24 décembre 2016

Le Guépard (1963) de Luchino Visconti

Titre original : « Il gattopardo »

Le GuépardSicile, 1860. Garibaldi et ses Chemises rouges débarquent sur l’île pour aider les siciliens à se soulever contre François II, roi des Deux-Siciles. Le Prince Salina observe les évènements avec résignation. Il voit son neveu, le jeune et bouillant Trancrède, rejoindre les insurgés sans toutefois partager leur aspirations… Le Guépard de Luchino Visconti est adapté du seul roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa (paru en 1958). Il traite d’une période que Visconti avait déjà abordée dans Senso (1954), celle de la naissance de l’état italien. Lampedusa et Visconti partagent la même nostalgie : Lampedusa s’est inspiré d’un des ses aïeuls pour créer le personnage du Prince et il est indéniable que Visconti s’est en partie identifié à ce personnage d’aristocrate très lucide qui assiste à la fin d’un monde. Le cinéaste prend donc un soin extrême dans la reconstitution et nous offre une fresque impressionnante par sa beauté et son ampleur. L’interprétation magistrale de Burt Lancaster éclipse toutes les autres. Claudia Cardinale a un très beau sourire (mais un jeu moins convaincant). Bien que le film soit d’une durée excessive (la fameuse scène finale du bal en est le plus bel exemple), l’ennui ne nous gagne à aucun moment. Palme d’Or à Cannes en 1963, Le Guépard est l’œuvre la plus célèbre de Visconti.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Claudia Cardinale, Alain Delon, Romolo Valli, Terence Hill, Pierre Clémenti
Voir la fiche du film et la filmographie de Luchino Visconti sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Luchino Visconti chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Luchino Visconti

Le Guépard
Burt Lancaster, Alain Delon et Claudia Cardinale dans Le Guépard de Luchino Visconti.

Remarque :
Précédente vision

20 juin 2016

L’Homme de la loi (1971) de Michael Winner

Titre original : « Lawman »

L'homme de la loiUn shérif arrive dans une petite ville de l’Ouest pour arrêter un groupe de cow-boys qui ont mis à sac une petite ville voisine un soir de beuverie et tué accidentellement un homme. Tous ces cow-boys travaillent pour un riche propriétaire qui possède la ville et que tous respectent… Lawman est le premier film américain de l’anglais Michael Winner. C’est un western assez prenant mais aussi franchement surprenant. La mise en place (un justicier seul contre toute une ville) a un petit air de déjà-vu et laisse augurer d’un développement assez conventionnel mais il n’en est rien. Contre toute attente, Michael Winner ne cherche pas à provoquer l’identification du spectateur à son personnage principal : certes il est incorruptible et ne faiblira pas mais il a une conception tellement haute de sa mission qu’il a en perdu toute humanité. C’est en quelque sorte un Terminator que rien n’arrête. Face à lui, le « méchant » cherche le dialogue pour éviter que le sang coule ; pour lui, le temps des armes est dépassé, l’argent permet d’éviter les conflits afin de préserver une société construite par les armes. Il a ainsi une vision plus moderne, qui évite la spirale où le meurtre appelle le meurtre. Et comme pour enfoncer le clou et bien montrer les contradictions de son héros justicier, Michael Winner lui fait accomplir un geste désespéré (et totalement inattendu) à la toute fin, un geste qui nous laisse pantois. Lawman se place dans le sillage des westerns italiens pour l’étalage d’une certaine violence froide où le sang se montre. L’interprétation de Burt Lancaster est puissante, sorte de colosse inflexible, tout en contraste avec Robert Ryan en shérif fatigué. La façon de filmer est marquée années soixante dix, notamment par un usage immodéré du zoom. Lawman est un western très original, doté d’une belle force.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Robert Ryan, Lee J. Cobb, Robert Duvall, Sheree North
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Winner sur le site IMDB.

Voir les autres films de Michael Winner chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Michael Winner est parfois qualifié un peu hâtivement de cinéaste réactionnaire, il doit cette mauvaise image à ses films avec Charles Bronson (notamment Un justicier dans la ville).
* Michael Winner a présenté Lawman comme étant « l’un des westerns les plus authentiques qui aient jamais été fait » (mais sans qu’il ne précise vraiment pourquoi…)
* Dans son encyclopédie du western, Phil Hardy présente Lawman comme étant un remake non déclaré de Man with the Gun (L’Homme au fusil) de Richard Wilson (1955) avec Robert Mitchum, affirmation qui ne me semble pas être reprise ailleurs.

 

Lawman
Robert Ryan et Burt Lancaster dans L’homme de la loi de Michael Winner.

Lawman
Burt Lancaster dans L’homme de la loi de Michael Winner.

24 mars 2015

Bronco Apache (1954) de Robert Aldrich

Titre original : « Apache »

Bronco ApacheA la reddition de Géronimo, de nombreux guerriers Apache sont envoyés de force dans une réserve en Floride. L’un d’entre eux, Massaï, réussit à s’échapper du train et retraverse la moitié des Etats-Unis à pied pour rejoindre les siens. Là, il entreprend de continuer à se battre, seul, contre les Blancs. Il se considère comme étant le dernier Apache vivant… Bronco Apache est le premier western de Robert Aldrich, un western original puisque son histoire nous est racontée selon le point de vue indien. L’histoire montre bien l’impasse dans laquelle les indiens se sont alors retrouvés après avoir perdu tout contrôle sur leur devenir. Le film n’est pas manichéiste pour autant, son héros n’est pas irréprochable : il est d’un individualisme ultime, obstiné et inflexible, mais c’est un personnage doté d’une très grande force de caractère. Il a l’ambition de créer à lui tout seul un nouveau mode de vie pour les Apaches. Burt Lancaster, tous muscles luisant, fait un Apache finalement assez crédible. En plus de l’être par son propos et la réflexion qu’il comporte, Bronco Apache est également remarquable par son rythme, les scènes d’action sont joliment enlevées, réglées au cordeau. La fin en happy end n’est bien entendu pas celle qui avait été écrite. Elle est si irréaliste que l’on a l’impression de basculer dans une autre dimension… mais cela n’enlève rien aux qualités du film.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Jean Peters, John McIntire, Charles Bronson, John Dehner
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Aldrich sur le site IMDB.

Voir les autres films de Robert Aldrich chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Robert Aldrich

Bronco Apache
Burt Lancaster (l’Apache Massaï) et Jean Peters (Nalinle, sa squaw) dans Bronco Apache de Robert Aldrich.

Remarques :
* Bronco Apache est adapté d’un roman de Paul Wellman. Le scénario a été écrit par James R. Webb qui signera également celui de Cheyenne Autumn (Les Cheyennes) de John Ford dix ans plus tard.
* Bronco Apache s’inscrit dans la ligne des films montrant le point le vue indien, une ligne ouverte par La flèche brisée (Broken Arrow) de Delmer Daves et La Porte du diable (Devil’s Doorway) d’Anthony Mann, tous deux de 1950.
* Bronco Apache voit l’un des premiers rôles de Charles Bronson (qui s’appelait encore Charles Buchinsky), un tout petit rôle.
* La fin initialement prévue voyait Massaï tué d’une balle dans le dos par Hondo (Charles Bronson), son rival auprès de Nalinle. United Artists a finalement réussi à imposer une fin plus heureuse.

2 mars 2014

Le Corsaire rouge (1952) de Robert Siodmak

Titre original : « The Crimson Pirate »

Le corsaire rougeA la fin du XVIIIe siècle, le pirate Vallo s’attaque à un navire officiel britannique lourdement armé. Il emporte un émissaire du roi pour aller mâter la révolution dans les Caraïbes…
Deux ans après La Flèche et le flambeau de Jacques Tourneur, la Warner reprend le principe d’un grand film d’aventures basé sur les qualités acrobatiques de Burt Lancaster et de Nick Cravat, son acolyte muet (1). La direction en est confiée à Robert Siodmak qui insiste pour donner un ton de comédie à cette histoire de pirates écrite par Roland Kibbee, Le Corsaire rouge. Ce mélange d’humour et d’aventures donne un caractère très particulier au film, certaines scènes (les poursuites notamment) étant  très proches de la farce. Le film peut être qualifié de satirique car il parodie certains clichés des film de pirates. L’autre point particulier est la présence des « inventions » : on y voit ainsi un petit sous-marin, une mitraillette de fortune. Avec l’utilisation d’une montgolfière, l’ensemble fait penser au Baron de Münchhausen. A l’instar des films de Douglas Fairbanks (2), Le corsaire rouge dégage une grande vitalité et une énergie qui maintiennent le spectateur en haleine. Il n’y a pas beaucoup de temps morts… C’est un film très plaisant, un excellent divertissement visible à tous les âges.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Nick Cravat, Eva Bartok, Leslie Bradley
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Siodmak sur le site IMDB.

Voir les autres films de Robert Siodmak chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Le film fut entièrement tourné en Europe : Espagne, Italie et Angleterre. Les scènes maritimes ont été tournées sur l’île d’Ischia, en face de Naples. Le budget initial fut largement dépassé.
* Dans Le Sens de la Vie des Mont Python, le nom de la compagnie d’assurances Crimson Permanent Assurance Compagnie (dont le building navigue entre les immeubles à la suite d’une mutinerie des employés) est une référence à ce film The Crimson Pirate.
* Le principe de marcher sous l’eau avec une barque retournée sur la tête (fournissant ainsi une réserve d’air) a été repris dans Pirates des Caraïbes, la malédiction du Black Pearl (2003). La scène de l’équipage pirate suspendue dans un filet a été reprise dans Pirates des Caraïbes – Le secret du coffre maudit (2006).

The Crimson PirateNick Cravat et Burt Lancaster dans The Crimson Pirate de Robert Siodmak

(1) Si le personnage de Nick Cravat est muet, c’est parce que l’acteur avait un fort accent de Brooklyn ce qui aurait été quelque peu incongru pour cette époque…
(2) D’ailleurs, au moins une scène (celle de l’attaque finale sous l’eau) figurait dans Le Pirate noir d’Albert Parker (1926), film avec Douglas Fairbanks et Billie Dove.

11 janvier 2014

Buffalo Bill et les indiens (1976) de Robert Altman

Titre original : « Buffalo Bill and the Indians, or Sitting Bull’s History Lesson »

Buffalo Bill et les IndiensEn 1885, Buffalo Bill dirige un grand spectacle sur l’Ouest dont il est la vedette. Pour pimenter le show, il achète à l’armée l’un de ses prisonniers les plus célèbres, le chef indien Sitting Bull… Après l’armée (MASH), le western (John McCabe), la music-business (Nashville), Robert Altman s’attaque à l’une des plus grandes figures mythiques de l’Amérique : Buffalo Bill. Alors qu’Hollywood a exploité jusqu’à la corde la légende du héros intrépide, Altman nous le montre comme un cabotin plutôt grotesque entouré de béni-oui-oui, maladroit au tir et piètre cavalier. Même s’il grossit un peu le trait, il est tout de même assez proche de la vérité historique et sait agrémenter l’ensemble d’une bonne dose d’humour. Au-delà de cette figure légendaire, Altman s’attaque à cette société du spectacle capable de créer l’Histoire (« J’ai le sens de l’Histoire » braille Buffalo Bill dans un moment d’énervement, « et c’est moi qui commande ! ») et ainsi s’interroge sur la façon dont se forge un imaginaire collectif, fondement d’une civilisation moderne. Altman maitrise parfaitement cette mise en scène d’une mise en scène, utilisant comme à son habitude de très nombreux personnages.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Paul Newman, Joel Grey, Kevin McCarthy, Harvey Keitel, Geraldine Chaplin, Burt Lancaster
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Altman sur le site IMDB.

Voir les autres films de Robert Altman chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Loin du mythe largement accepté comme vérité historique, le chasseur de bisons William Frederick Cody (alias Buffalo Bill) a été un showman qui s’est forgé un personnage de légende en créant un spectacle mettant en scène des scènes de la vie dans l’Ouest et des batailles contre les indiens. Buffalo Bill faisait jouer à de vrais indiens leurs propres rôles ce qui contribua à l’immense popularité de son spectacle. Le cinéma, juste naissant, lui a permis d’accentuer davantage son image. Il a ainsi créé et répandu dans l’imaginaire collectif le mythe du Far-West et ses codes vestimentaires (on lui doit les chapeaux, les chemises, les foulards, les coiffes de plumes pour les indiens, etc.) Son spectacle a même tourné en Europe : ses représentations à Paris en 1905 ont attiré plus de 3 millions de spectateurs ! Le mythe de Buffalo Bill a été ensuite largement entretenu par le cinéma. C’est un superbe exemple de « légende qui dépasse la réalité »…

* Dès 1894, William Frederick Cody apparaît dans de petits films où il joue son propre rôle, le plus souvent des extraits de son show. IMDB liste ainsi 20 films où il apparait entre 1894 et 1917, l’année de sa mort.

1 décembre 2013

Fureur apache (1972) de Robert Aldrich

Titre original : « Ulzana’s Raid »

Fureur apacheA la tête d’un petit groupe, l’indien apache Ulzana s’échappe du fort de l’Arizona où il était consigné. Il pille les fermes isolées à l’entour et massacre leurs occupants. Une petite escouade de soldats est chargée de le mettre hors d’état de nuire. Elle est dirigée par un jeune officier idéaliste et sans expérience, aidé par un éclaireur blanc aguerri (Burt Lancaster) et un scout indien… Sur un scénario remarquablement écrit par Alan Sharp, Fureur apache est un western qui, malgré les apparences, s’écarte plutôt des sentiers battus et c’est probablement l’un des westerns les plus importants des années soixante dix. Il s’agit d’une traque où chacun chasse l’autre. Comme souvent avec Robert Aldrich, les scènes d’action sont percutantes, assez directes, mais ce sont les scènes de discussions qui sont les plus étonnantes, lorsque le jeune officier cherche à comprendre les raisons de cette violence du chef indien. L’explication donnée ne peut nous faire aboutir qu’à la conclusion que toute cohabitation est impossible. C’est donc une vision assez dure que nous offre Robert Aldrich, nous sommes loin de la bienveillance envers les indiens de Little Big Man sorti deux ans plus tôt. Que l’on approuve ou pas le propos, force est de reconnaitre la perfection du déroulement du scénario et de sa mise en scène. Fureur apache est un film particulièrement prenant d’un bout à l’autre.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Bruce Davison, Jorge Luke, Richard Jaeckel, Joaquín Martínez
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Aldrich sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Robert Aldrich chroniqués sur ce blog…

Lire aussi l’analyse d’Olivier Bitoun sur DVD Classik qui approfondit le parallèle avec Bronco Apache (Apache) qu’Aldrich a tourné 18 ans plus tôt, en 1954.

29 novembre 2013

The Swimmer (1968) de Frank Perry

Titre français parfois utilisé : « Le Plongeon »

Le plongeonPar un bel après-midi d’été, un homme sort des bois en maillot de bain pour plonger dans la piscine d’une belle propriété du Connecticut. L’homme connait visiblement les propriétaires qui l’accueillent chaleureusement, véritablement heureux de le revoir. De leur terrasse qui domine une petite vallée, il lui prend l’idée de passer de propriété en propriété jusque chez lui, nageant de piscine en piscine… Basé une histoire écrite par John Cheever, The Swimmer est un film très original, un peu déroutant sans aucun doute mais franchement remarquable. Il surprend par sa forme et son contenu, cachant bien son jeu dans le premier tiers du film pour ensuite se dévoiler peu à peu (d’ailleurs, je conseillerais d’en lire le moins possible sur le film avant de le visionner). Pour ne pas trop en dire, disons que l’histoire est en réalité une belle allégorie sur la réussite sociale et le rêve américain ; sur le fond, The Swimmer n’est d’ailleurs sans rappeler d’autres films de la même époque comme Le Lauréat. Si le déroulement du scénario est parfait, le film n’est pas sans défaut sur le plan de la forme : ralentis, transitions, les effets sont souvent trop appuyés. La fin est ratée, l’insistance mélodramatique la rend presque risible. A 55 ans, Burt Lancaster passe tout le film en maillot de bain (quand ce n’est pas moins…) Avec son corps athlétique allié à une séduisante maturité, il porte le film beaucoup plus haut que ne l’aurait fait un autre acteur. Trop déroutant, The Swimmer n’a connu que peu de succès à sa sortie. Il fait aujourd’hui partie de ces films méconnus qui méritent vraiment d’être découverts. Original et étonnant.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Janet Landgard, Janice Rule
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Perry sur le site IMDB.

Remarques :
* Le scénario a été écrit par Eleanor Perry, la femme du réalisateur (elle a écrit le scénario de tous ses films).
* Le film n’est, semble t-il, pas sorti en France à l’époque. IMDB donne bien une date de sortie française en 1968 mais les revues de cinéma de l’époque ne le mentionnent pas. Quoiqu’il en soit, The Swimmer est ressorti en 2010.
* Sydney Pollack a été appelé à la rescousse par le producteur pour retourner une scène avec Janice Rule (l’ancienne amante de Ned).

Lire aussi (mais plutôt après avoir vu le film) l’analyse d’Olivier Bitoun sur DVDClassik.

4 mai 2013

La Flèche et le Flambeau (1950) de Jacques Tourneur

Titre original : « The Flame and the Arrow »

La flèche et le flambeauAu XIIe siècle, en Lombardie dans le nord de la future Italie, la population d’un petit village des montagnes vit sous la terreur d’un seigneur allemand plutôt cruel. Lorsque ce dernier lui ravit son jeune fils, Dardo, un homme des forêts agile et expert au tir à l’arc, se dresse contre lui… Par sa gaité et ses couleurs, The Flame and the Arrow est assez à part dans la filmographie de Jacques Tourneur dont les films sont généralement plus sombres (1). L’histoire est assez proche de celle de Robin des Bois. Le film est ainsi un joyeux divertissement qui met en valeur les qualités physiques de Burt Lancaster qui est ici en tandem avec son ancien partenaire de cirque, Nick Cravat. Les acrobaties qu’ils accomplissent tous deux font une bonne partie du spectacle et donnent un caractère très enlevé à ce plaisant film d’aventures historique, généreux en couleurs. De son côté, Virginia Mayo apporte un peu de charme dans ce monde très masculin. C’est très gai et vivant, on ne s’ennuie guère.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Virginia Mayo, Robert Douglas, Nick Cravat
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Tourneur sur le site IMDB.

Voir les autres films de Jacques Tourneur chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Nick Cravat interprète un muet car, en réalité, l’acteur-acrobate parle avec un accent de Brooklyn très marqué qui aurait paru plutôt déplacé dans la Lombardie du XIIe siècle !
* On pourra remarquer que le côté plus sombre de Jacques Tourneur est tout de même présent dans cette étrange scène où Dardo combat le marquis qui l’a trahi : Jacques Tourneur éteint la lumière et le combat se déroule dans le noir, nous laissant deviner plus qu’il ne montre. Assez étonnant dans ce film par ailleurs très éclairé.

(1) Flame and the Arrow (1950) et Anne of the Indies (1951) sont les deux seuls films dans la filmographie de Jacques Tourneur à être si pétulants, généreusement coloriés et légers.
(2) Avant d’être comédien, Burt Lancaster était acrobate dans un cirque, carrière interrompue par une blessure.

3 février 2013

Les Professionnels (1966) de Richard Brooks

Titre original : « The Professionals »

Les professionnelsA l’époque de la Révolution mexicaine, un riche propriétaire texan recrute quatre hommes pour aller délivrer sa jeune épouse qui a été enlevée et emmenée au-delà de la frontière. Chacun est expert en son domaine : le maniement des armes à feu, éclaireur et tir à l’arc, le dynamitage, le soin des chevaux… Avec le recul, il apparaît clairement que Les Professionnels de Richard Brooks s’inscrit pleinement dans une période charnière du western, une époque où le genre cherchait un nouveau souffle entre classicisme et irruption du western italien, avant de déboucher sur des films plus violents comme La Horde sauvage de Peckinpah (1). Ici, l’accent est mis sur les personnages qui, outre leur excellence dans un domaine particulier, sont dotés d’une vraie personnalité et d’une conscience qui entrainent questionnements et dilemmes moraux. Richard Brooks donne ainsi par leur biais une certaine dimension philosophique et politique à son film. Mais le film garde ses scènes d’action, bien amenées par un scénario qui se déroule intelligemment. Sous une apparence de film d’action, Les Professionnels est donc doté d’une indéniable profondeur ; il peut ainsi être vu à plusieurs niveaux. On remarquera la belle utilisation des décors naturels et l’excellente interprétation.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Lee Marvin, Robert Ryan, Woody Strode, Jack Palance, Claudia Cardinale
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Brooks sur le site IMDB.

Voir les autres films de Richard Brooks chroniqués sur ce blog…

(1) La Horde sauvage (The Wild Bunch) de Sam Peckinpah (1969).

19 novembre 2012

Le dernier de la liste (1963) de John Huston

Titre original : « The list of Adrian Messenger »

Le dernier de la listeUn ex-officier des Services secrets se voit confier par son ami Adrian Messenger une liste de dix noms sur lesquels il lui demande d’enquêter afin de savoir ce qu’ils sont devenus. Il lui promet de lui donner ensuite les raisons de sa demande mais il est tué le lendemain dans un mystérieux accident d’avion… Basé sur un roman de Philip MacDonald, Le dernier de la liste est un film d’enquête qui joue sur le mystère et la dissimulation. L’histoire n’est pas vraiment très crédible mais elle reste suffisamment intrigante pour nous intéresser (du moins selon les standards du cinéma des années soixante, car les amateurs de thrillers modernes risquent de s’ennuyer). Tourné en Irlande, le film comporte deux longues scènes de chasse à courre, John Huston rassemblant ainsi deux de ses passions.Le dernier de la listeEn outre, le réalisateur s’amuse avec la tromperie et le déguisement en introduisant des caméos (courtes apparitions) d’acteurs connus, rendus totalement méconnaissables par un maquillage très poussé. Ils sont même doublés pour éviter que l’on puisse reconnaitre leur voix. Ils ne se dévoilent que lors du générique final. Ce petit amusement a peut-être plutôt desservi le film car il n’est ramené qu’à ce tour de passe-passe. Le dernier de la liste est certes un Huston léger mais il reste un bon divertissement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: George C. Scott, Jacques Roux, Kirk Douglas, Burt Lancaster, Robert Mitchum, Frank Sinatra, Tony Curtis, Dana Wynter, Clive Brook
Voir la fiche du film et la filmographie de John Huston sur le site IMDB.

Voir les autres films de John Huston chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Le jeune fils Bruttenholm est joué par Tony Huston (12 ans), le fils de John Huston qui fait lui-même une courte apparition à l’écran en cavalier lors de la chasse.
* Le film a été tourné pour la Joel Production, la compagnie de Kirk Douglas (dont le fils se prénomme Joel).