5 août 2020

Ceux qui travaillent (2018) de Antoine Russbach

Ceux qui travaillent Frank, un homme d’origine modeste, a gravi l’échelle sociale à force de travail. Il est contraint à la démission de son poste de cadre d’une entreprise de fret à la suite d’une mauvaise décision prise dans l’urgence. En perdant progressivement ses repères, il se rend compte qu’il a sacrifié sa famille à un travail qui ne lui rend pas ses efforts…
Pour son premier long métrage, le jeune réalisateur suisse Antoine Russbach montre une grande maitrise, aussi bien dans la mise en scène que dans l’écriture et le déroulement du scénario. Le propos est assez riche, c’est à la fois une réflexion sur la place du travail dans la vie de chacun et la mise en évidence d’une contradiction : si notre réaction est de condamner Frank pour le crime qu’il a commis, la suite du récit met en évidence que ce jugement relève d’une certaine hypocrisie. Le réalisateur affirme avoir voulu faire un film ni pro ni anti capitaliste, sa démarche est en effet plus subtile que cela. Il déroule son raisonnement sans effets dramatiques ni explosion, de façon implacable et froide à l’image de son personnage principal, merveilleux interprété par Olivier Gourmet. Ce type de rôle lui va, il est vrai, comme un gant. La bande son est la seule ombre au tableau, les bruitages et bruits ambiants étant mixés très forts, mais c’est un défaut minime. Ceux qui travaillent est une belle réussite.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Olivier Gourmet, Adèle Bochatay, Louka Minnella, Delphine Bibet
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Ceux qui travaillentOlivier Gourmet dans Ceux qui travaillent de Antoine Russbach.

5 avril 2020

The Lobster (2015) de Yorgos Lanthimos

The LobsterDans un futur proche, toute personne célibataire est obligatoirement internée dans un hôtel reconverti et a 45 jours pour se mettre en couple. Passé ce délai, elle est transformée en l’animal de son choix. Après 11 ans de relation, David se retrouve célibataire lorsqu’il apprend que sa femme l’a quitté pour un autre homme. Il est emmené à l’Hôtel…
The Lobster est le premier film en anglais du réalisateur grec Yorgos Lanthimos. L’idée de départ est originale mais le cinéaste ne prend pas la peine de la rendre un tant soit peu crédible. Il se complaît ensuite à cultiver un malaise chez le spectateur, enchainant les scènes cruelles et morbides. On est d’ailleurs plus proche du film d’horreur que du film de science-fiction. Le prétexte à tout cela serait de se pencher sur la nature des relations humaines et plus précisément « comment les gens se sentent quand ils éprouvent le besoin d’être dans une relation et comment ils voient ceux qui n’arrivent pas à être en couple. »  Ce film très dérangeant fut plutôt bien accueilli par la critique.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Colin Farrell, Rachel Weisz, Jessica Barden, Olivia Colman, Léa Seydoux
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Remarques :
* Prix du jury au festival de Cannes 2015.
* The Lobster est filmé presque entièrement en lumière naturelle.

The LobsterColin Farrell et Rachel Weisz dans The Lobster de Yorgos Lanthimos.

2 avril 2020

1492: Christophe Colomb (1992) de Ridley Scott

Titre original : « 1492: Conquest of Paradise »

1492: Christophe Colomb (1492: Conquest of Paradise)1492. Le navigateur Christophe Colomb tente en vain de convaincre les théologiens catholiques qu’atteindre les Indes en passant par l’ouest est possible. Un armateur et un banquier le présentent à la Reine de Castille qui lui accorde son voyage en échange de sa promesse de rapporter suffisamment de richesses en or…
Pour célébrer le 500e anniversaire de la découverte de l’Amérique, deux longs métrages sont sortis sur les écrans à quelques semaines d’intervalle en 1992. Le film franco-britannico-espagnol de Ridley Scott est le plus intéressant des deux car il dépasse les simples clichés et images d’Epinal. Le récit se concentre, d’une part, sur les intrigues politiques et le poids du clergé dans sa patrie d’origine et, d’autre part, sur ses relations avec les indigènes des îles découvertes et l’esclavage mis en place. Il n’en parait que plus authentique même s’il épargne son personnage principal (1). Ayant bénéficié d’un beau budget, la mise en scène est à la hauteur des grandes épopées, le principal excès se situant au niveau de la musique de Vangelis, lourde et grandiloquente. C’est Ridley Scott qui a exigé que le rôle-titre soit tenu par Gérard Depardieu qui fait une excellente prestation, donnant beaucoup de présence et d’enthousiasme à son personnage. Le film a connu un beau succès en France et même en Europe mais fut un échec de l’autre côté de l’Atlantique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Armand Assante, Sigourney Weaver, Loren Dean, Ángela Molina, Fernando Rey, Tchéky Karyo
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Remarques :
* Le film de Ridley Scott est sorti dans le monde la semaine du 12 octobre 1992, cinq cents ans jour pour jour après que Christophe Colomb a posé le pied sur l’île de Guanahani (dont on ne connait toujours pas avec certitude l’emplacement exact).
* L’autre film sur Christophe Colomb sorti en 1992 :
Christophe Colomb: La découverte (Christopher Columbus: The Discovery) de John Glen avec Georges Corraface et Marlon Brando. Ce fut un échec commercial.

(1) La brutalité de la domination sur les indigènes est attribuée aux nobles qui l’ont accompagné dès le deuxième voyage alors que les dernières recherches sembleraient indiquer que Christophe Colomb et ses frères en auraient été grandement responsables.

1492: Christophe Colomb (1492: Conquest of Paradise)Gérard Depardieu dans 1492: Christophe Colomb (1492: Conquest of Paradise) de Ridley Scott.

1492: Christophe Colomb (1492: Conquest of Paradise)1492: Christophe Colomb (1492: Conquest of Paradise) de Ridley Scott.

3 mars 2020

Arctic (2018) de Joe Penna

ArcticDans le désert glacé de l’Arctique, un homme s’efforce de survivre après le crash de son avion. Tout en tentant d’attirer l’attention sur lui, il pêche et s’est organisé autour de la carcasse de son avion. Mais un évènement imprévu va venir tout bouleverser…
Arctic est un film islandais et Joe Penna est un jeune réalisateur brésilien (également très connu sur YouTube en tant que guitariste). Son idée initiale pour son premier long métrage était un film de survie sur la planète Mars. Pour simplifier, il a choisi de transposer son histoire sur Terre, dans le milieu hostile de l’Arctique. Il n’a pas cherché à tricher sur le décor : il est allé tourner dans la toundra islandaise en plein hiver, dans des situations climatiques extrêmes. Bien qu’il soit dénudé et vide, l’environnement a ainsi une puissance peu commune. Le récit ne comporte aucun effet de dramatisation, ni aucun flashback pour nous dresser le portrait du personnage, nous ne saurons rien de lui. De même, il n’y a pratiquement aucun dialogue. C’est en revanche un film très immersif qui nous fait partager les problèmes et angoisses de son personnage. Il met en relief les capacités de l’être humain à ne jamais lâcher prise. La prestation de Mads Mikkelsen contribue à donner au film toute son intensité.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Mads Mikkelsen
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Remarques :
* Selon les explorateurs Matthieu Tordeur, Jean-Louis Etienne et Laurence de la Ferrière, le film Arctic traduit bien  les conditions qui règnent dans ces environnements glacés. Leur seule objection serait sur la nourriture : le héros de Arctic ne se nourrit pas assez pour tous les efforts qu’il a à fournir (lire sur Huffington Post…)

ArcticMads Mikkelsen dans Arctic de Joe Penna.

30 janvier 2020

Fortuna (2018) de Germinal Roaux

FortunaUne communauté de religieux catholiques dans un monastère isolé des Alpes suisses accueille temporairement des réfugiés de plusieurs nationalités. Parmi eux, Fortuna est une jeune Ethiopienne de 14 ans qui a perdu ses parents dans une tempête pendant la traversée. Elle rencontre Kabir, un jeune Africain…
Fortuna est écrit et réalisé par le cinéaste suisse Germinal Roaux ; il s’agit de son second long métrage. Son histoire prend la forme d’une fable qui met en relief la difficulté de venir en aide autant que l’on pourrait le souhaiter. Cette situation provoque des questionnements même au sein de la petite communauté de chanoines, écartelés entre leurs convictions religieuses et la complexité des problèmes pratiques qui les détournent de leur vocation première. Le rythme lent donne l’apparence d’un récit méditatif. L’image est un noir et blanc très stylé où les rares éléments du paysage apparaissent en net contraste avec les grandes nappes de neige.  Fortuna est l’un des derniers films de Bruno Gantz.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kidist Siyum, Bruno Ganz, Patrick d’Assumçao, Yoann Blanc
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FortunaKidist Siyum dans Fortuna de Germinal Roaux.

FortunaKidist Siyum et Yoann Blanc dans Fortuna de Germinal Roaux.

FortunaLe monastère (en réalité l’Hospice du Simplon) de Fortuna de Germinal Roaux.

22 janvier 2020

Ennemis intimes (1999) de Werner Herzog

Titre original : « Mein liebster Feind – Klaus Kinski »

Ennemis intimes (Mein liebster Feind - Klaus Kinski)Avec Mein Liebster Feind, littéralement Mon plus cher ennemi, Werner Herzog évoque ses relations tumultueuses avec son acteur fétiche Klaus Kinski. De Aguirre en 1972 à Cobra Verde en 1987, ils ont tourné ensemble cinq films et que ce soit pour l’acteur Kinski ou pour le réalisateur Herzog, ces cinq films sont les plus remarquables de leur filmographie. Mais cela, Werner Herzog ne le dira pas. Pendant 95 minutes, il raconte les coups de colère dont l’acteur était coutumier et le présente comme un demi-fou qui pouvait devenir dangereux. Il faut attendre les cinq dernières minutes pour l’entendre parler de Kinski dans des termes plus positifs. Ce documentaire date de 1999 soit huit ans après le décès de l’acteur et le ressentiment était visiblement encore très fort. Il serait intéressant de savoir quel regard porte Werner Herzog aujourd’hui sur sa collaboration avec Kinski. Pour tourner le documentaire, le réalisateur est retourné sur ses lieux de tournage en Amérique du Sud et fait parler des membres de l’équipe d’alors et acteurs. Quelques documents filmés pendant les tournages illustrent le récit de Werner Herzog.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Klaus Kinski
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Les 5 films de Warner Herzog avec Klaus Kinski :
1972 : Aguirre, la colère de Dieu (Aguirre, der Zorn Gottes)
1979 : Nosferatu, fantôme de la nuit (Nosferatu: Phantom der Nacht)
1979 : Woyzeck
1982 : Fitzcarraldo
1987 : Cobra Verde

Ennemis intimes (Mein liebster Feind - Klaus Kinski)Klaus Kinski et Werner Herzog (sur le tournage de Fitzcarraldo)
dans Ennemis intimes (Mein liebster Feind – Klaus Kinski) de Werner Herzog.

27 décembre 2019

Parvana, une enfance en Afghanistan (2017) de Nora Twomey

Titre original : « The Breadwinner »

Parvana, une enfance en Afghanistan (The Breadwinner)En Afghanistan, sous le régime taliban, Parvana est une jeune fille de onze ans qui vit à Kaboul. Elle aime écouter les histoires que lui raconte son père, lecteur et écrivain public. Mais un jour, il est arrêté sans que l’on sache pourquoi. Parvana reste bloquée à la maison avec sa mère et sa sœur. Elle décide alors de se couper les cheveux et de se travestir en garçon afin de pouvoir sortir pour aller au marché…
Ce film d’animation réalisé par l’irlandaise Nora Twomey est l’adaptation de Parvana, une enfance en Afghanistan, premier tome d’une série de romans écrits par la canadienne Deborah Ellis. Le récit mêle la réalité de la vie sous le joug des talibans, où les femmes ont l’interdiction de paraître en public, avec des contes merveilleux que la jeune fille raconte à son tout jeune frère. Ces contes fantastiques et flamboyants permettent ainsi de s’évader de cette éprouvante réalité tout en préservant le lien avec la culture du pays. S’il n’est pas dénué de défauts, en grande partie du fait de la volonté de garder une certaine simplicité, Parvana, une enfance en Afghanistan est un louable pamphlet contre l’obscurantisme et le fanatisme.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs:
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Remarque :
* Producteur exécutif : Angelina Jolie.

Parvana, une enfance en Afghanistan (The Breadwinner)Parvana, une enfance en Afghanistan (The Breadwinner) de Nora Twomey.

16 décembre 2019

The Square (2017) de Ruben Östlund

The SquareChristian est conservateur d’un musée d’art moderne à Stockholm, il prépare sa prochaine exposition intitulée The Square autour d’une installation incitant les visiteurs à l’altruisme et leur rappelant leur devoir à l’égard des autres…
Le réalisateur quarantenaire suédois Ruben Östlund a écrit et réalisé The Square, une satire grinçante sur la difficulté de mettre en pratique ses idées et ses sentiments humanistes. Son personnage principal, bien que pétri de bonnes intentions, se retrouve, par maladresse, constamment dans des situations embarrassantes. Le film ne suit pas vraiment une trame scénaristique forte, il est construit comme une suite de (longues) saynètes sans liaison entre elles. Le réalisateur a visiblement cherché à créer un certain malaise chez le spectateur et il y parvient. Il n’hésite pas à aller aux frontières du grotesque et la scène emblématique du diner de gala (voir l’affiche) est un bel exemple de scène aussi racoleuse que les vidéos virales de YouTube qu’il raille. L’analyse sociologique donne dans la facilité et la critique de l’art conceptuel est caricaturale, presque puérile. L’image est soignée, léchée pourrait-on dire, mais la mise en scène, tout élaborée qu’elle puisse être, est très froide. The Square est un film qui génère des sentiments très différents selon les spectateurs : certains semblent l’apprécier bien plus que moi, à commencer par le jury du festival de Cannes qui l’a gratifié d’une Palme d’or.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Claes Bang, Elisabeth Moss, Dominic West, Terry Notary
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The SquareClaes Bang dans The Square de Ruben Östlund.

11 décembre 2019

Cold War (2018) de Pawel Pawlikowski

Titre original : « Zimna wojna »

Cold War (Zimna wojna)Dans les années 50, Wiktor, pianiste, parcourt la campagne polonaise à la recherche de voix et de chansons authentiques pour former un groupe folklorique. Il tombe amoureux de Zula, jeune femme au caractère affirmé et ils jurent de ne plus se quitter…
Cinq ans après le remarqué Ida, Pawel Pawlikowski revient avec cette histoire très forte d’amour impossible, en partie inspirée de la relation chaotique de ses propres parents et de l’histoire du groupe folklorique polonais Mazowsze (Chœur Ballet et Orchestre National de chants et danses populaires de Pologne). Il mêle subtilement à son histoire des éléments qui évoquent l’omniprésence de la surveillance et la pesanteur du joug soviétique. Outre le récit qui s’étale sur une quinzaine d’années, le film séduit aussi par sa forme : la photographie en noir et blanc format 4:3 est très belle, avec des compositions vraiment remarquables et la musique très présente est superbe. Enorme succès en Pologne, le film a été très remarqué à l’international. Prix de la mise en scène à Cannes 2018.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Joanna Kulig, Tomasz Kot, Borys Szyc, Agata Kulesza, Cédric Kahn, Jeanne Balibar
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Remarques :
* Lorsque Wiktor travaille sur la musique d’un film à Paris, le film montré est Les Vampires (I Vampiri, 1957) de Riccardo Freda avec Gian Maria Canale.
* Le titre original signifie bien « Guerre froide ». A noter que le film a été distribué dans toute l’Europe sous le titre en anglais.

Cold War (Zimna wojna)Joanna Kulig dans Cold War (Zimna wojna) de Pawel Pawlikowski.

Cold War (Zimna wojna)Tomasz Kot dans Cold War (Zimna wojna) de Pawel Pawlikowski.

25 septembre 2019

High Life (2018) de Claire Denis

High LifeDans un vaisseau spatial rudimentaire, un petit groupe de criminels condamnés voyage vers une destination lointaine dans le cadre d’une mission en isolation totale et très probablement sans retour…
Ecrit par Claire Denis et Jean-Pol Fargeau, High Life n’est pas un film conventionnel de science-fiction. Il est d’ailleurs truffé d’incohérences et l’habitacle évoque plutôt une baraque de chantier un peu glauque qu’un vaisseau interplanétaire. Ce n’est pas vraiment important car le lieu est surtout là pour créer une situation marquée par deux éléments : l’isolement total (ils ne peuvent qu’émettre des rapports mais pas recevoir du fait de leur vitesse, proche de celle de la lumière, et de la distance) et le peu de chance de survie. Le propos est donc de se pencher sur la nature humaine dans cette situation extrême et d’approcher ce qui définit notre humanité. Si l’idée de départ et même la démarche paraissent excellentes, on peut regretter que la réflexion reste focalisée sur quelques aspects finalement assez immédiats et prévisibles. En revanche, on peut en repensant à postériori au film, explorer de nombreuses autres pistes. Sur le plan de la forme, High Life évoque les films de Tarkowski (difficile de ne pas penser à Solaris) sans toutefois parvenir à la même puissance. Une partie de la critique a très bien accueilli le film, l’autre assez mal (ce qui est assez habituel pour un film non conventionnel).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Pattinson, Juliette Binoche, André Benjamin, Mia Goth
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Remarques :
* Claire Denis s’est adjoint les conseils de l’astrophysicien Aurélien Barrau, un cosmologue qui est spécialisé dans la physique des astroparticules et des trous noirs. Cela nous vaut une très belle représentation d’un trou noir.
* Coproduction U.K., France, Allemagne, Pologne. La version originale est en anglais.
* Les quelques images d’un film ancien sur l’écran devant le bébé sont extraites de In the Land of the Head Hunters, réalisé en 1914 par l’ethnologue Edward S. Curtis, avec le concours des Indiens Kwakiutl de l’île de Vancouver au Canada. Edward S. Curtis a été l’un des principaux anthropologues sociaux des Amérindiens d’Amérique du Nord. C’est l’un des premiers photojournalistes mais il n’a réalisé que très peu de films. Une nouvelle version complétée (67 mn) et restaurée a été distribuée en 2013 sous le titre In the Land of the Head Hunters : A Drama of Primitive Life on the Shores of the North Pacific.
On comprend aisément pourquoi Claire Denis a choisi ce film mais il est bien maladroitement utilisé : l’extrait est bien trop court (3-5 secondes) pour que l’on comprenne sur le coup.

High LifeRobert Pattinson et Scarlett Lindsey dans High Life de Claire Denis.

High LifeMia Goth et Juliette Binoche dans High Life de Claire Denis.