3 février 2023

Lettre d’amour (1953) de Kinuyo Tanaka

Titre original : « Koibumi »

Lettre d'amour (Koibumi)Reikichi vit chez son frère à Tokyo. C’est un homme taciturne marqué par la guerre au contraire de son jeune frère plein de vie et d’énergie. Reikichi passe ses journées à rechercher parmi la foule des badauds son amour d’enfance, Michiko. Pendant la guerre, les parents de Michiko l’ont forcée à se marier et elle lui a envoyé une lettre d’adieu dans laquelle elle lui avouait son amour et son désespoir de devoir se marier à un autre. À son retour de la guerre, Reikichi a appris la mort du mari de Michiko mais il a perdu sa trace et, depuis, il la recherche…
Lettre d’amour est un film japonais, premier long métrage réalisé par Kinuyo Tanaka, grande star en tant qu’actrice depuis deux décennies. Le scénario est l’œuvre de Keisuke Kinoshita, par ailleurs réalisateur, d’après un roman de Fumio Niwa. Il s’agit d’une histoire d’amour empêché par la guerre et qui se retrouve dans une impasse. Le conflit intérieur des deux protagonistes ne semble pas trouver d’issue. Avec cette histoire, Kinuyo Tanaka nous parle de la vie ordinaire des japonais au lendemain de la guerre, des difficultés à revivre, à retrouver un travail notamment pour les femmes. Elle montre comment cette guerre a plus marqué ceux qui y ont participé : le jeune frère ne l’a pas faite et il déborde d’optimisme et de vitalité. Le récit est empreint de pudeur. L’ensemble peut évoquer les films de Naruse. Pour un premier film, la mise en scène paraît bien maitrisée mais, assez logiquement, Lettre d’amour est moins personnel que ses réalisations ultérieures.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Masayuki Mori, Yoshiko Kuga, Jûkichi Uno, Jûzô Dôsan
Voir la fiche du film et la filmographie de Kinuyo Tanaka sur le site IMDB.

Voir les autres films de Kinuyo Tanaka chroniqués sur ce blog…

Remarque :
• Évoquant les scènes durant lesquelles Reikichi cherche à retrouver Michiko à Shibuya (place et station de métro), le critique Enrique Seknadje écrit : « Kinuyo Tanaka a la merveilleuse idée de filmer plusieurs fois le protagoniste à côté de la statue de bronze érigée en 1934 en l’honneur du chien Hachikō réputé pour avoir accompagné et attendu son maître quotidiennement à la gare, y compris après la mort de celui-ci, en 1925 ». (Lu sur Wikipédia, voir l’image ci-dessous)

Lettre d'amour (Koibumi)Masayuki Mori et Yoshiko Kuga dans Lettre d’amour (Koibumi) de Kinuyo Tanaka.

26 janvier 2023

Cour martiale (1954) de Anthony Asquith

Titre original : Carrington V.C.
Titre U.S.A. : Court-Martial

Carrington V.C.Le Major Carrington, V.C. (c’est-à-dire titulaire de la Victoria Cross, distinction militaire suprême de l’armée britannique), se trouve accusé de détournements de fonds et est traduit devant une cour martiale…
Cour martiale est un film britannique réalisé par Anthony Asquith. Le scénario est l’œuvre de John Hunter, d’après une pièce de Dorothy et Campbell Christie. L’affaire en est elle-même n’a rien d’extraordinaire et pourtant le déroulement s’avère assez passionnant. Ce sont bien entendu les interactions entre les personnages qui permettent cela. Dans le monde guindé et protocolaire de l’armée britannique, les troubles et les jalousies forment un beau contraste. Très peu de décors. Le film fut récompensé (BAFTA) pour son interprétation. Celle de David Niven est tout en retenue, ce n’est d’ailleurs pas lui qui apporte les petites notes d’humour. Film peu connu.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: David Niven, Margaret Leighton, Noelle Middleton, Allan Cuthbertson
Voir la fiche du film et la filmographie de Anthony Asquith sur le site IMDB.

Voir les autres films de Anthony Asquith chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Anthony Asquith

Carrington V.C.David Niven, Raymond Francis et Margaret Leighton dans Carrington V.C. de Anthony Asquith.

24 janvier 2023

La Grande Bagarre de Don Camillo (1955) de Carmine Gallone

Titre original : « Don Camillo e l’on. Peppone »

La Grande bagarre de Don Camillo (Don Camillo e l'on. Peppone)Un nouvel événement agite le petit village de Brescello : Peppone se présente à la députation. Don Camillo est bien décidé à tout faire pour entraver le maire communiste dans sa marche vers le pouvoir…
Troisième de la série des Don Camillo, La Grande Bagarre de don Camillo est un film italo-français réalisé par Carmine Gallone, Julien Duvivier ayant refusé de poursuivre la série après les deux premiers opus. Le film ressemble plus à une série de sketches qu’à une histoire suivie. L’humour est bon enfant, évitant de trop s’aventurer sur le terrain politique : il y est question de vol de poules, de petites querelles de deux amis/ennemis de longue date. Les seconds rôles sont de moins en moins visibles. Un ou deux passages sont extravagants (par ex. la découverte d’un char) mais la vraisemblance n’est pas indispensable. Ce troisième volet montre l’installation d’une certaine routine qui sera encore plus visible dans les deux volets suivants. La Grande bagarre de Don Camillo n’est pas très bon mais pas franchement mauvais non plus, amusant mais sans plus.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Fernandel, Gino Cervi
Voir la fiche du film et la filmographie de Carmine Gallone sur le site IMDB.

Voir les autres films de Carmine Gallone chroniqués sur ce blog…

La Grande bagarre de Don Camillo (Don Camillo e l'on. Peppone)Gino Cervi et Fernandel dans La Grande bagarre de Don Camillo (Don Camillo e l’on. Peppone) de Carmine Gallone.

13 janvier 2023

La Marque (1957) de Val Guest

Titre original : « Quatermass 2 »
Autre titre français : « Terre contre satellite »
Autre titre (USA) : « Enemy from Space »

La Marque (Quatermass 2)Ayant détecté une chute de petites météorites, le professeur Bernard Quatermass se rend sur le point d’impact avec l’un de ses collaborateurs. Celui-ci est grièvement blessé au visage par l’une des météorites retrouvées. De plus, le professeur découvre sur place une usine comprenant de mystérieuses coupoles, avant d’être pris en chasse par d’étranges agents de sécurité armés…
La Marque (alias Terre contre satellite) est un film britannique réalisé par Val Guest et produit par la Hammer. Il s’agit du deuxième long-métrage dans lequel intervient le personnage du scientifique Bernard Quatermass, initialement créé par Nigel Kneale (pour une série télévisée de la BBC). Le premier long métrage Quatermass (Le Monstre, 1955) ayant connu un franc succès, les droits de la deuxième saison furent achetés avant même leur diffusion. Cette fois, les ennemis sont à la fois des extra-terrestres mais aussi des humains ordinaires. Val Guest parvient à bien construire la tension petit à petit par des éléments étranges qui nous intriguent, ce qui lui permet de faire oublier la faiblesse du budget (néanmoins plus conséquent que pour le premier volet). Il utilise fort bien le décor réel d’une raffinerie Shell. Ce Quatermass 2 parait finalement encore plus réussi que le premier.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Brian Donlevy, John Longden, Sidney James, Bryan Forbes
Voir la fiche du film et la filmographie de Val Guest sur le site IMDB.

Voir les autres films de Val Guest chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur la Hammer

Remarque :
* Le film connut aussi le succès, qui fut cependant éclipsé par celui de The Curse of Frankenstein, produit la même année par la Hammer. L’alcoolisme de Brian Donlevy aidant, le personnage fut mis de côté pour ne revenir que dix ans plus tard avec Quatermass and the Pit (1967), adaptation de la troisième saison diffusée en 1958 sur la BBC.
* Le titre original est Quatermass 2. Le film passe pour être le premier qui utilise le chiffre arabe « 2 » et non le chiffre romain « II » pour désigner une suite. Toutefois, comme on peut le voir sur l’affiche ci-dessus (affiche originale UK), le chiffre romain fut utilisé par les distributeurs sur les affiches.

La Marque (Quatermass 2)Brian Donlevy et Phillip Baird dans La Marque (Quatermass 2) de Val Guest.

La Marque (Quatermass 2)Bryan Forbes et Brian Donlevy dans La Marque (Quatermass 2) de Val Guest.

La Marque (Quatermass 2)John Longden, Brian Donlevy et Sidney James dans La Marque (Quatermass 2) de Val Guest.

24 décembre 2022

La Voie de la lumière (1956) de Hiroshi Inagaki

Titre original : « Miyamoto Musashi kanketsuhen: kettô Ganryûjima »

La Voie de la lumière (Miyamoto Musashi kanketsuhen: kettô Ganryûjima)Musashi a renoncé aux combats pour mener une vie simple. Le jeune homme rustre des débuts semble avoir enfin trouvé la voie de la sagesse. Lorsque le talentueux et ambitieux Kojiro Sasaki le met au défi, Musashi lui donne rendez-vous dans un an. Il sait que ce combat sera le plus important de sa vie…
La Voie de la lumière est un film japonais réalisé par Hiroshi Inagaki. C’est le troisième film de la trilogie relatant la vie légendaire du samouraï Miyamoto Musashi, adaptée du roman d’Eiji Yoshikawa. Il se situe pleinement dans la lignée du second volet : les combats, y compris le duel final, sont très réduits, le récit se concentrant toujours sur l’évolution spirituelle du samouraï, sa recherche d’une sérénité et d’un aboutissement. Peu à peu, il prend conscience que le sabre doit laisser la place centrale qu’il occupait dans sa vie. Dans la forme, le film est une fois de plus superbe avec des plans d’une très grande beauté et une mise en scène très fine et parfaitement maitrisée. Du grand art. La Voie de la lumière clôture de belle façon une trilogie très homogène.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Toshirô Mifune, Kôji Tsuruta, Mariko Okada, Kaoru Yachigusa, Michiyo Kogure, Mitsuko Mito, Akihiko Hirata, Daisuke Katô, Kurôemon Onoe
Voir la fiche du film et la filmographie de Hiroshi Inagaki sur le site IMDB.

Voir les autres films de Hiroshi Inagaki chroniqués sur ce blog…

Remarque :
* Le duel final entre Miyamoto Musashi et Kojiro Sasaki a réellement eu lieu le 13 avril 1612 sur l’île de Ganryu, située au large des côtes de la province de Bizen (le nom de Sasaki en tant qu’opposant n’est toutefois pas attesté avec certitude). Il s’agit du dernier grand duel de Miyamoto Musashi, alors âgé de 28 ans. (Attention, spoiler en vue :) Le samouraï vivra encore 33 ans après ce dernier duel.

La Voie de la lumière (Miyamoto Musashi kanketsuhen: kettô Ganryûjima)Toshirô Mifune dans La Voie de la lumière (Miyamoto Musashi kanketsuhen: kettô Ganryûjima) de Hiroshi Inagaki.

La 2e trilogie de Hiroshi Inagaki sur Miyamoto Musashi :
1) La Légende de Musashi (1954)
2) Duel à Ichijoji (1955)
3) La voie de la lumière (1956)

23 décembre 2022

Duel à Ichijoji (1955) de Hiroshi Inagaki

Titre original : « Zoku Miyamoto Musashi: Ichijôji no kettô »

Duel à Ichijoji (Zoku Miyamoto Musashi: Ichijôji no kettô)Takezo, rebaptisé Musashi Miyamoto, est devenu un samouraï hors pair. Depuis des années, il parcourt le pays au gré d’affrontements dont il sort toujours vainqueur. Le voici désormais à Kyoto pour combattre maître Yoshioka. Dans la grande ville, il retrouve ses deux soupirantes : la vertueuse Otsu, ancienne fiancée de Matahachi, et la jeune Akemi, également courtisée par Yoshioka…
Duel à Ichijoji est un film japonais réalisé par Hiroshi Inagaki. C’est le deuxième film d’une trilogie relatant la vie du légendaire samouraï Miyamoto Musashi, adaptée du roman d’Eiji Yoshikawa. Alors que le premier volet, La Légende de Musashi, installait les personnages dans leur contexte, Duel à Ichijoji entre dans le sujet principal avec les faits qui ont créé la légende. Les combats sont présents mais ils le sont de façon modérée : Hiroshi Inagaki en montre le début et saute directement à l’après. Seul le dernier est montré plus longuement. L’intention est plutôt de se pencher sur l’évolution spirituelle du samouraï et sur son difficile chemin vers la sérénité. Rien n’est trop appuyé, tout est montré par petites touches. Tout est parfaitement équilibré. La photographie est une fois de plus superbe, notamment dans les crépuscules, et la chorégraphie des affrontements parfaitement réglée. De l’ensemble, se dégage une impression d’harmonie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Toshirô Mifune, Kôji Tsuruta, Mariko Okada, Kaoru Yachigusa, Michiyo Kogure, Mitsuko Mito, Akihiko Hirata, Daisuke Katô, Kurôemon Onoe
Voir la fiche du film et la filmographie de Hiroshi Inagaki sur le site IMDB.

Voir les autres films de Hiroshi Inagaki chroniqués sur ce blog…

Duel à Ichijoji (Zoku Miyamoto Musashi: Ichijôji no kettô)Toshirô Mifune dans Duel à Ichijoji (Zoku Miyamoto Musashi: Ichijôji no kettô) de Hiroshi Inagaki.

Duel à Ichijoji (Zoku Miyamoto Musashi: Ichijôji no kettô)Kôji Tsuruta (au centre) dans Duel à Ichijoji (Zoku Miyamoto Musashi: Ichijôji no kettô) de Hiroshi Inagaki.

Kenjin Iida, Kaoru Yachigusa et Kurôemon Onoe dans Duel à Ichijoji (Zoku Miyamoto Musashi: Ichijôji no kettô) de Hiroshi Inagaki.

La 2e trilogie de Hiroshi Inagaki sur Miyamoto Musashi :
1) La Légende de Musashi (1954)
2) Duel à Ichijoji (1955)
3) La voie de la lumière (1956)

23 décembre 2022

La Légende de Musashi (1954) de Hiroshi Inagaki

Titre original : « Miyamoto Musashi »

La Légende de Musashi (Miyamoto Musashi)En l’an 1600, le Japon est divisé par une guerre civile. Jeune homme fruste rejeté par les siens, Takezo rêve de devenir samouraï. Avec son ami Matahachi, il part au combat mais se retrouve rapidement du côté des vaincus. Les deux hommes trouvent alors refuge chez la veuve Oko et sa fille Akemi. Alors que Matahachi décide de rester auprès d’elles, Takezo retourne seul au village où il sera très mal accueilli…
La Légende de Musashi est un film japonais réalisé par Hiroshi Inagaki, premier film d’une trilogie relatant la vie légendaire du samouraï Miyamoto Musashi, l’une des figures emblématiques du Japon. Ce personnage historique réel fut mythifié par le romancier Eiji Yoshikawa dans un roman-fleuve publié en 1935 (traduit en français en deux tomes : La Pierre et le Sabre et La Parfaite Lumière). Hiroshi Inagaki avait déjà adapté ce livre en une trilogie sortie entre 1940 et 1942 (aujourd’hui perdue, semble t-il). Ce premier volet de sa seconde trilogie est consacré à la formation du personnage. Miyamoto Musashi n’est encore qu’un jeune rustre belliqueux nommé Takezo qui va évoluer sous l’éducation forcée d’un moine. La mise en scène d’Hiroshi Inagaki montre une certaine modernité et n’est pas exempte de frivolité. La photographie est très belle. Le récit est simple mais très fort.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Toshirô Mifune, Rentarô Mikuni, Kurôemon Onoe, Kaoru Yachigusa, Mariko Okada, Mitsuko Mito
Voir la fiche du film et la filmographie de Hiroshi Inagaki sur le site IMDB.

Pour en savoir plus, lire la page Wikipedia sur Miyamoto Musashi
Le scénario a été récemment publié par l’Avant-Scène Cinéma….

La 2e trilogie de Hiroshi Inagaki sur Miyamoto Musashi :
1) La Légende de Musashi (1954)
2) Duel à Ichijoji (1955)
3) La voie de la lumière (1956)

La Légende de Musashi (Miyamoto Musashi)Toshirô Mifune et Mariko Okada dans La Légende de Musashi (Miyamoto Musashi) de Hiroshi Inagaki.

Les films japonais sur Miyamoto Musashi :
Miyamoto Musashi de Kintaro Inoue (1929) avec Chiezo Kataoka (film perdu)
– 1ere trilogie de Hiroshi Inagaki (1940-1942) avec Chiezo Kataoka (perdue ?)
A deux sabres (Nitōryū kaigen, 1943) de Daisuke Itō
L’Histoire de Musashi Miyamoto de Kenji Mizoguchi (1944) avec Chojiro Kawarazaki
– 2e trilogie de Hiroshi Inagaki (1954-1956) avec Toshirō Mifune
– Six films de Tomu Uchida (1962-1971) avec Kinnosuke Nakamura.
+ le personnage apparaît dans nombre de films. Par exemple, dans Les Sept Samouraïs d’Akira Kurosawa, le personnage de Kyuzo, interprété par l’acteur Seiji Miyaguchi, est inspiré par Miyamoto Musashi.

13 décembre 2022

Les Vampires (1957) de Riccardo Freda et Mario Bava

Titre original : « I vampiri »

Les vampires (I vampiri)À Paris, dans les années 1950, de nombreux cadavres de jeunes filles sont retrouvés vidés de leur sang. La police ne semble avoir aucune piste sérieuse pour trouver celui que l’on appelle Le Vampire. Le journaliste Pierre Latin, bien décidé à élucider le mystère, mène son enquête…
Les Vampires est un film d’épouvante fantastique italien. Réalisé par Riccardo Freda qui déserta le plateau après une dispute avec les producteurs, il a été retravaillé et achevé par le chef opérateur Mario Bava (1). Historiquement, le film est assez important car il inaugure l’âge d’or du cinéma fantastique italien (2). Précisons qu’il ne s’agit absolument pas d’une histoire de vampire mais d’une transposition au XXe siècle du mythe de la comtesse Élisabeth Báthory. Officiellement, Mario Bava s’occupe de la photographie et des effets spéciaux, et son travail est remarquable. Les séquences de jour sont inondées de lumière ce qui leur donne une atmosphère fantomatique et irréelle, les séquences de nuit sont contrastées avec certains objets inquiétants en ilots de lumière. On se surprend à sourire parfois mais c’est néanmoins superbe. Et l’effet spécial du vieillissement du visage Gianna Maria Canale est étonnant, même aujourd’hui. Le film n’eut pas le succès escompté. D’après le réalisateur, le public de l’époque considérait qu’un film d’épouvante ne pouvait être italien.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gianna Maria Canale, Carlo D’Angelo, Dario Michaelis, Antoine Balpêtré, Paul Muller
Voir la fiche du film et la filmographie de Riccardo Freda et Mario Bava sur le site IMDB.

Voir les autres films de Riccardo Freda chroniqués sur ce blog…
Voir les autres films de Mario Bava chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Riccardo Freda

(1) Pour une liste des modifications apportées par Mario Bava, lire le second paragrahe du chapitre « tournage » sur la page Wikipedia.
(2) Les vampires est le premier film d’épouvante italien de l’ère sonore, après l’unique film d’horreur muet Il mostro di Frankenstein (1920).

Les vampires (I vampiri)Carlo D’Angelo et Gianna Maria Canale dans Les vampires (I vampiri) de Riccardo Freda

Homonymes :
Les Vampires, film réalisé par Louis Feuillade sorti en 1915.
Les Vampires (Yabu no naka no kuroneko), film réalisé par Kaneto Shindō sorti en 1968.

11 décembre 2022

X the Unknown (1956) de Leslie Norman

X the UnknownEn Ecosse, des militaires découvrent lors d’un entrainement une faille radioactive. Après avoir irradié à mort un soldat, les radiations disparaissent sans raison. Spécialiste de physique nucléaire, le professeur Adam Royston est appelé pour enquêter sur ce mystère…
X the Unknown (1) est un film britannique réalisé par Leslie Norman produit par la Hammer. Il était prévu comme une suite à The Quatermass Xperiment (Le Monstre) de Val Guest (1955) mais son scénariste refusa la permission d’utiliser le personnage de Bernard Quatermass. La préparation et le début du tournage du film ont été faits sous la direction de Joseph Losey. Quand l’acteur Dean Jagger refusa d’être dirigé par un « sympathisant communiste » (2),  Losey fut remplacé par Leslie Norman (emprunté aux studios Ealing) qui était peu motivé par le projet. Basée sur les méfaits de la radioactivité, l’histoire paraît aujourd’hui un peu farfelue mais, comme souvent chez la Hammer, l’atmosphère est assez forte et utilise intelligemment le maigre budget. La menace ne montre son vrai visage qu’assez tard dans le récit, ce qui accentue le caractère angoissant de l’ensemble. Plutôt réussi.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Dean Jagger, Edward Chapman, Leo McKern
Voir la fiche du film et la filmographie de Leslie Norman sur le site IMDB.

(1) Rappelons que, comme dans The Quatermass Xperiment, le « X » est une allusion au fait que les films d’horreur étaient classés « X » en Grande-Bretagne (interdit aux moins de 16 ans).
(2) Joseph Losey était sur la liste noire après avoir refusé de présenter devant la House Un-American Activities Committee en 1952 et s’était exilé en Grande-Bretagne.

X the UnknownWilliam Lucas et Dean Jagger dans X the Unknown de Leslie Norman.

5 décembre 2022

Un condamné à mort s’est échappé (1956) de Robert Bresson

Sous-titre : « ou Le vent souffle où il veut »

Un condamné à mort s'est échappé ou Le vent souffle où il veutEn 1943, un résistant, Fontaine, est arrêté par les Allemands et emprisonné à la prison Montluc à Lyon. Il met tout en œuvre pour s’évader, imagine un plan, et parvient à force de courage et de travail à s’en procurer les instruments…
Un condamné à mort s’est échappé ou Le vent souffle où il veut est un film français écrit et réalisé par Robert Bresson. Il s’agit de l’adaptation du récit autobiographique d’André Devigny, paru dans la même année chez Gallimard sous le même titre. Ce film est le premier succès commercial de Robert Bresson. Le fil du récit est assez classique mais sa forme donne une force marquée à cette ode au courage et à la volonté. Robert Bresson a en effet enlevé tout le superflu et parvient à un grand dépouillement sans tomber dans l’austérité. Il préfère avoir des acteurs peu aguerris pour éviter le maniérisme du jeu des acteurs connus, utilise un nombre très réduit de lieux, enlève toute scène intermédiaire pour ne garder que celles qui vont vers le but qu’il s’est fixé. Les dialogues sont également très réduits. Il faut noter la remarquable utilisation des bruitages et de la musique du Kyrie de Mozart. L’approche de Robert Bresson donne à son film une puissance et une authenticité rares. Le film connut un grand succès public et critique.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: François Leterrier, Charles Le Clainche
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Bresson sur le site IMDB.

Voir les autres films de Robert Bresson chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Robert Bresson

Remarque :
* François Leterrier ne poursuivra pas sa carrière d’acteur. Il deviendra assistant-réalisateur, puis scénariste et réalisateur. Ses films les plus connus sont certainement les comédies  Je vais craquer et Tranches de vie adaptées des bandes dessinées de Gérard Lauzier.
* Robert Bresson a ajouté le sous-titre, ou Le vent souffle où il veut, phrase tirée de l’Evangile selon Saint Jean : « Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit ». Le vent ne symbolise donc pas ici la liberté mais l’Esprit, au sens biblique du terme.
« Au cœur du cinéma de Bresson, la liberté terrestre et le salut mystique ne font qu’un. » souligne à ce propos Jean-Michel Frodon dans son ouvrage sur Robert Bresson.

Un condamné à mort s'est échappé ou Le vent souffle où il veutFrançois Leterrier et Charles Le Clainche dans Un condamné à mort s’est échappé de Robert Bresson.