14 avril 2009

Quand la ville dort (1950) de John Huston

Titre original : « The Asphalt Jungle »

Quand la ville dortLui :
The Asphalt Jungle, Quand la ville dort, fait partie des films noirs les plus marquants des années 40 et 50. Il marque en effet le début d’un genre, c’est le premier film qui montre toute la préparation, le déroulement et les suites d’un cambriolage de haut vol. C’est le premier « film de casse » (1). Auparavant les films décrivant le parcours de gangster les présentaient comme des hommes parfois brillants mais invariablement avides de pouvoir et de grandeur. La grande originalité de John Huston est de présenter ses personnages comme des hommes ordinaires. Ils ne sont pas brillants mais professionnels, avec des problèmes ordinaires : ils vont tenter de faire le plus gros casse de leur vie. Le film nous décrit la préparation puis le déroulement avec une précision digne d’un documentaire, sauf que Huston est surtout intéressé par les personnages plus que par l’action elle-même. Quand la ville dort Cela donne à Quand la ville dort une profondeur qui dépasse le genre. Pour accentuer cette authenticité, Huston a choisi de ne pas prendre d’acteur connu ; Sam Jaffe incarne remarquablement ce petit homme, cerveau de l’opération, et Sterling Hayden, à la fois gros bras et gros poupon, parvient à traduire tous les tiraillements internes de son personnage. Il faut aussi signaler la présence de la jeune Marilyn Monroe dans un petit rôle, petit mais assez important toutefois. L’atmosphère est citadine, nocturne, engendrant une impression d’enfermement qui ne se relâchera qu’à la toute fin, superbe fin apportant une sensation d’air libre et frais dans la campagne du Kentucky. Quand la ville dort a été copié maintes et maintes fois, citons notamment Du rififi chez les hommes de Jules Dassin qui en reprend la trame avec bonheur.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Sterling Hayden, Sam Jaffe, Louis Calhern, Jean Hagen, James Whitmore, Marilyn Monroe
Voir la fiche du film et la filmographie de John Huston sur le site imdb.com.

(1) Si vous voulez impressionner votre entourage immédiat avec un effet facile, vous pouvez employer le terme américain : « Asphalt Jungle est le premier caper movie »

Remakes :
Si le film a été maintes fois copié, le roman de W.R. Burnett a été adapté 3 fois supplémentaires par la MGM, remakes qui sont loin d’être aussi remarquables :
L’or du Hollandais (The Badlanders), un western de Delmer Davies (1958) avec Alan Ladd et Ernest Borgnine
Les bijoux du Pahraon (Cairo) de Wolf Rilla (1963) avec George Sanders
Cool Breeze de Barry Pollack (1972) avec Thalmus Rasulala.

2 réflexions sur « Quand la ville dort (1950) de John Huston »

  1. Superbe film que je viens de découvrir grâce à vous.

    J’y vois un lien avec un film très postérieur, un autre « caper » movie », mais français celui-ci : « Le cercle rouge ». Il me semble que Melville considérait The Asphalt Jungle comme une de ses principales inspirations…

    La qualité générale du film restauré est impressionnante, les premières images paraissent quasi contemporaines dans leur forme (il me semble qu’il s’agit d’un grand angle au ras du sol, près des pavés). On a du mal à croire que cette façon de filmer ait pu apparaître des 1950 (on doit cependant en trouver des traces chez Lang j’imagine, donc bien avant, voire Murnau…).

    Même le personnage joué par S Hayden est plus subtil qu’un simple « gros bras (« hooligan » dans le film). L’acteur lui-même est remarquable. Marilyn Monroe reste au second plan selon moi dans ce film, dont les rôle masculins sont prépondérants. Le rôle joué par Jean Hagen est mieux mis en valeur.

    A noter, une ressemblance étrange : l’avocat (joué par Louis Calhern, décédé en 1956) ressemble de façon frappante au buttler de Brazil (Terry Gilliam – 1985) – même visage allongé, même moustache fine… une citation de Gilliam ?

  2. Quand la ville dort est un film qui a inspiré beaucoup de cinéastes et il ne serait effectivement pas étonnant que Terry Gilliam ait voulu lui faire un clin d’oeil.

    Sur le placement de la caméra, le grand novateur en la matière reste Orson Welles. Si ce n’est pas le premier à l’avoir fait, c’est le premier à l’avoir fait à une telle échelle. Citizen Kane reste le film le plus marquant sur ce point. Quand la caméra de Murnau est très mobile (comme dans l’Aurore), c’est surtout dans le même plan horizontal. Il faut garder à l’esprit qu’à l’époque, les caméras pesaient trois tonnes, il était hors de question de les prendre à la main, donc mobilité cela signifiait souvent un rail (mais il y a des exemples de plan très audacieux : comme la caméra en chute presque libre de Marcel l’herbier dans l’Argent).

    Mais, bien entendu, tout ceci n’enlève rien au mérite et au talent de John Huston qui est très grand.

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