1 décembre 2011

Macadam cowboy (1969) de John Schlesinger

Titre original : « Midnight cowboy »

Macadam cowboyJoe Buck quitte son Texas natal pour aller à New York, persuadé de pouvoir vendre ses charmes comme gigolo auprès de femmes riches. Il doit vite déchanter et fait la rencontre de Ratso, un paumé boiteux et tuberculeux qui vit d’expédients… Macadam cowboy est le premier film que le réalisateur anglais John Schlesinger a tourné aux Etats-Unis. Adapté d’un roman de James Leo Herlihy, le film montre avec une certaine empathie le destin de deux personnages échoués dans les quartiers pauvres de New York, deux êtres très différents en apparence mais qui ont chacun un rêve inaccessible. Leur dégradation commune fera naître une amitié profonde entre eux. John Schlesinger a choisi un duo d’acteurs qui semble parfait : Dustin Hoffman fait une performance incroyable dans un rôle difficile, son talent explose vraiment au grand jour avec ce film. Jon Voight donne beaucoup de crédibilité à son personnage de texan naïf. Macadam cowboy est un film impressionnant par la force de ses personnages qui, malgré leur déchéance, conservent leurs rêves et leur dignité. A sa sortie, le film a choqué certains esprits et l’indignation  redoubla lorsqu’il fut nominé pour l’Oscar du meilleur film (qu’il remporta).  La chanson Everybody’s talking interprétée par Nilsson eut un immense succès.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Dustin Hoffman, Jon Voight
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Remarques :
* Bob Dylan a écrit la chanson Lay Lady Lay pour être incluse dans Macadam cowboy mais il ne la termina pas à temps.
* Macadam cowboy a été classé X aux Etats Unis, classement normalement réservé aux films pornographiques. Le film est ainsi devenu le seul film classé X à remporter un Oscar! Deux ans plus tard, le classement a été légèrement revu pour le ramener à R (= interdit aux moins de 17 ans non accompagnés). En France, il fut seulement interdit aux moins de 12 ans.

28 novembre 2011

Les liaisons coupables (1962) de George Cukor

Titre original : « The Chapman Report »

Les liaisons coupablesLe Dr Chapman et son équipe se rendent à Los Angeles pour réaliser une enquête sur vie sexuelle des femmes américaines… Les liaisons coupables est basé sur un best-seller d’Irving Wallace (1). George Cukor dresse le portrait de quatre femmes qui sont insatisfaites de leur mariage ou de leur vie sexuelle. Ces quatre personnages féminins sont volontairement très typés. Le film provoqua la colère de la Ligue pour la Vertu qui parvint à faire opérer de nombreuses coupes et à faire ajouter une fin, plus morale (2). Cukor est bien servi par quatre actrices de talent, dont la jeune Jane Fonda et l’anglaise Claire Bloom qui fait une belle interprétation de nymphomane névrosée. Les liaisons coupables Les acteurs masculins sont en revanche plus ternes. La photographie est superbe, un très beau Technicolor. Les liaisons coupables est généralement mal considéré. C’est assez injuste car, malgré ses coupes, il ne manque pas de charme, ni d’intérêt. Cukor a su éviter toute vulgarité et a même donné une certaine élégance par sa mise en scène.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Shelley Winters, Jane Fonda, Claire Bloom, Glynis Johns, Efrem Zimbalist Jr., Harold J. Stone
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(1) Le roman d’Irving Wallace était basé sur les Kinsey Reports, une vaste enquête dont les résultats furent publiés dans deux livres parus en 1948 et 1953 qui firent scandale.
(2) La dernière scène, où le Dr Chapman et son assistant citent le chiffre de 85% de mariages heureux comme résultat de l’enquête, a été ajoutée sous la pression de la Legion of Decency (Ligue pour la Vertu) afin de montrer que les « déviances » montrées dans le film étaient loin d’être la norme.

10 novembre 2011

Répulsion (1965) de Roman Polanski

Titre original : « Repulsion »

RépulsionUne jeune manucure d’origine belge vit avec sa sœur à Londres. Se retrouvant seule pour quelques jours, elle se renferme sur elle-même dans un monde de cauchemars et d’hallucinations… Répulsion est le premier fruit de la collaboration entre le réalisateur Roman Polanski et le scénariste Gérard Brach, rencontré à Paris. Pour se lancer et avoir les moyens de faire les films dont ils ont envie, ils acceptent de tourner un film d’horreur. Le résultat est bien entendu assez hors normes et le film fut un choc à sa sortie. Habilement, Polanski nous enferme peu à peu dans cet appartement exigu puis dans le monde intérieur de cette jeune femme introvertie. Le choix de Catherine Deneuve n’est pas anodin : très belle, véritable Belle au Bois Dormant, l’actrice permet d’offrir un contraste saisissant entre son apparence extérieure et son monde intérieur tourmenté. Polanski utilise habilement des effets pour exprimer ses tourments, craquelures, mains qui sortent du mur, effets amplifiés par une musique simple au piano. L’appartement est un acteur à part entière! Les frustrations sexuelles sont évoquées sans lourdeur, les fenêtres donnant sur un couvent nous mettent sur la piste d’une éducation religieuse inhibitrice. Sans être un grand film, Répulsion est certainement l’un des films d’horreur les plus intelligents et les plus habiles qui soient et aussi l’un des plus dérangeants.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Ian Hendry, John Fraser, Yvonne Furneaux, Patrick Wymark
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25 octobre 2011

Benjamin ou Les mémoires d’un puceau (1968) de Michel Deville

Benjamin ou Les mémoires d'un puceauA dix-sept ans, Benjamin, orphelin élevé à l’écart du monde, ignore tout des choses de la vie. Son précepteur le conduit chez sa tante, la comtesse de Valandry, dans l’espoir qu’elle le prenne sous sa protection. Benjamin va y découvrir l’amour… Benjamin ou Les mémoires d’un puceau est le fruit de la collaboration brillante entre Michel Deville et sa femme Nina Companéez qui a écrit le scénario. L’atmosphère de libertinage du XVIIIe siècle est joliment recréée, avec ses futilités, ses jeux du mensonge et de la vérité. La reconstitution est toutefois moderne, par les dialogues d’abord et aussi par une certaine simplification (1). Benjamin ou Les mémoires d'un puceau Le tableau est certes idyllique : toutes les femmes, jusqu’à la moindre soubrette, rivalisent de beauté et tout se déroule joyeusement, même si le jeu peut parfois devenir cruel. L’image de Ghislain Cloquet est de toute beauté, le film formant des sortes de tableaux vivants qui s’étourdissent de mouvement. Michel Deville a trouvé un équilibre subtil, évitant toute lourdeur ou à l’inverse tout excès de légèreté. C’est un enchantement. Le film est également servi par une distribution brillante. A noter que Pierre Clémenti sort ici de ses rôles de mauvais garçons Benjamin ou Les mémoires d'un puceaupour montrer beaucoup de candeur et d’innocence.  Benjamin ou Les mémoires d’un puceau est sorti à la fin des années soixante, une époque où ce marivaudage pouvait trouver certains échos. Le film paraît plus en décalage avec l’époque actuelle, ce qui peut certainement occasionner des réactions négatives. Pour l’apprécier, il faut prendre le film pour ce qu’il est avant tout : un divertissement élégant pour le plaisir des sens.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Michèle Morgan, Michel Piccoli, Pierre Clémenti, Catherine Deneuve, Jacques Dufilho, Francine Bergé, Catherine Rouvel, Odile Versois, Tania Torrens
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(1) Propos de Michel Deville juste avant la sortie du film : « Le XVIIIe est une époque que nous aimons bien, Nina Companeez et moi. Cela dit, ce XVIIIe siècle est, dans Benjamin, très stylisé. Les costumes sont débarrassés de toute dentelle superflue et les femmes ne portent pas de perruques blanches. Jamais nous n’avons essayé non plus de faire, par exemple, des reconstitutions de tableaux célèbres. Nos extérieurs, d’ailleurs, sont  beaucoup plus clairs et ensoleillés que les tableaux de Watteau ou de Fragonard. Là, nous sommes plus près, je crois, et à dessein, du XIXe. C’est à dire, le romantisme. Presque, déjà, l’impressionnisme… »
(…)
« Je voulais qu’en extérieurs mes seconds plans soient margés par la lumière, comme gommés par elle, et qu’en intérieurs ils soient gommés aussi, mais là par leur absence de lumière, de couleurs.  Et puis, toujours dans un but de simplification, à chaque personnage a été attribuée une couleur différente, couleur que le personnage conserve d’un bout à l’autre du film, même s’il change plusieurs fois de robe ou de costume. Ainsi, Michèle Morgan est toujours en bleu turquoise, Catherine Deneuve en blanc, etc. Couleurs que l’on retrouve d’ailleurs dans les décors où les personnages évoluent le plus souvent : la chambre de M. Morgan est bleue, etc. »
(Entretien avec Michel Deville, propos recueillis par Gérard Langlois, Cinéma 68 n°122)

18 octobre 2011

L’opération diabolique (1966) de John Frankenheimer

Titre original : « Seconds »

L'opération diaboliqueUn quinquagénaire, déçu de son existence dominée par la réussite matérielle, reçoit un appel mystérieux d’un ami mort il y a plusieurs années. Cet ami le met en contact avec une organisation secrète qui propose à ses clients de redémarrer une nouvelle vie sous une autre apparence et une autre identité… L’opération diabolique est basé sur un roman de science-fiction de David Ely. Le film est surtout marqué par l’inventivité du directeur de la photographie James Wong Howe (1) qui a utilisé avec maestria les déformations d’images et les objectifs grand angle tout en filmant d’assez près. Dès le générique, le film nous plonge ainsi dans une ambiance assez angoissante et les vingt premières minutes sont les plus réussies : on perçoit le malaise du personnage, on ressent son mal-être, son dilemme. Hélas, le film est plus inconsistant ensuite avec notamment une scène de bacchanales hippies aussi longue qu’inutile. La présence de Rock Hudson n’arrange rien, certes, mais le film souffre en son milieu d’un flagrant manque de développement de son scénario. La fin, en revanche, est saisissante et même hallucinante. L’opération diabolique fut très mal reçu par la critique et le public (2). Cet insuccès lui a valu le statut de film maudit et un petit culte s’est peu à peu développé autour du film. La forme est en tous cas assez originale et remarquable.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Rock Hudson, John Randolph, Salome Jens, Wesley Addy, Will Geer
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Remarques :
(1) James Wong Howe est l’un des plus célèbres directeurs de la photographie américains. Il apparaît au générique de plus de 140 films (sous le nom de James Howe avant 1934). Il a débuté sa carrière comme assistant dans l’équipe de Cecil B. DeMille à la fin des années 1910. Grace à son inventivité, il est devenu, dès les années trente, pratiquement le caméraman le plus célèbre d’Hollywood. Quand il tourne L’opération diabolique, il est âgé de 67 ans. Voir sa filmographie sur le site IMDB
(2) Au festival de Cannes 1966, le film fut si mal reçu que John Frankenheimer refusa de se rendre à la conférence de presse alors qu’il était tout près, à Monte Carlo exactement, pour le tournage de Grand Prix.

16 octobre 2011

Yoyo (1965) de Pierre Étaix

Yoyo1925 : un milliardaire s’ennuie dans une immense demeure, entouré d’une armée de domestiques. Un cirque passe. Il reconnaît en l’écuyère la seule femme qu’il ait jamais aimée… Ce n’est que le point de départ de Yoyo qui se déroule sur près de quarante ans. Toute la première partie se déroulant avant le cinéma parlant, elle est donc muette (!) (avec toutefois des effets sonores) et la vitesse est très légèrement accélérée. C’est un véritable florilège de gags, de détournement d’objets, une véritable merveille qui force l’admiration. C’est un hommage aux films muets, on pense en premier à Buster Keaton bien entendu du fait de son personnage placide et sans expression, mais aussi à Max Linder. Le film devient ensuite parlant quand l’histoire passe le cap de 1928 et le film évoque alors plus les films de Chaplin, avec une belle poésie bucolique et toujours de nombreux gags qui s’enchaînent parfois très rapidement. Yoyo Car il y a beaucoup de rythme dans Yoyo. Les transitions sont toutefois quelquefois brutales. Les gags ne donnent pas dans le spectaculaire, ils sont au contraire fins, délicats, parfois très discrets ; ils créent une atmosphère amusante et chaleureuse qui donne une belle personnalité au film. C’est un vrai bonheur de pouvoir enfin voir (et revoir à loisir) les films de Pierre Etaix, longtemps bloqués par un imbroglio juridique. Yoyo est son deuxième long métrage, sans doute son meilleur. C’est une merveille, un petit bijou.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Pierre Étaix, Claudine Auger, Philippe Dionnet, Luce Klein
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Remarques :
* Pierre Etaix venait de voir 8 ½ de Fellini, un film qui l’avait fortement impressionné. A noter ce clin d’œil sur l’affiche d’une représentation de cirque ambulant : l’heure du spectacle est marquée « 8 ½ h ». On remarque ainsi tout au long du film de petits clins d’œil.

* Après des années et des années de blocage, les films de Pierre Etaix sont enfin distribués à nouveau, notamment dans un beau coffret DVD.

3 octobre 2011

Les drakkars (1964) de Jack Cardiff

Titre original : « The long ships »

Les drakkarsRecueilli par des moines après un naufrage, un aventurier Viking apprend l’existence d’une gigantesque cloche en or massif. Il est bien décidé à s’en emparer mais va se heurter à un chef Maure qui la recherche depuis des années… Jack Cardiff est considéré par certains comme le meilleur directeur de la photo au monde, on ne sera donc pas surpris que les images de son film Les drakkars soient particulièrement bien rendues, en un superbe Technicolor. Le scénario est très simple, il n’est pas certain que le film ait été tourné dans une optique sérieuse, c’est du moins ce qu’a toujours affirmé Richard Widmark qui trouvait l’histoire un peu ridicule et mettait de l’humour dans son jeu (cela n’aurait toutefois pas été le cas de Sidney Poitier qui a joué avec plus de sérieux). Il faut donc regarder Les drakkars comme un joli divertissement et s’amuser de certaines conventions. Les scènes de combats sont très convaincantes, dotées d’une certaine brutalité. A noter, un instrument maure d’exécution des condamnés assez gigantesque et épouvantable.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Richard Widmark, Sidney Poitier, Russ Tamblyn, Rosanna Schiaffino, Beba Loncar
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Remarques :
Six ans plus tôt, Jack Cardiff avait été caméraman sur l’excellent film de Richard Fleischer Les Vikings (The Vikings, 1958) avec Kirk Douglas et Tony Curtis.

26 septembre 2011

Qu’est-il arrivé à Baby Jane? (1962) de Robert Aldrich

Titre original : « What ever happened to Baby Jane? »

Qu'est-il arrivé à Baby Jane?Blanche Hudson et Baby Jane Hudson sont deux sœurs ennemies, ex-stars du cinéma et du music hall. Elles vivent recluses dans une maison de Los Angeles. Blanche est paralysée à la suite d’un accident où sa sœur a tenté de la tuer…
Qu’est-il arrivé à Baby Jane? a quelque peu surpris à sa sortie. Plusieurs critiques paraphrasèrent le titre en écrivant « Qu’est-il arrivé à Robert Aldrich ? ». Cette histoire macabre de rivalité féroce a effectivement des côtés grand-guignolesques et va très loin dans la caricature monstrueuse. Hollywood fabrique des monstres…(1) Aldrich eut la bonne idée de choisir deux actrices qui se vouaient déjà une haine féroce et cela se sent à l’écran (2). Les deux actrices n’hésitent pas à jouer avec leur image et leur âge, c’est surtout vrai pour Bette Davis qui est visuellement monstrueuse. L’actrice réalise un véritable tour de force d’interprétation. Le film est aussi célèbre pour son retournement final, les trois dernières minutes obligent le spectateur à se repasser mentalement tout le film pour le voir d’un nouvel œil, c’est alors que l’on réalise que le regard d’Aldrich sur ses personnages est bien plus subtil qu’il nous semblait. Malgré certaines critiques réservées, le succès fut immense. Qu’est-il arrivé à Baby Jane? a d’ailleurs inauguré une vague de films que l’on pourrait appeler psycho-angoissants. Aldrich lui-même tournera deux ans plus tard Chut, Chut Chère Charlotte sur une trame similaire avec, à nouveau, deux sœurs rivales et, à nouveau, Bette Davis (mais pas Joan Crawford qui se fera porter malade dès le premier jour de tournage).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Bette Davis, Joan Crawford, Victor Buono, Maidie Norman
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(1) Sur ce point, le film fait penser à Sunset Boulevard de Billy Wilder.
(2) Joan Crawford dut être soignée après la scène où Bette Davis lui donne des coups car l’actrice tapait réellement! On raconte aussi que Joan Crawford avait placé de lourds poids dans ses poches pour la scène où Bette Davis la traîne sur le sol. Conséquence : Bette Davis eut un terrible mal de dos.

Remarques :
* L’actrice qui interprète la jeune fille de la voisine n’est autre que Barbara Merrill, la fille de Bette Davis.
* Robert Aldrich a tourné la scène finale, sur la plage, exactement au même endroit que la scène finale de son Kiss me Deadly. La maison que l’on voit en arrière plan lors du dialogue entre les deux sœurs est la maison où la fameuse boîte est ouverte.
* Le « mauvais film » visionné par le producteur mécontent est composé d’extraits de Parachute Jumper (1933) d’Alfred Green avec Bette Davis et Douglas Fairbanks Jr. et de Ex-Lady (1933) de Robert Florey avec Bette Davis et Gene Raymond.
Le film regardé à la télévision par la voisine est Sadie McKee (1934) de Clarence Brown avec Joan Crawford, Gene Raymond et Franchot Tone.

20 août 2011

Les biches (1968) de Claude Chabrol

Les bichesUne riche et oisive bourgeoise séduit une jeune fille, artiste de rue rencontrée à Paris. Elle l’emmène dans sa villa de Saint-Tropez… Indéniablement, Les biches est un film qui a quelque peu vieilli : ce qui choquait profondément en 1968, les rapports ambigus, l’homosexualité sous-jacente, ne provoque plus le même effet aujourd’hui. Il reste une peinture assez acerbe d’une bourgeoisie très huppée, une peinture aux couleurs d’oisiveté, de vacuité et de bêtise, et aussi un certain regard sur la fascination de l’argent. Stéphane Audran a le pouvoir donné par l’aisance financière. Elle règne sur son petit monde où se sont incrustés deux insupportables bouffons, deux parfaits imbéciles qui se donnent des airs d’intellectuels. Jean-Louis Trintignant est l’élément extérieur, perturbateur, un homme-objet qu’il joue de façon effacée. Mais le personnage le plus complexe est celui de la jeune fille interprétée par Jacqueline Sassard, un personnage qui se fond dans le décor, tel un caméléon, allant jusqu’à phagocyter son milieu. Les biches n’a pas la force de La Femme Infidèle que Chabrol tournera peu après mais il le préfigure.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stéphane Audran, Jean-Louis Trintignant, Jacqueline Sassard, Henri Attal, Dominique Zardi
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19 août 2011

Simon du désert (1965) de Luis Buñuel

Titre original : « Simón del desierto »

Simon du désertDepuis de nombreuses années, Simon s’est isolé au sommet d’une colonne en plein désert pour prier Dieu et se repentir de ses péchés. Le diable vient le tenter sous différentes formes… Inspiré de la vie de Siméon le Stylite (1), Simon du désert n’a hélas pu être achevé par Luis Buñuel : après 18 jours de tournage, le producteur se retira du projet à la suite d’un revers financier. Le film est ainsi interrompu à la moitié (2). Luis Buñuel s’attaque au dogmatisme religieux. En soulignant la futilité de l’ascèse de Simon, il démontre que tout ce qui s’éloigne de l’amour des hommes est vain et même contraire au sens de la religion. C’est même son Satan qui se charge de replacer Simon parmi les hommes dans l’époque actuelle, une position qu’il refuse. Malgré son caractère inachevé, Simon du désert reçut un bon accueil critique (3). Il fut par la suite programmé en salles avec Une Histoire Immortelle d’Orson Welles.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Claudio Brook, Silvia Pinal
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(1) Siméon le Stylite (ou Siméon l’Ancien) est un saint chrétien du Ve siècle qui se retira du monde en se tenant au sommet d’une colonne en Syrie pour prier. Il était nourri par des pèlerins qui venaient lui apporter des victuailles (quelques feuilles de salade et de l’eau) qu’il hissait avec une corde. Il a ainsi passé près de 40 années au sommet d’un pilier, le dernier était haut de 15 mètres. Son ascèse inspira d’autres pénitents pendant plusieurs siècles.
(2) Dans son autobiographie Mon dernier soupir, Luis Buñuel précise qu’il avait prévu une scène sous la neige, des pèlerinages et même la visite (historique) de l’Empereur de Byzance. Luis Buñuel dut abandonner toutes ces scènes et imaginer la scène de la boîte de nuit new yorkaise pour donner une fin cohérente.
(3) Luis Buñuel souligne, non sans ironie, que Simon du désert est le seul de ses films qui obtint cinq prix au festival de Venise (et qu’il n’y eut personne pour recevoir ces prix).