15 mai 2018

Police judiciaire (1958) de Maurice de Canonge

Police judiciaireAu 36 Quai des Orfèvres, le commissaire Frédéric enquête sur une affaire criminelle tandis que le commissaire Dupuis traque l’assassin d’un de leurs inspecteurs, tué en service plusieurs mois auparavant…
Si ce Police judiciaire de Maurice de Canonge repose bien sur un scénario écrit, le film se place entre le film d’enquête et le documentaire tant il décrit avec précision les méthodes utilisées en insistant tout particulièrement sur leur modernité. Bien entendu, le modernisme de certaines, telles les cartes perforées, peut faire sourire aujourd’hui mais le film montre bien la minutie et l’expertise nécessaires pour venir à bout des enquêtes. Les commissaires ne sont ainsi pas présentés comme des êtres au flair exceptionnel mais comme de grands professionnels qui utilisent toute une panoplie d’outils modernes pour les aider à avancer. Le scénario mêle habilement quatre histoires, les deux principales se révélant assez prenantes ; l’une d’entre elles permet d’ailleurs de démasquer un ripou. Hormis Anne Vernon, les acteurs ne sont guère connus mais tous les rôles sont bien tenus. Robert Manuel n’a qu’un petit second rôle et Jean Tissier fait une apparition (en mondain aviné, ce qui est très classique pour lui). Au delà de son indéniable aspect historique, ce film policier très réaliste  se regarde toujours sans déplaisir aujourd’hui.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Anne Vernon, Henri Vilbert, Robert Manuel, Yves Vincent, Jean Tissier, Daniel Cauchy
Voir la fiche du film et la filmographie de Maurice de Canonge sur le site IMDB.

Remarque :
* Le scénario est basé sur une histoire écrite par Marcel Rivet, adaptée par Pierre Léaud (le père de Jean-Pierre Léaud) et Maurice de Canonge. Les dialogues sont de Jean Frank.

Police judiciaire
Yves Vincent, Daniel Cauchy, Albert Rémy et Henri Vilbert dans Police judiciaire de Maurice de Canonge.

Police judiciaire
Jean Lara et Anne Vernon dans Police judiciaire de Maurice de Canonge.

23 avril 2018

Ça s’est passé en plein jour (1958) de Ladislao Vajda

Titre original : « Es geschah am hellichten Tag »

Ça s'est passé en plein jourDans le canton de Zurich en Suisse, un colporteur découvre le cadavre d’une fillette. Il est immédiatement soupçonné d’être coupable du meurtre mais tel n’est pas l’avis de l’officier de police Matthäi. Hélas, celui-ci doit partir le lendemain pour un poste lointain de fin de carrière… Es geschah am hellichten Tag est un film helvetico-hispano-allemand assez rare, réalisé par Ladislao Vajda, cinéaste d’origine austro-hongroise qui fit sa carrière dans plusieurs pays dont l’Espagne franquiste. Ce film semble être l’un des plus remarquables de sa filmographie. Il réunit un bon plateau d’acteurs avec Heinz Rühmann, alors l’un des acteurs les plus connus outre-Rhin, et Michel Simon qui joue non-doublé en allemand. La prestation la plus étonnante est toutefois celle de Gert Fröbe, acteur alors habitué aux seconds rôles, qui crée un personnage vraiment inquiétant. L’histoire peut paraître assez classique à nos yeux modernes mais le récit s’attache à décrire tout le processus de raisonnement du policier : nous « savons » dès le début que le colporteur n’est pas le coupable, celui-ci nous est clairement désigné par la suite bien avant que l’inspecteur ne le trouve. Le suspense réside donc dans la façon de  le débusquer. A noter que, pour ce faire, le policier n’hésite pas à employer des méthodes peu orthodoxes. La réalisation est sans doute un peu terne mais le film vaut la peine d’être découvert.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Heinz Rühmann, Siegfried Lowitz, Michel Simon, Gert Fröbe
Voir la fiche du film et la filmographie de Ladislao Vajda sur le site IMDB.

Ca s'est passé en plein jour
Sigfrit Steiner, Heinz Rühmann, Michel Simon et Siegfried Lowitz dans Ça s’est passé en plein jour de Ladislao Vajda.

Ca s'est passé en plein jour
María Rosa Salgado et Heinz Rühmann dans Ça s’est passé en plein jour de Ladislao Vajda.

Remarques :
* L’histoire est un scénario original écrit par Friedrich Dürrenmatt, Hans Jacoby et Ladislao Vajda.
Friedrich Dürrenmatt en tirera un roman policier La Promesse après la sortie du film. Ce roman policier sera adapté au cinéma presqu’un demi-siècle plus tard :
The Pledge (2001) de Sean Penn avec Jack Nicholson.

* C’est en voyant Gert Fröbe dans Es geschah am hellichten Tag que les producteurs de la série James Bond eurent l’idée de le faire jouer le rôle du vilain dans Goldfinger (1964). Gert Fröbe sera également particulièrement remarquable dans le film de Fritz Lang Le Diabolique docteur Mabuse (1960).

Ca s'est passé en plein jour
Gert Fröbe dans Ça s’est passé en plein jour de Ladislao Vajda.

28 mars 2018

Cécile est morte! (1944) de Maurice Tourneur

Cécile est morte!Cela fait plusieurs fois que la jeune Cécile demande à voir le commissaire Maigret. C’est même devenu un sujet de plaisanteries au 36 quai des Orfèvres. Elle se plaint de visites nocturnes de son appartement qu’elle occupe avec sa tante, une femme âgée et acariâtre…
Réalisé sous l’Occupation pour la Continental (société de production contrôlée par les allemands), Cécile est morte est l’adaptation d’un roman de Georges Simenon qui a été décidément très adapté durant cette période. Maurice Tourneur en fait une adaptation très fidèle, sans écart aucun. Le film ne figure pas parmi les films les plus personnels de Maurice Tourneur. L’intrigue est joliment alambiquée. Sur le plan de l’interprétation, Albert Préjean campe un Maigret plutôt crédible, doté de personnalité et de présence. A ses côtés, André Gabriello introduit une note d’humour avec son fameux défaut de prononciation. Les seconds rôles sont bien tenus. Sans être un film remarquable, Cécile est morte se regarde sans ennui.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Albert Préjean, Santa Relli, Germaine Kerjean, Luce Fabiole, André Gabriello, Jean Brochard, Charles Blavette
Voir la fiche du film et la filmographie de Maurice Tourneur sur le site IMDB.

Voir les autres films de Maurice Tourneur chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Maurice Tourneur

Cécile est morte
Santa Relli et Albert Préjean dans Cécile est morte! de Maurice Tourneur.

Cécile est morte
Jean Brochard et Albert Préjean dans Cécile est morte! de Maurice Tourneur.

7 janvier 2018

La Cité sans voiles (1948) de Jules Dassin

Titre original : « The Naked City »

La Cité sans voilesAlors que la ville de New York est assoupie, une jeune femme est assassinée par deux hommes dans son appartement. L’enquête est confiée à un lieutenant aguerri et à son adjoint, une jeune recrue prometteuse… The Naked City est au départ une volonté du producteur Mark Hellinger (connu pour avoir produit The Killers de Robert Siodmak) de faire un film sur sa ville, New York. Ce film policier a ainsi un parfum de documentaire qu’il présente lui-même en voix off comme tourné in situ, dans les rues de New York, avec de vrais newyorkais. Il fait partie de ces films qui cherchent à nous montrer sans fard le fonctionnement de la police. Nous suivons ainsi l’enquête avec ses tâtonnements, ses longues recherches sur le terrain avec une belle poursuite en bouquet final. Pour ne pas écorner son authenticité, il n’y a pas d’acteurs connus. Le contrôle de la version finale a échappé à Jules Dassin, le montage ayant été totalement refait : selon ses propres mots, « on a arraché le cœur du film ». Ce n’est donc pas un film aussi personnel que Brute Force ou Night and the City mais l’ensemble est plutôt prenant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Barry Fitzgerald, Howard Duff, Dorothy Hart, Don Taylor, Frank Conroy, Ted de Corsia
Voir la fiche du film et la filmographie de Jules Dassin sur le site IMDB.

Voir les autres films de Jules Dassin chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Jules Dassin

Remarques :
* Mark Hellinger décèdera quelques semaines avant la sortie du film ; il était âgé de 44 ans.

* The Naked City a reçu deux Oscars : l’un à Paul Weatherwax pour le montage (!) et l’autre pour le grand directeur de la photographie William H. Daniels (oui, celui qui a si bien photographié Greta Garbo… The Naked City n’est certainement pas son meilleur travail mais l’homme méritait bien un Oscar).

* The Naked City était le titre d’un livre sur New York du photographe Arthur ‘Weegee’ Fellig. Le producteur Mark Hellinger l’a engagé pour faire des photos sur le tournage en échange du droit d’utiliser le titre. C’est pour cette raison qu’elles sont si nombreuses. Voir sur Google Images


Barry Fitzgerald et Howard Duff dans La Cité sans voiles de Jules Dassin.

The Naked City
Images réelles de la sortie des bureaux dans La Cité sans voiles de Jules Dassin.

The Naked City
Tom Pedi, Don Taylor, Dorothy Hart et Barry Fitzgerald dans La Cité sans voiles de Jules Dassin (photo publicitaire).

17 novembre 2017

On a tué Sherlock Holmes (1937) de Karl Hartl

Titre original : « Der Mann, der Sherlock Holmes war »
Autre titre français : « On a arrêté Sherlock Holmes »

On a arrêté Sherlock HolmesDeux hommes se faisant passer pour Sherlock Holmes et le docteur Watson se rendent dans un palace de la Côte d’Azur où leur arrivée ne passe pas inaperçue. On leur demande de résoudre un cas délicat…
Der Mann, der Sherlock Holmes war (littéralement « L’homme qui était Sherlock Holmes ») est un étonnant film allemand de la fin de l’entre-deux-guerres. Son scénario, signé Karl Hartl et Robert Adolf Stemmle, est en effet une variation brillante autour du personnage de Sherlock Holmes. C’est une comédie policière qui exploite fort bien l’usurpation d’identité avec des rebondissements vraiment nombreux qui ne cessent de nous surprendre. Précisons en outre qu’il n’y a ici aucune trace de propagande (1). La mise en scène n’est pas spectaculaire mais utilise fort bien les différents décors. Côté acteurs, Hans Albert montre une belle présence et un indéniable charisme. L’ensemble forme un divertissement particulièrement plaisant, assez original finalement.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Hans Albers, Heinz Rühmann, Hilde Weissner
Voir la fiche du film et la filmographie de Karl Hartl sur le site IMDB.

Voir les autres films de Karl Hartl chroniqués sur ce blog…

(1) Toutefois, le petit garçon berlinois qui en sait plus sur un sujet que les grands spécialistes français fut peut-être introduit pour plaire aux autorités de tutelle nazie. Mais il parait difficile de qualifier cela de « propagande ».

On a tué Sherlock Holmes
Hilde Weissner, Heinz Rühmann, Hans Albers et Angelo Ferrari dans On a tué Sherlock Holmes de Karl Hartl.

8 novembre 2017

J. Edgar (2011) de Clint Eastwood

J. EdgarJ. Edgar Hoover raconte à une jeune recrue chargée d’écrire sa biographie les quelque cinquante années qu’il a passées à la tête du FBI … Ce film d’Eastwood laisse un goût un peu bizarre. Hoover est un personnage guère recommandable, capable de toutes les bassesses pour poursuivre sa croisade obsessionnelle contre le crime et la « subversion bolchévique ». Avec ses dossiers secrets, il a fait chanter plusieurs générations d’hommes et femmes publiques, y compris plusieurs présidents (de Roosevelt à Nixon), ce qui explique sa longévité. Le regard que Clint Eastwood porte sur Hoover est aussi ambigu qu’inconsistant. Il est ambigu car le réalisateur, qui n’a jamais caché ses préférences politiques, décrit bien toutes les tares du personnage mais tend à les minimiser ou à les expliquer, et donc les justifier. Il est inconsistant car finalement il ne dit rien. L’art de Clint Eastwood est dire les choses tout en laissant quelques pistes pour pouvoir éventuellement y voir le contraire : par exemple, il nous montre une enquête rondement et intelligemment menée aboutissant à l’arrestation du kidnappeur du fils Lindbergh tout en introduisant une petite confusion dans les détails qui permet à certaines personnes attentives (ou à l’esprit mal tourné !) de comprendre que les preuves ont été fabriquées de toutes pièces. Ainsi, il coupe court à la critique et satisfait tout le monde. Finalement, il parvient à contourner tous les sujets qui fâchent et noie l’ensemble dans un torrent de sentimentalisme bon marché sur son homosexualité (présumée) à propos de laquelle il réussit à ne rien dire du tout (si ce n’est qu’il était homosexuel sans l’être vraiment) et sur sa mère castratrice qui en a fait un infirme social… Si le film est très ambigu sur le fond du fait de la fascination d’Eastwood pour son personnage, la forme est plus séduisante : extrêmement convaincant dans son personnage, Leonardo Di Caprio fait une superbe prestation et son maquillage de sexagénaire est extraordinaire. Le pauvre Armie Hammer n’a pas eu la même chance : vieilli, il semble affublé d’un masque mal ajusté qui aurait été prévu pour quelqu’un d’autre. Les critiques furent unanimement élogieuses…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Leonardo DiCaprio, Armie Hammer, Naomi Watts, Judi Dench
Voir la fiche du film et la filmographie de Clint Eastwood sur le site IMDB.

Voir les autres films de Clint Eastwood chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Clint Eastwood

J. Edgar
Leonardo DiCaprio et Armie Hammer dans J. Edgar de Clint Eastwood.

26 septembre 2017

Trois enterrements (2005) de Tommy Lee Jones

Titre original : « The Three Burials of Melquiades Estrada »

Trois enterrementsAu Texas, près de la frontière mexicaine, le vaquero Melquiades Estrada est tué par erreur par un jeune garde-frontière plutôt tête brulée. Son contremaître et ami n’accepte pas qu’il soit enterré rapidement sans aucune enquête, d’autant plus qu’il lui avait fait une promesse… Sur un scénario écrit par Guillermo Arriaga (scénariste de plusieurs films d’Iñárritu), ce premier long métrage du comédien Tommy Lee Jones ne manque pas d’intérêt. A la fois western moderne et fable humaniste, il prend place dans une région que l’acteur connaît bien : il y est né et y possède un ranch où certaines scènes du film ont été tournées. Il campe un personnage qui n’est pas sans rappeler ceux que personnifiait Clint Eastwood, c’est-à-dire un personnage avec de grandes valeurs morales, un grand sens de l’amitié et de la parole donnée. Son film démontre comment, dans ces régions qui paraissent si peu favorisées par la nature, ces valeurs humaines deviennent primordiales. Il souligne la différence de mentalités avec « ceux du nord » (le nord étant pris dans un sens très large, soit tout ce qui est au-dessus de la moitié sud du Texas). Débutant avec une construction habile en flashbacks, le déroulement devient ensuite plus linéaire dans un long cheminement. La belle photographie et l’excellente musique génèrent un certain envoutement. Un film d’une belle puissance.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Tommy Lee Jones, Barry Pepper, Julio Cesar Cedillo, Dwight Yoakam, January Jones, Melissa Leo
Voir la fiche du film et la filmographie de Tommy Lee Jones sur le site IMDB.

Remarques :
* Tout le film (y compris la partie mexicaine) a été tourné dans le sud du Texas, notamment dans le Big Bend National Park qui jouxte la frontière mexicaine. La ville de Van Horn se situe à environ 40 kms de la frontière, non loin de El Paso, la ville la plus à l’ouest du Texas.
* Prix du meilleur acteur pour Tommy Lee Jones et Prix du meilleur scénario pour Guillermo Arriaga au Festival de Cannes 2005.

Trois enterrements
Barry Pepper et Tommy Lee Jones dans Trois enterrements de Tommy Lee Jones.

Levon Helm - Trois enterrements
Nota : Le vieil homme aveugle est interprété par Levon Helm, bien connu pour avoir été le batteur (et chanteur) du groupe The Band. A gauche, Levon Holm dans Trois enterrements de Tommy Lee Jones. A droite, Levon Helm dans les années soixante-dix. Levon Helm est certainement vieilli par maquillage puisqu’il n’avait que 65 ans au moment du tournage. Le musicien est décédé en 2012. 

18 juin 2017

Tutti dentro (1984) de Alberto Sordi

Tutti dentroLe juge Annibale Salvemini est entièrement dévoué à sa tâche de lutte contre la corruption. Promu à la suite du départ en retraite de son supérieur, il émet rapidement une centaine de mandats d’arrêts et se concentre sur une affaire de détournement de pots de vin qui met en cause un de ses anciens amis… Acteur bien connu des meilleures comédies italiennes, Alberto Sordi a également réalisé une quinzaine de long métrages dont cet assez rare Tutti dentro (= Tout le monde au trou). Il en a écrit le scénario avec son vieux compère Rodolfo Sonego (qui a beaucoup écrit pour lui depuis 1954 dont le fameux L’Argent de la vieille de Comencini). L’histoire prophétise l’opération Mains propres du début des années quatre vingt-dix : une série d’enquêtes judiciaires visant des personnalités qui mirent au jour tout un système de corruption. Alberto Sordi mêle habilement sérieux et comédie, tout l’humour étant apporté par son propre personnage : le juge est un original aux cheveux longs qui emploie des ruses assez personnelles pour parvenir à ses fins. De façon inattendue, c’est l’acteur cher à Scorsese, Joe Pesci, qui lui fait face (doublé en italien bien entendu).
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Joe Pesci, Dalila Di Lazzaro, Giorgia Moll
Voir la fiche du film et la filmographie de Alberto Sordi sur le site IMDB.

 

Tutti Dentro
Alberto Sordi et Joe Pesci dans Tutti dentro de Alberto Sordi.

23 février 2017

Les cadavres ne portent pas de costard (1982) de Carl Reiner

Titre original : « Dead Men Don’t Wear Plaid »

Les cadavres ne portent pas de costardLes affaires sont calmes pour le détective John Forrest lorsqu’une cliente frappe à sa porte. Il s’agit de la fille d’un scientifique renommé (et fabriquant de fromages) qui vient de périr dans un accident automobile. Elle pense qu’il a été assassiné… L’idée a germé dans les esprits de Carl Reiner, George Gipe et Steve Martin : faire un film parodique qui incorporerait des extraits de films noirs des années quarante. Bien évidemment, il fallait que le film soit en noir et blanc et c’est grâce à l’usage subtil des champs-contrechamps que l’illusion est créée :  nous avons l’impression que ces acteurs des années quarante donnent la réplique à Steve Martin. L’histoire est totalement farfelue, elle est surtout un prétexte non seulement pour inclure les différents extraits mais aussi pour placer une multitude de clins d’œil qu’il est impossible de tous repérer tant il y en a. Les scénaristes ont toutefois réussi à introduire de très bons gags, le plus célèbre étant cette méthode si particulière  de Rachel Ward pour extraire les balles. La voix off contribue à recréer l’atmosphère des films de détective privé. Steve Martin ressemble plus que jamais à Dana Andrews mais l’acteur a pris soin de ne pas calquer son jeu sur tel ou tel acteur pour éviter le mimétisme (par exemple, il aurait pu se gratter l’oreille et on se serait tous pâmé… mais non, il ne le fait pas). Face à lui, Rachel Ward ne présente aucune ressemblance particulière ; par ailleurs, on peut se demander pourquoi il a été choisi de lui laisser une coupe de cheveux typique des années soixante-dix. Même si on ne peut nier que Les cadavres ne portent pas de costard est un film pour cinéphiles (si on ne reconnait pas les acteurs, l’humour tombe, c’est inévitable), il est au final très amusant et unique en son genre.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Steve Martin, Rachel Ward, Carl Reiner
Voir la fiche du film et la filmographie de Carl Reiner sur le site IMDB.

Voir les autres films de Carl Reiner chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* L’humour du titre ne passe pas vraiment dans la traduction : « plaid » (morceau de tissu écossais porté) peut être un costume, certes, mais un costume en tissu écossais (qu’il faut être américain pour porter, soit-dit en passant !) Or, les cadavres sont toujours habillés à la morgue avec un costume plus habillé qu’un « plaid ». Une meilleure traduction aurait pu être « Les cadavres ne portent pas de blouson vert » ou  même « Les cadavres portent toujours un costard ». 🙂
* Ceci dit, le titre n’a pas de sens particulier (même si Steve Martin arrive à le placer dans une scène). C’est une parodie des titres de romans policiers.
* La série Dream On a repris un peu le principe dans les années 90 mais différemment : les extraits de films servent à exprimer les pensées intérieures du personnage principal.

Les cadavres ne portent pas de costard
Rachel Ward et Steve Martin dans Les cadavres ne portent pas de costard de Carl Reiner.

Les cadavres ne portent pas de costard
Steve Martin censé faire face à Ingrid Bergman dans Les cadavres ne portent pas de costard de Carl Reiner.

Acteurs /extraits de films :
– Alan Ladd dans Tueur à gages (This Gun for Hire) de Frank Tuttle
– Barbara Stanwyck dans Raccrochez, c’est une erreur (Sorry, wrong number) d’Anatole Litvak et Assurance sur la mort (Double Indemnity) de Billy Wilder
– Ray Milland dans Le Poison (The Lost Weekend) de Billy Wilder
– Ava Gardner dans Les tueurs (The killers) de Robert Siodmak et L’Île au complot (The Bribe) de Robert Z. Léonard
– Burt Lancaster dans Les tueurs (The killers) de Robert Siodmak
– Humphrey Bogart dans Le Grand Sommeil (The Big Sleep), Le Violent (In a Lonely Place) et Les Passagers de la nuit (Dark Passage)
– Cary Grant dans Soupçons (Suspicion) d’Alfred Hitchcock
– Ingrid Bergman dans Les Enchaînés (Notorious) d’Alfred Hitchcock
– Veronica Lake dans La Clé de verre (The Glass Key) de Stuart Heisler
– Bette Davis dans Jalousie (Deception) d’Irving Rapper
– Lana Turner dans Johnny, roi des gangsters (Johnny Eager) de Mervyn LeRoy et Le facteur sonne toujours deux fois (The Postman Always Rings Twice) de Tay Garnett
– Edward Arnold dans Johnny, roi des gangsters (Johnny Eager) de Mervyn LeRoy
– Kirk Douglas dans L’Homme aux abois (I Walk Alone) de Byron Haskin
– Fred MacMurray dans Assurance sur la mort (Double Indemnity) de Billy Wilder
– James Cagney dans L’enfer est à lui (White Heat) de Raoul Walsh
– Joan Crawford dans Humoresque de Jean Negulesco
– Charles Laughton et Vincent Price dans  L’Île au complot (The Bribe) de Robert Z. Léonard

Les cadavres ne portent pas de costard
A gauche : Dana Andrews dans Laura (1944). A droite : Steve Martin dans Les cadavres ne portent pas de costard de Carl Reiner. Je suis étonné que personne ne mentionne cette ressemblance vraiment frappante (que Carl Reiner a certainement cultivée).

14 février 2017

Le Chien des Baskerville (1959) de Terence Fisher

Titre original : « The Hound of the Baskervilles »

Le Chien des BaskervilleEn l’an 1790, Sir Hugo Baskerville, un aristocrate cruel, est attaqué par un énorme chien alors qu’il vient de poignarder une paysanne sur la lande. De là naît la légende du chien des Baskerville. Plusieurs décennies plus tard, Charles Baskerville meurt sur la lande dans des circonstances mystérieuses. Son neveu, Sir Henry hérite du domaine familial. Le détective Sherlock Holmes est contacté pour veiller sur lui… Le Chien des Baskerville de Terence Fisher est la deuxième grande adaptation du célèbre roman de Conan Doyle. Cette version prend quelques libertés par rapport au roman, sans le dénaturer toutefois. Le film étant issu des studios Hammer, on peut s’attendre à ce que le côté terrifiant soit développé mais il n’en est rien. Même l’apparition de la bête ne fait pas frémir. Le film est plutôt remarquable par son atmosphère, vraiment inquiétante, due à la précision du scénario, au jeu des acteurs et à leur forte présence. Le film joue beaucoup plus sur les nuances que sur le démonstratif. C’est sans doute pour cette raison que le film a plutôt déçu les amateurs des films de la Hammer et les suites prévues ne furent pas mises en chantier. Aujourd’hui, il est mieux considéré. A juste titre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Peter Cushing, André Morell, Christopher Lee, John Le Mesurier
Voir la fiche du film et la filmographie de Terence Fisher sur le site IMDB.

Voir les livres sur la Hammer

Le Chien des Baskerville
André Morell (Watson) et Peter Cushing (Sherlock Holmes) dans Le Chien des Baskerville de Terence Fisher.

Le Chien des Baskerville
Peter Cushing (Sherlock Holmes) et Christopher Lee (Sir Henry Baskerville) dans Le Chien des Baskerville de Terence Fisher.

Les plus grandes adaptations du roman à l’écran :
1. Le Chien des Baskerville (The Hound of the Baskervilles) de Sidney Lanfield (USA 1939) avec Basil Rathbone, Nigel Bruce et Richard Greene
2. Le Chien des Baskerville (The Hound of the Baskervilles) de Terence Fisher (UK 1959) avec Peter Cushing et Christopher Lee
3. Priklyucheniya Sherloka Kholmsa i doktora Vatsona: Sobaka Baskerviley d’Igor Maslennikov (TV russe, 1981) avec Vasiliy Livanov et Nikita Mikhalkov
4. The Hound of the Baskervilles de Douglas Hickox (TV UK, 1983) avec Ian Richardson et Denholm Elliott
5. The Hound of the Baskervilles de Brian Mills (TV UK, 1988) avec Jeremy Brett et Edward Hardwicke
6. The Hound of the Baskervilles de Dave Attwood (TV UK, 2002) avec Richard Roxburgh et Ian Hart