19 août 2013

L’homme au bras d’or (1955) de Otto Preminger

Titre original : « The Man with the Golden Arm »

L'homme au bras d'orFrankie revient dans son quartier après un séjour forcé dans un centre de désintoxication. Il est bien décidé à changer de vie : au lieu de continuer à être donneur dans les parties de poker pour deux petits arnaqueurs, il veut maintenant être batteur dans un groupe de jazz. Mais ses anciennes mauvaises fréquentations vont tout faire pour le faire replonger… En adaptant ce roman de Nelson Algren, Otto Preminger dut batailler contre la censure et le film sortit sans le fameux sceau MPAA. L’homme au bras d’or n’incite pourtant pas à s’adonner à la drogue, loin de là, mais son tort selon le Code Hays était d’en parler. Il nous montre en effet, sans fard et sans crainte de choquer, l’enfer de l’addiction et l’incroyable difficulté d’en sortir. Les scènes de sevrage sont marquantes. En cela, il évoque le film de Billy Wilder Le Poison (The Lost Weekend, 1945) qui traitait de l’alcoolisme. Fort bien interprété par Frank Sinatra, L’homme au bras d’or est un film courageux, plutôt difficile et le très grand succès du film à sa sortie n’en que plus remarquable. Le film est également célèbre pour son thème musical créé par Elmer Bernstein, une telle utilisation du jazz n’était alors pas si courante, et pour son admirable générique de début créé par Saul Bass.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Frank Sinatra, Eleanor Parker, Kim Novak, Arnold Stang, Darren McGavin
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Remarque :
Otto Preminger avait déjà eu à batailler contre la censure pour son film La Lune était bleue (The Moon Is Blue, 1953), une comédie dans laquelle figuraient des mots interdits par le Code Hays : virgin, seduce et mistress (soit : vierge, séduire et maitresse). Le film avait également été diffusé sans le sceau MPAA.

18 août 2013

L’homme aux cent visages (1960) de Dino Risi

Titre original : « Il mattatore »

L'homme aux cent visagesUn vendeur se présente chez Gerardo et sa femme pour tenter de leur vendre un objet en argent. Gerardo repère vite la tentative d’escroquerie puisque qu’il est lui-même expert en la matière et commence à raconter ses exploits passés… L’homme aux cent visages est le premier film que Dino Risi tourne avec Vittorio Gassman. L’acteur deviendra son interprète fétiche, ils feront ensemble 17 films. C’est ici un rôle en or pour l’acteur puisqu’il apparaît sous une quinzaine de déguisements lors de ses arnaques, avec à chaque fois un style et une gestuelle différents. Il s’en tire remarquablement bien, on peut même dire qu’il excelle dans cette multi-interprétation et montre ainsi l’étendue de son registre. L’homme aux cent visages est une amusante comédie qui montre une belle inventivité dans son scénario. Son défaut est peut-être d’avoir voulu en montrer trop : les escroqueries sont nombreuses et s’enchaînent rapidement, c’est presque de l’abattage ! Ceci dit, certaines, parmi les plus courtes, sont vraiment très amusantes (comme ce bijoutier qui est payé en gâteaux !) mais ce sont tout de même les plus développées qui sont les plus remarquables (comme ce contrat de fourniture de pâtes à l’armée). Au-delà de l’humour, on peut déceler un certain regard sur la société italienne de l’Après-guerre, les victimes étant assez souvent des bourgeois profiteurs et plutôt magouilleurs.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Dorian Gray, Anna Maria Ferrero, Mario Carotenuto
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17 août 2013

Cosmopolis (2012) de David Cronenberg

CosmopolisUn matin, Eric Packer, un jeune magnat de la haute finance, décide d’aller chez son coiffeur à l’autre bout de New York. Peu lui importe que la ville soit paralysée par la venue du Président ou que ses services pensent que quelqu’un cherche à le tuer, il traverse la ville lentement dans son immense limousine où il reçoit ses visiteurs… Cosmopolis est adapté d’un roman de Don DeLillo. L’idée de départ est intéressante à la fois par son lieu, une limousine suréquipée en électronique qui roule au pas dans un New York congestionné par les embouteillages et les manifestations, et aussi par son contenu, la critique d’un monde où les fossés se creusent. Hélas, le contenu se révèle inutilement verbeux. Les discussions de ce golden boy avec employés et connaissances ne reflètent que le vide et l’absence d’une quelconque réflexion. Le symbolisme utilisé par Cronenberg ne donne pas dans la subtilité pour nous montrer comment les « rats de la finance » se moquent de la réalité qui les entoure, sont incapables d’avoir des émotions et sont détruits par les créatures qu’ils ont eux-mêmes créées. Il y a pourtant de bons passages, le meilleur sans doute étant celui avec Juliette Binoche qui montre le rapport de ce nouveau riche à l’Art.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Robert Pattinson, Sarah Gadon, Paul Giamatti, Juliette Binoche, Mathieu Amalric
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16 août 2013

The Deep Blue Sea (2011) de Terence Davies

The Deep Blue SeaA Londres, dans les années cinquante, Hester est mariée à un homme beaucoup plus âgé qu’elle, un haut magistrat britannique. C’est un mariage sans amour qui l’étouffe. Elle tombe amoureuse d’un jeune aviateur qui revient de la guerre… The Deep Blue Sea est l’adaptation d’une pièce du dramaturge anglais Terence Rattigan qui avait déjà été portée à l’écran sous le même titre en 1955. L’histoire est celle d’une femme qui cherche à construire sa vie en se libérant du carcan dans lequel elle est enfermée : toute son enfance, elle a été étouffée par un père pasteur et son mariage est aussi terne qu’oppressant. Terence Davies traite ce drame sentimental en créant une forte atmosphère, dans le Londres morne de l’Après-guerre où la joie de vivre n’avait pas encore de place. La photographie est très belle. Les trois rôles principaux sont remarquablement bien tenus. La construction est quelque peu embrouillée par les flashbacks. Le rythme est lent mais c’est surtout le peu de profondeur des personnages qui nous laisse avec une impression de manque. The Deep Blue Sea est un beau film mais on aurait aimé qu’il soit plus prenant.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Rachel Weisz, Simon Russell Beale, Tom Hiddleston
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Remarques :
* Le titre vient d’une expression anglaise : Vers la fin du film, Hester dit à sa logeuse qu’elle était « between the devil and the deep blue sea », une expression qui traduit un grand dilemme, l’expression française la plus proche étant « devoir choisir entre la peste et le choléra ». L’expression vient du monde des marins, pour lesquels se donner au diable ou se faire engloutir par les eaux profondes étaient deux sorts aussi peu enviables l’un que l’autre.
* Le film est sorti en 2011 pour coïncider avec le centenaire de la naissance de Terence Rattigan.
* Législation sur le suicide : En Grande-Bretagne, le suicide a été un crime puni par la Loi jusqu’en 1961 (jusqu’en 1993 en Irlande). En France, le suicide a été décriminalisé en 1810.

Précédente version :
The Deep Blue Sea d’Anatole Litvak (1955) avec Vivien Leigh et Kenneth More.

15 août 2013

Le Signe de Vénus (1955) de Dino Risi

Titre original : « Il segno di Venere »

Le signe de VénusLa jeune et belle Agnese (Sophia Loren) vit chez ses parents avec sa cousine Cesira (Franca Valeri) dont elle admire l’esprit d’indépendance. Cesira rêve de mariage mais les hommes ne la regardent guère tandis qu’Agnese attire tous les regards et aussi, à son grand dam, les gestes déplacés… Le Signe de Vénus est le quatrième long métrage de Dino Risi. C’est aussi l’une de ces nombreuses comédies assez mineures dans lesquelles Sophia Loren a joué entre 1953 et 1956. Le scénario a beau être cosigné par Luigi Comencini, il n’en demeure pas moins assez pauvre et c’est bien là la faiblesse du film. On notera toutefois cette peinture assez mordante de la gent masculine (ils sont menteurs, machistes et pire encore) qui forme le ressort principal de l’humour (même si l’on est souvent plus consterné qu’amusé par leur bêtise). On remarquera également que les scénaristes n’ont pas cédé à la tentation du happy end, restant ainsi plus réalistes. Le film comporte de bons moments, souvent dans les dialogues ; les scènes avec les parents sont hautes en couleur. Sophia Loren interprète son rôle avec beaucoup de naturel.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Sophia Loren, Franca Valeri, Vittorio De Sica, Raf Vallone, Alberto Sordi
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13 août 2013

Vicky Cristina Barcelona (2008) de Woody Allen

Vicky Cristina BarcelonaVicky et Cristina arrivent à Barcelone pour y séjourner pendant l’été. Elles sont très amies mais de caractères plutôt opposés quant à la conception de la vie et de l’amour. Elles font connaissance d’un peintre espagnol très sensuel qui leur propose une petite escapade… Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen s’inscrit dans sa série sur les grandes villes européennes, après Londres et avant Paris et Rome. Son histoire se déroule dans le milieu artistique de la capitale catalane dont il utilise joliment le décor. Si le fond de l’intrigue est assez classique en soi, l’éternel dilemme entre l’aventure et la sécurité, Woody Allen apporte une bonne dose d’originalité et parvient à nous surprendre dans le déroulement de son histoire. Mieux encore : par la profondeur de ses personnages et des situations plus complexes qu’attendu, il réussit totalement à nous intéresser aux pérégrinations amoureuses de ses deux américaines. Si certains clichés sont présents (sur l’Europe et sur le monde artistique), c’est toujours sans excès. Javier Bardem fait une belle interprétation en latin lover plein de charme et Penelope Cruz est superbement explosive. Comme toujours avec Woody Allen, la forme est élégante et Vicky Cristina Barcelona comporte de beaux moments d’humour et de comédie.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Javier Bardem, Penélope Cruz, Scarlett Johansson, Rebecca Hall, Chris Messina, Patricia Clarkson
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12 août 2013

Une riche affaire (1934) de Norman McLeod

Titre original : « It’s a Gift »

Une riche affaireHarold Bissonette tient un commerce d’alimentation mais il rêve d’acheter une orangeraie en Californie. Hélas, il est affublé d’une femme acariâtre qui ne l’entend pas de cette oreille et le lui fait comprendre à longueur de journée. Un petit héritage va lui permettre d’envisager la chose…
Basé sur une pièce écrite en 1925 par J.P. McEvoy, It’s a Gift est considéré par beaucoup comme étant la meilleure comédie de W.C. Fields. Certes, il y a de belles trouvailles de gag (l’aveugle, la tentative de dormir dehors sur son back porch, le pique-nique) mais, globalement, ces gags sont plus visuels, il y a plutôt moins de bons mots et de belles réparties que d’habitude. Comme toujours, le personnage interprété par W.C. Fields est en prise avec son entourage qui lui empoisonne la vie. It’s a Gift est en grande partie un remake d’un film muet de 1926 It’s the Old Army Game (Un conte d’apothicaire) où W.C. Fields avait pour partenaire… Louise Brooks, ce film étant lui-même basé sur certains de ses sketches précédemment mis au point sur scène.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: W.C. Fields, Kathleen Howard, Jean Rouverol
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Remarque :
Norman Z. McLeod avait précédemment dirigé deux films des Marx Brothers (également pour la Paramount) : Monnaie de singe (1931) et Plumes de cheval (1932).

11 août 2013

Dimanche d’août (1950) de Luciano Emmer

Titre original : « Domenica d’agosto »

Dimanche d'aoûtPar un dimanche ensoleillé d’août 1949, les habitants de Rome se rendent en masse vers la plage d’Ostie. Nous suivons certains d’entre eux : une famille nombreuse, un veuf accompagné de sa petite fille et de sa nouvelle compagne, un groupe d’adolescents à vélo, une jeune fille qui se laisse emmener dans une luxueuse voiture, un jeune policier amoureux d’une bonne, etc. … Dimanche d’août est le premier long métrage de Luciano Emmer qui n’avait auparavant réalisé que des courts métrages documentaires d’art. L’idée de base a été écrite par Sergio Amidei, scénariste (entre autres) de Rome, ville ouverte de Rossellini. Dimanche d’août s’inscrit pleinement dans le courant du néoréalisme italien, il nous immerge dans cet univers populaire romain de l’Après-guerre, un monde plein de vie où l’amour reprend ses droits alors que les restes de la guerre sont toujours bien présents, une redécouverte de l’insouciance en quelque sorte. Plutôt que de nous les faire suivre l’une après l’autre, Luciano Emmer a préféré entremêler plusieurs petites histoires, nous faisant sauter de l’une à l’autre. Ce procédé narratif, aujourd’hui bien connu, était à l’époque extrêmement original. Il donne en tous cas encore plus de vie et de rythme à l’ensemble. Sous jacent, le contexte social est bien là car la hiérarchie des classes est reproduite au bord de l’eau : il y a la plage privée et la plage publique. Dimanche d'août S’il n’y a pas d’acteurs de premier plan, on remarque que la jeune Anna Baldini a beaucoup de présence (on pourrait la décrire physiquement comme une Ingrid Bergman très jeune). Assez étonnamment, ce sera son seul film. Et le film marque la première apparition à l’écran dans un rôle un tant soit peu important du jeune Marcello Mastroianni (25 ans). Dimanche d’août est un film humaniste, plein de vie et haut en couleur, qui se double d’un témoignage sur l’Italie de l’Après-guerre, un monde où chacun, à sa façon, oeuvre pour atteindre une vie meilleure.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anna Baldini, Vera Carmi, Emilio Cigoli, Marcello Mastroianni, Massimo Serato
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Remarques :
*  Dimanche d’août a été post-synchronisé en studio. C’est ainsi que Marcello Mastroianni est doublé par Alberto Sordi.
* L’assistant-réalisateur Giulio Macchi a démissionné après une semaine de tournage, accusant le réalisateur Luciano Emmer de n’avoir aucune compétence technique. Il fut remplacé par le jeune Francesco Rosi (Dimanche d’août est son troisième film comme assistant).
* A sa sortie, le film a été malmené par la Critique italienne. De son côté, le Centre Catholique du Cinéma (Centro Cattolico Cinematografico) a dénoncé son « exhibitionnisme dégoûtant ».

9 août 2013

Les Innocents (1961) de Jack Clayton

Titre original : « The Innocents »

Les innocentsA la fin du XIXe siècle, un riche célibataire engage une gouvernante pour aller à la campagne s’occuper de deux enfants dont il a la charge mais dont il se désintéresse totalement. C’est ainsi que Miss Giddens arrive dans une gigantesque demeure où elle retrouve deux jeunes enfants charmants et quelques domestiques. La situation semble idyllique mais rapidement elle a le pressentiment de quelque chose d’anormal… Le roman d’Henry James Le Tour d’écrou a été adapté de nombreuses fois au cinéma et à la télévision mais cette version de Jack Clayton, Les Innocents,  est certainement la plus réussie (avec celle, plus récente, d’Alejandro Amenábar). Il s’agit d’un film fantastique et psychologique où la progression est absolument remarquable : la tension monte très doucement mais continuellement et culmine au moment du dénouement. Les innocents Sa force vient probablement du fait qu’il suggère plus qu’il ne montre, ce qui est finalement bien plus terrifiant car nous participons à la création de l’angoisse. La photographie en noir et blanc est assez belle. De nombreuses scènes jouent avec une certaine surexposition, la quantité de projecteurs utilisés sur le tournage était vraiment inhabituelle. Le jeu des acteurs est remarquable : Deborah Kerr considérait que c’était là l’une de ses plus belles prestations et il faut également souligner la qualité du jeu du jeune Martin Stephens (11 ans). La fin est extraordinaire, d’une puissance rarement atteinte.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Deborah Kerr, Megs Jenkins, Michael Redgrave, Martin Stephens, Pamela Franklin, Peter Wyngarde
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Remarques :
* En réalité, le film de Jack Clayton est plus basé sur l’adaptation à Broadway par William Archibald de The Turn of the Screw que du roman d’Henry James.
* Truman Capote a co-signé le scénario.
* The Innocents eut une suite : Le corrupteur (The Nightcomers) de Michael Winner (1971) avec Marlon Brando. C’est en réalité une préquelle qui explique les événements aboutissant à la mort de Peter Quint et de Miss Jessel.

Autre adaptation réussie du roman d’Henry James :
Les Autres (The Others) de Alejandro Amenábar (2001) avec Nicole Kidman. Le roman d’Henry James n’est pas cité au générique mais l’histoire est très proche.

Homonyme (mais sans autre rapport que le nom) :
Les Innocents d’André Téchiné (1987) avec Sandrine Bonnaire et Jean-Claude Brialy.

8 août 2013

Roxie Hart (1942) de William A. Wellman

Titre en Belgique : « La Folle Histoire de Roxie Hart »

Roxie HartUn journaliste raconte à ses compagnons de bar l’affaire Roxie Hart qui eut lieu à la fin des années vingt : une jeune danseuse s’était laissée accuser d’un meurtre qu’elle n’avait pas commis, juste pour profiter de la publicité que lui ferait cette affaire… Roxie Hart est la deuxième des trois adaptations de la pièce Chicago de Maurine Dallas Watkins. L’adaptation est ici signée Nunally Johnson. Il s’agit d’une comédie fort bien faite, une satire des média, en l’occurrence les journaux, qui ne font que rechercher le sensationnel. La mise en place est assez lente mais rapidement l’histoire dérive vers le loufoque. Les scènes de prison sont assez farfelues mais c’est lorsqu’arrive le procès que le film de William Wellman prend une toute autre dimension : on est alors largement dans le loufoque, on se croirait presque dans un film des Marx Brothers. Ainsi, en plus d’une satire des media, Roxie Hart est également une satire de la justice. Adolphe Menjou et surtout Ginger Rodgers sont excellents, l’actrice montrant dans ce type de rôle de comédie une aisance au moins égale à celle dont elle fait preuve dans ses rôles dramatiques. De plus, elle nous gratifie de deux courts numéros de danse. Malgré un épilogue assez ridicule (plus ou moins imposé par la censure), l’ensemble est réussi et très amusant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ginger Rogers, Adolphe Menjou, George Montgomery, Lynne Overman, Nigel Bruce, Phil Silvers
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Remarques :
* Stanley Kubrick aurait listé ce film parmi ses dix films préférés.
* Le film n’est jamais sorti en France.
* Maurine Dallas Watkins, l’auteur de la pièce Chicago écrite en 1926, était elle-même journaliste.
* Roxie Hart est basé sur une histoire vraie, celle de Beulah Annan dont le procès eut lieu en 1924. Le scénario de Nunally Johnson s’en éloigne toutefois pour se conformer au Code Hays : dans cette version, Roxie n’a pas réellement tué.

Les autres versions :
Chicago de Frank Urson (1927) avec Phyllis Haver (produit par Cecil B. DeMille)
Et après la transformation en comédie musicale à Broadway en 1975 :
Chicago de Rob Marshall (2002) avec Renée Zellweger et Catherine Zeta-Jones (comédie musicale)