11 juillet 2011

Le diabolique docteur Mabuse (1960) de Fritz Lang

Titre original : « Die 1000 Augen des Dr. Mabuse »

Le diabolique docteur MabuseLui :
Un journaliste est assassiné en plein jour au volant de sa voiture arrêtée à un feu rouge. Quelques minutes auparavant, un voyant, le Docteur Cornelius, avait appelé la police pour l’avertir d’un danger… Pour sa dernière réalisation, Fritz Lang reprend son célèbre personnage du Docteur Mabuse qu’il avait mis en scène à ses débuts en 1922, Dr Mabuse, le joueur, puis en 1933, Le testament du Dr Mabuse. Ce n’est pas un remake, ce n’est pas vraiment une suite, Le diabolique docteur Mabuse est une adaptation au monde moderne du thème du criminel maléfique à la tête d’une organisation très efficace. Si le Dr Mabuse utilise des moyens modernes de vidéo surveillance pour espionner ses victimes, le film est réalisé dans le même esprit que les deux précédents ce qui a dérouté le public de l’époque qui l’a trouvé vieillot. Ce n’est pourtant guère gênant, bien au contraire, le film est ainsi assez épuré et, en outre, forme un bel ensemble avec les deux autres. L’histoire est particulièrement prenante ; Fritz Lang nous laisse pourtant deviner assez tôt qui est le Docteur Mabuse, en fait l’intrigue repose plutôt sur ses plans machiavéliques, sur la façon dont il les met en œuvre ou encore sur la façon dont il contrôle ses victimes. Le titre original « Les milles yeux du Dr Mabuse » est d’ailleurs plus significatif que le titre français. Il n’y a plus de propos politique sous-jacent comme c’était le cas vis-à-vis du nazisme dans la version de 1933, on peut toutefois y voir une certaine anticipation de la civilisation de l’image. Avec Le Tombeau Hindou et Le tigre du Bengale, Le diabolique docteur Mabuse fait partie des films réalisés par Fritz Lang après son retour dans son pays d’origine, l’Allemagne. (Film noir et blanc)
Note : 4 étoiles

Acteurs: Dawn Addams, Peter van Eyck, Wolfgang Preiss, Gert Fröbe, Werner Peters
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8 juillet 2011

Les 39 marches (1935) de Alfred Hitchcock

Titre original : « The 39 Steps »

Les 39 marches En allant assister à une représentation de music-hall, un homme se retrouve impliqué dans une histoire d’espionnage. Il a à ses trousses une mystérieuse organisation et aussi la police qui le croit coupable d’un meurtre… Fort du succès de L’homme qui en savait trop (la version de 1934), Alfred Hitchcock obtient plus de liberté et plus de budget pour tourner Les 39 marches, librement adapté d’un livre de John Buchan. Il déroule son histoire avec un découpage très rythmé, le héros passant avec grande rapidité d’une situation à une autre, chacune semblant la dernière pour lui. La tension qui s’installe très rapidement ne retombe jamais, tout au plus est-elle soulagée par de petites notes d’humour. Hitchcock montre beaucoup de maitrise et il a des traits de génie comme cette transition/fusion entre le cri de la concierge qui trouve le cadavre et le sifflet du train qui emporte le fugitif. Robert Donat trouve le ton parfait pour interpréter ce héros simple, à l’attitude empreinte de flegme dans un style éminemment britannique. Très belle fin, un surprenant exemple de conscience professionnelle! Malgré des moyens limités, Les 39 marches a beaucoup de charme ; il fait partie des meilleurs films d’Alfred Hitchcock.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Robert Donat, Madeleine Carroll, Lucie Mannheim, Godfrey Tearle, Peggy Ashcroft, John Laurie, Frank Cellier
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Remarques :
* Tout le film a été tourné en studio, au Lime Grove Studio à Londres. La campagne écossaise y était si bien recréée que les moutons introduits dans une scène se crurent en pleine nature et commencèrent à brouter tranquillement. Hitchcock dut tourner rapidement avant qu’ils n’avalent la moitié du décor !
* L’auteur du livre, John Buchan, occupait alors la fonction de British Governor General of Canada, il siégeait au Parlement Britannique.
* Dans ses entretiens avec François Truffaut, Hitchcock raconte que, ce qui lui avait plu dans le livre de John Buchan, c’est l’understatement, comportement qu’il qualifie de « très britannique » (le mot n’a pas vraiment d’équivalent en français, l’understatement c’est l’amoindrissement des faits, raconter d’un ton léger des évènements graves).

Remakes :
Les 39 marches (The 39 steps) de l’anglais  Ralph Thomas (1959) avec Kenneth Moore
Les 39 marches (The 39 steps) de l’anglais Don Sharp (1978) avec Robert Powell

26 juin 2011

Penthouse (1933) de W.S. Van Dyke

PenthouseLui :
Comédie policière qui permit de découvrir le charme de Myrna Loy et qui préfigure la série des Thin Man. Un avocat, après avoir sauvé un gangster notoire de la chaise électrique, est rejeté à la fois par son employeur et sa fiancée qui se tourne vers un de leurs amis communs. Lorsque celui-ci est faussement accusé d’un meurtre, l’avocat accepte de le défendre et utilise ses relations… Penthouse est une comédie policière centrée sur l’enquête menée par l’avocat. Le ton est assez léger sans que le suspense perde de sa force. L’aspect comédie est surtout apporté par le personnage du gangster (merveilleux Nat Pendleton) et du valet (Charles Butterworth). Les dialogues sont relevés. Auparavant peu remarquée, Myrna Loy apparaît ici pour la première fois dans un rôle qui met son charme en valeur, tout à fait dans le type de personnage décidé et intrépide de la série des Thin Man qui suivront peu après sur le même modèle. C’est cet équilibre subtil entre policier et comédie qui rend Penthouse encore très plaisant à regarder, quatre-vingts ans après sa sortie.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Warner Baxter, Myrna Loy, Charles Butterworth, Nat Pendleton
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Remarques :
* Penthouse, en anglais, désigne les appartements situés dans les étages supérieurs des immeubles, offrant souvent une vue dégagée.
* Penthouse est un film « pre-code », c’est-à-dire qu’il précède de peu la généralisation du code Hays (1934). Par exemple, le caractère très sympathique du gangster n’aurait pas été possible l’année suivante.
Remake :
Society Lawyer de Edwin L. Marin (1939) avec Walter Pidgeon et Virginia Bruce

10 juin 2011

Du plomb pour l’inspecteur (1954) de Richard Quine

Titre original : « Pushover »

Du plomb pour l'inspecteurLui :
Pour piéger de l’auteur d’un hold-up meurtrier, la police surveille sa maitresse. Un inspecteur est chargé de séduire la jeune femme… Pushover (titre traduit sans grande subtilité par Du plomb pour l’inspecteur) a été conçu par Columbia pour lancer la jeune Kim Novak, alors âgée de 21 ans, comme une nouvelle Marylin (1). Si l’on peut trouver le type d’histoire assez conventionnel, le scénario est en réalité assez subtil car il ne s’agit pas vraiment du schéma classique de la femme fatale. S’il y en a un qui exerce sa fatale attraction, c’est l’argent et la femme n’est finalement qu’une jeune oie blanche, victime elle aussi. Mais Pushover est surtout remarquable par sa construction : peu de scènes d’action (une au début et une à la fin) et une belle importance donnée à la surveillance, des scènes de planque soulignées par une tension habilement distillée tout au long du film. La construction est un modèle du genre, elle s’appuie sur une grande vraisemblance. On notera également une musique assez présente qui contribue à l’atmosphère du film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Fred MacMurray, Philip Carey, Kim Novak, Dorothy Malone
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Du plomb pour l'inspecteur (1) Columbia avait bêtement laissé passer l’original : Harry Cohn avait choisi de ne pas renouveler le contrat de six mois de Marylin Monroe en 1948… A noter que, par une amusante coïncidence, le vrai prénom de Kim Novak est Marylin.

Remarques:
Le titre original peut être interprété de différentes façons car Pushover signifie ‘faire tomber’ mais c’est aussi un mot d’argot désignant quelque chose de facile, qui tombe tout cuit dans le bec, et aussi une femme qui se laisse facilement pigeonner. Le titre français Du plomb pour l’inspecteur est loin d’offrir cette subtilité et, de plus, dévoile bêtement la fin du film.

Par facilité, le film a été (trop) souvent comparé à Double Indemnity. Ce genre de comparaison ne peut être que négatif. Si on peut remarquer une certaine similitude dans le personnage d’un homme qui se laisse écarter du droit chemin (interprété par Fred MacMurray dans les deux cas), les constructions des deux films n’ont rien en commun. Le fond du propos est assez différent également.

25 mai 2011

Il était une fois en Amérique (1984) de Sergio Leone

Titre original : « Once upon a time in America »

Il était une fois en AmériqueLui :
A la fin des années soixante, l’ex-gangster Noodles revient à New York après 35 ans d’éloignement. Il se remémore son passé… Il était une fois en Amérique est librement inspiré du livre autobiographique de Harry Gray. Le projet de Sergio Leone a mis plus de dix ans à éclore et le tournage fut interminable. Après la conquête de l’Ouest et la révolution mexicaine, il s’attaque à une autre grande mythologie américaine, le gangster. Cette vaste fresque est construite en flashbacks allant des années vingt au milieu des années trente, fin de la Prohibition. Le film de Leone est à la fois l’histoire de deux gangsters juifs liés par une forte amitié et une variation sur la représentation/idéalisation du cinéma. Toute cette histoire est d’ailleurs issue d’un cerveau en pleine divagation sous l’emprise de l’opium. Leone use (et abuse parfois) de ses effets, créant la tension par de longs plans d’attente. Son cinéma témoigne ici d’une belle vitalité.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Robert De Niro, James Woods, Elizabeth McGovern, Joe Pesci, Burt Young, Tuesday Weld, Treat Williams
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Remarques :
Il était une fois en Amérique dure 3h40. La version commerciale sortie aux Etats-Unis avait été ramenée à 2h20. Du fait des coupes, elle était, parait-il, très dure à comprendre.

23 mai 2011

Mélodie en sous-sol (1963) de Henri Verneuil

Mélodie en sous-solLui :
Charles, la soixantaine, sort de prison. Il est quelque peu déphasé face au monde qui change, ses anciens comparses se sont rangés. Il décide de faire un dernier grand coup et prend un jeune acolyte qu’il a connu en cellule… Adaptation d’un roman noir de John Trinian, Mélodie en sous-sol est un film policier français d’un grand classicisme. Que ce soit dans l’histoire ou dans la vraie vie, avec le duo Gabin / Delon, ce sont deux mondes qui s’opposent. Gabin est en fin de carrière, blasé, un peu fatigué ; s’il joue sans grand entrain, c’est toujours un plaisir de le voir évoluer. Alain Delon, quant à lui, est pétillant de jeunesse, plein de charme, il montre une formidable envie de jouer (1). L’adaptation, très solide, est signée Albert Simonin. Michel Audiard a écrit 25 répliques dont la verve donne un peu de peps à l’ensemble. La mise en scène est précise, certes sans grand éclat ni grand suspense, avec une scène de braquage montrée en temps réel. Très belle scène finale, très photogénique. Mélodie en sous-sol se regarde toujours avec plaisir, un film de la meilleure veine du cinéma policier français.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Alain Delon, Viviane Romance, Maurice Biraud, Henri Virlojeux, Jean Carmet, José Luis de Villalonga
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Remarques :
(1) Alain Delon avait une grande admiration pour Jean Gabin, à tel point qu’il accepta de jouer gratuitement dans Mélodie en sous-sol. Il demanda juste les droits de distribution sur trois pays dont le Japon sur lequel, en se démenant, il gagna énormément d’argent, beaucoup plus que Gabin au final…