15 janvier 2015

François Premier (1937) de Christian-Jaque

François PremierAfin de mieux interpréter le rôle de François 1er au théâtre, Honorin (Fernandel) se fait hypnotiser par un mage qui le transporte plusieurs siècles en arrière à l’époque de la Renaissance, à Amboise… Taillé sur mesure pour Fernandel, François Premier est l’un des plus gros succès des années trente pour l’acteur. Il faut bien avouer que l’humour, souvent un peu trop appuyé, a quelque peu vieilli mais il y a de belles trouvailles de scénario : notre voyageur prédit l’avenir des hommes illustres grâce à son petit Larousse, il copine de façon inattendue avec un fantôme et, surtout, il se fait torturer par un inquisiteur qui lui fait lécher les pieds par une chèvre. Tout l’humour repose sur les anachronismes, le personnage ayant pris soin de partir voyager dans le temps avec des objets qui se révèleront être bien utiles. Le film est assez peu courant aujourd’hui. A condition de faire preuve d’un peu d’indulgence, on pourra le trouver plaisant…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Fernandel, Mona Goya, Alexandre Rignault, Henri Bosc, Aimé Simon-Girard, Alice Tissot
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Fernandel dans François Premier de Christian-Jaque
Fernandel dans François Premier (1937) de Christian-Jaque.

13 janvier 2015

Quatre au paradis (1938) de Michael Curtiz

Titre original : « Four’s a Crowd »

Quatre au paradisExpert en matière de public relations, Bob Lansford est prêt à tout pour avoir pour client le millionnaire Dillingwell. De son côté, la journaliste Jean Christy veut tout faire pour sauver son journal dirigé par le mollasson Buckley qui fréquente la petite fille de Dillingwell… Inquiet de se retrouvé cantonné aux rôles d’action tels que Robin des Bois, Errol Flynn demanda à la Warner de le faire jouer dans d’autres types de films. Four’s a Crowd est une comédie screwball (1) dont l’histoire est hélas un peu confuse. Errol Flynn y montre certes des talents pour la comédie mais c’est Rosalind Russell (empruntée à la M.G.M.) qui lui vole la vedette, montrant comme toujours une belle présence à l’écran. Olivia de Havilland est dans un rôle de jeune ingénue, comme ce fut souvent le cas au début de sa carrière (elle n’a alors que 21 ans). On ne retrouve pas ici les dialogues enlevés qui sont le bonheur du genre mais le film a de bons moments ; la fin est particulièrement réussie. Hélas pour Flynn, le film ne connut pas le succès espéré ce qui conforta la Warner à l’employer pour d’autres films d’action.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Errol Flynn, Olivia de Havilland, Rosalind Russell, Patric Knowles, Walter Connolly
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Four's a Crowd de Michael Curtiz
(de g. à d.) Patric Knowles, Olivia de Havilland, Rosalind Russell et Errol Flynn, le quatuor de Four’s a Crowd de Michael Curtiz.

(1) Le terme screwball désigne un genre de comédies américaines qui fut très populaire entre 1934 et 1942 à base de situations saugrenues, de dialogues enlevés et utilisant le plus souvent les rapports homme/femme comme ressort de l’humour.

21 décembre 2014

Le Mouchard (1935) de John Ford

Titre original : « The Informer »

Le mouchardDans l’Irlande des années 20 sous domination anglaise, Gypo Nolan vit misérablement et rêve de pouvoir impressionner Katie qui désire tant partir en Amérique. Il est ami avec Frankie qui appartient à l’Armée Républicaine clandestine et dont la tête est mise à prix… Il n’est guère surprenant que John Ford ait eu des difficultés à faire accepter cette adaptation d’un roman de Liam O’Flaherty (1). Pour réaliser cette oeuvre anti-commerciale par excellence, John Ford n’eut finalement droit qu’à un plateau de second ordre, un « couloir » dont l’état de vétusté l’obligea à utiliser beaucoup de brouillard. Il demanda à son directeur de la photographie Joseph August de lui donner des tonalités similaires à celle de L’Aurore de Murnau. John Ford donne à cette histoire d’une belle simplicité une très grande force. Victor McLaglen a ici une présence phénoménale. Après des débuts difficiles, le film connut un grand succès et rafla quatre Oscars.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Victor McLaglen, Heather Angel, Preston Foster, Wallace Ford
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Remarques :
* Anecdote célèbre rapportée par Robert Parrish (qui fut figurant et assistant-monteur sur ce film) :
Le premier jour de tournage, John Ford fit réunir toute l’équipe pour présenter le producteur délégué : « Le monsieur que voici est un producteur délégué ». Il lui fit doucement tourner la tête pour que tout le monde puisse le voir de face et de profil. « Regardez-le bien parce que vous ne le reverrez plus sur le plateau d’ici la fin du tournage ! ». Et il serra la main du producteur en lui disant : « Merci d’être venu, Cliff ! Nous nous reverrons au moment des rushes. » (in J’ai grandi à Hollywood de Robert Parrish, Stock 1980). A noter que le producteur en question est Cliff Reid.

* Autre anecdote tout aussi célèbre :
Lorsque, le dernier jour, le même producteur vint sur le plateau pour dire sa satisfaction que le tournage soit fini dans les temps et, chose très imprudente, qu’il trouvait les derniers rushes de la scène de l’interrogatoire fantastiques, John Ford (qui, lui, n’avait pas encore regardé les rushes en question) fit revenir l’équipe : « Ce n’est pas fini : on refait la scène de l’interrogatoire ! » Et le tournage dura deux jours de plus.

* On peut noter l’utilisation ponctuelle de la caméra subjective.

* Précision : 1 livre de 1920 équivaut environ à 50 euros actuel, ce qui met par exemple le prix de la traversée (10 £) à 500 euros.

Précédente adaptation :
The Informer de Arthur Robison (1929) avec Lars Hanson, film anglais mi-muet, mi-parlant.
Remake :
Point noir (Uptight) de Jules Dassin (1968) avec Raymond St. Jacques, l’histoire étant transposée dans le milieu des militants révolutionnaires noirs.

(1) Le film a finalement été financé par Joe Kennedy, le père du futur président, pour la RKO qui pensait que le film pouvait faire office d’oeuvre de prestige.

The Informer de John Ford
Victor McLaglen est le mouchard dans le film The Informer de John Ford.

12 décembre 2014

L’Impératrice rouge (1934) de Josef von Sternberg

Titre original : « The Scarlet Empress »

L'impératrice rougeJeune princesse prussienne, Sophie Frédérique d’Anhalt, a été choisie par l’impératrice de toutes les Russies Elisabeth pour épouser son neveu, grand duc et futur empereur. Après un long voyage, elle arrive à la cour de Russie où elle découvre que son futur époux n’est qu’un simple d’esprit… Réponse de la Paramount à La Reine Christine avec Greta Garbo (grande rivale de Marlene), L’Impératrice rouge raconte le parcours de Catherine II de Russie jusqu’à son arrivée au pouvoir. Plus qu’un film historiquement fidèle, c’est surtout l’oeuvre d’un grand créateur qui modèle l’Histoire pour en faire un spectacle assez unique, d’un esthétisme très personnel. Par les décors, Josef von Sternberg a créé un univers tourmenté, morbide, extravagant dans sa démesure, peuplé de statues grimaçantes tout en contraste avec la beauté des visages, particulièrement celui de Marlene Dietrich magnifié par un éclairage travaillé. Entre les mains de son pygmalion, l’actrice est absolument superbe, L'impératrice rouged’une grande prestance qui semble naturelle. Son personnage se joue des hommes. L’érotisme sous-jacent de certaines scènes est patent. La mise en scène baroque et très personnelle a dérouté : L’Impératrice rouge fut mal reçu par la critique à sa sortie, jugé trop extravagant. Si les opinions ont changé depuis, il ne fait toujours pas l’unanimité, loin de là. C’est certainement pourtant le plus beau (avec Shanghai Express) des sept films que Josef von Sternberg a tourné avec Marlene Dietrich…
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Marlene Dietrich, John Lodge, Sam Jaffe, Louise Dresser, C. Aubrey Smith
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Remarques :
* Dans les toutes premières scènes, Sophie enfant est interprétée par Maria Riva, la propre fille de Marlene Dietrich. Elle avait alors neuf ans (en outre, la fillette travaillait déjà avec sa mère au choix de ses robes). Maria Riva raconte le tournage dans son (volumineux) livre Marlene Dietrich (Flammarion, 1993).

Marlene Dietrich dans L'Impératrice Rouge, The Scarlet Empress de Josef von Sternberg (1934)
Marlene Dietrich et les sculptures tourmentées conçues par Josef von Sternberg pour L’Impératrice Rouge (The Scarlet Empress, 1934)

L'impératrice rouge
Sam Jaffe (l’à demi-fou grand-duc Pierre III de Russie) et Marlene Dietrich (Catherine II de Russie) dans L’Impératrice rouge de Josef von Sternberg (The Scarlet Empress, 1934)

Marlene Dietrich dans Scarlet Empress
Marlene Dietrich (Catherine II passant en revue d’un oeil gourmand sa garde personnelle…) dans L’Impératrice rouge de Josef von Sternberg (The Scarlet Empress, 1934)

7 décembre 2014

The Mayor of Hell (1933) de Archie Mayo

Titre français : « Le Bataillon des sans-amour »

Le Bataillon des sans-amourUn groupe de jeunes mineurs délinquants est envoyé dans une maison de redressement dirigée par un directeur sadique et malhonnête. Choqué par les mauvais traitements lors d’une visite, l’ex-gangster Patsy Gargan (James Cagney) se fait nommer à la tête de l’établissement et met en place un tout autre système…
The Mayor of Hell fait partie de ces films de la Warner ancrés dans la réalité de la Grande Dépression du début des années trente. Il s’agit ici d’attirer l’attention sur l’incapacité des méthodes dures pour remettre les jeunes délinquants dans le droit chemin. L’idée est de proposer une variante d’autogestion qui pousse les jeunes à se responsabiliser. Le tableau est un peu idyllique mais si le film n’est pas vraiment convaincant, ce n’est pas tant pour les idées développées que du fait d’un équilibre un peu bancal entre film social et film de gangster : le personnage de James Cagney est mal défini. Une petite note de romance vient embrouiller encore plus les choses avec Madge Evans en infirmière qui ne semble pas tout à fait à sa place. On notera aussi de nombreux stéréotypes, notamment raciaux. Le film a été refait deux fois à la fin des années trente.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: James Cagney, Madge Evans, Frankie Darro
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Remarques :
* Michael Curtiz aurait participé à la réalisation.
* Frankie Darrio, qui joue le jeune Jimmy, avait alors 16 ans et déjà 10 ans d’expérience en tant qu’acteur ! Il a fait ensuite une longue carrière (181 films au compteur). Pour l’anecdote, c’est lui qui était dans le robot de Forbidden Planet (1955).

*Remakes :
L’école du crime (Crime School) de Lewis Seiler (1938) avec Humphrey Bogart et les Dead End Kids
Hell’s Kitchen de E.A. Dupont et Lewis Seiler (1939) avec Ronald Reagan et les Dead End Kids.

The Mayor of Hell
(g. à d.) James Cagney, Frankie Darrio et Madge Evans

25 novembre 2014

Les Hors-la-loi (1935) de William Keighley

Titre original : « G-Men »

G'Men - Les hors la loiUn jeune avocat sans clientèle décide de s’engager dans le FBI après avoir vu l’un de ses amis se faire tuer alors qu’il tentait d’arrêter un hors-la-loi… G-Men est un film assez important car il marque un tournant : à la suite de la mise en place du code Hays (code de censure) en 1934, il n’était en effet plus possible de glorifier les gangsters. La Warner trouve la parade en mettant comme personnage principal un agent fédéral traquant les gangsters, ce qui leur permet d’avoir toujours autant de violence et d’action à l’écran. James Cagney, que l’on avait si souvent l’habitude de voir en petit malfrat, passe ainsi de l’autre côté de la barrière pour incarner un agent du FBI. Son personnage fait montre de la même vitalité et du même esprit d’indépendance qu’auparavant. Tout cela nous donne un film au tempo assez rapide et doté de beaucoup d’action, un des meilleurs gangster films des années trente.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: James Cagney, Margaret Lindsay, Ann Dvorak, Robert Armstrong, Barton MacLane, Lloyd Nolan
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G'Men - Les hors la loi Remarques :
* Initialement hostile au projet de film, le directeur du FBI J. Edgar Hoover a finalement approuvé le script et a détaché des agents auprès de la production pour s’assurer que tout serait conforme à la réalité dans les moindres détails. Certaines scènes (fusillade à la gare, fusillade à l’hôtel) sont basées sur des évènements réels.

* Dans la première moitié du XXe siècle aux Etats-Unis, les unités spéciales traquant les hors-la-loi étaient de deux types : les G-Men qui étaient agents du FBI et les T-Men qui étaient des agents spéciaux du fisc.

* Une scène d’introduction a été ajoutée en 1948, montrant un groupe de nouvelles recrues du FBI auxquelles on va projeter le film. Parmi les acteurs jouant ces nouvelles recrues, on peut noter la présence de Douglas Kennedy.

G'Men
(g. à d.) Russell Hopton, James Cagney, Edward Pawley et Barton MacLane dans G-Men.

G'Men (1935)
James Cagney et Margaret Lindsay – Photo publicitaire pour G-Men (1935).

21 novembre 2014

Les conquérants (1939) de Michael Curtiz

Titre original : « Dodge City »

Les conquérantsEn 1872, Wade Hutton est un convoyeur de troupeaux à l’esprit aventurier et indépendant. Sa destination est Dodge City, ville ou règne le désordre et un certain Jeff Surrett. Voyant qu’il est le seul à pouvoir tenir tête aux hors-la-loi, les habitants lui proposent de le nommer shérif… La fin des années trente marque un renouveau du western avec plusieurs grandes productions. La Warner a ainsi confié un important budget à Michael Curtiz pour un film dans le sillage des Aventures de Robin des Bois (1938) avec Errol Flynn. L’histoire de Les conquérants est très librement inspirée de celle de Wyatt Earp, personnage légendaire que le cinéma a si souvent mis en scène, située à ce moment de l’histoire de l’Ouest où la Loi parvient à s’imposer sur le chaos. Le récit est ici grandement idéalisé pour créer une très large adhésion. On peut lui reprocher d’être sans surprise. L’accent est mis sur l’action avec de nombreuses scènes d’ampleur qui montrent que l’argent n’a pas été dépensé en vain. La mise en scène de Curtiz est parfaite. Le film connut un très grand succès.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Errol Flynn, Olivia de Havilland, Ann Sheridan, Bruce Cabot, Alan Hale
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Remarques :
* Il peut être intéressant de comparer le film avec ce que fera John Ford de la même histoire dans La Poursuite infernale (My Darling Clementine, 1946). Ce rapprochement montre que Les conquérants est surtout un spectacle alors que le film de Ford montre plus de profondeur par une analyse plus fine des comportements sociaux et personnels.

* Michael Curtiz tournera deux autres westerns dans la foulée : La Caravane héroïque (Virginia City, 1940) et La Piste de Santa Fé (Santa Fe Trail, 1940). Dodge City est le seul des trois à être en couleurs. Après cela, Curtiz ne tournera pas d’autres westerns.

Homonymes :
Les Conquérants (The Woman God Forgot) de Cecil B. DeMille (1917) avec Wallace Reid
Les Conquérants (The Conquerors) de William Wellman avec Richard Dix
Le Conquérant (The Conqueror) de Dick Powell (1956) avec John Wayne

Autres films centrés sur le personnage de Wyatt Earp :
Law and Order (1932) de Edward L. Cahn avec Walter Huston
Frontier Marshal (1934) de Lewis Seiler avec George O’Brien
Frontier Marshal (1939) d’Allan Dwan avec Randolph Scott
Tombstone: The Town Too Tough to Die (1942) de William C. McGann avec Richard Dix
La Poursuite infernale (My Darling Clementine, 1946) de John Ford
Règlement de comptes à O.K. Corral (Gunfight at the O.K. Corral, 1957) De John Sturges avec Burt Lancaster et Kirk Douglas
Hour of the Gun (Sept secondes en enfer, 1967) de John Sturges avec James Garner
Doc Holliday (1971) de Frank Perry avec Stacy Keach
Tombstone (1993) de George Cosmatos avec Kurt Russell
Wyatt Earp (1994) de Lawrence Kasdan avec Kevin Costner

17 novembre 2014

Le Tombeur (1933) de Roy Del Ruth

Titre original : « Lady Killer »

Le tombeurA cause de sa passion pour le jeu, Dan est devenu un gangster recherché par la police. Il fuit en Californie où il se fait engager comme figurant à Hollywood et commence à gravir les échelons vers la célébrité… Au début des années trente, la Warner a décliné le personnage futé et débrouillard de James Cagney en gangster repenti sous de nombreuses formes. Dans Lady Killer (le titre est bien entendu à double sens : « tueur de femme » et « tombeur »), il devient acteur à Hollywood, ce qui nous permet d’assister au tournage d’un film dans quelques scènes. Lady Killer est nettement un pre-Code movie (= film qui précède de peu la généralisation du Code Hays de censure) : l’histoire est franchement amorale et plusieurs scènes n’auraient pu figurer dans un film un ou deux ans plus tard. L’histoire est un peu tirée par les cheveux (si je puis me permettre ce jeu de mots) mais ses accents satiriques la Le tombeur rendent plaisante. Le film offre un beau mélange d’action et de comédie. Et il y a toujours cette combinaison d’éléments presque contradictoires en James Cagney qui le rend si attrayant : dureté et arrogance certes, mais aussi astuce, témérité et droiture qui font toujours pencher la balance du bon côté et emporte l’adhésion des spectateurs.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Cagney, Mae Clarke, Margaret Lindsay, Douglass Dumbrille, Henry O’Neill
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Remarques :
* Deux ans après Public Enemy, Mae Clarke se retrouve face à James Cagney. Décidément malmenée par les scénaristes, elle ne va pas se faire écraser un pamplemousse sur le visage cette fois, elle va se faire éjecter de façon brutale : Cagney la traîne par les cheveux avant de la jeter littéralement hors de chez lui. Cette scène était certainement incluse dans le but de choquer et de faire parler comme la scène du pamplemousse avait pu le faire.

* Clin d’oeil à Public Enemy : lorsqu’elle consulte le dépliant touristique sur la Californie dans la gare, Mae Clarke est soudainement inquiète lorsqu’elle lit qu’on y cultive des pamplemousses.

* Les premières scènes (discussions avec la marchande de cigares suivie d’une partie clandestine de poker avec des escrocs) rappellent étrangement Smart Money sorti deux ans plus tôt. Un clin d’oeil sans aucun doute.

Mae Clarke et James Cagney dans Lady Killer (1933)
Mae Clarke sévèrement malmenée par James Cagney. A noter le truc d’acteur : Mae Clarke agrippe à deux mains le poignet de James Cagney afin de pouvoir être trainée sans que ses cheveux ne subissent toute la force de traction.

16 novembre 2014

Picture Snatcher (1933) de Lloyd Bacon

Picture SnatcherA sa sortie de prison, le gangster et chef de bande Danny Kean est bien décidé à se ranger : il se fait engager comme reporter-journaliste pour la presse à scandales… Picture Snatcher est un film taillé sur mesure pour James Cagney : une bonne dose d’action sans temps mort, des dialogues qui claquent, l’acteur est ici dans son élément. Malgré le sujet, le film est à ranger dans les films de gangster, il se termine d’ailleurs par une fusillade de plusieurs minutes (figure obligée du genre). L’originalité du film est de dresser un portrait assez sévère de la presse racoleuse et sans aucune éthique, toujours prête à publier une photo volée. Si Cagney est égal à lui-même, la surprise vient de la blonde Alice White dans un petit rôle : elle tient tête à Cagney sur son terrain, pleine de vitalité en exubérante nymphomane à la voix haut-perchée.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: James Cagney, Ralph Bellamy, Patricia Ellis, Alice White
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Remarque :
* Selon les dires de James Cagney dans son autobiographie, le film fut tourné très rapidement en 15 jours (la norme de l’époque pour ce type de films est plutôt 20 jours). Cagney raconte même que Bacon a parfois gardé ce qui n’était qu’une simple répétition.

14 novembre 2014

Smart Money (1931) de Alfred E. Green

Smart MoneyNick Venizelos (Edward G. Robinson) tient un salon de coiffure dans une petite ville mais sa passion, c’est le jeu pour lequel il semble avoir des prédispositions hors du commun et une chance incroyable. Ses amis lui prêtent de l’argent pour aller tenter sa chance dans une grande ville… Smart Money a été tourné peu après le grand succès de Little Caesar avec Edward G. Robinson. James Cagney, qui n’a ici qu’un second rôle, n’était pas encore une grande vedette (1). Le tournage de Smart Money et de Public Enemy ont d’ailleurs été simultanés. Même si les scénaristes sont les mêmes que pour Public Enemy (Kubec Glasmon et John Bright), le ton est ici bien plus modéré pour montrer le monde (illégal) du jeu : pas de violence, c’est tout juste si l’on aperçoit quelques armes, l’ensemble penche plutôt vers la comédie. C’est d’ailleurs l’un des premiers films où Edward G. Robinson montre ses talents pour la comédie. L’équilibre entre les genres est plutôt réussi.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Edward G. Robinson, James Cagney, Evalyn Knapp, Ralf Harolde, Noel Francis
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Smart MoneyRemarques :
*C’est le seul film où Edward G. Robinson et James Cagney apparaissent ensemble. Bien que les deux acteurs aient fait des carrières parallèles, la Warner n’a pas souhaité par la suite les remettre ensemble sur la même affiche.

* Boris Karloff apparait dans un petit rôle (non crédité au générique) de joueur, avec même quelques phrases qu’il prononce avec un accent forcé, de type argotique (vers le début du film, c’est le joueur qui vient jouer sur la table de billard avec le billet de cent dollars extorqué à une jeune femme).

(1) Toutefois, lorsque Smart Money est sorti, Public Enemy était déjà un grand succès et la Warner a donc remonté Cagney vers le haut de l’affiche. (Toutefois le poster ci-dessus, où l’on voit les deux visages, n’est certainement pas d’époque. Il date probablement de la ressortie du film dans les années quarante, voire après).

Edward G. Robinson et James Cagney dans Smart Money
Edward G. Robinson et James Cagney réunis à l’écran…