27 janvier 2019

La Fin du jour (1939) de Julien Duvivier

La Fin du jourLa maison Saint-Jean Larivière accueille les comédiens âgés. Parmi eux se trouvent Cabrissade (Michel Simon), un joyeux drille qui n’a joué que des doublures, Marny (Victor Francen) un talentueux acteur que le public n’a jamais vraiment reconnu et Saint-Clair (Louis Jouvet), le nouvel arrivé, soucieux de garder sa réputation de Don Juan…
Julien Duvivier et Charles Spaak ont écrit cette réflexion cruelle sur la vieillesse alors qu’ils avaient à peine quarante ans. C’est un film très sombre où les personnages mêlent le cabotinage à l’amertume, rongés par un sentiment d’échec, la vérité de leur vie semblant prendre sa revanche sur le « mensonge » du spectacle. En réalité, ils ont comme perdu leur identité. Et comme toujours chez Duvivier, il n’y a pas de salut. Le terme de « pessimisme », si souvent attaché au réalisateur, paraît même faible ici ; même l’innocence de la jeunesse ne résiste pas à toute cette noirceur. La distribution est prestigieuse et le jeu des acteurs absolument parfait ; l’interprétation est très équilibrée.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Victor Francen, Michel Simon, Louis Jouvet, Madeleine Ozeray, Sylvie, Charles Granval
Voir la fiche du film et la filmographie de Julien Duvivier sur le site IMDB.

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La fin du jour
Madeleine Ozeray, Victor Francen, Louis Jouvet et Michel Simon dans La Fin du jour de Julien Duvivier.

3 février 2018

Le Coupable (1937) de Raymond Bernard

Le CoupablePromis à la riche Marie-Louise Gaude, Jérôme Lescuyer monte à Paris faire des études de droit pour poursuivre la tradition familiale et devenir magistrat. Il tombe amoureux d’une jeune fleuriste, Thérèse Forgeat, qui est enceinte après quelques mois. Mais la guerre est là et Jérôme est mobilisé…
Ce film de Raymond Bernard est la seconde adaptation du roman de François Coppée, Le Coupable, dont Raymond Bernard modifie quelque peu le déroulement. Ce grand mélodrame peut sembler d’abord assez conventionnel mais prend une grande ampleur dans son dernier tiers avec une longue scène de tribunal, forte et émouvante, qui mérite de figurer parmi les grandes scènes de tribunal du cinéma français. Pierre Blanchar se surpasse alors, évitant tout excès de grandiloquence. Pour le reste, le mélodrame se double d’une critique sociale, qui certes n’évite pas les clichés mais doté d’une belle touche d’humour. La présence de tant d’humour au sein du mélodrame est d’ailleurs assez surprenante. L’interprétation est de très bon niveau avec de beaux seconds rôles et une remarquable prestation de Gilbert Gil. La mise en scène de Raymond Bernard est bien maitrisée et la photographie de Robert Lefebvre se distingue par ses cadrages obliques fort bien intégrés.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Pierre Blanchar, Madeleine Ozeray, Gabriel Signoret, Suzet Maïs, Junie Astor, Gilbert Gil, Marguerite Moreno
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Remarques :
* Précédente adaptation :
Le Coupable d’André Antoine (1917) avec Romuald Joubé et Sylvie.

* C’est l’un des derniers films de Gabriel Signoret (souvent aux génériques sous le simple nom de Signoret) qui est mort en 1937. Quelques années plus tard, la jeune Simone Kaminker choisira comme nom d’artiste Simone Signoret en hommage à ce grand acteur du théâtre et du cinéma.

Le coupable
Pierre Blanchar et Junie Astor dans Le Coupable de Raymond Bernard.

Le Coupable
Gilbert Gil dans Le Coupable de Raymond Bernard.

Le Coupable
Marguerite Moreno et Gabriel Signoret dans Le Coupable de Raymond Bernard.

28 mars 2012

Crime et châtiment (1935) de Pierre Chenal

Crime et châtimentA Saint-Petersbourg, au milieu du XIXe siècle, l’ex-étudiant Rodion Raskolnikov assassine une vieille femme rapace, prêteuse sur gages. La brumeuse théorie, au nom de laquelle il a agi, doit ensuite faire face à ses remords… Grand amateur de littérature russe, Pierre Chenal choisit d’adapter le grand roman de Dostoïevski Crime et châtiment. Il reste très proche du roman, parvenant à bien en restituer le climat par une épuration ou même stylisation des décors et sans jouer sur le misérabilisme. Pierre Blanchar fait un parfait Raskolnikov, exprimant largement son esprit tourmenté, amplifiant juste un peu trop son jeu halluciné, à la limite de la folie. Le moment fort du film est son face à face avec le juge Porphyre, magistralement interprété par Harry Baur qui excelle dans ce jeu du chat et la souris. Cela a sans doute le défaut de donner un peu trop d’importance à l’enquête policière au détriment du tourment intérieur de Rodion qui est, dans le film, bien peu loquace. Il faut aussi saluer Madeleine Ozeray qui fait une Sonia parfaite bien que son rôle soit assez simplifié : il est difficile de percevoir à quel point c’est cette fragile créature qui influe le plus sur Rodion, la fin paraissant un peu expédiée. Crime et châtiment n’est pas un roman facile à adapter à l’écran. Cette version de Pierre Chenal possède une certaine force atemporelle qui rend le film toujours aussi intéressant aujourd’hui.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Harry Baur, Pierre Blanchar, Madeleine Ozeray, Lucienne Le Marchand, Alexandre Rignault, Sylvie, Aimé Clariond
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Autres versions :
Crime et châtiment (Crime and punishment) de Josef von Sternberg (1935) avec Peter Lorre
Crime et châtiment de Georges Lampin (1956) avec Robert Hossein et Jean Gabin
Crime & Punishment, USA de Denis Sanders (1959) avec George Hamilton
Crime et châtiment (Rikos ja rangaistus) d’Aki Kaurismäki (1983)
Crime et châtiment de Menahem Golan (2002) avec Crispin Glover

Les adaptations au petit écran sont nombreuses. A noter que Stellio Lorenzi l’a adapté 2 fois à la télévision française en 1955 (avec Roger Crouzet et Pierre Mondy) et en 1971 (avec François Marthouret et Jean Topart)… et qu’Andrzej Wajda a réalisé une adaptation pour la télévision allemande en 1992 : Schuld und Sühne.