1 août 2011

Une famille brésilienne (2008) de Walter Salles et Daniela Thomas

Titre original : « Linha de Passe »

Une famille brésilienne
Walter Salles et Daniela Thomas nous montre le vrai visage de la société brésilienne au travers d’une famille composée quatre frères, très différents, et une mère. Une famille brésilienne est un portrait sans fard mais aussi sans mélodrame ni misérabilisme. Le montage peut dérouter, nous suivons les différents frères en sautant sans arrêt d’une histoire à l’autre, mais il donne un bon rythme à l’ensemble.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sandra Corveloni, João Baldasserini, Vinícius de Oliveira, José Geraldo Rodrigues, Kaique Jesus Santos
Voir la fiche du film et la filmographie de Walter Salles et Daniela Thomas sur le site IMDB.

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20 septembre 2009

L’année où mes parents sont partis en vacances (2006) de Cao Hamburger

Titre original : « O ano em que meus pais saíram de férias »

L'Année où mes parents sont partis en vacances Elle :
Un film sensible et subtilement mis en scène dans le contexte répressif de la dictature brésilienne en 1970. La traque des communistes durcit le régime. Seul le football, avec l’avènement du roi Pelé, apporte un semblant de liberté. Un petit garçon passionné de football se voit confié à son grand-père par ses parents qui « partent en vacances ». Vacances d’exil politique en fait. Le grand-père est décédé et les parents se sont envolés. Le petit Mauro se voit livré à lui-même puis pris en charge par la communauté juive. Les scènes de liesse populaire, les jeux des enfants et le quotidien désenchanté du petit garçon sont très vivantes et attachantes. Un ton émouvant et mélancolique qui touche au coeur.
Note : 4 étoiles

Lui :
Au Brésil, en 1970, un couple forcé de fuir laisse son jeune garçon devant l’immeuble de son grand-père sans savoir que celui-ci vient de décéder. Le garçon est recueilli sans enthousiasme par un voisin. Au dehors, tout le monde attend la coupe du monde de football pour voir le Brésil gagner. L’année où mes parents sont partis en vacances est entièrement vus par les yeux de cet enfant qui, seul et abandonné, espère le retour de ses parents. Le réalisateur brésilien Cao Hamburger parvient à faire passer l’atmosphère oppressante sous la dictature sans étalage de scènes démonstratrices d’arrestations, tout comme il parvient à rendre ses personnages attachants sans abuser d’effets mélodramatiques. Le football vient créer un solide contrepoint, réunissant toute la population dans un climat de liesse qui semble aplanir toutes les différences. Cao Hamburger filme tout cela avec une délicatesse et même parfois un peu de légèreté.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Michel Joelsas, Germano Haiut, Daniela Piepszyk, Liliana Castro
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2 mai 2009

XXY (2007) de Lucía Puenzo

XXYElle :
Un film sensible, pudique et dépouillé sur un sujet tabou pas facile à aborder au cinéma. Pas de voyeurisme dans le regard que porte Lucia Puenzo sur cette jeune adolescente hermaphrodite. Pas un mot de trop dans ce décor de bord de mer agité dans lequel deux adolescents sont en plein questionnement sur leur identité et leurs amours réciproques. Les adultes parents sont à l’écoute eux aussi et doutent sur la conduite à adopter. Faut-il laisser les penchants de leur fille en pleine souffrance s’exprimer en liberté ou faire intervenir la médecine pour retrouver la normalité et échapper ainsi aux regards et comportements désapprobateurs? La mise en scène sombre est ponctuée de moments fugaces qui expriment le déséquilibre et l’intensité des sentiments intérieurs. Lucia Puenzo montre une belle maîtrise pour un premier film et révèle une véritable écriture filmique.
Note : 4 étoiles

Lui :
Le personnage central de ce film argentin est une jeune adolescente de 15 ans qui est hermaphrodite, c’est-à-dire qu’elle possède certains attributs des deux sexes. La mère invite un couple ami de la famille à passer quelques jours dans leur maison isolée sur la côte uruguayenne. L’homme étant chirurgien et accompagné de son fils, la question des choix va ressurgir de façon pressante. Le film de Lucia Puenzo a l’intelligence de n’apporter aucune réponse toute faite, les questionnements sont nombreux mais les réponses peu évidentes et le regard des autres tend à dramatiser une situation déjà déroutante. Si les acteurs, à commencer par les deux adolescents, savent tous trouver le ton juste, le film est un peu victime de cette volonté de traiter le sujet avec grande délicatesse et le récit semble s’étirer quelque peu en longueur. Il a toutefois cette qualité d’aborder le sujet sans dramatisation inutile et sans voyeurisme.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Ricardo Darín, Valeria Bertuccelli, Germán Palacios, Carolina Pelleritti
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12 avril 2009

La vie criminelle d’Archibald de la Cruz (1955) de Luis Buñuel

Titre original : « Ensayo de un crimen »

La vie criminelle d'Archibald de la CruzElle :
(pas vu)

Lui :
A la suite d’un épisode dramatique de son enfance, un homme est persuadé que la possession d’une boîte à musique lui donne le pouvoir de tuer par la pensée. Il exerce ce pouvoir sur les femmes qu’il désire. La Vie Criminelle d’Archibald de la Cruz est ainsi un film d’humour noir centré sur la culpabilité par intention. Archibald de la Cruz est un personnage dont les pulsions morbides et sexuelles se mélangent sans grande confusion dans son esprit. Il a beau être un criminel en puissance, le commissaire de police refuse sa culpabilité : « la pensée n’est pas délinquante ». Chaque de ses victimes symbolise un pilier de la société mexicaine : l’éducation, la religion, la bourgeoise oisive, l’hypocrisie. Ces femmes vivent par dépendance ; le désir d’émancipation de Buñuel se manifeste d’ailleurs en laissant intacte la seule femme qui se prend vraiment en charge et décide de son destin. La Vie Criminelle d’Archibald de la Cruz reprend la structure et certains codes du film noir, sans s’y conformer totalement. Au final, le film est assez amusant, original et assez mordant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ernesto Alonso, Miroslava Stern, Rita Macedo, Ariadna Welter
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Remarque :
Dans son autobiographie, Mon dernier soupir, Luis Buñuel évoque à propos de ce film et de son prédécesseur (Le Rio de la mort) un aspect particulier de la civilisation mexicaine de cette époque : la fascination pour les armes à feu et leur banalisation. Il raconte que des meurtres peuvent être couramment commis pour des raisons bénignes ou parfois sans raison. Tout le monde porte une arme qui est l’instrument machiste par excellence. Il faut donc aussi replacer le film dans ce contexte.

24 juillet 2008

Le Vent en emporte autant (1998) de Alejandro Agresti

Titre original : El viento se llevó lo qué

Le vent an emporte autantElle :
(En bref) Dans un petit village coupé du monde en Patagonie, la seule distraction est un cinéma où sont projetés des bobines de films dans un complet désordre. Un acteur de second plan leur rend visite. Le vent en emporte autant forme hélas un ensemble bien décousu… (Abandon)
Note : pas d'étoiles

Lui :
(En bref) Le postulat de départ semblait amusant mais comme la voix off le répète plusieurs fois : « ce n’est pas un film comique ». Le film serait plutôt une fable qui saute du coq à l’âne de manière désordonnée ce qui a tendance à nous faire décrocher. (Abandon)
Note : pas d'étoiles

Acteurs: Ángela Molina, Jean Rochefort, Vera Fogwill
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17 février 2008

Babel (2006) de Alejandro González Iñárritu

BabelElle :
Dernier volet de la trilogie après Amours chiennes et 21 grammes, Babel est un très beau film, d’une grande force. Un simple coup de fusil accidentel tiré par un petit marocain tisse un lien très fort entre quatre histoires universelles, fortes de solitude et d’incommunicabilité au Mexique, aux Etats-Unis, au Maroc et à Tokyo. Le cinéma d’Iñárritu est planétaire. Il met en scène avec une grande beauté visuelle, humaine et émotionnelle des personnages au bord de la rupture tout en leur laissant une issue pour renaître et se retrouver. Le scénario est très bien équilibré et ne laisse jamais la sensation d’être manipulé par les effets faciles liés à l’émotion. On passe subtilement d’une histoire à l’autre et à aucun moment, on ne ressent l’artifice ou l’ennui. Iñárritu émaille son film de toute la palette des sentiments. On peut passer d’un seul coup de la plus grande douceur à la crudité la plus violente. Son cinéma ne peut laisser insensible ; on en ressort bouleversé. C’est en plus un incontestable maître de l’image, de la composition et de l’éclairage. Il filme les paysages et les villes avec une rare beauté qui touche profondément. Les plans d’un Tokyo uniformisé et déshumanisé sont absolument somptueux.
Note : 5 étoiles

Lui :
Babel du réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu nous dévoile quatre histoires, très éloignées géographiquement puisqu’elles se déroulent sur trois continents. C’est un incident tragique qui relie ces histoires entre elles. Babel nous plonge dans des fragments de vie qui révèlent beaucoup, dressant des portraits empreints d’une profonde humanité. Mis en scène sans esbroufe, Babel est un très beau film dont le titre reflète la hauteur de l’ambition du réalisateur : mettre toute l’humanité dans un film… Certes, le but est trop élevé pour être atteint mais c’est incontestablement une réussite.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Brad Pitt, Cate Blanchett, Adriana Barraza, Gael García Bernal, Rinko Kikuchi, Kôji Yakusho
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26 octobre 2007

La méthode (2005) de Marcelo Piñeyro

Titre original : El método

La méthodeElle :
Marcelo Piñeyro nous convie à un jeu de massacre édifiant et cruel entre sept cadres qui postulent pour le même poste. Pour les départager, il les enferme dans un bocal et observe par l’intermédiaire de caméras, leurs comportements et confidences comme des rats de laboratoire tandis qu’une manifestation alter mondialiste se déchaîne au pied de l’immeuble de verre. Tests, présence d’une taupe, mensonges, ruses diaboliques tout est bon pour éliminer son prochain. Les réticences de départ font peu à peu place à la stratégie. Les noirceurs humaines se révèlent. Le réalisateur nous livre un film sociologique d’une grande intensité psychologique. Il y dénonce un type de société où la compétition, l’argent, l’individualisme forcené sont rois. Il met peu à peu à jour les failles des uns et des autres et parvient à nous perdre sur les motivations de chacun.
Note : 4 étoiles

Lui :
Film argentin, La Méthode est un huis clos assez original : sept candidats à un poste de cadre supérieur sont réunis dans une pièce pour être soumis à des tests psychologiques en groupe. C’est donc à une étude comportementale que nous convie le réalisateur argentin Marcelo Pineyro puisque ces tests vont révéler certains aspects de la personnalité de chacun. Malgré le trait un peu grossi et la présence de certains éléments racoleurs (par exemple le fait que les candidats d’éliminent eux-mêmes à la façon d’une émission de télé-réalité), l’ensemble est très crédible grâce à la qualité de l’interprétation qui donne une réelle force dans les échanges. Le propos de fond semble être de fustiger l’individualisme qui prend inévitablement le dessus dans ce genre de compétition, un individualisme encouragé par le durcissement des méthodes de recrutement.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Eduardo Noriega, Najwa Nimri, Eduard Fernández, Pablo Echarri
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5 octobre 2007

El Aura (2005) de Fabián Bielinsky

El AuraElle :
(pas vu)

Lui :
Un taxidermiste argentin, doté d’une mémoire visuelle peu commune, a pour passion d’imaginer des holdups dans sa tête et de prévoir leur déroulement précis. A la faveur d’un concours de circonstances, il va mettre le doigt dans une équipée bien réelle. El Aura est un film extrêmement original par son scénario et il est rare de voir une telle créativité dans un thriller. En tant que spectateur, on s’associe pleinement au héros et on tente avec lui d’assembler le vaste puzzle qui s’offre à lui. Fabián Bielinsky réussit là un film brillant dans lequel il parvient à maintenir la tension de façon constante. El Aura est son second et hélas ultime long-métrage puisque ce cinéaste argentin a succombé à une crise cardiaque en 2006.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ricardo Darín, Dolores Fonzi, Pablo Cedrón
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20 décembre 2006

Bombón el perro (2004) de Carlos Sorin

Titre original : « El perro »

Bombon el perroElle :
Beaucoup de mal à m’immerger dans ce film. Un montage très heurté et nerveux pour commencer et tout au long du film une bande son assez pénible. Je ne comprends pas bien les raisons de ce choix d’imposer un bruit de fond permanent. L’histoire de cet employé de garage au chômage a des côtés touchants. Le chien qu’il récupère lui apporte notoriété et une vie transformée sans qu’il le cherche. Cependant, je ne trouve pas les personnages qui l’accompagnent spécialement attachants. D’autre part, l’histoire traîne en longueur et manque un peu de profondeur. En revanche, un bon point pour Carlos Sorin : un vrai sens de la photographie, des cadrages, de l’utilisation de la couleur dans des superbes paysages.
Note : 2 étoiles

Lui :
Au-delà de cette histoire amusante d’un quinquagénaire sans emploi qui voit sa vie changer grâce à un chien, le réalisateur argentin Carlos Sorin veut nous montrer la réalité économique de son pays. Sur fond de grands paysages désolés qu’il filme avec talent dans des plans très graphiques, il nous montre la vie de cet homme placide, un peu résigné, qui accueille avec une imperturbable bonhomie les évènements qui lui arrivent. Le début du film est assez pénible, avec une caméra à l’épaule placée à 10 cm des visages mais heureusement le réalisateur se recule un peu plus par la suite. Les bruits de fond, notamment le vent, sont mixés assez forts : point de quiétude donc. Les acteurs, tous non professionnels, jouent avec beaucoup de naturel et l’ensemble reste très original et assez amusant. Une belle façon pour Carlos Sorin de nous montrer l’Argentine actuelle.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Juan Villegas, Walter Donado
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20 octobre 2006

« Nordeste » (2005) de Juan Diego Solanas

NordesteElle :
De bonnes choses dans ce premier long métrage argentin mais un scénario inégal. La première partie du film met beaucoup de temps à se mettre en place. L’ennui a tendance à s’installer malgré la gravité du sujet. On suit en parallèle les vies solitaires d’une française privilégiée (Carole Bouquet) qui veut adopter un enfant et celle d’une jeune argentine pauvre qui peine à survivre. Le film retrouve son intérêt à partir du moment où les deux femmes se rencontrent. Le mérite du réalisateur est de pointer du doigt les carences de la société argentine. D’un côté les riches propriétaires, de l’autre les démunis qui n’ont d’autres ressources que de vendre leurs enfants et de faire du trafic d’organes ou de drogue et enfin les occidentaux qui sous prétexte de mal d’enfant, entretiennent cet état de fait et se rendent complice de ces trafics.
Note : 3 étoiles

Lui :
« Nordeste » fait un parallèle assez terrible entre le portrait de 2 femmes : l’une se débat dans le nord-est de l’Argentine pour parvenir à survivre avec son enfant de 13 ans, l’autre est une française aisée venue dans ce même pays pour tenter d’adopter illégalement un enfant. Il est bien entendu difficile de critiquer ce film qui dénonce la misère et le trafic d’enfants mais il est regrettable que le rythme vraiment trop lent du film nous fasse décrocher, surtout dans sa première moitié. Carole Bouquet s’est visiblement beaucoup impliquée dans son rôle qu’elle interprète avec beaucoup d’authenticité, sans fard.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Carole Bouquet, Aymará Rovera
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