6 février 2013

L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (2007) de Andrew Dominik

Titre original : « The Assassination of Jesse James by the coward Robert Ford »

L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert FordJesse James est une légende aux Etats Unis. Ce Robin des Bois de la seconde moitié du XIXe siècle, qui attaquait banques et trains avec son frère Frank, fut très populaire, y compris de son vivant ; il est ancré durablement dans les esprits que Robert Ford, son assassin, est un misérable lâche particulièrement méprisable. Le film d’Andrew Dominik tente de réhabiliter Robert Ford ou du moins d’expliquer son geste dont les circonstances restent toujours si mystérieuses (1). Le Jesse James qu’il nous montre n’est à aucun moment glorifié, son altruisme n’étant qu’à peine évoqué. En revanche, il nous le décrit comme un homme traqué, ayant perdu tout idéal, sans ami, condamné à chercher le moindre indice de traitrise chez ses proches. Son assassinat devient ainsi un aboutissement logique, même espéré. Dans sa forme, L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford se déroule avec une langueur envoûtante, assez beau dans ses images, avec de belles scènes nocturnes. Casey Affleck fait une belle prestation.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Brad Pitt, Casey Affleck, Sam Shepard, Sam Rockwell, Jeremy Renner, Garret Dillahunt, Paul Schneider
Voir la fiche du film et la filmographie de Andrew Dominik sur le site IMDB.

Remarques :
* Un film avait préalablement tenté d’expliquer le geste de Robert Ford (une histoire d’amour étant supposée être le moteur de cet assassinat) : J’ai tué Jessie James (I shot Jesse James) de Samuel Fuller (1949) avec John Ireland et Reed Hadley.
* La chanson traditionelle Jesse James est apparue peu après l’assassinat. Cette chanson a grandement contribué à marquer durablement Robert Ford comme étant un « dirty little coward ». Ce morceau est toujours vivace : Bruce Springsteen l’a récemment repris.

Principaux autres films sur Jesse James :
Jesse James as the Outlaw de Franklin B. Coates (1921) avec Jesse James Jr (son fils)
Le brigand bien aimé (Jesse James) d’Henry King (1939) avec Tyrone Power et Henry Fonda
Adventures of Frank and Jesse James de Fred C. Brannon et Yakima Canutt (1948) avec Clayton Moore
J’ai tué Jessie James (I shot Jesse James) de Samuel Fuller (1949) avec John Ireland et Reed Hadley.
Jesse James, le brigand bien-aimé (The True Story of Jesse James) de Nicholas Ray (1957) avec Robert Wagner
A noter en outre, qu’IMDB liste 80 films où apparaît le personnage de Jesse James.

(1) Le fait que Jesse James ait oté ses armes pour aller épousseter un tableau est un fait historique, du moins est-ce ainsi que les frères Ford ont rapporté la scène aux autorités.

5 février 2013

Habemus Papam (2011) de Nanni Moretti

Habemus PapamUn nouveau pape vient d’être élu. Au moment de faire sa première apparition publique au balcon, il panique et se réfugie dans ses appartements. Il avoue de pas avoir la force d’assumer la charge que ses pairs lui ont confiée… Alors que l’on pouvait attendre un film anticlérical, Habemus Papam est plus une réflexion existentielle sur la direction que nous donnons à notre vie, le contrôle que nous avons sur ces choix, sur l’aboutissement d’une vie consacrée à un idéal. Nanni Moretti aurait certainement pu placer cette situation dans un tout autre cadre mais le fait de la situer au Vatican permet de tout exacerber grâce aux règles très strictes en vigueur (personne ne doit sortir du Vatican tant que le nouveau pape ne s’est pas montré). Cela lui permet d’apporter également une touche d’humour, sans hésiter à forcer un peu le trait avec son tournoi de volley-ball. Moretti place également une réflexion sur le rôle d’acteur : où s’arrête le jeu et où commence la réalité ? Habemus Papam a d’ailleurs un petit côté « réalité suspendue » par le contraste entre le monde extérieur dans l’expectative et le petit monde isolé du Vatican où un semblant de vie s’organise. Moretti maitrise parfaitement la mise en scène, toujours crédible même dans ses scènes les plus vastes. Il a en outre toujours ce talent pour mêler habilement réflexion et dérision, mélange qui rend ses films attachants.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Michel Piccoli, Jerzy Stuhr, Nanni Moretti, Margherita Buy
Voir la fiche du film et la filmographie de Nanni Moretti sur le site IMDB.

Voir les autres films de Nanni Moretti chroniqués sur ce blog…

Remarque :
Habemus Papam est la phrase latine rituellement prononcée lors de l’élection d’un nouveau pape : « Nous avons un pape ».

4 février 2013

The Manxman (1929) de Alfred Hitchcock

The Manxman(Film muet) Sur l’île de Man, Pete est amoureux de la jeune Kate sans se rendre compte que Philip, son ami d’enfance, en est aussi très épris. Pete décide de partir faire fortune à l’étranger pour pouvoir l’épouser et demande à son loyal ami Philip de veiller sur elle en son absence… The Manxman (= « l’homme de l’île de Man ») est le dernier film muet d’Hitchcock. Adaptation d’un roman à succès de Sir Hall Caine, il s’agit d’un mélodrame certes très classique mais fort bien mis en scène par le réalisateur anglais, bien qu’il l’ait plus tard jugé comme étant un film « très ordinaire », et ajoute-t-il « sans humour ». L’atmosphère des îles anglaises est bien transcrite à l’écran avec ce mélange d’isolement et d’autarcie (1). C’est le second film d’Hitchcock avec l’acteur danois Carl Brisson qui montre ici une belle présence à l’écran. Ses plans en « regard caméra » sont étonnants d’intensité. Mais c’est la belle Anny Ondra qui attire les regards : c’est la toute première « blonde hitchcockienne » (elle tournera également dans le célèbre Blackmail, le film suivant du réalisateur). The Manxman est un film fort bien réalisé ; ses faiblesses se trouvent plutôt du côté du scénario, vraiment très conventionnel. Moins connu que The Lodger, le film est à classer parmi les meilleurs films muets d’Hitchcock.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Carl Brisson, Malcolm Keen, Anny Ondra
Voir la fiche du film et la filmographie de Alfred Hitchcock sur le site IMDB.

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Remarques :
* The Manxman est l’un des rares films où Hitchcock ne fait pas sa traditionnelle apparition en figurant.
* Serait-ce une facétie du réalisateur ? La phrase la plus importante du film prononcée par Anny Ondra, à un des moments les plus tragiques, n’a pas d’intertitre. On doit donc la deviner (ou la lire sur les lèvres : « Philip, I am going to have a baby ») et nous n’en n’avons confirmation que quelques minutes plus tard grâce à un intertitre d’un autre personnage !

(1) En réalité, le film a été tourné dans le village de Polperro dans les Cornouailles.

3 février 2013

Les Professionnels (1966) de Richard Brooks

Titre original : « The Professionals »

Les professionnelsA l’époque de la Révolution mexicaine, un riche propriétaire texan recrute quatre hommes pour aller délivrer sa jeune épouse qui a été enlevée et emmenée au-delà de la frontière. Chacun est expert en son domaine : le maniement des armes à feu, éclaireur et tir à l’arc, le dynamitage, le soin des chevaux… Avec le recul, il apparaît clairement que Les Professionnels de Richard Brooks s’inscrit pleinement dans une période charnière du western, une époque où le genre cherchait un nouveau souffle entre classicisme et irruption du western italien, avant de déboucher sur des films plus violents comme La Horde sauvage de Peckinpah (1). Ici, l’accent est mis sur les personnages qui, outre leur excellence dans un domaine particulier, sont dotés d’une vraie personnalité et d’une conscience qui entrainent questionnements et dilemmes moraux. Richard Brooks donne ainsi par leur biais une certaine dimension philosophique et politique à son film. Mais le film garde ses scènes d’action, bien amenées par un scénario qui se déroule intelligemment. Sous une apparence de film d’action, Les Professionnels est donc doté d’une indéniable profondeur ; il peut ainsi être vu à plusieurs niveaux. On remarquera la belle utilisation des décors naturels et l’excellente interprétation.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Lee Marvin, Robert Ryan, Woody Strode, Jack Palance, Claudia Cardinale
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(1) La Horde sauvage (The Wild Bunch) de Sam Peckinpah (1969).

2 février 2013

Les Femmes de la nuit (1948) de Kenji Mizoguchi

Titre original : « Yoru no onnatachi »

Les femmes de la nuitDans le Japon de l’après-guerre, Fusako apprend que son mari dont elle espérait le retour est décédé. Elle doit subvenir seule à ses besoins et à celle de sa sœur qu’elle a retrouvée, entraineuse dans un cabaret. Elle en vient à envisager la prostitution… Impressionné par les premiers films néoréalistes italiens (1), Kenji Mizoguchi change de style et signe son film le plus sombre. Tourné en grande partie en décors réels, dans les quartiers pauvres d’Osaka encore fortement marqués par les dégâts de la guerre, Les Femmes de la nuit décrit la descente aux enfers de trois femmes qui en viennent à se prostituer pour simplement pouvoir vivre. Avec son scénariste Yoshikata Yoda, le réalisateur est allé à la rencontre des prostituées et parvient donc à une description très réaliste des relations qu’elles ont entre elles. Il montre comment ces femmes reproduisent la violence que la société leur fait subir. Ses images sont brutes et sans fard. Certaines scènes sont très fortes, assez violentes aussi. Toute la dernière scène du film est particulièrement poignante et puissante. En montrant la condition tragique de certaines femmes, Mizoguchi dresse aussi le portrait de son pays, dévasté et meurtri par la guerre, le montrant sans optimisme dans sa triste réalité.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Kinuyo Tanaka, Sanae Takasugi, Tomie Tsunoda, Mitsuo Nagata
Voir la fiche du film et la filmographie de Kenji Mizoguchi sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le film est adapté d’un roman d’Eijirô Hisaita.
* Un autre film de 1948 porte en français un titre très proche : Femmes dans la nuit (Women of the night) de l’américain William Rowland.

(1) Le premier grand film néoréaliste Rome, ville ouverte de Roberto Rossellini est sorti en 1945.

 

1 février 2013

The Mask (1994) de Chuck Russell

The MaskUn modeste employé de banque trouve un masque ancien qui le transforme en super-héro aux pouvoirs surnaturels… The Mask capitalise sur les effets spéciaux de la compagnie de George Lucas, Industrial Light and Magic, en allant plus loin que Qui veut la peau de Roger Rabbit? qui mêlait personnages réels avec des personnages de dessins animés. Ici, le personnage réel devient un personnage de dessins animés. L’histoire est adaptée d’un comix Dark Horse, un personnage créé par Mike Richardson, lui-même inspiré de nombreuses bandes dessinées. Tous les aspects violents du comix ont été gommés pour faire un divertissement visible par tous. Dans sa forme, The Mask est très fortement inspiré des dessins animés de Tex Avery, les créateurs du film allant jusqu’à refaire la célèbre scène de la chanteuse et du spectateur enthousiaste. Les effets sont spectaculaires mais jamais trop poussés, l’humour n’est jamais répétitif, les références sont nombreuses. Jim Carrey est assez inoubliable avec son jeu totalement déjanté. A sa sortie, le film fit l’effet d’une petite bombe car il ne ressemblait à rien qui avait été déjà fait. The Mask est jubilatoire et reste hilarant vingt ans après sa sortie. « Smokin’… »
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jim Carrey, Peter Riegert, Peter Greene, Cameron Diaz
Voir la fiche du film et la filmographie de Chuck Russell sur le site IMDB.