Cédric travaille dans une entreprise de mécanique de précision en Haute-Savoie dont la gestion, confiée à un fonds d’investissement, est désastreuse. Avant qu’elle soit revendue à un autre fonds, Cédric décide avec deux amis d’enfance de racheter l’usine en se faisant passer pour des financiers… Reprise en main est un film français co-écrit et réalisé par Gilles Perret. On peut le qualifier de comédie sociale car, à contresens du marasme ambiant, le ton général est au sourire et à l’optimisme. Bien entendu, on pourra trouver tout cela utopique et naïf, un peu caricatural (et pas toujours très moral) mais il y a un bon équilibre, un savant dosage entre une dure réalité sociale et un humour léger et entrainant. Pierre Deladonchamps est parfait dans son interprétation et les seconds rôles sont tous très bien tenus. Il s’agit du premier film de fiction pour Gilles Perret qui a de nombreux documentaires à son actif. Elle: Lui :
Ramsès, trente-cinq ans, tient un cabinet de voyance à la Goutte d’or à Paris. Habile manipulateur, il a mis sur pied un solide commerce de la consolation. L’arrivée d’enfants venus des rues de Tanger, aussi dangereux qu’insaisissables, vient perturber l’équilibre de son commerce et de tout le quartier. Jusqu’au jour où Ramsès va avoir une réelle vision… Goutte d’Or est un film français écrit et réalisé par Clément Cogitore, artiste contemporain multicartes (vidéo, installations, films et même danse). Sous les atours d’un polar social avec une pointe de fantastique, son récit explore les notions du sacré et de la représentation. Ce serait parfait si le récit n’était pas si confus, tournant quelque peu en rond et si l’atmosphère n’était pas si lourde et noire. Karim Leklou fait une bonne interprétation de ce personnage complexe, escroc et menteur dont se dégage une certaine douceur et une indéniable humanité. Le film a été bien accueilli par la critique. Elle: – Lui :
En 1919, dans son château situé dans la forêt des Ardennes, le comte Forbek propose à ses invités une expérience qui doit les conduire à un état de bonheur permanent. En 1982, le même château est devenu un collège expérimental. Un colloque d’enseignants et de chercheurs s’y réunit pour définir les méthodes et moyens d’une éducation de l’imagination. Au même moment, trois enfants s’inventent un conte moyenâgeux, dans lequel un prince vaillant triomphe d’un tyran pour le bonheur de son peuple… La vie est un roman est un film français réalisé par Alain Resnais. Le scénario a été écrit par Jean Gruault, scénariste de plusieurs cinéastes de la Nouvelle Vague et qui avait déjà signé Mon oncle d’Amérique (1980) d’Alain Resnais. Trois récits indépendants sont menés de front. Ils n’ont pas de lien entre eux si ce n’est qu’ils déroulent dans le même lieu et qu’ils traitent d’une recherche du bonheur. Ce bonheur, Forbek veut l’imposer de force à ses invités ; les enseignants veulent trouver un chemin unique vers le bonheur pour le communiquer aux enfants ; les enfants, eux, rêvent et idéalisent. Ces derniers sont d’ailleurs les seuls à réussir, grâce à leur monde féérique. Le propos est beaucoup moins puissant que celui de Mon Oncle d’Amérique mais reprend des idées du phalanstère de Charles Fourier (une communauté d’individus dont les aspirations sont communes) (1). Outre l’originalité de la construction (nous passons d’un récit à l’autre sans transition), le film surprend par l’intégration de quelques parties chantées (2). Les décors ont une belle personnalité, le château est vraiment peu commun ; les décors féériques et les costumes du monde des enfants ont été crées par Enki Bilal. Elle: – Lui :
(1) Pour en savoir plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Fourier (2) Cette particularité annonce le futur On connaît la chanson (1977) du cinéaste, mais les chansons sont ici bien moins nombreuses.
XVIIe siècle. Fille du baron de Sancé de Monteloup, élevée très librement, Angélique assiste à la fomentation d’un complot entre plusieurs grands du royaume, visant à empoisonner le futur Louis XIV. Afin de la protéger de cette dangereuse découverte, elle est envoyée dans un couvent pour y faire ses études. Les années passent, et quand son père l’en fait sortir prématurément, c’est pour lui apprendre qu’elle est promise au richissime comte de Peyrac qu’on dit boiteux et défiguré par une cicatrice… Angélique, marquise des anges est un film d’aventure français réalisé par Bernard Borderie. Il s’agit de l’adaptation du roman homonyme d’Anne et Serge Golon. La réputation de cette série littéraire est d’être des romans de gare à l’eau de rose, mais ils auraient des qualités. Cette mauvaise réputation est certainement due en bonne partie aux films de Bernard Borderie, qui sont effectivement des films faciles, mêlant aventures et mise en péril d’une charmante personne, avec un petit zeste d’érotisme (pour l’époque). Ce rôle marqua définitivement la carrière de Michèle Mercier en l’enfermant dans des rôles de sex-symbol, façon Brigitte Bardot (qui était d’ailleurs le premier choix des producteurs). Cela se laisse regarder mais sans générer d’enthousiasme. Cet immense succès populaire eut de nombreuses suites. Elle: – Lui :
Voir les autres films de Bernard Borderie chroniqués sur ce blog…
Remarque : • Pour l’héroïne, les auteurs des romans se sont inspirés de la marquise du Plessis-Bellière (1617-1705) qui marqua son époque par son esprit et son courage. (lire sur Wikipédia)
La série Angélique au cinéma: Angélique, marquise des anges de Bernard Borderie (1964) avec Michèle Mercier, Robert Hossein Merveilleuse Angélique de Bernard Borderie (1965) avec Michèle Mercier, Claude Giraud Angélique et le Roy de Bernard Borderie (1966) avec Michèle Mercier, Jean Rochefort Indomptable Angélique de Bernard Borderie (1967) avec Michèle Mercier, Robert Hossein Angélique et le Sultan de Bernard Borderie (1968) avec Michèle Mercier, Robert Hossein
Remake : Angélique d’Ariel Zeitoun (2013) avec Nora Arnezeder, Gérard Lanvin et Tomer Sisley
Murielle et Victoria sont deux sœurs que tout oppose et les deux beaux-frères se détestent mais ont en commun d’être de grands fumeurs. Alors que la famille est réunie à l’occasion d’un anniversaire, Didier et Bernard font, par bravade, le pari d’arrêter de fumer pendant quinze jours… Le Pari est un film français écrit et réalisé par Didier Bourdon et Bernard Campan, deux membres du trio bien connu Les Inconnus. C’est une bonne comédie française qui démarre même très bien mais s’essouffle un peu par la suite. L’humour dans le dernier tiers du film (tout le passage en thalassothérapie notamment) est plus poussif mais l’ensemble se (re-)regarde avec plaisir. Elle: – Lui :
Tout va mal pour Bettie, une restauratrice bretonne, veuve portant élégamment la soixantaine : elle vient d’apprendre que l’homme qu’elle aime épouse une autre femme plus jeune et son restaurant est en difficulté. Au lendemain de ces mauvaises nouvelles, elle quitte soudainement le restaurant sous le prétexte d’aller acheter des cigarettes, puis décide de faire une balade afin de retrouver ses esprits… Elle s’en va est un film français réalisé par Emmanuelle Bercot. Elle en a écrit le scénario avec Jérôme Tonnerre (ancien voisin de François Truffaut). Écrit pour Catherine Deneuve, il dresse un portrait de femme sous des facettes multiples. L’angle le plus approfondi est toutefois celui de la famille, avec des relations compliquées, distendues, chargées de rancœurs et de mal-être. Mais il y aussi des rencontres, qui sont assez inattendues à défaut d’être plaisantes, et aussi chargées de clichés sur la « France profonde ». Catherine Deneuve est parfaite dans ce rôle assez difficile, capable de passer rapidement du rire aux larmes, imposant son personnage à l’écran. Emmanuelle Bercot fait jouer son propre fils qui montre un talent certain. En revanche, la chanteuse Camille ne semble pas bien à sa place en tant qu’actrice. Elle: Lui :
Dessinateur de bandes dessinées, Giorgio s’est retiré de la vie parisienne, où il a femme et enfants, pour aller vivre avec son chien Melampo sur un îlot rocheux au sud de la Corse. Sa vie se voit perturbée par l’arrivée de Liza, une belle jeune femme assez snob. Ne supportant pas l’indifférence de Giorgio, en un étrange jeu cruel, elle tue le chien. Désormais seule en face de Giorgio, elle décide de prendre la place de l’animal… Liza est un film franco-italien réalisé par Marco Ferreri. Adaptation du roman Melampo d’Ennio Flaiano, le scénario a été écrit par Jean-Claude Carrière et Marco Ferreri. L’histoire met en scène une relation d’amour à sens unique très inhabituelle. Contrairement à ce que l’affiche laisse supposer, il n’y a rien de scabreux, ce n’est pas une relation sadomasochiste (la laisse de l’affiche ci-dessus a été ajoutée par les commerciaux). Non, c’est juste une relation étrange et l’on ne perçoit pas toutes les motivations de deux protagonistes. Ferreri était hanté par l’idée de bestialité à l’époque et (d’après Jean-Claude Carrière) il avait surtout très envie de tourner avec Mastroianni et Deneuve. Le couple s’était formé peu auparavant sur le tournage de Ça n’arrive qu’aux autres de Nadine Trintignant au grand bonheur des tabloïds. Pour Mastroianni, c’est une nouvelle occasion de tourner en français, langue qu’il maitrise parfaitement. Le décor est assez magique : les Îles Lavezzi au sud de la Corse, désertiques, avec des superbes rochers et un soleil éblouissant. Liza est un film original, étrange, d’une belle personnalité. Elle: – Lui :
En 1956, à Alger, le français Fernand Iveton, employé à Gaz d’Algérie, est arrêté après avoir déposé une bombe dans un local technique de son usine. La bombe est désamorcée avant d’exploser… De nos frères blessés est un film français réalisé par Hélier Cisterne librement adapté du roman éponyme de Joseph Andras, paru en 2016, lauréat du prix Goncourt du premier roman. Il retrace la vie de ce militant communiste qui fût condamné à mort pour l’exemple, le seul Européen exécuté durant la guerre d’Algérie en raison de son engagement et de ses actions auprès du FLN. La réalisation n’est pas parfaite, le récit multipliant maladroitement les flashbacks et restant assez didactique, mais le film a le mérite d’apporter un témoignage : même si ce n’est pas plaisant à voir, nous devons garder la mémoire de ces pratiques que l’on attend plutôt d’une dictature que d’une république. Vicky Krieps et Vincent Lacoste (méconnaissable) font une bonne prestation, avec même parfois une certaine puissance. Elle: Lui :
Au milieu du XVIIIe siècle, le jésuite Jean-Denis Attiret est l’un des peintres officiels de la Cour impériale de Chine. Il se voit confier la tâche honorifique de peindre le portrait de l’impératrice Ulanara. Cette concubine devenue impératrice à la suite de la mort de la première femme de l’empereur Qian Long aura un destin très particulier. Sorte de figure romantique avant l’heure, il ne restera d’elle que ce portrait à la sensualité énigmatique de Joconde asiatique… Le Portrait interdit est un film historique franco-chinois réalisé par Charles de Meaux, cinéaste et artiste contemporain présenté comme « l’un des premiers à avoir travaillé sur l’espace entre les arts plastiques et le cinéma » (dixit Wikipédia). Il est en outre passionné de culture chinoise. Les personnages de cette histoire sont bien réels mais l’on ne sait que très peu de choses de l’impératrice Ulanara, hormis ce tableau que le jésuite a pu rapporter en France lorsqu’elle est tombée en disgrâce. Le cinéaste a donc imaginé une relation d’attraction entre le peintre et son modèle. Mais ce n’est pas le développement de cette histoire qui donne de l’attrait au film : le récit manque plutôt de rythme et de matière. En revanche, la qualité plastique des images, la musique et la beauté de l’actrice principale ravissent les sens. La reconstitution de la cité impériale est fort belle. Les acteurs sont bien entendu chinois en grande majorité. Melvin Poupaud a appris le chinois pour le tournage car seuls quelques apartés du jésuite sont en français. Un film aux qualités essentiellement plastiques. Elle: – Lui :
En 1929 se tiennent les obsèques du riche banquier Marcel Péricourt, auxquelles assiste le Tout-Paris. Sa fille Madeleine est la seule héritière. Pour prendre seule la tête des affaires de son père, elle va devoir faire face à de nombreux obstacles et à l’opposition des hommes dans une Europe où monte le totalitarisme… Couleurs de l’incendie est un film franco-belge réalisé par Clovis Cornillac. Il s’agit de l’adaptation du roman du même nom de Pierre Lemaitre publié en 2018 et faisant suite au roman Au revoir là-haut (adapté au cinéma par Albert Dupontel en 2017). Pierre Lemaitre a lui-même écrit le scénario de l’adaptation. Située au début des années trente, l’histoire nous fait suivre le parcours d’une femme en butte à l’opposition et à la cupidité des hommes tout en brossant un portrait de la France de cette époque. Les personnages ont une belle profondeur et le récit est riche en situations. La reconstitution est soignée, la réalisation est sans défaut, l’ensemble est captivant. Clovis Cornillac s’affirme de plus en plus en tant que réalisateur. Elle: Lui :