30 août 2022

Les Apparences (2020) de Marc Fitoussi

Les apparencesA Vienne, Ève et Henri sont un couple en vue de la petite communauté française. Lui est chef d’orchestre à l’Opéra, elle dirige la médiathèque de l’Institut français. Une vie apparemment sans fausse note, jusqu’au jour où Henri succombe au charme de l’institutrice de leur fils…
Les Apparences est un film français écrit et réalisé par Marc Fitoussi, librement adapté du roman Trahie de l’écrivaine suédoise Karin Alvtegen, paru en 2003. L’histoire n’est pas très originale, l’étude de mœurs de cette bourgeoisie privilégiée reste sommaire et convenue, l’intrigue est décevante. Le réalisateur semble avoir hésité entre plusieurs genres sans vraiment s’engager dans aucun. L’interprétation de Karin Viard est heureusement parfaite, le contraste est très visible avec Benjamin Biolay, en mari désabusé, qui n’exprime rien et paraît d’une lourdeur infinie. Le film a été très bien accueilli par la critique qui l’a rapproché des œuvres de Hitchcock, Chabrol ou Buñuel comme le suggérait le dossier de presse.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Karin Viard, Benjamin Biolay, Lucas Englander, Laetitia Dosch, Pascale Arbillot, Evelyne Buyle
Voir la fiche du film et la filmographie de Marc Fitoussi sur le site IMDB.
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Les apparencesKarin Viard, Benjamin Biolay et Pascale Arbillot dans Les apparences de Marc Fitoussi.

26 mai 2022

La Femme au tableau (2015) de Simon Curtis

Titre original : « Woman in Gold »

La Femme au tableau (Woman in Gold)Maria Altmann, une Autrichienne juive qui s’est réfugiée en Californie peu avant la Seconde Guerre mondiale, se bat devant les tribunaux pour récupérer auprès du gouvernement autrichien les peintures de Gustav Klimt que sa famille possédait et qui avaient été volées par les nazis puis exposées au musée du Belvédère à Vienne…
La Femme au tableau est réalisé par le britannique Simon Curtis. Le scénario s’inspire d’une histoire vraie qui s’est déroulée au début des années 2000, la demande de restitution du tableau Portrait d’Adele Bloch-Bauer I de Gustav Klimt par sa propriétaire légitime. Elle est l’occasion de rappeler une période noire et la spoliation d’œuvres d’art par le régime nazi (qui aurait porté sur 100 000 à 400 000 œuvres selon les estimations). Le film est d’une facture assez plate mais se distingue néanmoins par la qualité de son interprétation et par les soins portés à la reconstitution des scènes se situant dans la Vienne la fin des années trente.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Helen Mirren, Ryan Reynolds, Daniel Brühl, Katie Holmes
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La Femme au tableau (Woman in Gold)Ryan Reynolds, Helen Mirren et Daniel Brühl dans La Femme au tableau (Woman in Gold) de Simon Curtis.

Le Portrait d’Adele Bloch-Bauer I (également appelé La Dame en or ou La Femme en or)
est un tableau du peintre symboliste autrichien Gustav Klimt, réalisé entre 1903 et 1907.

7 octobre 2018

L’évasion de Baruch (1923) de Ewald André Dupont

Titre original : « Das alte Gesetz »

L'évasion de BaruchEn 1860, dans un village juif de Galicie, isolé à la frontière occidentale de l’empire russe, le jeune Baruch se découvre une passion pour le théâtre et rêve de partir à Vienne. Son père, rabbin rigoriste, refuse catégoriquement cette idée totalement contraire aux préceptes de la religion juive…
L’allemand Ewald André Dupont fut l’un des tous premiers critiques de cinéma allemands avant de devenir scénariste puis réalisateur en 1917. C’est avec L’évasion de Baruch qu’il se fera remarquer en 1923 (et aussi avec Variétés, deux ans plus tard). L’histoire est basée sur les mémoires d’Heinrich Laube (1806-1884), dramaturge et directeur de théâtre. Dans son premier tiers, L’évasion de Baruch décrit les coutumes et traditions juives orthodoxes, sans aucune caricature. Par l’ensemble de son film, le réalisateur, lui-même né dans une famille juive, vante les mérites de l’assimilation. L’histoire peut sembler assez classique à nos yeux modernes mais il s’en dégage une grande authenticité. La photographie de Theodor Sparkuhl est assez belle, subtile même : pas d’ombres marquées, la palette est pleine de nuances et de clairs-obscurs. Le film fut un très grand succès à sa sortie. (film muet)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Henny Porten, Ernst Deutsch, Werner Krauss, Jakob Tiedtke
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L'évasion de Baruch
Margarete Schlegel et Ernst Deutsch dans L’évasion de Baruch de Ewald André Dupont.

Remarques :
* Le film a longtemps été visible de façon incomplète (sans les intertitres). Lors de la 68e Berlinale, la version restaurée de ce film a été présentée le 16 février 2018, en première mondiale, sous le contrôle de la Deutsche Kinemathek, et avec une musique nouvelle composée par Philippe Schoeller sur une commande de ZDF/ARTE et interprétée par l’Orchester Jakobsplatz München dirigé par Daniel Grossmann.

* La scène de l’audition est assez remarquable : E.A. Dupont nous montre non pas l’acteur-postulant mais les réactions du directeur alors qu’il boit une tasse de thé. C’est un procédé assez nouveau pour l’époque et qui fonctionne ici merveilleusement bien.

L'évasion de Baruch
Henny Porten et Ernst Deutsch dans L’évasion de Baruch de Ewald André Dupont.

30 mai 2016

La Symphonie nuptiale (1928) de Erich von Stroheim

Titre original : « The Wedding March »

La Symphonie nuptialeA Vienne, en 1914, le Prince Nicki von Wildeliebe-Rauffenburg (Erich von Stroheim) est couvert de dettes. Ses parents souhaitent qu’il épouse une jeune femme infirme (Zazu Pitts), fille de très riches commerçants. Mais il tombe entre temps amoureux d’une jeune fille pauvre (Fay Wray) promise à un boucher rustre… La Symphonie nuptiale n’est que la première partie d’une grande fresque en trois parties. C’est hélas la seule qui ait survécu : la seconde partie a bien été tournée, puis montée par la Paramount qui avait racheté la production ; désavouée par Stroheim, elle ne sera montrée qu’en Europe. La seule copie connue à ce jour a péri dans un incendie à la Cinémathèque française en 1959. Quant à la troisième partie, elle ne fut jamais tournée.
Erich von Stroheim a écrit avec Harry Carr cette histoire qui met l’amour au premier plan sur fond de ruine de l’aristocratie. On retrouve globalement ce thème, cher à Stroheim, de l’argent qui se met en travers de l’amour véritable. La noirceur de l’âme humaine s’expose aussi largement avec le personnage du boucher, repoussant à souhait, et de la mère de la belle. Stroheim fait une fois de plus preuve d’un perfectionnisme extrême, notamment dans la qualité de la reconstitution et dans l’authenticité : la cathédrale est précise dans les moindres détails, le carrosse est celui de l’Empereur François-Joseph, la scène du bordel est tournée avec de vraies prostituées et du vrai champagne acheté en contrebande (rappelons que les Etats-Unis sont alors en pleine Prohibition). Une scène est en Two-strip Technicolor. Le budget a bien entendu explosé avant que le tournage ne soit définitivement arrêté au bout de neuf mois et le premier montage de Stroheim donnait six heures de film. De fait, le rythme est assez lent, la scène de la Fête Dieu où le Prince et Mitzi se rencontrent est particulièrement longue. Le rythme s’accélère ensuite progressivement à mesure que la tension monte. En visionnant La Symphonie nuptiale, on ne peut que regretter de ne pouvoir profiter de l’oeuvre dans son ensemble, telle qu’Erich von Stroheim l’avait conçue. (film muet)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Erich von Stroheim, Fay Wray, Matthew Betz, Zasu Pitts, George Fawcett
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Remarques :
* Le film est sorti aux Etats-Unis avec une musique (+ bruitages) synchronisée sur disques Photophone.

* Seconde partie : The Honeymoon (Mariage de Prince) (film perdu)
(ne pas lire ce qui suit avant d’avoir vu la première partie)
Mitzi remplit sa promesse d’épouser le boucher mais, pendant la cérémonie, elle s’évanouit. De rage, le boucher décide de tuer son rival une fois pour toutes et se rend dans le château du Tyrol où le Prince et Cecelia passent une nuit de noces sans amour. Mitzi arrive à temps pour avertir le Prince mais Cecelia est atteinte par la balle du tueur. Alors que les médecins lui ordonnent de rester sans bouger pour guérir, Cecelia, consciente de l’amour du Prince pour Mitzi, se traîne jusqu’à un crucifix géant et y meurt. Nikki rentre à Vienne mais, trouvant l’auberge avec les pommiers fermée, passe son temps au bordel. Lorsque la guerre est déclarée, il est envoyé près de la frontière serbe. Avec sa patrouille, il sauve un couvent attaqué par une bande de renégats dont le boucher fait partie. Or, Mitzi est une novice de ce couvent. Le Prince sauve Mitzi des griffes du boucher. Ils sont mariés à l’autel du couvent.

The Wedding March
Fay Wray et Erich von Stroheim dans La Symphonie nuptiale de Erich von Stroheim.

15 mai 2016

La Belle Ténébreuse (1928) de Fred Niblo

Titre original : « The Mysterious Lady »

La Belle ténébreuseAu début de la Première Guerre mondiale, à Vienne, le capitaine Karl von Raden se retrouve par hasard dans la même loge à l’opéra qu’une femme très belle et mystérieuse. Il la raccompagne chez elle et, bien qu’elle repousse tout d’abord ses avances, ils tombent rapidement amoureux l’un de l’autre… The Mysterious Lady est le treizième film de Greta Garbo qui était alors âgée de 23 ans, le sixième de sa carrière hollywoodienne. Il vient juste après The Divine Woman (1) qui lui valut son surnom de La Divine. C’est un film qui est généralement considéré comme mineur et on se demande bien pourquoi. Certes Greta Garbo n’avait guère envie de le tourner, elle était alors très fatiguée autant physiquement que psychologiquement (2). Le résultat est néanmoins merveilleux. Le film commence comme une pure histoire d’amour pour introduire ensuite une intrigue d’espionnage. Ce mélange d’amour et d’espionnage, avec les dilemmes qui en découlent, n’est pas sans évoquer Mata Hari que Garbo tournera quelques années plus tard. Mais ce n’est pas tant le scénario qui est remarquable. La Belle ténébreuse Greta Garbo est magnifique, toujours très belle, d’une présence phénoménale. La direction de Fred Niblo est d’une grande sensibilité. On notera quelques mouvements de caméra, judicieusement utilisés. La photographie est très belle, signée bien entendu par le talentueux William Daniels (le directeur de la photographie attitré de Greta Garbo). Certaines scènes sont absolument magiques, comme par exemple celle où elle allume les bougies : quelle délicatesse dans l’éclairage, quelle subtilité dans le cadrage pourtant très rapproché, on a l’impression que la caméra caresse son visage! La copie visible aujourd’hui comporte quelques passages détériorés mais ils sont heureusement de courte durée. The Mysterious Lady est un très beau film. (film muet)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Greta Garbo, Conrad Nagel, Gustav von Seyffertitz
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(1) The Divine Woman de Victor Sjöström (1928) est hélas un film perdu, du moins dans sa totalité. Seul un fragment de neuf minutes est parvenu jusqu’à nous.
(2) Après The Divine Woman, la MGM avait accordé plusieurs mois de vacances à Greta Garbo, fait extrêmement rare pour une vedette sous contrat et payée à la semaine.

The Mysterious Lady
Conrad Nagel et Greta Garbo dans La Belle ténébreuse de Fred Niblo.

The Mysterious Lady
Greta Garbo et Conrad Nagel  dans La Belle ténébreuse de Fred Niblo (photos publicitaires : celle de gauche est très proche d’une scène du film, celle de droite est posée).

22 septembre 2012

Le troisième homme (1949) de Carol Reed

Titre original : « The third man »

Le troisième hommePeu après la fin de la guerre, l’écrivain de romans populaires Holly Martins arrive à Vienne sans un sou en poche pour retrouver son ami Harry Lime qui lui a promis un emploi. Il apprend que son ami vient juste d’être tué dans un accident. Les circonstances de sa mort lui paraissent bien obscures… Adaptation d’un roman de Graham Greene, Le troisième homme a connu un grand succès populaire et cinéphilique : c’est l’un des films les plus célèbres de l’histoire du cinéma et certainement le film anglais le plus connu. Ce succès, il le doit à son atmosphère si particulière, pleine de mystère avec ses scènes nocturnes et ses coins sombres, beaucoup de scènes ayant été tournées sur place dans la Vienne à demi-dévastée. Il le doit aussi et surtout à la musique jouée la cithare d’Anton Karas qui eut un succès immense à l’époque, devenant ainsi un grand atout publicitaire pour le film ; elle reste aujourd’hui l’une des musiques de film les plus connues. Auprès des cinéphiles, l’aura du Troisième homme fut encore plus forte à la suite de rumeurs liées à la présence d’Orson Welles : l’acteur/réalisateur aurait, disait-on, fortement influencé le tournage et même modelé le scénario, le style général du film et la présence de Joseph Cotten appuyant ces croyances. En réalité, l’action d’Orson Welles est limitée à quelques répliques, dont sa fameuse sur le coucou suisse(1), et l’idée du plan des doigts à travers la grille. Le troisième homme montre des influences diverses, reprend certains des codes du film noir, évoque beaucoup les films d’Hitchcock dans sa période anglaise. Carol Reed fait ici un usage assez immodéré du Dutch angle(2). Même si sa réputation peut paraître excessive, Le troisième homme est un très bon film.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Joseph Cotten, Alida Valli, Orson Welles, Trevor Howard
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Remarque :
Le troisième homme est produit par Alexandre Korda et David O. Selznick. Ce sera la seule collaboration entre ces deux grands producteurs. Carol Reed est également coproducteur.

(1) Pour justifier ses actes odieux, Harry Lime (Orson Welles) a cette formule restée célèbre : « En Italie, pendant trente ans sous les Borgia, ils ont eu guerre, terreur, meurtres et massacres mais cette période a produit Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. En Suisse, ils ont eu cinq cent ans d’amour fraternel, de démocratie et de paix et qu’ont-ils produit ? Le coucou ! »
Dans ses entretiens avec Bogdanovitch, Orson Welles raconte qu’à la sortie du film, des suisses lui ont gentiment fait remarquer que le coucou n’avait pas été inventé en Suisse mais en Bavière.
On pourrait aussi lui faire remarquer qu’à l’époque de la Renaissance, l’armée suisse était l’une des plus redoutables et redoutées d’Europe (il suffit de lire Machiavel qui mentionne souvent son efficacité dans L’art de la guerre).

(2) Le terme Dutch angle (ou Dutch tilt ou German angle) désigne la technique qui consiste à pencher légèrement la caméra sur le côté pour faire un cadrage oblique et créer ainsi un sentiment d’insécurité, de léger malaise (en français, plan hollandais peut être parfois utilisé, ou même cadrage oblique).