23 septembre 2018

L’Avenir (2016) de Mia Hansen-Løve

L'avenirMariée et mère de deux enfants, Nathalie est professeur de philosophie dans un lycée parisien et auteure de manuels. Un jour, son mari lui annonce qu’il part vivre avec une autre femme. Confrontée à une liberté nouvelle, elle va tenter de réinventer sa vie…
Ecrit et réalisé par Mia Hansen-Løve, L’avenir est un portrait de femme plutôt épanouie dont la vie bascule à la cinquantaine et qui ne sait trop quelle nouvelle direction lui donner. Elle sent que son avenir ne doit pas être un retour vers son passé, un passé symbolisé par des éléments très classiques, presque des clichés : la maison en Bretagne, l’ancien élève qui part élever des chèvres dans le Vercors, et même sa mère, devenue un fardeau… Elle n’a plus rien en commun avec ces éléments. Isabelle Huppert trouve le ton juste dans son interprétation de cette femme qui semble vouloir être toujours en action, dont le pas est légèrement précipité, bien décidée à dominer sa vie. L’approche de Mia Hansen-Løve est intelligente, assez subtile avec même une certaine délicatesse.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Isabelle Huppert, André Marcon, Roman Kolinka, Edith Scob
Voir la fiche du film et la filmographie de Mia Hansen-Løve sur le site IMDB.
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Remarque :
* A noter que les parents de la réalisatrice sont tous deux professeurs de philosophie. Sa mère, Laurence Hansen-Løve, est auteure de livres scolaires ou didactiques.

L'avenir
André Marcon et Isabelle Huppert dans L’avenir de Mia Hansen-Løve.

23 janvier 2018

Back Home (2015) de Joachim Trier

Titre original : « Louder Than Bombs »

Back HomeAlors que se prépare une exposition consacrée à la photographe de guerre Isabelle Reed trois ans après sa mort, son mari et ses deux fils vont devoir se rapprocher pour parler des circonstances de sa mort… Ecrits par les norvégiens Eskil Vogt et Joachim Trier, Back Home nous plonge au sein d’une famille marquée par la disparition récente de la mère, célèbre photographe souvent absente. Joachim Trier l’a tourné aux Etats-Unis, en anglais (mais la production est norvégienne et européenne). Le cinéaste montre une grande délicatesse dans son approche, aidé, il est vrai, par la très grande qualité de l’interprétation. On pourra lui reprocher un certain étirement et la focalisation sur l’incommunicabilité et les difficultés de l’adolescence. Back Home est plutôt moins enthousiasmant que son précédent film Oslo, 31 août, mais montre néanmoins que Joachim Trier est un cinéaste intéressant à suivre.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gabriel Byrne, Isabelle Huppert, Jesse Eisenberg, Devin Druid, Amy Ryan
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Back home
Isabelle Huppert et Gabriel Byrne dans Back Home de Joachim Trier.

Back home
Jesse Eisenberg et Devin Druid dans Back Home de Joachim Trier.

Remarques :
* Le film a été présenté à Cannes sous le titre « Plus fort que les bombes » mais le titre français a été changé pour sa sortie effective, un mois après les attentats du 13 novembre 2015.
* Si le personnage d’Isabelle Reed est fictif, le film utilise des photographies réelles prises par des photographes de guerre, notamment la française Alexandra Boulat qui est décédée en 2007 à l’âge de 45 ans (rupture d’anévrisme).

Back home
La photographe Alexandra Boulat dont certains clichés sont visibles dans Back Home de Joachim Trier.

11 juin 2017

César et Rosalie (1972) de Claude Sautet

César et RosalieAprès un séjour à l’étranger, David (Sami Frey) rentre à Paris. Il cherche à revoir Rosalie (Romy Schneider), la femme qu’il a aimée et qu’il aime encore. Rosalie, après avoir divorcé d’un ami de David, vit maintenant avec César (Yves Montand), un entrepreneur expansif et vaniteux, tout l’opposé de David… Le « triangle amoureux » est un thème souvent traité au cinéma. Dans César et Rosalie, le contraste entre les deux personnages masculins est vraiment très marqué, presque jusqu’à la caricature. Cette lourdeur scénaristique est toutefois largement compensée par l’habileté de Sautet à donner du corps à ses personnages et à les rapprocher de nous. Comme toujours, Sautet touche juste et les dialogues de Jean-Loup Dabadie sont remarquablement écrits. Le film a acquis le statut de classique du cinéma français ; il est devenu un film emblématique pour Yves Montand et Romy Schneider car leurs rôles correspondaient exactement à l’image que le public se faisait d’eux. Avec le recul, l’image de femme moderne et indépendante de Romy Schneider est moins nette toutefois, car on ressent plus les restes de machisme dans certains détails. Mais, l’acuité du regard porté par Sautet sur ses personnages reste toujours aussi forte et le film est toujours aussi plaisant à revoir.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Yves Montand, Romy Schneider, Sami Frey
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Remarques :
* « Jean-Loup Dabadie et Claude Néron, les scénaristes, percevaient très bien César, mais il butait sur Rosalie. A leurs yeux, c’était une emmerdeuse. Telle était leur théorie sur le personnage et il m’a fallu les convaincre que c’était plutôt elle qui était emmerdée. Pour Dabadie ce renversement a été un déclic. » Claude Sautet.

* Claude Sautet dira de César et Rosalie que c’est le tournage où il fut le plus de mauvaise humeur… Vu la réputation de metteur en scène colérique qu’il a, on mesure ce que cela devait être !

* Le tournage, entre Paris, Sète et l’île de Noirmoutier, fut difficile, Yves Montand s’identifiant un peu trop à son personnage : lorsque César était humilié, Montand en faisait baver à Romy Schneider et Sami Frey qui se mirent rapidement à le détester. Et Montand ne comprenait pas que Rosalie puisse hésiter entre lui et David-Sami Frey.

César et Rosalie
Romy Scneider et Yves Montand dans César et Rosalie de Claude Sautet.

César et Rosalie
Isabelle Huppert (18 ans, l’un de ses tous premiers rôles), Sami Frey et Yves Montand dans César et Rosalie de Claude Sautet.

21 février 2014

Amour (2012) de Michael Haneke

AmourOctogénaires et professeurs de musique à la retraite, Georges et Anne vivent ensemble dans leur appartement parisien. Victime d’un accident vasculaire, Anne revient de l’hôpital paralysée du côté droit… Sur le sujet, ô combien délicat, de la fin de vie quand elle se déroule dans les pires conditions qui soient, Michael Haneke reste de façon assez surprenante au seul niveau de la description. Il décrit avec minutie et sans fard cette terrifiante descente, avec une grande justesse aussi, par exemple quand il s’agit de montrer comment la compassion, qui n’est en fait que de la culpabilité, de la fille se révèle être plus une gêne qu’un secours. Mais hélas, Haneke ne cherche pas à apporter une dimension supplémentaire comme l’aurait fait par exemple un Bergman et au final la vision de son film est simplement terriblement éprouvante. Oui, le sujet est difficile à traiter : on peut même se demander si la question de savoir comment gérer une telle situation ne serait-elle pas trop personnelle pour être traitée ? Qui pourrait prétendre donner des leçons en la matière ? Personnellement, je ne vois pas ce qu’un tel film apporte, à part un plaisir quasi masochiste à recevoir ainsi de façon frontale la terrible vision d’une situation que tout le monde redoute. Vu le succès du film, je veux bien croire qu’une dimension m’aurait échappé mais, après avoir consciencieusement lu certaines analyses et critiques positives, je ne l’ai pas encore trouvée.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva, Isabelle Huppert
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Remarques :
* Palme d’Or à Cannes en 2012.
* Quand Jean-Louis Trintignant a lu le scénario pour la première fois, il a refusé le rôle et dit à Haneke : « Je suis content de l’avoir lu parce que, ça, c’est un film que je n’irai pas voir. » Ce n’est que grâce à l’insistance du réalisateur et de la productrice qu’il a finalement accepté. L’acteur n’avait rien tourné au cinéma depuis 2003 (un petit rôle dans Janis et John de Samuel Benchetrit) et auparavant Ceux qui m’aiment prendront le train de Patrice Chéreau en 1998.
* Le pianiste est interprété par Alexandre Tharaud en personne, magnifique pianiste (dont les CD sont tous un régal).

2 février 2014

Les lignes de Wellington (2012) de Valeria Sarmiento

Titre original : « Linhas de Wellington »

Les lignes de WellingtonDurant l’automne 1810, les troupes napoléoniennes envahissent le Portugal et se heurtent à la résistance des portugais aidés par l’armée britannique. Bien que Wellington ait remporté une première victoire, il préfère se retirer vers Lisbonne en employant la technique de la terre brûlée afin d’attirer les français affaiblis vers l’endroit le plus fortifié. La population est forcée de suivre… Les lignes de Wellington est au départ une commande de la région de Torres Vedras. Mis en chantier par Raoul Riuz, le projet fut repris par son épouse Valeria Sarmienti après le décès du réalisateur chilien. Sans avoir bénéficié de moyens importants, cette ambitieuse production s’étale sur 2h30 et nous fait suivre de multiples trajectoires individuelles. Dans ce long exode, des personnages émergent du récit et nous sautons de l’un à l’autre. Ils sont pratiquement tous du côté anglo-portugais, les quelques scènes montrant l’armée française soulignent souvent la brutalité et la sauvagerie de ses soldats envers la population (ce qui est certainement réel car cette brutalité est hélas commune à toutes les armées conquérantes). Fait inhabituel pour un film de guerre, une grande importance est donnée aux femmes qui jouent ici un rôle souvent décisif avec souvent beaucoup de cran. Au-delà des trajectoires individuelles, le film nous fait porter un regard sur la nature de la guerre en elle-même, la façon dont elle modifie la population, les mentalités ou encore sur sa suprématie, sur l’amertume d’une victoire. Les lignes de Wellington est un film d’un très beau classicisme avec une superbe distribution. Il est très réussi.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Malkovich, Marisa Paredes, Nuno Lopes, Melvil Poupaud, Carloto Cotta, Jemima West, Elsa Zylberstein, Vincent Perez, Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Michel Piccoli, Mathieu Amalric
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Remarque :
Les lignes de Wellington existe sous deux formes :
– film de 145 mn pour le cinéma
– Série TV de 3 x 55 mn (donc un peu plus longue) pour la télévision.

17 décembre 2013

Captive (2012) de Brillante Mendoza

CaptiveSur l’île de Palawan aux Philippines, un commando armé du groupe Abu Sayyaf kidnappe une vingtaine de touristes avec, parmi eux, une française (Isabelle Huppert), travailleuse bénévole dans une ONG… Captive s’inspire de faits réels, une prise d’otage qui a eu lieu en 2001. Brillante Mendoza s’est attaché à mettre en scène ces évènements de la façon la plus réaliste possible, à tel point que nous sommes parfois proche du documentaire. Le point de vue qu’il nous fait partager est celui des otages mais pas seulement. Il parvient à bien rendre le désarroi d’être balloté par des évènements dont on ne comprend pas toute la logique et à restituer l’extrême confusion des scènes de combats, filmés caméra à l’épaule avec un montage chaotique. Le récit suit le déroulement réel avec cette interminable fuite dans la jungle où les rapports de force finissent par évoluer sans toutefois se modifier profondément. Avec le temps (le périple dura plus d’un an) peut apparaitre une certaine compassion qui va, de façon assez subtile, rapprocher dans une certaine mesure les otages de leurs geôliers. Le fameux syndrome de Stockholm. Mendoza s’attache finalement plus à décrire ces rapports humains sans chercher à adopter une ligne politique tranchée et son film, Captive, possède une force indéniable.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Isabelle Huppert, Rustica Carpio, Maria Isabel Lopez, Raymond Bagatsing, Ronnie Lazaro
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12 décembre 2013

In Another Country (2012) de Hong Sang-soo

Titre original : « Da-reun na-ra-e-seo »

In Another CountryCoincée dans une station balnéaire coréenne presque vide hors-saison, une jeune femme écrit trois histoires mettant en scène le personnage d’une femme française qui vient seule y passer quelques jours… Ecrit et réalisé par Hong Sang-soo, tourné avec une équipe réduite dans une atmosphère presque intimiste, In Another Country est un film assez original, qui peut dérouter certes mais qui ne manque pas d’attrait. Sa simplicité (apparente) et la proximité avec les personnages le rendent assez séduisant. Sa construction le rend même assez remarquable car, dans ces trois variations, une femme bien différente (à chaque fois interprétée par Isabelle Huppert) rencontre les même personnes, se rend dans les mêmes lieux. En plus, Hong Sang-soo introduit quelques fausses pistes, de faux départs, variation dans les variations. Le point commun entre ces trois femmes est d’être un peu une âme flottante, en transition. Hong Sang-soo s’attache principalement à décrire les relations qui se nouent entre les personnes, dans un contexte éphémère. C’est en ce sens que la comparaison avec Rohmer a parfois été évoquée. In Another Country ne manque donc pas d’attrait.
Elle: 5 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Isabelle Huppert, Yu Jun-Sang, Yu-mi Jeong
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26 octobre 2012

Mon pire cauchemar (2011) de Anne Fontaine

Mon pire cauchemarAgathe est une bourgeoise froide et odieuse qui dirige une fondation d’art contemporain (1). Patrick vit de petits boulots, aime l’alcool et les femmes bien en chair. Ils ont tout pour se détester mais leurs enfants sont inséparables… Il fallait oser mettre face à face deux acteurs aussi différents qu’Isabelle Huppert et Benoît Poelvoorde. Dans Mon pire cauchemar, Anne Fontaine exploite bien l’abime qui les sépare sans trop tomber dans les clichés ni forcer le trait. L’humour est omniprésent par les dialogues, très incisifs, avec de nombreuses excellentes réparties. Le film s’essouffle un peu dans sa seconde partie mais le bilan global reste très positif. On rit beaucoup. En terme de divertissement, Mon pire cauchemar est une réussite.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Isabelle Huppert, Benoît Poelvoorde, André Dussollier, Virginie Efira, Aurélien Recoing
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Remarques :
Mon pire cauchemar est rempli d’œuvres d’art contemporain, l’appartement d’Agathe en est truffé (elles sont listées au générique, il y en a une trentaine), sans compter les deux expositions. Le clou en la matière est la présence d’Hiroshi Sugimoto en personne qui joue son propre rôle. A noter que le générique final précise que c’est Sugimoto lui-même qui a taggué sa photographie… (Ouf !)

Hiroshi Sugimoto est un photographe majeur de la photo contemporaine. Sa série la plus célèbre (débutée en 1975) est celle des cinémas : il a photographié l’intérieur de salles (pleines) de cinéma, pendant la projection d’un film, en poses très longues (45 minutes et plus, avec une chambre grand format). Résultat : l’écran saturé d’images devient tout blanc, nappé d’une lueur blanche qui éclaire l’intérieur de la salle, les spectateurs disparaissent ainsi que toutes les parties mouvantes. La salle est vide. « Trop d’information conduit au néant ». Voir des exemples sur son site. Il a beaucoup d’autres séries très intéressantes (mer, portraits de cire, architecture, Bouddhas, etc.)
Voir le site internet d’Hiroshi Sugimoto

(1) C’est la Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261 bd Raspail à Paris.

5 juillet 2012

Copacabana (2010) de Marc Fitoussi

CopacabanaLa cinquantaine pimpante, Babou est une femme un peu fantasque qui ne se conforme à aucune norme. Lorsque sa fille refuse de l’inviter à son mariage parce qu’elle lui fait honte, elle décide de travailler pour regagner l’estime de sa fille… Marc Fitoussi nous dresse un portrait de cette femme plutôt inconséquente, en apparence extravertie voire tapageuse avec son maquillage souvent outrancier, qui révèle une personnalité assez complexe en dehors de tous stéréotypes. C’est un rôle assez délicat que ce soit à l’écriture ou à l’interprétation, car il serait facile de forcer le trait et de jouer la surenchère. Il est admirablement tenu par Isabelle Huppert qui montre toute la sensibilité du personnage avec une aisance et un naturel époustouflant (on peut se demander s’il y a un type de rôle qu’Isabelle Huppert ne pourrait tenir!) Face à elle, sa fille est interprétée par… sa fille dans la vraie vie, Lolita Chammah. Même si on peut lui reprocher un petit excès d’optimisme voire d’angélisme, Copacabana est un beau portrait d’une « originale », réalisé avec justesse et sensibilité.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Isabelle Huppert, Aure Atika, Lolita Chammah, Noémie Lvovsky, Luis Rego
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