29 juillet 2014

Le pont (1959) de Bernhard Wicki

Titre original : « Die Brücke »

Le pontEn 1945, dans une Allemagne proche de la capitulation, des jeunes garçons de 15-16 ans fréquentent l’école d’une petite ville. Alors qu’une certaine résignation s’est répandue dans la population, les adolescents sont toujours exaltés et espèrent être mobilisés pour aller, eux aussi, défendre leur patrie. Leur voeu va hélas être exaucé lorsque l’état-major décide de lancer toutes ses forces valides dans un dernier sursaut… Le pont est basé sur un roman de Manfred Gregor, le seul survivant des évènements racontés ici (1). C’est un film qui démontre l’absurdité de la guerre et, surtout, qui dénonce l’endoctrinement de la jeunesse. Tout d’abord, nous voyons évoluer ces adolescents dans leurs jeux, leur éveil à l’amour ; nous pouvons constater à quel point les exhortations à montrer sa valeur, son courage trouvaient là un terrain propice, les jeunes garçons ne pouvant s’empêcher d’idéaliser la guerre. Le jeu des acteurs est très naturel et donne une grande authenticité au film de Bernhard Wicki. La démonstration est terriblement efficace. Couvert de récompenses outre-Rhin, Le pont a été montré à toute une génération d’écoliers allemands.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Folker Bohnet, Fritz Wepper, Michael Hinz, Frank Glaubrecht
Voir la fiche du film et la filmographie de Bernhard Wicki sur le site IMDB.

Remarques :
* Le pont est l’un des premiers films allemands de l’Après-guerre à aborder directement la question de la guerre.

* Remake :
Die Brücke de Wolfgang Panzer (TV, 2008) qui semble généralement mal jugé par ceux qui l’ont vu car plus centré sur l’action.

(1) Dans la réalité, il n’y a eu que trois adolescents placés pour défendre Le pont. L’un d’entre eux, jugeant ce combat inutile et absurde, a déserté le soir même. Le lendemain, il a constaté que ses camarades étaient morts et qu’ils n’avaient, bien entendu, pas réussi à empêcher les américains de passer. C’est pour dénoncer l’endoctrinement de la jeunesse qu’il a décidé d’écrire (sous un pseudonyme) un roman, en étoffant l’histoire.

21 juillet 2014

Un roi à New York (1957) de Charles Chaplin

Titre original : « A King in New York »

Un roi à New YorkFuyant son pays en révolution, le roi Shahdov se réfugie aux Etats Unis. Détroussé par son ancien premier ministre et donc sans argent, il se trouve contraint de faire des publicités… Un roi à New York est un film généralement peu estimé, du moins pas estimé à juste valeur. On le réduit trop souvent à un déversoir de rancoeurs. Certes, c’est le premier film fait par Chaplin en Europe après avoir été expulsé des Etats-Unis (1) et le cinéaste ne se prive pas de montrer les excès de cette paranoïa anticommuniste qui culminait alors, mais le film est aussi un regard sur la société qui l’entoure, l’omniprésence de la publicité, de la télévision, du culte de la jeunesse. Quelques gags parsèment le film ici et là comme toujours avec Chaplin. Les charges les plus virulentes, il les porte par la bouche d’un garçon de dix ans (assez avancé pour son âge quant à sa faculté de raisonnement !) qui est interprété par son propre fils, Michael Chaplin. Roberto Rossellini a dit qu’Un roi à New York était avant tout « le film d’un homme libre »(2).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Oliver Johnston, Dawn Addams
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Remarque :
* Le film ne sortira aux Etats Unis que 15 ans plus tard, à partir de 1972, date de son retour en grâce. Il recevra un Oscar d’honneur (et l’étoile à son nom dans le Hollywood Walk of Fame, qui avait été retirée dans les années cinquante, sera replacée !)

(1) En septembre 1952, alors qu’il se rend avec sa famille en Angleterre, Chaplin apprend en pleine traversée qu’il ne sera pas autorisé à rentrer aux Etats Unis. On l’accuse d’être communiste.

(2) Phrase citée par Noël Simsolo dans son texte « Chaplin et ses images » inclus dans le livre « Chaplin aujourd’hui » sous la direction de Joël Magny (Cahiers du cinéma, 2003).

8 juillet 2014

Mogli pericolose (1958) de Luigi Comencini

Traduction du titre : « Femmes dangereuses »

Femmes dangereusesQuatre couples passent un week-end à la campagne. Pendant que les maris sont partis à la chasse, les femmes parlent des hommes. La jeune Ornella n’est pas d’accord pour dire qu’ils sont tous volages : elle sait qu’elle peut faire confiance à son mari. Son amie Tosca lui propose de faire le pari qu’elle parviendra à le séduire. De retour à Rome, elle met son projet à exécution… Ecrit et réalisé par Luigi Comencini, Mogli pericolose est une comédie légère sur les rapports entre hommes et femmes à l’intérieur du couple et plus précisément sur les dangers de la jalousie excessive. Comme beaucoup des comédies italiennes de cette époque, Mogli pericolose dresse un portrait de la classe moyenne, celle qui sort triomphante de la reconstruction italienne, suffisamment aisée pour oublier tout problème matériel et se concentrer sur ses rapports humains. Le fond est un peu moins superficiel qu’il n’en a l’air même si l’étude n’est pas très profonde. Sans trop forcer le trait ni verser dans la caricature, Comencini utilise les quatre couples pour montrer quatre situations très différentes (confiance, déséquilibre, suspicion, conflit ouvert). L’humour est créé à partir des tensions, des drames qui se nouent. L’ensemble est très amusant, servi par un très bon plateau d’acteurs. On se demande pourquoi le film est si rare.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sylva Koscina, Renato Salvatori, Dorian Gray, Franco Fabrizi, Pupella Maggio, Mario Carotenuto
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Remarques :
* Mogli pericolose n’est jamais sorti en France. Il a été diffusé pour la première fois à la télévision au Cinéma de Minuit de Patrick Brion en mars 2014.

* A propos de l’humour, Comencini précise :
« Une chose est certaine: pour faire un film comique, il faut inventer des histoires vraiment tragiques. (…) Le rire est une manifestation de la méchanceté humaine. Charlot a toujours fait rire seulement avec ses malheurs. Quand finalement les choses s’arrangent pour lui, sur l’écran apparaît le mot « fin ». Beaucoup plus modestement, Mogli pericolose se propose de faire rire en montrant les dangers et les désastres qui plus ou moins pointent le bout du nez dans toutes nos maisons. Dans le film, ces dangers et ces désastres ne pointent pas le bout du nez, ils débordent avec toute leur force, leur insistance aveugle et persistante, et ils font rire. » (interview publié dans Tempo du 25/11/58 cité dans le livre de Jean A. Gili sur Comencini).
C’est une citation très intéressante même si l’on peut penser que Comencini oublie de prendre en compte le recul qu’offre le cinéma et sa fonction de miroir. C’est en tous cas, un beau sujet de réflexion…

5 juillet 2014

Une fille de la province (1954) de George Seaton

Titre original : « The Country Girl »

Une fille de la provinceAprès avoir mis à la porte l’acteur de premier rôle, le metteur en scène d’une comédie musicale doit trouver au pied levé un nouvel acteur-chanteur. Il insiste pour faire accepter par son producteur un chanteur qui a tenu la vedette il y a plusieurs années mais qui n’est plus très actif. De plus il a la réputation d’être alcoolique… Adaptation d’une pièce de Clifford Odet, l’histoire de The Country Girl accumule les poncifs mais le thème de la « seconde chance » est toujours très apprécié outre-Atlantique. Il est ici affublé de relations particulières entre l’acteur et sa femme sur fond de drame familial. En outre, le scénario a été aménagé pour inclure des chansons de Bing Crosby, crooner alors immensément populaire aux Etats Unis. Si William Holden et même Bing Crosby savent garder une certaine mesure, Grace Kelly recherche la performance avec un jeu du style « habitée par son personnage », outrancier, caricatural. Elle reçut un Oscar pour ce rôle (1). Très ennuyeux et terriblement prévisible, le film bénéficie d’une aura qui peut paraître assez incompréhensible.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Bing Crosby, Grace Kelly, William Holden
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(1) Grace Kelly a reçu cet Oscar alors que Judy Garland était donnée largement favorite pour son rôle dans A Star Is Born.

20 juin 2014

Voyage en Italie (1954) de Roberto Rossellini

Titre original : « Viaggio in Italia »

Voyage en ItalieUn couple de bourgeois anglais, Katherine et Alexander, arrivent à Naples pour régler une histoire d’héritage. Ils sont mariés depuis huit ans mais ce voyage les place seuls, face à face, pour la première fois. Ils constatent qu’ils n’ont que peu de choses à se dire et peu d’intérêts communs… L’idée de départ de Rossellini était de porter à l’écran Duo, le roman de Colette. Quand il découvrit que les droits n’étaient pas disponibles, il décida d’écrire lui-même une histoire sur le même thème. Voyage en Italie fut assez critiqué à sa sortie, beaucoup reprochant au réalisateur de tourner le dos au néoréalisme qu’il avait lui-même initié dix ans auparavant (1). C’est certainement réducteur car Rossellini va plus loin : il crée la symbiose entre le réalisme et l’intimiste. Ce couple bourgeois, dont on suppose qu’il donnait toutes les apparences d’un couple uni dans la bonne société londonienne, va être amené vers une véritable introspection au contact d’un monde où tout leur est étranger (autant au niveau de la nationalité, que du milieu social, du mode de vie, de la philosophie de vie). Chacun va tenter à sa façon une prise de contact avec ce monde nouveau mais ne trouver que plus de frustrations. Il faudra une immersion plus grande et que les ultimes défenses tombent pour qu’ils puissent franchir une nouvelle étape. L’art de Rossellini est de bâtir un film d’une grande portée, offrant même plusieurs niveaux de lecture, à partir d’une succession de petits riens, sans grand développement de scénario. Cette apparente simplicité pourra dérouter mais elle force l’admiration car Voyage en Italie est étonnant par sa profondeur ; cela explique certainement pourquoi il fait partie de ces films qui restent ancrés dans nos esprits.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ingrid Bergman, George Sanders
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Remarques :
* La version originale est en anglais. La version doublée en italien passe pour être épouvantable.

* Voyage en Italie est le troisième des cinq longs métrages de Rossellini avec Ingrid Bergman qui, rappelons-le, étaient alors mari et femme. Ces cinq films sont : Stromboli (1950), Europe 51 (1951), Voyage en Italie (1954),  La Peur (1954), Jeanne au bûcher (1954).

* Ingrid Bergman raconte dans son autobiographie à quel point George Sanders était dérouté par les méthodes de travail peu rigoureuses de Rossellini. Son désarroi était donc proche de celui de son personnage. Il était si mal à l’aise qu’il téléphonait très régulièrement à son psy à Los Angeles. Ingrid Bergman, elle, faisait confiance à son mari mais avoue tout de même s’être posée des questions lorsqu’ils ont commencé par aligner les tournages des scènes de musée sans avoir d’idée sur le contenu du reste du scénario (que Rossellini continuait d’écrire au fur et à mesure). (Ingrid Bergman Ma Vie, Fayard 1980).

(1) André Bazin a défendu le film dans une polémique restée célèbre avec Guido Aristarco (critique italien très à gauche, dirigeant-fondateur de la revue Cinema Nuovo).

1 juin 2014

Toto misère et noblesse (1954) de Mario Mattoli

Titre original : « Miseria e nobiltà »

Toto misère et noblesseA la fin XIXe siècle à Naples, deux familles vivent dans le même appartement. Ils n’ont rien mangé depuis trois jours. Un jeune marquis amoureux d’une danseuse leur demande de passer pour ses parents lors d’une visite au père de la belle. Ils acceptent avec empressement à la perspective de faire un bon repas… Adapté d’une pièce de théâtre du napolitain Eduardo Scarpetta, Toto misère et noblesse est réalisé par le napolitain Mario Mattoli et joué par le napolitain Totò, grand comique qui était alors immensément populaire en Italie. Toto misère et noblesse Inutile de dire qu’il tient une grande place dans le film mais il est bien secondé par Enzo Turco et par les seconds rôles, tous très bien tenus. L’humour joue sur la volonté de garder une certaine dignité dans la misère et sur la façon dont ils se prennent au jeu d’être des nobles. Sophia Loren n’a qu’un petit rôle, l’actrice n’était pas encore connue et tournait abondamment. Très amusant, le film connut un grand succès en Italie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Totò, Enzo Turco, Sophia Loren
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Autres adaptations :
* La pièce Miseria e nobiltà avait déjà été adaptée par Corrado D’Errico en 1940 avec Vincenzo Scarpetta, le fils de l’auteur Eduardo Scarpetta, dans le rôle de Pasquale. Le film semble perdu.
* La pièce sera également adaptée par le français Marcel Bluwal pour l’ORTF en 1958 avec Rosy Varte, Jacques Fabbri… et un jeune garçon de 11 ans du nom de Patrick Maurin dans le rôle du petit Pepeniello, jeune acteur qui prendra plus tard le nom de Patrick Dewaere.

14 avril 2014

La fureur de vivre (1955) de Nicholas Ray

Titre original : « Rebel Without a Cause »

La fureur de vivreLe jeune Jim Stark est arrêté pour ivresse au beau milieu de la nuit. Au policier psychologue pour adolescents qui l’interroge, il se désole du manque d’autorité de son père… Des trois grands films de James Dean, La fureur de vivre est le plus emblématique, celui qui a, plus que les autres, créé le mythe attaché à l’acteur. En ce milieu des florissantes années cinquante, toute une jeunesse en butte à des parents incapables de les comprendre s’est identifiée à ce personnage de « rebelle sans cause ». On peut même dire que cette identification a continué de fonctionner sur plusieurs générations, de façon plus ou moins diffuse. Ce qui étonnant, c’est qu’en réalité Jim Stark ne rejette pas vraiment l’image du père, il la cherche plutôt : il reproche au sien le manque d’autorité, son incapacité à lui dire comment il se doit se comporter pour être « un homme ». La petite bande de durs qui attire ces jeunes en manque de repères a, quant à elle, franchi nettement la ligne de la délinquance. Le propos semble donc plus s’adresser aux parents qu’aux enfants, leur intimant d’être présents et de se comporter comme des parents. Si le film est devenu emblématique d’une génération mal comprise, ce n’est donc pas tant par le fond du propos mais par l’angle de vue adopté par Nicholas Ray : de façon très inhabituelle pour l’époque, il adopte en effet le point de vue des jeunes et les parents sont sur le banc des accusés. Le lyrisme de Nicolas Ray donne une indéniable force au film, même si la théâtralité peut paraître excessive. Le clou est bien entendu la scène ultra célèbre de la course de voitures sur la falaise, face au vide. La photographie est assez belle avec une utilisation de la lumière qui évoque par moments l’expressionnisme et une belle utilisation de la couleur (superbe idée du blouson rouge). Le jeu des trois acteurs principaux est très juste : contrairement à ses autres films, le jeu de James Dean ne paraît excessif à aucun moment. La fureur de vivre continue de bénéficier d’une très forte aura. Ce n’est pas le meilleur film de Nicholas Ray mais c’est en tous cas (et de loin, hélas pour ses autres films) son plus grand succès populaire.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Dean, Natalie Wood, Sal Mineo
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Remarques :
* Dennis Hopper, âgé alors de 19 ans à peine, tient le rôle de Goon (à noter que William Hopper, qui tient le rôle du père de Natalie Wood, n’a aucun lien de parenté avec lui).
* Sal Mineo, qui interprète Platon, est âgé de 16 ans au moment du tournage, Natalie Wood 17ans alors que James Dean a déjà 24 ans. Le film est sorti un mois après sa mort.
* La scène d’ouverture, pendant le générique, (James Dean au sol jouant avec le petit singe mécanique) n’était pas écrite. Elle a été improvisée par James Dean.
* Le scénario prévoyait une première scène où l’on voyait un père de famille se faire agresser par une bande de mauvais garçons. Pendant l’agression, il laissait tomber ses paquets de Noël dont un petit singe mécanique. Jugée trop violente par les studios, la scène fut coupée.
* Dans le plan final, l’homme qui marche vers l’entrée du planétarium est Nicholas Ray.

12 avril 2014

La Blonde et le shérif (1958) de Raoul Walsh

Titre original : « The Sheriff of Fractured Jaw »

La blonde et le shérifJonathan Tibbs, digne héritier d’un important magasin d’armes anglais sur le déclin, décide d’aller dans l’Ouest américain pour trouver des acheteurs à ses fusils. Il arrive dans la petite bourgade de Fractured Jaw où deux bandes s’entredéchirent… Dans la vaste filmographie de Raoul Walsh, La blonde et le shérif (The Sheriff of Fractured Jaw) est certainement l’un des films les plus étranges. C’est aussi l’un des westerns les plus curieux. Le registre est clairement celui de l’humour : c’est le décalage entre le flegme britannique et la rustrerie des américains qui en est le moteur principal. Cela donne des situations assez amusantes où le très british Tibbs va déconcerter tout le monde et parviendra ainsi à trouver une issue à des situations inextricables. Raoul Wash tourne en dérision tous les grands poncifs du western, nous avons même droit à l’inévitable partie de poker (qu’il gagne en se faisant conseiller par un chien !) Kenneth More fait un bel abattage, toujours parfaitement dans son personnage. En regardant Jayne Mansfield, on mesure à quel point la Fox désirait alors créer un clone de Marilyn. Hélas, si ses qualités plastiques ne passent pas inaperçues, l’actrice ne parvient pas à aller au-delà, comme Marilyn savait si bien le faire en donnant une profondeur à ses rôles. Au final, La blonde et le shérif est une variante assez farfelue sur le thème du western, franchement surprenante de la part de Raoul Walsh.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kenneth More, Jayne Mansfield, Henry Hull, Bruce Cabot
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Remarques :
* The Sheriff of Fractured Jaw a été tourné entièrement en Europe, en Angleterre mais aussi en Espagne.
* Pour ses chansons, Jayne Mansfield est doublée par Connie Francis.

6 avril 2014

Donnez-lui une chance (1953) de Stanley Donen

Titre original : « Give a Girl a Break »

Donnez-lui une chanceLa star d’un show de Broadway en pleine répétition quitte la troupe sur un caprice. Pour la remplacer, le compositeur, le metteur en scène et son jeune assistant ont chacun leur danseuse préférée… Basé sur une histoire de Vera Caspary, Give a Girl a Break (Donnez-lui une chance) était prévu pour être une grande production. Lorsque les Judy Garland, Fred Astaire, Gene Kelly et autres Ann Miller déclinèrent la proposition, le film est devenu soudain bien plus modeste dans ses ambitions. En matière de comédie musicale de cette période, c’est même l’un des plus petits budgets, le tournage prenant place sur les décors d’un autre film. L’attrait principal de Give a Girl a Break n’est pas à chercher du côté du scénario qui est d’une grande banalité, ni des chansons qui sont au mieux assez moyennes mais plutôt du côté des chorégraphies. Le couple Marge et Gower Champion (mari et femme dans la vie réelle) est le plus remarquable, leur numéro sur les toits est superbe. Le jeune Bob Fosse a également un ou deux beaux numéros avec Debbie Reynolds (qu’il dit avoir lui-même chorégraphiés) où il montre des qualités athlétiques étonnantes, n’hésitant pas à faire un joli saut périlleux arrière. Dommage que ces numéros soient encapsulés dans une histoire si convenue et sans intérêt.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Marge Champion, Gower Champion, Debbie Reynolds, Bob Fosse
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Remarques :
* Gower Champion sera plus tard metteur en scène de show à Broadway et Bob Fosse sera le réalisateur de Cabaret (1972), Lenny (1974), Que le spectacle commence (1979)…
* D’après Martin Gottfried (dans son livre All his Jazz : The life and death of Bob Fosse), Stanley Donen a insisté auprès de Bob Fosse pour qu’il fasse ce superbe saut périlleux arrière dans le numéro avec Debbie Reynolds, l’entrainant pour cela pendant des heures. La première prise fut la bonne. Ce que Stanley Donen n’a pas su, c’est que Bob Fosse avait pris l’avion pour New York afin de travailler le saut arrière avec un entraineur professionnel pendant deux jours entiers juste avant de tourner la scène.

4 avril 2014

Close to My Heart (1951) de William Keighley

Close to My HeartLorsque qu’elle apprend avec certitude qu’elle ne pourra avoir d’enfants, Midge Sheridan convainc son mari d’en adopter un. Pour éviter d’avoir à attendre plus de deux ans sur la liste d’attentes du centre d’adoption, elle se prend d’affection pour un bébé trouvé dont personne ne connait les origines… Close to My Heart est tiré d’un roman de James R. Webb qui en a écrit lui-même l’adaptation. On peut aisément comprendre que Gene Tierney, qui avait donné naissance à un enfant handicapé mental quelques années auparavant et dont le mariage était si instable, ait été attirée et touchée par ce personnage de femme ressentant un fort besoin de maternité. Elle se donne ici pleinement et fait une belle prestation. Le fond du propos est de chercher à convaincre le public que la méchanceté et les pulsions criminelles ne se transmettent pas par les gènes mais par l’environnement dans lequel l’enfant grandit. Cette démarche n’était certainement pas inutile à l’époque (certaines croyances ne subsistent-elles d’ailleurs pas encore de nos jours ?) Si les intentions sont louables, le résultat n’en est pas moins conventionnel pour autant et le film manque singulièrement de relief dans son développement. Assez méconnu, Close to My Heart est l’avant dernier film de William Keighley, réalisateur de la Warner qui a surtout signé des gangsters films dans les années trente, notamment avec James Cagney.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Ray Milland, Gene Tierney
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