22 juillet 2023

Oranges sanguines (2021) de Jean-Christophe Meurisse

Oranges sanguinesUn couple de retraités surendettés tente de remporter un concours de rock, un ministre de l’économie est soupçonné d’avoir un compte à l’étranger, une jeune adolescente rencontre un détraqué sexuel…
Oranges sanguines est un film français réalisé par Jean-Christophe Meurisse, son second long métrage. Il prend la forme d’un film choral pour former une comédie qui se veut grinçante. « Les oranges sanguines, ce sont les personnages, c’est nous, les Français » précise le réalisateur qui a donc pour ambition de dresser un portrait de notre société. Son humour « décapant » parait d’abord très inégal, souvent poussif, quelquefois hilarant (Blanche Gardin et Denis Podalydès sont excellents). Le film sombre ensuite dans le mauvais goût, l’horreur et le macabre. Le réalisateur cherche visiblement à frapper le spectateur : « Il faut être au bord de l’indécence » fait-il dire à l’un de ses personnages. Le metteur en scène ajoute dans le dossier de presse : « J’ai compris un truc, le plus important pour une œuvre ou un artiste, c’est qu’on en parle, en bien ou en mal, peu importe. » Hum, quand un artiste part sur ce principe, ce n’est pas bon signe…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Alexandre Steiger, Christophe Paou, Lilith Grasmug, Olivier Saladin, Denis Podalydès, Blanche Gardin, Céline Fuhrer
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Oranges sanguinesDenis Podalydès, Alexandre Steiger et Christophe Paou dans Oranges sanguines de Jean-Christophe Meurisse.

20 juillet 2023

Revoir Paris (2022) de Alice Winocour

Revoir ParisSurprise par un orage à Paris alors qu’elle circule à moto, Mia se réfugie au hasard à L’Étoile d’or. Quelques instants plus tard, le restaurant est attaqué par des terroristes qui mitraillent la clientèle. Mia parvient à échapper à l’attentat qui dure plusieurs heures. Traumatisée et partiellement amnésique, elle passe les trois mois suivants à la campagne chez sa mère. Puis elle décide de retourner à Paris…
Revoir Paris est un film français réalisé par Alice Winocour. Elle en a écrit le scénario avec Jean-Stéphane Bron et Marcia Romano. Il nous fait suivre le rétablissement psychologique de cette femme prise dans un attentat. C’est une situation que Alice Winocour connait puisque son frère était au Bataclan lors des attentats de 1975. Son récit nous permet de mesurer à quel point il est pour nous difficile d’imaginer les bouleversements entrainés par une telle situation, tout en soulignant que les conséquences peuvent prendre des formes très différentes selon chacun. Le récit n’utilise aucun effet, l’approche est délicate et Virginie Efira a une interprétation très juste.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Virginie Efira, Benoît Magimel, Grégoire Colin, Maya Sansa, Amadou Mbow, Nastya Golubeva Carax, Dolores Chaplin
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Revoir ParisBenoît Magimel et Virginie Efira dans Revoir Paris de Alice Winocour.

18 juillet 2023

Les Adieux (1958) de Wojciech Has

Titre original : « Pozegnania »

Les adieux (Pozegnania)Pawel est étudiant, issu d’une famille aristocratique. Il s’oppose à son père et un soir décide d’avoir une aventure avec Lidka, une entraineuse de cabaret. Quelques années plus tard, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils se rencontreront de nouveau mais les rapports seront très différents…
Les Adieux est un film polonais écrit et réalisé par Wojciech Jerzy Has, son second long métrage, d’après un roman de Stanislaw Dygat paru en 1948. Le récit met tout d’abord en relief les rapports de classe sociale entre l’étudiant et l’entraineuse pour mieux les retourner dans une seconde partie : l’entraineuse est en effet devenue comtesse après avoir épousé le cousin de l’étudiant. Ce dernier, qui semble avoir tout perdu, va accepter d’être serveur dans un restaurant. La guerre a donc « rebattu les cartes ». Il est difficile de percevoir l’intention du propos et l’histoire manque de force, elle est même un peu confuse dans la seconde partie. Sur la plan de la forme, on ne retrouve pas les audaces de cadrages de son précédent film, l’ensemble est moins remarquable. Le film fut néanmoins très bien accueilli, ce serait le plus grand succès de la Polish Film School (1).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Maria Wachowiak, Tadeusz Janczar, Gustaw Holoubek
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(1) Le terme Polish Film School (Polska Szkoła Filmowa) désigne un groupe informel de réalisateurs polonais de la période 1956-1963 : Andrzej Wajda, Jerzy Kawalerowicz, Andrzej Munk, Tadeusz Konwicki, Wojciech Jerzy Has, Kazimierz Kutz, Stanisław Różewicz. Ces réalisateurs montraient souvent une influence du néoréalisme italien.

Remarque :
Le site de Cinémathèque polonaise propose l’étonnante interprétation suivante : « Le film est basé sur une structure de chanson, avec des strophes, des intervalles et un refrain. Le refrain se compose des regards du protagoniste à travers la fenêtre. »

Les adieux (Pozegnania)Tadeusz Janczar dans Les adieux (Pozegnania) de Wojciech Has.

Les adieux (Pozegnania)Maria Wachowiak dans Les adieux (Pozegnania) de Wojciech Has.

16 juillet 2023

Le Noeud coulant (1958) de Wojciech Has

Titre original : « Petla »

Le Noeud coulant (Petla)Kuba, un artiste alcoolique, est réveillée par Krystyna, la jeune femme qui l’aime. Elle l’a convaincu d’aller voir un docteur à 18h00 pour se faire soigner. Il est bien décidé à tenir jusqu’au soir mais les heures vont être bien longues avant l’heure du rendez-vous…
Le Nœud coulant est un film polonais réalisé par Wojciech J. Has, son premier long métrage à l’âge de 33 ans. Il en a co-écrit le scénario avec Marek Hłasko, écrivain que l’on peut décrire (très) succinctement comme un Jack Kerouac polonais. Outre les tentations et les à priori des personnes à l’entour, le récit décrit la profonde crise existentielle du personnage principal, ce qui donne au film une indéniable profondeur. Pour sa première réalisation, Wojciech J. Has montre déjà une étonnante maitrise et surtout son attrait pour les cadrages et la composition. Il affectionne déjà d’étoffer son image en créant des avant-plans. Ses gros plans sont superbes. L’utilisation de la lumière montre une influence de l’expressionnisme allemand, ce qui bien entendu sied parfaitement au sujet. Tout cela donne un ensemble assez intense.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gustaw Holoubek, Aleksandra Slaska, Teresa Szmigielówna, Tadeusz Fijewski, Stanislaw Milski
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Remarque :
Vu sur le site de la cinémathèque polonaise (sous-titres anglais ou polonais seulement).

Gustaw Holoubek et Aleksandra Slaska dans Le Noeud coulant (Petla) de Wojciech Has.

Le Noeud coulant (Petla)Gustaw Holoubek dans Le Noeud coulant (Petla) de Wojciech Has.

Le Noeud coulant (Petla)Gustaw Holoubek dans Le Noeud coulant (Petla) de Wojciech Has.

14 juillet 2023

La Corruption (1963) de Mauro Bolognini

Titre original : « La corruzione »

La Corruption (La corruzione)Après des études dans un pensionnat suisse, Stefano Mattioli, adolescent timide et sensible, se destine à la prêtrise par idéalisme. Mais son père, grand éditeur milanais, lui fait part de son souhait de le voir lui succéder à la tête de l’entreprise ; il va tout mettre en œuvre pour le faire changer d’avis…
La Corruption est un film franco-italien réalisé par Mauro Bolognini. L’histoire met en scène l’opposition entre les idéaux du jeune homme et le matérialisme de la société, personnalisé par son père. Bolognini dresse un portrait sans concession du consumérisme des années soixante. La critique manque de subtilité, les personnages sont typés, proches de la caricature. L’atmosphère est étrange : est-ce dû aux accords discordants de Giovanni Fusco, ou aux cadrages insolites de Leonida Barboni ? L’ensemble paraît irréel et superficiel. Un film qui me semble mineur dans la filmographie de Mauro Bolognini (mais visiblement tout le monde ne partage pas mon avis).
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Alain Cuny, Rosanna Schiaffino, Jacques Perrin, Isa Miranda
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La Corruption (La corruzione)Rosanna Schiaffino et Jacques Perrin dans La Corruption (La corruzione) de Mauro Bolognini.

12 juillet 2023

Les Fantômes d’Ismaël (2017) de Arnaud Desplechin

Les fantômes d'IsmaëlIsmaël Vuillard, réalisateur de films, est perturbé par le retour de Carlotta, sa femme disparue vingt ans plus tôt et dont il n’a pas réussi à faire le deuil. Elle s’immisce au sein du couple qu’il forme avec Sylvia, sa nouvelle compagne…
Les Fantômes d’Ismaël est un film français écrit et réalisé par Arnaud Desplechin. Il met en scène un cinéaste, natif de Roubaix (tiens donc…), particulièrement perturbé par ses « fantômes » : il y a sa femme disparue qui veut reprendre la place qu’elle a abandonnée, son frère diplomate avec lequel il nourrit un contentieux dont on ne connaitra pas vraiment la nature, son beau-père, réalisateur célèbre face auquel il est un petit enfant et ses cauchemars qui le hantent chaque nuit. L’ensemble apparaît désordonné. Aucun fil n’est vraiment approfondi et les personnages ont fréquemment des comportements excessifs, des emportements et des réactions disproportionnés (le réalisateur a qualifié son personnage principal de « frénétique »). Dans ces moments, Matthieu Amalric a un jeu excessif assez gênant. Il y a bien quelques moments de grâce, quelques beaux passages mais l’impression générale reste plutôt négative. Présenté en ouverture du festival de Cannes 2017, Les Fantômes d’Ismaël été bien accueilli par la critique, un enthousiasme qui ne semble pas avoir été partagé par le public.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Mathieu Amalric, Marion Cotillard, Charlotte Gainsbourg, Louis Garrel, Alba Rohrwacher, László Szabó, Hippolyte Girardot
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Extrait du dossier de presse (qui personnellement ne m’a pas vraiment éclairé):
Pour Arnaud Desplechin, Les Fantômes d’Ismaël est un film comprenant cinq films. Il développe : « C’est le portrait d’Ivan, un diplomate qui traverse le monde sans n’y rien comprendre. C’est le portrait d’Ismaël, un réalisateur de film qui traverse sa vie sans n’y rien comprendre non plus. C’est le retour d’une femme, d’entre les morts. C’est aussi un film d’espionnage… Cinq films compressés en un seul, comme les nus féminins de Pollock. Ismaël est frénétique. Et le scénario est devenu frénétique avec lui ! Pourtant, Ismaël dans son grenier essaie de faire tenir ensemble les fils de la fiction…
Je décrivais ainsi mon projet à un ami : « il me semble avoir inventé une pile d’assiettes de fiction, que je fracasse contre l’écran. Quand les assiettes sont toute cassées, eh bien, le film s’achève ».

Les fantômes d'IsmaëlMarion Cotillard et Mathieu Amalric dans Les Fantômes d’Ismaël de Arnaud Desplechin.

10 juillet 2023

La Bataille de Midway (1976) de Jack Smight

Titre original : « Midway »

La Bataille de Midway (Midway)En juin 1942, l’amiral japonais Isoroku Yamamoto élabore un plan complexe pour surprendre et éliminer les porte-avions américains restants après la bataille de la mer de Corail. Il ignore que les Américains ont partiellement décrypté le code japonais et savent que l’attaque aura lieu à Midway…
La Bataille de Midway (Midway) est un film de guerre américain réalisé par Jack Smight en 1976. Le film a été conçu comme un film à grand spectacle avec un large plateau de vedettes. Par-dessus les faits historiques, une petite histoire inventée de toutes pièces a été greffée. Elle est plutôt ridicule : le fils du personnage principal (un officier) s’est emmouraché d’une américano-japonaise soupçonnée par le FBI d’être une militante anti-américaine (de beaux dilemmes en vue). Mais le problème principal du film est ailleurs : l’ensemble est particulièrement confus et disparate, et évoque plus le bric-à-brac narratif que le récit historique. Des scènes réelles, parfois coloriées à la hâte, ont été intégrées dans les scènes d’action ; elles sont très repérables, certaines étant même intégrées plusieurs fois. La production a également acheté plusieurs séquences du film Tora ! Tora ! Tora ! de Richard Fleisher (1970). Les dialogues sont très conventionnels.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Charlton Heston, Henry Fonda, James Coburn, Glenn Ford, Hal Holbrook, Toshirô Mifune, Robert Mitchum, Cliff Robertson, Robert Wagner, Robert Webber
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Remarque :
* Ce long-métrage fut l’un des rares à avoir exploité le dispositif d’effets spéciaux sonores Sensurround, inauguré avec le film Tremblement de terre (Earthquake, 1974). Le système consistait à utiliser des infrabasses, inaudibles à l’oreille mais ressentis par les spectateurs en vibrations. Seules certaines salles étaient équipées.

La Bataille de Midway (Midway)Charlton Heston dans La Bataille de Midway (Midway) de Jack Smight.

Les autres évocations de la bataille de Midway au cinéma :
La Bataille de Midway (Battle of Midway) de John Ford (1942), film documentaire de 18 minutes.
Midway de Roland Emmerich (2019).

8 juillet 2023

Une histoire banale (1983) de Wojciech Has

Titre original : « Nieciekawa historia »

Une histoire banale (Nieciekawa historia)XIXe siècle. Considéré et honoré comme une sommité de la médecine, un professeur soixantenaire fait face à une profonde crise existentielle. Il se sent vieillir, regarde avec aigreur et mépris les gens qui l’entourent, sa famille, ses collègues, ses étudiants, à l’exception d’une ancienne assistante dont il est le tuteur, une jeune femme désillusionnée après une tentative ratée de devenir actrice…
Une histoire banale (parfois nommé en français Une histoire sans intérêt, traduction plus appropriée car l’histoire n’a rien de « banal ») est un film polonais écrit et réalisé par Wojciech Jerzy Has. Devenu professeur à l’école de cinéma de Lodz après La Clepsydre en 1974, Wojciech Has ne revient à la réalisation que huit ans plus tard avec cette adaptation d’une nouvelle d’Anton Tchekhov. Il s’agit d’un film psychologique et même philosophique (l’affiche ci-dessus n’a rien à voir avec le contenu du film, elle semble plus se situer dans le sillage de La Clepsydre). Le réalisateur expose d’abord l’aigreur de son personnage, sans craindre de le rendre antipathique, avant de nous en livrer les raisons, bien plus tard. De même, il nous faut un certain temps pour comprendre vraiment la teneur de son attirance, mêlée de regrets, envers sa jeune pupille. Le personnage est complexe et d’une grande profondeur. Les réflexions philosophiques sont poussées assez loin dans la dernière scène du film.
Dans sa forme, le film est superbe avec une belle lenteur, une grande utilisation de la voix-off et une photographie très picturale. Presque chaque plan pourrait être un tableau. Wojciech Jerzy Has a un talent pour filmer les objets, ce sont des véritables natures mortes qu’il crée dans son objectif. Il affectionne les premiers plans, il y place très souvent des objets. Ses lents travellings latéraux sont plus que jamais aériens et envoutants. Tout semble parfait, y compris la musique, une maitrise cinématographique rare. Certes ce n’est pas un film pour tous les publics (et c’est sans doute là son seul défaut), mais il est difficile de comprendre pourquoi un tel film est si méconnu.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Gustaw Holoubek, Hanna Mikuc, Anna Milewska, Elwira Romanczuk, Janusz Gajos
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Elwira Romanczuk et Gustaw Holoubek dans Une histoire banale (Nieciekawa historia) de Wojciech Has.

Une histoire banale (Nieciekawa historia)Gustaw Holoubek dans Une histoire banale (Nieciekawa historia) de Wojciech Has.

Une histoire banale (Nieciekawa historia)Janusz Gajos et Elwira Romanczuk dans Une histoire banale (Nieciekawa historia) de Wojciech Has.

Une histoire banale (Nieciekawa historia)Hanna Mikuc et Gustaw Holoubek dans Une histoire banale (Nieciekawa historia) de Wojciech Has.

Remarque :
Film vu sur le site de la  Cinémathèque polonaise ( V.O. avec sous-titres anglais ou polonais)

7 juillet 2023

La Clepsydre (1973) de Wojciech Has

Titre original : Sanatorium pod Klepsydra

Sanatorium pod KlepsydraJoseph rend visite à son père soigné dans un étrange sanatorium dirigé par le docteur Gotard. Commence alors pour lui un voyage intérieur dans son passé…
La Clepsydre est un film polonais écrit et réalisé par Wojciech Has, d’après l’œuvre de l’écrivain polonais Bruno Schulz (1892-1942). C’est un film très énigmatique et particulièrement déroutant. Il nous fait explorer les souvenirs et le subconscient (individuel et même collectif) de son personnage, que l’on suit dans une succession de scènes sans lien apparent entre elles. Le passage de l’une à l’autre est souvent déroutant, les époques se télescopent. Les décors sont surchargés à la manière d’un grenier où l’on entasse beaucoup d’objets inutiles (comme nos mémoires). Beaucoup de scènes et de représentations relèvent de la tradition judaïque et paraissent donc ésotériques au non-initié. D’autres scènes feraient référence à l’histoire polonaise. En réalité, la plupart des scènes restent assez impénétrables (du moins à la première vision) mais on y retrouve les angoisses du personnage et, toujours très présente, la peur de la mort. La mise en scène est très maitrisée et les mouvements de caméra sont superbes, le travail sur les décors paraît colossal. Le film fut très remarqué à sa sortie (Prix du Jury à Cannes en 1973) permettant à Wojciech Has de se faire connaitre plus largement, tout en l’associant de façon irrémédiable au surréalisme. Personnellement, je ne sais qu’en penser. C’est un film qu’il faudrait que je revoie car cette première vision m’a surtout dérouté.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jan Nowicki, Tadeusz Kondrat, Irena Orska, Halina Kowalska, Gustaw Holoubek
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Remarque :
Une clepsydre est  « un instrument à eau qui permet de définir la durée d’un événement » (merci Wikipedia). Exemple : un orateur peut parler le temps que l’eau se vide d’un récipient percé d’un petit trou.

La Clepsydre (Sanatorium pod Klepsydra)Jan Nowicki dans La Clepsydre (Sanatorium pod Klepsydra) de Wojciech Has.

La Clepsydre (Sanatorium pod Klepsydra)Jan Nowicki dans La Clepsydre (Sanatorium pod Klepsydra) de Wojciech Has.

La Clepsydre (Sanatorium pod Klepsydra) La Clepsydre (Sanatorium pod Klepsydra) de Wojciech Has.

5 juillet 2023

Demain est un autre jour (1956) de Douglas Sirk

Titre original : « There’s Always Tomorrow »

Demain est un autre jour (There's Always Tomorrow)Clifford Groves, un chef d’entreprise qui mène une vie bien réglée entre son travail, son épouse et leurs trois enfants, voit sa vie perturbée lorsque Norma, collaboratrice à ses débuts, vient lui rendre une visite inattendue…
Demain est un autre jour (There’s Always Tomorrow) est un film américain en noir et blanc réalisé par Douglas Sirk, adaptation d’un roman de Ursula Parrott. Il s’agit d’un mélodrame, l’un des meilleurs signés par Douglas Sirk. Il n’use d’aucun effet facile et son propos est assez subtil. Si, comme dans tous les films hollywoodiens de cette période, la morale sera respectée, le récit met à mal l’image de la famille idéale américaine. L’homme au centre de cette histoire n’est pas un quarantenaire volage qui recherche les aventures ; non, il est très déçu que toutes les gentilles attentions envers sa femme tombent à plat, cette dernière faisant passer les enfants avant tout. Cette famille idéale a toutes les allures d’une prison et le final est ambigu : est-ce bien un « happy end » …? L’art de Douglas Sirk est dans la subtilité car son film peut tout aussi bien être vu comme une fable moraliste que comme une mise à mal du modèle de la famille américaine. Nous sommes ici loin du mélodrame conventionnel. Très belle prestation de Barbara Stanwyck.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Barbara Stanwyck, Fred MacMurray, Joan Bennett, William Reynolds, Pat Crowley, Gigi Perreau, Jane Darwell
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Remarque :
* Plus de dix ans auparavant, Barbara Stanwyck et Fred MacMurray formaient le couple mythique du très beau film noir Assurance sur la mort (Double Indemnity) de Billy Wilder (1944).

Demain est un autre jour (There's Always Tomorrow)Barbara Stanwyck et Fred MacMurray dans Demain est un autre jour (There’s Always Tomorrow) de Douglas Sirk.