22 novembre 2011

Vers sa destinée (1939) de John Ford

Titre original : « Young Mr. Lincoln »

Vers sa destinéeEmployé d’une petite échoppe au fin fond de l’Illinois, le jeune Abe Lincoln troque quelques tissus contre des livres de Droit qu’il étudie longuement. A la mort de la jeune fille qu’il aimait, il décide d’aller à Springfield pour se lancer dans une carrière d’avocat… Vers sa destinée (Young Mr Lincoln) retrace donc les débuts de la carrière publique d’Abraham Lincoln, alors qu’il n’était qu’un simple avocat de province. Abraham Lincoln est unanimement vénéré aux Etats-Unis (nous n’avons pas d’équivalent en France) et donc le sujet n’est pas si facile à traiter. La grande réussite de John Ford est de l’avoir rendu très humain et d’avoir évité toute grandiloquence. Son cinéma est, dans le fond et dans la forme, d’une simplicité qui engendre la perfection, l’harmonie. Le scénario s’inspire de faits historiques tout en gardant une certaine liberté (par exemple, le procès décrit a eu lieu beaucoup plus tard dans sa vie, alors qu’il avait largement débuté sa carrière politique). John Ford fait ici un éloge de la ruralité, des hommes ordinaires qui bâtissent la Nation. Henry Fonda est l’incarnation parfaite du jeune Lincoln, à la fois par sa stature, sa prestance, sa simplicité naturelle et la puissance de son jeu (1). Vers sa destinée (Young Mr Lincoln) a longtemps été considéré comme mineur. Curieusement, c’est Eisenstein qui a relancé sa popularité parmi les critiques en déclarant à la fin des années cinquante que c’était, parmi tous les films américains, celui qu’il aurait aimé avoir fait.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Henry Fonda, Alice Brady, Donald Meek, Marjorie Weaver, Pauline Moore, Ward Bond, Arleen Whelan
Voir la fiche du film et la filmographie de John Ford sur le site IMDB.

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Remarques :
(1) Dans son autobiographie, Henry Fonda raconte que lorsqu’un producteur est venu lui demander s’il connaissait Abraham Lincoln, il a répondu : « Je suis absolument dingue de Lincoln. J’ai lu les trois-quarts des bouquins qui lui ont été consacrés ! » L’acteur refusa néanmoins le rôle, comme par crainte de commettre un crime de lèse-majesté. C’est John Ford qui réussit à le convaincre, plusieurs mois plus tard, en insistant sur le côté « petit avocat de province » du héros de son film.

19 novembre 2011

After hours – Quelle nuit de galère (1985) de Martin Scorsese

Titre original : « After hours »

After Hours - quelle nuit de galèrePaul, informaticien sans histoire, rencontre Marcy un soir dans un snack. Il la rappelle peu après et elle l’invite à venir dans son loft à Soho qu’elle partage avec une artiste. Paul ne sait pas encore qu’il s’apprête à passer la nuit la plus mouvementée de sa vie… Avec After Hours, Scorsese dresse un certain portrait de New York dans ce qu’il a de plus imprévisible et même dérangeant. Dans ce sens, on peut faire un certain parallèle avec Taxi Driver, sauf que le registre est totalement différent : c’est ici plutôt une comédie… d’humour noir, bien entendu. C’est presque une descente aux enfers pour ce garçon bien rangé de l’Upper West Side qui descend à Soho, opposition de deux quartiers, de deux mondes différents. After Hours est remarquable par son montage et sa mise en scène, avec une caméra très mobile, mettant en relief beaucoup de détails qui alimentent l’étrange et le saugrenu. Scorsese fait preuve de virtuosité sur certaines scènes. Belle composition de Griffin Dunne.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Griffin Dunne, Rosanna Arquette, Verna Bloom, Linda Fiorentino, Teri Garr, John Heard
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After Hours - quelle nuit de galère Remarques :
* After Hours est également le titre d’un standard du jazz et aussi le titre d’une chanson chantée par Nico (sur le troisième album du Velvet Underground).
* Dans la boîte Club Berlin, la personne qui manie le projecteur n’est autre que Martin Scorsese lui-même.
* Scorsese eut du mal à trouver une fin satisfaisante. Une autre fin fut tournée avec Paul restant prisonnier de sa statue. Cette fin fut rejetée par le public lors des projections-tests.

18 novembre 2011

Toute la ville danse (1938) de Julien Duvivier

Titre original : « The Great Waltz »

Toute la ville danseTourné par Julien Duvivier aux Etats-Unis (1), Toute la ville danse est une biographie (très) romancée de Johan Strauss. Le scénario est assez indigent, sombrant dans le mélo aussi conventionnel qu’affligeant. Mais l’intérêt de Toute la ville danse n’est pas là… Son premier atout, ce sont les morceaux musicaux, joliment recréés dans leur environnement naturel dans le Vienne du XIXe siècle. Son deuxième atout réside dans la superbe photographie et l’étonnante virtuosité technique : la caméra virevolte, semble légère, nous entraîne dans un tourbillon enivrant (2). Le troisième atout est la soprano russe Miliza Korjus. Toute la ville danse D’une grande beauté, elle fait preuve d’une extraordinaire présence à l’écran et illumine le film autant par son sourire que par sa voix. Sa carrière cinématographie commence et, hélas, se termine avec ce film (3). Au final, à condition d’être (très) indulgent avec le scénario, Toute la ville danse est un bon et beau divertissement musical. Dans un registre assez inhabituel pour lui, Julien Duvivier a su créer un grand succès.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Luise Rainer, Fernand Gravey, Miliza Korjus, Hugh Herbert, Lionel Atwill
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Remarques :
La fin du film (les adieux près du bateau à aubes et la création-éclair du Beau Danube Bleu) a été tournée par Josef von Sternberg. Certaines scènes de valses auraient été tournées par Victor Fleming.

(1) Le succès de Pépé le Moko avait retenu l’attention des dirigeants de la M.G.M. qui invitèrent Julien Duvivier à venir à Hollywood tourner Toute la ville danse. Le film terminé, Duvivier est rentré en France. Il reviendra à Hollywood pendant la guerre, de 1940 à 1945.
(2) On trouve parmi les mémos de David O.Selznick une requête adressée à l’équipe d’Autant en Emporte le vent alors en cours de tournage : « Je désire vivement que toute l’équipe technique voie immédiatement The Great Waltz qui est, à mon avis, l’une des meilleures réalisations techniques d’Hollywood depuis plusieurs années. »
(3) Miliza Korjus fut nominée aux Oscars pour ce rôle. Hélas, victime l’année suivante d’un accident automobile où elle faillit perdre une jambe, elle ne tournera d’autres films si ce n’est un (assez obscur) film mexicain pendant la guerre. Elle poursuivra toutefois sa carrière de chanteuse d’opéra.

Autres films sur la vie de Johan Strauss :
Waltzes from Vienna (Le chant du Danube) d’Alfred Hitchcock (1933)
The Great Waltz (Toute la ville danse) d’Andrew L. Stone (1972)

17 novembre 2011

Girlfriend experience (2009) de Steven Soderbergh

Titre original : « The girlfriend experience »

Girlfriend ExperienceIl faut le savoir : Girlfriend Experience (GFE pour les habitués) est un type de service proposé par les prostituées, à savoir se comporter comme une petite amie… Soderbergh a maintenant l’habitude d’intercaler des petits films, tournés très rapidement, entre ses grosses productions. Ici, il nous fait suivre l’une de ces escort-girls sur environ cinq journées avec une chronologie éclatée (Soderbergh oblige…) L’ensemble n’est pas exactement passionnant. Très ennuyeux au début, le film finit tout de même par intéresser grâce au regard porté sur les relations humaines : les clients de cette geisha moderne sont très stressés et ne lui parlent que d’angoisses économiques (nous sommes juste avant l’élection d’Obama qui leur fait très peur). Ses relations avec son (vrai) petit ami ont du mal à trouver un équilibre. Mais le personnage principal de Girlfriend Experience, on ne le voit pas vraiment mais tout le monde en parle : c’est l’argent. Il s’insinue partout dans les rapports sociaux, règne sur les comportements. Soderbergh a choisi une actrice principale venant du cinéma pornographique (mais il n’y a aucune scène explicite, ni même de nudité d’ailleurs). Et le réalisateur expérimente : personnages flous, séquences très libres visiblement improvisées, etc. Le film n’est toutefois pas totalement convaincant, notamment quand il aborde le thème de la pudeur et de la fragilité.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Sasha Grey, Chris Santos, Philip Eytan
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13 novembre 2011

The Social Network (2010) de David Fincher

The Social NetworkThe Social Network nous raconte la création de Facebook et la bataille juridique autour de sa paternité… Le parcours de Mark Zuckerberg est bien entendu assez exceptionnel mais est-ce que cela en fait nécessairement un bon film ? Visiblement non. L’histoire n’est somme toute pas très intéressante, elle est réduite à un agglomérat d’anecdotes, il n’y a aucune tension dramatique. Comme toujours dans ce genre de film, l’ensemble est idéalisé : on met l’accent sur le fait d’avoir une idée de départ et on gomme tous les aspects laborieux de sa mise en place. Et pour bien créer l’image de « petit génie de l’informatique », David Fincher appuie sur le côté asocial de son personnage et joue avec le débit verbal, rapide et sec, plutôt indigeste.  En dehors de miser sur la fascination du succès rapide, on se demande quel est l’intérêt d’avoir réalisé un tel film. A noter que le réalisateur a utilisé de nombreux effets digitaux, notamment un surprenant  « effet miniature » (1) sur une scène de compétition d’aviron : amusant (mais totalement inutile).
Elle: pas d'étoile
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jesse Eisenberg, Andrew Garfield, Justin Timberlake, Max Minghella, Armie Hammer
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Remarques :
Si deux acteurs différents jouent les deux jumeaux Winklevoss, la tête de l’un des acteurs a été incrustée sur l’autre afin d’avoir deux jumeaux parfaits. La neige est, elle aussi, un effet digital tout comme la buée qui sort de la bouche des acteurs.

(1) « L’effet miniature » est obtenu en diminuant artificiellement la profondeur de champ sur un plan très large. Le premier et l’arrière plan sont flous comme ce serait le cas avec un objectif macro et notre cerveau interprète alors l’image vue comme étant celle d’une maquette. C’est étonnant. Cet effet visuel est intégré dans certains appareils photo grand public et même dans certains téléphones, en tant que traitement d’image (on peut le faire à la prise de vue mais cela nécessite un objectif à décentrement ou tilt-shift). Au delà de l’anecdote, il est difficile d’en voir l’intérêt pour le grand écran. Le cinéma nous a d’ailleurs plus habitués à faire l’inverse : filmer une maquette avec une grande profondeur de champ afin de la faire passer pour une scène réelle !
(Pour voir un bel exemple d’effet miniature :
The Sandpit petit clip par Sam O’Hare, fait avec un D3 et un D90!)

12 novembre 2011

Fatty cabotin (1919) de Roscoe Arbuckle

Titre original : « Back Stage »

Fatty cabotin(Muet, 22 minutes) Fatty est régisseur du Hickville Bijou, un vaudeville house (petite salle de music-hall). Avec son assistant (Buster Keaton), ils accueillent deux nouveaux artistes… Back Stage est l’un des derniers films de Fatty Arbuckle avec Buster Keaton. Il comporte de très bons gags dont plusieurs variations autour des trompe-l’œil (très belle variante du gag de l’escalier notamment). Back Stage est surtout célèbre pour préfigurer la très dangereuse cascade de Buster Keaton dans Steamboat Bill Jr (Cadet d’eau douce, 1928) : une façade de maison lui tombe dessus mais, heureusement, il se trouve juste à l’emplacement d’une fenêtre. Ici, c’est Fatty qui reçoit une fausse façade, bien plus légère toutefois, alors qu’il joue la sérénade à sa belle.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Roscoe ‘Fatty’ Arbuckle, Buster Keaton, Al St. John, Molly Malone
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Fatty cabotinFatty cabotinFatty cabotinFatty cabotin

Remarques :
* Back Stage fut le premier film Paramount de Fatty Arbuckle à être distribué en version teintée. Pendant longtemps, seules des versions en noir et blanc étaient couramment visibles mais une version teintée a récemment été restaurée.
* La danse égyptienne (dansée par Alice Lake) est une parodie de Theda Bara dans Cléopâtre, film de 1917 hélas aujourd’hui perdu.
* Le danseur très souple et efféminé est John Coogan, le père de Jackie Coogan, le petit garçon du Kid de Chaplin.

11 novembre 2011

Bromo and Juliet (1926) de Leo McCarey

Bromo and JulietPour faire plaisir à sa fiancée, Charley doit interpréter Roméo lors d’un gala de bienfaisance. Il doit aussi veiller à ce que le père de la jeune fille, assez porté sur la boisson, se présente bien sur scène à l’heure…
Charley Chase est un grand comique du cinéma muet, aujourd’hui hélas oublié. Bromo and Juliet fait partie de ses excellents films : plein d’inventivité dans les gags, avec des situations les plus absurdes et les plus inattendues qui soient. L’acteur joue ici l’homme saoul pendant une bonne partie du film  et, bien que ce ne soit pas vraiment sa spécialité, il s’en sort fort bien. Oliver Hardy a ici un second rôle, sans grande scène comique (1). (muet, 24 minutes)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charley Chase, Corliss Palmer, William Orlamond, Oliver Hardy
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(1) A noter que le duo Laurel et Hardy sera vraiment formé en cette même année 1926.

9 novembre 2011

La proie (1948) de Robert Siodmak

Titre original : « Cry of the City »

La proieGravement blessé lors d’un échange de coups de feu avec le policier qu’il a abattu, le gangster Martin Rome est étroitement surveillé par la police. Un avocat tente de lui faire endosser un meurtre commis lors d’un cambriolage… Tel est le point de départ de La proie (Cry of the City) adapté d’un roman policier d’Henry Edward Helseth. L’atmosphère est très réaliste ; certaines scènes ont été tournées en plein New York, dans le Bronx. Aux côtés de Richard Conte et Victor Mature, tous deux remarquables, les seconds rôles sont particulièrement travaillés, fort bien définis. Les plus frappants sont le vieux détenu balayeur et la masseuse à l’imposante stature mais tous les autres sont tout aussi réussis : la mama, l’avocat, le docteur, le policier acolyte… On remarquera aussi le fond du propos : le policier Candella et le gangster Rome sont deux italiens immigrés, ils viennent du même milieu. Ils ont choisi des voies opposées mais ils sont presque interchangeables : le policier aurait très bien pu être gangster et le gangster, policier. Ils se retrouvent d’ailleurs tous deux blessés, s’échappant chacun de son hôpital. Robert Siodmak a réalisé là un très beau film noir.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Victor Mature, Richard Conte, Fred Clark, Shelley Winters, Debra Paget, Hope Emerson, Walter Baldwin
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Homonymes :
La proie (The Hunted) de J.F.Lawton (1995) avec Christophe Lambert
La proie d’Eric Valette (2011) avec Albert Dupontel

6 novembre 2011

Le baiser (1929) de Jacques Feyder

Titre original : « The Kiss »

The KissLe cœur brisé, Irene doit se résigner à ne plus voir l’homme qu’elle aime en secret car elle ne peut divorcer de son mari âgé, terriblement jaloux, avec qui elle est liée par un mariage sans amour. De plus, un très jeune fils des amis du couple est follement épris d’elle et brûle de se déclarer… The Kiss (Le baiser) est le dernier film muet de Greta Garbo. A l’âge de 24 ans, l’actrice était déjà une très grande star. Le réalisateur d’origine belge Jacques Feyder tourne ici son premier film à Hollywood. Greta Garbo montre une grande richesse dans son jeu ; elle est, comme toujours, très expressive mais c’est surtout l’étendue de la palette de sentiments qu’elle provoque chez le spectateur qui étonne le plus. Il suffit de voir comment elle est capable de passer en quelques secondes du bonheur à la tristesse la plus intense ou encore de modeler son jeu selon la personnalité de son partenaire :The Kiss face au jeune Lew Ayres, elle est beaucoup plus légère et frivole que face à Conrad Nagel, son amant plus âgé. Elle joue avec un naturel confondant, on est sous le charme. A noter que c’est le premier film où elle accomplit un acte violent. The Kiss est pour Lew Ayres, 20 ans, son premier rôle : il montre une belle présence à l’écran (1). Gros succès à l’époque, ce film nous montre à quel point Greta Garbo, « La divine », était bien l’une des plus grandes actrices du muet avant d’être une grande star du parlant. (film muet)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Greta Garbo, Conrad Nagel, Lew Ayres, Anders Randolf
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Le baiser Remarques :
Jacques Feyder dirigera à nouveau Greta Garbo l’année suivante pour la version allemande du premier film parlant de Greta Garbo : Anna Christie. Il rentrera en France peu après, désillusionné d’Hollywood.

(1) Le deuxième grand rôle de Lew Ayres lui apportera une consécration encore plus grande : A l’ouest rien de nouveau (All Quiet on the Western Front) de Lewis Milestone (1930)

4 novembre 2011

The killer inside me (2010) de Michael Winterbottom

The Killer Inside MeDans le Texas des années cinquante, le jeune adjoint au sheriff Lou Ford est chargé d’expulser une prostituée qui vend ses charmes un peu en dehors de la ville. Il va l’utiliser pour assouvir une vieille vengeance… The Killer Inside Me est un film noir adapté d’un roman de Jim Thompson. Le climat créé par Michael Winterbottom est assez remarquable. Il repose beaucoup sur son acteur principal, Casey Affleck, qui porte tout le film sur ses épaules : son apparence extérieure, juvénile et avenante (et quelle voix !), contraste très fortement avec la noirceur de son intérieur, un être destructeur à l’extrême. La placidité du récit est interrompue par des soudaines montées de violence dans deux scènes rendues passablement dures par leur intensité et leur caractère cru. Malgré les justifications données par le réalisateur (1), on peut y voir une volonté de choquer ou une certaine complaisance. L’ensemble n’est pas moins très prenant. La fin est assez étonnante. A noter également un superbe générique de début, très graphique. The Killer Inside Me séduit par son personnage central fort et une atmosphère tout en contrastes.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Casey Affleck, Kate Hudson, Jessica Alba, Ned Beatty, Elias Koteas, Tom Bower, Simon Baker
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(1) Le réalisateur justifie sa démarche en disant qu’il est préférable de d’exacerber la violence pour provoquer un rejet plutôt que de la banaliser en l’édulcorant.

Précédente adaptation (que Michael Winterbottom dit ne pas avoir vue) :
The Killer Inside Me (Ordure de flic) de Burt Kennedy (1976) avec Stacy Keach.