25 juin 2013

Le Piège (1973) de John Huston

Titre original : « The MacKintosh Man »

Le piègeAgissant pour le compte du contre-espionnage, Rearden vole un lot de diamants. A la suite d’un appel anonyme, la police l’arrête et le condamne à vingt ans de prison. Là, il est contacté par un groupe mystérieux qui se propose de le faire évader… Le scénario de Walter Hill est basé sur un livre de Desmond Bagley, lui-même inspiré d’une histoire vraie. Mais John Huston ne le suivra pas vraiment, il en réécrira une bonne partie au fur et à mesure du tournage, ne trouvant une fin satisfaisante que peu de temps avant de la tourner (1). Le piège est un film d’espionnage bien mis en place qui intrigue et nous tient en haleine. La réalisation de Huston est parfaite, les scènes d’action sont efficaces et l’ensemble bien rythmé. Le film bénéficie d’une bonne distribution. C’est le premier film de Dominique Sanda à Hollywood.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Paul Newman, Dominique Sanda, James Mason, Harry Andrews
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(1) Dans ses mémoire, John Huston affirme que si la fin avait été trouvée plus tôt, au moins avant de le début du tournage, The MacKintosh Man aurait pu être un bien meilleur film.

22 juin 2013

Poppy (1936) de A. Edward Sutherland

PoppyVendeur itinérant d’un élixir censé faire repousser les cheveux, le Professeur Eustace McGargle voyage de ville en ville avec sa fille Poppy. Dans une petite bourgade, le fils du maire tombe amoureux de Poppy. Apprenant que l’on recherche la jeune héritière d’une vaste propriété, son père a l’idée de faire passer Poppy pour cette fille perdue… Poppy est la seconde adaptation d’une petite pièce que W.C. Fields jouait sur scène avec Madge Kennedy dans les années vingt (1). Si le comédien nous livre quelques bons mots dont il a le secret, ceux-ci sont moins nombreux que d’habitude. Fields paraît en petite forme et il l’était réellement : malade pendant toute la production, toutes les scènes où il est assez loin de la caméra sont jouées par sa doublure Johnny Sinclair qui porte un masque. On estime que seulement 25% des scènes ont été tournées par W.C. Fields lui-même. Et pour ne rien arranger, l’acteur s’est cassé une vertèbre vers la fin du tournage, lui provoquant des douleurs terribles. Sachant tout cela, on peut être un tant soit peu indulgent envers Poppy et la prestation de W.C. Fields mais il faut bien reconnaitre que nous loin de ses meilleures productions.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: W.C. Fields, Rochelle Hudson, Richard Cromwell
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(1) Précédente adaptation :
Sally, fille de cirque (Sally of the Sawdust) film muet de David W. Griffith (1925) avec W.C. Fields et Carol Dempster.

21 juin 2013

La Déchéance de Miss Drake (1933) de Stephen Roberts

Titre original : « The Story of Temple Drake »

The Story of Temple DrakeJeune fille de bonne famille, Temple Drake mène une vie dissolue au grand désespoir de son grand-père, juge respectable qui en a la charge. Lors d’une de ses escapades trop arrosées qui s’achève par un accident de voiture, elle se retrouve hébergée de force par un gang de trafiquants d’alcool. Le chef Trigger a tout de suite des vues sur elle… L’adaptation du roman à scandale de William Faulkner Sanctuaire avait de quoi affoler tous les défenseurs de la morale. Il s’agit d’un roman sulfureux, écrit par Faulkner dans le but avoué de gagner de l’argent, qui décrit de façon explicite la déchéance pleinement acceptée d’une jeune fille de bonne famille du Sud dans la prostitution et la criminalité (1). Bien entendu, des concessions durent être faites, tout est suggéré et la fin fut entièrement modifiée pour redevenir morale, mais The Story of Temple Drake est un film qui marque par son atmosphère trouble. Tous les personnages de la bande de malfrats sont assez énigmatiques avec un petit côté fascinant. Ils habitent dans une de ces grandes demeures typiques du Sud, à demi-délabrée, très photogénique. La photographie et les éclairages sont absolument superbes, ils contribuent à conférer un caractère étrange à l’ensemble. La scène dans la grange, avec ses éclairages en claire-voie, est une merveille. The Story of Temple Drake est un film vraiment fascinant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Miriam Hopkins, William Gargan, Jack La Rue, Florence Eldridge, Guy Standing, Irving Pichel
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Remarques :
The Story of Temple Drake* Le directeur de la photographie est Karl Struss, l’un des plus grands, il a travaillé avec Cecil B. DeMille, D.W. Griffith, Murnau (il a reçu un Oscar pour L’Aurore) et Chaplin.
* La carrière de Stephen Roberts sera hélas interrompue en 1936 par son décès dû à une crise cardiaque. Il n’avait alors que 40 ans.
* The Story of Temple Drake fut expurgé ou même entièrement interdit dans plusieurs états. Le film est souvent cité comme ayant joué un rôle de déclencheur dans la mise en place du Code Hays. Ce code très strict de moralité sera en effet mis en place définitivement l’année suivante, en 1934. Le film sera alors retiré des écrans et restera invisible pendant une vingtaine d’années.

(1) « J’ai songé à ce que je pouvais imaginer de plus horrible et je l’ai mis sur le papier. » a écrit Faulkner à propos de Sanctuaire.

Remake :
Sanctuaire (Sanctuary) de Tony Richardson (1961) avec Lee Remick et Yves Montand

19 juin 2013

Source Code (2011) de Duncan Jones

Source CodeColter Stevens se réveille en sursaut dans un train. Il ne sait pas comment il est arrivé là, il est pilote d’hélicoptère et son dernier souvenir est d’avoir été pris sous le feu ennemi en Afghanistan. En face de lui, une jeune femme lui parle comme si elle le connaissait en l’appelant par un prénom qui n’est pas le sien. Quelques minutes plus tard, une bombe explose dans le train et il se retrouve dans un étrange caisson… Ecrit par Ben Ripley, Source Code est une variation originale sur le thème du voyage dans le temps. Bien construit et précis dans son déroulement, le film est prenant et même haletant. Si Duncan Jones adopte un style très hollywoodien, il n’abuse pas des effets spéciaux et son film ne montre aucune lourdeur si ce n’est dans le derniers tiers où il redevient très classique avec une intrigue sentimentale au premier plan. Malgré tout, Source Code est un film original et inventif.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jake Gyllenhaal, Michelle Monaghan, Vera Farmiga, Jeffrey Wright
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Remarque :
L’homme qui doit faire rire tout le wagon à la fin du film est interprété par Russell Peters, humoriste canadien connu, spécialiste du stand-up.

18 juin 2013

Madame Bovary (1949) de Vincente Minnelli

Madame BovaryAccusé d’avoir publié un roman immoral, Gustave Flaubert prend la défense de son personnage devant le tribunal et raconte l’histoire d’Emma Bovary… Pour cette adaptation littéraire, Vincente Minnelli refaçonne le personnage de Madame Bovary en accentuant son côté sentimental. Il doit aussi composer avec la censure qui est très méfiante envers cette histoire d’adultère. Pour cette raison, il doit renoncer à Lana Turner dont les précédents rôles ont été trop connotés sexuellement et opte pour la sage Jennifer Jones, actrice romantique par excellence qui saura attirer la sympathie de tous. Entre les mains de Minnelli, le roman de Gustave Flaubert devient ainsi le récit élégant d’une jeune femme victime de ses rêves d’adolescente. La scène du bal est à ce titre représentative : elle forme un éblouissant sommet à la fois pour le film et dans la vie de son héroïne. Il y a une très belle scène, très symbolique, où Emma se voit dans un miroir, entourée de prétendants. Minnelli joue d’ailleurs avec les miroirs tout au long de son récit, l’image qu’Emma se renvoie à elle-même.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jennifer Jones, James Mason, Van Heflin, Louis Jourdan, Alf Kjellin, Gene Lockhart
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Les adaptations du roman de Gustave Flaubert :
Madame Bovary par Jean Renoir (1933) avec Valentine Tessier
Madame Bovary par Gerhard Lamprecht (1937) avec Pola Negri
Madame Bovary par Vincente Minnelli (1949) avec Jennifer Jones
Madame Bovary par Claude Chabrol (1991) avec Isabelle Huppert

16 juin 2013

Frigo fregoli (1921) de Buster Keaton et Edward F. Cline

Titre original : « The Play House »

Frigo fregoli(Court métrage de 22 minutes) Parmi tous les courts métrages que Buster Keaton a tournés entre 1920 et 1923, The Play House est sans aucun doute l’un des plus remarquables. Il s’ouvre avec une longue scène où Buster Keaton apparaît plusieurs fois dans la même image (jusqu’à neuf fois !), diversement déguisé et se donnant la réplique… Lorsque l’on sait que la seule technique possible à cette époque pour parvenir à un tel résultat était la double exposition, on mesure la rigueur et la maîtrise dont il a fallu faire preuve (1). Le résultat est réussi et assez spectaculaire. Tout cela n’est qu’un rêve mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises car Buster Keaton joue avec les faux-semblants pendant tout le reste de The Play House : les apparences sont trompeuses, sa petite amie est devenue double, et il va même jusqu’à prendre la place d’un singe qui copie les comportements des hommes : il mime un singe qui mime les hommes ! Convalescent de sa récente blessure, Buster Keaton n’accomplit pas de cascades dans ce film mais cela n’empêche pas The Play House d’être absolument unique par son inventivité.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Virginia Fox, Joe Roberts
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Remarque :
Le programme où Buster Keaton est mentionné à chaque ligne est une petite moquerie envers Thomas H. Ince : le réalisateur avait tendance à se mentionner plusieurs fois au générique de ses films.

(1) La double exposition consiste à placer un cache sur une partie de l’objectif, d’enregistrer un personnage, de rembobiner, d’inverser le cache et d’enregistrer le second personnage. Sachant que le défilement de la pellicule n’était pas motorisé, il fallait que l’opérateur tourne sa manivelle à exactement la même vitesse à chaque fois. Pour neuf personnages, il fallait faire cette opération neuf fois. Une boite spéciale a été construite autour de la caméra pour pouvoir actionner les caches.

(2) Buster Keaton s’était gravement blessé (cheville cassée) sur le tournage de The Electric House quelques mois auparavant et avait du stopper toute activité. Il n’était pas encore totalement remis lorsqu’il a tourné The Play House, premier film après son repos forcé. C’est d’ailleurs cette absence des écrans qui donna l’idée à Keaton d’offrir à ses fans non pas un seul Buster Keaton à l’écran mais plusieurs…

7 juin 2013

Arènes sanglantes (1941) de Rouben Mamoulian

Titre original : « Blood and Sand »

Arènes sanglantesDepuis son plus jeune âge, Juan Gallardo rêve d’être un grand torero comme son père et d’épouser la jeune Carmen. Il y parvient mais alors qu’il est au somment de la gloire, il fait connaissance de la belle Dona Sol… Basée sur une livre de Vicente Blasco Ibáñez, cette histoire avait déjà été portée à l’écran au temps du muet par Fred Niblo avec Rudolph Valentino. Si la version de Rouben Mamoulian lui est plutôt supérieure, ce n’est pas tant grâce au scénario, qui reste assez faible et sans surprise aucune, mais plutôt par sa distribution et surtout sa superbe photographie. Tournant pour la première fois en couleurs, Mamoulian a soigné ses images, construisant certains plans comme des tableaux en s’inspirant de peintres tels que Goya, Velasquez ou El Greco. Il utilise également la couleur (des robes) pour souligner l’antagonisme entre les deux femmes. Rita Hayworth, qui n’est à l’époque pas encore très connue (1), montre déjà de belles aptitudes pour interpréter les femmes dévoreuses d’hommes avec une forte présence à l’écran. On notera que Mamoulian ne se prive pas de souligner les aspects sanguinaires des corridas.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tyrone Power, Linda Darnell, Rita Hayworth, Alla Nazimova, Anthony Quinn, John Carradine
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Remarque :
Alla Nazimova, qui interprète ici la mère du matador, fut une très grande star du muet. Elle a notamment tourné avec Valentino (mais pas dans la première version d’Arènes sanglantes).

Les trois adaptations du roman de Vicente Blasco Ibáñez :
Arènes sanglantes (Blood and Sand) de Fred Niblo (1922) avec Rudolph Valentino
Arènes sanglantes (Blood and Sand) de Rouben Mamoulian (1941) avec Tyrone Power
L’indomptée (Sangre y arena) de Javier Elorrieta (1989) avec Sharon Stone

6 juin 2013

Major Dundee (1965) de Sam Peckinpah

Major DundeeAlors que la guerre de Sécession touche à sa fin, une quarantaine de guerriers indiens menés par un chef belliqueux font régner la terreur au Texas et au Nouveau Mexique. Le Major Dundee, commandant d’un fort qui sert de camp de prisonniers de soldats sudistes, décide d’aller traquer ces indiens qui se sont réfugiés au Mexique pour l’hiver. N’ayant pas assez d’hommes, il est contraint d’enrôler des voleurs et des sudistes… Basé sur un livre de Harry Julian Fink, Major Dundee est un film assez étonnant où Sam Peckinpah bouleverse les codes du genre. Les motivations de son héros ne sont guère nobles, elles sont plutôt à chercher du côté de la rancoeur et de la haine. A l’instar de sa troupe hétéroclite, sa stratégie n’a guère d’unité ; confuse, elle évolue au gré des évènements. Le film est dominé par la haine et les conflits entre les personnes, nord/sud, blancs/noirs, blancs/indiens, sur lesquels vient se greffer la guerre au Mexique. Le film pêche surtout par le déroulement de son scénario, faiblesses longtemps attribuées aux coupes sauvages faites par les studios, mais force est de constater que le visionnage de la version longue récemment restaurée ne fait que renforcer cette sensation de longueurs et de scènes inutiles. En fait, ce sont les scènes d’action qui ponctuent le film, scènes assez violentes comme toujours avec Peckinpah. Film assez confus, Major Dundee fut un échec commercial.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Charlton Heston, Richard Harris, James Coburn, Senta Berger
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4 juin 2013

Moonrise Kingdom (2012) de Wes Anderson

Moonrise Kingdom1965. Sur une île au large de la Nouvelle-Angleterre, le jeune Sam fait une fugue du camp scout où il séjournait pour les vacances. Il part avec Suzy dont il est tombé amoureux. Tout le monde se lance à leur recherche… Ecrit par Wes Anderson et Roman Coppola (fils de Francis Ford Coppola), Moonrise Kingdom est une amusante comédie qui joue sur le monde de l’enfance. La logique des comportements est ainsi mise à mal pour créer l’humour, les adultes se comportant comme des enfants et les enfants comme des adultes. Mais c’est surtout par les détails que les auteurs génèrent l’humour et le film en regorge, à tel point que l’on a presque envie de le revoir aussitôt pour ne pas en rater. Il se dégage aussi une certaine poésie de Moonrise Kingdom qui contribue à le rendre attachant. Belle distribution avec des acteurs dans des rôles plutôt inattendus.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Bruce Willis, Edward Norton, Bill Murray, Frances McDormand, Tilda Swinton, Jared Gilman, Kara Hayward, Bob Balaban
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3 juin 2013

Time Out (2011) de Andrew Niccol

Titre original : « In Time »

Time OutDans un monde futur, il faut payer pour vivre au-delà de l’âge de 25 ans, âge à partir duquel on ne vieillit plus. Le temps a remplacé l’argent, chacun ayant un compteur du temps restant à vivre dans le bras qui est utilisé pour acheter quoi que ce soit. Alors que les riches ont de longues années en réserve, les plus pauvres n’ont souvent que quelques heures devant eux… Ecrit par Andrew Niccol (dont on connait bien Bienvenue à Gattaca et The Truman Show), le scénario de Time Out repose sur une idée assez originale. Cette allégorie de notre société reposant sur l’argent est toutefois assez limitée dans son développement car elle sert principalement de prétexte à un film d’action avec la course de deux fugitifs poursuivi par un « gardien du temps ». Bien mis en scène, sans effets inutiles, et assez bien équilibré, Time Out se regarde sans déplaisir mais paraît plutôt mineur.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Cillian Murphy, Justin Timberlake, Amanda Seyfried
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