4 octobre 2014

La ballade des sans-espoirs (1961) de John Cassavetes

Titre original : « Too Late Blues »

La ballade des sans-espoirsPianiste et compositeur de jazz, Ghost refuse les compromissions et préfère jouer dans les parcs ou les écoles plutôt que de devoir ne plus jouer ce qu’il aime. Dans une soirée, il rencontre une jeune chanteuse Jess, un peu perdue, ne sachant comment démarrer sa carrière… Après un premier film très personnel Shadows (1961), John Cassavetes a fait une incursion dans le système hollywoodien conventionnel avec deux réalisations. Too Late Blues est la première des deux (1). En total contraste avec Shadows, Cassavetes adopte une structure plus classique mais il parvient à conserver une belle authenticité et à rester très près de ses personnages. Le film est généralement très mal considéré mais il ne manque pourtant pas de qualité ni d’intérêt. Il illustre bien cette errance des artistes, cette difficulté à se situer et à s’affirmer face à un système et le trouble que cela engendre dans les relations personnelles, laissées de côté. C’est le crooner Bobby Darin qui en interprète le rôle principal qui visiblement n’est pas toujours à l’aise avec les méthodes de semi-improvisation de Cassavetes. La musique est interprétée par Benny Carter, Red Mitchell et Milt Bernhart.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Bobby Darin, Stella Stevens, Everett Chambers
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(1) le second est A Child is Waiting (1963) pour le producteur Stanley Kramer. Ensuite, il faudra attendre 1968 avec Faces pour sa réalisation suivante, très personnelle celle-là.

La ballade des sans-espoirs (Too Late Blues)Stella Stevens et Bobby Darin dans La ballade des sans-espoirs (Too Late Blues) de John Cassavetes.

12 décembre 2012

Où sont les rêves de jeunesse? (1932) de Yasujirô Ozu

Titre original : « Seishun no yume imaizuko »

Où sont les rêves de jeunesse?(Film muet) Tetsuo est un étudiant qui mène une vie plutôt insouciante et assez peu studieuse. Il a trois amis avec lesquels il est très lié et n’est pas insensible aux charmes de la fille du boulanger. Quand son père meurt soudainement, il se retrouve propulsé à la tête de son entreprise. Il embauche ses anciens amis… Où sont les rêves de jeunesse? démarre sur un ton de comédie burlesque avec toutes les scènes de vie estudiantine et aussi la façon dont le père et le fils éconduisent une fiancée proposée par l’oncle. Ensuite, le film change de registre et vient mettre l’amitié des quatre compères à l’épreuve des réalités économiques. L’amitié peut-elle être la plus forte ? Compromissions, soumission et résignation sont-elles évitables ? En ce sens, le propos du film est assez proche de celui de Chœur de Tokyo mais la question est abordée ici sous un angle différent. Ozu réussit à mettre une certaine force dans son film comme dans cette scène où Shigeko et Tetsuo ont une explication, une scène vraiment bouleversante. Ozu introduit aussi une certaine violence lorsque Tetsuo frappe longuement son ami pour le forcer à relever la tête. Le réalisateur place déjà sa caméra assez bas.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ureo Egawa, Kinuyo Tanaka, Tatsuo Saitô, Chishû Ryû
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Remarque :
Une fois de plus, Ozu place des affiches de films américains dans ses décors : dans la boulangerie/café, on remarque Hell’s Angels d’Howard Hughes (1930) et Billy the Kid de King Vidor (1930) mais il y en a quatre autres. Dans la chambre de Shigeko, c’est un poster de Million Dollar Legs (Folies olympiques) d’Edward F. Cline (1932) avec W.C. Fields et il y en a un second.
Où sont les rêves de jeunesse? Où sont les rêves de jeunesse?Où sont les rêves de jeunesse? Chishû Ryû

Où sont les rêves de jeunesse?Où sont les rêves de jeunesse? Poster = ??Où sont les rêves de jeunesse?

11 décembre 2012

Choeur de Tokyo (1931) de Yasujirô Ozu

Titre original : « Tôkyô no kôrasu »

Le choeur de Tokyo(Film muet) Un jeune employé d’une compagnie d’assurances perd son emploi après s’être accroché avec son patron. Cherchant du travail à Tokyo, il rencontre son ancien professeur de lycée qui tient maintenant une petite gargote… Le choeur de Tokyo marque un tournant dans la filmographie d’Ozu car c’est le film avec lequel il abandonne le thème des étudiants et le burlesque pour traiter de sujets plus généraux et plus sérieux (1). L’humour n’est pas absent, notamment dans le premier tiers du film, mais le fond du propos est la crise économique qui frappe le Japon et la question : quelles compromissions doit-on / peut-on accepter en tant qu’homme ? La question est posée aussi bien vis-à-vis de sa famille (sa femme refuse qu’il s’abaisse) que dans le cadre de la société. Le cinéma d’Ozu devient plus réaliste et se concentre peu à peu sur l’homme.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tokihiko Okada, Emiko Yagumo, Hideo Sugawara, Hideko Takamine, Tatsuo Saitô
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Remarque :
La petite fille (celle qui tombe malade) est jouée  par Hideko Takamine, actrice que l’on retrouvera entre autres dans plusieurs films de Mikio Naruse dans les années 50 et 60. Ici, à l’âge de 7 ans, elle en était déjà à son 15e film !

(1) Sur ce point, le début du film est explicite : après une longue scène purement burlesque se déroulant dans la cour d’un lycée où un professeur a bien du mal à mettre ses étudiants en rang de façon militaire, Ozu place un intertitre annonçant : « Ça, c’était le passé, passons à des choses plus sérieuses » et nous retrouvons notre étudiant quelques années plus tard, travaillant dans sa compagnie d’assurances.