16 janvier 2012

Frontière chinoise (1966) de John Ford

Titre original : « 7 Women »

Frontière chinoiseDans le nord de la Chine de 1935, une mission isolée et menée par des femmes attend l’arrivée d’un nouveau docteur. Elles voient arriver une femme à l’esprit libre qui va rapidement s’opposer à la directrice rigide. Pendant ce temps, une troupe de bandits pille et saccage la région… Pour son dernier film, John Ford signe un film assez atypique. Frontière chinoise est atypique dans sa filmographie car on a l’habitude de le voir mettre en scène des histoires d’hommes et on le dit même incapable de diriger des femmes. A 72 ans, il lui prend l’envie de faire un pied de nez à ses détracteurs et filme une histoire ne comportant pratiquement que des femmes. Il les place dans une situation de crise aigue qui va révéler leur nature profonde, ce qui est certes plus habituel pour le réalisateur. Atypique, le film l’est aussi par rapport au cinéma des années soixante : il s’agit d’un huis clos, tourné en studio, à l’ancienne. John Ford réussit là un beau film, assez passionnant. Anne Bancroft fait une très belle prestation. A noter que le réalisateur semble régler ses comptes avec la religion, qu’il montre incapable d’apporter une aide quelconque et sclérosant les comportements. Frontière chinoise est sorti au début de la Révolution Culturelle en Chine et le film fut, un peu hâtivement, jugé comme étant réactionnaire, raciste et antichinois. En réalité, c’est un beau film qui clôt joliment sa carrière de 145 films.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Anne Bancroft, Sue Lyon, Margaret Leighton, Flora Robson, Mildred Dunnock, Betty Field
Voir la fiche du film et la filmographie de John Ford sur le site IMDB.

Voir les autres films de John Ford chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Anne Bancroft a remplacé Patricia Neal qui dut être hospitalisée après une série d’attaques qui faillirent lui coûter la vie. Patricia Neal ne décédera heureusement que beaucoup plus tard, en 2010.
* Après Frontière chinoise, John Ford réalisera encore un documentaire pour la télévision sur un soldat américain : Chesty: A Tribute to a Legend.

Une réflexion sur « Frontière chinoise (1966) de John Ford »

  1. Portraits de femmes déplacées (il y en plus que les 7 du titre original)
    Idée atypique que de commencer la longue rétrospective FORD (jusqu’à mars 2015, quelques 120 films sont prévus) à la cinémathèque par son dernier film (atypique lui aussi), et comme je vois que notre ami Lui en a dressé beaucoup de fiches, cela va être plaisant. Les derniers films des grands maîtres sont souvent associés au film testamentaire, à la somme de l’oeuvre. c’est effectivement une somme fordienne que présente ce Chinese final. 80% de la grande salle bondée de la cinémathèque n’avait jamais vu le film, l’avenir est devant nous. Dans cette mission de carton pâte censée se trouver vers la frontière mongole, le cinémaScope coloré des studios de la MGM donne de suite le ton lorsque les portes s’ouvrent. Très théâtral, presque un film opéra, avec les entrées successives es protagonistes, les retournements, les affrontements verbaux et le choc des cultures comme on dit – on voit aujourd’hui le jeu appuyé des comédiennes – ses coups de théâtre et son final mélodramatique et exemplaire : la mort auto sacrificielle de l’héroîne qui meurt en sauvant le groupe.Anne Bancroft, clone d’Ava Gardner échappée de Mogambo,est la grande figure du film, c’est John Wayne.Le film surprend par son cadre et peu à peu la complexité de ses intentions par le développement clair-obscur ou doux-amer des différents caractères féminins. A l’arrivée, un grand film moral et choral sur le groupe et l’individu, la civilisation et la foi, par le vieux Ford, enfant d’immigrés prolétaires catholiques irlandais

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