12 juin 2018

Julieta (2016) de Pedro Almodóvar

JulietaÀ la veille de quitter Madrid pour s’installer au Portugal avec son amant Lorenzo, Julieta rencontre une amie de sa fille dont elle n’a plus de nouvelles. Elle décide de rester et d’écrire à sa fille pour lui raconter comment elle a rencontré son père…
Almodovar a écrit Julieta d’après trois nouvelles de l’écrivaine canadienne Alice Munro. Loin de ses réalisations plus baroques ou loufoques, c’est un film dramatique qui explore les notions de culpabilité et de l’absence. La forme quasi-parfaite du film lui donne une grande force et Almodovar sait lui donner beaucoup de chaleur humaine ; il nous place très près de ses personnages et le récit nous touche d’autant plus profondément. Julieta fait certainement partie de ses films les plus puissants.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Emma Suárez, Adriana Ugarte, Daniel Grao, Inma Cuesta, Darío Grandinetti, Rossy de Palma
Voir la fiche du film et la filmographie de Pedro Almodóvar sur le site IMDB.

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Julieta
Daniel Grao et Emma Suárez dans Julieta de Pedro Almodóvar.

30 mars 2018

Tortillard pour Titfield (1953) de Charles Crichton

Titre original : « The Titfield Thunderbolt »

Tortillard pour TitfieldLorsque la compagnie des chemins de fer britanniques annonce la fermeture de la ligne de Titfield, les villageois décident de prendre en main l’exploitation de la ligne. Ils doivent toutefois prouver à la compagnie qu’ils en sont capables. Tout cela n’est pas du goût des frères Crump qui viennent d’acheter un car dans le but d’avoir le monopole du transport dans la région…
Sur un scénario original de T. E. B. Clarke qui a déjà fourni plusieurs scénarios à la Ealing dont Passport to Pimlico, Charles Crichton réalise cette comédie pleine de fraîcheur et d’humour très britannique, tout à fait dans l’esprit des meilleures comédies des studios Ealing. L’humour repose bien entendu sur le nonsense et le saugrenu, sans crainte d’entailler joyeusement la vraisemblance de l’ensemble. C’est un humour bon enfant, certes, mais qui se moque de certains petits travers de la nature humaine : ainsi, si l’on s’engage pour de nobles causes, ce n’est pas toujours pour de bonnes raisons… Tortillard pour Titfield distille une généreuse dose de bonne humeur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Stanley Holloway, George Relph, Naunton Wayne, John Gregson
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Remarque :
* Après la nationalisation des chemins de fer britanniques à la fin des années quarante, certaines petites lignes fortement déficitaires furent progressivement fermées durant les décennies cinquante et soixante.

Titfield Thunderbolt
Le car et le train se font concurrence dans Tortillard pour Titfield de Charles Crichton.

Titfield Thunderbolt
Naunton Wayne, Stanley Holloway et Gabrielle Brune dans Tortillard pour Titfield de Charles Crichton.

Titfield Thunderbolt
Le Titfield Thunderbolt reprend du service dans Tortillard pour Titfield de Charles Crichton.

7 mars 2018

L’empereur du Nord (1973) de Robert Aldrich

Titre original : « Emperor of the North Pole »

L'empereur du Nord1933. La Grande Dépression a transformé des milliers d’américains en vagabonds qui errent à la recherche d’un travail, voyageant illégalement en train pour traverser le pays. L’un d’eux, surnommé Numéro 1, met au défi Shack, un chef de train brutal et sadique, en annonçant qu’il voyagera sur son train jusqu’à Portland. Un jeune hâbleur du nom de Cigarette sera aussi du voyage…
L’empereur du Nord est librement inspiré d’un roman de Leon Ray Livingston, From Coast to coast with Jack London (1917), qu’il écrit sous le pseudonyme de « A-No.-1 » (1). Robert Aldrich évacue tout aspect humaniste ou social : le drame de cette période de crise est ici réduit à la confrontation aussi violente qu’inutile de deux individus. Il en fait un jeu du chat et de la souris, impression renforcée par la musique qui évoque les films muets burlesques dans certaines scènes, mais la violence est omniprésente (le meurtre de la scène d’ouverture est rapide mais vraiment horrible). Comme dans nombre de ses précédents films, Aldrich dépasse la notion de bien et de mal ; les victimes peuvent ici se transformer rapidement en bourreaux. Le principal attrait (à mes yeux, du moins) du film réside dans la performance des acteurs avec ce face à face de deux « trognes » de cinéma et dans la belle photographie. Le film est en général très apprécié. La fascination de l’homme pour la violence est toujours aussi surprenante…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Lee Marvin, Ernest Borgnine, Keith Carradine, Charles Tyner
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(1) Le scénario s’inspire certainement également de The Road (1907) où Jack London raconte sa vie de vagabond. Jack London a effectivement rencontré un « No. 1 » mais ne l’a pas mentionné dans son livre. Jack London aurait lu une préversion du livre de Leon Ray Livingston et l’aurait qualifié de « pure fiction à 98% ». Bien que Jack London ait porté ce surnom de Cigarette quand il était vagabond, le personnage de Cigarette dans le film d’Aldrich n’a rien à voir avec lui.

Remarques :
* Le titre original, Emperor of the North Pole, se base sur une blague du milieu des vagabonds, qui disait que le meilleur vagabond du monde serait « Empereur du pôle Nord », manière de dire qu’il régnerait sur un désert.
* Le titre original fut ensuite raccourci à Emperor of the North pour ne pas prêter à confusion, l’univers arctique étant considéré comme un  box office poison  (repoussoir de succès).

L'Empereur du NordErnest Borgnine dans L’empereur du Nord de Robert Aldrich.

L'Empereur du Nord
L'Empereur du NordLee Marvin et Keith Carradine dans L’empereur du Nord de Robert Aldrich.
L'Empereur du NordErnest Borgnine n’a pas son pareil pour nous faire de telles trognes… Ernest Borgnine dans L’empereur du Nord de Robert Aldrich.

15 février 2018

Bons baisers de Russie (1963) de Terence Young

Titre original : « From Russia with Love »

Bons baisers de RussieL’organisation criminelle Spectre projette de mettre la main sur une machine de déchiffrement soviétique. Pour ce faire, elle entend se servir des services secrets britanniques en leur faisant croire qu’une employée de l’ambassade soviétique à Istanbul est prête à leur livrer la machine…
Dès les premiers signes de succès de Dr. No, la décision est prise de mettre en chantier un second film avec l’agent secret 007. Le choix se porte naturellement sur le roman le plus vendu de la série écrite par Ian Fleming, Bons baisers de Russie, l’un des dix livres préférés du président Kennedy (!) Le film est incontestablement plus abouti, avec moins de maladresses mais a perdu son côté « diamant brut ». Les péripéties sont nombreuses et mouvementées, avec beaucoup de lieux différents, ce qui bizarrement n’empêche pas certaines longueurs. Après l’exotisme des tropiques, c’est l’exotisme oriental qui sert d’attrait (nous avons même droit à une (interminable) danse du ventre). Les gadgets commencent à apparaitre. L’ensemble semble pencher vers le style Hitchcock, à la fois par le suspense de la poursuite et aussi par le style « beauté froide » de la James Bond girl Daniela Bianchi. Bons baisers de Russie est considéré comme l’un des meilleurs de la série par certains amateurs.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sean Connery, Daniela Bianchi, Pedro Armendáriz, Robert Shaw, Bernard Lee, Eunice Gayson
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Bons baisers de Russie
Sean Connery et Daniela Bianchi dans Bons baisers de Russie de Terence Young.

Bons Baisers de Russie
Sean Connery pénétrant dans votre chambre vêtu d’une seule serviette de bain… L’image avait de quoi affoler la gent féminine de l’époque et promût Sean Connery au rang des sex-symbols.  Sean Connery et Daniela Bianchi dans Bons baisers de Russie de Terence Young.

Bons Baisers de Russie
Robert Shaw est un méchant difficile à vaincre dans Bons baisers de Russie de Terence Young.

21 janvier 2018

La Madone des sleepings (1955) de Henri Diamant-Berger

La Madone des sleepingsLady Diana Wyndham est une riche et belle veuve dont les multiples aventures sont à la une des journaux populaires. Elle ne se déplace qu’en train, dans un wagon particulier, ce qui lui vaut d’être appelée La Madone des sleepings. Ses terres en Amérique centrale recèlent des gisements d’uranium qui sont convoités par plusieurs puissances étrangères…
La Madone des sleepings fut tout d’abord un roman best-seller de Maurice Dekobra en 1925 que Pathé a aussitôt porté à l’écran en muet, puis une seconde fois vingt-cinq ans plus tard dans cette version signée Henri Diamant-Berger, alors âgé de 83 ans. Le roman possède certainement des qualités mais il est bien difficile d’en trouver une seule dans ce film très plat, aux personnages inconsistants et mal interprétés. C’est assez épouvantable.  Erich von Stroheim n’a qu’un petit rôle. Le voir  échouer dans une production si insipide est attristant, d’autant plus qu’il s’agit de son dernier film.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Giselle Pascal, Jean Gaven, Philippe Mareuil, Erich von Stroheim, Jacques Jouanneau
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La Madone des sleepings
( de g. à dr.) Jacques Jouanneau, Jean Gaven, Giselle Pascal, Philippe Mareuil et Katherine Kath dans La Madone des sleepings de Henri Diamant-Berger.

Remarques :
* Précédente adaptation :
La Madone des sleepings de Marco de Gastyne et Maurice Gleize (1928) avec Claude France.

* Maurice Dekobra est un auteur de romans populaires, faciles à lire, généralement empreints d’exotisme. Il est également l’auteur de Macao, l’enfer du jeu adapté en 1942 par Jean Delannoy (ne pas confondre avec le Macao de Josef von Sternberg).

15 janvier 2018

Le Masque arraché (1952) de David Miller

Titre original : « Sudden Fear »

Le Masque arrachéMyra Hudson est à la fois une riche héritière et une auteure à succès de pièces à Broadway. Lors d’une répétition, elle fait renvoyer l’acteur principal Lester Blaine car elle estime qu’il n’est pas assez séduisant pour le rôle. Quelque temps plus tard, elle le rencontre à nouveau dans le train qui la ramène à San Francisco. Il lui fait la cour… Basé sur un roman d’Edna Sherry, Sudden Fear est un film noir qui repose sur un suspense à la Hitchcock (on peut penser à Suspicion notamment). L’histoire en elle-même n’est pas exceptionnelle mais l’ensemble fonctionne très bien grâce à l’interprétation assez remarquable du trio d’acteurs principaux. Joan Crawford, même si elle est souvent à la limite de sur-jouer, est une grande actrice (plutôt mal aimée en France pour des raisons qui m’échappent) qui sait donner une profondeur psychologique à ses personnages. Jack Palance est étonnamment séduisant et charmeur et trouve toujours le ton juste. Gloria Grahame (l’actrice qui mettait en émoi le jeune François Truffaut à l’époque) apporte une note de sensualité qui vient pimenter l’ensemble. Le suspense devient assez intense dans la seconde moitié du film. A noter, la belle photographie de Charles Lang, qui s’en donne à cœur joie dans la séquence finale. Sudden Fear est le plus souvent moyennement considéré. A tort. C’est un film qui mérite d’être redécouvert.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Joan Crawford, Jack Palance, Gloria Grahame, Bruce Bennett, Mike Connors
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Remarques :
* Sudden Fear fut le sujet du premier article du jeune François Truffaut (21 ans) dans les Cahiers du Cinéma en 1953. En plus de régler quelques comptes au passage, il parlait surtout de son adoration pour Gloria Grahame…
* Le film est coproduit par Joan Crawford.
* Sudden Fear marque la première apparition au cinéma de Mike Connors (Mannix…) Il interprète Junior Kearney.

Sudden Fear
Jack Palance et Joan Crawford dans Le Masque arraché de David Miller.

Sudden Fear
Joan Crawford et Jack Palance dans Le Masque arraché de David Miller.

Sudden Fear
Jack Palance et Gloria Grahame dans Le Masque arraché de David Miller.

2 janvier 2018

Retour vers le futur 3e partie (1990) de Robert Zemeckis

Titre original : « Back to the Future Part III »

Retour vers le futur: 3e partieCoincé en 1955, Marty découvre que Doc est bloqué en 1885 grâce à une lettre que ce dernier lui a fait parvenir. Il lui indique où il pourra retrouver la DeLorean, cachée depuis cette époque, pour qu’il puisse revenir en 1985. Mais il va faire une étrange découverte qui le poussera à remonter le temps à la rencontre de Doc…
Après un deuxième volet qui poussait très loin les paradoxes temporels, ce troisième film apparaît très différent. La famille McFly est un peu mise de côté et, avec elle, les inévitables paradoxes. Nous nous concentrons cette fois sur le personnage de Doc qui, tout en restant très excentrique et plein de ressources, va se découvrir une âme romantique grâce à l’arrivée de Mary Steenburgen. Parfaitement réalisé, Retour vers le futur 3 est une amusante variation autour du thème du western dont il reprend l’ambiance et les composants les plus emblématiques, de façon légère, sans aucun sérieux. L’ensemble est bon enfant. Sur un rythme assez trépidant, il y a là un excellent dosage entre aventures, humour et science-fiction.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Michael J. Fox, Christopher Lloyd, Mary Steenburgen, Thomas F. Wilson, Lea Thompson, Elisabeth Shue
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retour vers le futur 3
Michael J. Fox et Christopher Lloyd se retrouvent en 1885 dans Retour vers le futur: 3e partie de Robert Zemeckis.

Remarques :
* Le site Futurepedia (en anglais) est un site collaboratif qui reprend tous les évènements et personnages de la série Back to the Future et, surtout, qui reconstruit toute la chronologie, remplit tous les trous, explore diverses possibilités. Le contenu est abondant.

* Lorsque Marty parle de Clint Eastwood au Doc de 1955, celui-ci répond : « Clint qui ? » En arrière-plan, Zemeckis s’est amusé à placer deux affiches de Tarantula et de Revenge of the Creature, deux films de 1955 dans lequel Clint Eastwood, alors âgé de 25 ans, avait un tout petit rôle de figuration (non crédité au générique).

Retour vers le futur 3

Retour vers le futur 3
C’est ZZ Top qui assure l’ambiance au bal du village dans Retour vers le futur: 3e partie de Robert Zemeckis.

La trilogie :
Retour vers le futur (Back to the Future) de Robert Zemeckis (1985)
Retour vers le futur 2 (Back to the Future II) de Robert Zemeckis (1989)
Retour vers le futur 3 (Back to the Future III) de Robert Zemeckis (1990)

27 novembre 2017

Il était une fois… la révolution (1971) de Sergio Leone

Titre original : « Giù la testa »
Autres titres (USA) « Duck, you sucker! », « A Fistful of Dynamite »

Il était une fois... la révolutionMexique, 1913. Juan Miranda, un mexicain qui pille les diligences avec ses nombreux fils, et John Mallory, un irlandais membre de l’IRA  et expert en explosifs, se rencontrent. Le premier projette d’utiliser les talents du second pour dévaliser la banque de Mesa Verde. Mais l’irlandais a d’autres projets en tête… Au départ, Sergio Leone devait seulement produire Giù la testa (= « Baisse la tête ») mais les acteurs Rod Steiger et James Coburn réussirent à imposer qu’il le réalise également. C’est ainsi le deuxième volet de sa trilogie sur l’Amérique. Sur le fond, le propos est de démythifier les révolutions qui sont, selon lui, uniquement l’œuvre d’intellectuels ; cette vision, indéniablement assez simpliste, a pris beaucoup de gens à rebrousse-poil au début des années soixante-dix. Mais Sergio Leone est avant tout un style et, plus que tout autre, ce film condense ses figures de prédilection : scènes étirées en longueur, très gros plans, flashbacks intempestifs au ralenti, dialogues réduits. Et il y a bien entendu la superbe musique d’Ennio Morricone avec son légendaire « Sean, Sean, Sean » et une belle prestation de Rod Steiger. Tout cela forme un véritable spectacle avec des scènes impressionnantes et des prouesses pyrotechniques. On peut toutefois regretter que ce ne soit, somme toute, qu’un cinéma d’effets. Gros succès commercial.
Elle: 1 étoile
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Rod Steiger, James Coburn, Romolo Valli
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Remarques :
* Si le titre original n’a pas été C’era una volta la Rivoluzione (Il était une fois la révolution), c’est uniquement parce que les producteurs craignaient une confusion avec le titre du film de Bertolucci Prima della rivoluzione (1964).
* Le film a été postsynchronisé sauf certains passages avec Rod Steiger qui a insisté pour ne pas être postsynchronisé.

Il était une fois... la révolution
Rod Steiger dans Il était une fois… la révolution de Sergio Leone.

Il était une fois... la révolution
James Coburn dans Il était une fois… la révolution de Sergio Leone.

Il était une fois... la révolution

26 mars 2017

Propriété interdite (1966) de Sydney Pollack

Titre original : « This Property Is Condemned »

Propriété interditeEn ce début des années trente, Dodson est une petite bourgade du Sud des Etats-Unis entièrement tournée vers le dépôt de chemin de fer qui emploie la majorité de ses habitants. Arrivé par le train du soir, un jeune homme s’installe dans la pension de famille tenue par Hazel Starr et sa fille Alva, une belle jeune femme qui fait tourner toutes les têtes… Propriété interdite est le second long métrage de Sydney Pollack, son premier grand film. L’histoire s’inspire librement d’une courte pièce de Tennessee Williams et le jeune Francis Coppola est l’un des trois scénaristes. Assez peu connu, le film est porté par les superbes prestations de Natalie Wood, plus belle que jamais, et de Robert Redford qui montrent tous deux une grande présence à l’écran. Propriété interdite a une apparence romanesque mais c’est la dimension psychologique qui est la plus importante : c’est un film sur la nature de nos rêves, de nos espoirs et leur dure confrontation avec la réalité. Victime et manipulatrice, prisonnière de ses illusions, Alva est prête à tout mais son aspiration à un monde meilleur se heurtera à la réalité de la Grande Dépression. L’atmosphère est moite comme toujours chez Tennessee Williams mais Sydney Pollack parvient à s’émanciper du cadre de l’adaptation et met de la distance avec ses illustres prédécesseurs (Kazan, Mankiewicz, etc.) Même si le film n’est pas sans défaut, s’essoufflant notamment au début de sa dernière partie, le résultat est vraiment convaincant par son intensité et la vitalité de ses interprètes. Propriété interdite est, sans doute aucun, l’un des meilleurs films de Sydney Pollack. Et la photographie de James Wong Howe est superbe.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Natalie Wood, Robert Redford, Charles Bronson, Kate Reid
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Remarques :
* Sydney Pollack nous gratifie de deux travelings arrière vertigineux : le plan du train au dessus de l’eau et le plan final. Dans les deux cas, nous partons du ras du sol pour  nous envoler très haut dans les airs. Celui du train, assez extraordinaire, exprime avec lyrisme le sentiment de liberté d’Alva.

* Tennessee Williams a été si déconcerté par le film qu’il a failli demander que son nom soit retiré du générique.

* Le film projeté au cinéma est Voyage sans retour (One Way Passage), très beau film de Tay Garnett sorti en 1932 avec Kay Francis et William Powell.

Propriété interdite
Robert Redford et Natalie Wood dans Propriété interdite de Sydney Pollack.

Ne pas confondre ce film avec :
Propriété interdite d’Hélène Angel (2011) avec Charles Berling.

11 janvier 2017

Runaway Train (1985) de Andrei Konchalovsky

Runaway TrainManny, un prisonnier multirécidiviste, et Buck, jeune tête brûlée, s’évadent d’une prison de haute sécurité en Alaska dirigée par un directeur dur et impitoyable. Ils montent à bord d’un train dont le conducteur décède, foudroyé par une crise cardiaque. Le train est hors de contrôle… le scénario original de Runaway Train a été écrit dans les années soixante par Akira Kurosawa qui ne put trouver le financement pour le tourner. Il est repris presque vingt ans plus tard par le russe Andreï Konchalovsky encore auréolé du succès de Maria’s Lovers. Même américanisé, il reste une note japonaise dans le personnage de ce gangster dangereux : son mépris du danger et son jusqu’au-boutisme sont aussi poussés que chez les guerriers samouraï. Le déroulement du scénario est ponctué de brusques envolées lyriques comme si le réalisateur avait voulu donner à son film une autre dimension que celle d’un simple suspense. L’interprétation de Jon Voight est assez spectaculaire, parfois un peu trop, et les autres acteurs paraissent bien ternes à côté. Runaway Train est un film plutôt inégal mais assez spectaculaire, empreint d’une énergie brute.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jon Voight, Eric Roberts, Rebecca De Mornay
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Runaway Train
Le train fou de Runaway Train de Andrei Konchalovsky.