10 juin 2012

Ninotchka (1939) de Ernst Lubitsch

NinotchkaEnvoyés à Paris pour négocier des bijoux confisqués à une aristocrate, trois commissaires soviétiques succombent au luxe et à la facilité de la vie parisienne. Arrive alors un émissaire spécial chargé de tout remettre en ordre… C’est à un grand maître de la comédie que revint la tâche délicate de faire tourner Greta Garbo dans sa première comédie. Ninotchka de Lubitsch atteint une certaine perfection : tout y est brillant à commencer par le scénario et les dialogues, savoureux d’un bout à l’autre. L’écriture fut assurée par le fameux tandem Billy Wilder et Charles Brackett Ninotchka avec l’aide de Walter Reisch. La mise en scène est vive et enlevée, sans aucun temps mort. Même si ce n’est pas l’un des ses plus grands rôles, Greta Garbo montre comme toujours une grande présence. Ninotchka fut parfois un peu boudé du fait de son anticommunisme caricatural (on pourra aussi remarquer que les trois commissaires si sensibles aux charmes de la vie occidentale montrent une certaine ressemblance avec les pères fondateurs du communisme, Lénine, Trotski et Staline…) Avec le recul, nous pouvons laisser cela de côté et profiter pleinement de l’humour et de la vivacité de cette comédie.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Greta Garbo, Melvyn Douglas, Ina Claire, Bela Lugosi, Sig Ruman, Felix Bressart, Alexander Granach
Voir la fiche du film et la filmographie de Ernst Lubitsch sur le site IMDB.
Voir les autres films de Ernst Lubitsch chroniqués sur ce blog…

Remarques :
« Mon prochain film sera une comédie. Serai-je autorisé par le scénariste à garder mon amant jusqu’à la fin ? Je l’espère sincèrement. Ne croyez-vous pas qu’il est grand temps de me laisser finir un film par un heureux baiser ? J’ai trop souvent perdu mes séduisants partenaires dans la séquence finale ! » Ainsi parlait Gerta Garbo à la fin 1937. Elle s’était alors retirée dans son pays natal, en Suède. Elle ne signera un nouveau contrat avec la MGM qu’un an plus tard, en décembre 1938.
Ninotchka* Vouloir tourner une comédie a-t-il été une erreur pour sa carrière ? On peut le voir ainsi. Ninotchka a sans aucun doute cassé l’image de la star distante, intouchable et lointaine. Le fameux slogan publicitaire de la MGM, « Garbo Laughs » (Garbo rit) a, dans un sens, détruit un mythe. Son film suivant (son dernier), La femme aux deux Visages, sera aussi une comédie et ira encore plus loin dans la normalisation de l’actrice, la montrant totalement américanisée.

Remake :
La Belle de Moscou (Silk Stocking) de Rouben Mamoulian (1957), comédie musicale bien fade.

9 juin 2012

Le fils de Frankenstein (1939) de Rowland V. Lee

Titre original : « Son of Frankenstein »

Le fils de FrankensteinLe fils du Docteur Frankenstein revient avec sa femme et son jeune fils dans le château de son père. Dès son arrivée, la population du village manifeste son hostilité… Le fils de Frankenstein est le troisième film de la série chez Universal et le dernier avec Boris Karloff. Le film est surtout remarquable pour son casting, avec un beau trio composé de Boris Karloff, Bela Lugosi et Basil Rathbone, et aussi pour ses superbes décors : que ce soit à l’intérieur ou en extérieurs, ils sont tous très travaillés graphiquement. L’intérieur du château évoque l’expressionisme allemand, avec un jeu étonnant sur les perspectives : il y a vraiment bien peu d’angles droits ou de parallèles ! Face à de telles qualités, on regrette d’autant plus que le scénario soit si faible, indigent et prévisible. Le monstre n’a plus une seule once de l’humanité qui le rendait précédemment si complexe et attachant. Le personnage le plus étonnant est le lieutenant au bras mécanique, interprété brillamment par Lionel Atwill, avec un humour sous-jacent permanent. Le fils de Frankenstein fut un grand succès.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Basil Rathbone, Boris Karloff, Bela Lugosi, Lionel Atwill, Edgar Norton
Voir la fiche du film et la filmographie de Rowland V. Lee sur le site IMDB.

20 mai 2012

Sonnenstrahl (1933) de Pál Fejös

Titre de la version française : « Gardez le sourire »

SonnenstrahlAu chômage, Hans est expulsé par sa logeuse. Alors qu’il s’apprête à se suicider, il voit une jeune fille se jeter dans le fleuve. Il plonge pour la sauver. Ensemble, ils reprennent goût à la vie… Après un séjour à Hollywood, Pál Fejös revient dans son Autriche natale pour tourner des histoires qu’il juge moins futiles, plus authentiques. Sonnenstrahl (« rayon de soleil » en allemand) est une histoire ancrée dans la réalité de son pays, un film marqué par un optimisme économique dont le moteur est l’amour. En ce sens, le film fait inévitablement penser à Frank Borzage : l’amour permet de surmonter tous les obstacles. Sonnenstrahl Pál Fejös teinte son film d’une touche de poésie et même d’humour, ce qui apporte beaucoup de fraîcheur à l’ensemble qui est très bien équilibré. Le film est parlant mais ne comporte que peu de dialogues, il peut même faire penser à un film muet sonorisé. Il fut tourné en deux versions, Sonnenstrahl en allemand et Gardez le sourire en français, les seconds rôles sont tenus par des acteurs différents dans les deux versions.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Annabella, Gustav Fröhlich, Paul Otto, Hans Marr
Voir la fiche du film et la filmographie de Pál Fejös sur le site IMDB.

16 mai 2012

La piste des géants (1930) de Raoul Walsh

Titre original : « The Big Trail »

La piste des géantsDes rives du Mississippi, un convoi de plus de cent chariots de pionniers part vers l’ouest, espérant atteindre les plaines verdoyantes de l’Oregon. Il est dirigé par le rustre Red Flack que le jeune Breck Coleman soupçonne d’avoir tué son ami. Il accepte d’être engagé comme éclaireur… Alors que le cinéma parlant n’a que deux ans, la Fox décide de frapper un grand coup avec un western de grande envergure. Winfield R. Sheehan donne des moyens considérables (1) à Raoul Walsh pour réaliser La piste des géants, presque entièrement tourné en extérieurs (les scènes parlantes furent tournées en très grande partie en studio, en plusieurs langues). Tourné simultanément en 35mm et en 70mm (2), le film frappe par l’ampleur et le réalisme de ses scènes. L’accent n’est pas tant sur les personnages que sur l’odyssée de ce groupe de pionniers qui écrit l’Histoire. Les scènes d’action sont superbes, la plus célèbre d’entre elle, la descente d’une falaise à pic (3), n’a même jamais été refaite depuis (ce qui est tout de même incroyable à propos d’un film datant de 1930). La piste des géantsPour le rôle principal du jeune éclaireur épris de justice, Raoul Walsh a découvert un jeune accessoiriste. Sheehan et Walsh lui trouve même un nom : ce sera John Wayne. Alors que tous les éléments semblaient réunis pour faire un grand succès, La piste des géants n’en eut aucun à l’époque (aussi étonnant que cela puisse paraître) : ce fut un désastre financier pour la Fox et John Wayne devra attendre près de 10 ans pour devenir une star.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: John Wayne, Marguerite Churchill, Tyrone Power Sr., Ian Keith, Charles Stevens
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Walsh sur le site IMDB.
Voir les autres films de Raoul Walsh chroniqués sur ce blog…

(1) 20.000 figurants, 1.800 bestiaux, 1.400 chevaux, 500 bisons, 725 indiens appartenant à 5 tribus, 185 chariots, une équipe de production de 200 personnes dont 22 cameramen ; l’équipe a voyagé 4.300 miles pendant 5 mois à travers 7 états : Arizona, Californie, Wyoming, Idaho, Montana, Utah et Oregon avec 12 guides indiens.

(2) La version 70mm utilisait un procédé baptisé « Grandeur 70 mm » qui fut rapidement abandonné à cause du coût pour équiper les salles des projections. En 1986, la version 70 mm a été restaurée et transformée en version Cinemascope. On peut la trouver aujourd’hui facilement en DVD (une version en zone 1 comporte les deux versions sur 2 disques). En plus du champ élargi, la version 70mm a une profondeur de champ bien plus grande qui dévoile des détails dans l’arrière plan. En revanche, toujours du fait de la différence de focale, les gros plans sont moins efficaces et plus limités.
Lire une interview très intéressante du directeur de la photographie 70 mm Arthur Edeson (en anglais)…
Seulement 3 films ont été tournés avec le système 70mm « Grandeur ». The Big Trail est le seul qui ait survécu : Fox Movietone Follies of 1929 de David Butler est totalement perdu et Happy Days de Benjamin Stoloff (1929) n’a survécu que dans sa version 35mm.

(3) Raoul Walsh raconte dans ses mémoires que la scène de la falaise n’était pas prévue au scénario. Le hasard aurait fait que l’équipe se soit trouvée au bord d’une haute falaise et Raoul Walsh aurait alors sauté sur l’occasion pour rajouter une scène d’action à son film qui en manquait, selon lui. La corde qui se rompt et le chariot qui se brise aurait été un accident de tournage.

8 mai 2012

What Price Hollywood? (1932) de George Cukor

What Price Hollywood?Une jeune serveuse se fait remarquer par un metteur en scène alcoolique qui lui donne l’occasion de tourner une petite scène… What Price Hollywood? est l’un des premiers films de George Cukor, c’est même son premier film d’importance. Il le tourne grâce à son ami David O. Selznick, récemment entré à la RKO comme directeur de production. Le film nous montre Hollywood vu de l’intérieur, d’une façon qui ne nous avait jamais été montrée. Si d’autres films avaient déjà mis en scène l’industrie du cinéma, ils jouaient le plus souvent sur les côtés les plus superficiels : l’attrait des stars et de la célébrité. What Price Hollywood? nous montre le revers de cette célébrité avec deux trajectoires croisées : l’une montante, celle de la star, et l’autre descendante, celle du metteur en scène. Le lien qui les unit est à la fois délicat et fort, très humain. Les personnages ont une indéniable profondeur. Par certaines scènes, What Price Hollywood? nous montre aussi les coulisses d’un tournage, les moyens mis en œuvre, le rôle du metteur en scène. Le personnage du producteur évoque furieusement David O. Selznick. Là où le film est le plus faible, c’est dans sa partie centrale qui se focalise trop sur l’idylle entre l’actrice et son mari d’origine aristocratique, joué très platement par Neil Hamilton. Ce défaut sera corrigé dans les remakes (le mari et le metteur en scène seront fondus en un seul personnage) ; What Price Hollywood? sera en effet repris trois fois sous le nom A star is born. L’un de ces remakes sera dirigé par Cukor lui-même.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Constance Bennett, Lowell Sherman, Neil Hamilton, Gregory Ratoff, Brooks Benedict
Voir la fiche du film et la filmographie de George Cukor sur le site IMDB.

Voir les autres films de George Cukor chroniqués sur ce blog…

Remakes :
Une étoile est née (A star is born) de William A. Wellman (1937) avec Janet Gaynor et Fredric March
Une étoile est née (A star is born) de George Cukor (1954) avec Judy Garland et James Mason (comédie musicale)
Une étoile est née (A star is born) de Frank Pierson (1976) avec Barbra Streisand et Kris Kristofferson (comédie musicale)

3 mai 2012

Nick Carter, Master Detective (1939) de Jacques Tourneur

Nick Carter, Master DetectiveLe détective Nick Carter est envoyé dans une usine d’aviation qui met au point un avion révolutionnaire. Malgré des mesures de sécurité draconiennes, des plans secrets disparaissent … Nick Carter est un personnage de littérature populaire (1) qui avait déjà été adapté au tout début du cinéma en France (2). Nick Carter, Master Detective fait partie des tous premiers films réalisés par Jacques Tourneur aux Etats-Unis en 1939. Ne durant que 59 minutes, c’est le type-même du film de série B, c’est-à-dire prévu pour être présenté avec un autre film. Il est simple mais bien réalisé, avec un petit suspense bien dosé, finalement assez prenant par son histoire. Walter Pidgeon fait un Nick Carter très crédible. Il est aidé (malgré lui) par un petit personnage excentrique joliment interprété par Henry Hull qui apporte une touche d’humour. Très facile d’abord, Nick Carter, Master Detective est un bon divertissement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Walter Pidgeon, Rita Johnson, Henry Hull, Stanley Ridges
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Tourneur sur le site IMDB.
Voir les autres films de Jacques Tourneur chroniqués sur ce blog…

(1) Nick Carter apparait pour la première fois en 1886 dans un roman bon marché signé John R. Coryell et Ormond G. Smith. Le personnage sera réutilisé dans de nombreuses histoires. Un magazine sera créé : le Nick Carter Weekly qui devient, en 1915, Detective Story Magazine.

(2) Entre 1908 et 1911, les Studios Eclair en France produisent une série de films courts dirigés par Victorin-Hippolyte Jasset. La série se nomme Nick Carter, le roi des détectives. Pierre Bressol y tient le rôle principal. Une quinzaine de films sont réalisés.
* Aux Etats-Unis, le personnage est utilisé dans une série de films courts réalisés par Alexander Hall en 1922. C’est Edmund Lowe qui tient le rôle du détective.
* En 1939/40, la MGM sort trois films mettant en scène Nick Carter interprété par Walter Pidgeon :
Nick Carter, Master Detective (1939) de Jacques Tourneur
Phantom Raiders (1940) de Jacques Tourneur
Sky Murder (1940) de George B. Seitz
* Le personnage a aussi fait une belle carrière à la radio entre 1943 et 1955.
* A noter que le personnage a tenté d’être relancé en France dans les années soixante avec Eddie Constantine :
Nick Carter va tout casser (1964) d’Henri Decoin
Nick Carter revient (1965) de Jean-Paul Savignac.

28 avril 2012

Le danseur du dessus (1935) de Mark Sandrich

Titre original : « Top Hat »

Le danseur du dessusDans un grand hôtel londonien, un américain perturbe sa voisine du dessous en faisant des claquettes dans la suite de son producteur de spectacle… Entre 1933 et 1939, Fred Astaire et Ginger Rogers ont tourné ensemble dans 9 films, marquant ainsi de leur empreinte la comédie musicale américaine (1). Top Hat est probablement le plus célèbre d’entre eux, réalisé par Mark Sandrich qui les aura dirigés en tout cinq fois, toujours avec grande réussite. L’histoire est ici assez simple, déclinant longuement un quiproquo amusant mais ce sont les numéros de danse, chorégraphiés par Hermes Pan et Fred Astaire, qui font tout le charme du film. C’est ici que l’on trouve Isn’t this a lovely day, Top Hat, white tie, and tails et, classique des classiques, le célèbre Cheek to cheek. Divertissement élégant, le film est le plus grand succès des années trente à la RKO.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Fred Astaire, Ginger Rogers, Edward Everett Horton, Erik Rhodes, Eric Blore, Helen Broderick
Voir la fiche du film et la filmographie de Mark Sandrich sur le site IMDB.

Remarque :
Le surnom de Ginger Rogers est « feathers » (= plumes). Ce surnom ne vient pas de la grâce avec laquelle elle danse mais d’une anecdote de tournage de Top Hat : Pour le numéro Cheek to cheek, Ginger Rogers voulait porter une certaine robe bleue garnie de plumes d’autruche. Devant le refus de Fred Astaire et Mark Sandrich, elle quitta le plateau et ne revint que lorsqu’ils se plièrent à son désir. En plein tournage, les plumes commencèrent à se détacher et à voler tout autour d’elle : « cela ressemblait à une poule attaquée par un renard » racontera Fred Astaire. Pour clore l’incident, Fred Astaire lui offrit un peu plus tard un pendentif avec une plume en or qui lui valut son surnom.
(Cette mésaventure a été réutilisée par Fred Astaire dans Easter Parade de Charles Walters (1948) avec Judy Garland.)

(1) Fred Astaire et Ginger Rogers ont tourné ensemble
Carioca (Flying down to Rio, 1933),
La joyeuse divorcée (The gay divorcee, 1934),
Roberta (1935),
Le danseur du dessus (Top Hat, 1935),
En suivant la flotte (Follow the fleet, 1936),
Sur les ailes de la danse (Swing time, 1936),
L’entreprenant Mr. Petrov Petrov (Shall we dance?, 1937),
Amanda (Carefree, 1938),
La grande farandole (The story of Irene and Vernon Castle, 1939),
… auxquels il faut ajouter un 10e film quelque 10 ans plus tard :
Entrons dans la danse (The Barkleys of Broadway, 1949).

19 avril 2012

Entrée des artistes (1938) de Marc Allégret

Entrée des artistesC’est la rentrée au cours d’Art Dramatique du Conservatoire de Paris. Isabelle réussit le concours d’entrée et fait la rencontre de François dont Coecilia est amoureuse… Entrée des artistes est un film assez étrange car il semble presque ambivalent : il y a une histoire d’amour qui se mute en drame, partie qui apparaît plutôt conventionnelle (surtout avec le recul du temps) et il y a cette observation d’un petit monde si particulier, celui d’un cours d’art dramatique, partie qui reste fascinante et atemporelle. C’est un plaisir de voir Louis Jouvet diriger ses élèves et les reprendre sur leur interprétation, l’acteur étant lui-même professeur dans la vraie vie. Entrée des artistes L’autre point fort du film, ce sont les merveilleux dialogues d’Henri Jeanson, vifs, enlevés, parfois truculents même, qui sauvent même les scènes les plus faibles. Car il y en a mais il y a aussi des scènes très brillantes comme cette visite du professeur à la famille d’Isabelle, ou des scènes très fortes comme le final ou beaucoup des scènes avec Louis Jouvet. Entrée des artistes déroute (1) car c’est à la fois un drame et un divertissement élégant, assez intellectuel finalement car il demande, du moins aujourd’hui, de prendre un certain recul pour observer et vraiment l’apprécier.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Louis Jouvet, Claude Dauphin, Odette Joyeux, Janine Darcey, Roger Blin, Bernard Blier, Julien Carette, Marcel Dalio
Voir la fiche du film et la filmographie de Marc Allégret sur le site IMDB.

(1) Marc Allégret lui-même fut dérouté par le résultat puisqu’il renia le film dans un premier temps. Il changea d’avis en réalisant qu’il fonctionnait parfaitement, le succès public l’attestant.

16 avril 2012

Ladies of Leisure (1930) de Frank Capra

Ladies of LeisureUne jeune femme, à la recherche d’un beau parti, fait la rencontre d’un fils de la haute bourgeoisie. Il est artiste-peintre et l’engage comme modèle… Ladies of Leisure fait partie des tous premiers films parlants de Frank Capra et c’est son premier film avec Barbara Stanwyck, actrice qu’il propulsera au firmament. Elle y montre déjà ce subtil mélange de force et de vulnérabilité qui sera si spécifique à la plupart de ses rôles ultérieurs. Le scénario est adapté d’une pièce de Milton Herbert Gropper ; l’histoire n’est, il faut bien le reconnaître, guère originale (1). Le début du film, sur le registre de la comédie, est le plus réussi avec des très bons dialogues. La fin, plus mélodramatique, l’est un peu moins. Le jeu rigide de Ralph Graves alourdit l’ensemble mais Barbara Stanwyck montre heureusement beaucoup plus de richesse. Si l’on note, ici et là, quelques imperfections (souvent liées au son), Frank Capra se distingue avec quelques plans de toute beauté, tels ces plans pris de l’extérieur du loft éclairé, sous une pluie battante : absolument superbes ! Ladies of Leisure n’est jamais sorti en France.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Barbara Stanwyck, Ralph Graves, Lowell Sherman, Marie Prevost
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Capra sur le site IMDB.

Voir les autres films de Frank Capra chroniqués sur ce blog…

(1) L’histoire de Ladies of Leisure est très proche de celle de That Certain Thing que Capra a tourné en muet quelques années plus tôt (1928) ou encore de La petite vendeuse (1927) de Sam Taylor avec Mary Pickford.

Remake :
Women of glamour de Gordon Wiles (1937) avec Virginia Bruce et Melvyn Douglas

Homonyme (histoire différente) :
Ladies of Leisure de Tom Buckingham (1926)

12 avril 2012

Paradis perdu (1939) de Abel Gance

Paradis perduA Paris, avant la Première Guerre mondiale, Pierre Leblanc, un peintre, rencontre Janine, employée dans une maison de couture au bal du 14 juillet. Ils se revoient peu après et connaissent un vrai bonheur. Pierre montre des talents pour la création de robes. Mais la guerre survient… Paradis perdu est tourné par Abel Gance juste avant la Seconde Guerre mondiale, comme un avertissement de la catastrophe à venir. Le film comporte deux parties assez distinctes. La première, qui montre la construction du bonheur de Pierre et Janine, est assez réussie avec un bon enchainement des scènes et un rythme enlevé. La seconde, plus grave, l’est moins ce qui est assez surprenant pour Abel Gance. Les enchainements sont ici plus brutaux, voire chaotiques avec même un nouveau petit drame en final (lors de l’inauguration) qui semble plutôt plaqué. Paradis perdu fut un film de commande et semble assez mineur dans la filmographie d’Abel Gance.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Fernand Gravey, Micheline Presle, Elvire Popesco, Robert Le Vigan
Voir la fiche du film et la filmographie de Abel Gance sur le site IMDB.

Voir les autres films de Abel Gance chroniqués sur ce blog…