28 septembre 2016

Magic in the Moonlight (2014) de Woody Allen

Magic in the Moonlight1928. L’anglais Stanley Crawford est un magicien de renom sous les traits de Wei Ling Soo, son personnage de scène. Il s’est fait une spécialité de démasquer les médiums et autres charlatans. L’un de ses amis de longue date, également magicien, vient lui proposer de se rendre sur la Côte d’Azur pour tenter de confondre une jeune femme médium qui a séduit une riche famille… Comme on le sait, Woody Allen est depuis toujours attiré par la magie qu’il a beaucoup pratiquée dès son adolescence. Il le montre nettement dans Magic in the Moonlight où il est question de duperie et d’illusion. Mais pas seulement, son personnage principal passe son temps à distiller sa philosophie de vie. Woody Allen réussit le tour de force de ne pas rendre antipathique ce snob prétentieux, extraordinairement imbu de lui-même. Bien au contraire, son pessimisme chronique nous amuse et le rend finalement attachant. Il donne à cette histoire tout son sel. Woody Allen nous montre là ses talents de conteur. Il montre aussi ses talents de cinéastes car ses plans sont très travaillés, esthétiquement recherchés, et il utilise largement la beauté des décors naturels de la Riviera. Magic in the Moonlight n’est sans doute pas extraordinaire mais c’est un film très plaisant.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Colin Firth, Emma Stone, Simon McBurney, Eileen Atkins
Voir la fiche du film et la filmographie de Woody Allen sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Woody Allen chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Woody Allen

Remarque :
* Wei Ling Soo fait indubitablement fait référence à Chung Ling Soo, personnage de scène du magicien anglais William Ellsworth Robinson (1861-1918). Très célèbre en son temps, il s’était donné pour tâche de démasquer les médiums et spirites. Il est mort sur scène dans un dangereux tour de magie qui a mal tourné.

magic in the moonlight
Emma Stone et Colin Firth dans Magic in the Moonlight de Woody Allen.

Magic in the moonlight
Colin Firth et Emma Stone dans Magic in the Moonlight de Woody Allen.

27 septembre 2016

Mommy (2014) de Xavier Dolan

MommyDiane, veuve d’une quarantaine d’années habitant la banlieue de Montréal, récupère la garde de son fils Steve, un adolescent difficile souffrant d’un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), récemment expulsé pour comportement irresponsable et dangereux du centre de rééducation dans lequel il avait été placé peu de temps après la mort de son père… A l’âge de 24 ans, le québécois Xavier Dolan livre son cinquième long métrage, un film qui a enthousiasmé aussi bien la critique que le public et a fini de mettre son auteur au centre de toutes les attentions. Son propos est centré une fois de plus sur la figure maternelle, sujet qui l’inspire inconditionnellement selon ses propres termes. Mommy est étonnamment équilibré, reposant sur trois personnages principaux d’égale importance. La justesse de ton, l’absence d’effets mélodramatiques factices stupéfient le spectateur qui est happé dans un tourbillon d’émotions. Mommy est en outre traversé de fulgurances brillantes. Xavier Dolan a tourné son film en format carré, format courant en photographie mais rarissime au cinéma ; s’il peut réduire les options de composition (notamment pour les très gros plans qui sont de fait toujours centrés), ce format sied particulièrement bien au sujet car il concentre notre attention sur les personnages et nous en rapproche. Et dans une séquence, il élargit le champ pour un très bel effet. Avec ce film, Xavier Dolan est devenu un véritable phénomène, il est vrai qu’il est rare d’assister à l’éclosion d’un jeune réalisateur si talentueux.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Anne Dorval, Suzanne Clément, Antoine-Olivier Pilon
Voir la fiche du film et la filmographie de Xavier Dolan sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Remarque :
Les personnages s’expriment en joual, une variante orale populaire du français québécois.

Mommy
Anne Dorval, Antoine-Olivier Pilon et Suzanne Clément dans Mommy de Xavier Dolan.

Mommy

25 septembre 2016

Le Géant de fer (1999) de Brad Bird

Titre original : « The Iron Giant »

Le Géant de fer1957. Un géant de métal venu de l’espace échoue sur Terre pour une raison inconnue. C’est un petit garçon qui le découvre en premier et, convaincu qu’il est amical, va tout faire pour ne pas qu’il ne soit pas découvert… Premier film de Brad Bird, The Iron Giant est librement adapté d’un livre pour enfants du poète anglais Ted Hughes. Il en a gardé l’esprit, c’est-à-dire une fable anti-guerre prônant les vertus de l’autodétermination. Il a été réalisé avec les techniques traditionnelles de dessin animé auxquelles est venu se greffer un personnage généré par ordinateur en 3D (le géant de métal). Le résultat est vraiment convaincant. Par rapport aux autres films d’animation, The Iron Giant a l’avantage d’être moins formaté, il a une fraîcheur et une maturité qui lui sont propres. L’humour est constant mais assez subtil, intelligent aurait-on envie d’ajouter. C’est une belle fable dotée de plusieurs niveaux de lecture et donc destinée aussi bien aux adultes qu’aux enfants. Bien qu’il reçût de bonnes critiques à sa sortie, le film fut un échec commercial, en grande partie à cause d’une erreur de marketing de la part de Warner Bros. La réputation du film a grandi après des passages répétés sur la télévision américaine. Le film est ressorti sur les écrans américains fin 2015. Pour la France, ce sera fin 2016.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jennifer Aniston, Vin Diesel
Voir la fiche du film et la filmographie de Brad Bird sur le site IMDB.

Voir un livre sur L’art du Géant de fer….

Voir les autres films de Brad Bird chroniqués sur ce blog…

Le Géant de fer
Le Géant de fer de Brad Bird.

Le géant de fer

Le Géant de fer

Le Géant de fer

Remarques :
* Pete Townshend (des Who) est producteur exécutif. Au départ, il avait le projet d’un opéra-rock dans la lignée de Tommy. Pete Townshend a d’ailleurs sorti un album intitulé « The Iron Man: The Musical » (1989) qui fut monté sur scène à Londres quatre ans plus tard.

* Le nom de l’enfant, Hogarth Hughes, est à la fois un clin d’oeil à l’auteur du livre et aussi à Howard Hughes (et le père du garçonnet était aviateur…)

* Le film fait des clins d’oeil à plusieurs films de science-fiction des années cinquante : Le jour où la Terre s’arrêta (1951) de Robert Wise (le rayon qui fait disparaître les tanks), La Guerres des mondes (1953) de Byron Haskin (les trois vrilles qui sortent de la tête du géant en mode combat) et un beau poster de Planète interdite (1956) dans la chambre de l’enfant.

* La Signature Edition, récemment éditée aux Etats-Unis, ne comporte que deux minutes en plus, principalement une scène de rêve du robot qui fut storyboardée mais non réalisée à l’époque.

24 septembre 2016

Livres : Nouvelles parutions de l’été 2016

Livres sur le cinéma – Sélection de sorties récentes  :


Une histoire du cinéma américain: Stratégies, révolutions et mutations au XXe siècleTITRE : Une histoire du cinéma américain
… Stratégies, révolutions et mutations au XXe siècle
AUTEUR : Joël Augros et Kira Kitsopanidou
EDITEUR : Armand Colin
SORTIE : 07 septembre 2016
SUJET : Economie
Les compagnies qui dominent le marché du film en ce début de XXIe siècle perdurent depuis les années 1920… (lire la suite)


Les Maîtres d'Hollywood : EntretiensTITRE : Les Maîtres d’Hollywood
… Entretiens
AUTEUR : Peter Bogdanovich
EDITEUR : Capricci
SORTIE : 02 septembre 2016
SUJET : Réalisateur
Les Maîtres d’Hollywood : Fritz Lang, Howard Hawks, Joseph von Sternberg, George Cukor, Leo McCarey, Allan Dwan, Raoul Walsh… (lire la suite)


Le Western, conscience du nouveau mondeTITRE : Le Western, conscience du nouveau monde
AUTEUR : William Bourton
EDITEUR : Honoré Champion
SORTIE : 08 septembre 2016
SUJET : Genre > Western
Les peuples sans histoire sont des peuples sans avenir. Au début du XXe siècle, alors que les États-Unis prenaient conscience de leur puissance, le western cinématographique magnifia les termes de leur naissance. Cette « mytho-histoire » imprégnera durablement l’inconscient collectif américain… (lire la suite)


La comédie italienne:  les cent visages de l'ItalieTITRE : La comédie italienne
… les cent visages de l’Italie
AUTEUR : Charles Beaud
EDITEUR : Lettmotif
SORTIE : 16 août 2016
SUJET : Pays > Italie
Du Pigeon de Monicelli (1958) à La Terrasse d’Ettore Scola (1980) – sans oublier d’évoquer les films précurseurs ainsi que les oeuvres plus discrètes du mouvement proprement dit il est question ici de mettre en évidence la richesse d’un genre proche des traditions expressives de l’Italie (la commedia dell’arte et le néoréalisme) mais toutefois attentif aux moeurs de ses contemporains en tant que révélateurs des évolutions historiques, sociologiques et cinématographiques du pays… (lire la suite)


Cinéma et Fiction:Essai sur la réception filmiqueTITRE : Cinéma et Fiction
… Essai sur la réception filmique
AUTEUR : Michel Condé
EDITEUR : L’Harmattan
SORTIE : 07 septembre 2016
SUJET : Théorie
Quels sont les processus mentaux que nous mettons en oeuvre pour comprendre et apprécier un film ? Le cinéma, pour sa plus grande part, relève de la fiction : comment interprète-t-on cet aspect fondamental du cinéma ? … (lire la suite)


Esthétique du film:120 ans de théorie et de cinémaTITRE : Esthétique du film
… 120 ans de théorie et de cinéma
AUTEUR : Jacques Aumont, Alain Bergala, Michel Marie et Marc Vernet
EDITEUR : Armand Colin
SORTIE : 17 août 2016
SUJET : Théorie

Esthétique du film s’appuie sur l’histoire de l’art, la théorie littéraire, la sémiologie et la psychanalyse, ainsi que sur de multiples exemples de films, pour présenter l’essentiel des aspects théoriques et esthétiques du cinéma… (lire la suite)


Hollywood, la norme et la marge:Genres, esthétiques et influences du cinéma hollywoodien: Genres, esthétiques et influences du cinéma hollywoodien (1930-1960)TITRE : Hollywood, la norme et la marge
… Genres, esthétiques et influences du cinéma hollywoodien: Genres, esthétiques et influences du cinéma hollywoodien (1930-1960)
AUTEUR : Jean-Loup Bourget
EDITEUR : Armand Colin
SORTIE : 17 août 2016
SUJET : Studio > Hollywood
La double ambition de cet ouvrage est de proposer un panorama du « cinéma hollywoodien classique » (1930- 1960), et de formuler quelques hypothèses permettant d’expliquer la diversité et la complexité, trop souvent méconnues, de ce cinéma… (lire la suite)


Quentin Tarantino : Les films du réalisateur qui a réinventé le cinémaTITRE : Quentin Tarantino
… Les films du réalisateur qui a réinventé le cinéma
AUTEUR : Alberto Morsiani
EDITEUR : Gremese
SORTIE : 22 septembre 2016
SUJET : Réalisateur > Quentin Tarantino
Quentin Tarantino est un artiste aux multiples casquettes – tantôt réalisateur, acteur, scénariste, producteur et même distributeur – une icône de la culture de masse contemporaine adulée par tous… (lire la suite)


Stanley Kubrick ArchivesTITRE : Stanley Kubrick Archives
AUTEUR : Collectif dir. Alison Castle
EDITEUR : Taschen
SORTIE : 24 août 2016
SUJET : Réalisateur > Stanley Kubrick
En 1968, interrogé sur le sens métaphysique de 2001: l’odyssée de l’espace, Stanley Kubrick répondait: «Ce n’est pas un message que j’ai voulu transmettre en paroles. 2001 est une expérience non verbale… J’ai essayé de créer une expérience visuelle qui pénètre directement l’inconscient avec son contenu émotionnel et philosophique… (lire la suite)
Nouvelle édition à bas prix et en plus petit format de ce trésor de documents.


Si fragileTITRE : Si fragile
AUTEUR : Fiona Gélin
EDITEUR : L’Archipel
SORTIE : 14 septembre 2016
SUJET : Acteur > Fiona Gélin
« Le désespoir, l’alcool, la traversée du désert, j’ai tout connu ! » confie Fiona Gélin, qui revient dans ce récit sur son parcours… et sa résurrection. Elle y évoque ses chers disparus, restés si présents en elle… (lire la suite)


Lettre à Wes AndersonTITRE : Lettre à Wes Anderson
AUTEUR : Marc Cerisuelo
EDITEUR : Capricci
SORTIE : 18 août 2016
SUJET : Réalisateur > Wes Anderson
Premier livre en français consacré à l’auteur de La Famille Tenenbaum et de Grand Budapest Hotel, cet ouvrage se présente sous forme de lettre adressée à Wes Anderson. S’y dissimule en réalité une monographie critique où tous les films sont abordés dans un désordre chronologique cachant un ordre thématique et une savante contextualisation… (lire la suite)


La Jungle du cinémaTITRE : La Jungle du cinéma
AUTEUR : Louis Delluc
EDITEUR : Les éditions du Sonneur
SORTIE : 22 septembre 2016
SUJET : Réalisateur > Louis Delluc
Ecrit en 1921, La Jungle du cinéma rassemble quatorze histoires alertes, acerbes et profondes, qui nous plongent dans la vie quotidienne du cinéma. Louis Delluc, décrit avec ferveur, humour et sincérité les coulisses de l’art cinématographique qu’il aime en poète… (lire la suite)


Mister EverywhereTITRE : Mister Everywhere
AUTEUR : Pierre Rissient
EDITEUR : Institut Lumière
SORTIE : 14 septembre 2016
SUJET : Personnalité > Pierre Rissient
Il croisa John Ford, Raoul Walsh, fut l’ami de Joseph Losey, Fritz Lang et Abbas Kiarostami, amena Jane Campion et Quentin Tarantino au Festival de Cannes, dénicha des cinéastes talentueux inconnus aux Philippines ou en Corée….. (lire la suite)


L'acteur cinéaste:devant et derrière la caméraTITRE : L’acteur cinéaste
… devant et derrière la caméra
AUTEUR : Collectif
EDITEUR : Les Impressions nouvelles
SORTIE : 01 septembre 2016
SUJET : Technique > Réalisation
Pour quelle raison un acteur de cinéma veut-il un jour devenir réalisateur ? Ou à l’inverse, mais plus rarement, qu’est-ce qui peut motiver un cinéaste à s’exposer devant la caméra ? Au-delà de ces simples interrogations, le livre explore aussi les relations passionnelles, contradictoires, complémentaires entre metteurs en scène et comédiens… (lire la suite)


Le Dictionnaire de Ma vieTITRE : Le Dictionnaire de Ma vie
AUTEUR : Michael Lonsdale
EDITEUR : Kero
SORTIE : 14 septembre 2016
SUJET : Acteur > Michael Lonsdale
On ne connaissait pas Michael Londsale. Comme jamais auparavant, il se révèle, dans ce dictionnaire très personnel, drôle, émouvant, grave et porteur d’un humanisme d’une très grande richesse. Au fil d’anecdotes vécues, il nous entraîne à la rencontre des plus grandes figures du cinéma, du théâtre… (lire la suite)


Plus long le chat dans la brume:Journal d'une monteuseTITRE : Plus long le chat dans la brume
… Journal d’une monteuse
AUTEUR : Emmanuelle Jay
EDITEUR : Adespote
SORTIE : 08 septembre 2016
SUJET : Technique > Montage
Un film s’écrit trois fois : au scénario, au tournage, et au montage. Cette dernière écriture est de loin la plus mal connue.
Emmanuelle Jay nous raconte comment on transforme soixante heures d’images tournées en un film d’une heure et demie… (lire la suite)


Scénographie et réalisation des décors pour le cinémaTITRE : Scénographie et réalisation des décors pour le cinéma
AUTEUR : Renato Lori
EDITEUR : Gremese
SORTIE : 20 août 2016
SUJET : Technique > Décors
Ce livre est le premier qui s’intéresse de façon exhaustive à la scénographie pour le cinéma. De la lecture du scénario aux techniques à utiliser pour effectuer les repérages… (lire la suite)


Aliens:La guerre selon CameronTITRE : Aliens
… La guerre selon Cameron
AUTEUR : Simon Ward
EDITEUR : Huginn & Muninn
SORTIE : 16 septembre 2016
SUJET : Un Film > Aliens – Le Retour
1986. 7 ans après la sortie du premier film, dirigé de main de maître par Ridley Scott, James Cameron reprend le flambeau et donne un peu plus d’épaisseur à ce mythe naissant… (lire la suite)


L'Art du Géant de ferTITRE : L’Art du Géant de fer
AUTEUR : Ramin Zahed
EDITEUR : Akileos
SORTIE : 15 septembre 2016
SUJET : Un Film > Le Géant de fer
Le Géant de fer de Brad Bird (Les Indestructibles, Ratatouille) est considéré par les fans, les critiques et les historiens du cinéma d’animation comme un des plus beaux longs-métrages d’animation de ces cinquante dernières années… (lire la suite)

23 septembre 2016

Le Chevalier mystérieux (1948) de Riccardo Freda

Titre original : « Il cavaliere misterioso »

Le Chevalier mystérieuxBien qu’il y soit hors-la-loi, Giacomo Casanova est de retour à Venise pour aider son frère Antonio, accusé d’avoir volé des documents à la dogaresse (l’épouse du doge). Il découvre que ces papiers ont en fait été dérobés par une société secrète, agissant pour le compte de l’impératrice Catherine II de Russie, laquelle voudrait exercer une emprise sur la ville… Le Chevalier mystérieux est librement inspiré des Mémoires de Casanova. Sous la plume de Riccardo Freda, Mario Monicelli et Steno, l’intriguant séducteur est essentiellement un aventurier-espion aux desseins nobles. Si l’aventure prime, il y a un bon équilibre entre divers genres qui rend le film étonnamment complet. Riccardo Freda fait preuve d’une grande maîtrise dans la mise en scène, y compris dans les scènes d’action qui sont très enlevées. C’est là le premier grand rôle pour le jeune Vittorio Gassman qui montre une belle présence à l’écran (1). Avec Le Chevalier mystérieux, Riccardo Freda signe un film populaire de très bonne facture. Il est, bien entendu, en décalage total avec le mouvement néoréaliste qui enthousiasmait alors les cinéphiles, ce qui lui a valu d’être un peu méprisé. Il mérite mieux que cela.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, María Mercader, Yvonne Sanson, Gianna Maria Canale
Voir la fiche du film et la filmographie de Riccardo Freda sur le site IMDB.

Voir les autres films de Riccardo Freda chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Riccardo Freda

Le Chevalier mystérieux
Vittorio Gassman et María Mercader dans Le Chevalier mystérieux de Riccardo Freda.

(1) L’acteur dira plus tard que c’est le seul film qu’il regrettait de sa carrière… Franchement, on ne voit pas bien pourquoi.

21 septembre 2016

Mickey One (1965) de Arthur Penn

Mickey OneUn jeune comique de scène s’attire les foudres de la Mafia après avoir profité de ses largesses. Se sachant ni pourquoi ni combien il doit rembourser, il préfère fuir Detroit, change d’identité et se réfugie à Chicago sans un sou. Il a toujours la crainte que la Mafia le retrouve… Troisième long métrage d’Arthur Penn, Mickey One est assez méconnu et même plutôt mal aimé. C’est un film très déroutant si l’on accorde de l’importance au déroulement narratif qui apparaît confus, frustrant même par son manque d’explications. Mais si l’on met cet aspect de côté, le film ne manque pas d’attrait : c’est l’exploration d’une paranoïa (on peut y voir une allégorie de la paranoïa anticommuniste américaine) qui met en relief la complexité de l’âme humaine. Réalisant son film en marge des grands studios, sans grands moyens mais en totale liberté, Arthur Penn paraît très influencé par la Nouvelle Vague française et, dans une moindre mesure, par le cinéma italien. Il n’hésite pas à prendre des libertés avec la construction, non sans maladresse certes, mais en gardant une certaine force dans ses personnages. Mickey One est un film qui mérite d’être (re)découvert.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Warren Beatty, Alexandra Stewart, Hurd Hatfield, Franchot Tone
Voir la fiche du film et la filmographie de Arthur Penn sur le site IMDB.

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Mickey One
Warren Beatty dans Mickey One de Arthur Penn.

Micvkey One
Alexandra Stewart dans Mickey One de Arthur Penn.

20 septembre 2016

A Touch of Zen (1971) de King Hu

Titre original : « Xia nü »

A Touch of ZenDans la Chine du XVIIe siècle, Gu Shengzai est écrivain public et portraitiste. Trentenaire, célibataire et sans ambition, il vit avec sa mère dans son village natal. Intrigué par la présence d’une jeune femme qui s’est installée dans le fort abandonné face à sa maison, il va se retrouver mêlé, malgré lui, à des rivalités politiques qui opposent le mouvement Donglin de Yang Lian et le Grand Eunuque Weï… A Touch of Zen est un film taïwanais qui a marqué le genre wu xia pian (film de sabre chinois). Il a été récemment restauré (en 2014). Originellement sorti en deux parties, il s’étale sur près de trois heures. Il faut bien avouer que la mise en place paraît bien longue, très longue même : il faut patienter une bonne heure avant d’avoir le sentiment d’être entré dans le vif du sujet. L’image est très belle : King Hu est un perfectionniste (le tournage a duré plus de deux ans) et cela se sent dans tous ses plans. Il exploite merveilleusement l’écran large par de superbes travelings. Les décors naturels en dehors du village sont superbes. La scène la plus célèbre est celle du combat dans la forêt des bambous verts : King Hu met en symbiose parfaite un décor inhabituel et une élégante chorégraphie bondissante. De façon générale, et en comparaison avec les films plus récents du genre, les scènes de combats sont très bien intégrées dans un ensemble harmonieux, un ensemble doté d’une dimension morale, voire spirituelle, forte.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Hsu Feng, Shih Chun, Bai Ying
Voir la fiche du film et la filmographie de King Hu sur le site IMDB.

A Touch of Zen
Hsu Feng dans A Touch of Zen de King Hu.

18 septembre 2016

Smoking/No Smoking (1993) de Alain Resnais

Smoking/No SmokingDans une petite ville du nord de l’Angleterre, Celia Teasdale est la femme du directeur d’école, un homme renfrogné et alcoolique. Miles Coombes est le meilleur ami de son mari, sa femme volage Rowena alimente les commérages. Le jardinier de l’école, Lionel Hepplewick, propose d’arranger le jardin des Teasdale. Il fréquente Sylvie Bell, l’employé de maison des Teasdale… Smoking/No Smoking est adapté d’une pièce de l’anglais Alan Ayckbourn dont il conserve les deux grandes originalités : tous les rôles sont interprétés par seulement deux acteurs (5 pour Sabine Azéma et 4 pour Pierre Arditi) et l’histoire explore de nombreuses variantes suivant les grandes décisions prises par tel ou tel personnage. Pendant les quelque 5 heures que totalisent les deux films (qui peuvent être vus dans un ordre quelconque), il y a ainsi 14 variations. Smoking/No Smoking Elles aboutissent à des situations très différentes avec, à chaque fois, un développement intermédiaire (5 jours ou 5 semaines plus tard) et un épilogue (5 ans plus tard) toujours assez fort. Les dialogues écrits par Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri apportent beaucoup d’humour à l’ensemble. Sabine Azéma et Pierre Arditi font tous deux une superbe performance, interprétant des personnages de styles très différents. L’ensemble est élégant et très plaisant. Smoking/No Smoking était indéniablement une entreprise hasardeuse mais se révèle être parfaitement réussi.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Sabine Azéma, Pierre Arditi
Voir la fiche du film et la filmographie de Alain Resnais sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alain Resnais chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Alain Resnais

Remarques :
* La pièce d’Alan Ayckbourn comportait seize variations et était prévue pour être jouée sur huit soirs consécutifs, deux variations par soir. Alain Resnais n’en a gardé que quatorze, deux variations jugées trop british ayant été écartées (une partie de cricket et une pièce médiévale).
* Alain Resnais adaptera deux autres pièces d’Alan Ayckbourn par la suite : Coeurs (2006) et Aimer, boire et chanter (2014).

Smoking / No smoking
Sabine Azéma et Pierre Arditi dans Smoking de Alain Resnais.

Smoking / No smoking
Pierre Arditi et Sabine Azéma dans No Smoking de Alain Resnais.

Smoking / No smoking
Sabine Azéma et Pierre Arditi dans No Smoking de Alain Resnais.

16 septembre 2016

Chambre avec vue (1985) de James Ivory

Titre original : « A Room with a View »

Chambre avec vueFlorence, 1907. Une jeune anglaise Lucy est en vacances accompagnée de sa tante Lucie. Elles logent dans une pension de famille. Elles y rencontrent les Emerson, un père et son fils, tous deux libres-penseurs, qui leur proposent gentiment d’échanger leurs chambres afin qu’elles profitent de la vue. Un baiser furtif va provoquer le retour prématuré de la très prude Lucy en Angleterre… Cette adaptation d’un roman d’E.M. Forster met en scène ce tournant de civilisation où la rigidité des codes de la société victorienne dut commencer à plier face à l’expression des sentiments. Certes, il y a un peu condescendance facile vis-à-vis de l’ancienne société, on frôle même la caricature avec le personnage de l’intellectuel corseté interprété par Daniel Day-Lewis, mais James Ivory a su montrer avec beaucoup de finesse cette belle ardeur qui point sous les convenances figées. Il le fait avec une indéniable délicatesse et d’esthétisme : certaines scènes sont picturalement très belles (la ville de Florence, le baiser dans le champ, les corps nus du lac qui évoquent les statues de Florence, etc.) L’interprétation est parfaite. Tous ces éléments contribuent au charme de ce Chambre avec vue.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Maggie Smith, Helena Bonham Carter, Julian Sands, Simon Callow, Judi Dench, Daniel Day-Lewis, Rupert Graves, Denholm Elliott
Voir la fiche du film et la filmographie de James Ivory sur le site IMDB.

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Voir un livre sur James Ivory et E.M.Forster

Remarques :
* La musique sur le générique de début est O moi babbino caro de Puccini. Tout en délicatesse, il donne le ton.
* James Ivory adaptera deux autres romans d’E.M. Forster avec Maurice (1987) et Retour à Howards End (1992).

Room with a view
Julian Sands et Helena Bonham Carter dans Chambre avec vue de James Ivory.

Room with a view
Daniel Day-Lewis dans Chambre avec vue de James Ivory.

Room with a view
Julian Sands et Helena Bonham Carter dans Chambre avec vue de James Ivory.

11 septembre 2016

Possédée (1947) de Curtis Bernhardt

Titre original : « Possessed »

PossédéeUne femme erre dans les rues de Los Angeles à la recherche d’un certain David. Emmenée dans un hôpital psychiatrique, elle raconte peu à peu son passé aux docteurs qui la soignent. Tout a commencé par un amour très fort pour un jeune ingénieur… Tourné aux Etats Unis par le réalisateur d’origine allemande Curtis Bernhardt, Possessed s’inscrit pleinement dans la vogue des films psychiatriques de la seconde moitié des années quarante. Joan Crawford s’est longuement préparé pour le rôle, visitant des hôpitaux psychiatriques, observant les pensionnaires et parlant du script avec les docteurs ; le résultat est une interprétation très forte où sa schizophrénie est palpable, elle paraît même presque possédée, ce qui justifie le titre. Submergée par l’intensité de ses sentiments, son personnage en vient à ne plus distinguer le réel de son imaginaire. C’est dans ce type de rôle que l’on se rend compte à quel point Joan Crawford est bien à classer parmi les plus grandes actrices. Le film, lui, est souvent classé dans les films noirs, du fait de son atmosphère et de son apparence. Curtis Bernhardt travaille beaucoup ses éclairages, dans un esprit proche de l’expressionnisme aurait-on envie de dire pour évoquer ses origines allemandes. Le résultat est assez puissant. La mise en scène est maitrisée de bout en bout. Possessed est un film assez remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Joan Crawford, Van Heflin, Raymond Massey, Geraldine Brooks, Stanley Ridges
Voir la fiche du film et la filmographie de Curtis Bernhardt sur le site IMDB.

Voir les autres films de Curtis Bernhardt chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Joan Crawford (déjà oscarisée pour Mildred Pierce en 1946) a manqué de peu de recevoir un second Oscar pour ce rôle.

Homonyme :
Joan Crawford a joué dans deux films ayant pour titre Possessed, le premier étant :
Fascination (Possessed) de Clarence Brown (1931) avec Joan Crawford et Clark Gable, un drame romantique.

Possessed
Joan Crawford dans Possédée de Curtis Bernhardt (à l’arrière-plan : Raymond Massey et Van Heflin).