2 décembre 2017

La Plus Grande Histoire jamais contée (1965) de George Stevens

Titre original : « The Greatest Story Ever Told »

La Plus grande histoire jamais contéeLa vie de Jésus Christ…
Produit et réalisé par George Stevens, La Plus Grande Histoire jamais contée a bénéficié d’un budget important (20 millions de dollars soit 160 millions de 2017), d’une longue préparation et d’un plateau abondamment fourni en stars. Le résultat est épouvantable. Obsédé par l’idée de donner de la grandeur à son film, George Stevens n’a réussi à lui donner que de la lourdeur. Il n’y a là aucun souffle, aucune flamme. On s’ennuie même. Beaucoup de scènes ne sont d’ailleurs pas montrées mais racontées par des personnages (« on dit qu’il a multiplié les pains », « on dit qu’il a marché sur l’eau » …), astuce normalement plutôt utilisée par les films à petit budget ! Le défilé d’acteurs connus est presque grotesque et que le tournage ait été fait dans l’Ouest américain saute aux yeux ; on s’attend à tomber sur John Wayne à tout moment (en fait, il faut attendre la fin du film pour qu’il apparaisse et dise son unique réplique). De toute évidence, George Stevens n’est pas Cecil B. DeMille! L’âge d’or des péplums étant, de plus, révolu, le film fut un flop commercial, l’un des plus grands flops de l’histoire du cinéma.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Max von Sydow, Charlton Heston, Martin Landau, José Ferrer, Carroll Baker, Van Heflin, Telly Savalas, John Wayne
Voir la fiche du film et la filmographie de George Stevens sur le site IMDB.

Voir les autres films de George Stevens chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Le tournage fut terminé en 1963 et George Stevens mit plus d’un an à le monter. La première version distribuée totalisait 225 minutes. Devant le peu de succès auprès du public, la durée fut rapidement réduite à 127 minutes. Le film est ressorti sur DVD dans une version de 191 minutes en 2001 (version visionnée ici).

* Non crédités au générique, David Lean a dirigé quelques scènes d’intérieur avec Claude Rains et José Ferrer alors que Jean Negulesco a dirigé la scène de la Nativité.

* Sur l’unique réplique de John Wayne « Truly, this man was the Son of God », une légende (certainement fausse mais amusante) circule depuis la sortie. Après plusieurs prises peu convaincantes, Stevens lui dit « Duke, il nous faut quelque chose de plus. Lève les yeux vers lui et donne-nous de la crainte. » (« Duke, what we need in this line is something more. Look up at the man and give us some awe. ») Wayne acquiesce et, à la prise suivante, lève les yeux vers la croix et dit : « Awww, truly this man was the Son of God. »
A noter que la version finale de cette réplique n’est guère plus brillante, on se demande vraiment comment un metteur en scène peut laisser une réplique si mal dite dans un film. Elle est tellement mauvaise qu’elle est sur Youtube

La Plus Grande Histoire jamais contée
Max von Sydow (dont c’est le premier film américain) dans La Plus Grande Histoire jamais contée de George Stevens.

29 novembre 2017

L’Invitée (1969) de Vittorio De Seta

Titre original : « L’invitata »

L'invitéeAnne voit son mari rentrer d’une conférence à l’étranger avec une jeune femme suédoise qu’il dit vouloir héberger quelque temps pour l’aider à s’intégrer en France. Devant l’évidence d’une relation entre eux, Anne s’enfuit avec l’intention d’aller dans le sud de la France où sa famille possède une maison. Comprenant qu’elle est au bord de la dépression, François, son patron architecte, lui propose de l’emmener en voiture… Sur un scénario cosigné par Tonino Guerra (grand scénariste qui a écrit pour Antonioni, Fellini, Rosi, etc.), L’invitée est un film franco-italien qui se présente comme un road-movie : en chemin, Anne, ébranlée, et François, plutôt attentionné, vont apprendre à se connaitre. Ils se découvrent. La narration se déroule paisiblement dans un style qui se situe dans le prolongement de la Nouvelle Vague. Elle privilégie le point de vue de la femme et ses interrogations. Le fond est une réflexion sur la jalousie, la possession, la vulnérabilité. L’épisode du peintre met subtilement en relief certains aspects des relations humaines : sans que rien ne soit dit, l’attirance entre deux êtres est éclatante. L’épilogue est plus discutable et peut être vu, au mieux comme une ode à l’amour libre, au pire comme une célébration de la soumission de la femme… disons qu’il s’inscrit dans l’esprit de son époque.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Joanna Shimkus, Michel Piccoli, Paul Barge, Clotilde Joano, Jacques Perrin
Voir la fiche du film et la filmographie de Vittorio De Seta sur le site IMDB.

Remarque :
* Vittorio De Seta (qui est bien moins connu que son presque homonyme Vittorio De Sica) est un réalisateur italien, ancien documentariste, qui n’a que peu tourné pour le cinéma. L’invitée est son troisième long métrage.

L'invitée
Lorna Heilbron, Joanna Shimkus et Jacques Perrin dans L’invitée de Vittorio De Seta.

12 novembre 2017

Le Refroidisseur de dames (1968) de Jack Smight

Titre original : « No Way to Treat a Lady »

Le Refroidisseur de damesUn pasteur, paraissant d’humeur fort gaie, s’introduit chez une veuve sexagénaire. Après l’avoir mise en confiance, il l’étrangle et dépose le cadavre dans la salle de bains. Le détective Morris Brummell est chargé de l’affaire… Basé sur un roman de William Goldman, le scénario de No Way to Treat a Lady comporte certaines originalités, à la fois dans le mode opératoire de ce tueur en série et dans le jeu qu’il joue avec la police. Le moyen utilisé par la police pour le forcer à se dévoiler est aussi inattendu. Certes, ces originalités paraissent moins criantes après un demi-siècle supplémentaire de thrillers mais on peut se demander pourquoi, avec ces atouts, le résultat paraît si fade. Ce n’est pas la faute de Rod Steiger qui fait une belle prestation dans ses multiples déguisements, donnant de la puissance à son personnage, sans aucun excès. Non, les raisons sont plutôt à chercher du côté de la mise en scène de Jack Smight qui a bien du mal à trouver la difficile symbiose recherchée entre le film noir et la comédie. L’assemblage est au moins inattendu mais l’ensemble montre une certaine mollesse. Le film nous laisse sur une vague impression qu’il aurait pu être beaucoup mieux…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Rod Steiger, Lee Remick, George Segal
Voir la fiche du film et la filmographie de Jack Smight sur le site IMDB.

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Le refroidisseur de dames
Rod Steiger dans l’un de ses multiples déguisements de Le Refroidisseur de dames de Jack Smight.

Le refroidisseur de dames
Lee Remick et George Segal dans Le Refroidisseur de dames de Jack Smight.

30 octobre 2017

La Grande Combine (1966) de Billy Wilder

Titre original : « The Fortune Cookie »

La Grande combineLors d’un match de football américain, le caméraman Harry Hinkle est violemment heurté par le joueur Boom Boom Jackson. Le beau-frère d’Harry, un avocat peu scrupuleux, lui conseille de simuler la paralysie pour toucher l’assurance… Après le scandale de Kiss Me Stupid, Billy Wilder et I.A.L. Diamond se retrouvent comme « les parents d’un enfant à deux têtes qui n’osent plus avoir de rapports sexuels ». Les deux compères mettent finalement un terme à leur abstinence en écrivant cette comédie qui fustige cette fois, non plus la luxure, mais la cupidité. Dans ce portrait au vitriol, la vénalité est omniprésente, seul un personnage est épargné : le footballeur noir, dont la naïveté est toutefois trop excessive pour être crédible. L’équilibre entre la satire mordante et l’humour se révèle un peu délicat mais le film regorge de ces one-liners typiques de Wilder, le plus souvent de la bouche de Walter Matthau qui est vraiment le pilier de l’ensemble. L’acteur fut d’ailleurs récompensé par un Oscar. The Fortune Cookie n’est sans doute pas un grand Billy Wilder mais n’en est pas moins plus que plaisant.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jack Lemmon, Walter Matthau, Ron Rich, Judi West, Cliff Osmond
Voir la fiche du film et la filmographie de Billy Wilder sur le site IMDB.

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Voir les livres sur Billy Wilder

Fortune Cookie
Ron Rich, Jack Lemmon et Walter Matthau dans La Grande Combine de Billy Wilder.

Remarques :
* Comme pour plusieurs de ses films des années soixante (The ApartmentOne, Two, ThreeKiss me Stupid), Billy Wilder reste fidèle au Cinémascope noir et blanc.
* Le tournage a du s’interrompre plusieurs semaines à la suite d’une crise cardiaque de Walter Matthau. Lorsqu’il fut en état de reprendre le tournage, l’acteur dut porter un gros manteau et autres rembourrages pour cacher sa perte de poids.
* Le premier de douze films avec le tandem Jack Lemmon / Walter Matthau.
* Aux Etats-Unis, on appelle « Fortune Cookie » le petit gâteau, servi à la fin du repas dans les restaurants chinois, dans lequel on trouve un morceau de papier où est écrit une maxime, une citation ou un « proverbe chinois ».
* Le film fut distribué au Royaume-Uni sous le titre Meet Whiplash Willie.
* 200 000 dollars de 1966 sont équivalents à 1 500 000 dollars d’aujourd’hui.

The Fortune Cookie
Jack Lemmon et Walter Matthau dans La Grande Combine de Billy Wilder (photo publicitaire).

The Fortune Cookie
Judi West, Jack Lemmon et Cliff Osmond dans La Grande Combine de Billy Wilder (photo publicitaire).

14 octobre 2017

L’île mystérieuse (1961) de Cy Endfield

Titre original : « Mysterious Island »

L'île mystérieuseDurant la guerre civile américaine, des soldats prisonniers profitent d’une tempête pour s’évader à bord d’un ballon. Ils partent à la dérive vers l’ouest, ballotés par les vents violents et finissent par s’échouer sur une île qui semble déserte… Ce film est l’adaptation la plus connue du roman de Jules Verne L’île mystérieuse qui fait suite à son roman 20 mille lieues sous les mers. Les producteurs craignant qu’une transposition fidèle soit ennuyeuse, des animaux géants et deux personnages féminins ont été ajoutés à l’histoire. Ces animaux géants sont animés en stop-motion par le maitre en la matière, Ray Harryhausen. Bien entendu, les incrustations paraissent voyantes à nos yeux modernes mais n’en sont pas moins remarquables pour l’époque. Une fois de plus, c’est le compositeur Bernard Herrmann (le compositeur attitré d’Alfred Hitchcock) qui donne à ces animations toute leur puissance. L’ensemble est de bonne facture, assez prenant et se regarde aujourd’hui sans déplaisir.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michael Craig, Joan Greenwood, Michael Callan, Gary Merrill, Herbert Lom
Voir la fiche du film et la filmographie de Cy Endfield sur le site IMDB.

Remarque :
* Les extérieurs sur l’île ont été tournés en Espagne.

Adaptations du roman de Jules Verne :
L’île mystérieuse (The Mysterious Island) (1929) de Lucien Hubbard avec Lionel Barrymore (muet sonorisé)
Tainstvennyy ostrov (1941) du russe Eduard Pentslin
Mysterious Island (1951) de Spencer Gordon Bennet avec Richard Crane
L’île mystérieuse (Mysterious Island) (1961) de Cy Endfield
L’île mystérieuse (La isla misteriosa) (1973) de Juan Antonio Bardem et Henri Colpi avec Omar Sharif (également décliné en série TV).
L’île mystérieuse (Mysterious Island) de Russell Mulcahy (2005, TV) avec Kyle MacLachlan et Patrick Stewart
Voyage au centre de la Terre 2: L’île mystérieuse (Journey 2: The Mysterious Island) de Brad Peyton (2012) avec Dwayne Johnson et Michael Caine
Jules Verne’s the Mysterious Island (2012) de Mark Sheppard

L'île mystérieuse
Dan Jackson, Michael Callan, Gary Merrill, Michael Craig et Percy Herbert dans L’île mystérieuse de Cy Endfield.

L'île mystérieuse
Gary Merrill, Beth Rogan et Joan Greenwood dans L’île mystérieuse de Cy Endfield.

6 octobre 2017

L’inquiétante dame en noir (1962) de Richard Quine

Titre original : « The Notorious Landlady »

L'inquiétante dame en noirUn jeune diplomate américain (Jack Lemmon) muté à Londres postule pour louer un appartement auprès d’une ravissante jeune femme (Kim Novak). Il ignore qu’elle est suspectée d’avoir assassiné son mari qui a disparu sans que l’on ait jamais retrouvé le corps… Blake Edwards a co-écrit le scénario de ce Notorious Landlady, une comédie qui rassemble Kim Novak et Jack Lemmon pour la troisième fois (après Phffft en 1954 et Bell, Book and Candle en 1958). Fred Astaire est le troisième larron sur l’affiche, ici dans un rôle non dansant qui apporte une petite touche de classicisme à l’ensemble. Jack Lemmon joue avec sa nonchalance habituelle et assure à lui seul tout l’humour. Le film peut être décrit comme une parodie des films de suspense à la Hitchcock. Cette amusante comédie n’eut bizarrement que peu de succès à sa sortie et c’est sans doute pour cette raison qu’il est très rarement cité dans les filmographies. Assez injustement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kim Novak, Jack Lemmon, Fred Astaire, Lionel Jeffries
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Quine sur le site IMDB.

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The Notorious Landlady
Jack Lemmon et Kim Novak (qui n’est à aucun moment habillée en noir) dans L’inquiétante dame en noir de Richard Quine.

The Notorious Landlady
Lionel Jeffries, Fred Astaire et Jack Lemmon dans L’inquiétante dame en noir de Richard Quine.

The Notorious Landlady
Jack Lemmon, Richard Quine et Kim Novak sur le tournage de L’inquiétante dame en noir de Richard Quine.

Remarque :
* A cette époque, Jack Lemmon aidait son père dont le cancer était dans un stade très avancé. John Uhler Lemmon II a un petit rôle de figuration. Lors du concert en plein air à la fin du film, il est l’un des hommes âgés en chaise roulante, on le voit dans un rapide gros plan. Il décèdera quelques semaines plus tard.

8 septembre 2017

Alamo (1960) de John Wayne

Titre original : « The Alamo »

Alamo1836. Le Texas, alors mexicain, lutte pour son indépendance. Le général Sam Houston demande au colonel Travis de tenir coûte que coûte le Fort Alamo vers lequel se dirigent les troupes du dictateur mexicain Santa Anna. Il recevra l’aide de Davy Crockett… A côté de sa carrière d’acteur, John Wayne a également réalisé deux longs métrages. Alamo est le premier d’entre eux (1), écrit sur mesure par James Edward Grant. L’acteur n’est pas réputé pour ses idées progressistes mais, miraculeusement, il abandonne beaucoup de ses partis-pris dès qu’il s’agit de western. Tout en prenant des libertés avec la réalité historique, Alamo prône les valeurs républicaines et met en valeur l’héroïsme de ceux qui sont morts pour elles. Le film a certains atouts mais il paraît interminable (2h40 dans sa version courte) et la bataille tant annoncée se fait quelque peu attendre. Le propos reste basique et les dialogues sont assez pesants. En revanche, les scènes de combat sont réussies avec une impressionnante figuration de 7000 hommes et 1500 chevaux. A noter que les mexicains sont décrits, eux-aussi, comme courageux (2). La photographie est assez belle, ce qui n’est guère étonnant quand on sait qu’elle est l’œuvre de William Clothier qui a si souvent travaillé pour John Ford. Le film a connu un certain succès populaire.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: John Wayne, Richard Widmark, Laurence Harvey, Frankie Avalon, Patrick Wayne, Linda Cristal
Voir la fiche du film et la filmographie de John Wayne sur le site IMDB.

Voir les livres sur John Wayne

Pour lire une présentation (très) enthousiaste : DVDClassik

Remarques :
* John Ford a dirigé certaines scènes mais il est difficile de savoir exactement combien car les témoignages sont contradictoires sur ce point. Cliff Lyons a également réalisé avec une seconde équipe.
* La durée d’Alamo fut réduite de 40 minutes quelques semaines après sa sortie. D’abord considérée comme perdue, la version complète (200 minutes) a refait surface dans les années 80.

(1) Le second sera Les Bérets verts (1968), film réactionnaire et raciste sur la Guerre du Vietnam, et formellement très en deçà d’Alamo.
(2) Rappelons que les deux premières épouses de John Wayne étaient mexicaines (la troisième était péruvienne).

Alamo
Richard Widmark et John Wayne dans Alamo de John Wayne.

Alamo
Un des plus beaux plans d’Alamo : David Crockett et sa troupe émergeant d’une colline où se tiennent ses deux éclaireurs. C’est beau comme du John Ford!

6 septembre 2017

Quand la chair succombe (1962) de Mauro Bolognini

Titre original : « Senilità »

Quand la chair succombeA Trieste dans les années vingt, Emilio, un modeste employé de bureau âgé d’une quarantaine d’années, fait la rencontre de la jeune Angiolina dont la beauté le bouleverse. Emilio ne veut s’engager, préférant ne pas bousculer la vie qu’il mène avec sa sœur, solitaire comme lui… Senilità est l’adaptation du roman homonyme d’Italo Svevo. Qu’il s’agisse d’un roman autobiographique (Svevo avait alors 37 ans) témoigne d’une extraordinaire lucidité de son auteur dans le regard qu’il porte sur lui-même. La sénilité dont il est question dans le titre est celle de ce quarantenaire, éternel irrésolu, vieux avant d’avoir vécu. Le récit est assez fort, d’une belle profondeur (contrairement à ce que le titre français pourrait laisser croire). Des quatre acteurs principaux, seule Claudia Cardinale est italienne. Le film pâtit certainement de cette distribution cosmopolite et des doublages induits. La prestation de l’américain Anthony Franciosa n’exprime qu’imparfaitement la complexité de son personnage. La photographie est très belle, assez picturale. Bolignini nous livre un beau portrait de la ville de Trieste, brumeuse et pluvieuse. Senilità est un film sombre et assez remarquable, injustement méconnu.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Claudia Cardinale, Anthony Franciosa, Betsy Blair, Philippe Leroy
Voir la fiche du film et la filmographie de Mauro Bolognini sur le site IMDB.

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Remarque :
* Le film transpose le roman de Svevo dans les années 1920. Le réalisateur explique : « Le livre a été publié en 1898, cependant son édition définitive, très différente de la première, date de 1927. Le succès ne vint pas tout de suite, Svevo ne fut reconnu que dans les années vingt. […] Par ailleurs, il était plus facile de reconstituer la ville pour le tournage : retrouver la Trieste du XIXe siècle aurait été très dur. Le choix des années vingt fut à la fois technique et littéraire. » (Entretien avec Jean A. Gili, Rome décembre 1976 in : Le cinéma italien, UGE 10/18, Paris, 1978)
A noter que la ville de Trieste était encore autrichienne lorsque Svevo y a écrit son roman.
* Doublages :
Romolo Valli double Anthony Franciosa
Adriana Asti double Claudia Cardinale (!)
Lilla Brignone double Betsy Blair
Giuseppe Rinaldi double Philippe Leroy.

Senilità
Anthony Franciosa et Claudia Cardinale dans Senilità de Mauro Bolognini.

Senilità
Nadia Marlowa, Claudia Cardinale et Philippe Leroy dans Senilità de Mauro Bolognini.

Senilità
La ville de Trieste dans Senilità de Mauro Bolognini.

30 août 2017

Laura nuda (1961) de Nicolò Ferrari

Laura nudaLaura n’a pas encore vingt ans. Elle n’est guère enthousiaste d’accepter la demande de Franco, jeune homme très sage qui la presse de l’épouser. Elle s’interroge sur son devenir, sa relation avec les hommes, la place que la femme doit tenir… Malgré un titre quelque peu racoleur (exploité par les distributeurs comme on peut le voir sur l’affiche), Laura nuda est un film sensible, assez délicat qui questionne la place de la femme dans la société des années soixante. Laura est très belle, les fiancés potentiels se bousculent devant elle mais elle n’en tire aucune vanité. Cela provoque chez elle plutôt un certain désenchantement car elle ressent que l’intérêt des hommes se placent surtout sur le plan de la sexualité. En outre, l’empressement de sa meilleure amie à se jeter dans le mariage et la maternité la laisse dubitative. Nicolò Ferrari, qui a coécrit le scénario, trouve le ton juste pour ce portrait générationnel qui a un petit parfum de Nouvelle Vague (plus sur le fond que sur la forme qui reste classique). Giorgia Moll, actrice rare, donne une belle interprétation de son personnage. Totalement inédit en France (jusqu’à sa diffusion en 2017 au Cinéma de Minuit de Patrick Brion), Laura nuda est vraiment une étonnante découverte.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Giorgia Moll, Tomas Milian, Anne Vernon, Nino Castelnuovo
Voir la fiche du film et la filmographie de Nicolò Ferrari sur le site IMDB.

Remarque :
* Nicolò Ferrari est âgé de 32 ans au moment du tournage. Il a été auparavant assistant-réalisateur sur le Bel Antonio de Mauro Bolognini (1960) et a participé à l’écriture de deux films de la série des Hercule sous le pseudonyme Archibald Zounds Jr. Par la suite, il réalisera un second long-métrage en 1970 et, bien plus tard, trois documentaires. Ceci explique qu’il soit absent des dictionnaires de réalisateurs et des livres sur le cinéma italien.

Laura Nuda
Nino Castelnuovo (debout), Anne Vernon, Giorgia Moll et Françoise De Quental dans Laura nuda de Nicolò Ferrari.

Giorgia Moll
Giorgia Moll (portrait de la Warner, donc probablement ca. 1963).

5 août 2017

La Grande Pagaille (1960) de Luigi Comencini

Titre original : « Tutti a casa »

La Grande pagaille8 septembre 1943. Un armistice est signé assez précipitamment entre l’armée italienne et les forces alliées. Du jour au lendemain, italiens et allemands se retrouvent ennemis. A la tête d’un petit détachement, le lieutenant Innocenzi (Alberto Sordi) ne peut rejoindre sa caserne prise par les allemands. Livrés à eux-mêmes, sans ordres supérieurs, les soldats n’ont qu’une idée en tête : rentrer à la maison… Tutti a casa était au départ un projet de film documentaire. Le film final, même s’il garde un caractère de témoignage historique, est une œuvre de fiction écrite par Age et Scarpelli, Marcello Fondato et Luigi Comencini. Couvrant la période entre l’Armistice et le soulèvement de Naples fin septembre 1943, il témoigne d’une période trouble qui laissa les officiers désemparés car ils ne savaient que faire (beaucoup n’étaient pas des fascistes convaincus, quiconque avait fait des études pouvait se retrouver officier). Le lieutenant se retrouve ainsi écartelé entre son sens du devoir qui lui dicte de préserver la vie des quelques hommes qu’il lui reste et son instinct de fuite face à une guerre qu’il n’a pas voulu. Comencini fait des ruptures de ton entre le drame et la comédie : certaines des situations douloureuses engendrées par cette confusion étaient également cocasses. Néoréalisme et comédie italienne se rejoignent. Tout l’art de Comencini a été de savoir introduire ces parcelles de comédie sans entamer le caractère dramatique de l’ensemble. Le réalisateur a déclaré qu’il jugeait que Tutti a casa était son meilleur film.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Serge Reggiani, Carla Gravina, Martin Balsam
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Tutti a casa
Serge Reggiani et Alberto Sordi dans La Grande pagaille de Luigi Comencini.