27 janvier 2018

Bedside (1934) de Robert Florey

BedsideBob Brown est assistant-radiologiste. Il ne lui manque qu’une année d’études pour pouvoir être médecin mais, pris par le démon du jeu, n’a plus l’argent nécessaire. Il a même perdu ainsi l’argent que Caroline, une collègue infirmière amoureuse de lui, lui avait prêté pour aller étudier à Chicago. Il va néanmoins trouver un subterfuge pour éviter de lui avouer la vérité…
Réalisé par Robert Florey, Bedside est un de ces films tournés rapidement du milieu des années trente. L’histoire met en relief les dangers de l’utilisation des techniques de la publicité dans le monde de la médecine : bien conseillé et pris en main par un agent, un charlatan peut ainsi acquérir une réputation et une belle (et riche) clientèle. Il est difficile de détecter aujourd’hui jusqu’à quel point cette histoire est crédible (le critique du New York Times de l’époque ne semble toutefois pas la trouver irréaliste). Si le film manque d’impact, ce n’est pas du fait de ses acteurs qui font une bonne prestation, mais plutôt du fait du scénario qui se montre assez terne. Certaines scènes qui auraient pu être fortes sont expédiées en quelques secondes et l’épilogue paraît un peu saugrenu.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Warren William, Jean Muir, Allen Jenkins, David Landau, Donald Meek
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Florey sur le site IMDB.

Voir les autres films de Robert Florey chroniqués sur ce blog…

Remarque :
* Robert Florey est très réputé pour ses écrits sur Hollywood :
Voir les livres écrits par Robert Florey

Bedside
Warren William, Donald Meek et Jean Muir dans Bedside de Robert Florey.

Bedside
Warren William et Jean Muir dans Bedside de Robert Florey.

25 janvier 2018

Le Bon, la Brute et le Cinglé (2008) de Kim Jee-woon

Titre original : « 좋은 놈, 나쁜 놈, 이상한 놈 (Jo-eun nom, nappeun nom, isanghan nom) »

Le Bon, la brute et le cingléDans les années 30 en Mandchourie, la Brute est chargé de récupérer une carte précieuse auprès d’un dignitaire japonais mais il se fait doubler par le Cinglé qui pillait le train qui le transportait. Ce dernier a alors tous les voyous et autres gangsters à ses trousses, tout comme le Bon qui désire le capturer pour toucher la prime…
Le titre évoque bien évidemment le film de Sergio Leone Le Bon, la Brute et le Truand mais ce film coréen, écrit et réalisé par Kim Jee-won, va au-delà du simple pastiche ou de la copie. C’est un véritable feu d’artifice visuel et chorégraphique avec de multiples situations et intrigues secondaires, et aussi une bonne dose d’humour, insufflée par le caractère enfantin du personnage du Cinglé interprété par Song Kang-ho, grande star en son pays. La photographie est très belle, avec des couleurs éclatantes et Kim Jee-won utilise parfaitement les grandes étendues mandchoues pour reconstituer une atmosphère de western. Le nombre de macchabées semés en chemin est certes plutôt impressionnant mais rien n’est sérieux ici : ce western asiatique est avant tout un grand divertissement. Il est étonnamment réussi.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Song Kang-ho, Lee Byung-hun, Jung Woo-sung
Voir la fiche du film et la filmographie de Kim Jee-woon sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Le Bon la Brute et le Cinglé
Le Bon : Jung Woo-sung dans Le Bon, la brute et le cinglé de Kim Jee-woon.

Le Bon, la brute et le Cinglé
La Brute : Lee Byung-hun dans Le Bon, la brute et le cinglé de Kim Jee-woon.

Le Bon, la brute et le cinglé
Le Cinglé : Song Kang-ho dans Le Bon, la brute et le cinglé de Kim Jee-woon.

Le Bon, la brute et le cinglé
Comme dans le film de Leone, nous avons droit à un final sur un magistral Mexican Standoff (« impasse mexicaine » in french) dans  Le Bon, la brute et le cinglé de Kim Jee-woon.

23 janvier 2018

Back Home (2015) de Joachim Trier

Titre original : « Louder Than Bombs »

Back HomeAlors que se prépare une exposition consacrée à la photographe de guerre Isabelle Reed trois ans après sa mort, son mari et ses deux fils vont devoir se rapprocher pour parler des circonstances de sa mort… Ecrits par les norvégiens Eskil Vogt et Joachim Trier, Back Home nous plonge au sein d’une famille marquée par la disparition récente de la mère, célèbre photographe souvent absente. Joachim Trier l’a tourné aux Etats-Unis, en anglais (mais la production est norvégienne et européenne). Le cinéaste montre une grande délicatesse dans son approche, aidé, il est vrai, par la très grande qualité de l’interprétation. On pourra lui reprocher un certain étirement et la focalisation sur l’incommunicabilité et les difficultés de l’adolescence. Back Home est plutôt moins enthousiasmant que son précédent film Oslo, 31 août, mais montre néanmoins que Joachim Trier est un cinéaste intéressant à suivre.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gabriel Byrne, Isabelle Huppert, Jesse Eisenberg, Devin Druid, Amy Ryan
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Back home
Isabelle Huppert et Gabriel Byrne dans Back Home de Joachim Trier.

Back home
Jesse Eisenberg et Devin Druid dans Back Home de Joachim Trier.

Remarques :
* Le film a été présenté à Cannes sous le titre « Plus fort que les bombes » mais le titre français a été changé pour sa sortie effective, un mois après les attentats du 13 novembre 2015.
* Si le personnage d’Isabelle Reed est fictif, le film utilise des photographies réelles prises par des photographes de guerre, notamment la française Alexandra Boulat qui est décédée en 2007 à l’âge de 45 ans (rupture d’anévrisme).

Back home
La photographe Alexandra Boulat dont certains clichés sont visibles dans Back Home de Joachim Trier.

21 janvier 2018

Micki et Maude (1984) de Blake Edwards

Titre original : « Micki + Maude »

Micki & MaudeReporter vedette d’une chaîne de télévision, Rob est marié depuis sept ans à Micki, brillante avocate qui repousse le moment d’avoir un enfant, au grand désespoir de Rob. Lors d’un reportage, il rencontre Maude, une jeune violoncelliste, qu’il fréquente régulièrement. Quelques mois plus tard Maud lui apprend qu’elle est enceinte…
Sur un scénario original écrit par Jonathan Reynolds, Micki & Maude est une comédie qui exploite les ressorts comiques de la bigamie : Rob va devoir jongler de façon de plus en plus frénétique entre ses deux épouses. Il n’y a hélas rien d’inattendu dans le déroulement de cette histoire dont on peut prédire à l’avance les évènements. Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas des scènes amusantes mais l’ensemble paraît bien long.
Elle: 1 étoile
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Dudley Moore, Amy Irving, Ann Reinking, Richard Mulligan
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Micki et Maude
Dudley Moore et Amy Irving (Maude) dans Micki & Maude de Blake Edwards.

Micki et Maude
Ann Reinking (Micki) et Dudley Moore dans Micki & Maude de Blake Edwards.

21 janvier 2018

La Madone des sleepings (1955) de Henri Diamant-Berger

La Madone des sleepingsLady Diana Wyndham est une riche et belle veuve dont les multiples aventures sont à la une des journaux populaires. Elle ne se déplace qu’en train, dans un wagon particulier, ce qui lui vaut d’être appelée La Madone des sleepings. Ses terres en Amérique centrale recèlent des gisements d’uranium qui sont convoités par plusieurs puissances étrangères…
La Madone des sleepings fut tout d’abord un roman best-seller de Maurice Dekobra en 1925 que Pathé a aussitôt porté à l’écran en muet, puis une seconde fois vingt-cinq ans plus tard dans cette version signée Henri Diamant-Berger, alors âgé de 83 ans. Le roman possède certainement des qualités mais il est bien difficile d’en trouver une seule dans ce film très plat, aux personnages inconsistants et mal interprétés. C’est assez épouvantable.  Erich von Stroheim n’a qu’un petit rôle. Le voir  échouer dans une production si insipide est attristant, d’autant plus qu’il s’agit de son dernier film.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Giselle Pascal, Jean Gaven, Philippe Mareuil, Erich von Stroheim, Jacques Jouanneau
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La Madone des sleepings
( de g. à dr.) Jacques Jouanneau, Jean Gaven, Giselle Pascal, Philippe Mareuil et Katherine Kath dans La Madone des sleepings de Henri Diamant-Berger.

Remarques :
* Précédente adaptation :
La Madone des sleepings de Marco de Gastyne et Maurice Gleize (1928) avec Claude France.

* Maurice Dekobra est un auteur de romans populaires, faciles à lire, généralement empreints d’exotisme. Il est également l’auteur de Macao, l’enfer du jeu adapté en 1942 par Jean Delannoy (ne pas confondre avec le Macao de Josef von Sternberg).

19 janvier 2018

Eyes Wide Shut (1999) de Stanley Kubrick

Eyes Wide ShutBill Hartford est un médecin aisé de la haute-société newyorkaise. Avec sa femme Alice, ils se rendent à la fastueuse réception d’un de ses clients. Il n’y connaît personne mais s’aperçoit que le pianiste est un ancien camarade de la faculté de médecine…
Basé sur une nouvelle du viennois Arthur Schnitzler, Traumnovelle (Rien qu’un rêve), datant de 1926 et qu’il suit très fidèlement, Eyes Wide Shut est l’ultime réalisation de Stanley Kubrick qui a hélas trouvé la mort peu après l’avoir achevé. C’est peut-être l’un des ses films les plus sous-estimés, le plus mal compris, assurément. Il a été boudé à sa sortie par les critiques qui attendaient « le film le plus sexy jamais réalisé » et qui furent déconcerté par ce film complexe sur le désir, l’attirance, la place de la sexualité mais aussi sur le couple, la fidélité, la tromperie et même la vérité. Kubrick a depuis longtemps admiré Schnitzler pour sa capacité à appréhender et à comprendre l’âme humaine et il parvient parfaitement à le mettre en images. Kubrick a pris son temps à la fois pour préparer le film et pour le tourner. Il prend aussi son temps pour dérouler cette histoire, une certaine placidité qui donne une grande profondeur à l’ensemble. Le film est aussi d’une grande beauté formelle, la perfection se nichant jusque dans les moindres détails. Eyes Wide Shut est certainement la plus belle interprétation de Tom Cruise et aussi de Nicole Kidman qui étaient alors mari et femme (Kubrick voulait absolument un couple d’acteurs). C’est un film dont on découvre la richesse à chaque nouvelle vision.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Tom Cruise, Nicole Kidman, Sydney Pollack, Todd Field
Voir la fiche du film et la filmographie de Stanley Kubrick sur le site IMDB.

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Eyes Wide Shut
Tom Cruise et Nicole Kidman dans Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick.

Eyes Wide Shut
Aucun projecteur classique n’a été utilisé dans la scène du bal de Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick.

Remarques :
* Eyes Wide Shut a été tourné par Kubrick en format 4:3.
* Une fois le film terminé, Kubrick a déclaré qu’il considérait Eyes Wide Shut comme sa plus belle réalisation.
* La nouvelle d’Arthur Schnitzler, Traumnovelle, avait déjà inspiré le film La Ronde de Max Ophüls en 1950.
* Michel Chion replace très justement Eyes Wide Shut dans la lignée des « comédies du remariage » (comédies screwballs) des années trente. On pourrait dire que c’en est une variante philosophique…
* Seulement quelques plans sans acteur ont été tournés à New York, les rues de la Big Apple ont été reconstitués en studio. Dans quelques plans, Tom Cruise marche sur un tapis roulant.
* Kubrick a utilisé un type très spécial de pellicule Kodak (qui n’était plus fabriqué) dont il fait prolonger les temps de développement : cela lui permet de tourner en basse lumière.
* Caméo : Kubrick apparaît dans la scène du cabaret où joue le pianiste : il est l’un des clients à l’arrière-plan (visible lorsque le serveur apporte la commande).
* Pour éviter d’être classé X, des caches ont été rajoutés aux Etats-Unis dans les scènes d’orgie sous la forme de quelques personnages vus de dos qui masquent « l’action ». Le contrat signé par Kubrick permettait à la Warner de faire cela : il portait sur un film classé R (restricted = interdit aux moins de 17 ans non accompagnés) mais pas X (interdiction totale aux mineurs).

Eyes Wide Shut

Eyes Wide Shut
Tom Cruise dans Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick.

A propos de l’adaptation :
Le scénario du film est très proche de la nouvelle d’Arthur Schnitzler. En fait, seul le personnage de Ziegler (Sydney Pollack) a été ajouté ainsi que la scène du bal au début du film (dans la nouvelle, le bal n’est qu’évoqué par la femme, plus tard). Même, les dialogues sont souvent ceux écrits par le viennois en 1925. La scène de l’orgie reprend le décorum et les habillements décrits dans la nouvelle, ce qui explique son décalage apparent avec notre monde actuel. Certaines scènes ont été tournées mais écartées au montage (notamment une scène heureuse du couple canotant sur un lac, certaines photos de tournage la montrent). L’empreinte de Freud était déjà très présente dans la nouvelle et Kubrick l’a encore renforcée.

Eyes Wide Shut
Tom Cruise dans un superbe plan de  Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick.

Eyes Wide Shot
Sydney Pollack et Nicole Kidman dans Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick.

Eyes Wide Shut
Tom Cruise et Nicole Kidman dans Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick.

18 janvier 2018

Belles mais pauvres (1957) de Dino Risi

Titre original : « Belle ma povere »
Autre titre français : « Beaux mais pauvres »

Belles mais pauvresRomolo et Salvatore sont comme fiancés à Marisa et Anna-Maria, tous quatre amis d’enfance. Mais pour se marier, ils doivent gagner leur vie…
Issu de la première période Dino Risi, celle où il cherchait encore son style, Belles mais pauvres est la suite de Pauvres mais beaux qui avait connu un grand succès quelques mois plus tôt. Par rapport à son prédécesseur, ce deuxième volet se révèle beaucoup moins complet : la peinture sociale est mise en retrait pour se focaliser sur la comédie pure et sur l’immaturité des deux jeunes garçons. On pourra toutefois y voir un portrait du mâle italien, montré particulièrement machiste et conservateur, et aussi les difficultés d’une modernisation économique au travers de l’exemple d’une formation professionnelle accélérée assez pittoresque. Le film traîne en longueur dans sa seconde moitié et l’ensemble est bien en deçà du premier volet.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Marisa Allasio, Maurizio Arena, Renato Salvatori, Lorella De Luca, Alessandra Panaro
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Belles mais pauvres
Renato Salvatori, Lorella De Luca et Alessandra Panaro dans Belles mais pauvres de Dino Risi.

Les 3 films sur les déboires de Romolo et Salvatore, réalisés par Dino Risi :
1. Pauvres mais beaux (Poveri ma belli, 1957)
2. Belles mais pauvres (Belle ma povere, 1957)
3. Pauvres millionaires (Poveri milionari, 1959)

17 janvier 2018

Le Roi du racket (1955) de Maxwell Shane

Titre original : « The Naked Street »

Le Roi du racketLe journaliste raconte l’histoire du gangster Phil Regal (Anthony Quinn), qui fait la loi dans son quartier de New York…
Ex-journaliste et scénariste, Maxwell Shane a écrit et réalisé ce film noir à petit budget (et assez rare) d’après une histoire écrite par Léo Katcher. L’histoire est très classique, celle d’un truand très attaché à sa famille mais qui n’est pas, pour une fois, d’origine italienne : il est d’origine slave. Hormis cette originalité, Maxwell Shane ne se montre pas vraiment remarquable, que ce soit sur le plan de l’écriture ou de la réalisation. Le film est néanmoins sauvé par la bonne interprétation du trio d’acteurs principaux. La fin est particulièrement fade. On pourra toutefois remarquer qu’elle s’inscrit dans l’évolution du film noir en ce milieu des années cinquante qui présente souvent les « mauvais garçons » avec compassion : par un étonnant virage final dans le propos, le jeune personnage joué par Farley Granger est ainsi soudainement présenté comme une victime.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Farley Granger, Anthony Quinn, Anne Bancroft, Peter Graves
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Naked street
Anthony Quinn et Farley Granger dans Le Roi du racket de Maxwell Shane.

The Naked Street
Anthony Quinn et Anne Bancroft dans Le Roi du racket de Maxwell Shane.

16 janvier 2018

Les Délices de Tokyo (2015) de Naomi Kawase

Titre original : « An »

Les délices de TokyoSentarô tient une petite échoppe où il fait et vend des dorayaki (petite pâtisserie japonaise formée de deux pancakes enveloppant une garniture de haricots rouges confits). Il a placé une petite affichette pour embaucher un aide et voit arriver Tokue, âgée de 75 ans. Considérant que le travail serait trop dur pour elle, il la refuse mais elle lui laisse une boite de haricots confits qu’elle a préparés…
Les délices de Tokyo est l’adaptation du livre An (1) écrit par Durian Sukegawa. Le propos est très riche car, au-delà d’une simple histoire de transmission d’un savoir culinaire, il distille une bonne dose de poésie et philosophie japonaise. Le caractère très urbain des lieux (nous sommes dans un quartier périphérique de Tokyo) n’empêche pas la nature d’être très présente. Tokue va apprendre à Sentarô à lui accorder de l’importance. Elle va faire plus que cela, même, car c’est une véritable histoire de rédemption : Sentarô porte un fardeau et c’est Tokue, une paria de la société, qui va l’en libérer, elle va presque lui donner la vie. Même si une bonne partie de la philosophie orientale échappe certainement aux occidentaux que nous sommes, on ne peut être qu’émerveillé par ces leçons de vie. Il y a en outre beaucoup de délicatesse dans le récit de la réalisatrice japonaise Naomi Kawase.

Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Kirin Kiki, Masatoshi Nagase, Kyara Uchida
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(1) L’ an, ou anko, est le nom de la pâte de haricots rouges azuki utilisée dans différents mets sucrés dont le dorayaki.

Les délice de Tokyo
Kirin Kiki dans Les délices de Tokyo de Naomi Kawase.

Les Délices de Tokyo
Masatoshi Nagase et Kyara Uchida dans Les délices de Tokyo de Naomi Kawase.

15 janvier 2018

Le Masque arraché (1952) de David Miller

Titre original : « Sudden Fear »

Le Masque arrachéMyra Hudson est à la fois une riche héritière et une auteure à succès de pièces à Broadway. Lors d’une répétition, elle fait renvoyer l’acteur principal Lester Blaine car elle estime qu’il n’est pas assez séduisant pour le rôle. Quelque temps plus tard, elle le rencontre à nouveau dans le train qui la ramène à San Francisco. Il lui fait la cour… Basé sur un roman d’Edna Sherry, Sudden Fear est un film noir qui repose sur un suspense à la Hitchcock (on peut penser à Suspicion notamment). L’histoire en elle-même n’est pas exceptionnelle mais l’ensemble fonctionne très bien grâce à l’interprétation assez remarquable du trio d’acteurs principaux. Joan Crawford, même si elle est souvent à la limite de sur-jouer, est une grande actrice (plutôt mal aimée en France pour des raisons qui m’échappent) qui sait donner une profondeur psychologique à ses personnages. Jack Palance est étonnamment séduisant et charmeur et trouve toujours le ton juste. Gloria Grahame (l’actrice qui mettait en émoi le jeune François Truffaut à l’époque) apporte une note de sensualité qui vient pimenter l’ensemble. Le suspense devient assez intense dans la seconde moitié du film. A noter, la belle photographie de Charles Lang, qui s’en donne à cœur joie dans la séquence finale. Sudden Fear est le plus souvent moyennement considéré. A tort. C’est un film qui mérite d’être redécouvert.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Joan Crawford, Jack Palance, Gloria Grahame, Bruce Bennett, Mike Connors
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Remarques :
* Sudden Fear fut le sujet du premier article du jeune François Truffaut (21 ans) dans les Cahiers du Cinéma en 1953. En plus de régler quelques comptes au passage, il parlait surtout de son adoration pour Gloria Grahame…
* Le film est coproduit par Joan Crawford.
* Sudden Fear marque la première apparition au cinéma de Mike Connors (Mannix…) Il interprète Junior Kearney.

Sudden Fear
Jack Palance et Joan Crawford dans Le Masque arraché de David Miller.

Sudden Fear
Joan Crawford et Jack Palance dans Le Masque arraché de David Miller.

Sudden Fear
Jack Palance et Gloria Grahame dans Le Masque arraché de David Miller.