4 février 2013

The Manxman (1929) de Alfred Hitchcock

The Manxman(Film muet) Sur l’île de Man, Pete est amoureux de la jeune Kate sans se rendre compte que Philip, son ami d’enfance, en est aussi très épris. Pete décide de partir faire fortune à l’étranger pour pouvoir l’épouser et demande à son loyal ami Philip de veiller sur elle en son absence… The Manxman (= « l’homme de l’île de Man ») est le dernier film muet d’Hitchcock. Adaptation d’un roman à succès de Sir Hall Caine, il s’agit d’un mélodrame certes très classique mais fort bien mis en scène par le réalisateur anglais, bien qu’il l’ait plus tard jugé comme étant un film « très ordinaire », et ajoute-t-il « sans humour ». L’atmosphère des îles anglaises est bien transcrite à l’écran avec ce mélange d’isolement et d’autarcie (1). C’est le second film d’Hitchcock avec l’acteur danois Carl Brisson qui montre ici une belle présence à l’écran. Ses plans en « regard caméra » sont étonnants d’intensité. Mais c’est la belle Anny Ondra qui attire les regards : c’est la toute première « blonde hitchcockienne » (elle tournera également dans le célèbre Blackmail, le film suivant du réalisateur). The Manxman est un film fort bien réalisé ; ses faiblesses se trouvent plutôt du côté du scénario, vraiment très conventionnel. Moins connu que The Lodger, le film est à classer parmi les meilleurs films muets d’Hitchcock.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Carl Brisson, Malcolm Keen, Anny Ondra
Voir la fiche du film et la filmographie de Alfred Hitchcock sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alfred Hitchcock chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* The Manxman est l’un des rares films où Hitchcock ne fait pas sa traditionnelle apparition en figurant.
* Serait-ce une facétie du réalisateur ? La phrase la plus importante du film prononcée par Anny Ondra, à un des moments les plus tragiques, n’a pas d’intertitre. On doit donc la deviner (ou la lire sur les lèvres : « Philip, I am going to have a baby ») et nous n’en n’avons confirmation que quelques minutes plus tard grâce à un intertitre d’un autre personnage !

(1) En réalité, le film a été tourné dans le village de Polperro dans les Cornouailles.

6 septembre 2012

Une séparation (2011) de Asghar Farhadi

Titre original : « Jodaeiye Nader az Simin »

Une séparationEn instance de divorce, Simin quitte son mari Nader qui doit embaucher une personne pour veiller son père malade… Telle est la situation de départ de ce brillant film de l’iranien Asghar Farhadi, Une séparation, qui voit ensuite se développer une intrigue forte où la tension reste à son niveau maximal jusqu’à la fin. C’est un conflit entre deux couples de niveau social différent, complexifié par les tensions internes à chacun des couples. La situation est assez universelle, il n’y a que peu de spécificités à la société iranienne si ce n’est l’importance de la religion. Ce qui est remarquable dans l’approche d’Asghar Farhadi, c’est la façon avec laquelle il évite de prendre parti. Il sème l’incertitude et nous laisse la liberté de jugement et d’interprétation. La mise en scène est parfaitement maitrisée, de nombreuses scènes ont pourtant été tournées sur les lieux réels. L’interprétation est elle aussi remarquable. Une séparation est un drame humain intense.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Peyman Moadi, Leila Hatami, Sareh Bayat, Shahab Hosseini, Sarina Farhadi
Voir la fiche du film et la filmographie de Asghar Farhadi sur le site IMDB.

12 juillet 2012

Dans ses yeux (2009) de Juan José Campanella

Titre original : « El secreto de sus ojos »

Dans ses yeuxEn 1974, à Buenos Aires, Benjamin Esposito enquête pour le parquet dans une affaire de viol suivi de meurtre d’une jeune femme. Vingt cinq ans plus tard, alors qu’il vient de prendre sa retraite, il décide d’écrire un roman sur cette affaire qui l’a marqué durablement… En adaptant un roman d’Eduardo Sacheri, l’argentin Juan José Campanella a réalisé un film policier d’un très beau classicisme. L’histoire de Dans ses yeux est rapidement prenante avec des personnages très proches de nous. Le film est une subtile combinaison, à la fois intimiste et spectaculaire, faisant même preuve parfois de grande virtuosité comme dans cet époustouflant plan-séquence du stade (1). Mais si le film fait montre de beaucoup de perfection, c’est probablement dans le déroulement du récit qu’elle est la plus manifeste, avec des ruptures qui relancent constamment notre intérêt et maintiennent une certaine tension. Dans ses yeux impressionne vraiment par sa réalisation et par son irréprochable dosage.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ricardo Darín, Soledad Villamil, Guillermo Francella, Pablo Rago, Javier Godino
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(1) Le plan démarre par un vue aérienne en approche à 500 m d’un stade que l’on va survoler en rase-mottes alors que le match est en cours. La caméra continue au dessus des tribunes pour « atterrir » juste à côté du personnage principal. C’est époustouflant car aucune coupure n’est détectable. Et ce n’est pas fini car la scène continue par une course poursuite dans les couloirs, toujours sans changement de plan. En tout, ce plan, dont la réalisation est vraiment parfaite, dure 5 minutes ½.
Détails de réalisation sur le site CG Society (en anglais)…

2 avril 2012

Mon épouse favorite (1940) de Garson Kanin

Titre original : « My Favorite Wife »

Mon épouse favoriteAlors qu’il vient de la faire reconnaître comme officiellement décédée, un homme voit sa femme réapparaître après une disparation au large de l’Indochine de plus de sept ans. Seul problème : il venait de se remarier le matin même. Laquelle de ses deux femmes va-t-il choisir ? … Mon épouse favorite a été écrit et produit par Leo McCarey qui l’aurait réalisé si un accident automobile ne l’en avait empêché. Ce fut donc Garson Kanin, réalisateur de moindre envergure, qui le dirigea mais la patte de McCarey reste présente, le film n’étant pas sans rappeler Cette sacré vérité (1937). La base de l’histoire est assez simple mais fonctionne très bien grâce à son tandem d’acteurs. Irene Dunne apporte beaucoup de vivacité et de brillance ; Cary Grant a son jeu de mimiques faciales et son maintien très gentlemen parfaitement en main. La réalisation est souvent un peu terne mais le film comporte d’excellentes scènes comme celles de l’hôtel ou chez le juge. La fin en revanche est bien plate. Mon épouse favorite reste une excellente comédie qui fut très populaire en ces années pré-Pearl Harbour où l’Amérique voulait continuer à s’amuser.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Irene Dunne, Cary Grant, Randolph Scott, Gail Patrick, Donald MacBride
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Remakes :
Something’s Got to Give (1962) de George Cukor, film inachevé avec Marilyn Monroe
Pousse-toi, chérie (Move over, Darling) de Michael Gordon (1963) avec Doris Day et James Garner

A noter, qu’à la base de l’idée, se trouve le  poème Enoch Arden d’Alfred Lord Tennyson déjà adapté par D.W. Griffith : Enoch Arden Part 1 et Enoch Arden Part 2 (1911), puis une nouvelle fois en moyen métrage, Enoch Arden (1915) avec Lilian Gish et Alfred Paget

28 mars 2012

Crime et châtiment (1935) de Pierre Chenal

Crime et châtimentA Saint-Petersbourg, au milieu du XIXe siècle, l’ex-étudiant Rodion Raskolnikov assassine une vieille femme rapace, prêteuse sur gages. La brumeuse théorie, au nom de laquelle il a agi, doit ensuite faire face à ses remords… Grand amateur de littérature russe, Pierre Chenal choisit d’adapter le grand roman de Dostoïevski Crime et châtiment. Il reste très proche du roman, parvenant à bien en restituer le climat par une épuration ou même stylisation des décors et sans jouer sur le misérabilisme. Pierre Blanchar fait un parfait Raskolnikov, exprimant largement son esprit tourmenté, amplifiant juste un peu trop son jeu halluciné, à la limite de la folie. Le moment fort du film est son face à face avec le juge Porphyre, magistralement interprété par Harry Baur qui excelle dans ce jeu du chat et la souris. Cela a sans doute le défaut de donner un peu trop d’importance à l’enquête policière au détriment du tourment intérieur de Rodion qui est, dans le film, bien peu loquace. Il faut aussi saluer Madeleine Ozeray qui fait une Sonia parfaite bien que son rôle soit assez simplifié : il est difficile de percevoir à quel point c’est cette fragile créature qui influe le plus sur Rodion, la fin paraissant un peu expédiée. Crime et châtiment n’est pas un roman facile à adapter à l’écran. Cette version de Pierre Chenal possède une certaine force atemporelle qui rend le film toujours aussi intéressant aujourd’hui.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Harry Baur, Pierre Blanchar, Madeleine Ozeray, Lucienne Le Marchand, Alexandre Rignault, Sylvie, Aimé Clariond
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Autres versions :
Crime et châtiment (Crime and punishment) de Josef von Sternberg (1935) avec Peter Lorre
Crime et châtiment de Georges Lampin (1956) avec Robert Hossein et Jean Gabin
Crime & Punishment, USA de Denis Sanders (1959) avec George Hamilton
Crime et châtiment (Rikos ja rangaistus) d’Aki Kaurismäki (1983)
Crime et châtiment de Menahem Golan (2002) avec Crispin Glover

Les adaptations au petit écran sont nombreuses. A noter que Stellio Lorenzi l’a adapté 2 fois à la télévision française en 1955 (avec Roger Crouzet et Pierre Mondy) et en 1971 (avec François Marthouret et Jean Topart)… et qu’Andrzej Wajda a réalisé une adaptation pour la télévision allemande en 1992 : Schuld und Sühne.