23 septembre 2016

Le Chevalier mystérieux (1948) de Riccardo Freda

Titre original : « Il cavaliere misterioso »

Le Chevalier mystérieuxBien qu’il y soit hors-la-loi, Giacomo Casanova est de retour à Venise pour aider son frère Antonio, accusé d’avoir volé des documents à la dogaresse (l’épouse du doge). Il découvre que ces papiers ont en fait été dérobés par une société secrète, agissant pour le compte de l’impératrice Catherine II de Russie, laquelle voudrait exercer une emprise sur la ville… Le Chevalier mystérieux est librement inspiré des Mémoires de Casanova. Sous la plume de Riccardo Freda, Mario Monicelli et Steno, l’intriguant séducteur est essentiellement un aventurier-espion aux desseins nobles. Si l’aventure prime, il y a un bon équilibre entre divers genres qui rend le film étonnamment complet. Riccardo Freda fait preuve d’une grande maîtrise dans la mise en scène, y compris dans les scènes d’action qui sont très enlevées. C’est là le premier grand rôle pour le jeune Vittorio Gassman qui montre une belle présence à l’écran (1). Avec Le Chevalier mystérieux, Riccardo Freda signe un film populaire de très bonne facture. Il est, bien entendu, en décalage total avec le mouvement néoréaliste qui enthousiasmait alors les cinéphiles, ce qui lui a valu d’être un peu méprisé. Il mérite mieux que cela.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, María Mercader, Yvonne Sanson, Gianna Maria Canale
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Le Chevalier mystérieux
Vittorio Gassman et María Mercader dans Le Chevalier mystérieux de Riccardo Freda.

(1) L’acteur dira plus tard que c’est le seul film qu’il regrettait de sa carrière… Franchement, on ne voit pas bien pourquoi.

25 juillet 2016

Le Capitaine Fracasse (1943) de Abel Gance

Le Capitaine FracasseSous Louis XIII, le désargenté baron de Sigognac vit très pauvrement dans son château poussiéreux. Par une nuit d’orage, il héberge une troupe de comédien et tombe amoureux de la belle Isabelle. Au matin, il décide de partir avec eux sans savoir qu’il va rapidement être amené à la protéger de divers dangers… Librement adapté du roman homonyme de Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse est un projet assez ambitieux d’Abel Gance qui fit des essais de pictographe (voir ci-dessous) sur le tournage pour créer des décors de grande taille. Si le soin dans la mise en scène est évident, ce sont hélas les défauts qui monopolisent notre attention, tout particulièrement le jeu outré des comédiens, une certaine lourdeur dans la démonstration et la voix insupportable de Vina Bovy, cantatrice de l’Opéra. La scène la plus marquante est celle d’un duel dans le cimetière de Poitiers avec un dialogue en vers à la manière d’Edmond Rostand. La version initialement montée par Abel Gance durait trois heures, ce sont les producteurs qui la réduisirent de moitié. Malgré le succès public de ce Capitaine Fracasse, Abel Gance ne tournera plus un film avant une dizaine d’années.
Elle:
Lui : 2 étoiles (25/07/2016)3 étoiles (8/2/2024)

Acteurs: Fernand Gravey, Assia Noris, Jean Weber, Roland Toutain, Alice Tissot
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Remarques :
* Le pictographe est un procédé mis au point en 1937 par Pierre Angénieux, Abel Gance et Roger Hubert permettant d’obtenir à la fois l’image nette d’un décor situé à distance et celle d’un élément de taille réduite situé très près. C’est un système à lentille fractionnée, les lentilles pouvant être faites sur mesure selon le partage désiré (dérivés ultérieurs : pictoscope, magigraphe, électronigraphe, …) Cela permet par exemple d’utiliser une petite maquette et de l’inclure dans un décor naturel.
* Le jeune Jacques François (22 ans) est ici dans son deuxième rôle à l’écran.

Principales autres versions :
Le Capitaine Fracasse de Alberto Cavalcanti (1929) avec Pierre Blanchar et Charles Boyer
Le Capitaine Fracasse de Pierre Gaspard-Huit (1961) avec Jean Marais (la plus connue)
Le Voyage du Capitaine Fracasse (Il viaggio di Capitan Fracassa) de Ettore Scola (1990) avec Vincent Perez.

Le Capitaine Fracasse
Fernand Gravey et Assia Noris dans Le Capitaine Fracasse de Abel Gance.

« Excusez-moi, noble châtelain,
si je viens frapper moi-même à la poterne de votre forteresse,
sans me faire précéder d’un page sonnant de l’olifant. »

25 janvier 2015

Le Chevalier de Maupin (1967) de Mauro Bolognini

Titre original : « Madamigella di Maupin »

Mademoiselle de MaupinAu XVIIIe siècle, Magdeleine de Maupin, déguisée en abbé, est envoyée par son père au couvent pour la protéger de l’invasion des troupes hongroises. La jeune fille préfère toutefois prendre sa liberté pour rencontrer l’amour. Prise pour un jeune garçon, elle est enrôlée de force par un fougueux capitaine du roi… Cette adaptation du roman de Théophile Gautier Mademoiselle de Maupin est l’unique film d’aventures de Mauro Bolognini. Cette histoire, qui évoque quelque peu le Chevalier d’Eon, est un divertissement léger et assez plaisant à condition de faire preuve d’imagination : aucun effort n’ayant été fait pour travestir un tant soit peu la belle Catherine Spaak en homme ou même en jeune garçon efféminé, on se demande par quel mécanisme mental les autres personnages peuvent ne pas voir qu’il s’agit d’une femme (l’habit était certes plus important à cette époque qu’aujourd’hui, la robe était certainement un élément indissociable de la féminité et inversement, les perruques gênaient-elles à l’identification des sexes ?) Toutes ces réflexions intérieures nous font perdre un peu le fil de l’histoire qui, fort heureusement, n’est guère complexe. Robert Hossein, auréolé du succès d’Angélique Marquise des anges, était un choix sans doute assez facile pour le rôle du séducteur plein de bravoure mais semble ne s’être investi qu’assez mollement dans ce personnage assez pataud. Le Chevalier de Maupin est le premier film en couleurs de Bolognini et l’image est très belle ; le meilleur du film se situe certainement là.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Catherine Spaak, Robert Hossein, Tomas Milian
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Remarques :
* Le film aurait eu quelques soucis avec la censure. Pourtant, et en cherchant bien, un seul plan semble pouvoir affoler les sens d’une personne émotive (Catherine Spaak, sortant du bain, vue nue de dos une fraction de seconde dans le reflet d’une flaque d’eau)…
* Le film est de toute évidence post-synchronisé, cela se sent.
* Catherine Spaak joue le rôle d’une mère supérieure dans un remake pour la télévision (RAI en Italie et TF1 en France) : Julie, chevalier de Maupin (2004) avec Sarah Biasini (la fille de Romy Schneider) dans le rôle principal.

Chevalier
Robert Hossein et Catherine Spaak déguisée en garçon dans Le Chevalier de Maupin (1967) de Mauro Bolognini

Le Chevalier de Maupin de Mauro Bolognini
Catherine Spaak déguisée en garçon (si!) et Tomas Milian dans Le Chevalier de Maupin (1967) de Mauro Bolognini

1 novembre 2014

Bardelys le magnifique (1926) de King Vidor

Titre original : « Bardelys the Magnificent »

Bardelys le magnifiqueSous le règne de Louis XIII, le vicomte de Bardelys est surnommé le Magnifique à cause de ses nombreuses conquêtes féminines. Son grand rival, Chatellerault, le met au défi de conquérir le coeur de la belle Roxalanne de Lavedan qui vient de l’éconduire… De temps à autre, un film que l’on croyait perdu à tout jamais refait miraculeusement surface. Ce fut le cas pour ce film muet de King Vidor retrouvé en France en 2006 pour être ensuite restauré par le magicien Serge Bromberg. Seule la troisième des neuf bobines manquait à l’appel, soit environ quelque dix minutes qui ont été remplacées par des images fixes et des explications. King Vidor venait d’enchainer deux grandes productions (La Grande Parade et La Bohème). Selon ses propres dires, Bardelys le magnifique était une tentative de donner à John Gilbert un rôle à la Douglas Fairbanks. Force est de constater que, sur ce point, l’essai n’est pas tout à fait concluant, John Gilbert manquant de flamboyance et de panache. Bardelys le magnifique Les scènes d’action manquent quelque peu de rythme. Le film n’en est pas moins intéressant et plaisant, le scénario basé sur un roman de Rafael Sabatini nous réservant de belles surprises. La fin est assez brillante. Une scène est remarquable et a beaucoup marqué ceux qui ont vu le film à l’époque, celle où Eleanor Boardman et John Gilbert sont dans une barque qui glisse sur l’eau à travers les branches de saules pleureurs qui forment une voute et qui viennent caresser leur visage(1). (film muet)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Gilbert, Eleanor Boardman, Roy D’Arcy
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Remarques :
* Bardelys le magnifique est le premier ou le second où John Wayne apparaît, plus en tant que cascadeur qu’acteur : il est l’un des gardes.
* Un extrait du film figure dans Show People (Mirages) de King Vidor (1928). Ce fut longtemps, le seul extrait connu de Bardelys le magnifique.

(1) King Vidor reprendra l’idée pour une des scènes de Salomon et la reine de Saba (1959), son ultime long métrage.

Bardelys le magnifiqueJohn Gilbert et Eleanor Boardman dans Bardelys le magnifique (Bardelys the Magnificent) de King Vidor.

13 juillet 2012

La princesse de Montpensier (2010) de Bertrand Tavernier

La princesse de MontpensierEn 1566, à l’époque des guerres de religion sous la régence de Catherine de Médicis, Marie de Mezières aime depuis toujours Henri de Guise mais son père la contraint d’épouser le jeune et fade Prince de Montpensier. Lorsque son mari est appelé à la guerre, la princesse reste au château avec son précepteur, le comte de Chabannes… La princesse de Montpensier est une nouvelle de Madame de Lafayette sur la passion amoureuse que Bertrand Tavernier, grand féru d’Histoire, adapte ici brillamment. Il signe un film d’un grand classicisme, très beau, littéraire, mais aussi palpitant au gré de l’ardeur des sentiments, parfois haletant. Il y a beaucoup de fougue, avec un désir qui semble vouloir jaillir, exploser de toutes parts. Les dialogues sont remarquablement bien écrits, ils coulent joliment. A côté des belles prestations de Mélanie Thierry et de Lambert Wilson, Grégoire Leprince-Ringuet a un jeu plus fade mais c’est aussi son personnage qui veut cela. Les seconds rôles sont tous très bien tenus. La photographie est superbe exploitant magnifiquement des décors naturels de certains châteaux (1). Bertrand Tavernier montre que le film dit « à costumes » peut être moderne, enlevé, brillant.
Elle: 3 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Mélanie Thierry, Lambert Wilson, Grégoire Leprince-Ringuet, Gaspard Ulliel, Raphaël Personnaz, Michel Vuillermoz, Judith Chemla, Philippe Magnan
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Remarques :
* Le plan final, un plan moyen de Mélanie Thierry sur fond de neige, est de toute beauté.
* Tous les personnages sont historiques sauf, semble t-il, le comte de Chabannes qui aurait été imaginé par Madame de Lafayette.

(1) Lieux de tournage :
* Château du Plessis-Bourré, Écuillé (Maine-et-Loire) : le château entouré d’eau du Marquis de Mézières où vit Marie au début du film.
* Abbaye de Noirlac (Cher) : scène avec le Cardinal de Lorraine.
* Château de Messilhac, Raulhac (Cantal) : censé être le château de Champigny-sur-Veude, la demeure des Montpensier
* Château de Blois (Loir-et-Cher) : la cour censée être celle du Louvre, lors du duel entre Montpensier et De Guise.
* Palais Jacques-Cœur, Bourges (Cher)
* Rues de Chinon (Indre-et-Loire) : massacre de la Saint-Barthélemy.
* Château de Meillant (Cher) : le château censé être Blois tout à la fin, où s’entraine Henri de Guise.

27 mars 2012

Scaramouche (1952) de George Sidney

ScaramoucheEn France, à la veille de la Révolution Française, André-Louis Moreau, fils illégitime d’un noble, va chercher à venger son meilleur ami tué par la Marquis de Maynes pour un pamphlet révolutionnaire qu’il a écrit et diffusé… Parmi les films de cape et d’épée, Scaramouche est l’un des plus beaux fleurons du genre. Le roman de l’italien Rafael Sabatini avait déjà été adapté par Rex Ingram en 1923, mais cette version en Technicolor est plus flamboyante. George Sidney, qui avait réalisé auparavant plusieurs comédies musicales, donne beaucoup de rythme à l’ensemble et nous gratifie de la plus belle scène de duel du cinéma, très spectaculaire et gérée comme un ballet. Plein de charme, Stewart Granger est parfait dans ce rôle de grand séducteur et d’aventurier. De l’ensemble, se dégage une certaine élégance, cette élégance que l’on ne retrouve que parmi certains grands films hollywoodiens des années cinquante. Scaramouche est un superbe divertissement.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Stewart Granger, Eleanor Parker, Janet Leigh, Mel Ferrer, Henry Wilcoxon, John Dehner
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Remarques :
Stewart Granger s’est longuement entraîné à l’escrime et a tenu à tourner lui-même les scènes de combat. Il s’est blessé lors du duel final et le tournage a du être interrompu plusieurs jours. Mel Ferrer, en revanche, a pour doublure Jean Heremans, champion d’escrime, qui fut d’ailleurs blessé par Stewart Granger. Il aurait toutefois participé au duel final.

Autres versions :
Scaramouche de Rex Ingram (1923) avec Ramon Navarro
Scaramouche de Antonio Isasi-Isasmendi (1963)