5 juillet 2014

Une fille de la province (1954) de George Seaton

Titre original : « The Country Girl »

Une fille de la provinceAprès avoir mis à la porte l’acteur de premier rôle, le metteur en scène d’une comédie musicale doit trouver au pied levé un nouvel acteur-chanteur. Il insiste pour faire accepter par son producteur un chanteur qui a tenu la vedette il y a plusieurs années mais qui n’est plus très actif. De plus il a la réputation d’être alcoolique… Adaptation d’une pièce de Clifford Odet, l’histoire de The Country Girl accumule les poncifs mais le thème de la « seconde chance » est toujours très apprécié outre-Atlantique. Il est ici affublé de relations particulières entre l’acteur et sa femme sur fond de drame familial. En outre, le scénario a été aménagé pour inclure des chansons de Bing Crosby, crooner alors immensément populaire aux Etats Unis. Si William Holden et même Bing Crosby savent garder une certaine mesure, Grace Kelly recherche la performance avec un jeu du style « habitée par son personnage », outrancier, caricatural. Elle reçut un Oscar pour ce rôle (1). Très ennuyeux et terriblement prévisible, le film bénéficie d’une aura qui peut paraître assez incompréhensible.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Bing Crosby, Grace Kelly, William Holden
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(1) Grace Kelly a reçu cet Oscar alors que Judy Garland était donnée largement favorite pour son rôle dans A Star Is Born.

20 juin 2014

Voyage en Italie (1954) de Roberto Rossellini

Titre original : « Viaggio in Italia »

Voyage en ItalieUn couple de bourgeois anglais, Katherine et Alexander, arrivent à Naples pour régler une histoire d’héritage. Ils sont mariés depuis huit ans mais ce voyage les place seuls, face à face, pour la première fois. Ils constatent qu’ils n’ont que peu de choses à se dire et peu d’intérêts communs… L’idée de départ de Rossellini était de porter à l’écran Duo, le roman de Colette. Quand il découvrit que les droits n’étaient pas disponibles, il décida d’écrire lui-même une histoire sur le même thème. Voyage en Italie fut assez critiqué à sa sortie, beaucoup reprochant au réalisateur de tourner le dos au néoréalisme qu’il avait lui-même initié dix ans auparavant (1). C’est certainement réducteur car Rossellini va plus loin : il crée la symbiose entre le réalisme et l’intimiste. Ce couple bourgeois, dont on suppose qu’il donnait toutes les apparences d’un couple uni dans la bonne société londonienne, va être amené vers une véritable introspection au contact d’un monde où tout leur est étranger (autant au niveau de la nationalité, que du milieu social, du mode de vie, de la philosophie de vie). Chacun va tenter à sa façon une prise de contact avec ce monde nouveau mais ne trouver que plus de frustrations. Il faudra une immersion plus grande et que les ultimes défenses tombent pour qu’ils puissent franchir une nouvelle étape. L’art de Rossellini est de bâtir un film d’une grande portée, offrant même plusieurs niveaux de lecture, à partir d’une succession de petits riens, sans grand développement de scénario. Cette apparente simplicité pourra dérouter mais elle force l’admiration car Voyage en Italie est étonnant par sa profondeur ; cela explique certainement pourquoi il fait partie de ces films qui restent ancrés dans nos esprits.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ingrid Bergman, George Sanders
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Remarques :
* La version originale est en anglais. La version doublée en italien passe pour être épouvantable.

* Voyage en Italie est le troisième des cinq longs métrages de Rossellini avec Ingrid Bergman qui, rappelons-le, étaient alors mari et femme. Ces cinq films sont : Stromboli (1950), Europe 51 (1951), Voyage en Italie (1954),  La Peur (1954), Jeanne au bûcher (1954).

* Ingrid Bergman raconte dans son autobiographie à quel point George Sanders était dérouté par les méthodes de travail peu rigoureuses de Rossellini. Son désarroi était donc proche de celui de son personnage. Il était si mal à l’aise qu’il téléphonait très régulièrement à son psy à Los Angeles. Ingrid Bergman, elle, faisait confiance à son mari mais avoue tout de même s’être posée des questions lorsqu’ils ont commencé par aligner les tournages des scènes de musée sans avoir d’idée sur le contenu du reste du scénario (que Rossellini continuait d’écrire au fur et à mesure). (Ingrid Bergman Ma Vie, Fayard 1980).

(1) André Bazin a défendu le film dans une polémique restée célèbre avec Guido Aristarco (critique italien très à gauche, dirigeant-fondateur de la revue Cinema Nuovo).

1 juin 2014

Toto misère et noblesse (1954) de Mario Mattoli

Titre original : « Miseria e nobiltà »

Toto misère et noblesseA la fin XIXe siècle à Naples, deux familles vivent dans le même appartement. Ils n’ont rien mangé depuis trois jours. Un jeune marquis amoureux d’une danseuse leur demande de passer pour ses parents lors d’une visite au père de la belle. Ils acceptent avec empressement à la perspective de faire un bon repas… Adapté d’une pièce de théâtre du napolitain Eduardo Scarpetta, Toto misère et noblesse est réalisé par le napolitain Mario Mattoli et joué par le napolitain Totò, grand comique qui était alors immensément populaire en Italie. Toto misère et noblesse Inutile de dire qu’il tient une grande place dans le film mais il est bien secondé par Enzo Turco et par les seconds rôles, tous très bien tenus. L’humour joue sur la volonté de garder une certaine dignité dans la misère et sur la façon dont ils se prennent au jeu d’être des nobles. Sophia Loren n’a qu’un petit rôle, l’actrice n’était pas encore connue et tournait abondamment. Très amusant, le film connut un grand succès en Italie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Totò, Enzo Turco, Sophia Loren
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Autres adaptations :
* La pièce Miseria e nobiltà avait déjà été adaptée par Corrado D’Errico en 1940 avec Vincenzo Scarpetta, le fils de l’auteur Eduardo Scarpetta, dans le rôle de Pasquale. Le film semble perdu.
* La pièce sera également adaptée par le français Marcel Bluwal pour l’ORTF en 1958 avec Rosy Varte, Jacques Fabbri… et un jeune garçon de 11 ans du nom de Patrick Maurin dans le rôle du petit Pepeniello, jeune acteur qui prendra plus tard le nom de Patrick Dewaere.

14 avril 2014

La fureur de vivre (1955) de Nicholas Ray

Titre original : « Rebel Without a Cause »

La fureur de vivreLe jeune Jim Stark est arrêté pour ivresse au beau milieu de la nuit. Au policier psychologue pour adolescents qui l’interroge, il se désole du manque d’autorité de son père… Des trois grands films de James Dean, La fureur de vivre est le plus emblématique, celui qui a, plus que les autres, créé le mythe attaché à l’acteur. En ce milieu des florissantes années cinquante, toute une jeunesse en butte à des parents incapables de les comprendre s’est identifiée à ce personnage de « rebelle sans cause ». On peut même dire que cette identification a continué de fonctionner sur plusieurs générations, de façon plus ou moins diffuse. Ce qui étonnant, c’est qu’en réalité Jim Stark ne rejette pas vraiment l’image du père, il la cherche plutôt : il reproche au sien le manque d’autorité, son incapacité à lui dire comment il se doit se comporter pour être « un homme ». La petite bande de durs qui attire ces jeunes en manque de repères a, quant à elle, franchi nettement la ligne de la délinquance. Le propos semble donc plus s’adresser aux parents qu’aux enfants, leur intimant d’être présents et de se comporter comme des parents. Si le film est devenu emblématique d’une génération mal comprise, ce n’est donc pas tant par le fond du propos mais par l’angle de vue adopté par Nicholas Ray : de façon très inhabituelle pour l’époque, il adopte en effet le point de vue des jeunes et les parents sont sur le banc des accusés. Le lyrisme de Nicolas Ray donne une indéniable force au film, même si la théâtralité peut paraître excessive. Le clou est bien entendu la scène ultra célèbre de la course de voitures sur la falaise, face au vide. La photographie est assez belle avec une utilisation de la lumière qui évoque par moments l’expressionnisme et une belle utilisation de la couleur (superbe idée du blouson rouge). Le jeu des trois acteurs principaux est très juste : contrairement à ses autres films, le jeu de James Dean ne paraît excessif à aucun moment. La fureur de vivre continue de bénéficier d’une très forte aura. Ce n’est pas le meilleur film de Nicholas Ray mais c’est en tous cas (et de loin, hélas pour ses autres films) son plus grand succès populaire.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Dean, Natalie Wood, Sal Mineo
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Remarques :
* Dennis Hopper, âgé alors de 19 ans à peine, tient le rôle de Goon (à noter que William Hopper, qui tient le rôle du père de Natalie Wood, n’a aucun lien de parenté avec lui).
* Sal Mineo, qui interprète Platon, est âgé de 16 ans au moment du tournage, Natalie Wood 17ans alors que James Dean a déjà 24 ans. Le film est sorti un mois après sa mort.
* La scène d’ouverture, pendant le générique, (James Dean au sol jouant avec le petit singe mécanique) n’était pas écrite. Elle a été improvisée par James Dean.
* Le scénario prévoyait une première scène où l’on voyait un père de famille se faire agresser par une bande de mauvais garçons. Pendant l’agression, il laissait tomber ses paquets de Noël dont un petit singe mécanique. Jugée trop violente par les studios, la scène fut coupée.
* Dans le plan final, l’homme qui marche vers l’entrée du planétarium est Nicholas Ray.

12 avril 2014

La Blonde et le shérif (1958) de Raoul Walsh

Titre original : « The Sheriff of Fractured Jaw »

La blonde et le shérifJonathan Tibbs, digne héritier d’un important magasin d’armes anglais sur le déclin, décide d’aller dans l’Ouest américain pour trouver des acheteurs à ses fusils. Il arrive dans la petite bourgade de Fractured Jaw où deux bandes s’entredéchirent… Dans la vaste filmographie de Raoul Walsh, La blonde et le shérif (The Sheriff of Fractured Jaw) est certainement l’un des films les plus étranges. C’est aussi l’un des westerns les plus curieux. Le registre est clairement celui de l’humour : c’est le décalage entre le flegme britannique et la rustrerie des américains qui en est le moteur principal. Cela donne des situations assez amusantes où le très british Tibbs va déconcerter tout le monde et parviendra ainsi à trouver une issue à des situations inextricables. Raoul Wash tourne en dérision tous les grands poncifs du western, nous avons même droit à l’inévitable partie de poker (qu’il gagne en se faisant conseiller par un chien !) Kenneth More fait un bel abattage, toujours parfaitement dans son personnage. En regardant Jayne Mansfield, on mesure à quel point la Fox désirait alors créer un clone de Marilyn. Hélas, si ses qualités plastiques ne passent pas inaperçues, l’actrice ne parvient pas à aller au-delà, comme Marilyn savait si bien le faire en donnant une profondeur à ses rôles. Au final, La blonde et le shérif est une variante assez farfelue sur le thème du western, franchement surprenante de la part de Raoul Walsh.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kenneth More, Jayne Mansfield, Henry Hull, Bruce Cabot
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Remarques :
* The Sheriff of Fractured Jaw a été tourné entièrement en Europe, en Angleterre mais aussi en Espagne.
* Pour ses chansons, Jayne Mansfield est doublée par Connie Francis.

6 avril 2014

Donnez-lui une chance (1953) de Stanley Donen

Titre original : « Give a Girl a Break »

Donnez-lui une chanceLa star d’un show de Broadway en pleine répétition quitte la troupe sur un caprice. Pour la remplacer, le compositeur, le metteur en scène et son jeune assistant ont chacun leur danseuse préférée… Basé sur une histoire de Vera Caspary, Give a Girl a Break (Donnez-lui une chance) était prévu pour être une grande production. Lorsque les Judy Garland, Fred Astaire, Gene Kelly et autres Ann Miller déclinèrent la proposition, le film est devenu soudain bien plus modeste dans ses ambitions. En matière de comédie musicale de cette période, c’est même l’un des plus petits budgets, le tournage prenant place sur les décors d’un autre film. L’attrait principal de Give a Girl a Break n’est pas à chercher du côté du scénario qui est d’une grande banalité, ni des chansons qui sont au mieux assez moyennes mais plutôt du côté des chorégraphies. Le couple Marge et Gower Champion (mari et femme dans la vie réelle) est le plus remarquable, leur numéro sur les toits est superbe. Le jeune Bob Fosse a également un ou deux beaux numéros avec Debbie Reynolds (qu’il dit avoir lui-même chorégraphiés) où il montre des qualités athlétiques étonnantes, n’hésitant pas à faire un joli saut périlleux arrière. Dommage que ces numéros soient encapsulés dans une histoire si convenue et sans intérêt.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Marge Champion, Gower Champion, Debbie Reynolds, Bob Fosse
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Remarques :
* Gower Champion sera plus tard metteur en scène de show à Broadway et Bob Fosse sera le réalisateur de Cabaret (1972), Lenny (1974), Que le spectacle commence (1979)…
* D’après Martin Gottfried (dans son livre All his Jazz : The life and death of Bob Fosse), Stanley Donen a insisté auprès de Bob Fosse pour qu’il fasse ce superbe saut périlleux arrière dans le numéro avec Debbie Reynolds, l’entrainant pour cela pendant des heures. La première prise fut la bonne. Ce que Stanley Donen n’a pas su, c’est que Bob Fosse avait pris l’avion pour New York afin de travailler le saut arrière avec un entraineur professionnel pendant deux jours entiers juste avant de tourner la scène.

4 avril 2014

Close to My Heart (1951) de William Keighley

Close to My HeartLorsque qu’elle apprend avec certitude qu’elle ne pourra avoir d’enfants, Midge Sheridan convainc son mari d’en adopter un. Pour éviter d’avoir à attendre plus de deux ans sur la liste d’attentes du centre d’adoption, elle se prend d’affection pour un bébé trouvé dont personne ne connait les origines… Close to My Heart est tiré d’un roman de James R. Webb qui en a écrit lui-même l’adaptation. On peut aisément comprendre que Gene Tierney, qui avait donné naissance à un enfant handicapé mental quelques années auparavant et dont le mariage était si instable, ait été attirée et touchée par ce personnage de femme ressentant un fort besoin de maternité. Elle se donne ici pleinement et fait une belle prestation. Le fond du propos est de chercher à convaincre le public que la méchanceté et les pulsions criminelles ne se transmettent pas par les gènes mais par l’environnement dans lequel l’enfant grandit. Cette démarche n’était certainement pas inutile à l’époque (certaines croyances ne subsistent-elles d’ailleurs pas encore de nos jours ?) Si les intentions sont louables, le résultat n’en est pas moins conventionnel pour autant et le film manque singulièrement de relief dans son développement. Assez méconnu, Close to My Heart est l’avant dernier film de William Keighley, réalisateur de la Warner qui a surtout signé des gangsters films dans les années trente, notamment avec James Cagney.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Ray Milland, Gene Tierney
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24 mars 2014

Gun Crazy (1950) de Joseph H. Lewis

Autre Titre  : « Deadly Is the Female »
Titre français : « Le Démon des armes »

Gun Crazy: Le démon des armesDès son plus jeune âge, Barton a été attiré par les armes. Lorsqu’il va rencontrer la jeune Annie, elle aussi tireuse hors pair, sa vie va basculer et ils vont enchainer les holdups… Produit et mis sur pied par les King Brothers, Gun Crazy est basé sur une histoire de MacKinlay Kantor parue dans un quotidien et réécrite par Dalton Trumbo (1). Cette histoire préfigure des films comme Bonnie & Clyde (1967) d’Arthur Penn ou Badlands (1973) de Malick, fuite en avant d’un jeune couple qui se livre aux braquages pour assouvir ses rêves. Sur le plan de la forme, le film préfigure par certains aspects la Nouvelle Vague avec  ses décors naturels et notamment avec sa scène la plus célèbre, un hold-up filmé en un seul plan-séquence de presque 4 minutes depuis l’intérieur de la voiture du couple. C’est un plan très surprenant. On comprend que Truffaut et Godard se soient pris de passion pour ce film (2). Gun Crazy est un film très différent, assez à part dans le genre du film noir (3). C’est finalement surtout une histoire d’amour, celle d’un jeune couple qui aspire à s’établir et à mener une vie normale, un amour fou qui les aveugle et les précipite dans un trou sans fin. Le personnage de la jeune femme est assez fascinant par son mélange d’ingénuité et de dureté qui le rend assez inoubliable. Le film est très fortement connoté sexuellement même si la censure a été particulièrement vigilante. Sa carrière commerciale a été courte à l’époque mais il a acquis un tout autre statut par la suite : aujourd’hui, c’est souvent le premier titre qui vient à l’esprit pour citer un exemple de film de série B exceptionnel et remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Peggy Cummins, John Dall
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Remarques :
* Le film vient d’être réédité en DVD (1 Blue-ray + 1 normal) incorporé dans un superbe livre de 220 pages signé Eddie Muller qui relate toute la genèse du projet et la réalisation, une gestation assez mouvementée. Le livre est passionnant, fort bien documenté et on ne peut que saluer ce si bel ensemble (même si on peut regretter que le prix soit un peu élevé)… (Voir…) C’est une édition limitée, semble t-il.

Gun Crazy: Le démon des armes* A sa sortie, United Artists a affublé le film du titre ridicule Deadly Is the Female et habillé l’héroïne sur l’affiche d’une robe du soir noire (costume réglementaire de la femme fatale mais qui ne correspond absolument pas à son genre dans le film). Le film a retrouvé son titre original, Gun Crazy, par la suite.

(1) L’excellent scénariste Dalton Trumbo figure au générique sous un pseudonyme car, victime du maccarthysme, il était alors sur liste noire.

(2) En regardant Gun Crazy, Il est difficile de ne pas penser à A bout de Souffle ou à Pierrot le Fou que Godard tournera une décennie plus tard.

(3) Pour s’en convaincre, il suffit de le comparer à They Live by Night, que Nicholas Ray a tourné peu avant, qui met également en scène un couple de braqueurs : un très beau film mais beaucoup plus classique dans son traitement.

22 mars 2014

Sept ans de réflexion (1955) de Billy Wilder

Titre original : « The Seven Year Itch »

Sept ans de réflexionDans un New York en pleine canicule, Robert Sherman se retrouve seul après le départ de femme et enfant pour les vacances d’été. Il fait connaissance d’une jeune femme blonde qui occupe temporairement l’appartement au dessus du sien… Sept ans de réflexion est l’adaptation d’une pièce de George Axelrod qui avait connu un grand succès à Broadway. Cette plaisante comédie est un peu méprisée par les cinéphiles sous prétexte que tout son succès viendrait de cette image de Marilyn Monroe dont la robe blanche se soulève. Certes, l’exploitation commerciale de cette image par Hollywood relève plutôt du racolage (1) mais le film ne peut se réduire à cela. C’est une succession de saynètes amusantes qui exploitent le dilemme de cet homme « ordinaire » entre son conservatisme profond et un désir ponctuel. Sept ans de réflexion On le sait, Billy Wilder n’a pu mettre tout ce qu’il voulait y mettre : la censure a été implacable et a fait enlever toute connotation sexuelle et bien entendu tout passage à l’acte. L’humour est resté toutefois, peut-être en a-t-il d’ailleurs été décuplé car, finalement, peu importe où l’on met la limite, l’humour de ce genre de situation réside dans les atermoiements autour cette limite. Face à la sensualité débordante de Marilyn Monroe, cet homme au conservatisme rassurant perd pied totalement. Son imagination débordante permet en outre de multiplier habilement les scènes. Même si le film n’est pas du pur Billy Wilder, il reste très amusant et ne vieillit pas vraiment.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marilyn Monroe, Tom Ewell, Evelyn Keyes, Sonny Tufts, Oskar Homolka
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Remarque :
* Tom Ewell connaissait bien le rôle puisqu’il le tenait sur les planches.

(1) Il faut noter que le racolage a commencé dès le tournage. La Fox avait en effet fait en sorte que la scène soit tournée dans les rues de New York avec un grand battage médiatique. Parmi la foule des badauds, Joe DiMaggio n’a guère apprécié voir ainsi sa femme ainsi exposée comme objet sexuel et être un sujet de moqueries du fait de son incapacité à se souvenir de son texte. Ils divorceront peu après. A noter que la scène étant finalement inexploitable à cause des bruits de la foule indisciplinée, elle fut tournée de nouveau, au calme en studio. On pourra aussi remarquer que la scène est plus sage dans le film (on ne voit pas Marilyn en entier) que sur les affiches commerciales. A la sortie du film, la Fox a fait une Marilyn de 15 mètres de haut (!) pour habiller la façade d’un cinéma new yorkais…

18 mars 2014

Géant (1956) de George Stevens

Titre original : « Giant »

GéantBick Benedict (Rock Hudson), propriétaire d’un immense ranch texan, se rend au Maryland pour y acheter un cheval. Il revient avec un cheval… et une femme, Leslie, la fille de l’éleveur (Elizabeth Taylor). Arrivée sur place, elle fait la connaissance de la soeur de Bick et de Jett Rink, (James Dean) un jeune employé très réservé… Adapté d’un roman-fleuve d’Edna Ferber, Géant est entré dans l’histoire du cinéma comme étant l’ultime film tourné par James Dean (1). On peut supposer que, sans cela, il serait rapidement tombé dans l’oubli tant cette grande fresque qui veut marcher dans les traces d’Autant en emporte le vent est lourde et sans attrait. GéantL’histoire est statique et linéaire, sans profondeur, un méli-mélo de conservatisme et de bons sentiments ; la réalisation de George Stevens est plate, la musique épouvantable. Rock Hudson est, comme toujours, un monolithe… tout en contraste avec un James Dean au jeu incontrôlable et incontrôlé, qui marmonne ses textes et surjoue son personnage le plus souvent. C’est Elizabeth Taylor, avec son jeu lisse, qui est finalement la plus convaincante. Les 3h20 du film paraissent bien longues… Le film connut un très grand succès, surtout aux Etats-Unis, et le film a gardé une partie de son immense aura jusqu’à aujourd’hui.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Elizabeth Taylor, Rock Hudson, James Dean, Carroll Baker, Dennis Hopper
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Remarques :
Edward Hopper - House by the railroad, 1925* La grande demeure des Benedict est directement inspirée de la toile d’Edward Hopper La Maison près de la voie ferrée (House by the railroad, 1925). Cette toile inspirera également Hitchcock pour la maison de Psychose (Psycho) et Terrence Malick pour Les Moissons du ciel.
* On peut rapprocher Géant de Ecrit sur du vent de Douglas Sirk (1956) dont l’histoire se déroule dans le même monde (et où l’on trouve… Rock Hudson).
* Détail amusant : Carroll Baker, qui joue la fille d’Elizabeth Taylor, est dans la vraie vie plus âgée qu’elle. A noter que Carroll Baker est, comme James Dean, issue de l’Actors Studio.

(1) James Dean s’est tué (accident automobile) quelques jours seulement après la fin du tournage (septembre 1955). Le film est sorti un an après sa mort, en octobre 1956.