28 juillet 2013

Prometheus (2012) de Ridley Scott

Prometheus2085. Une étrange peinture murale très ancienne est découverte dans une grotte, une invitation à se rendre sur une certaine planète lointaine. Dans l’espoir d’obtenir des éléments sur l’origine de l’humanité, une expédition parvient à destination et s’y pose… Prometheus marque le retour de Ridley Scott vers la science-fiction. Partant de l’idée de faire un prologue à son Alien (dont la qualité des suites a sombré de film en film), il a ensuite évolué vers un thème beaucoup plus large et noble : la quête du créateur. Hélas, on ne retrouve pas la grandeur du sujet dans ce premier Prometheus : après un beau premier tiers qui laisse augurer le meilleur, le film s’enlise et ne s’envole guère. Tous les efforts ont été concentrés sur la création de tension et d’angoisse sans que les personnages soient développés ; le meilleur exemple est ce robot androïde qui aurait vraiment mérité d’être mieux exploité car c’est un personnage très intéressant. Les décors créés sont assez gigantesques, utilisant largement les images de synthèse qui sont très bien intégrées, et le film a été conçu pour très bien fonctionner en 3D. Prometheus comporte de belles scènes, des moments assez brillants même mais l’ensemble apparaît plombé par un scénario trop simple.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Noomi Rapace, Michael Fassbender, Charlize Theron, Idris Elba, Guy Pearce
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Remarques :
* Les plans d’extérieurs, désertiques et lunaires, ont été tournés en Islande, dans la région de l’Hekla. Les impressionnantes chutes d’eau au tout début du film sont celles de Dettifoss au nord est de l’Islande.
* Dans la mythologie grecque, Prométhée est un Titan. Après avoir créé les hommes à partir de restes de boue transformés en roches, il a volé le savoir divin symbolisé par le feu sacré de l’Olympe,  pour le donner aux hommes. Pour cet acte, il fut enchainé à un rocher pour l’éternité, condamné à se faire dévorer le foie par un aigle. Il sera finalement libéré par Héraclès au cours de ses douze travaux.

26 juillet 2013

Fear and Desire (1953) de Stanley Kubrick

Fear and DesireDans une guerre que l’on nous dit imaginaire, quatre soldats se retrouvent derrière les lignes ennemies après le crash de leur avion. Ils errent dans une forêt inconnue, cherchant à rejoindre leur unité… Fear and Desire est le premier long métrage de Stanley Kubrick, celui que si peu de personnes avait vu puisque Kubrick avait pris soin de le retirer de la circulation. C’est certainement sa recherche constante du perfectionnisme qui explique cette décision mais le film est loin d’être sans intérêt. Dans un environnement hostile, c’est une quête de la vérité que poursuivent ces quatre hommes, la vérité sur la nature de l’homme. Le film n’est pas sans maladresse (l’abondance trop importante de gros plans par exemple, traduction la plus visible d’une certaine influence du cinéma soviétique) mais si l’on replace Fear and Desire dans le contexte de son époque, le film nous apparaît étonnamment différent sur le fond et inventif sur la forme. Kubrick assimile ses influences et expérimente. On peut s’amuser à y rechercher les éléments qui préfigurent ses films futurs (1). Fear and Desire nous permet d’assister à la naissance d’un grand cinéaste.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Frank Silvera, Kenneth Harp, Paul Mazursky, Stephen Coit, Virginia Leith
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Remarques :
* Fear and Desire a été tourné avec un très petit budget, dans les montagnes de San Gabriel en Californie, sans bande son, les voix ayant été rajoutées en studio. Cela se sent nettement mais, tout compte fait, cette étrangeté de la bande sonore ajoute au caractère allégorique du film.
* En 1953, le film a été distribué dans quelques salles Art et Essai new-yorkaises où il était projeté en double programme avec L’Enjôleuse de Buñuel.
* Le scénario a été écrit par Howard Sackler, poète et ami de Kubrick.

(1) Le plus étonnant à mes yeux étant cette rencontre de deux des personnages avec leurs alter-ego plus âgés qui préfigure celle de Bowman à la fin de 2001.

17 juillet 2013

Les Voleurs de trains (1973) de Burt Kennedy

Titre original : « The Train Robbers »

Les voleurs de trainsLe vieux baroudeur Lane réunit ses anciens acolytes pour aller rechercher un butin caché dans le désert mexicain par un pilleur de trains. La jeune veuve de ce dernier les accompagne car elle seule connaît le lieu exact… Ce n’est sans doute pas du côté du scénario que l’on pourra trouver un intérêt à Les Voleurs de trains : écrite par Burt Kennedy lui-même, l’histoire est assez réduite, totalement improbable, accumulant poncifs et emprunts divers. Il n’y a ni suspense, ni tension. Ce n’est pas non plus du côté des acteurs : John Wayne, alors âgé de 65 ans, fait montre de moins d’entrain qu’auparavant, c’est compréhensible, et si la perspective de voir Ann-Margret en cow-boy est certes attirante, le résultat est plutôt décevant même de ce côté (même si John Wayne fait bouillir sa chemise pour « qu’elle rétrécisse et soit plus moulante » et que l’on ne puisse la confondre avec un homme…) Non, le meilleur atout du film est plutôt sur le plan des paysages traversés, le film a été tourné entièrement au Mexique dans la région de Durango et qualité de la photographie (de William Clothier, opérateur attitré de John Wayne) est indéniable : rivières traversées, désert, orages, canyon sont superbes à l’écran. Mais cela n’empêche pas Les Voleurs de trains d’être globalement ennuyeux, hélas.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: John Wayne, Ann-Margret, Rod Taylor, Ben Johnson
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Remarque :
Les Voleurs de trains est produit par John Wayne et son fils, Michael Wayne.

16 juillet 2013

La Rose du crime (1947) de Gregory Ratoff

Titre original : « Moss Rose »

La rose du crimeA Londres, à l’époque victorienne, Belle Adair est une jeune danseuse qui rêve de devenir « une dame ». Lorsque sa colocataire est retrouvée assassinée, elle recherche elle-même l’homme bien habillé qu’elle a vu sortir de la chambre mais ce n’est pas pour le livrer à la police… La Rose du crime est basé sur un roman de Joseph Shearing (1). L’adaptation est signée Niven Bush et le scénario montre une grande qualité dans la progression de l’intrigue. L’ensemble fonctionne donc parfaitement et l’atmosphère victorienne londonienne ajoute au mystère. Sur le plan de l’interprétation, on remarque surtout la belle prestation de Peggy Cummings, mélange de charme et fausse naïveté, un personnage finalement assez complexe. Face à elle, Victor Mature est certes un peu rigide comme souvent mais cela colle parfaitement à son personnage. On se laisse volontiers captiver par l’ensemble, tout au plus peut-on regretter que la mise en scène manque un peu de personnalité.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Peggy Cummins, Victor Mature, Ethel Barrymore, Vincent Price, Patricia Medina
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Remarque :
D’origine russe, Gregory Ratoff est certainement plus connu comme acteur que comme réalisateur mais il a tout de même dirigé trente films entre 1936 et 1960.

(1) Joseph Shearing est l’un des pseudonymes utilisés par Gabrielle Margaret Vere Long qui a beaucoup écrit sous le nom de Marjorie Bowen. Ses romans sont souvent des histoires où intervient le surnaturel ou les fantômes ou alors des romans policiers.

14 juillet 2013

Les Moissons du ciel (1978) de Terrence Malick

Titre original : « Days of Heaven »

Les moissons du ciel1916 : Bill quitte Chicago avec sa jeune soeur et sa petite amie Abby, qu’il fait passer pour sa soeur, pour aller faire les moissons dans un vaste domaine isolé du Texas. Le jeune propriétaire s’éprend d’Abby et Bill encourage cette liaison car il a appris incidemment que le fermier n’aurait plus qu’un an à vivre… Les Moissons du ciel est le deuxième film de Terrence Malick. Il nous plonge dans l’univers des grandes propriétés agricoles du tout début du XXe siècle. C’est un film très abouti, tout particulièrement sur le plan visuel. La photographie est superbe. Une bonne partie du film a été tourné pendant l’heure dorée et même pendant l’heure bleue (1) et les lumières naturelles sont vraiment très belles. Les scènes de moisson sont de véritables peintures. Le rythme est assez lent, nous sommes dans un mode contemplatif. Terrence Malick utilise merveilleusement les grands espaces dans ses plans larges, majestueux et infinis. Il sait aussi aller près de ses personnages et même les suivre (2). Malick est un perfectionniste : il lui a fallu deux années pour finaliser le montage. Le résultat en valait la peine. Il nous faudra ensuite attendre vingt ans pour voir le troisième film de Terence Malick.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Richard Gere, Brooke Adams, Sam Shepard, Linda Manz
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Edward Hopper - House by the railroad, 1925Remarques :
* La maison de Les Moissons du ciel est directement inspirée de la toile d’Edward Hopper La Maison près de la voie ferrée (House by the railroad, 1925). Cette toile est connue pour avoir également inspiré Hitchcock pour la maison de Psychose (Psycho) et George Stevens pour Géant (Giant).

* Une autre peinture a également été une source d’inspiration : il s’agit de Christina’s World d’Andrew Wyeth (1948). Andrew Wyeth - Christina's World L’influence de ces deux peintures sur l’affiche originale du film (voir ci-dessus) est particulièrement nette.

* Le directeur de la photographie Néstor Almendros a reçu un oscar pour ce film. La musique du film est d’Ennio Morricone.

* Le film projeté par le Cirque Volant est L’Emigrant de Charlie Chaplin.

* Les étonnants plans d’envol des nuées de sauterelles ont été filmés à l’envers avec un hélicoptère jetant des milliers d’écorces de cacahuètes ! Les acteurs devaient marcher à l’envers.

(1) L’heure dorée, Golden hour en anglais, est l’heure qui précède le coucher du soleil. L’heure bleue, Blue hour en anglais, est le moment qui suit le coucher du soleil avant le noir complet (« entre chien et loup »). Le même raisonnement s’applique symétriquement au lever du soleil. Terrence Malick a utilisé une pellicule ultra-sensible.
(2) Les moissons du ciel fait partie des premiers films à utiliser une steadycam (en l’occurrence, une Panaglide qui était en réalité la copie Panavision du premier modèle de la marque Steadycam).

13 juillet 2013

Un tramway nommé désir (1951) de Elia Kazan

Titre original : « A Streetcar Named Desire »

Un tramway nommé désirBlanche DuBois arrive à la Nouvelle-Orléans pour s’installer temporairement chez sa soeur Stella. Elle est tout de suite perturbée par l’appartement assez pauvre de sa soeur et par les manières peu raffinées de Stanley, son mari… Un tramway nommé désir est la première grande adaptation d’une pièce de Tennessee Williams au cinéma (1). Elia Kazan l’a transposé sans l’édulcorer et le film marqua profondément les esprits tant il tranchait avec l’univers très policé des films hollywoodiens. Les personnages agissent ici suivant leurs passions et leurs pulsions, écartelés, tour à tour victimes et bourreaux, avec de soudaines poussées de violence. Ils provoquent chez le spectateur des sentiments contradictoires sans qu’il soit possible de porter un jugement sur eux. L’interprétation est magistrale : Vivien Leigh, en être fragile et perturbé qui doit faire face au puissant Marlon Brando, jeune acteur repéré par Kazan à l’Actor’s Studio, qui montre une présence physique hors du commun et qui deviendra avec ce rôle une icône de l’érotisme masculin. La mise en scène d’Elia Kazan est hélas un peu trop appuyée, notamment dans ses effets d’éclairages qui alourdissent inutilement l’ensemble.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vivien Leigh, Marlon Brando, Kim Hunter, Karl Malden
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Remarques :
* Elia Kazan a repris toute la distribution de la pièce telle qu’elle était jouée à Broadway : Marlon Brando, Kim Hunter, Karl Malden, Rudy Bond, Nick Dennis, Peg Hillias, Richard Garrick, Ann Dere et Edna Thomas (c’est-à-dire tous les acteurs principaux à l’exception de Vivien Leigh) y tenaient les mêmes rôles. Vivien Leigh a été préférée à Jessica Tandy pour ajouter une star connue du public (rappelons que Brando était alors à peu près inconnu).
* Vivien Leigh avait précédemment tenu le rôle de Blanche DuBois sur les planches à Londres sous la direction de son mari, Laurence Olivier. Le rôle a profondément marqué l’actrice qui a eu ensuite tendance à confondre parfois le personnage de Blanche avec sa vraie vie.
* Vivien Leigh, Karl Malden et Kim Hunter furent tous trois oscarisés pour leur rôle dans Un tramway nommé désir. Marlon Brando fut nominé mais dut s’incliner devant Humphrey Bogart (pour African Queen).

(1) C’est en réalité la seconde adaptation. La première adaptation est La Ménagerie de verre (The Glass Menagerie) d’Irving Rapper (1950) avec Jane Wyman et Kirk Douglas, film qui eut un retentissement bien moindre que le film d’Elia Kazan.

12 juillet 2013

Margin Call (2011) de J.C. Chandor

Margin CallUne grande compagnie financière réduit ses effectifs. Un analyste senior a juste le temps de glisser une clé USB à l’un de ses jeunes collègues avant d’être escorté hors de l’immeuble. Ce dernier découvre que la formule utilisée pour calculer le risque du produit-phare de la compagnie sous-estime ce risque considérablement, mettant la société en péril… Sur un sujet où il est si facile de tomber dans les poncifs et les facilités, J.C. Chandor adopte un angle assez inattendu puisque c’est une tragédie shakespearienne qu’il met en scène. Il met ainsi en avant le facteur humain plutôt que les mécanismes financiers. Le résultat est étonnant par sa puissance. Ce ne sont pas seulement l’unité de lieu et l’unité de temps (puisque le film se déroule essentiellement sur une nuit) qui donnent au film toute son intensité, c’est aussi son interprétation, J.C. Chandor montrant une belle maitrise de la direction d’acteurs pour un premier long métrage.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Kevin Spacey, Paul Bettany, Jeremy Irons, Zachary Quinto, Penn Badgley, Simon Baker, Demi Moore, Stanley Tucci
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Remarque :
Le père de J.C. Chandor a travaillé pendant 30 ans chez Merrill Lynch. Le réalisateur connait ainsi bien cet univers et, surtout, les personnes qui y travaillent.

2 juillet 2013

To Rome with Love (2012) de Woody Allen

To Rome with LoveQuatre histoires différentes se déroulant à Rome… Avec To Rome with Love, Woody Allen poursuit sa tournée des grandes villes européennes : après Londres, Barcelone et Paris, c’est à Rome qu’il rend hommage et aussi à la grande tradition italienne des films à sketches puisque son film est composé de quatre histoires indépendantes. Bien qu’elles se déroulent sur des laps de temps très différents (de quelques heures à plusieurs mois),  nous les suivons toutefois en parallèle. La mise en place est un peu laborieuse et il faut attendre une bonne demi-heure pour que la magie opère. L’ensemble peut paraître un peu inégal mais il y a de bonnes choses, les meilleurs moments étant ceux où Woody Allen se laisse aller sans trop se soucier de vraisemblance. Côté acteur, on remarquera que Woody Allen interprète lui-même l’un des rôles, la première fois depuis Scoop (2006), que cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas vu Roberto Benigni, et la petite apparition d’Ornella Muti. Au final, même si l’on pouvait attendre un peu plus que cela, To Rome with Love est un film plaisant et divertissant.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Alec Baldwin, Jesse Eisenberg, Roberto Benigni, Penélope Cruz, Ellen Page, Greta Gerwig, Alessandro Tiberi, Alessandra Mastronardi
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Remarque :
Pour écrire To Rome with Love, Woody Allen dit s’être inspiré du Décaméron, ce recueil de cent nouvelles écrit au XIVe siècle par l’écrivain humaniste Boccace. Le Décaméron a déjà été porté à l’écran par Pasolini en 1971, du moins dix nouvelles parmi les cent, film que Pasolini a plus ou moins renié par la suite d’ailleurs.

1 juillet 2013

Comment savoir (2010) de James L. Brooks

Titre original : « How Do You Know »

Comment savoirJoueuse de softball (genre de baseball), Lisa est désemparée quand elle apprend qu’elle n’a pas été sélectionnée en équipe nationale. Elle fait alors la connaissance de Matty, un sportif nombriliste qui n’a pas inventé la poudre, et de George, un fils à papa accusé de malversations financières auxquelles il est étranger… James L. Brooks a écrit et réalisé cette comédie sentimentale Comment savoir dans laquelle il joue sur la difficulté de communication : ses personnages n’arrivent pas à exprimer leurs sentiments, un ressort assez classique pour étoffer une histoire plutôt réduite et apporter un peu d’humour. Les personnages sont très typés et les effets sont appuyés. James L. Brooks ne donne pas dans la subtilité.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Reese Witherspoon, Paul Rudd, Owen Wilson, Jack Nicholson
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29 juin 2013

Le shérif est en prison (1974) de Mel Brooks

Titre original : « Blazing Saddles »

Le shérif est en prisonPour s’approprier des terres sur le passage du futur chemin de fer, un juge véreux fait envoyer un shérif noir dans une petite ville de l’Ouest. Il espère ainsi effrayer et faire fuir les habitants mais le shérif se révèle être bien plus malin qu’il ne l’avait prévu… Le shérif est en prison et Frankenstein Junior peuvent être considérés comme les deux meilleurs films de Mel Brooks. C’est dans ces deux films qu’il pousse la parodie très loin sur deux genres fondamentaux, le western pour l’un et le film d’horreur pour l’autre. L’humour des films de Mel Brooks est diversement apprécié car c’est un humour totalement débridé, parfois à la limite du mauvais goût. Cet humour repose sur une succession quasi-ininterrompue de gags, qu’ils soient visuels ou dans les dialogues de type one-liner  (blagues d’une seule phrase). Dans sa parodie, Mel Brooks n’est pas tant iconoclaste, il détourne plutôt certains des codes du western et n’hésite pas à insérer une bonne dose d’anachronisme. Les références sont nombreuses, les plus évidentes étant Rio Bravo (isolement du shérif, adjoint alcoolique) et Destry Rides Again (la parodie de Marlene Dietrich). Le succès du film fut immense.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Cleavon Little, Gene Wilder, Slim Pickens, Harvey Korman, Madeline Kahn
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Remarques :
* L’actrice Hedy Lamarr (« la plus belle femme d’Hollywood ») a menacé d’attaquer Mel Brooks en justice pour l’utilisation du nom Hedley/Hedy Lamarr. Mel Brooks a déclaré être flatté… Un arrangement symbolique a finalement été trouvé. Détail amusant : dans le film, le gouverneur réplique ainsi à Hedley Lamarr qui proteste après avoir été appelé Hedy : « Quel est le problème ? On est en 1874, donc dans 50 ans c’est vous qui pourrez l’attaquer en justice ! »

* Le metteur en scène efféminé à la fin du film est une référence parodique à Busby Berkeley.

* Warner Bros a demandé à Mel Brooks de supprimer plusieurs scènes : celle comportant le mot « nigger » (qui, rappelons-le, est une insulte raciale très forte en anglais, ce serait d’ailleurs le premier film où ce mot est prononcé), celle du concert de pets (ce serait, là aussi, le premier film issu d’un grand studio faisant ainsi de l’humour avec les pets !) et la scène où Mango assomme le cheval d’un coup de poing (là, c’est plus étonnant… trop violente !?) Mel Brooks ayant par contrat droit de regard sur le montage final put ignorer ces demandes.

* Le sous-titre sur l’affiche,  « Never give a saga an even break », est un clin d’œil à W.C. Fields et à son film Never give a sucker an even break (1941). Cette phrase est d’ailleurs également prononcée par W.C. Fields à la fin de Poppy (1936). L’acteur l’aurait aussi utilisée largement sur scène dans les années vingt.