24 juin 2013

Les Soeurs de Gion (1936) de Kenji Mizoguchi

Titre original : « Gion no shimai »

Les soeurs de GionLorsque le commerçant Furusawa fait faillite, il se réfugie chez la geisha Umekichi qui se sent moralement tenue de lui venir en aide. Elle vit avec sa jeune soeur, Omocha, qui a une vision bien différente des hommes qu’elle cherche à utiliser à son profit… Dans la lignée de L’Elégie de Naniwa tourné quelques mois auparavant, Kenji Mizoguchi se penche une nouvelle fois sur la position de la femme dans la société japonaise avec Les Soeurs de Gion. Le monde des geishas lui permet d’avoir deux personnages aux tempéraments marqués et en totale opposition : la soeur la plus âgée s’inscrit dans la tradition, elle est soumise aux hommes, prête à tout accepter pour leur bien-être tandis que la soeur la plus jeune est moderne, cynique, adroite pour manipuler les hommes et exploiter leurs faiblesses à son seul profit. Mizoguchi nous démontre que quelle que soit l’attitude de la femme, elle sera au final utilisée par l’homme et en sortira meurtrie. Une fois encore, l’argent est l’un des agents de cette dépendance. Le constat est implacable et la démonstration suffisamment efficace pour avoir marqué et choqué les esprits de l’époque. Dans Les Soeurs de Gion, le cinéma de Mizoguchi montre déjà une certaine perfection. La construction est admirable. Le cinéaste utilise de longs plans-séquence qui apportent beaucoup de force, de contenu et d’authenticité à son récit. Aucune scène, aucun plan ne semble inutile. Le regard porté par Mizoguchi est extérieur, il ne peut y avoir d’identification du spectateur à l’un des personnages, et pourtant c’est une vision très profonde et intime qu’il nous offre.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Isuzu Yamada, Yôko Umemura, Benkei Shiganoya
Voir la fiche du film et la filmographie de Kenji Mizoguchi sur le site IMDB.

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Remarque :
Le scénario est signé par Yoshikata Yoda et Kenji Mizoguchi,  libre adaptation d’un roman de l’écrivain russe Alexandre Kouprine « La Fosse aux filles » (1915).

23 juin 2013

Les Quatre Plumes blanches (1939) de Zoltan Korda

Titre original : « The Four Feathers »

Les quatre plumes blanchesA la veille du départ de son unité pour le Soudan, le jeune officier Harry Feversham démissionne de l’armée. Ses trois compagnons lui envoient chacun une plume blanche, symbole de la lâcheté. Sa fiancée se détourne de lui et lui donne une quatrième plume blanche. Blessé dans son honneur, le jeune homme est bien décidé à prouver sa valeur et s’embarque incognito pour l’Afrique… The Four Feathers est un classique du roman d’aventures de l’anglais A.E.W. Mason. Il a été porté de nombreuses fois à l’écran et cette version des frères Korda est considérée comme étant la meilleure. Le film fait partie des premiers grands films en Technicolor, procédé qui permet de donner aux scènes une belle ampleur. Il fut tourné sur place, au Soudan, non sans difficultés du fait de la chaleur. Le nombre de figurants lors des batailles est impressionnant et le film ne faillit pas dans sa recherche du spectaculaire. Sur le fond, le film exalte l’héroïsme individuel et la tradition britannique de bravoure ; on est toutefois  en droit de s’interroger sur la santé mentale d’une personne qui aurait accompli un tel parcours uniquement par fierté (!) Le film exalte également la grandeur de l’Empire britannique et on peut y déceler de petites pointes de racisme.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Clements, Ralph Richardson, C. Aubrey Smith, June Duprez
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Remarques :
* Les frères Korda : Zoltan Korda réalise, Alexandre Korda produit et Vincent Korda crée les décors.
* Le contexte historique du roman est conforme à la réalité : l’expédition anglaise au Soudan menée par Lord Kitchener (1896-1898) s’acheva par la victoire des anglais à Omdurman. Cette bataille fut un massacre ; côté soudanais : 10 000 tués, 13 000 blessés, 5 000 prisonniers ; côté anglais : 47 tués et 380 blessés. Les anglais purent reprendre le contrôle du Soudan et sécuriser leurs positions en Egypte.
* Zoltan Korda tournera une seconde version de The Four Feathers en 1955 dans laquelle il réutilisera le scénario et certaines des scènes de bataille, dont la bataille finale.

Les différentes adaptations du roman de A.E.W. Mason :
1. Four Feathers de J. Searle Dawley (1915, USA, muet)
2. The Four Feathers de René Plaissetty (1921, UK, muet) avec Harry Ham
3. The Four Feathers de Merian C. Cooper, Lothar Mendes et Ernest B. Schoedsack (1929, USA, muet) avec Richard Arlen et Fay Wray
4. Les Quatre Plumes blanches (The Four Feathers) de Zoltan Korda (1939, UK)
5. Les 4 Plumes blanches (Storm over the Nile) de Zoltan Korda et Terence Young (1955, UK) avec Anthony Steel
6. Les Quatre Plumes blanches (The Four Feathers) de Don Sharp (TV 1978, UK) avec Beau Bridges
7. Frères du désert (The Four Feathers) de Shekhar Kapur (2002, USA) avec Heath Ledger et Kate Hudson.

22 juin 2013

Poppy (1936) de A. Edward Sutherland

PoppyVendeur itinérant d’un élixir censé faire repousser les cheveux, le Professeur Eustace McGargle voyage de ville en ville avec sa fille Poppy. Dans une petite bourgade, le fils du maire tombe amoureux de Poppy. Apprenant que l’on recherche la jeune héritière d’une vaste propriété, son père a l’idée de faire passer Poppy pour cette fille perdue… Poppy est la seconde adaptation d’une petite pièce que W.C. Fields jouait sur scène avec Madge Kennedy dans les années vingt (1). Si le comédien nous livre quelques bons mots dont il a le secret, ceux-ci sont moins nombreux que d’habitude. Fields paraît en petite forme et il l’était réellement : malade pendant toute la production, toutes les scènes où il est assez loin de la caméra sont jouées par sa doublure Johnny Sinclair qui porte un masque. On estime que seulement 25% des scènes ont été tournées par W.C. Fields lui-même. Et pour ne rien arranger, l’acteur s’est cassé une vertèbre vers la fin du tournage, lui provoquant des douleurs terribles. Sachant tout cela, on peut être un tant soit peu indulgent envers Poppy et la prestation de W.C. Fields mais il faut bien reconnaitre que nous loin de ses meilleures productions.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: W.C. Fields, Rochelle Hudson, Richard Cromwell
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(1) Précédente adaptation :
Sally, fille de cirque (Sally of the Sawdust) film muet de David W. Griffith (1925) avec W.C. Fields et Carol Dempster.

21 juin 2013

La Déchéance de Miss Drake (1933) de Stephen Roberts

Titre original : « The Story of Temple Drake »

The Story of Temple DrakeJeune fille de bonne famille, Temple Drake mène une vie dissolue au grand désespoir de son grand-père, juge respectable qui en a la charge. Lors d’une de ses escapades trop arrosées qui s’achève par un accident de voiture, elle se retrouve hébergée de force par un gang de trafiquants d’alcool. Le chef Trigger a tout de suite des vues sur elle… L’adaptation du roman à scandale de William Faulkner Sanctuaire avait de quoi affoler tous les défenseurs de la morale. Il s’agit d’un roman sulfureux, écrit par Faulkner dans le but avoué de gagner de l’argent, qui décrit de façon explicite la déchéance pleinement acceptée d’une jeune fille de bonne famille du Sud dans la prostitution et la criminalité (1). Bien entendu, des concessions durent être faites, tout est suggéré et la fin fut entièrement modifiée pour redevenir morale, mais The Story of Temple Drake est un film qui marque par son atmosphère trouble. Tous les personnages de la bande de malfrats sont assez énigmatiques avec un petit côté fascinant. Ils habitent dans une de ces grandes demeures typiques du Sud, à demi-délabrée, très photogénique. La photographie et les éclairages sont absolument superbes, ils contribuent à conférer un caractère étrange à l’ensemble. La scène dans la grange, avec ses éclairages en claire-voie, est une merveille. The Story of Temple Drake est un film vraiment fascinant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Miriam Hopkins, William Gargan, Jack La Rue, Florence Eldridge, Guy Standing, Irving Pichel
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Remarques :
The Story of Temple Drake* Le directeur de la photographie est Karl Struss, l’un des plus grands, il a travaillé avec Cecil B. DeMille, D.W. Griffith, Murnau (il a reçu un Oscar pour L’Aurore) et Chaplin.
* La carrière de Stephen Roberts sera hélas interrompue en 1936 par son décès dû à une crise cardiaque. Il n’avait alors que 40 ans.
* The Story of Temple Drake fut expurgé ou même entièrement interdit dans plusieurs états. Le film est souvent cité comme ayant joué un rôle de déclencheur dans la mise en place du Code Hays. Ce code très strict de moralité sera en effet mis en place définitivement l’année suivante, en 1934. Le film sera alors retiré des écrans et restera invisible pendant une vingtaine d’années.

(1) « J’ai songé à ce que je pouvais imaginer de plus horrible et je l’ai mis sur le papier. » a écrit Faulkner à propos de Sanctuaire.

Remake :
Sanctuaire (Sanctuary) de Tony Richardson (1961) avec Lee Remick et Yves Montand

20 juin 2013

L’Élégie de Naniwa (1936) de Kenji Mizoguchi

Autre titre français : « L’Élégie d’Osaka »
Titre original : « Naniwa erejî »

L'élégie d'OsakaAyako est une jeune standardiste. Son père est criblé de dettes. Pour sauver sa famille de la disgrâce et permettre à son frère d’achever ses études, Ayako accepte les avances de son patron… L’Élégie de Naniwa est la première collaboration de Kenji Mizoguchi avec Yoshikata Yoda qui deviendra son scénariste attitré. Le film met en relief les travers machiste de la société japonaise de cette époque où la femme est utilisée comme une marchandise aussi bien par ses proches que par ses employeurs. Loin de pouvoir en tirer avantage, la femme ne récolte que blâme et rejet. Le constat est assez dur, sans appel : de tous les personnages, seule l’héroïne attire la sympathie, les autres personnages, surtout les hommes, sont vils ou lâches ou hypocrites. L’image du père y est malmenée. Comme l’historien Charles Tesson le souligne, on peut aussi voir une certaine influence du cinéma américain, de Lubitsch notamment, dans la mise en place de certaines scènes, en particulier celles montrant les rapports entre le patron et sa femme. Ces petits moments de légèreté ne détonnent nullement dans ce drame réaliste d’une grande force. L’Élégie de Naniwa fait partie des tous premiers films parlants de Mizoguchi.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Isuzu Yamada, Benkei Shiganoya, Yôko Umemura
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Remarque :
Naniwa était l’ancien nom d’Osaka.

27 mai 2013

La Parade du rire (1934) de William Beaudine

Titre original : « The Old-Fashioned Way »

La Parade du rireA la tête d’une troupe de théâtre itinérante, The Great McGonigle (W.C. Fields) laisse des notes d’hôtel impayées et doit ruser pour échapper aux hommes de loi qui le poursuivent. Il arrive dans la ville de Bellefontaine qui abrite l’une de ses grandes admiratrices, une riche veuve qui rêve de jouer sur les planches… The Old-Fashioned Way a un petit côté autobiographique puisque W.C. Fields a débuté sa carrière dans le show business en étant jongleur dans une troupe itinérante et le film nous fait revivre les conditions de vie d’une telle petite compagnie au tout début du XXe siècle. W.C. Fields nous gratifie même d’une reprise de son numéro de jonglage avec son numéro avec les boites de cigares où il nous prouve qu’il n’a pas tant perdu la main. Mais les scènes les plus célèbres du film sont certainement celle où il voit son repas perturbé par un jeune bambin espiègle qu’il ne peut réprimander comme il le souhaiterait (il parvient tout de même à lui administrer un gigantesque coup de pied au derrière, ce qui a beaucoup choqué) et celle où il doit auditionner la riche veuve (il n’y a que W.C. Fields pour donner à un personnage le nom de Cleopatra Pepperday !). Même s’il n’est sans doute pas à ranger parmi les meilleurs films de W.C. Fields, The Old-Fashioned Way reste amusant, l’acteur comique montrant beaucoup de subtilité dans son jeu.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: W.C. Fields, Joe Morrison, Judith Allen, Jan Duggan
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Remarques :
* Le bambin est joué par Baby Leroy qui, à l’âge de deux ans, en était déjà à son 6e film.
* On raconte que W.C. Fields aurait versé du gin dans le biberon de Baby Leroy avant de déclarer, quand le bébé s’est affalé : « Je vous l’avais bien dit qu’il ne tiendrait pas le coup ! »  Difficile, toutefois, de savoir si l’anecdote est vraie…
* La pièce jouée par la troupe du Grand McGonigle est The Drunkard, une pièce dramatique ultra-célèbre du milieu du XIXe siècle. Elle fait partie des temperance play, c’est-à-dire des spectacles écrits pour lutter contre l’alcoolisme. Cette pièce sera ultérieurement portée à l’écran sous forme de comédie ou de parodie :
The Drunkard (1935) de Albert Herman avec James Murray
The villain still pursued her (1940) de Edward F. Cline avec Buster Keaton

28 avril 2013

Les Chasses du comte Zaroff (1932) de Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel

Titre original : « The Most Dangerous Game »
Titre français original : « La Chasse du comte Zaroff »

La chasse du comte ZaroffDans une partie de l’océan mal cartographiée, le célèbre chasseur de fauves Bob Rainsford est le seul survivant d’un naufrage. Sur l’île soit-disant inhabitée où il a échoué, il découvre un château-forteresse. Il y est accueilli très civilement par le comte Zaroff. Ce personnage étrange, lui-même également grand chasseur, lui affirme chasser sur son île le gibier le plus dangereux qui soit… Le début des années trente fut une période assez riche en grands films fantastiques et Les Chasses du comte Zaroff fait partie des tous meilleurs d’entre eux. Adapté d’une nouvelle de Richard Connell, ce film mêle brillamment aventures et fantastique. Il est souvent classé parmi les films d’horreur, ce qu’il n’est absolument pas, c’est beaucoup plus un film d’aventures et son côté fantastique est plus à rapprocher du fantastique des contes et légendes. Les Chasses du comte Zaroff est empreint d’une atmosphère inquiétante mais aussi extrêmement fascinante. Il est assez court (1), très direct et explicite, sans développement d’intrigues annexes perturbatrices ce qui amplifie son impact et le fait paraître toujours si audacieux à nos yeux modernes. C’est une  belle (et forte) variation sur le thème du « chasseur qui devient chassé ». Un film admirable.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Joel McCrea, Fay Wray, Leslie Banks, Robert Armstrong
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Most Dangerous game

Remarques :
La chasse du comte Zaroff* Les Chasses du comte Zaroff est un film qui a été plus ou moins mis de côté pendant de nombreuses années. La robe de Fay Wray, jugée indécente par les ligues de vertu, aurait été l’une des raisons principales de sa mise à l’écart des circuits de distribution. Le film a été « redécouvert » dans les années soixante, époque où il a commencé à circuler dans les ciné-clubs, entouré (à juste titre) d’une forte aura.
* Le tournage de King Kong s’est fait simultanément dans les mêmes décors de forêt (le film n’est sorti que l’année suivante, toutefois). On retrouve aussi certains des acteurs, Fay Wray en tête.

Remakes :
A Game of Death de Robert Wise (1945) avec John Loder et Audrey Long
La Course au soleil (Run for the Sun) de Roy Boulting (1956) avec Richard Widmark, Trevor Howard et Jane Greer
En outre, le film et la nouvelle de Richard Connell ont été une source d’inspiration pour une multitude de films de qualité bien inégale…

(1) Au départ le film durait 78 minutes au lieu des 63 minutes finales. La scène de la salle des trophées est notamment beaucoup plus longue, le comte se délectant d’expliquer comment chacun était mort. Lors de séances avec un public test, certaines personnes, très mal à l’aise, voulurent quitter la salle… Ces scènes ont donc été coupées.

Les Chasses du comte Zaroff

27 mars 2013

Samson (1936) de Maurice Tourneur

SamsonJacques Brachart est un financier qui a bâti sa fortune seul en utilisant des méthodes expéditives et parfois brutales. Il cherche à gagner une certaine respectabilité en demandant en mariage la fille d’une famille de nobles. Etant sans le sou, la famille pousse la jeune femme à accepter… Samson est la seconde adaptation d’une pièce d’Henri Bernstein. Dans cette histoire, tous les personnages sont détestables : à la férocité du financier répond la suffisance et le mépris des aristocrates. Ce pourrait être un portrait acide montrant le rôle de l’argent mais l’histoire mêle maladroitement une dimension sentimentale et perd toute sa force. Le passage qui donne au film son titre manque singulièrement d’intensité. Harry Baur fait une bonne interprétation avec, comme toujours, une belle présence et Maurice Tourneur nous gratifie de quelques scènes tourbillonnantes fort bien maitrisées mais c’est la faiblesse du scénario qui pénalise Samson.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Harry Baur, Gaby Morlay, André Luguet, Suzy Prim
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Précédente adaptation de la pièce  :
Samson d’Edgar Lewis (USA, 1915) avec William Farnum et Maude Gilbert (film perdu).

26 mars 2013

La Banque Nemo (1934) de Marguerite Viel

La banque NemoVendeur de journaux, Gustave Labrèche se fait embaucher comme commis à la banque Nemo. A force d’intrigues et d’escroqueries, il parvient à devenir fondé de pouvoir de la banque… La Banque Nemo est sorti à une époque troublée par l’Affaire Stavisky. Le film est toutefois adapté d’une pièce de théâtre de Louis Verneuil qui était jouée deux ans avant l’affaire. Le film eut des soucis avec la censure, principalement à cause de la scène du conseil des ministres qui montre très crument comment les politiques préfèrent étouffer une affaire lorsqu’elle pourrait les éclabousser. Cette scène fut purement et simplement coupée à la sortie du film. Elle est pourtant l’un des plus remarquables du film. Acteur de théâtre de boulevard très connu à l’époque, Victor Boucher reprend le rôle qu’il tenait sur les planches, comme plusieurs des seconds rôles d’ailleurs. L’ensemble manque quelque peu de brillance et de panache mais il y a de bonnes répliques. On notera que Marguerite Viel est l’une des rares réalisatrices des années trente (1). Sa mise en scène est, il faut bien l’avouer, un peu terne. La Banque Nemo est un film assez rare car il fut rapidement retiré des circuits.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Victor Boucher, Mona Goya, Charles Fallot
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(1) Marguerite Viel a réalisé trois longs métrages :
La Jungle d’une grande ville (1930), film franco-tchécoslovaque co-réalisé avec Leo Marten
Occupe-toi d’Amélie (1932) co-réalisé avec Richard Weisbach
La Banque Nemo (1934) qu’elle a réalisé seule.
Les réalisatrices françaises dans les années trente sont très rares. Outre Marguerite Viel, on peut citer Marie Epstein (la soeur de Jean Epstein), Solange Térac (ou Solange Bussi). Les réalisatrices de documentaires ne sont guère plus nombreuses : Lucie Derain, Claudine Lenoir, Lucette Gaudard.

25 mars 2013

Ces messieurs de la Santé (1934) de Pierre Colombier

Ces messieurs de la santéLe banquier Tafard s’évade de prison et se fait engager comme veilleur de nuit dans un magasin de corsets tenu par Mme Génissier et son fils. Rapidement, il prend en main les affaires… Ces messieurs de la santé est sorti deux ou trois mois seulement après l’Affaire Stavisky dont il s’inspire partiellement. Ce scandale financier est toutefois ici mis en scène bien plus légèrement que ne le fera Alain Resnais quarante ans plus tard. Le ton général est celui d’une comédie et c’est Raimu qui tient le rôle du banquier avec toute sa verve et sa gestualité. Il en fait beaucoup, sans doute un peu trop parfois mais quand Raimu cabotine, c’est toujours un grand plaisir. Les dialogues sont excellents et permettent à l’acteur de belles envolées. Sur le fond, le propos certes fustige l’affairisme des « faiseurs d’argent » mais aussi, et même surtout, montre bien que cet affairisme n’existe que par la cupidité de tout un chacun. Le film est un délice. Raimu est un acteur vraiment unique.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Raimu, Lucien Baroux, Pauline Carton, Edwige Feuillère
Voir la fiche du film et la filmographie de Pierre Colombier sur le site IMDB.

Remarque :
Ces messieurs de la santé est adapté d’une pièce de Paul Armont et Léopold Marchand.

Autres films sur l’Affaire Stavisky :
Stolen Holiday de Michael Curtiz (1937) avec Kay Francis et Claude Rains
Stavisky d’Alain Resnais (1974) avec Jean-Paul Belmondo.