10 août 2016

La Toile de l’araignée (1955) de Vincente Minnelli

Titre original : « The Cobweb »

La Toile de l'araignéeLe docteur McIver (Richard Widmark) dirige avec passion une clinique psychiatrique sans se rendre compte qu’il délaisse sa femme et ses enfants. Il encourage ses patients à s’autogérer mais une banale histoire de changement de rideaux va créer de multiples foyers de tensions… La Toile de l’araignée est adapté d’un roman très remarqué de William Gibson. C’est un mélodrame très adulte qui entremêle subtilement plusieurs petites histoires où docteurs et patients sont mis sur le même plan, apportant autant de problèmes psychologiques et de situations critiques. Minnelli n’a pas son pareil pour laisser transparaître le mal-être de ses personnages, sans grand éclat ni excès, laissant une grande place à la psychologie. Il a réuni un beau plateau d’acteurs où l’on remarque Richard Widmark dont la richesse de jeu étonne dans un type de rôle assez inhabituel pour lui. Il faut aussi citer la belle prestation du jeune John Kerr. Le seul choix discutable est celui de Charles Boyer qui ne semble guère à l’aise avec son personnage. Minnelli utilise merveilleusement les plans larges du Cinémascope et le Technicolor. Avec La Toile de l’araignée, il signe là un film profond et séduisant par sa maturité. Le film fut un échec à sa sortie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Richard Widmark, Lauren Bacall, Charles Boyer, Gloria Grahame, Lillian Gish, John Kerr
Voir la fiche du film et la filmographie de Vincente Minnelli sur le site IMDB.

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La Toile de l'araignée
Laureen Bacall et Richard Widmark dans La Toile de l’araignée de Vincente Minnelli.

Remarques :
* Le film est souvent rapproché, voire qualifié de prélude à La Vie passionnée de Vincent Van Gogh que Minnelli tournera l’année suivante (avec Kirk Douglas dans le rôle principal).
* Le titre français est souvent déformé en La Toile d’araignée.
* La fin du film diffère de celle du roman, ce dénouement très hollywoodien ayant été jugé plus conforme aux codes de censure. Dans le roman, le docteur reste avec l’autre femme (si vous avez vu le film, vous comprenez certainement de qui il s’agit).
* William Gibson, l’auteur du roman, n’est pas le même William Gibson auteur du Neuromancien.

La Toile de l'araignée
Charles Boyer et Gloria Grahame dans La Toile de l’araignée de Vincente Minnelli.

La Toile de l'araignée
Laureen Bacall et Lillian Gish dans La Toile de l’araignée de Vincente Minnelli.

(Presque) homonymes (mais sans autre rapport que le titre) :
La Toile d’araignée (The Drowning Pool) de Stuart Rosenberg (1975) avec Paul Newman
La Toile d’araignée (Das Spinnennetz), film allemand de Bernhard Wicki (1989) avec Ulrich Mühe

8 août 2016

L’intruse (1935) de Alfred E. Green

Titre original : « Dangerous »

L'intruseDon Bellows est un brillant jeune architecte plein d’avenir. Il rencontre fortuitement une ancienne grande actrice de théâtre, Joyce Heath, dont la performance avait influé sur le cours de sa vie. L’actrice est devenue une paria, on dit d’elle qu’elle porte la poisse, elle traine dans des bars. Ne pouvant supporter de la voir dans une telle déchéance, il l’héberge dans sa maison de campagne… Le scénario de Dangerous n’est sans doute pas franchement remarquable mais le film est rendu assez prenant par l’interprétation très authentique de Bette Davis. L’actrice de 27 ans, alors en pleine ascension, se plaignait déjà auprès de la Warner de ne pas se voir offrir de grands rôles. Pour ce « petit » rôle, elle est néanmoins parvenue à imposer ses vues, par exemple de n’utiliser, dans la première moitié du film, que des vêtements simples et usagés qui la font paraître très ordinaire. Cela va dans le sens d’une plus grande authenticité, au détriment du glamour que le public de l’époque attendait. Bette Davis donne de l’intensité à toutes les scènes où elle apparait, c’est-à-dire presque toutes, sans surjouer. La réalisation d’Alfred Green n’a rien de remarquable. La fin a semble t-il été imposée par le Code Hays.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Bette Davis, Franchot Tone, Margaret Lindsay, Alison Skipworth
Voir la fiche du film et la filmographie de Alfred E. Green sur le site IMDB.

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Bette Davis et Franchot Tone dans Dangerous / L’intruse de Alfred E. Green.

Remarques :
* Dangerous permit à Bette Davis de remporter son premier Oscar. Elle a toujours eu le sentiment qu’elle le devait surtout à sa prestation dans Of Human Bondage (L’Emprise) de John Cromwell l’année précédente. Elle remportera son second Oscar trois ans plus tard avec Jezebel (L’Insoumise) de Williams Wyler. Elle sera par la suite nominée pas moins de huit fois mais sans en remporter un troisième.
* Une liaison s’est nouée entre Bette Davis et Franchot Tone sur le tournage alors que l’acteur était déjà engagé avec Joan Crawford. La haine légendaire entre les deux actrices serait ainsi née.

* Remake :
Singapore Woman de Jean Negulesco (1941) avec Brenda Marshall et David Bruce.

6 août 2016

La Guerre des Rose (1989) de Danny DeVito

Titre original : « The War of the Roses »

La Guerre des RoseBarbara et Oliver Rose forment un couple aisé et apparemment heureux. Ils décident pourtant de se séparer après presque vingt ans de mariage. Le divorce s’annonce difficile car aucun des deux ne veut quitter la luxueuse maison qu’ils ont ensemble achetée… Basé sur un roman de Warren Adler et réalisé par Danny DeVito, La Guerre des Rose est une comédie d’humour noir sur les charmes du divorce « à l’amiable ». La mise en place est interminable mais lorsque les rapports entre les deux ex-tourtereaux tournent à la bataille rangée, l’humour fonctionne bien sur la surenchère : deux êtres, jusque là sensés, vont perdre tout sens de la mesure, par orgueil et entêtement, au mépris de toute intelligence. La morale, donnée par le conteur Danny DeVito, est de réfléchir à deux fois avant de se précipiter dans un divorce, par définition toujours douloureux. Kathleen Turner fait de montre de charme et de pugnacité, Michael Douglas personnifie une fois de plus un yuppie (c’est un brillant avocat d’affaires), Danny DeVito joue au sage. L’ensemble est amusant, du moins dans la seconde moitié du film. J’avais beaucoup plus apprécié le film à sa sortie, le propos est sans doute moins nouveau aujourd’hui. Il faut noter qu’il est assez rare de voir un film à l’humour si noir produit par une major d’Hollywood.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michael Douglas, Kathleen Turner, Danny DeVito, Marianne Sägebrecht
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Remarque :
* Le titre fait référence à la guerre des Deux-Roses (War of the Roses en anglais) qui désigne la série de guerres civiles qui ont eurent lieu, entre 1455 et 1485, en Angleterre entre la maison royale de Lancaster et la maison royale d’York, deux branches de la famille des Plantagenêts. La dernière partie de cette guerre est illustrée par la pièce de Shakespeare Richard III, porté à l’écran (entre autres) par Laurence Olivier.

War of the Roses
Kathleen Turner et Michael Douglas dans La Guerre des Rose de Danny DeVito.

War of the Roses
Kathleen Turner et Michael Douglas dans La Guerre des Rose de Danny DeVito.

4 août 2016

Robinson Crusoé sur Mars (1964) de Byron Haskin

Titre original : « Robinson Crusoe on Mars »

Robinson Crusoé sur MarsA la suite d’un évènement imprévu lors de la mission Mars Gravity Probe 1, un astronaute américain se retrouve seul sur la planète Mars. Il n’a que quelques jours de survie possible devant lui… Le titre peut nous laisser que Robinson Crusoe on Mars est un de ces films bâclés de troisième zone, mais il n’en est rien. Il s’agit d’une variation du classique de Daniel Defoe, astucieusement transposé dans le futur. Toute la première heure du film, presque sans paroles, donne une certaine importance aux aspects métaphysiques de l’isolement avec son lot d’angoisses existentielles. Mais ce lointain ancêtre de Seul sur Mars a aussi un aspect scientifique non négligeable : presque deux ans avant que la sonde Mariner 4 nous envoie ses premières images réelles de la planète rouge, mettant ainsi un terme définitif à tous les florissants fantasmes de canaux, créatures diverses et autres petits hommes verts belliqueux, Byron Haskin met en scène une planète aride et inhospitalière, inadaptée à la vie. L’accroche commerciale du film, « Ce film est scientifiquement réaliste, il est juste un cran en avance sur la réalité d’aujourd’hui », est à lire en ce sens. L’arrivée inopinée d’extra-terrestres (ou plutôt d’extra-martiens) vient un peu gâcher l’ensemble, certes, mais elle permet de fournir un Vendredi à notre Robinson. Byron Haskin et son chef opérateur Winton Hoch ont brillamment utilisé les décors de la Vallée de la Mort mêlés à des effets sur le ciel pour créer un environnement à la fois beau et étrange (rappelons que Byron Haskins a alors une longue carrière derrière lui de directeur de la photographie, de responsable des effets spéciaux et de réalisateur). Les ajouts en carton-pâte sont en revanche assez visibles. L’atmosphère est très prenante, surtout dans les deux premiers tiers du film. Robinson Crusoe on Mars n’eut pas le succès escompté auprès du public qui attendait certainement plus de spectaculaire.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Paul Mantee, Victor Lundin, Adam West
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Robinson Crusoe on Mars

Robinson Crusoe on Mars

Robinson Crusoe on Mars
Paul Mantee dans Robinson Crusoé sur Mars de Byron Haskin.

Robinson Crusoe on Mars
Les vaisseaux extra-terrestres reprennent le design de ceux de La Guerre des Mondes, réalisé dix ans plus tôt par le même Byron Haskin.

2 août 2016

Un chef de rayon explosif (1963) de Frank Tashlin

Titre original : « Who’s Minding the Store? »

Un chef de rayon explosifLorsque la directrice d’une chaine de grands magasins découvre que sa fille aime en secret un jeune homme pauvre, maladroit et naïf, elle le fait embaucher dans son plus grand magasin où on lui donnera les tâches les plus ingrates qui soient afin de le ridiculiser… Who’s Minding the Store? (Un chef de rayon explosif) fait partie des nombreux films de Jerry Lewis dirigés par Frank Tashlin, qui a en outre co-écrit le scénario. Les gags sont de bonne qualité avec de petites pointes de génie ici et là. La (célèbre) scène où Jerry Lewis mime une personne tapant à la machine en rythme avec la musique est une merveille ; Jerry Lewis n’a pas son pareil pour de telles scènes, ce qu’il arrive à faire avec son visage est stupéfiant. Il faut citer également l’étonnante scène avec l’aspirateur qui dévore tout (1). L’humour se situe globalement dans le style slapstick avec, une fois de plus, cette façon si particulière de jouer avec le décor et les objets qui rapproche Jerry Lewis de Chaplin ou de Tati. Un grand magasin est l’univers idéal pour cela, formé d’une multitude de petits mondes différents. L’ensemble est bien dosé, sans aucune lourdeur. Un délice.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jerry Lewis, Jill St. John, Ray Walston, John McGiver, Agnes Moorehead
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(1) A noter que cette scène est citée par Gilles Deleuze dans L’Image-temps :
« Ce n’est plus la machine qui se dérègle et devient folle, comme la machine à nourrir des Temps modernes, c’est la froide rationalité de l’objet technique autonome qui réagit sur la situation et ravage le décor : non seulement la maison électronique et les tondeuses à gazon dans It’s only money, mais les caddies qui détruisent le libre-service (The disorderly orderly) et l’aspirateur qui dévore tout dans le magasin, marchandises, vêtements, clients, revêtement mural (Who’s Minding the Store?). »

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Jerry Lewis dans Un chef de rayon explosif de Frank Tashlin.

23 juillet 2016

Apollo 13 (1995) de Ron Howard

Apollo 13Avril 1970. Un an après avoir été l’un des premiers hommes à faire le tour la lune (Apollo 8 en décembre 1968), Jim Lovell se prépare à nouvelle mission à la NASA : il sera le commandant de la treizième mission Apollo que beaucoup voient comme une mission de routine après le fantastique succès d’Apollo 11 qui a permit à l’homme de marcher sur la lune. Mais rien ne va se passer comme prévu et le pire va arriver… Loin de toute (science-)fiction, le film de Ron Howard relate de façon assez exacte le périlleux déroulement de la mission Apollo 13 qui a tenu en haleine le monde entier pendant plusieurs jours de 1970. Le récit est en grande partie basé sur le livre de Jim Lovell, paru peu avant la sortie du film. Les évènements réels sont si rocambolesques que les scénaristes n’ont eu que peu à rajouter, restant même très discrets sur l’angoisse des familles au sol. Il n’y a aucun excès de dramatisation. Le suspense est intense et l’épilogue (pourtant connu) est une  délivrance…
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Tom Hanks, Bill Paxton, Kevin Bacon, Gary Sinise, Ed Harris, Kathleen Quinlan
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Apollo 13
L’équipage : Bill Paxton, Kevin Bacon et Tom Hanks dans Apollo 13 de Ron Howard.

Remarques :
* Les scènes en apesanteur ont été filmées à bord d’un avion en vol parabolique. 600 paraboles ont été nécessaires, chacune permettant d’obtenir 20 à 25 secondes d’apesanteur (dont la moitié en apesanteur presque totale à 0,01 g). L’avion utilisé est celui de la NASA, un KC-135 qui sert à lentrainement des astronautes. L’avion fait couramment 30 à 40 paraboles par vol. Il est surnommé le « Vomit Comet ». Lire …

* Dans la scène finale, le vrai Jim Lovell apparaît en tant que capitaine de navire qui serre la main à Tom Hanks. La vraie Marilyn Lovell apparait dans les gradins au lancement. Le vrai Gene Kranz (le directeur de vol interprété par Ed Harris) apparaît en arrière plan dans la salle de contrôle juste avant la rentrée dans l’atmosphère.

* Le livre de Jim Lovell, co-écrit avec le journaliste scientifique Jeffrey Kluger, est paru en 1994 : Lost Moon: The Perilous Voyage of Apollo 13 (Apollo 13 : Perdus dans l’espace pour l’édition française). On trouve un récit plus court (20 pages) mais très précis dans le chapitre consacré à Apollo 13 du livre Apollo expeditions to the moon, édité par la NASA en 1975 (pas d’édition française, à ma connaissance). Ce récit est visible presque intégralement (seuls quelques graphiques manquent) sur le site de la NASA (on peut y voir notamment la photo prise au moment de la séparation du module de propulsion endommagé).

* La célèbre phrase « Houston, nous avons un problème » n’est pas tout à fait exacte. Prononcée par Swigert puis répétée par Lovell, elle fut en réalité « Houston, nous avons eu un problème » (« Houston, we’ve had a problem »). Il est vrai que la suite a montré que l’emploi du passé n’était pas approprié…

Apollo 13
Tom Hanks et Gary Sinise dans Apollo 13 de Ron Howard.

Apollo 13
La salle de contrôle de la NASA fidèlement reconstituée dans Apollo 13 de Ron Howard.

21 juillet 2016

Susie et les Baker Boys (1989) de Steve Kloves

Titre original : « The Fabulous Baker Boys »

Susie et les Baker BoysLes frères Baker se produisent dans les bars et les hôtels en jouant à deux pianos des grands standards du jazz. Les contrats ayant tendance à se raréfier, ils ont l’idée d’engager une chanteuse… Ecrit et réalisé par Steve Kloves, Susie et les Baker Boys doit sa notoriété à une scène : Michelle Pfeiffer toute de rouge vêtue, chantant lascivement Makin’ Whoopee allongée sur le piano de Jeff Bridges. C’est d’autant plus remarquable que l’actrice démontre des qualités de chanteuse puisqu’elle n’est à aucun moment doublée. Pour le reste, l’histoire n’offre que peu d’intérêt, basée sur l’opposition classique de deux personnalités contraires : l’un des deux frères est terne, marié, pragmatique et sans talent, tandis que l’autre est un solitaire, irresponsable mais talentueux. Les trois personnages principaux n’ont que peu de profondeur, seul le caractère taiseux du personnage interprété par Jeff Bridges laisse supposer quelque chose de plus… mais nous ne l’aurons pas. Steve Kloves reste au niveau des clichés. Malgré la caméra fluide, notamment dans les environnements urbains et nocturne de Seattle, malgré une belle interprétation, Susie et les Baker Boys est plutôt ennuyeux.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jeff Bridges, Michelle Pfeiffer, Beau Bridges
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Susie et les Baker Boys
Michelle Pfeiffer et Jeff Bridges dans Susie et les Baker Boys de Steve Kloves.

Remarques :
* Susie et les Baker Boys (1989) et Flesh and Bone (1993) sont les deux seules réalisations de Steve Kloves qui sera ensuite scénariste sur la série des Harry Potter.

* Makin’ Whoopee est un standard du jazz écrit en 1928 aux multiples interprétations. Si l’expression argotique signifie littéralement « faire la fête », le sens est ici plutôt sexuel puisque le propos est de mettre en garde les hommes contre le mariage : s’ils vont pouvoir faire whoopee avec leur femme au début, bébés et responsabilités arriveront vite derrière et, là, finis les whoopees… Inutile de dire que, même si elle a été interprétée par des femmes (et non des moindres : Ella Fitzgerald, Dinah Washington, etc.), la chanson a été écrite par un homme…

* Si Michelle Pfeiffer chante réellement, les frères Bridges sont bien évidemment doublés. C’est le pianiste Dave Grusin qui joue. Les deux acteurs ont toutefois beaucoup travaillés pour rendre leur jeu de mains réaliste, ce qui est le cas.

15 juillet 2016

La Femme aux maléfices (1950) de Nicholas Ray

Titre original : « Born to Be Bad »

Born to be BadDonna (Joan Leslie) accueille de bon coeur sa cousine Christabel (Joan Fontaine) sous son toit sans savoir qu’elle va s’arranger pour attirer l’attention de tous les hommes que Donna fréquente, à commencer par son riche fiancé… Born to Be Bad fait partie des premiers films de Nicholas Ray. Ce mélodrame paraît nettement moins remarquable que ses autres réalisations. L’intrigue est finalement assez conventionnelle et donc prévisible, avec une dimension psychanalytique sous-jacente qui reste hélas non développée. L’ensemble est sauvé par une belle interprétation, y compris dans les seconds rôles. Joan Fontaine casse ici son image habituelle de jeune femme parfaite et irréprochable. Le directeur de la photographie est le très expérimenté (et talentueux) Nicholas Musucara. On remarquera de nombreux très beaux plans et la prédilection de Nicholas Ray pour les escaliers… Le talent et l’inventivité de Ray pour la mise en scène sont patents dans la scène d’ouverture qui introduit un à un les principaux protagonistes en un vaste ballet de personnages sur un simple palier.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Joan Fontaine, Robert Ryan, Zachary Scott, Joan Leslie, Mel Ferrer
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Remarques :
* Born to Be Bad fait partie des quelques films dont Nicholas Ray refusait de parler.
* La scène de fin en happy end sur le tarmac de l’aérodrome a été ajoutée à la demande d’Howard Hugues (qui venait de racheter RKO Pictures). Cette scène fait sourire tant elle paraît peu crédible. Il est d’ailleurs peu probable qu’elle ait été tournée par Nicholas Ray. Le simple fait de voir soudainement Zachary Scott aux commandes d’un avion surprend… sauf si on se rappelle qu’Howard Hugues est un grand fan d’aviation !
* Le film n’est sorti en France qu’en 1985.

* Homonyme (sans aucun rapport) :
Born to Be Bad de Lowell Sherman (1934) avec Loretta Young et Cary Grant, film de la 20th Century Fox qui n’est, semble t-il, jamais sorti en France.

Born to be bad
Zachary Scott, Joan Fontaine et Mel Ferrer dans Born to be Bad de Nicholas Ray.

Born to be bad
Harold Vermilyea, Joan Leslie et Robert Ryan dans Born to be Bad de Nicholas Ray.

11 juillet 2016

Under 18 (1931) de Archie Mayo

Under 18Dans l’Amérique de 1930, la jeune Marge Evans travaille comme couturière. Elle vit avec sa mère qu’elle a à charge mais est amoureuse de Jimmy, chauffeur d’un camion d’épicerie. Elle envie ses collègues mannequins qui reçoivent de beaux cadeaux de clients fortunés. Parallèlement, elle assiste au naufrage du mariage de sa soeur ainée… Under 18 fait partie de ces films sociaux de la Warner qui, en pleine Dépression, proposaient des lignes de conduite au public. Le présenter uniquement comme un film « pré-code » sous prétexte d’une ou deux scènes où Marian Marsh est en petite tenue est faire fausse route car le propos est très moral : « il ne faut pas céder aux sirènes de l’argent facile et il faut savoir attendre le moment propice où l’on pourra saisir sa chance ». Pour l’argent facile, l’histoire montre un monde de riches oisifs où tout paraît facile, mais où la chute peut être terrible ; le contact avec ce monde ne peut être que nocif. Le récit fustige également les métiers faciles et artificiels (le mari de la soeur est un joueur de billard, beau parleur mais incapable de subvenir aux besoins de sa famille sur le long terme). La fin en happy-end est bizarrement équilibrée mais vient prouver qu’un comportement vertueux est toujours récompensé. Marian Marsh, effectivement âgée d’à peine 18 ans, est au centre du film, exprimant une belle ingénuité. L’actrice qui avait très remarquée l’année précédente dans Svengali du même Archie Mayo, est à la fois photogénique et dotée d’une belle présence. Il est assez étrange qu’elle n’ait pas fait une plus belle carrière. Les décors Art-déco, notamment ceux du penthouse du séducteur fortuné, sont superbes.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marian Marsh, Anita Page, Regis Toomey, Warren William
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Remarques :
On parle beaucoup d’argent dans le film, voici les sommes actualisées :
Marge gagne $ 85 par mois (= $ 1 200 actuels) comme couturière.
Elle dépense $ 30 par mois (= $ 450 actuels) pour se nourrir, elle et sa mère, et paye autant pour son loyer.
Elle cherche $200 (= $ 3 000 actuels) pour payer l’avocat.
Son fiancé a économisé $ 800 (= $ 12 500 actuels) pour pouvoir démarrer son affaire.
Dans le monde des riches, les prix sont étonnamment élevés :
le bouquet d’orchidées est évalué à $100 ($1 500 actuels !), le beau manteau de fourrure est vendu $ 16 000 ($ 250 000 actuels).

Under 18
Marian Marsh dans Under 18 d’Archie Mayo.

9 juillet 2016

The Doorway to Hell (1930) de Archie Mayo

Titre français parfois utilisé : « Au seuil de l’enfer »
Autre titre (U.K.) : « A Handful of Clouds »

Au Seuil de l'EnferPar ses méthodes brutales, Lou Ricarno parvient à imposer sa loi aux différents gangs de Chicago qui cessent alors de s’entretuer. C’est alors qu’il désire se marier et se retirer des affaires… Tourné fin 1930, The Doorway to Hell fait partie de ces films où le style du film de gangsters de la Warner commence nettement à se dessiner (rappelons que la décennie des années trente est celle du film de gangsters tout comme celle des années quarante est celle du film noir). Nous sommes là quelques mois avant la sortie de Little Caesar et de Public Enemy qui marqueront le genre. L’histoire est librement inspirée de celle du véritable gangster Johnny Torrio, prédécesseur d’Al Capone. Tous les éléments du genre sont là depuis le fait de faire parler les mitraillettes transportées dans des étuis à violons pour s’imposer jusqu’à la représentation de chefs mafieux comme des personnages originaux. La force du film est bridée par des dialogues assez ternes et aussi par l’interprétation : Lew Ayres (21 ans) est plus un beau gosse qu’un malfrat qui impose sa loi à des individus à la mine patibulaire. Heureusement, son lieutenant est interprété par James Cagney qui montre une belle présence pour son deuxième long métrage. Bien entendu, on peut se dire avec le recul que le film aurait certainement été tout autre si la distribution avait été inversée. The Doorway to Hell témoigne joliment de l’émergence du style Warner dans le genre du film de gangsters.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Lew Ayres, Dorothy Mathews, Robert Elliott, James Cagney, Dwight Frye
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Remarque :
Archie Mayo fait partie des ces réalisateurs que l’on qualifie avec le recul plutôt d’exécutants de que de créateurs ; ils sont parfois péjorativement appelés les Yes Man. Ils sont toutefois loin d’être négligeables et ce sont eux qui montrent le mieux le style d’un studio.  Archie Mayo a signé plusieurs des films de gangsters de la Warner dans les années trente, notamment certains avec Humphrey Bogart (dont La Forêt pétrifiée). Archie Mayo n’était pas aimé des acteurs, surtout à partir de la fin des années trente, car il se comportait comme un tyran sur le plateau.

The doorway to hell
Lew Ayres, Dorothy Mathews et James Cagney, photo publicitaire pour Au Seuil de l’Enfer de Archie Mayo.

The Doorway to Hell
Lew Ayres (dans la cellule) , Robert Elliott et  James Cagney (le gardien de prison est un figurant non identifié) dans Au Seuil de l’Enfer de Archie Mayo.