15 décembre 2023

Hercule à la conquête de l’Atlantide (1961) de Vittorio Cottafavi

Titre original : « Ercole alla conquista di Atlantide »

Hercule à la conquête de l'Atlantide (Ercole alla conquista di Atlantide)Le devin Tirésias révèle au roi de Thèbes, Androclès, que de terribles malheurs vont s’abattre sur la Grèce à cause d’un ennemi inconnu venu d’au-delà les mers. Hercule et Androclès s’embarquent sur une galère avec Hyllos et le nain Timotéo vers une destination inconnue, qui se révèle être l’Atlantide…
Hercule à la conquête de l’Atlantide est un péplum franco-italien réalisé par Vittorio Cottafavi. Dans la série des Hercule, il passe pour être l’un des plus réussis. Bien entendu, le film paraîtra kitsch à de nombreux spectateurs actuels mais l’ensemble est plaisant. Les situations sont nombreuses, le Technicolor est éclatant et les décors en carton-pâte font bien leur effet. De plus, l’humour et la dérision sont très présents. On se laisse volontiers happer par ces aventures spectaculaires, sans s’offusquer des petites lourdeurs de la mise en scène. Le demi-dieu de la mythologie grecque est interprété pour la première fois par le culturiste anglais Reg Park. À noter, une des premières apparitions de Gian Maria Volonté, dans un petit rôle.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Reg Park, Fay Spain, Ettore Manni, Luciano Marin, Laura Efrikian, Mario Valdemarin, Mimmo Palmara, Salvatore Furnari, Gian Maria Volontè
Voir la fiche du film et la filmographie de Vittorio Cottafavi sur le site IMDB.

Voir les autres films de Vittorio Cottafavi chroniqués sur ce blog…

Reg Park dans Hercule à la conquête de l’Atlantide (Ercole alla conquista di Atlantide) de Vittorio Cottafavi.
Mimmo Palmara et Fay Spain (la reine Antinéa)
dans Hercule à la conquête de l’Atlantide (Ercole alla conquista di Atlantide) de Vittorio Cottafavi.
Gian Maria Volonté dans Hercule à la conquête de l’Atlantide (Ercole alla conquista di Atlantide) de Vittorio Cottafavi.

19 août 2023

Le Dernier Face à face (1967) de Sergio Sollima

Titre original : « Faccia a faccia »
Autre titre français : « Il était une fois en Arizona »

Le Dernier Face à face (Faccia a faccia)Atteint de tuberculose, Brad Fletcher, un enseignant de la Nouvelle-Angleterre, quitte son travail pour aller s’établir au  Texas. Là, il est pris en otage par un hors-la-loi blessé, Solomon Bennet dit Beauregard. Fletcher l’aide à se soigner et tente de lui inculquer quelques principes moraux. Fasciné et intrigué par cette vie de hors-la-loi, il décide de rejoindre la « horde sauvage » de Bennet…
Le Dernier Face à face ou Il était une fois en Arizona (bien que l’histoire se déroule au Texas !) est un western spaghetti coécrit et réalisé par Sergio Sollima. Le cinéaste italien est surtout connu pour avoir réalisé trois westerns ; celui-ci est le deuxième, suivant Colorado (1966) et précédant Saludos hombre (1968). Avec Leone et Corbucci, Sergio Sollima fait partie des « trois Sergio du western italien ». Le film utilise beaucoup de clichés, se montre souvent basique et le montage paraît très brouillon. Si le film retient l’attention, c’est principalement du fait de son scénario que le réalisateur a écrit avec Sergio Donati, scénariste qui a travaillé également pour Leone. Ils ont créé une situation originale pour mettre face à face un professeur, qui a une forte éthique et insiste sur l’importance du libre choix entre le bien et le mal, et un bandit rustre qui ne croit qu’en la force mais est impressionné par l’intelligence du professeur. Cette situation peut paraître classique mais c’est son évolution qui réserve des surprises. Gian Maria Volontè, ici à la fin de sa période western, montre une belle présence et donne de l’étoffe à son personnage. William Berger a également beaucoup de présence. Le film n’est pas parfait, loin de là, mais constitue une belle curiosité.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gian Maria Volontè, Tomas Milian, William Berger, Jolanda Modio
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Remarque :
• Le personnage de Charlie Siringo travaillant pour l’Agence Pinkerton a réellement existé.
• Tomas Milian et William Berger sont doublés dans la version italienne.
• Les relations entre Gian Maria Volontè (membre du Parti Communiste italien) et Tomas Milian (cubain qui a fui son pays à l’accession de Fidel Castro au pouvoir) ont été houleuses sur le tournage.
• Une version réduite à 93 minutes a longtemps été la seule visible. La version complète de 112 minutes est maintenant rétablie (dans la version vue ici, les scènes récupérées sont facilement identifiables car la police des sous-titres est différente).

Le Dernier Face à face (Faccia a faccia)Tomas Milian et Gian Maria Volontè dans Le Dernier Face à face (Faccia a faccia) de Sergio Sollima.

19 août 2018

El chuncho (1967) de Damiano Damiani

Titre original : « Quién sabe? »

El chunchoChef d’une bande de bandits mexicains, El chuncho attaque un train transportant des militaires pour y prendre les armes et les munitions qu’il transporte. Son intention est de les revendre au général Elias qui est à la tête de la révolution…
El chuncho de Damiano Damiani est le premier « western politique », genre que l’on nomme aussi « western zapatta ». Il réalise la symbiose de plusieurs genres en vogue dans ces années soixante dans le cinéma italien : le western italien, le film politique et la comédie italienne. Le théâtre choisi est celui de la Révolution mexicaine, qui permet de donner une dimension quasi-marxiste au propos. El chuncho est toutefois très subtil en la matière, loin du manichéisme souvent trop voyant dans les films politiques de cette époque. L’histoire met toutefois bien en relief l’intervention américaine dans la Révolution  mexicaine. Le film repose sur un équilibre parfait des trois composantes précitées, une réussite que l’on peut attribuer au scénariste Franco Solinas. L’interprétation de Gian Maria Volontè est vraiment remarquable, donnant une dimension à ce personnage tantôt bourreau impitoyable, tantôt naïf au grand cœur, doté de sentiments complexes. Le film connut un grand succès à sa sortie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gian Maria Volontè, Klaus Kinski, Martine Beswick, Lou Castel
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Remarque :
* Toutes les scènes d’extérieur ont été tournées en Andalousie… sous le régime franquiste.

El Chunco
Gian Maria Volontè dans El chuncho de Damiano Damiani.

El Chunco
Gian Maria Volontè et Lou Castel dans El chuncho de Damiano Damiani.

El Chunco
Klaus Kinski et Gian Maria Volontè dans El chuncho de Damiano Damiani.

18 février 2016

La classe ouvrière va au paradis (1971) de Elio Petri

Titre original : « La classe operaia va in paradiso »

La Classe ouvrière va au paradisLudovico Massa, alias Lulù, est ouvrier dans une usine métallurgique : payé à la pièce, il a développé une telle rapidité que ses chefs le prennent comme exemple pour imposer ses cadences stakhanovistes aux autres ouvriers. Il se jette bestialement dans le travail et n’a plus de vie sociale. Un accident va profondément changer sa vision des choses… Film politique par excellence, Palme d’Or à Cannes en 1972 (1), La classe ouvrière va au paradis d’Elio Petri s’inscrit dans une période riche en remises en question sociales et politiques. Rares sont les films italiens qui mettent ainsi un simple ouvrier au premier plan, le néoréalisme ayant toujours privilégié les paysans, les pêcheurs ou les chômeurs. Elio Petri nous décrit la prise de conscience de cet « ouvrier modèle » qui en arrive à la grève. Politiquement, le propos est délicat à situer car Petri renvoie dos à dos les syndicats qui ne font que réclamer des améliorations de salaires mais enferment les ouvriers dans leur conditions (2) et les étudiants gauchistes qui beuglent des slogans au porte-voix chaque matin et chaque soir aux portes de l’usine mais qui restent sur une ligne théorique, incapables de se soucier du sort d’une personne en particulier. Le propos de Petri est assez noir puisqu’il semble vouloir nous dire (par le rêve final raconté par Lulù) qu’il ne croit pas à un paradis possible pour la classe ouvrière. L’ensemble est un peu confus. Gian Maria Volonte incarne cet ouvrier avec force et un jeu très appuyé, que l’on peut même trouver excessif. Le film est indéniablement marqué par son époque car notre société a évolué entre temps mais les questions les plus profondes, comme notre rapport au travail, restent bien évidemment très actuelles. La musique est signée Ennio Morricone.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gian Maria Volontè, Mariangela Melato, Salvo Randone
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(1) Il a partagé la Palme d’Or avec L’Affaire Mattei de Francesco Rosi avec également Gian Maria Volonte dans le rôle principal. Les deux films se complètent, offrant deux développements très différents d’une mise en relief des défauts de la société italienne.
(2) Rappelons que, si Elio Petri a bien été membre du Parti Communiste à une époque, il a rendu sa carte en 1956, à la suite de l’invasion de la Hongrie par l’URSS.

La classe ouvrière va au paradis
La classe ouvrière va au paradisGian Maria Volontè dans La classe ouvrière va au paradis de Elio Petri.

26 novembre 2014

Lucky Luciano (1973) de Francesco Rosi

Lucky LucianoEn 1946, les Etats-Unis expulsent vers la Sicile le mafioso Lucky Luciano qui purgeait une longue peine de prison. La raison officielle de cette grâce inattendue est « pour services rendus ». S’installant à Naples, il va alors mettre sur pied un énorme trafic d’héroïne… Dix ans après sa mort, Francesco Rosi se livre à un grand travail d’investigation sur le rôle joué par le chef de Mafia Lucky Luciano. Il décortique patiemment les rapports entre les américains et la Mafia italienne qui va profiter de l’Après-guerre pour se renforcer. Francesco Rosi a une approche très formelle, évitant tout spectaculaire et toute surcharge émotionnelle. Il est sans doute parfois trop didactique. Son sujet est extrêmement vaste, avec de très nombreuses implications ; par moments, cette richesse peut hélas engendrer une certaine confusion mais finalement elle rend sa démonstration assez implacable. Le film comporte de belles scènes, puissantes. Gian Maria Volonté est magistral dans ce personnage d’une grande froideur. Même s’il est moins parfait que L’Affaire Mattei, tourné l’année précédente, Lucky Luciano figure parmi les grands films politiques de Francesco Rosi.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gian Maria Volonté, Vincent Gardenia, Silverio Blasi, Charles Cioffi, Edmond O’Brien, Rod Steiger
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Remarque :
* Les raisons de la grâce de Lucky Luciano ne sont toujours pas connues avec certitude. L’une des hypothèses avancées serait l’intervention de la mafia pour préparer le débarquement en Sicile, les américains préférant éviter les contacts avec la Résistance sicilienne, infestée selon eux par les communistes.

Gian Maria Volonté dans Lucky Luciano (1973)

23 juillet 2014

Giordano Bruno (1973) de Giuliano Montaldo

Giordano BrunoLibre penseur, philosophe et scientifique, l’ancien frère dominicain Giordano Bruno a trouvé refuge à Venise. Il est dénoncé comme hérétique à l’Inquisition par son hôte en 1592 et emprisonné. Les autorités religieuses sont très divisées sur son cas… Acteur passé à la réalisation, Giuliano Montaldo est principalement connu pour son film Sacco et Vanzetti qu’il a tourné juste avant ce Giordano Bruno qui lui permet, une fois encore, de dénoncer l’intolérance d’Etat. On peut certainement lui reprocher de trop se concentrer sur les atermoiements de l’Eglise durant les huit années de son « procès » dont on connaît hélas l’issue. Il eut été peut-être intéressant de faire mieux connaitre les idées qu’il développait car, autant son apport en cosmologie est connu (c’est lui qui, à partir des travaux de Copernic, émit l’idée que la Terre tourne autour du soleil, que l’univers est infini et qu’il existe certainement d’autres systèmes planétaires), autant ses positions philosophiques le sont moins, ces dernières paraissant, il est vrai, assez foisonnantes et dans des domaines divers. Ses pensées n’apparaissent dans le film que par bribes, assez souvent déclamées, comme dans une sorte de transe. Désireux de faire un film militant contre l’obscurantisme, le propos de Montaldo était toutefois autre et son film reste instructif. Gian Maria Volonté montre une grande présence et donne beaucoup de corps à son personnage.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gian Maria Volonté, Hans Christian Blech, Mathieu Carrière, Renato Scarpa, Charlotte Rampling
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Remarques :
* La musique est signée Ennio Morricone.

* Une statue de bronze de Giordano Bruno (1548-1600) trône depuis le XIXe siècle sur les lieux où il fût brûlé vif, sur la grande place Campo dei Fiori à Rome.

* En 1908, Giovanni Pastrone a tourné un court film intitulé Giordano Bruno (Le Martyr de la libre-pensée). C’est d’ailleurs son premier film (il était alors âgé de 25 ans). Le film est aujourd’hui perdu.

19 septembre 2011

Le cercle rouge (1970) de Jean-Pierre Melville

Le cercle rougeDans le train Marseille-Paris, un gangster échappe au commissaire qui l’escortait. Il se réfugie dans le coffre de la voiture d’un jeune truand, sorti de prison le matin même. Les deux hommes se lient d’amitié. Le commissaire poursuit sa traque… Comme l’indique le titre (1), Le cercle rouge est un film sur la fatalité. C’est aussi un film qui montre la fascination de Jean-Pierre Melville pour les truands de haut vol… et pour Alain Delon qu’il met merveilleusement en scène une nouvelle fois. Comme dans Le Samouraï, son personnage est froid et taciturne mais le spectateur est en totale empathie avec lui. Tout le film est d’ailleurs économe en paroles, et même en musiques, ce silence culmine dans la longue scène (25 minutes) du casse qui se déroule sans un dialogue. Ce casse évoque ainsi celui de Quand la ville dort de John Huston et celui de Du rififi chez les hommes de Jules Dassin (2). A côté de Delon, Bourvil campe un commissaire très crédible, loin des rôles franchouillards qu’il a si souvent tenus, un personnage hors-normes par plusieurs aspects. Gian Maria Volonte et Yves Montand complètent ce beau quarteron d’acteurs sur lequel Melville peut s’appuyer pour mettre en scène cette histoire avec perfection et beaucoup de style.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alain Delon, Bourvil, Gian Maria Volonté, Yves Montand, François Périer
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Remarques :
(1) Le titre vient d’une citation attribuée à Krishna, placée en épigraphe : « Quand des hommes, même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d’entre eux, et ils peuvent suivre des chemins divergents. Au jour dit, inexorablement, ils seront réunis dans le cercle rouge. »
(2) Melville a affirmé avoir eu l’idée de cette scène en 1950, soit avant la sortie des films de John Huston (1950) et de Jules Dassin (1955), et avoir mis l’idée de côté à cause de ces deux films.