28 novembre 2014

La Chasse (1966) de Carlos Saura

Titre original : « La Caza »

La chasseTrois amis quinquagénaires, accompagnés d’un jeune homme d’une vingtaine d’années, se retrouvent dans la propriété de l’un d’entre eux pour une partie de chasse au lapin. La chaleur torride de cette journée et le paysage désertique exacerbent les tensions…
La Chasse fait partie des tous premiers films de l’espagnol Carlos Saura. Tournée sous Franco, donc sous le régime de censure, cette histoire est à lire comme une allégorie. Les trois amis représentent la société bourgeoise issue de la dictature qui a pris une part active dans la guerre civile (la chasse au lapin) contre les Républicains. Le jeune homme symbolise la jeune génération qui semble tout ignorer de ce passé. Ils sont tous quatre dénués d’idéal, vides, durs et secs. Mais là où le film se révèle être particulièrement puissant, c’est dans l’après, où Saura nous montre que l’homme est un loup pour l’homme. Son film a une très grande force. Saura montre une utilisation étonnante du gros plan pour créer le malaise.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ismael Merlo, Alfredo Mayo, José María Prada, Emilio Gutiérrez Caba
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La Chasse de Carlos Saura

27 novembre 2014

Pas question le samedi (1965) de Alex Joffé

Pas question le samediUn chef d’orchestre renommé est venu finir ses jours en Israël, sa terre natale. Juste avant de mourir, son père lui apparaît sous la forme d’un envoyé céleste et lui annonce qu’il doit réparer ses graves péchés. Au cours de ses tournées, il a en effet eu de nombreux enfants illégitimes dont il ne s’est pas occupé. Il modifie donc son testament : si, dans un délai de trente jours, cinq de ses fils s’établissent en Israël et s’y marient, ils pourront alors hériter de sa fortune… Pas question le samedi est un film franco-israélien qui reprend le principe de faire jouer de multiples rôles à un seul acteur. Comme avant lui Alec Guiness, Fernandel, Jerry Lewis ou Peter Sellers (1), Robert Hirsch se livre à ce difficile exercice d’interpréter pas moins de 13 personnages différents et il y réussit parfaitement. L’humour est omniprésent, un « humour juif » qui se moque gentiment des coutumes juives et des impératifs religieux. Il faut noter que le film a été tourné peu avant la Guerre des Six Jours ce qui explique le climat d’insouciance et de légèreté qui y règne. Le film reste très peu connu.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Robert Hirsch, Teddy Bilis
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Remarque :
Pas question le samedi est sorti en France à peu près en même temps que Le Corniaud dont le succès a éclipsé les autres films comiques.

(1) Alec Guiness : Noblesse oblige de Robert Hamer (1949)
Fernandel : Le Mouton à cinq pattes d’Henri Verneuil (1954)
Jerry Lewis : Dr Jerry et Mister Love de Jerry Lewis (1963)
Peter Sellers : Dr Folamour de Stanley Kubrick (1964)
Jerry Lewis : Les Tontons farceurs de Jerry Lewis (1965)
(ce dernier film étant toutefois sorti après le film d’Alex Joffé).

10 novembre 2014

Les Russes arrivent, les Russes arrivent (1966) de Norman Jewison

Titre original : « The Russians Are Coming the Russians Are Coming »

Les Russes arrivent, les Russes arriventVenu observer la côte d’un peu trop près, un sous-marin soviétique s’échoue sur les bancs de sable d’une petite île proche des côtes américaines. Un petit groupe est chargé d’aller à terre pour mettre la main sur un bateau puissant qui leur permettrait de se dégager. Croyant à une invasion, la population est prise de panique…
Adapté d’un roman de Nathaniel Benchley par William Rose, Les Russes arrivent, les Russes arrivent est une comédie qui joue sur la peur engendrée par la Guerre froide. Rien n’est sérieux ici, les situations sont aussi inattendues que délirantes, l’hystérie est très contagieuse. Côté acteur, c’est Alan Arkin qui est le plus étonnant en lieutenant russe dépassé par les évènements. Le film connut un franc succès à l’époque.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Carl Reiner, Eva Marie Saint, Alan Arkin, Brian Keith, Paul Ford, Theodore Bikel, John Phillip Law
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Remarques :
* Carl Reiner, qui interprète l’écrivain, est alors lui-même scénariste et futur réalisateur (Les cadavres ne portent pas de costard, L’Homme aux deux cerveaux, etc.)
* Le monteur est Hal Ashby, futur réalisateur d’Harold et Maude, En route pour la gloire, Bienvenue Mister Chance, etc.
* William Rose, qui a signé l’adaptation, est également l’auteur du scénario du fleuron de la comédie britannique, The Ladykillers (1955).

Les Russes arrivent, les Russes arrivent

30 octobre 2014

La Voie lactée (1969) de Luis Buñuel

La voie lactéeA l’époque actuelle, deux pèlerins se rendent à pied de Paris à Saint-Jacques-de-Compostelle (1). En chemin, ils font de nombreuses rencontres inattendues… Ecrit par Luis Buñuel et Jean-Claude Carrière, La Voie lactée est un film d’une grande audace : comment faire un film plutôt amusant, et en même temps profond, sur un sujet aussi rébarbatif que l’hérésie et les querelles dogmatiques dans la religion catholique tout au long de son histoire ? Par sa forme, il surprend le spectateur car Buñuel et Carrière s’affranchissent des contraintes de temps et d’espace : on peut, au détour d’un chemin, rencontrer un personnage d’une autre époque, même le Christ lui-même.

Sur le fond, qualifier le film d’anticlérical est très réducteur, d’ailleurs il ne l’est pas vraiment. Le propos de Buñuel va beaucoup plus loin que cela : ses questionnements portent sur la notion de dogme. Sur sa formation d’abord : lorsque l’on formalise une croyance en dogme, le réel et le rationnel s’échappent, les « mystères » apparaissent et, avec eux, les interprétations différentes et donc les querelles, celles qui poussent au fanatisme. Et ensuite, sur la façon dont une doctrine peut se nourrir de ses déviations : elle en sort souvent renforcée. Au delà de la religion, catholique en l’occurrence, Buñuel parle de tous les dogmes : dans une courte scène, on voit un groupe de partisans anarcho-marxistes (ils ont un drapeau bicolore, rouge et noir) venir de façon froide et décidée fusiller le pape… Il semble ainsi nous dire : « Attention, je vous parle de religion mais tout ce que je dis s’applique tout aussi bien à une idéologie politique » (2).

Le propos de Buñuel n’est pas destructeur, il questionne. Il n’apporte pas de réponses, il laisse la place au doute comme en témoigne la scène finale de la « guérison » des aveugles. Sont-ils guéris ou pas ? On ne le saura pas. Faut-il y voir là un certain respect du mystère (sur lequel se construisent les croyances et les doctrines) ou encore un refus de la rationalisation ? Peut-être… Comme on le voit, il y a là beaucoup de matière à réflexion. La Voie lactée est certainement l’un des films les plus profondément philosophiques de Luis Buñuel.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Paul Frankeur, Laurent Terzieff, Alain Cuny, Edith Scob, François Maistre, Michel Piccoli, Pierre Clémenti
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(1) La Voie lactée était autrefois utilisée comme point de repère par les pèlerins se dirigeant vers Saint-Jacques de Compostelle, à tel point qu’elle était désignée dans plusieurs pays d’Europe sous le nom de Chemin de saint Jacques. Quand elle est haute dans le ciel, la Voie lactée suit en effet un axe allant du nord-est au sud-ouest. Autrefois, elle était en outre bien plus visible qu’aujourd’hui car il n’y avait pas tous les éclairages publics actuels.

(2) Dans son autobiographie, Buñuel cite également l’idéologie artistique… Cela peut surprendre mais il faut se souvenir que Buñuel a été l’une des grandes figures des surréalistes qui, il faut bien le reconnaitre, donnaient souvent dans l’intransigeance. Dans le cinéma, on pourrait également citer l’exemple des « jeunes turcs » des Cahiers du Cinéma qui déclaraient certains réalisateurs comme « hérétiques »…
Pour revenir à ce parallèle religion / idéologie marxiste, rappelons que nous sommes en pleine époque Mai 68 : l’écriture a été faite juste avant Mai 68 mais le tournage s’est déroulé pendant et juste après.

Homonyme :
The Milky Way (Soupe au lait, titre fr DVD = La Voie lactée) de Leo McCarey (1936) avec Harold LLoyd.

La Voie lactée (1969) de Luis Buñuel
Laurent Terzieff et Paul Frankeur dans La Voie lactée de Luis Buñuel (1969)

25 octobre 2014

Le Bel Antonio (1960) de Mauro Bolognini

Titre original : « Il bell’Antonio »

Le bel AntonioAntonio Magnano est de retour chez ses parents à Catane en Sicile, avec une solide réputation de coureur de jupons acquise à Rome. A la grande satisfaction de ses parents, il épouse en grandes pompes Barbara Puglisi, fille de bonne famille, qu’il trouve très belle. A ses yeux, elle a un visage d’ange. Au bout d’une année, il apparaît que la jeune épouse est toujours vierge… Le Bel Antonio est originellement un roman de Vitaliano Brancati qui est ici adapté librement pour le cinéma par Pier Paolo Pasolini, ici scénariste (1). Utilisant le thème de l’impuissance, Pasolini et Bolognini dressent une critique d’une société archaïque et hypocrite, basée sur le patriarcat et l’omniprésence de la famille. La mise en scène de Bolognini est remarquable avec une photographie aux superbes contrastes signée Armando Nannuzzi. Mastroianni fait une très belle interprétation tout en douleur contenue et donne une image christique de son personnage, impression renforcée par le superbe plan final, ce reflet du visage de Mastroianni dans la vitre qui évoque le suaire de Turin.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Claudia Cardinale, Pierre Brasseur, Rina Morelli, Tomas Milian
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(1) Le Bel Antonio marque la dernière collaboration de Mauro Bolognini avec Pier Paolo Pasolini qui va se consacrer ensuite à la réalisation. Pour Mauro Bolognini, cette séparation sera également un tournant dans son parcours.

Le Bel Antonio (Il bell'Antonio)Claudia Cardinale et Marcello Mastroianni dans Le Bel Antonio (Il bell’Antonio) de Mauro Bolognini.

24 octobre 2014

Prends l’oseille et tire-toi! (1969) de Woody Allen

Titre original : « Take the Money and Run »

Prends l'oseille et tire-toi!Fort de son succès en tant que scénariste et acteur comique, Woody Allen, âgé de 33 ans, passe à la réalisation pour se mettre lui-même en scène. Il utilise un scénario écrit de longue date avec un ami. Prends l’oseille et tire-toi! raconte l’histoire d’un pilleur de banques parfaitement atypique : malchanceux, maladroit, trouillard, le personnage ne correspond en rien à l’image du gangster. Le film a la forme d’un reportage sérieux avec commentaires en voix-off et témoignages à la clef (les parents n’ont accepté de témoigner qu’à la condition de porter des masques!) Cette forme permet à Woody Allen de placer un très grand nombre de gags, parfois très courts, toujours très inventifs et souvent mémorables (tels le joueur de violoncelle qui tente de suivre une fanfare en train de défiler, le caissier qui n’arrive pas à déchiffrer le mot transmis par le pilleur, le pistolet en savon, les forçats attachés, etc. etc.) Cette structure un peu morcelée est caractéristique de ses premiers films, Prends l'oseille et tire-toi!il faudra attendre Sleepers pour qu’il adopte une structure narrative continue. Avec Prends l’oseille et tire-toi!, Woody Allen se situe pleinement dans l’héritage direct de Chaplin et surtout des Marx Brothers (on notera que le masque utilisé par les parents est un masque de Groucho Marx).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Janet Margolin
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Prends l'oseille et tire-toi! (Take the Money and Run)Woody Allen et Janet Margolin dans Prends l’oseille et tire-toi! (Take the Money and Run) de Woody Allen.

17 octobre 2014

Le bonheur est pour demain (1961) de Henri Fabiani

Le bonheur est pour demainJeune homme de 18 ans, Alain a quitté ses parents et erre sur les quais de Saint-Nazaire. Il va y rencontrer l’amitié et aussi l’amour… Le bonheur est pour demain est l’unique long métrage d’Henri Fabiani, réalisateur de nombreux courts métrages documentaires. C’est un film assez attachant qui nous permet de découvrir un tout jeune Jacques Higelin, fraîchement sorti du cours d’art dramatique, en garçon qui tâtonne, s’interroge, cherche sa place à la fois sentimentalement et socialement. Ces questionnements sur la recherche du bonheur et sur le rapport au travail donnent au film un étonnant caractère précurseur de Mai 68. L’ami protecteur est interprété par le musicien de jazz Henri Crolla, guitariste virtuose, qui se savait alors condamné (il est mort peu après la fin du tournage à l’âge de 40 ans). Il n’est sans doute pas un grand acteur mais montre beaucoup de chaleur humaine et respire la générosité. La scène où Higelin et lui jouent un morceau de guitare à quatre mains est un moment unique. Henri Crolla et Jacques Higelin L’histoire se déroule dans le milieu des ouvriers du chantier naval de Saint-Nazaire, dont Henri Fabiani a inséré des images réelles ; certains plans, notamment les plans de foule à l’entrée ou à la sortie, sont saisissants. La musique est signée Henri Crolla et Georges Delerue. Au final, Le bonheur est pour demain est vraiment une belle découverte.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jacques Higelin, Irène Chabrier, Henri Crolla, Jean Martinelli
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Remarques :
* En 1953, Henri Fabiani fut, avec Alain Resnais, Georges Franju, Chris Marker, Jean Mitry, Alexandre Astruc (etc.), l’un des membres fondateurs du Groupe des Trente, une association de réalisateurs créée pour défendre le court métrage français et lui donner une meilleure place dans les cinémas.

* De façon étonnante, les acteurs ont prolongé leurs personnages dans la vraie vie : Jacques Higelin est devenu très ami avec Henri Crolla, il a vécu plusieurs mois chez lui et c’est sous son influence qu’il a développé un attrait pour la musique et la chanson. De plus, Jacques Higelin et Irène Chabrier sont tombés amoureux l’un de l’autre.

Le bonheur est pour demain* Jacques Higelin est parti faire son service militaire (en Allemagne et en Algérie) peu après le tournage. Sa correspondance avec Irène Chabrier sera publiée en 1987 sous le titre « Lettres d’amour d’un soldat de vingt ans ». Il a ensuite tourné dans plusieurs films dont Bébert et l’Omnibus d’Yves Robert (1963).

* Le film vient d’être restauré et réédité en DVD par Les Documents cinématographiques. Parmi les suppléments, j’ai trouvé l’interview d’Henri Fabiani passionnante. C’est un plaisir de l’écouter.

Homonyme :
Le bonheur est pour demain (And Now Tomorrow) d’Irving Pichel (1944) avec Alan Ladd et Loretta Young

13 octobre 2014

La machine à explorer le temps (1960) de George Pal

Titre original : « The Time Machine »

La machine à explorer le tempsLe 31 décembre 1899, un inventeur anglais fait la démonstration d’une machine qui permet de voyager dans le temps à trois de ses amis. Devant l’incrédulité de ces derniers, il décide d’expérimenter lui-même cette même machine et de partir vers le futur…
La machine à explorer le temps est l’un des plus beaux romans de H.G. Wells. C’est à la fois une belle fable de science-fiction et une réflexion sur la nature profonde de l’homme et sur l’ère industrielle. Le film de George Pal simplifie l’ensemble pour mettre en avant une histoire d’amour et gommer tous les aspects pessimistes du roman. Mais il y a tout de même de beaux restes : la mise en scène est soignée, les effets spéciaux utilisés lors des voyages dans le temps frappent l’imagination, le design de la machine est ravissant, des notes d’humour sont distillées ça et là. En revanche, on ne trouvera pas le pessimiste saut final dans l’ultra-futur et encore moins les parallèles que fait Wells avec la société de son temps. En fait, c’est tout le contenu ayant une certaine portée qui a été écarté, le pessimisme a laissé place à l’optimisme, une indéfectible foi en la nature humaine. Le film de George Pal est avant tout un divertissement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Rod Taylor, Alan Young, Yvette Mimieux
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Remake :
La machine à explorer le temps (The Time Machine) de Simon Wells (2002), nouvelle adaptation qui a simplifié encore davantage le propos pour en faire un film d’action.

La machine à explorer le temps (The Time Machine)Rod Taylor dans La machine à explorer le temps (The Time Machine) de George Pal.

9 octobre 2014

La Vieille Dame indigne (1965) de René Allio

La vieille dame indigneA la mort de son mari, une octogénaire découvre les plaisirs simples de la vie au grand dam de ses enfants pour qui tout cela n’est que gaspillage…
La Vieille Dame indigne est adaptée d’une nouvelle de Bertold Brecht dont l’esprit est bien respecté. Cette vieille dame aura eu deux vies : une première longue et laborieuse, empreinte d’abnégation, et une seconde bien plus courte où elle a découvert avec émerveillement le monde qui l’entoure, l’amitié et les petits plaisirs. Le propos s’inscrit parfaitement en son temps, nous sommes là quelques années avant Mai 68, où flotte cette aspiration à mieux profiter de la vie et à l’émancipation des femmes. Le film doit une partie de son succès à son actrice principale. L’analogie entre le parcours de cette vieille dame et la carrière de l’actrice Sylvie n’a échappé à personne : à 82 ans, l’actrice accède enfin à un premier rôle après toute une vie à jouer des seconds rôles. Elle avait joué pour les plus grands, le plus souvent brillamment mais toujours dans l’ombre. Ce film la propulsera au rang de véritable star. La Vieille Dame indigne séduit par sa fraicheur et sa légèreté.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sylvie, Victor Lanoux, Malka Ribowska, François Maistre, Etienne Bierry, Jean Bouise
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Remarques :
La Vieille Dame indigne est le premier grand film de Victor Lanoux.
* L’actrice Malka Ribowska, qui interprète la serveuse, nouvelle amie de la vieille dame, était alors l’épouse de René Allio.

La Vieille Dame indigneMalka Ribowska et Sylvie dans La Vieille Dame indigne de René Allio.

4 octobre 2014

La ballade des sans-espoirs (1961) de John Cassavetes

Titre original : « Too Late Blues »

La ballade des sans-espoirsPianiste et compositeur de jazz, Ghost refuse les compromissions et préfère jouer dans les parcs ou les écoles plutôt que de devoir ne plus jouer ce qu’il aime. Dans une soirée, il rencontre une jeune chanteuse Jess, un peu perdue, ne sachant comment démarrer sa carrière… Après un premier film très personnel Shadows (1961), John Cassavetes a fait une incursion dans le système hollywoodien conventionnel avec deux réalisations. Too Late Blues est la première des deux (1). En total contraste avec Shadows, Cassavetes adopte une structure plus classique mais il parvient à conserver une belle authenticité et à rester très près de ses personnages. Le film est généralement très mal considéré mais il ne manque pourtant pas de qualité ni d’intérêt. Il illustre bien cette errance des artistes, cette difficulté à se situer et à s’affirmer face à un système et le trouble que cela engendre dans les relations personnelles, laissées de côté. C’est le crooner Bobby Darin qui en interprète le rôle principal qui visiblement n’est pas toujours à l’aise avec les méthodes de semi-improvisation de Cassavetes. La musique est interprétée par Benny Carter, Red Mitchell et Milt Bernhart.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Bobby Darin, Stella Stevens, Everett Chambers
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(1) le second est A Child is Waiting (1963) pour le producteur Stanley Kramer. Ensuite, il faudra attendre 1968 avec Faces pour sa réalisation suivante, très personnelle celle-là.

La ballade des sans-espoirs (Too Late Blues)Stella Stevens et Bobby Darin dans La ballade des sans-espoirs (Too Late Blues) de John Cassavetes.