19 mars 2018

L’Adorable Voisine (1958) de Richard Quine

Titre original : « Bell Book and Candle »

L'adorable voisineUn soir de Noël, à New York, une ravissante jeune femme se désole de ne pouvoir tomber amoureuse d’un homme et mener une vie ordinaire. Elle ne fréquente en effet que des personnes de « son espèce ». Elle aimerait tant pouvoir ainsi passer une soirée avec son nouveau voisin…
Bell Book and Candle est adapté d’une pièce de John Van Druten qui n’avait connu qu’un très petit succès à Broadway au début de la décennie. Cette comédie légère sur le thème des sorcières est mise en scène à l’écran par Richard Quine, artisan des comédies à la Columbia. Beaucoup la considère comme sa réalisation la plus réussie. L’humour repose sur le décalage entre le monde courant et le monde des mages et sorcières. On peut voir le film comme une tentative de retrouver l’humour de la série des Topper (1937) (Cary Grant a d’ailleurs cherché à avoir le rôle) ou encore de I Married a Witch de René Clair (1942). Sans être aussi réussi, l’ensemble est très amusant. Le choix de Kim Novak paraît judicieux pour ce rôle ambivalent (à noter que Vertigo venait tout juste de sortir sur les écrans). L’actrice joue ici avec son propre chat. James Stewart a déclaré n’avoir pas été très à l’aise dans son rôle de businessman mais, s’il montre une petite gêne, celle-ci colle très bien avec son personnage. La présence de Jack Lemmon est plus inattendue ; elle ajoute des notes d’humour supplémentaires. Bell Book and Candle nous fait passer un bon moment.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Stewart, Kim Novak, Jack Lemmon, Ernie Kovacs, Elsa Lanchester, Janice Rule
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Quine sur le site IMDB.

Voir les autres films de Richard Quine chroniqués sur ce blog…

Bell Book and Candle
Kim Novak et son chat Pyewacket dans L’adorable voisine de Richard Quine.

Remarques :
* Richard Quine a été amoureux de Kim Novak pendant des années.
* La Columbia avait prêtée Kim Novak à la Paramount pour Vertigo. L’arrangement prévoyait une réciprocité. C’est ainsi que James Stewart s’est retrouvé dans cette production Columbia.
* Le français Philippe Clay est bien visible en chanteur dans deux scènes situées dans le Zodiac Club. Il y fait un beau numéro.
* L’expression Bell book and candle (= cloche, livre et bougie) fait référence aux trois accessoires nécessaires dans un rite latin d’excommunication par anathème (merci Wikipedia). A noter toutefois qu’il n’est jamais fait allusion à la religion dans cette histoire.

Bell Book and Candle
James Stewart et Kim Novak dans L’adorable voisine de Richard Quine.

Bell Book and Candle
Elsa Lanchester, Kim Novak et Jack Lemmon dans L’adorable voisine de Richard Quine.

30 juillet 2017

Stardust, le mystère de l’étoile (2007) de Matthew Vaughn

Titre original : « Stardust »

Stardust, le mystère de l'étoileDans l’Angleterre du XIXe siècle, un petit village est situé au bord d’un mur qui sépare le monde des humains du royaume magique de Stormhold. Rares sont ceux qui osent le franchir mais c’est le cas du jeune Tristan Thorn bien décidé à aller chercher une étoile tombée du ciel pour l’offrir à sa belle. Au moment, le roi mourant de Stormhold lance une compétition entre ses fils pour lui succéder… Stardust, le mystère de l’étoile est un beau conte de fée adapté du roman Stardust écrit par l’anglais Neil Gaiman. L’histoire est à la fois simple et riche en évènements et mêle habilement le fantastique, l’humour et le spectaculaire. L’ensemble est très britannique et cela nous permet d’avoir des personnages beaucoup moins lisses que dans les productions hollywoodiennes. La réalisation est fastueuse avec juste ce qu’il faut d’effets spéciaux, sans aucun excès. Les paysages (tournés en Ecosse et en Islande) sont également de toute beauté.  Stardust, le mystère de l’étoile se démarque du courant récent de l’heroic-fantasy au cinéma pour retrouver un certain classicisme du conte, tout en étant assez novateur dans le ton.  Tout le monde ne sera pas séduit mais il suffit de se laisser emporter pour plonger dans un émerveillement délicieux.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Charlie Cox, Claire Danes, Michelle Pfeiffer, Mark Strong, Robert De Niro, Peter O’Toole
Voir la fiche du film et la filmographie de Matthew Vaughn sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

StardustClaire Danes est une étoile tombée du ciel dans Stardust, le mystère de l’étoile de Matthew Vaughn.

StardustClaire Danes et Charlie Cox dans Stardust, le mystère de l’étoile de Matthew Vaughn.

StardustSarah Alexander, Michelle Pfeiffer et Joanna Scanlan dans Stardust, le mystère de l’étoile de Matthew Vaughn.

 

Stardust
Le Quiraing sur l'île de SkyeImage du film Stardust, le mystère de l’étoile et image réelle du Quiraing sur l’île de Skye en Ecosse. Michelle Pfeiffer se tient au niveau où la route fait une boucle à droite de l’image.

 

Stardust
Bealach na BàImage du film Stardust, le mystère de l’étoile et image réelle du passage Bealach na Bà en Ecosse (un peu au nord de l’île de Skye). L’image du film a été inversée et le port (en haut du piton rocheux) et le vaisseau des pirates ont été ajoutés par ordinateur.

30 mars 2017

La Chambre ardente (1962) de Julien Duvivier

Titre original : « La chambre ardente »

La Chambre ardenteHistorien, Michel Boissard est invité avec sa femme, Marie, descendante de la marquise de Brinvilliers, célèbre empoisonneuse, dans le château de Mathias Desgrez, descendant du dernier amant de la marquise qui la dénonça. Au château viennent aussi les deux neveux, Marc et Stéphane Desgrez, qui attendent impatiemment l’héritage… La chambre ardente est adaptée d’un roman policier de John Dickson Carr. Il fait partie des derniers films de Julien Duvivier qui en a écrit le scénario avec Charles Spaak, l’un des plus grands scénaristes du cinéma français (1). A l’intrigue policière viennent se mêler l’insolite et la dérision, formant un cocktail très réussi. L’atmosphère est à la fois troublante et amusante. L’interprétation est tout en contrastes subtils : au virevoltant Claude Rich et au facétieux Claude Piéplu font face la diaphane Edith Scob ou l’intense Nadja Tiller. Tous les rôles sont très bien tenus, à deux exceptions près : Jean-Claude Brialy et Walter Giller, tous deux étonnamment très mauvais. Méprisé à sa sortie par la Nouvelle Vague, La chambre ardente reste un film plutôt sous-estimé aujourd’hui.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Nadja Tiller, Jean-Claude Brialy, Claude Rich, Perrette Pradier, Edith Scob, Claude Piéplu
Voir la fiche du film et la filmographie de Julien Duvivier sur le site IMDB.

Voir les autres films de Julien Duvivier chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Julien Duvivier

La Chambre ardente
Jean-Claude Brialy, Claude Piéplu et Claude Rich dans La Chambre ardente de Julien Duvivier.

La Chambre ardente
Nadja Tiller et Perette Pradier (Héléna Manson à l’arrière-plan) dans la scène de l’enterrement vraiment peu banal de La Chambre ardente de Julien Duvivier.

Remarque :
* La chambre ardente est le nom donné dès le XVIe siècle à un tribunal extraordinaire pour juger des crimes concernant l’Etat. C’est elle qui jugea la marquise de Brinvilliers sous Louis XIV dans la célèbre Affaire des poisons (1676). Ses audiences se tenaient dans une pièce tendue de noir et éclairée par des torches ou des bougies, d’où son nom.

(1) On serait tenté d’écrire « l’un des plus grands scénaristes français » mais Charles Spaak est belge… Il a débuté aux côtés de Jacques Feyder à la fin des années 20 et la liste de ses contributions est bien longue, citons seulement La Grande Illusion de Jean Renoir. Sa première collaboration avec Duvivier date de 1936 (La Belle Equipe).

28 septembre 2016

Magic in the Moonlight (2014) de Woody Allen

Magic in the Moonlight1928. L’anglais Stanley Crawford est un magicien de renom sous les traits de Wei Ling Soo, son personnage de scène. Il s’est fait une spécialité de démasquer les médiums et autres charlatans. L’un de ses amis de longue date, également magicien, vient lui proposer de se rendre sur la Côte d’Azur pour tenter de confondre une jeune femme médium qui a séduit une riche famille… Comme on le sait, Woody Allen est depuis toujours attiré par la magie qu’il a beaucoup pratiquée dès son adolescence. Il le montre nettement dans Magic in the Moonlight où il est question de duperie et d’illusion. Mais pas seulement, son personnage principal passe son temps à distiller sa philosophie de vie. Woody Allen réussit le tour de force de ne pas rendre antipathique ce snob prétentieux, extraordinairement imbu de lui-même. Bien au contraire, son pessimisme chronique nous amuse et le rend finalement attachant. Il donne à cette histoire tout son sel. Woody Allen nous montre là ses talents de conteur. Il montre aussi ses talents de cinéastes car ses plans sont très travaillés, esthétiquement recherchés, et il utilise largement la beauté des décors naturels de la Riviera. Magic in the Moonlight n’est sans doute pas extraordinaire mais c’est un film très plaisant.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Colin Firth, Emma Stone, Simon McBurney, Eileen Atkins
Voir la fiche du film et la filmographie de Woody Allen sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Woody Allen chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Woody Allen

Remarque :
* Wei Ling Soo fait indubitablement fait référence à Chung Ling Soo, personnage de scène du magicien anglais William Ellsworth Robinson (1861-1918). Très célèbre en son temps, il s’était donné pour tâche de démasquer les médiums et spirites. Il est mort sur scène dans un dangereux tour de magie qui a mal tourné.

magic in the moonlight
Emma Stone et Colin Firth dans Magic in the Moonlight de Woody Allen.

Magic in the moonlight
Colin Firth et Emma Stone dans Magic in the Moonlight de Woody Allen.

12 août 2016

Mon voisin Totoro (1988) de Hayao Miyazaki

Titre original : « Tonari no Totoro »

Mon voisin TotoroDeux fillettes viennent s’installer avec leur père dans une petite maison à la campagne afin de se rapprocher de leur mère soignée dans un hôpital. Proche de la maison, une forêt avec de grands arbres très anciens va être une source de découvertes vraiment étonnantes pour les fillettes… Ecrit et réalisé par Hayao Miyazaki, au début de sa carrière, Mon voisin Totoro est un joli conte qui pourra être autant apprécié par un enfant de cinq ans que par un adulte. Le thème général est l’amour de la famille et l’harmonie avec la nature. Miyazaki réussit à mêler habilement la vie quotidienne avec un monde magique et féérique. La première analogie qui vient à l’esprit est bien entendu avec Alice au pays des merveilles. L’animation est parfaite. Le comportement des fillettes est vraiment très réaliste et les êtres magiques sont très originaux… et particulièrement attachants. De l’ensemble se dégagent une douceur et une harmonie que l’on ne peut trouver dans les productions américaines ; notons qu’il n’y a pas de « méchants ». Autre différence, il n’y a pas ces multiples références et clins d’œil à la culture populaire. A la place, il y a une histoire pleine de vie et de féérie qui nous illumine et nous charme.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Hayao Miyazaki sur le site IMDB.

Voir les autres films de Hayao Miyazaki chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Hayao Miyazaki

Remarques :
* Totoro est devenue la mascotte des studios Ghibli et même leur logo.
* Le nom Totoro, donnée par la fillette à son gros ami à poils, est une mauvaise prononciation de sa part du mot « troll » (qui se prononce to-ro-ru en japonais).
* Mon voisin Totoro n’a eu qu’un succès limité à sa sortie au Japon. Il lui a fallu deux années pour vraiment se faire connaitre. Il a connu depuis un succès planétaire.
* L’histoire est en partie autobiographique puisque la mère de Hayao Miyazaki, qui souffrait de la tuberculose, a été longuement hospitalisée quand il était jeune. Le nom de la maladie n’est jamais prononcé dans le film.

Mon voisin Totoro
L’une des scènes de Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki qui évoquent le plus Alice au pays des merveilles.

20 mars 2014

Hollywood Parade (1944) de A. Edward Sutherland

Titre original : « Follow the Boys »

Hollywood ParadeUn ex-comédien de vaudeville qui a percé à Hollywood (George Raft) organise des tournées avec des stars de cinéma pour soutenir les soldats américains en Europe et dans le Pacifique… Follow the Boys se présente comme un film d’effort de guerre, réunissant toutes les têtes d’affiche des studios Universal. Il y a bien une petite intrigue mais elle est simplette et sans grande importance. Le film se charge surtout de nous montrer un bon nombre de numéros de stars. Follow the Boys est ainsi une des toutes dernières apparitions de W.C. Fields à l’écran, il nous fait son célèbre numéro du billard, toujours aussi amusant mais on le sent fatigué. La séquence la plus marquante est certainement celle d’Orson Welles qui nous refait une partie de son show de magie, The Wonder Show, où il coupe à la scie Marlene Dietrich en deux, après divers petits tours rapides mais spectaculaires. Sur le plan musical, il y a un peu de tout. Le meilleur à mes yeux (et à mes oreilles) réside dans les deux passages avec les Andrews Sisters (c’est une occasion de voir leur étonnant jeu de scène) qui font un long medley puis plus tard Shoo-Shoo Baby et aussi dans les deux morceaux joués par Louis Jordan (Is You Is or Is You Ain’t Ma’ Baby suivi de Sweet Georgia Brown). Toujours en jazz, Charlie Spivak et son big band joue également quelques morceaux. Enfin, le numéro de danse endiablée de Donald O’Connor et Peggy Ryan est assez étonnant et on notera la présence, assez inattendue, d’Arthur Rubinstein. La mise en scène mêle des images réelles (surtout des plans de foule) à des plans reconstitués en studio. Le film n’a rien de remarquable sur le plan cinématographique, il a plutôt un intérêt historique.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: George Raft, Jeanette MacDonald, Orson Welles, Marlene Dietrich, Donald O’Connor, W.C. Fields
Voir la fiche du film et la filmographie de A. Edward Sutherland sur le site IMDB.
Voir les autres films de A. Edward Sutherland chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* En l’absence d’Eddie Sutherland, John Rawlins a dirigé certains plans.
* Dans son livre d’entretiens avec Peter Bogdanovich (This is Orson Welles, ou Moi Orson Welles en français), Welles a des mots très durs sur ce film : « En fait d’effort de guerre, il s’agissait surtout d’un effort de Charlie Feldman pour faire de l’argent – et il en a gagné un bon paquet (…) C’est moralement répugnant. » (Note : Charlie Feldman est le producteur du film).
Voir les livres sur Orson Welles