En plein hiver, un écrivain (Claude Brasseur) cherche l’inspiration sur une plage de la Côte d’Azur. Il y rencontre une jeune femme mystérieuse (Mireille Darc) qui lui fait penser à l’héroïne de son roman. Il entreprend la conquête de cette jeune femme étrange qui semble protégée par un puissant avocat (Alain Delon)… Les Seins de glace est un film français réalisé par Georges Lautner, directement inspiré du roman de Richard Matheson Someone Is Bleeding, paru en 1953 (ce fût le premier roman publié de l’auteur de Je suis une légende). Il s’agit d’un suspense policier, genre inhabituel pour le cinéaste. L’intrigue repose surtout sur le personnage impénétrable interprété par Mireille Darc, qui s’écartait ainsi des rôles légers auxquels elle était habituée. Alain Delon, ici également producteur, désirait apporter une nouvelle dimension à l’actrice. Claude Brasseur a le rôle principal masculin, il est de presque toutes les scènes alors que le personnage interprété par Alain Delon est au second plan mais rendu assez fort par un jeu très sobre. L’histoire est troublante sans n’être jamais ni angoissante ni magnétique. Le déroulement du scénario n’est pas parfait, nous dévoilant des indices beaucoup trop tôt. Le film manque de puissance mais se laisse regarder sans déplaisir. Elle: – Lui :
Mireille Darc, Claude Brasseur et Alain Delon dans Les Seins de glace de Georges Lautner. Alain Delon et Mireille Darc dans Les Seins de glace de Georges Lautner.
Lucas, jeune adolescent, voit son existence voler en éclats à la mort soudaine de son père. Il voit désormais sa vie comme une bête sauvage qu’il lui faut dompter. Avec l’aide de sa mère et de son frère, Lucas va devoir lutter pour apprendre à espérer et aimer de nouveau… Le Lycéen est un film français écrit et réalisé par Christophe Honoré. Il s’agit d’un récit autobiographique, le cinéaste ayant perdu son père dans des circonstances similaires alors qu’il était encore adolescent. Le film a le mérite de restituer parfaitement le difficile passage de l’adolescence et on peut être séduit et même touché par cette histoire assez tourmentée mais aussi pleine de chaleur. On peut aussi trouver le cocktail très classique d’un certain cinéma français, regretter les effets faciles (caméra portée, scènes crues) et une trop grande longueur. Mais tout le monde sera d’accord pour louer la performance du jeune Paul Kircher. Sans surprise, le film a été bien reçu par la critique. Elle: Lui :
Paul Kircher et Vincent Lacoste et Juliette Binoche dans Le Lycéen de Christophe Honoré.Paul Kircher, Vincent Lacoste et Erwan Kepoa Falé dans Le Lycéen de Christophe Honoré.
En 2222, un ancien trafiquant de drogue est sorti quelques instants de sa cryogénisation pour qu’il raconte son histoire. Il était dans les années 1970 le plus gros pourvoyeur d’héroïne jusqu’à ce qu’une multinationale américaine arrive pour faire légaliser les drogues en France et mettre la main sur un marché juteux… France société anonyme est le premier long métrage d’Alain Corneau qui avait alors trente ans. Il en a écrit le scénario avec Jean-Claude Carrière. Il s’agit d’un pamphlet politique qui apparaît aujourd’hui très marqué années 70. C’est une critique débridée du capitalisme et de l’impérialisme américain qui avance l’idée que le gouvernement français pourrait légaliser toutes les drogues afin d’abêtir la population et mieux la contrôler, tout ce complot étant ourdi par le capitalisme américain. L’idée est pour le moins originale et aurait pu être intéressante en pure politique fiction mais hélas le développement ne dépasse pas le niveau le plus simple. Filmé avec visiblement peu de moyens, dans deux ou trois décors (vides) style quartiers sordides, avec quelques scènes provocantes de nudité et un discours assez primaire. Rien n’est crédible, à commencer par le pauvre Michel Bouquet en grand trafiquant… puis en leader du « Front des Toxicomanes révolutionnaires » (mouvement qui refuse la légalisation et réclame la « défonce libre »). A sa sortie, certains critiques avaient louangé le film, surtout pour son propos anti-impérialiste. Alain Corneau a fait heureusement beaucoup mieux dès son deuxième film Police Python 357, deux ans plus tard. Elle: – Lui :
Franck est un chercheur marié à une hôtesse de l’air. Ayant acheté une maison dans le Limousin, il veut entretenir sa propriété et refuse que son voisin agriculteur continue à y faire paître ses vaches. Pour bien montrer sa détermination, il se lance dans la recherche d’un tracteur à acheter… 5 hectares est un film français réalisé par Émilie Deleuze (fille de Gilles Deleuze). Elle en a co-écrit le scénario avec Marie Desplechin et Patricia Mazuy. Le thème est bien entendu l’impossible intégration d’un citadin dans le monde rural mais l’histoire se concentre surtout son comportement incongru (et absurde) dans son désir de devenir l’égal de son voisin agriculteur. L’humour est essentiellement concentré sur son comportement hors de toute raison. La faiblesse du scénario est hélas le principal problème du film et la bonne prestation de Lambert Wilson (qui semble bien s’amuser, lui) ne suffit pas à sauver l’ensemble. Le film aurait pu être loufoque, il est seulement plutôt ennuyeux. Elle: Lui :
Lors de sa campagne électorale, un homme politique (Michel Serrault) prend peur à l’annonce d’un tueur évadé qui avait promis, dix ans auparavant, de se venger de ceux qui l’ont abandonné et laissé condamner. Son fidèle conseiller (Jean Poiret) engage un sosie, un acteur raté, pour prendre sa place… La Gueule de l’autre est un film français écrit par Jean Poiret et réalisé par Pierre Tchernia. Il s’agit d’une comédie qui parodie les hommes politiques. La satire n’est jamais très mordante et le ton reste bon enfant. Il y a quelques scènes savoureuses : le débat politique télévisé, le meeting en play-back, le repas mondain. En dehors de ces scènes, qui auraient pu être des sketches, l’histoire traîne en longueurs et en lourdeurs, malgré la présence de bons seconds rôles (Bernadette Lafond, Michel Blanc) hélas sous-employés. Elle: – Lui :
La vie rurale dans le pays Bigouden, en Bretagne, au début du XXe siècle jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. Pierre-Alain, valet de ferme, rencontre Anne-Marie. Leur mariage est une parenthèse de trois jours, avant de retrouver leur pauvreté. Un fils naît, Pierre-Jacques dit « Petit Pierre » qui est élevé par son grand-père. Il lui apprend que c’est l’orgueil que l’on monte quand on n’a pas de cheval… Le Cheval d’orgueil est un film français de Claude Chabrol, adaptation du best-seller breton de Pierre-Jakez Hélias paru en 1975. L’univers est, bien entendu, inhabituel pour le cinéaste. Hélas, si le livre (que je n’ai jamais lu) semble avoir des qualités, on ne les retrouve pas dans cette adaptation. Le film est pudiquement passé sous silence dans les analyses de la filmographie de Claude Chabrol. Trop de scènes ressemblent à des reconstitutions pour touristes amateurs de folklore et on reste très extérieur à toutes les scènes. Une certaine confusion est générée par le fait que les personnages parlent français (au lieu de breton), certaines scènes en deviennent incompréhensibles (lorsque par exemple, l’enfant refuse d’apprendre le français qu’il parle couramment depuis le début du film) et j’avoue ne pas avoir tout bien saisi sur l’« école des rouges » (l’école de la république, donc française et surtout laïque). Et, le plus grave est que l’on n’a pas envie d’approfondir la question… Elle: – Lui :
1947. Sur une plage de Bretagne, Madeleine, serveuse dans un hôtel-restaurant et mère célibataire d’un petit garçon, fait la connaissance de François, étudiant riche et cultivé. Entre eux, c’est comme une évidence. Si l’on sait ce qu’elle veut laisser derrière elle en suivant ce jeune homme, on découvre avec le temps ce que François tente de fuir en mêlant le destin de Madeleine au sien… Le Temps d’aimer est un film français réalisé par Katell Quillévéré. Il en a coécrit le scénario en s’inspirant de l’histoire de sa grand-mère. Le récit s’étale sur vingt années et explore le thème de la culpabilité. Si l’atmosphère recréée est bien celle des années cinquante, la réalisatrice indique que « le film a été pensé comme un dialogue entre le passé et le présent ». Le scénario est bien écrit, malgré l’impression d’un certain étirement dans la seconde moitié. La sexualité est exposée de façon très crue, notamment dans deux scènes qui paraissent inutilement longues et qui engendrent même une certaine gêne. Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste font tous deux une interprétation remarquable. Elle: Lui :
Marie-Line, 20 ans, est une serveuse énergique et bruyante. Sa rencontre avec un juge bougon et déprimé qui l’engage comme chauffeur, va bouleverser leur vie à tous les deux… Marie-Line et son juge est un film français co-écrit et réalisé par Jean-Pierre Améris. Le choc de cultures n’est pas un sujet nouveau au cinéma mais il peut donner d’excellentes comédies lorsqu’il est bien traité. Ici, les deux personnages ont non seulement un bagage intellectuel différent mais aussi, et surtout, des tempéraments opposés. La jeune femme a « une pulsion de vie très forte » (ce sont les mots du réalisateur) alors que le juge est plutôt réservé et fatigué de la vie. Le personnage de Marie-Line est très réussi : plutôt antipathique dans les premières minutes, elle nous conquiert rapidement par sa joie de vivre et son humanisme. On comprend de mieux en mieux les difficultés qu’elle a rencontrées. Il est merveilleusement interprété par la chanteuse et comédienne Louane pour laquelle le réalisateur dit avoir choisi un look « prolétariat à l’anglaise » assez voyant. L’ensemble est bien équilibré (seul le personnage secondaire de la sœur est outrancier), sonne très vrai et se montre assez positif. Le film a été tourné au Havre, ville qui tient une place non négligeable dans cette histoire. Difficile de comprendre pourquoi les critiques ont fait la fine bouche devant cette comédie sociale très réussie. Elle: Lui :
Selma, 15 ans, grandit entre ses deux parents séparés, Michal et Élise. Des nuages de pluies acides et dévastatrices s’abattent sur la France. Dans un monde qui va bientôt sombrer, cette famille fracturée va devoir s’unir pour affronter cette catastrophe climatique et tenter d’y échapper… Acide est un film français coécrit et réalisé par Just Philippot. Il avait déjà réalisé un court métrage du même nom en 2018. Le réalisateur n’a pas cherché à être crédible ou réaliste, il se veut « naturellement irrationnel » et refuse les « explications rationnelles ». Donc, puisque tout est permis, c’est de l’acide quasiment pur qui tombe du ciel. La pluie est capable de trouer les toitures (mais les voitures peuvent rouler… les fabricants de pneus vont être contents de voir leurs produits résister). Mais le plus gros défaut du film est plutôt du côté de la minceur du scénario qui tente de mêler maladroitement crise sociale et crise climatique. Aucun des personnages principaux n’est sympathique, tous trois survoltés, agressifs et insupportables. La relation compliquée père/fille n’engendre aucune émotion ni intérêt. J’avoue avoir regardé en accéléré une bonne partie de la seconde moitié du film. Même les critiques les plus indulgents semblent s’accorder à dire qu’Acide est beaucoup moins réussi que le premier long métrage de Just Philippot, La Nuée (2020) (que je n’ai pas vu). Elle: – Lui :
Dans une quête effrénée pour sauver Constance Bonacieux, enlevée sous ses yeux, D’Artagnan est contraint de s’allier à la mystérieuse Milady de Winter. La guerre contre les anglais étant déclarée, Athos, Porthos et Aramis ont rejoint le front à La Rochelle. Par ailleurs, un terrible secret du passé va briser toutes les anciennes alliances… Les Trois Mousquetaires : Milady est un film français réalisé par Martin Bourboulon. Il fait suite au premier volet Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan sorti l’année précédente, librement adapté du roman d’Alexandre Dumas père. Les deux parties ont été tournées dans la foulée, avec la même équipe et les mêmes acteurs. Même s’il est toujours aussi noir, ce second volet m’est apparu plus convaincant que le premier, mieux équilibré entre les scènes d’actions et la psychologie des personnages. En outre, les rôles les plus faibles du premier volet (comme Constance Bonacieux) sont moins présents. Milady bénéficie d’une mise en avant par rapport au roman et les scénaristes lui ont donné une profondeur et une humanité qui engendre l’empathie. L’histoire est hélas un peu plus confuse sur le plan politique. La qualité de la réalisation et de l’interprétation contribue à nous captiver. Le film semble connaitre le succès, non seulement en France mais aussi à l’international. Elle: – Lui :
Remarque : • Le personnage du mousquetaire noir, Hannibal, surprend quelque peu. Il n’est bien entendu pas dans le roman d’Alexandre Dumas, il est librement inspiré de la lecture du roman de Frédéric Couderc Prince ébène, publié en 2003, qui a révélé l’existence d’Aniaba, jeune prince venu d’Afrique, devenu le « filleul » de Louis XIV lors de son baptême célébré par Bossuet. Premier mousquetaire noir de l’Histoire en Europe (et premier officier noir de l’armée française), Aniaba a guerroyé en Flandres avant que sa trace se perde en Afrique. Certes, les périodes ne collent pas (siège de La Rochelle en 1627-1628, arrivée d’Aniaba en France en 1688)… mais l’esprit est là.
• Le producteur Dimitri Rassam (fils de Jean-Pierre Rassam) a annoncé qu’un troisième film est prévu, il devrait sortir d’ici à 2027 et adapter le roman Vingt Ans après.
Eric Ruf et Eva Green dans Les Trois Mousquetaires: Milady de Martin Bourboulon.