sur des éléments historiques, Justinien et Théodora ont bien existé mais leur rencontre est bien entendu très romancée. Passion amoureuse et jalousie sont ici exploitées, ce cocktail ravageur si souvent utilisé au cinéma ; la soif du pouvoir vient pimenter l’ensemble. Le scénario ne paraît pas très original à nos yeux contemporains mais la mise en scène de Riccardo Freda est assez soignée : contrairement à Spartacus, qui était en noir et blanc, il utilise ici la couleur (Ferraniacolor) ce qui permet de mettre joliment en valeur les costumes. Les teintes sont lumineuses. Le clou du film est une course de chars assez spectaculaire. Comme souvent, Freda utilise le montage pour compenser les limitations du tournage (quitte à utiliser plusieurs fois la même scène) et donne ainsi beaucoup de rythme à ses scènes d’action. Parmi les acteurs, on remarquera la présence d’Irène Papas (la sœur perfide de Théodora) dans l’un de ses premiers rôles. Le film peut paraître anodin aujourd’hui, surtout du fait de son scénario très prévisible, mais le film n’est pas sans valeur. Loin de là.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Georges Marchal, Gianna Maria Canale, Renato Baldini, Irene Papas
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Theodora
Gianna Maria Canale et Georges Marchal dans Théodora, impératrice de Byzance de Riccardo Freda.

28 août 2016

Tiens bon la barre matelot! (1959) de Norman Taurog

Titre original : « Don’t Give Up the Ship »

Tiens bon la barre matelot!John Paul Steckler, septième du nom, est lieutenant de la Marine des Etats-Unis. Le jour-même de son mariage, il est convoqué : on le somme de restituer un navire de combat dont il a été brièvement responsable et dont on ne trouve plus aucune trace. Sinon, il devra payer plusieurs millions de dollars… La base de départ du scénario de Don’t Give Up the Ship est si farfelue et si improbable que l’on se réjouit d’avance d’en voir le développement. Hélas, il n’est pas vraiment à la hauteur des attentes, enchainant des gags très classiques de façon presque routinière, sans pousser vraiment le nonsense. Toutefois de bonnes répliques, issues le plus souvent de quiproquos, viennent relever l’ensemble. Don’t Give Up the Ship fait partie des films tournés par Jerry Lewis peu après sa rupture avec Dean Martin, avant qu’il ne commence à en réaliser lui-même. A cette époque, l’acteur avait signé un avantageux contrat avec la Paramount qui voulait avoir chaque année un Jerry Lewis pour l’été et un pour Noël. Celui-ci est celui de l’été 1959.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jerry Lewis, Dina Merrill, Diana Spencer, Mickey Shaughnessy, Robert Middleton
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Remarque :
Aux Etats-Unis, Don’t Give Up the Ship est une phrase célèbre pour avoir été les derniers mots prononcés par un officier américain en 1813, le capitaine James Lawrence, juste avant de mourir dans une bataille contre un navire anglais. Depuis, cette phrase est devenue un cri de guerre ou un slogan mis sur des drapeaux. Le titre français, quant à lui, montre que la cible visée par les distributeurs français était plutôt jeune.

Don't give up the ship
Diana Spencer, Jerry Lewis et Robert Middleton dans Tiens bon la barre matelot! de Norman Taurog.

Don't give up the ship
Mabel Albertson, Jerry Lewis, Diana Spencer et Dina Merrill dans Tiens bon la barre matelot! de Norman Taurog.

10 août 2016

La Toile de l’araignée (1955) de Vincente Minnelli

Titre original : « The Cobweb »

La Toile de l'araignéeLe docteur McIver (Richard Widmark) dirige avec passion une clinique psychiatrique sans se rendre compte qu’il délaisse sa femme et ses enfants. Il encourage ses patients à s’autogérer mais une banale histoire de changement de rideaux va créer de multiples foyers de tensions… La Toile de l’araignée est adapté d’un roman très remarqué de William Gibson. C’est un mélodrame très adulte qui entremêle subtilement plusieurs petites histoires où docteurs et patients sont mis sur le même plan, apportant autant de problèmes psychologiques et de situations critiques. Minnelli n’a pas son pareil pour laisser transparaître le mal-être de ses personnages, sans grand éclat ni excès, laissant une grande place à la psychologie. Il a réuni un beau plateau d’acteurs où l’on remarque Richard Widmark dont la richesse de jeu étonne dans un type de rôle assez inhabituel pour lui. Il faut aussi citer la belle prestation du jeune John Kerr. Le seul choix discutable est celui de Charles Boyer qui ne semble guère à l’aise avec son personnage. Minnelli utilise merveilleusement les plans larges du Cinémascope et le Technicolor. Avec La Toile de l’araignée, il signe là un film profond et séduisant par sa maturité. Le film fut un échec à sa sortie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Richard Widmark, Lauren Bacall, Charles Boyer, Gloria Grahame, Lillian Gish, John Kerr
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La Toile de l'araignée
Laureen Bacall et Richard Widmark dans La Toile de l’araignée de Vincente Minnelli.

Remarques :
* Le film est souvent rapproché, voire qualifié de prélude à La Vie passionnée de Vincent Van Gogh que Minnelli tournera l’année suivante (avec Kirk Douglas dans le rôle principal).
* Le titre français est souvent déformé en La Toile d’araignée.
* La fin du film diffère de celle du roman, ce dénouement très hollywoodien ayant été jugé plus conforme aux codes de censure. Dans le roman, le docteur reste avec l’autre femme (si vous avez vu le film, vous comprenez certainement de qui il s’agit).
* William Gibson, l’auteur du roman, n’est pas le même William Gibson auteur du Neuromancien.

La Toile de l'araignée
Charles Boyer et Gloria Grahame dans La Toile de l’araignée de Vincente Minnelli.

La Toile de l'araignée
Laureen Bacall et Lillian Gish dans La Toile de l’araignée de Vincente Minnelli.

(Presque) homonymes (mais sans autre rapport que le titre) :
La Toile d’araignée (The Drowning Pool) de Stuart Rosenberg (1975) avec Paul Newman
La Toile d’araignée (Das Spinnennetz), film allemand de Bernhard Wicki (1989) avec Ulrich Mühe

22 juillet 2016

Toute la mémoire du monde (1956) de Alain Resnais

Toute la mémoire du mondeTourné par Alain Resnais juste après Nuit et Brouillard, Toute la mémoire du monde est un documentaire de 20 minutes qui nous présente la Bibliothèque Nationale sous un jour nouveau et original. Alain Resnais a une approche presque clinique de cette vénérable institution : il montre le contenant, puis le contenu, avant de décortiquer méthodiquement ses principes de fonctionnement. Il a l’approche ethnologique que pourrait avoir un extra-terrestre. Sa caméra est fluide avec ces superbes travelings lents et majestueux dont il a le secret. On ne s’en lasse pas  ! Bien entendu, la question de fond soulevée, « comment assurer la mémoire », a aujourd’hui de nouveaux outils, informatiques notamment, pour être abordée. Mais elle reste la même bien que, face à l’explosion de la communication, la difficulté soit de nos jours moins sur le « comment sauvegarder » que sur le « quoi sauvegarder ». Sur le plan cinématographique en tous cas, Alain Resnais continue avec ce court métrage d’apporter au ton nouveau au documentaire.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: (voix) Jacques Dumesnil
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Remarques :
* Dans les années cinquante, la Bibliothèque Nationale est en pleine modernisation et extension. Le projet d’un court métrage pour la mettre en valeur est d’abord porté par la RTF, avec le Ministère des affaires étrangères pour co-producteur. Il est ensuite repris et mené à bien par la volonté de Pierre Braunberger.
* La musique est de Maurice Jarre.
* Dans l’équipe d’Alain Resnais, parmi les quelque 25 collaborateurs, on remarque les noms d’Agnès Varda et Chris Marker (… et de François-Régis Bastide).
* Le microphone qui descend dans l’image est sans aucun doute un clin d’œil à Orson Welles.

Toute la mémoire du monde
La Bibliothèque Nationale est l’acteur principal de Toute la mémoire du monde de Alain Resnais.

15 juillet 2016

La Femme aux maléfices (1950) de Nicholas Ray

Titre original : « Born to Be Bad »

Born to be BadDonna (Joan Leslie) accueille de bon coeur sa cousine Christabel (Joan Fontaine) sous son toit sans savoir qu’elle va s’arranger pour attirer l’attention de tous les hommes que Donna fréquente, à commencer par son riche fiancé… Born to Be Bad fait partie des premiers films de Nicholas Ray. Ce mélodrame paraît nettement moins remarquable que ses autres réalisations. L’intrigue est finalement assez conventionnelle et donc prévisible, avec une dimension psychanalytique sous-jacente qui reste hélas non développée. L’ensemble est sauvé par une belle interprétation, y compris dans les seconds rôles. Joan Fontaine casse ici son image habituelle de jeune femme parfaite et irréprochable. Le directeur de la photographie est le très expérimenté (et talentueux) Nicholas Musucara. On remarquera de nombreux très beaux plans et la prédilection de Nicholas Ray pour les escaliers… Le talent et l’inventivité de Ray pour la mise en scène sont patents dans la scène d’ouverture qui introduit un à un les principaux protagonistes en un vaste ballet de personnages sur un simple palier.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Joan Fontaine, Robert Ryan, Zachary Scott, Joan Leslie, Mel Ferrer
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Remarques :
* Born to Be Bad fait partie des quelques films dont Nicholas Ray refusait de parler.
* La scène de fin en happy end sur le tarmac de l’aérodrome a été ajoutée à la demande d’Howard Hugues (qui venait de racheter RKO Pictures). Cette scène fait sourire tant elle paraît peu crédible. Il est d’ailleurs peu probable qu’elle ait été tournée par Nicholas Ray. Le simple fait de voir soudainement Zachary Scott aux commandes d’un avion surprend… sauf si on se rappelle qu’Howard Hugues est un grand fan d’aviation !
* Le film n’est sorti en France qu’en 1985.

* Homonyme (sans aucun rapport) :
Born to Be Bad de Lowell Sherman (1934) avec Loretta Young et Cary Grant, film de la 20th Century Fox qui n’est, semble t-il, jamais sorti en France.

Born to be bad
Zachary Scott, Joan Fontaine et Mel Ferrer dans Born to be Bad de Nicholas Ray.

Born to be bad
Harold Vermilyea, Joan Leslie et Robert Ryan dans Born to be Bad de Nicholas Ray.